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Sign of the times [Leonard & Eiluned]

Eiluned Wellington
Eiluned WellingtonMédicomage
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Sign of the times [Leonard & Eiluned] Icon_minitimeVen 2 Oct 2020 - 17:53
2 avril 2011

« Non, vraiment, Llewella, je n’ai pas spécialement envie d’avoir un strip-teaseur à mon enterrement de vie de jeune fille. »maintint Eiluned en riant, les yeux rivés sur l’hologramme de sa sœur.

« Même pas un pompier ? » Eiluned lui envoya un regard d’avertissement. « Très bien, très bien. » Elle fit un geste comme pour rayer une idée sur un papier. « Et tu penses quoi des cours de pole-dance ? »

« Oh. » Les yeux d’Eiluned se mirent à briller comme à chaque fois qu’il était question de sa discipline préférée. « C’est déjà plus dans mes cordes. »

« Hum, hum… »Llewella annota son papier. « Bon, je crois que tu as répondu à toutes mes questions… » Ses sourcils bruns se froncèrent. « Tu as eu des nouvelles pour les essayages de ta robe ? »

« Je ne crois pas, non. »répondit distraitement Eiluned, les yeux rivés sur l’un des trop nombreux magasines que sa mère lui avait envoyé pour l’aider à préparer la cérémonie. « Ils devaient me rappeler aujourd’hui, normalement. »

« Je vais les rappeler, moi, ça leur apprendra à nous oublier. »

« Tu vas leur faire peur. » commenta Eiluned avec un petit sourire.

« Tant mieux. » Les deux sœurs échangèrent un regard complice. « Bon allez Lili, je te laisse, Rachel va arriver dans une minute ! Fais des bisous à Lenny pour moi, je te rappelle dans la semaine ! »

Eiluned salua sa sœur, et raccrocha. Pour avoir assisté à la préparation des mariages de ses deux frères ainés, la jeune femme connaissait d’avance tous les obstacles qui les attendait et qu’ils s’efforçaient de surmonter un à un. Ils s’étaient très rapidement arrêtés sur une date : le samedi trois juin 2011. Depuis, ils avaient tout mis en œuvre pour organiser le mariage de leur rêve, grandement aidés par leurs familles. Il fallait trouver un lieu, un maître de cérémonie, un traiteur, la décoration, un photographe, la robe d’Eiluned, la tenue de Leonard, leurs alliances, et envoyer tous les faire parts aux invités… La jeune femme prenait un véritable plaisir à discuter de ce joli jour avec son fiancé, blottis l’un contre l’autre dans leur lit. Elle l’observait, parfois, brusquement frappée par tout cet amour qu’elle ressentait pour lui. Alors, elle lui murmurait qu’elle l’aimait, troublée par ce bonheur qui la saisissait.

Ces préparatifs les occupaient beaucoup, mais, très souvent, les pensées d’Eiluned s’éloignait sur les quelques années radieuses qu’elle entrevoyait aux côtés de Leonard. Elle se surprenait à songer aux prochaines étapes qu’ils franchiraient tous les deux, main dans la main, comme à leur habitude. Parfois, son regard s’égarait du côté de la liste – épinglée sur un grand tableau en liège déjà rempli de photos – qu’ils continuaient à remplir de temps en temps, au gré de leurs envies. Ils découvraient, au fur et à mesure, les envies de l’un ou de l’autre, toujours avec cette même douceur – et, malheureusement, toujours avec ce pincement au cœur.

Tous ces tirets constituaient des étapes – petites ou grandes – qu’ils désiraient accomplir ensemble. Ils étaient nombreux – mais pas assez aux yeux d’Eiluned, qui aurait aimé remplir des milliers de pages avec les désirs qu’elle nourrissait pour son couple avec Leonard. Elle avait dû faire une croix sur beaucoup de choses, comme cette certitude qu’ils vieilliraient ensemble et que rien ne pourrait jamais les séparer. Eiluned, parce qu’elle se savait capable de réactions extrêmes dans des situations anxiogènes, avait fait la démarche de contacter sa psychomage d’elle-même pour reprendre un rendez-vous avec elle. Elle lui avait tout dit : leur rupture inexpliquée et ces deux mois qu’elle avait passé dans le noir le plus total. Le vide qu’elle avait ressenti, comme si son âme était déchirée en deux. Son agression, le soutien de Leonard, sa crise au travail qui avait conduit Ulysse à venir lui parler. Leurs retrouvailles, leur escapade au Pays de Galles, la demande en mariage. La joie, le bonheur absolu. Cette volonté de profiter des derniers moments qui leur étaient accordés. Cette peur – cette peur immense, terrible, suffocante – à l’idée de le perdre un jour, bientôt. Cette douleur qui vrillait son cœur lorsqu’elle pensait à toutes ces années qu’elle devrait vivre dans un monde où il ne serait plus. Elle avait pleuré, beaucoup, assise dans ce petit fauteuil face à cette femme qu’elle connaissait depuis presque dix ans maintenant. Elle l’avait écouté la rassurer, louer le réflexe qu’elle avait eu de venir la voir car, même si elle ne pourrait jamais se préparer à cette souffrance avant de la vivre véritablement, elle pouvait au moins soulager son angoisse pour les quelques années à venir. Elles avaient évoqué plusieurs sujets, dont un qui occupait son cœur depuis plusieurs jours maintenant : son désir d’enfant grandissant.

Elle avait toujours voulu devenir mère, un jour et, depuis qu’elle était avec Leonard, elle savait jusqu’au plus profond de son cœur qu’elle voulait qu’il soit le père de ses enfants. Ils en avaient déjà parlé, avant de se séparer, et elle savait que c’était une envie qu’il partageait. « Pas tout de suite » se disaient-ils, lorsqu’ils étaient persuadés d’avoir un temps infini devant eux. Depuis leurs retrouvailles, au contraire, Eiluned se sentait pressée par l’envie de fonder leur propre famille, avant qu’ils n’aient jamais le privilège de rencontrer leur enfant. Elle avait ressenti ce désir violemment lorsqu’elle avait posé les yeux sur son fiancé qui riait aux éclats face à sa petite nièce, aussi hilare que lui.

Elle n’avait pas encore évoqué le sujet avec Leonard, parce qu’elle avait eu peur, au début, de ne pas agir pour les bonnes raisons. De désirer un enfant pour qu’une trace de Leonard subsiste sur cette terre, même après son départ. « C’est toujours ce que désirent les parents, au fond, quand ils font un enfant. » avait souligné sa psychomage. Eiluned avait pris conscience, dans ce cabinet aux murs verts et blancs, qu’elle voulait connaître le bonheur de la parentalité avec son compagnon – parce qu’ils avaient toujours rêvé de cela – quand bien même elle serait obligée de poursuivre cette belle aventure seule. Elle voulait porter l’enfant de Leonard, parce qu’elle voulait avoir le privilège de rencontrer cet être unique, issu d’un amour fort, puissant, authentique. Leur bébé. Elle ressentait ce désir jusqu’au plus profond de son âme.

Alors, en rentrant, cet après-midi – elle était de repos aujourd’hui, et Leonard travaillait – elle avait saisi une plume et avait inscrit, en dernier élément de sa liste : « Fonder une famille avec toi. » Ces quelques mots, tracés avec application, étaient lourds d’une charge émotionnelle très forte qui accélérait drastiquement les battements de son cœur.

Le bruit d’une clé qu’on insérait dans la serrure lui fit relever la tête, et elle reposa le magasine qu’elle avait dans les mains sur la table basse face à elle. Elle se leva pour aller à sa rencontre, noua ses bras autour de son cou et captura ses lèvres en un long baiser qu’elle approfondit légèrement en glissant ses doigts dans ses cheveux.

« Tu as passé une bonne journée ? » demanda-t-elle en déposant un dernier baiser sur sa joue, avant de se diriger vers la petite cuisine de son appartement. « J’allais me faire un chocolat chaud, tu en veux un ? » poursuivit-elle, sans pouvoir s’empêcher de se demander, un peu anxieuse, si ce dernier ajout passerait inaperçu longtemps…



Eiluned Wellington


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Leonard Wellington
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Sign of the times [Leonard & Eiluned] Icon_minitimeVen 2 Oct 2020 - 18:36
« Wellington… Est-ce que ce sont des sites de traiteur que je vois par-dessus ton épaule ? »

Une voix doucereuse par-dessus son épaule fit sursauter Leonard qui ouvrit la bouche un poil trop tard pour répondre, signe qu’il avait réfléchi à une stratégie que sa collègue para aussitôt :

« Si tu veux essayer de me faire croire que c’est pour une enquête, je ne te croirais pas.
-Je n’allais pas dire ça. J’allais dire que c’est parce que je suis un lieutenant attentionné qui souhaite correctement remplir l’estomac de mes collègues convives à mon mariage ? Team building, tout ça ?
-Hum. Bien essayé. Mais je ne suis pas Davies, je ne suis pas corruptible avec des pâtisseries.
-C’est parce que tu as un coeur de pierre, ça. Ça déteint sur l’estomac. De toute façon, tu n’es pas assez gradée pour te permettre de me réprimander. Au travail, Atkins.
-Mais cet abus de pouvoir ! »

Leonard répondit d’un large sourire satisfait sans manquer de retourner à ses recherches. La fin de sa journée de travail arrivait officiellement dans quinze minutes, ce n’était pas en quinze minutes qu’on pouvait être productif, par conséquent, il pouvait bien se laisser légèrement distraire par ses préparatifs et surtout, par ces incroyables pièces montées et autres gourmandises qui lui donnaient l’eau à la bouche d’avance. Il ne pouvait pas s’empêcher de laisser son esprit voguer vers cette journée qui avait une date maintenant et qui aurait bientôt un lieu, quand le contrat de location serait officiellement signé. Ce qui était un doux rêve au départ devenait une réalité tangible et merveilleuse, qui le faisait flotter sur un nuage de bonheur perceptible par tous ses collègues. On n’avait jamais vu Leonard si énergisé et joyeux, si un milicien souhaitait demander une augmentation, c’était le bon moment.

Sa bonne humeur se vit dans la façon dont il salua les derniers collègues du bureau avant de prendre le chemin du retour vers la maison. Ravi à l’idée de retrouver sa chère et tendre et de pouvoir lui présenter le résultat de ses recherches, il s’envola jusque la zone de transplanage de Ministère, avant d’arriver à Leopoldgrad. Eiluned le salua, d'un de ces longs baisers amoureux qu’ils se donnaient tous les jours en se retrouvant depuis qu’ils s’étaient remis ensemble, comme si chaque journée de travail était une longue séparation interminable. Ses bras autour de sa taille, il lui fit un sourire.

« Très bonne journée. Je veux bien pour le chocolat ! J’ai pris deux muffins dans la pâtisserie en bas en rentrant » annonça t-il en montrant le petit paquet dans sa main droite.

Il posa les deux gâteaux sur la table basse du salon et ne résista pas à rejoindre sa dulcinée dans la cuisine, sans faire attention à la liste qui s’affichait fièrement sur le tableau de liège, au milieu de leurs photos de couple et de famille. Tandis qu’elle s’affairaient à préparer leurs chocolats, il passa ses deux bras autour de sa taille, le visage enfoui dans son cou.

« Et toi, ta journée, Lili chou ? demanda t-il en déposant un baiser sur sa peau, avant de sourire. Est-ce que nos mères ont encore envoyé des propositions de thèmes ? »

Scarlett et Gwaldys passaient leurs journées à leur envoyer des photographies inspirantes pour des palettes de couleurs et d’ambiances, toutes plus jolies les unes que les autres. De l’élégant chic au vintage, elles avaient brassé un grand nombre de propositions, avant que le coeur des deux futurs mariés ne penche pour un style de décoration simple, fleurie, qui leur plaisait à tous les deux. Maintenant, leurs mamans s’acharnaient à trouver la meilleure association de couleurs et c’était tous les jours une proposition différente. Un jour, c’était pêche et vert anis, le lendemain, rouge coquelicot et crème… Elles ne s’arrêtaient plus.

« Moi j’ai trouvé plusieurs traiteurs qui proposent des pièces sucrées vraiment, vraiment parfaites, il faut que je te montre ça. »
Eiluned Wellington
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Sign of the times [Leonard & Eiluned] Icon_minitimeDim 4 Oct 2020 - 16:16
« Ah, parfait ! Je suis rentrée du studio il y a vingt minutes et je meurs de faim. » avoua Eiluned en faisant fondre du chocolat dans une petite casserole.

Comme elle était de repos, elle était allée encadrer un groupe de jeunes danseurs, âgés de six à huit ans. Le studio Fasollasidanse était situé à Londres, perdu au milieu d’autres locaux associatifs. C’était une de ses camarades du conservatoire qui l’avait créé quelques années auparavant, et Eiluned y passait régulièrement pour donner un coup de main. Elle aidait à l’encadrement des groupes les plus jeunes, elle participait à certaines réunions pour préparer le spectacle de fin d’année… Elle aimait l’ambiance de cette petite association de quartier, qui tranchait drastiquement avec celle de l’école de danse Margot Fonteyn, où elle continuait à prendre des cours de classique et de contemporain.

Elle accueillit l’étreinte de son fiancé avec plaisir, alors qu’elle était occupée à ajouter du lait dans la casserole de chocolat fondu. Elle enchanta une cuillère en bois pour que celle-ci remue doucement le mélange et se retourna pour faire face à Leonard en s’appuyant contre le plan de travail. Elle sentait un mélange d’anxiété et d’impatience lui serrer l’estomac, et s’empêcha de jeter un regard vers le fameux tableau en liège au milieu duquel trônait leur fameuse liste, de peur de se trahir. Elle aimait l’idée que Leonard découvre son envie d’enfant de cette façon, à l’instar de ce qu’elle avait ressenti en le voyant tracer le mot « T’épouser », lorsqu’ils étaient encore dans sa maison de famille.

« Parfaite. » répondit Eiluned à la question de son petit-ami en déposant un baiser sur ses lèvres – mais elle admettait volontiers qu’elle trouvait toutes ses journées « parfaites » depuis qu’ils étaient fiancés. « J’ai encadré un groupe au studio cet après-midi, et on a commencé les répétitions pour leur spectacle de fin d’année… » La jeune femme esquissa un sourire avec une pensée pour cette époque bénie qu’elle adorait, au même âge. « J’espère que tu es conscient que tu vas passer deux heures assis dans une salle municipale à regarder des enfants esquisser les quelques pas de danse d’une chorégraphie que j’aurais mis des mois à leur apprendre. » Eiluned lança un regard malicieux à son amoureux, très au fait que ce n’était peut-être pas la soirée la plus enthousiasmante à proposer. « Mais je danse aussi, à la fin ? » ajouta-t-elle comme pour le convaincre, en saisissant les tasses fumantes pour aller s’installer dans le salon.

Elle les déposa sur la table-basse et s’assit dans leur canapé, de façon à pouvoir faire face à Leonard, qui venait de prendre place à côté d’elle. Un bref éclat de rire la secoua lorsque son fiancé évoqua leurs mères et elle hocha la tête, les deux brillants.

« Evidemment. » Il ne se passait pas une seule journée sans que Gwladys et Scarlett ne les contactent pour discuter des préparatifs de leur mariage. « Aujourd’hui c’était « lilas et blanc cassé » ». Et ce n’était pas sa planche préférée ; Eiluned penchait pour des couleurs plus estivales, plus solaires.

La mention du traiteur lui tira un sourire amusé – Leonard prenait très à cœur la tâche de trouver le prestataire idéal pour leur mariage (et, au fond, elle le soupçonnait un peu de vouloir l’entraîner dans une dizaine de dégustations différentes, juste pour être certain d’avoir fait le bon choix.)

« Je suis curieuse de voir ce que tu as trouvé pour avoir les yeux qui brillent autant… » le taquina Eiluned en lui volant un baiser. « Moi j’ai trouvé des éléments vraiment chouettes pour la décoration dans un magazine que ma mère m’a envoyé… On parle de tout ça dans quinze minutes ? » proposa Eiluned en mordant dans son muffin. « Il faut absolument que j’aille me doucher, je n’ai pas encore eu le temps depuis que je suis rentrée parce que j’ai passé dix minutes au téléphone avec ta mère qui voulait me parler de faire un lâcher de phœnix ? » Du regard, elle demanda à Leonard s’il était au courant de cette idée un peu saugrenue. « Et les dix suivantes à convaincre Llewella que je n’avais pas besoin d’un strip-teaseur à mon enterrement de vie de jeune fille… Et je ne suis même pas certaine d’avoir réussi. » On parlait de Llewella Cadwallader, sans aucun doute la personne la plus têtue qu’elle connaissait.

La jeune femme se redressa, déposa un baiser sur les lèvres de son fiancé et lança un « Je me dépêche » par-dessus son épaule, avant d’entrer dans la salle de bain où elle se dévêtit. Elle jeta un coup d’œil à sa plaie – dont la cicatrisation n’était pas encore terminée, mais qu’elle pouvait laisser à l’air libre désormais – et entra dans la douche avec un léger soupir de soulagement, l’esprit toujours tourné vers cette petite liste qui comportait désormais un nouvel élément majeur, que Leonard ne tarderait sans doute pas à découvrir.



Eiluned Wellington


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Sign of the times [Leonard & Eiluned] Icon_minitimeDim 11 Oct 2020 - 9:41
« J’en suis conscient, et j’ai hâte, surtout pour la partie où c’est la meilleure danseuse qui sera sur scène et que je pourrai dire fièrement que c’est ma femme » répondit t-il avec un sourire charmeur, en déposant un baiser sur ses lèvres.

Ils étaient niais, tous les deux, très niais depuis qu’ils s’étaient retrouvés et impossibles à séparer plus de deux minutes, ce qui leur attirait mille moqueries de la part de leurs frères et soeurs quand ils les voyaient passer leur temps avec leurs mains nouées ou en train de se faire les yeux doux en pensant être discrets. Mais Leonard assumait pleinement de ne pas contenir ce bonheur qui l’habitait et de profiter de cette période qu’il vivait avec Eiluned, à préparer leur mariage, qui était comme une lune de miel avant l’heure. Leurs préparatifs les occupaient beaucoup et créait une émulation familiale qui faisait plaisir à voir, malgré le zèle de leurs deux mamans.

« Oh Merlin mais on ne peut plus les arrêter, rit-il. Il va falloir qu’on choisisse notre palette, sinon elles vont nous bombarder tous les jours de nouvelles propositions. »

Il laissait volontiers le choix des couleurs aux femmes de sa vie, pendant que lui planchait sur un autre aspect du mariage qu’il considérait très sérieusement et qu’il mettait dans le top trois des aspects les plus importants, si ce n’était le top un. Que serait une fête organisée par Leonard Wellington, sans buffet digne de ce nom, pour satisfaire toutes les gourmandises ?

« J’ai trouvé la corne d’abondance, Lili chou. Le temple de la gourmandise. L’orgasme gustatif. En ce qui me concerne, ça sera un avant-goût de notre lune de miel. Tu n’es pas prête. » Pièces sucrées comme salées, Leonard avait repéré plusieurs éléments qui lui faisaient de l’oeil et envoyé une demande de devis juste avant de quitter les bureaux de la Milice. Il surveillait à ce sujet avec attention les notifications de son Pear One, tout en s’amusant des nouvelles que lui apportait Eiluned : « Un lâcher de phénix, mais sérieusement ? Mais toujours plus ! Je sens qu’on va se ruiner dans ce mariage. Ou que ma mère va se ruiner à vouloir payer des prestations improbables… » Et si l’on pouvait compter sur Scarlett pour ponctuer ce mariage d’animations grandioses, on pouvait compter sur Llewella pour organiser l’enterrement de vie de jeune fille le plus embarrassant du monde. La mention d’un strip-teaseur tira un franc éclat de rire à Leonard. Loin de faire l’homme jaloux, car il n’avait environ aucun doute sur le fait qu’à choisir, elle aurait préféré un strip-tease de son fiancé, il la taquina un peu : « Oh non. Connaissant ta soeur, je crois que tu vas devoir te préparer à ce moment de grande gêne et qu’en plus, ça sera probablement pas ce qu’elle aura prévu de pire… »

Il laissa Eiluned s’éclipser vers la salle de bains et prit son temps pour savourer son goûter de gâteaux et de chocolat chaud. Appuyé contre le dossier du canapé, son esprit se mit à virevolter entre mille pensées à la fois, sur ce qu’il avait à faire et sur le bonheur que lui procurait cette situation digne d’un rêve. L’une des parties de ce mariage qu’il attendait le plus impatiemment était celle qu’ils préparaient uniquement tous les deux, sans l’interférence de leurs familles respectives : le voyage de noces qu’il allait suivre la cérémonie et qui leur permettrait de partager des vacances à deux encore plus merveilleuses que celles qu’ils avaient improvisées au pays de Galles, quelques semaines plus tôt. Ils ne s’étaient pas encore arrêtés sur une destination mais avaient listé des dizaines de destinations paradisiaques telles que les Maldives, la Polynésie, le Costa Rica. Leonard avait hâte de passer ses journées allongé sur une plage de sable chaud avec son épouse dans ses bras et cette délicieuse image fit naître un nouveau voeu dans son coeur. Se levant pour déposer sa tasse dans l’évier, il en profita pour se tourner vers leur liste, affichée sur le tableau de liège, prêt à noter « Multiplier les lunes de miel avec toi ». Mais son geste se suspendit dans les airs à l’instant où son regard tomba sur un ajout qu’il n’avait pas encore remarqué.

« Fonder une famille avec toi. »

La plume qu’il avait attrapé lui glissa des mains et s’échoua au sol sans bruit, tandis que le coeur de Leonard lui, fit un brusque vacarme dans sa poitrine. Fonder une famille. Face à ce désir d’enfants pudiquement exprimé sur une feuille de papier, Leonard se sentit assailli d’émotions contradictoires. Il avait toujours eu envie d’avoir des enfants et Eiluned l’avait su assez tôt, même quand ils ne l’envisageaient pas encore sérieusement, parce qu’ils avaient l’habitude de parler de tout et de rien. « Oui j’aimerais beaucoup avoir des enfants un jour, et toi ? ». « Moi aussi. Combien d’enfants, toi ? ». Ils avaient discuté de cela sans enjeu particulier, en riant. Plus grands, plus installés dans leur vie de couple, ils avaient de nouveau eu cette conversation, cette fois-ci en exprimant clairement le fait qu’ils se voyaient le faire ensemble mais ils s’étaient mis d’accord pour attendre. Ils étaient jeunes, ils avaient le temps, ils n’étaient même pas encore mariés, ils voulaient faire les choses dans l’ordre et profiter de leur vie de couple à deux avant d’y ajouter la responsabilité d’une petite famille.

Puis l’annonce de sa maladie était tombée. Tous ses plans d’avenir s’étaient effondrés, brutalement.

Leonard commençait tout juste à reprendre une vie avec Eiluned, qu’il essayait de positionner selon cette nouvelle et tragique donnée avec laquelle ils étaient obligés de composer. Evidemment qu’il y avait pensé lui aussi. A l’instant où il s’était confirmé à lui-même son désir de lui faire sa demande en mariage, il avait pensé à tout ce qui venait traditionnellement avec un mariage : faire des enfants, notamment. Avant, il n’aurait pas hésité une seconde à dire oui. Maintenant, il ne savait plus du tout comment se positionner. Un grand regret assaillait son coeur quand il songeait que peut-être le plus raisonnable était de ne pas se lancer dans un tel projet face au peu de temps qu’il lui restait à vivre et à la certitude qu’il ne pourrait jamais voir ces bébés grandir. D’un autre côté, il sentait toujours son désir d’enfants présent, brûlant en lui, tel un feu sur lequel il était difficile de poser un couvercle.

Ces quelques mots écrits sous yeux faisaient rejaillir tous ces dilemmes brutalement, plus fort que jamais, car ils se heurtaient à un souhait qu’émettait Eiluned et qui faisait écho à celui qu’il tentait de taire. Ebranlé, il marcha tel un fantôme jusque la chambre qu’il partageait avec sa compagne et la trouva à l’intérieur devant l’armoire de vêtements, vêtue de sa serviette de bain. Sa voix trahissait son trouble quand il demanda, en restant dans l’encadrement de la porte :

« Tu… Tu veux des enfants avec moi, Lili ? »


Leonard Wellington

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Eiluned Wellington
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Sign of the times [Leonard & Eiluned] Icon_minitimeDim 11 Oct 2020 - 18:54
Debout sous un jet d’eau chaude, Eiluned laissait ses pensées vagabonder, les yeux clos. Comme pour occuper son esprit et l’empêcher de songer à la réaction de Leonard lorsqu’il découvrirait son dernier ajout à leur liste, ses idées s’attardaient sur plusieurs détails de ce qui deviendrait le plus beau jour de leur vie. Eiluned, qui était très perfectionniste, avait listé toutes ces petites choses auxquelles ils devaient réfléchir aussi, en amont, pour ne pas se retrouver pris au dépourvu le jour J. Ils voulaient se marier à l’extérieur et comptaient sur l’arrivée des beaux jours pour pouvoir réaliser ce souhait, mais il fallait bien qu’ils pensent à un plan B en cas d’intempéries – un barnum, probablement, dont l’installation avec la magie était assez rapide. Ils devaient recruter une ou deux baby-sitters pour occuper les enfants pendant le repas et la soirée, songer au déroulé de leur cérémonie de mariage… Ils étaient, heureusement, très bien entourés. Leurs mères avaient probablement transformé une pièce entière dans la maison des Cadwallader pour y entreposer des idées de décoration, et leurs frères et sœurs avaient naturellement pris en charge un aspect du mariage pour les décharger un peu. Llewella – en plus de lui organiser un enterrement de vie de jeune fille qu’elle ne pourrait de toute évidence pas oublier – avait contacté plusieurs boutiques pour organiser des essayages de robes à partir de la semaine prochaine. Très convaincante, elle ne s’était pas laissée démonter une seule fois par des vendeurs peu enthousiastes à l’idée de bousculer leurs emplois du temps pour fixer un rendez-vous supplémentaire ; tous avaient fini par accéder à sa requête, soit charmés par son franc-parler, soit pour la faire taire. Aderyn leur avait trouvé un photographe prêt à immortaliser ce grand jour ; et quant à Ulysse, Gawain, et Drystan outre le fait qu’eux aussi semblaient préparer l’enterrement de vie de garçon de Leonard et qu’Eiluned les avait vu à plusieurs reprises ricaner bêtement à ce sujet, avaient aussi plusieurs idées pour la décoration, qu’ils n’hésitaient pas à leur envoyer régulièrement.

Eiluned entreprit de rincer son shampooing – elle avait une passion pour les produits de douche odorant et sucré, celui-ci était à la noix de coco et la faisait presque saliver d’envie. Elle se sentait presque bercée par cette chaleur, et dût se faire violence pour couper l’eau. Elle s’emmitoufla dans une grande serviette bleue, démêla ses cheveux blonds, et resta encore quelques minutes dans la salle de bain pour se sécher et appliquer quelques soins sur sa peau. Puis, elle gagna leur chambre, enroulée dans sa serviette de bain, ses cheveux encore humides gouttant dans son dos. Elle hésita un instant sur sa tenue, et avait opté pour une robe en laine et des collants semi-transparent à motifs, lorsque la voix de Leonard lui fit redresser vivement la tête.

Elle sentit son cœur s’accélérer drastiquement dans sa poitrine et elle pivota pour lui faire face. Sa question trahissait un trouble intérieur qu’elle avait senti dans sa voix, alors elle répondit tout simplement, et sans l’ombre d’un doute dans son ton :

« Oui. »

Elle fit quelques pas vers lui, parce que la distance physique, pour une conversation aussi profonde, aussi intime, lui paraissait intolérable. Elle saisit doucement ses mains dans les siennes et leva le regard vers lui. Cela avait été très compliqué de réaliser, puis d’admettre, que son désir d’enfant n’avait pas disparu et, qu’au contraire, il était encore plus fort que jamais. Elle voulait que Leonard soit le père de ses enfants et, à vrai dire, elle n’imaginait pas devenir mère autrement qu’avec lui. Elle ne pouvait pas envisager la parentalité sans lui, quand bien même il ne pourrait être présent que pendant les premières années de la vie de leurs enfants. Renoncer à ce désir, pourtant brûlant, lui vrillait le cœur, et pourtant elle avait longuement considéré cette option, ces derniers jours. Elle ne voulait pas tomber enceinte pour de mauvaises raisons, par peur de la solitude qui suivrait indéniablement la mort de l’amour de sa vie, ou pour combler le vide qu’il laisserait, mais elle avait rapidement réalisé que ce désir d’enfant n’était pas une sordide façon de se rassurer quant à la disparition prochaine de Leonard. Elle avait toujours eu cette envie profonde d’élever leurs enfants, de leur faire découvrir toutes les choses merveilleuses de cette terre et de les éduquer à tous ces jolis principes qui portaient sa vie et son couple depuis plusieurs années maintenant. Elle voulait fonder une famille avec Leonard. Leur famille.

Peut-être qu’avoir un enfant, dans leur situation, n’était pas la chose la plus raisonnable à envisager, Eiluned pouvait le concevoir. Ou alors, peut-être que c’était justement la plus belle chose à imaginer.

« J’ai très envie d’avoir des enfants avec toi. » souffla-t-elle en levant sa main pour la glisser contre sa joue, en accrochant son regard au passage. « J’y ai beaucoup réfléchi depuis qu’on s’est fiancés. » poursuivit-elle, parce qu’il s’agissait d’une décision trop importante pour qu’ils n’en parlent pas ouvertement avant. « Je sais ce que tu vas me dire. » lança-t-elle avant qu’il ne l’interrompe. « Que ce n’est pas raisonnable, avec ta maladie. » Elle eut un sourire un peu léger. « Quand on y pense bien, ce n’est jamais vraiment raisonnable d’avoir un enfant. » Mais Merlin, qu’est-ce qu’elle le désirait. Son expression se refit plus sérieuse, mais le regard qu’elle posait sur lui était toujours aussi tendre. « J’ai envie de fonder une famille avec toi depuis longtemps. Ce n’était jamais le bon moment, on était trop jeunes, trop instables, trop insouciants… Et maintenant… » Elle haussa doucement les épaules. « Je crois qu’il n’y a jamais de bons moments, pour devenir parents. Ou peut-être que c’est justement le bon moment, pour nous. »  Le bon, et le seul moment, aussi. Car, si Eiluned avait une certitude, bien ancrée au fond de son cœur, c’était qu’elle ne pourrait jamais porter les enfants d’un autre homme que Leonard. « C’est peut-être la chose la moins raisonnable qu’on devrait faire… Mais c’est aussi peut-être la plus belle. »



Eiluned Wellington


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Leonard Wellington
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Sign of the times [Leonard & Eiluned] Icon_minitimeDim 18 Oct 2020 - 17:15
La réponse, calme, certaine, que lui donna Eiluned accéléra un peu plus les battements de coeur de Leonard qui la laissa s’approcher de lui. Les mains dans les siennes, il la regardait, avec stupéfaction, anxiété et émotion à la fois. S’il avait été tout à fait honnête avec lui-même et ses envies, il aurait noté la même chose qu’elle, tout en haut de sa liste car il ne pouvait imaginer rien de plus épanouissant et merveilleux que l’idée de faire des enfants avec elle.

Il s’était souvent projeté par le passé dans cette image idyllique de lui et Eiluned, entouré de petits bambins babillant joyeusement. Leonard avait une capacité de projection mentale assez forte, nourrie par son imagination débordante, on pouvait dire qu’il avait été assez loin dans cet avenir où il s’était vu bricoler des jouets en bois pour leur petit de quatre ans -petit blond aux yeux bleus comme sa maman-, lui enseigner le piano pendant que leur mère lui enseignerait la danse, accompagner la plus grande, qui rêvait de nouveaux horizons comme son papa, sur les quais du Poudlard Express pour la première fois, l’aider à gérer ses premières déceptions amoureuses parce que comme lui, elle se serait trop investie émotionnellement dans ses relations. Ces scènes fluctuaient, sans s’ancrer véritablement dans la tête de Leonard comme un chemin à suivre, c’était plutôt l’atmosphère qui s’en dégageait que retenait le jeune homme : lui, heureux avec Eiluned, entouré des plus beaux fruits de leur amour.

Renoncer à ce rêve était un sacrifice extrêmement difficile pour lui. Il avait toujours aimé les enfants, il s’amusait beaucoup avec les neveux et nièce de sa compagne, qui l’appelaient chaleureusement « tonton ». Plus les années passaient et plus ce désir de paternité se réveillait chez lui. Le plan était tout tracé dans son esprit. Il allait épouser Eiluned quand elle terminerait ses études, puis ils attendraient peut-être un ou deux ans, que leur nouvelle vie se stabilise tout à fait, avant de se lancer dans cette belle aventure de fonder une famille.

Oui mais. Tout avait changé, désormais. Fonder une famille était un projet de toute une vie, un projet sur des années, un projet qui n’impliquaient pas qu’eux deux. Se marier ne les concernait que tous les deux, c’était une décision qu’ils pouvaient prendre entièrement pour eux. Faire des enfants en revanche… Leonard éprouvait une grande culpabilité et une grande inquiétude à l’idée de mettre au monde des bébés condamnés à être orphelins de père et de laisser Eiluned s’en occuper seule. Il ne parvenait pas à se dire qu’il pouvait être suffisamment égoïste pour se lancer dans un tel projet, quand il mettait en face les conséquences inéluctables. C’était tout ce qui le poussait à tenter de renoncer à ce fort désir, qu’Eiluned ravivait en lui parlant.

Sa gorge se serrait un peu plus en l’écoutant lui affirmer doucement qu’elle avait beaucoup réfléchi, qu’elle voulait faire des enfants avec lui, que c’était peut-être précisément le bon moment pour eux et que c’était la plus belle chose à faire. Cette dernière parole le fit craquer intérieurement, il enfouit son visage dans ses mains, saisi par l’émotion.

« Oh Lili… souffla t-il, la voix tremblante. Je… Il n’y a rien que je veuille plus au monde qu’avoir des enfants avec toi. Je l’ai toujours voulu, ça me rendrait vraiment heureux. » Il retira ses mains, pour saisir de nouveau celles d’Eiluned, lâchant le « mais » qui se percevait dans son ton : « Mais c’est une grande responsabilité aussi. Si on fait des enfants, tu… Tu vas devoir les élever seule. »

En très grande partie, en tout cas. Leonard pourrait au mieux voir leurs premiers pas et leurs premiers mots, pas plus. Cette simple pensée qu’il ne pourrait jamais avoir plus lui serrait le coeur, tout comme celle de laisser Eiluned seule dans cette aventure. Seule ou… avec un autre homme, lui souffla insidieusement une voix dans sa tête, ce qui ne fit qu’augmenter sa peine.

« Et ils… Ils ne se souviendront probablement pas de moi, murmura t-il en baissant le regard, les yeux brillants à cette parole, l'estomac noué par l'angoisse. Ils grandiront sans père. Je ne sais pas si c’est une bonne idée de mettre au monde des enfants condamnés à grandir sans père... »


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Sign of the times [Leonard & Eiluned] Icon_minitimeMer 21 Oct 2020 - 17:53
« Mon amour… » souffla-t-elle lorsque Leonard enfouit son visage dans ses mains, comme submergé par une émotion si forte qu’il ne pouvait plus soutenir son regard. Elle l’écouta lui assurer qu’il ne désirait rien de plus fort que de fonder une famille avec elle, percevant déjà les réserves dans sa voix.

Son cœur se vrilla lorsqu’il mentionna cette terrible réalité à laquelle elle avait déjà longuement réfléchi et qu’elle avait été obligée d’accepter, de faire sienne, parce que malgré tous les efforts qu’elle pouvait déployer pour essayer, elle n’y échapperait jamais. Oui, elle devrait élever leurs enfants seule. Elle devrait apprendre à vivre seule, elle qui partageait ses jours avec Leonard depuis qu’ils avaient six ans. Elle devrait se faire à l’idée de ne plus se réveiller à ses côtés le matin et de ne plus s’endormir contre lui le soir. De ne plus le voir sourire, de ne plus voir son regard s’illuminer quand il posait les yeux sur elle, ou devenir malicieux lorsqu’une pensée farfelue lui traversait l’esprit. De ne plus sentir ses lèvres contre les siennes, son souffle sur sa peau, ses mains dans ses cheveux. Comme toujours, ces pensées lui firent l’effet d’un violent coup dans l’estomac, alors que ses yeux se mettaient à briller de larmes.

Elle devrait réapprendre à vivre seule, quand bien même elle ne savait pas si elle avait un jour su comment faire. C’était une idée à la fois terrifiante et qu’elle était obligée d’affronter. Il le fallait, parce que, si elle se voilait la face alors elle ne surmonterait jamais la douleur que lui causerait la mort de Leonard. Lorsqu’elle avait envisagé pleinement cette envie d’enfant, lorsqu’elle avait songé véritablement à la concrétiser, Eiluned s’était jurée, d’une promesse silencieuse mais à laquelle elle ne dérogerait jamais, qu’elle ne se laisserait pas partir. Que le vide qu’allait laisser Leonard en s’éteignant ne l’avalerait pas toute entière et qu’elle se battrait, tous les jours si cela était nécessaire, pour le repousser. Qu’elle le ferait pour elle, pour lui, et pour leurs enfants qu’elle se figurait déjà. Que ce dernier combat qu’elle mènerait, pendant toutes ces années qui la sépareraient du moment où elle irait rejoindre Leonard, elle le mènerait pour eux, pour lui, comme une ultime preuve de l’amour qu’elle lui portait.

Et elle le mènerait seule, oui, de la même façon qu’elle vivrait seule et qu’elle élèverait leurs enfants seule, car Eiluned ne pouvait pas se figurer un monde où elle serait engagée dans une relation avec un autre homme que Leonard. Elle lui avait déjà dit, lorsqu’il l’avait quitté en janvier, et sa position n’avait pas changé depuis. Eiluned croyait au grand amour, et Leonard était le sien, son cœur ne portait pas l’ombre d’un doute sur ce jugement. Il était son âme-sœur, sa moitié, l’amour de sa vie, et jamais elle ne pourrait ressentir des sentiments similaires pour une autre personne, elle en avait l’intime conviction.

« Je ne sais pas. » répondit avec honnêteté Eiluned, alors que Leonard murmurait, d’une voix nouée par l’émotion, qu’il ne savait pas si mettre au monde des enfants condamnés à grandir sans père était une bonne idée.

Elle-même se sentait aux prises avec une angoisse terrible, qui combattait férocement son désir d’enfant, tout aussi grand. Evidemment, qu’elle était terrifiée à l’idée d’amener dans ce monde des enfants qui n’auraient peut-être pas la chance de connaître leur père et qui finiraient peut-être par lui en vouloir, à elle. Et puis, elle songeait à toutes ces choses qu’elle pourrait leur raconter, à toutes ces histoires qu’elle pourrait leur conter, à tous ces objets qu’elle pourrait leur montrer, et elle avait alors cette sensation que, quoiqu’il arrive, Leonard ne la quitterait jamais – ne les quitterait jamais.

« Mais tant que je me souviens de toi, ils se souviendront de toi. » souffla-t-elle d’une voix étouffée et le regard qu’elle posa sur lui exprimait clairement qu’elle ne l’oublierait jamais.

Eiluned réprima un sanglot et essuya ses joues humides d’un revers de main.

« Je ne sais pas si on peut parler de bonne ou de mauvaise idée. » poursuivit-elle alors d’un ton plus maîtrisé car sa voix tremblait moins. « Moi aussi, j’ai peur qu’ils m’en veuillent, un jour. » Mais cette pensée lui paraissait alors aussitôt incongrue, parce qu’elle sentait l’amour qu’elle était capable de donner à ces êtres issus de son amour avec Leonard. « Et en même temps, je pense à tout cet amour dans lequel ils seront enveloppés. Le tien, le mien, celui de tes parents, des miens, de notre immense famille. » Elle accrocha son regard. « Rien ne remplacera jamais ta présence. Pour personne. » Sa voix se brisa sur ces derniers mots, et elle se força à prendre une lente inspiration pour calmer les battements effrénés de son cœur douloureux. « Mais tu seras toujours là, avec moi. Ou avec nous. » ajouta-t-elle en incluant dans cette équation de potentiels enfants. « Tu fais partie de moi. » murmura-t-elle. « Et cette partie-là de toi ne mourra jamais. »

Elle serra doucement sa main dans la sienne.

« Tu serais un père merveilleux, Leonard. » assura-t-elle. « Et, si on décide d’avoir des enfants, je leur répéterai chaque jour qu’ils étaient les personnes que tu aimais le plus au monde, crois-moi. » Un sourire étira ses traits. « Nos enfants seront heureux. » Elle ancra son regard dans le sien. « Je ne peux pas te jurer que tu ne leur manqueras pas, ni même qu’un jour, ils ne nous en voudront pas, parce qu’ils auraient voulu te connaître. Mais je peux te promettre qu’ils seront heureux. »  



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Sign of the times [Leonard & Eiluned] Icon_minitimeVen 23 Oct 2020 - 11:05
Leonard non plus ne savait pas. Il n’avait jamais autant douté, aux portes de la décision la plus difficile de sa vie. Son coeur tout entier le poussait à dire oui à Eiluned, de la même manière qu’elle lui avait dit oui pour l’épouser. Son cerveau, lui, se projetait dans de terribles situations et son estomac noué par l’angoisse le retenait en arrière, pour l’empêcher de se jeter à corps perdu dans ce désir si fort. Il imaginait Eiluned débordée par sa vie de mère isolée, à essayer de jongler entre son travail exigeant de médicomage et les besoins de ses bébés. Il imaginait leurs enfants entrer à l’école et noter de leurs grands yeux innocents toutes ces petites différences qui les distinguaient de leurs camarades, jusqu’à comprendre qu’ils n’avaient pas la même chance qu’eux d’avoir deux parents unis et présents. Il les imaginait grandir dans l’ombre de son fantôme, se poser de plus en plus de questions à son sujet, vouloir rencontrer quelqu’un qu’ils ne verraient jamais, ressentir une grande frustration face à ce vide qu’ils ne pourraient jamais combler vraiment. Peut-être même qu’ils finiraient par reporter cette frustration sur la seule personne qui pourrait la recevoir, leur mère. Il pensait à tous ces moments où son absence se ferait ressentir, car ils étaient traditionnellement célébrés dans leur société : leur premier acte de magie, leurs résultats aux BUSES, leur remise de diplôme, leur mariage, leurs enfants. Il serait aimé, sans doute, à travers les histoires qu’Eiluned et leur famille leur raconterait à son sujet, mais ce serait toujours un amour teinté de mélancolie et de regrets.

Et Leonard avait peur d’éprouver le même en mettant des bébés au monde : les aimer très fort, mais sans pouvoir s’empêcher de penser au fait qu’il allait bientôt les quitter, à chaque fois qu’il poserait les yeux sur eux.

« Mais tant que je me souviens de toi, ils se souviendront de toi.
-Oui mais… Ils seront tristes de ne pas pouvoir me voir, ne put-il s’empêcher de murmurer en réponse, avec inquiétude. Il y aura toujours un vide dans leur vie, un vide que des souvenirs ne peuvent pas suffire à combler… »

Eiluned tenta de le rassurer en soulignant le fait que ces futurs bébés ne seraient jamais seuls, qu’ils seraient bien entourés d’une grande famille qui les aimeraient profondément, comme ils les avaient aimés eux. Là-dessus, Leonard n’avait rien à redire, car il n’avait aucun doute sur le fait que leurs parents, leurs frères et soeurs, sauraient se montrer présents et combler les besoins de leurs bébés. Simplement, ils ne pourraient pas tout combler, car effectivement, comme Eiluned le soulignait, personne ne pourrait véritablement prendre la place de leur père…

A cet instant, elle lui dit la plus belle chose au monde qu’elle pouvait lui dire et qui bouleversa Leonard. Il faisait partie d’elle. Ils se disaient qu’ils s’aimaient tous les jours, mais jamais ils ne s’étaient dit une chose telle qu’ils étaient une part l’un de l’autre, quand bien même ils le ressentaient au fond d’eux. Eiluned verbalisait pour la première fois un sentiment qui faisait écho à celui de Leonard et qui portait leur amour au-delà de tout. Elle aussi, elle faisait partie de lui, cette courte séparation entre eux quelques mois plus tôt, qui lui avait fait l’effet d’un véritable arrachement, l’avait prouvé. Cette connexion irremplaçable amenuisait la future absence dont il allait marquer sa vie en partant, cette absence qui terrifiait tant Leonard. Il allait continuer de vivre à travers elle pour leurs enfants, disait-elle, même une fois parti. Et sans doute, d’une certaine manière, il allait continuer de vivre à travers leurs enfants, pour elle également, pensa t-il. Cette déclaration, à laquelle s’ajoutèrent les multiples promesses d’Eiluned sur le fait qu’elle veillerait au bonheur de leurs enfants, ébranlèrent profondément Leonard, saccagèrent le flux désordonné de ses pensées.

Trop. C’était trop.

Incapable de soutenir plus longtemps le poids de son corps sur ses jambes, tant il semblait brusquement alourdi par celui de ses émotions qui le submergaient, Leonard chuta sur ses genoux, secoué de larmes. Il passa les bras autour de la taille d’Eiluned, en se blottissant contre son ventre, s’accrochant à elle, sans pouvoir retenir le flot chaotique de paroles qui s’échappa de ses lèvres :

« Oh, ma Lili... Toi aussi tu fais partie de moi. Alors, ça me tue de me dire que je vais te perdre, parce que tu... Tu es juste la plus merveilleuse femme et je n’ai aucun doute sur le fait que tu seras aussi la meilleure mère. Je sais que tu leur donneras tout l’amour qu’il faut et que tu sauras leur parler de moi pour qu’ils sachent exactement comment j’étais, mais… J’ai peur… J’ai peur que ce soit encore plus difficile pour moi de partir si on a des enfants ensemble, avoua t-il dans un souffle, entre deux sanglots. J’ai déjà la sensation de manquer de temps avec toi… Je sais que je vais aimer nos bébés plus que tout, alors j’ai peur de regretter chaque jour de ne pas avoir plus de temps pour les voir grandir. »

C’était toujours la même peur, la plus profonde, la plus ancrée en lui. Celle de manquer de temps et ne pas profiter de ces proches aussi longtemps qu’il l’aurait voulu. L’idée d’agrandir ce cercle le terrifiait, tout autant qu’elle l’emplissait d’un fol espoir de goûter à un bonheur qu’il avait toujours voulu expérimenter.


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Sign of the times [Leonard & Eiluned] Icon_minitimeSam 24 Oct 2020 - 19:34
Les mots de Leonard, murmurés avec une inquiétude qui lui vrilla le cœur, ébranlèrent fortement Eiluned car ils faisaient écho à ses propres peurs qui étaient férocement ancrées en elle. Son fiancé avait raison : le vide qu’il laisserait en les quittant ne pourrait pas être comblé par les souvenirs d’Eiluned, par toutes ces anecdotes qu’elle pourrait raconter à leurs enfants pour qui rien ne pourrait remplacer la présence de leur père. Et c’était justement cet élément qui faisait vaciller son désir, pourtant si fort, de mettre au monde un enfant, parce qu’Eiluned était terrifiée à l’idée qu’il soit malheureux. Elle se sentit brusquement submergée par une vague de culpabilité, qui s’accentua encore lorsque Leonard tomba sur ses genoux en pleurs.

La gorge nouée par l’émotion, elle se laissa tomber sur leur lit, derrière elle, et noua ses bras autour du cou de son fiancé pour lui rendre cette étreinte qui avait la saveur du désespoir profond qu’ils ressentaient. Si Eiluned avait plus ou moins réussi à contenir ses larmes jusqu’ici, les paroles de Leonard lui arrachèrent des sanglots qu’elle tenta de réprimer en pressant sa main contre ses lèvres. Les peurs qu’il évoquait lui paraissaient tangibles, comme si elle pouvait les sentir aujourd’hui. Comme si elle voyait déjà cette triste mélancolie dans le regard de Leonard qui, en observant les premières années de leurs enfants, ne pourrait jamais s’empêcher de songer qu’il ne serait plus présent pour voir les suivantes. Cette terrible vision lui serra le cœur et, alors que ses larmes mouillaient ses joues rondes, Eiluned se sentit terriblement égoïste. Elle s’en voulait de vouloir faire connaître à Leonard une parentalité qu’il ne pourrait pas mener jusqu’au bout, de le condamner à mourir en sachant qu’il laissait derrière lui, pas seulement ses parents, son frère, sa femme, mais aussi des êtres innocents qui n’avaient jamais demandé à venir au monde dans ces conditions.

C’était égoïste, de vouloir faire des enfants envers et contre tout. Egoïste, de les condamner à vivre avec la peine de n’avoir jamais pu connaître leur père. Terrassée par la tristesse, Eiluned fut incapable de répondre immédiatement à Leonard, et resta donc silencieusement secouée par des sanglots, s’accrochant à lui pour tenter de les calmer. Lorsqu’elle parvint à s’apaiser un peu, lorsque ses hoquets se calmèrent et la laissèrent abasourdie, les yeux presque translucides de toutes ces larmes qui y avaient coulé, Eiluned se redressa doucement pour faire face à Leonard mais garda ses mains autour de son visage, comme pour se rassurer avec un contact familier et habituel.

Elle ne savait plus, elle était perdue, confuse, incapable de formuler correctement deux pensées cohérentes. Elle avait l’impression de se battre contre des sentiments trop forts ; son désir de maternité brûlant, la terreur qu’elle ressentait à l’idée que leurs enfants soient malheureux et dévastés à l’idée de ne jamais connaître leur père, et cette peur irraisonnée à l’idée de vivre toutes ces années sans l’amour de sa vie. Elle vacillait entre la ferme conviction, apportée par Leonard, que mettre au monde des enfants dans une telle situation était la dernière chose raisonnable à faire, et cette petite voix qui lui soufflait qu’il s’agissait de la plus belle. Que tous les parents faisaient des enfants pour des raisons égoïstes, parfois pour consolider leur couple, parfois pour entrer dans un schéma attendu, parfois pour se rassurer eux-mêmes. Que c’était normal, de vouloir cristalliser leur amour de la plus jolie des manières en portant leur enfant. Qu’elle brûlait d’envie de devenir mère, de rencontrer leurs enfants, et que cette terrible échéance à laquelle ils faisaient face la poussait à considérer cette éventualité maintenant, terrifiée à l’idée de ne jamais pouvoir la concrétiser.  

« Je… » commença-t-elle, la voix tremblante, en cherchant le regard de Leonard. « Je ne veux pas que les années à venir soient encore plus difficile pour toi. Que tu sois encore plus saisi par le regret de partir. » souffla-t-elle. « Je veux que tu sois heureux. » Elle caressa doucement sa joue pour sécher ses larmes. « J’ai envie de devenir mère et… Et, si je dois le devenir, ce sera avec toi, ou pas du tout. » murmura-t-elle, avouant quelque chose qu’elle n’avait encore jamais évoqué avec Leonard. « Je sais ce que ça veut dire. » poursuivit-elle en posant un regard qui était calme, mais décidé, sur son fiancé. Cela signifiait qu’elle renonçait à toute possibilité de faire sa vie avec un autre homme, un jour. Eiluned pouvait envisager un futur où, après la mort de Leonard, elle réapprendrait à être heureuse, à vivre, à goûter à des plaisirs simples de la vie. Mais il lui était inconcevable de s’imaginer avec quelqu’un d’autre, et encore moins dans une relation aussi sérieuse, qui impliquerait des enfants. « J’aimerais que tu sois le père de mes enfants mais… Mais je ne t’imposerais jamais le regret de devoir les quitter. »

Un léger silence suivit sa déclaration, parce que de lourds éléments venaient d’y être abordés et qu’ils avaient besoin tous les deux d’y réfléchir, de méditer. Alors, quelques minutes s’écoulèrent, dans le silence de leurs pensées, jusqu’à ce qu’Eiluned reprenne la parole, doucement, presque dans un murmure.

« On n’est pas obligés de prendre une décision maintenant. » fit-elle en serrant doucement son épaule. « Je crois qu’on à tous les deux besoin d’y réfléchir. »



Eiluned Wellington


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Sign of the times [Leonard & Eiluned] Icon_minitimeDim 25 Oct 2020 - 12:12
Les larmes de Leonard ne semblaient plus pouvoir s’arrêter. Une immense vague de tristesse et d’inquiétude avait surgi de ses plus profondes angoisses et prenait possession de lui, sans qu’il ne puisse l’empêcher. Il se laissa enlacer par Eiluned, en espérant trouver le soutien dont il avait désespérément besoin. La main qu’elle glissait dans sa nuque était la seule chose qui le retenait de sombrer totalement. Il l’entendait pleurer elle aussi, ce chagrin qu’il percevait chez elle le touchait à son tour. Il la serra fort contre lui, pour lui signifier qu’il était là pour elle, qu’il n’était pas encore parti, même s’il était toujours autant effrayé par la perspective de savoir ce moment arriver. Pendant quelques minutes, ils restèrent dans cette position, dans un silence uniquement brisé par leurs sanglots étouffés, qui avaient besoin de sortir.

C’était la première fois qu’ils évoquaient vraiment tout le chagrin que leur procurait cette situation funeste. Jusque là, Eiluned s’était concentrée sur des paroles de soutien, d’espoir, des jolis mots d’amour et des promesses auxquelles Leonard s’était efforcé de croire. Il s’était laissé gagner par le bonheur d’avoir de beaux moments à partager avec elle, de voir son chemin s’éclairer de sa présence et son amour. Aujourd’hui, ils se laissaient tous les deux rattraper par le désespoir qu’ils avaient tenté de contenir en eux, mais qui surgissait brutalement après avoir frôlé du doigt la perspective d’un bonheur paradoxalement trop grand pour qu’ils puissent y prétendre. Ici se trouvait la frontière de ce qu’ils pouvaient s’autoriser à faire, sans craindre de conséquences regrettables. Envisager de faire des enfants dans une telle situation était égoïste. Leonard se sentait déjà coupable de partir et de laisser sa famille, son amour, vivre leur vie dans le chagrin de l’avoir perdu. Il se sentait dix fois plus coupable d’envisager d’infliger le même sort à des petits bébés qui allaient devoir se construire sans un pilier fondamental dans leur vie.

Pour le moment, cette inquiétude prédominait chez Leonard et elle fut teintée d’une autre culpabilité en écoutant Eiluned parler. A travers ses mots, il comprenait qu’elle voyait dans leur situation sa seule chance d’avoir des enfants. Elle ne se projetait pas dans l’idée de fonder une famille avec quelqu’un d’autre. Cet aveu lui fit un véritable coup au coeur, il se sentit assailli de sentiments contradictoires.

« Lili… » souffla t-il dans un bredouillement, incapable de parler davantage.

Elle aussi, se trouvait face à un terrible dilemme. Face à cette situation inextricable où le choix de faire des enfants pouvait créer tout autant d’inquiétude que celui de ne pas en faire pouvait créer des regrets, Leonard était pour le moment incapable de dire quelle était la bonne réponse. Il garda le silence, tout à ses réflexions, Eiluned parut ressentir son besoin de méditer là-dessus. Il hocha la tête à ses paroles, le visage toujours marqué par les larmes, mais la voix un peu plus calme.

« Oui… Tu as raison. On en reparlera plus tard » promit-il.

Doucement, il saisit la main d’Eiluned pour embrasser sa paume, puis se leva pour l’attirer dans une dernière étreinte. Il aimait cette femme plus que tout, se répéta t-il, en la serrant contre lui. Ses sentiments à elle allaient peser dans sa décision, autant que les siens. Son besoin d’y réfléchir calmement le poussa à sortir seul quelques minutes plus tard, pour s’aérer l’esprit et retrouver quelques idées claires.

Le froid de la nuit l’aida à trouver un chemin de pensées cohérent et analytique, tandis qu’il marchait dans les rues illuminées de Leopoldgrad. Il finit par s’arrêter dans un square, où il s’installa sur un banc, pour y rester un temps qui lui parut indéterminable. Mentalement, il dressa sa liste de pour et contre et se rendit compte que s’il avait exprimé à Eiluned tous les contres qui retenaient sa décision, il n’avait pas vraiment exprimé les pour. Ils étaient pourtant nombreux. Ce geste de fonder une famille avec la femme de sa vie était à ses yeux l’ultime symbole de leur amour, la plus belle des façons de le concrétiser. Il ne voyait pas ce qu’il pouvait accomplir de plus beau dans son existence que de donner la vie avec elle. Il savait déjà que le fait d’attendre un bébé avec elle puis de le rencontrer en chair et en os, lui procureraient un immense bonheur. Il savait qu’il aimait les enfants, qu’il allait aimer les leurs encore plus fort, que les moments qu’il vivrait avec eux seraient les sources d’une joie toute nouvelle qu’il ne pouvait vivre autrement.

Leonard commençait également à percevoir un autre symbole dans ce geste, qu’il n’avait pas forcément vu jusqu’à maintenant. S’accorder de vivre ce bonheur était une manière de faire un pied de nez à sa maladie, d’affirmer qu’il n’allait pas vivre les instants qu’il lui restait sous le prisme de la terreur qu’elle lui apportait et donc de la vaincre, quelque part. Evidemment, cela demandait un grand courage de clamer qu’il n’allait pas renoncer à ses projets à cause de sa maladie et de ses conséquences, un courage qui le poussait à se surpasser, lui qui avait toujours eu tendance à analyser toutes les données à la fois et se laisser fortement influencer dans sa prise de décisions par toutes les émotions qu’il pouvait provoquer autour de lui. Cette grande sensibilité le rendait d’ailleurs très réceptif au dernier argument d’Eiluned. La pensée qu’il s’agisse pour elle de sa seule chance d’être mère lui serrait le coeur et lui donnait envie de dire oui sans réfléchir, pour lui offrir ce bonheur qu’elle ne se voyait pas vivre sans lui.

Mais il ne pouvait pas se précipiter dans cette décision qui impliquait un si grand nombre de paramètres, alors il prit le temps de poser toutes ses options et de faire une longue introspection des sentiments que cela créait chez lui. Son regard s’attarda sur un couple qui venait de franchir les portes du parc, il passa un long moment à les regarder surveiller leur petite fille qui jouait sur la balançoire, assis sur leur banc, blottis l’un contre l’autre. Cela semblait si simple pour eux, si évident, si facile. Pourquoi fallait-il que ce soit si compliqué pour Eiluned et lui ? Ne pouvait-il pas simplement suivre son instinct, comme il l’avait toujours fait ? Que lui soufflait cet instinct ? De quoi avait-il vraiment envie, au plus profond de lui ?

Il finit par pousser la porte de son appartement un peu avant l’heure du dîner qui se déroula dans un étrange silence où lui et Eiluned pouvaient presque s’entendre penser. Il lui prit plusieurs fois la main, il la serra dans ses bras quand ils quittèrent la table, pour lui dire tout ce qu’il n’arrivait pas à dire avec des mots pour l’instant. Ce moment était vraiment étrange, songea t-il une fois qu’il fut couché à ses côtés. Il se sentait aux portes d’une décision cruciale, qui pouvait peut-être le séparer d’Eiluned, et pourtant, paradoxalement, il ne s’était jamais senti aussi proche et connecté à elle.

Sous les draps, Leonard s’approcha d’elle et passa un bras autour de sa taille, dans un câlin en cuillère. Il resta quelques instants dans cette position réconfortante, avant de lui faire part dans un murmure d’une question qui lui avait trotté en tête pendant sa promenade, à chaque fois qu’il était revenu sur les paroles qu’elle avait prononcées tout à l’heure :

« Tu ne t’imagines pas faire ta vie avec quelqu’un d’autre plus tard, quand… Quand je serai parti ? »


Leonard Wellington

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Sign of the times [Leonard & Eiluned] Icon_minitimeSam 31 Oct 2020 - 10:57
Elle avait besoin d’air, de sortir de cet appartement trop petit pour contenir tous ses doutes et toutes ses questions. Elle sentait son cœur alourdi par la peine, son ventre serré par l’émotion, ses joues encore mouillées de larmes ; elle avait l’impression d’être déjà épuisée, comme rincée par cette discussion éprouvante et douloureuse mais, paradoxalement, d’être traversée par une énergie tendue et anxieuse. Incapable de supporter le silence dans lequel elle était plongée, Eiluned passa rapidement des vêtements de sport, chaussa ses baskets blanches et quitta son appartement.

Eiluned avait toujours aimé courir. La course avait le don de l’apaiser, de lui permettre de concentrer son anxiété dans une activité relativement saine, qu’elle prenait plaisir à pratiquer. Comme elle avait tendance à somatiser très rapidement ses émotions, le fait de se décharger de leur puissance à travers une activité corporelle lui avait toujours fait le plus grand bien, et cette démarche avait été vivement encouragée par sa psychomage, depuis son adolescence. Elle se concentrait sur sa course, sur son parcours, sur son rythme cardiaque qui s’accélérait et sur son souffle qui devenait plus court, plus rapide, et cela lui permettait de faire plus facilement le tri entre toutes les émotions qu’elle ressentait.

La tristesse. A l’idée de perdre l’homme de sa vie, son meilleur ami et son mari, avec qui elle avait passé l’intégralité de son existence. Elle n’avait jamais imaginé une seule seconde devoir vivre dans un monde dans lequel il n’était plus alors, à cette tristesse, était couplée une profonde inquiétude à la pensée que, peut-être, elle n’y arriverait jamais.

La colère. Contre cette maladie qui condamnait Leonard à une mort trop brusque, trop rapide. Contre cette injustice contre laquelle ils ne pouvaient rien faire. Contre ces forces qui étaient trop puissantes pour qu’ils envisagent de pouvoir se battre.

La peur. Celle de ne pas pouvoir connaître tous ces bonheurs qu’elle espérait vivre avec lui. Celle de voir leurs enfants dévastés par la tristesse de n’avoir jamais connu leur père. Celle de ressentir de profonds regrets à l’idée de ne pas devenir mère, de ne pas goûter à cette joie avec Leonard.

L’amour. Cet amour si puissant, si fort qu’elle ressentait pour son fiancé, qui la saisissait souvent et lui coupait le souffle. Elle était toujours abasourdie ; elle n’aurait jamais cru qu’il était possible d’aimer si fort.

A cela venait s’ajouter des doutes, des craintes, et toujours ce désir de maternité profondément ancré en elle. Elle se savait poussée par l’envie de le réaliser – elle avait l’impression de n’avoir jamais désiré aussi quelque chose aussi ardemment – mais retenue également par tous ces points que Leonard avait si justement soulevés quelques minutes plus tôt. Elle le revoyait encore, sanglotant contre elle, terrifié à l’idée d’amener au monde des enfants qu’il ne verrait pas grandir, et son cœur se serrait encore à cette pensée, comme si elle revivait une nouvelle fois cette scène si douloureuse. Ces quelques mots qu’il avait eus pour lui expliquer cette peur profonde qu’il ressentait l’avaient particulièrement ébranlé dans ses convictions. Eiluned s’était jurée – et avait juré à Leonard – de faire tout ce qui était en son pouvoir pour rendre ces quelques dernières années aussi merveilleuses qu’elle le pouvait, de les placer sous le signe d’un bonheur absolu, celui de leur amour. Elle ne pourrait jamais lui imposer la tristesse supplémentaire de laisser derrière lui ses enfants encore jeunes.

Ce fut sur cette pensée qu’Eiluned termina sa course, essoufflée, les joues rougies par l’effort. Leonard n’était pas encore rentré, alors elle retourna rapidement sous la douche, l’esprit à mille lieues des pensées heureuses, légères, qu’elle avait eu la dernière fois. Elle passa un pyjama et entreprit de préparer le repas avec les quelques ingrédients qu’elle avait sous la main : des pâtes, des champignons, et la fin d’un rôti qu’ils avaient récupéré chez les Wellington dimanche dernier. Elle cuisina sans grand enthousiasme, cependant plus apaisée par cet effort physique qui avait contribué à aérer ses pensées agitées. Le regard qu’elle échangea avec Leonard, lorsqu’il rentra, lui fit comprendre qu’un trouble similaire au sien agitaient son esprit, alors elle l’embrassa, et, sans un mot, ils passèrent à table.

Le silence les accompagna pendant leur repas, sans que l’un ou l’autre ne cherche à le briser. Eiluned n’avait pas le cœur à l’interroger sur des sujets légers pour détendre l’atmosphère, parce qu’elle savait bien que rien ne pourrait véritablement détourner leur attention de la discussion douloureuse qu’ils avaient eue un peu plus tôt. Parfois, il valait mieux ne rien dire et laisser le silence faire son œuvre.

Ce fut finalement lorsqu’ils furent blottis l’un contre l’autre sous les draps de leur lit que Leonard rompit ce calme en l’interrogeant sur un sujet qui lui vrilla assurément le cœur.

« Non. » souffla-t-elle, la gorge serrée par l’émotion, les yeux perdus sur le mur blanc en face d’elle.

Eiluned se retourna doucement pour faire face à Leonard et accrocher son regard.

« S’il-te-plait. » souffla-t-elle dans un murmure. « Ne me dis pas que ce serait la meilleure chose pour moi, que je mérite de retrouver quelqu’un, je… Je t’aime. » Et ses mots n’avaient jamais eu un tel poids. « Tu es l’amour de ma vie, Leonard et je ne pourrais pas tomber amoureuse de quelqu’un d’autre. » Elle posa doucement sa main contre la joue de son fiancé. « Je sais que tu veux que je sois heureuse. Et je pense que je pourrais l’être. » Elle y croyait avec toute l’énergie du désespoir que lui insufflait cette situation. « Mais pas avec un autre homme. » Sa voix n’était qu’un murmure lorsqu’elle déclara finalement : « Je me sens déjà tellement reconnaissante d’avoir pu vivre à tes côtés pendant vingt ans. »



Eiluned Wellington


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Sign of the times [Leonard & Eiluned] Icon_minitimeDim 1 Nov 2020 - 13:35
Partagé entre ces deux émotions, il ne savait pas vraiment ce qu’il attendait de la réponse d’Eiluned. Probablement qu'il n’y avait aucune bonne réponse, car toutes l’auraient rendu triste, pour des raisons différentes. Il ne dit rien, mais Eiluned devina ce qu’il allait effectivement dire, en premier réflexe. Evidemment qu’elle méritait de retrouver quelqu’un d’autre. Elle méritait d’être heureuse et entourée d’amour toute sa vie, Leonard aurait aimé être la personne qui le lui donnerait, mais il savait malheureusement qu’il ne le pourrait bientôt plus et qu’Eiluned avait toute une vie à vivre ensuite.

« Tu es l’amour de ma vie, Leonard et je ne pourrais pas tomber amoureuse de quelqu’un d’autre. »

Leonard avait toujours été un garçon romantique, celui qui croyait au grand amour décrit dans les romans, mais il peinait toujours autant à croire qu’il l’expérimentait tous les jours aux côtés d’Eiluned. Cela l’émerveillait toujours de constater que leurs deux coeurs vibraient du même élan, de la même certitude, celle qu’ils étaient l’âme soeur l’un de l’autre. Tomber malade d’un cancer incurable à son âge était une terrible malédiction, un cruel coup du destin. Puis quand il mettait en face l’incroyable chance qu’il avait de connaître un amour si fort auprès d’Eiluned, d’avoir trouvé la personne qui le complétait si parfaitement, il se disait que peut-être, cela s’équilibrait finalement, et cette pensée éveillait une douce chaleur dans son coeur, qu’Eiluned nomma au même moment. De la reconnaissance pour ce que la vie lui avait donné.

Avec douceur, Leonard leva sa main pour la poser sur sa chevelure dorée qu’il caressa, plongé dans ses pensées et dans le regard bleu de sa fiancée. Il croyait ce qu’elle disait. Il croyait qu’elle le disait avec toute sa sincérité et peut-être même qu’elle avait raison. Quand il imaginait leurs rôles inversés, il ne pouvait pas se projeter non plus aux côtés d’une autre femme. Comment pourrait-il aimer quelqu’un d’autre aussi fort qu’elle ? Toute autre histoire lui semblerait transparente, insuffisante, en comparaison.

« Moi aussi, mon amour, murmura t-il. Même si je suis malade et que je trouve ça injuste, eh bien… Je suis quand même vraiment reconnaissant que tu fasses partie de ma vie. Je veux que tu sois heureuse, confirma t-il. Avec un autre homme ou toute seule, peu importe, je veux juste que tu sois heureuse. »

Il l’affirmait avec un calme étonnant, qui tranchait avec le bouleversement qui l’avait saisi tout à l’heure, quand il s’était accroché à elle, les genoux au sol. Leonard avait toujours été une tempête de sentiments instables, pouvant passer du rire aux larmes aussi vite que ses pensées fusaient dans son cerveau. Après ce grand éclat d’émotions, maintenant, c’était la certitude qui emplissait son coeur. La certitude qu’Eiluned était elle aussi l’amour de sa vie, qu’il voulait la rendre heureuse plus que tout, qu’il savait quels risques il était prêt à prendre pour elle et surtout, avec elle. Il savait que les choix qui se présentaient à eux comportaient tous des grandes incertitudes et des risques. Quoiqu’ils fassent, ils allaient devoir s’y heurter. Leonard avait simplement tranché pour la réponse qui lui permettait d’être lui-même : un homme qui écoutait son instinct plutôt que sa tête, un homme courageux, fou amoureux, avec encore plein d’amour à donner. Il l’affirma doucement, en caressant toujours le visage de sa compagne :

« Et je crois que, sur le temps qu’il nous reste, on peut être heureux tous les deux avec une famille à nous… »


Leonard Wellington

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Sign of the times [Leonard & Eiluned] Icon_minitimeDim 8 Nov 2020 - 15:54


Eiluned s’était exprimée sans détour, sans secret, son regard vrillé dans celui de Leonard. Elle avait mis, dans sa voix, toute la conviction et toute la sérénité dont elle était capable de faire preuve. Elle avait déjà longuement réfléchi à ce que deviendrait sa vie, sans Leonard. Cela l’avait tenu éveillé des heures et des heures pendant des nuits où elle ne parvenait pas à trouver le sommeil. Elle l’avait observé, la gorgée nouée, en gravant les traits de son visage dans sa mémoire et en se demandant comment elle pourrait, un jour, retrouver ce lien avec quelqu’un d’autre. Elle n’avait réussi à trouver qu’un semblant d’apaisement seulement lorsqu’elle avait finalement accepté la vérité : elle ne le pourrait pas. C’était impossible d’aimer un homme comme elle avait aimé Leonard, de lui donner ce qu’elle n’avait donné qu’à son fiancé, de partager sa vie alors qu’elle n’aspirerait qu’à retrouver son âme-sœur. Son cœur avait toujours été celui de Leonard et elle avait l’intime conviction qu’il le resterait, et cela même des années et des années après sa mort.

Alors elle avait fini par accepter l’idée qu’une fois Leonard parti, elle resterait seule. Elle ne voulait pas vivre avec son fantôme, ni même demeurer éternellement avec l’immense tristesse de sa perte, mais elle ne referait pas sa vie avec un autre homme. Elle avait déjà connu le grand amour, elle avait goûté à cette joie, à ce bonheur absolu, d’avoir rencontré son âme-sœur, et elle préférait encore vivre avec tous ces jolis souvenirs au fond de son cœur, plutôt que de s’imposer une relation moins belle, moins épanouissante. Terne. Insipide.

Les mots calmes de Leonard apaisèrent légèrement le cœur d’Eiluned, qui accentua le contact de sa main contre sa joue pendant quelques secondes. Elle le remercia d’un regard tendre, amoureux, soulagée qu’il ne cherche pas la convaincre à tout prix de refaire sa vie, après lui. Peut-être avait-il envisagé la situation de son point de vue, et avait compris qu’il s’agissait de la seule chose qu’il ne pouvait pas lui demander car elle serait bien incapable de réaliser ce vœu.

Admettre ce fait, c’était déjà faire un pas vers l’acceptation de ce contexte injuste avec lequel ils étaient obligés de composer. C’était essayer de lâcher prise sur une chose contre laquelle ils ne pouvaient pas lutter, et se tourner vers ces milliers instants de bonheur qui leur étaient offerts pendant les prochaines années. C’était le choix qu’elle avait décidé de faire, presque instinctivement, lorsqu’elle avait supplié Leonard, dans sa chambre d’hôpital, de la laisser revenir dans sa vie, et c’était celui qu’elle avait continué de faire, jour après jour, depuis. En acceptant de l’épouser, en préparant leur mariage avec application, en cherchant un nouvel endroit pour qu’ils vivent tous les deux, et, plus récemment, en formulant le vœu de fonder une famille avec lui. Eiluned avait cette brûlante envie de vivre leur vie comme si elle n’était pas terriblement troublée par cette maladie parce qu’il s’agissait, au fond, de la plus belle victoire qu’ils pouvaient avoir dessus.

Comme en écho à ses pensées, les paroles de Leonard la touchèrent en plein cœur et elle eut l’impression que ce dernier faisait une violente embardée dans sa poitrine.

« C’est vrai ? » souffla-t-elle dans un murmure. Elle l’observa longuement, chassa une mèche folle de son front. « Tu en as envie ? »

Elle n’osait pas encore croire complètement à cette décision qu’ils s’apprêtaient à prendre, tous les deux, et qui faisait déjà briller une lueur de joie au fond de ses yeux.

« Ça ne sera pas trop difficile pour toi ? » demanda-t-elle alors avec une expression inquiète, en se rappelant très nettement de la détresse qu’elle avait vu sur son visage un peu plus tôt dans la journée.




Eiluned Wellington


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Sign of the times [Leonard & Eiluned] Icon_minitimeVen 25 Déc 2020 - 10:45
Plus que jamais, les deux amoureux se projetaient dans les incertitudes nébuleuses de leur avenir. Ils allaient au-delà des mois à venir, de la manière dont ils voulaient occuper le temps qu’il restait avant que Leonard ne quitte ce monde. Ils esquissaient l’après, celui qui serait toujours imprégné de la présence de Leonard d’une certaine manière : dans le coeur d’Eiluned, dans lequel il n’y aurait jamais assez de place pour un autre homme. Puis dans les traits de leurs hypothétiques enfants, qui se dessinèrent dans les timides paroles de Leonard. Son regard interrogeait sa fiancée car il ignorait à quelle conclusion elle était arrivée de son côté, après cette longue méditation solitaire qu’ils s’étaient accordés. Il l’avait vue vaciller tout à l’heure, être prise de grands doutes à son tour.

Mais ce qu’il perçut au fond du regard d’Eiluned le rassura : il y brillait toujours cette étincelle d’espoir, cet élan fervent qui la poussait à désirer la même chose que lui. Comme si c’était trop beau pour être vrai, elle lui demanda s’il en avait vraiment envie, s’il pourrait le supporter. Leonard était conscient qu’il avait laissé penser tout à l’heure que ce projet serait un poids trop lourd à porter pour lui, car il s’était laissé s’effondrer sous l’impact de ses angoisses. Mais le temps de prise de recul et d'introspection qu’il avait pris lui avait permis de se rendre compte que ce projet éveillait d’autres sentiments en lui, beaucoup plus positifs, et surtout, qu’il avait cette volonté profonde d’écrire autrement l’histoire des quelques années qu’il avait encore à vivre. Il tenta de l’exprimer à Eiluned, en glissant une main le long de son poignet, jusqu’à recouvrir la sienne.

« Ça sera sûrement difficile » admit-il, car il se connaissait et que les peurs qu’il lui avait exprimées tout à l’heure étaient réelles et n’avaient pas disparu. « Mais c’est très difficile aussi pour moi de me dire que je dois m’empêcher de vivre cette expérience à cause de… d’une stupide maladie, alors que c’est tout ce que j’ai toujours voulu vivre avec toi. »

Il était frustré, en colère contre cette situation et cela le poussait à se révolter, comme il le pouvait. Il voulait dire non aux excès que ce terrible ennemi intérieur le poussait à faire. Renoncer à un projet qu’il renonçait aussi ardemment était le même genre d’excès que celui de renoncer à sa vie de couple avec Eiluned et il avait déjà pris une mauvaise décision à cet égard, en rompant avec elle. Il avait déjà perdu deux mois de la brève vie qu’il lui restait à vivre à cause de ses terribles craintes paralysantes. Il le regrettait profondément. Il ne voulait pas regretter non plus de n’avoir jamais tenté de réaliser son voeu le plus cher, avec la femme qu’il aimait le plus au monde. Il le savait, cette phrase « fonder une famille » transcendait toutes les autres promesses qu’ils avaient déjà écrites dans cette liste. S’il y avait un seul voeu là-dessus qui méritait qu’il prenne tous les risques du monde pour le voir se réaliser, c’était bien celui-ci. S’il fallait pour cela prendre les armes et se battre contre les pernicieuses attaques psychologiques de sa maladie, il allait le faire et il se voyait gagner uniquement parce qu’il n’était pas seul : il avait à ses côtés la meilleure des alliées. Il le dit à sa manière, avec un léger sourire d’excuse :

« Tu me connais, j’ai d’abord laissé parler mes angoisses… Puis tu m’as dit qu’il n’y a qu’avec moi que tu veux avoir des enfants, murmura t-il, en ancrant son regard dans le sien. Je ne suis pas en train de dire que je prends cette décision pour te faire plaisir mais plutôt que… Moi aussi, il n’y qu’avec toi que je me vois faire ce projet. Parce que c’est toi qui me donne le courage de faire ce que je veux vraiment faire au fond de moi. »

Avec elle, il pourrait surmonter ses inquiétudes au sujet des enfants qu’ils allaient mettre au monde. Elle saurait le rassurer, l’accompagner, apaiser sa peine quand viendrait le moment de partir, être la mère présente qui pourrait entourer d’amour leurs bébés et leur raconter qui était leur père. Avec elle, il pouvait avoir confiance, se laisser aller, croire au bonheur qu’ils pouvaient s’apporter mutuellement. Il avait promis de ne plus en douter, en acceptant de se remettre en couple avec elle, dans cette chambre d’hôpital. Il pouvait encore moins en douter alors qu’ils parlaient de faire le plus beau projet de leur vie. Son regard brillait, d’un fol espoir cette fois, en confirmant avec un sourire plus franc :

« Je veux avoir des enfants avec toi, Lili. »


Leonard Wellington

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Sign of the times [Leonard & Eiluned] Icon_minitimeDim 28 Mar 2021 - 13:20
Un sourire éclaira le visage d’Eiluned aux paroles de Leonard et elle hocha la tête avec douceur, en serrant brièvement la main du jeune homme qui avait enveloppé la sienne. Elle sentait son fiancé animé de la même envie brûlante de se battre contre cette maladie qu’elle ressentait elle-même au creux de son cœur, et la poussait en avant, jour après jour. C’était parce qu’ils avaient refusé de laisser cette injustice leur voler leurs derniers instants qu’Eiluned et Leonard pouvaient consacrer leurs journées à ces moments heureux, légers, plutôt qu’à les passer blottis l’un contre l’autre à pleurer cette future tragique disparition. Mais ils avaient besoin, l’un comme l’autre, de se concentrer sur ce qu’il y avait de meilleur entre eux : leur amour et leur complicité et pas sur cette déchirure que provoquerait la mort de Leonard.

Le regard de la jeune femme s’était brusquement illuminé, au fur et à mesure que les aspects négatifs de cette décision s’effaçaient au profit de cette joie intense qui se répandait dans son corps. Ils allaient fonder une famille. Avoir des enfants. C’était sûrement le plus beau symbole qu’elle pouvait imaginer, la plus belle manière de concrétiser leur amour. Ils allaient donner la vie. Cette expression la heurta profondément, alors qu’elle songeait à cette victoire sur l’univers qui, lui, leur prenait la vie de Leonard.

Et, alors qu’elle était à ces réalisations troublées par une forte émotion, son fiancé eut à son égard l’une des plus jolies déclarations de leur amour et de leur lien. Eiluned l’observa un long moment, silencieuse, le cœur battant si fort dans sa poitrine qu’elle craignait qu’il ne résonne dans toute la ville. « Parce que c’est toi qui me donnes le courage de faire ce que je veux vraiment faire au fond de moi. » Un sourire empreint d’un amour si fort vint étirer ses lèvres, alors qu’elle mesurait l’ampleur de ces quelques mots. Eiluned n’avait jamais été une femme très courageuse ; les Gryffondor ne l’auraient jamais accueilli dans leurs rangs. Elle était rapidement prise de peur dans des situations qu’elle ne connaissait pas et préférait alors les éviter pour ne pas avoir à les affronter. Leonard, en revanche, avait toujours été un battant, capable de faire preuve d’une force incroyable qu’il lui avait insufflé, au fur et à mesure des années qu’ils avaient passées ensemble. Alors, savoir que Leonard tirait son courage d’elle, cela l’ébranlait fortement, autant que cela lui faisait prendre conscience de l’influence qu’elle pouvait avoir sur lui… Et qu’il avait aussi sur elle.

« Si je peux te rendre ne serait-ce que le dixième de tout ce que tu m’as donné… » souffla-t-elle tendrement. « Je serais toujours là pour toi. »

Et c’était malheureusement une promesse à sens unique, parce que Leonard finirait par la quitter. Mais Eiluned savait que, malgré ce départ précipité, elle garderait au fond de son cœur toutes ces belles choses que leur relation lui avait apportées. Tous leurs souvenirs, évidemment, mais aussi tout ce qui faisait qu’elle était devenue cette femme plus assurée, plus forte, et qu’elle ne devait qu’à la présence de Leonard dans sa vie.

Leur amour ne lui avait jamais semblé aussi fort qu’à ce moment-là, alors que, blottis l’un contre l’autre, ils réfléchissaient à cette possibilité folle et pourtant si douce de fonder une famille. Vœu que formula alors clairement Leonard, avec un large sourire auquel elle répondit immédiatement. Au comble d’un bonheur qu’elle ne pouvait désormais plus retenir, Eiluned glissa sa main dans la nuque de son fiancé pour capturer ses lèvres en un long baiser. Il y avait, dans cette étreinte, toute la joie qu’elle ressentait à l’idée de devenir mère aux côtés de Leonard et cette assurance qu’elle sentait régner dans son cœur que leur famille serait heureuse, malgré tout. Envers et contre tout. La jeune femme se rapprocha encore de lui, collant son corps brûlant d’amour contre celui de son fiancé, leurs lèvres toujours scellées, jusqu’à se retrouver à califourchon sur lui, ses deux mains encadrant son visage. Lorsqu’elle se détacha finalement de lui, son souffle était plus court et son regard brillant.

« Tu es un homme incroyable. » souffla-t-elle alors en déposant un nouveau baiser sur sa bouche, plus chaste cette fois-ci.

Elle croisa le regard vert de Leonard et eut un rire incrédule en réalisant une chose folle qu’elle n’avait plus besoin de conjuguer au conditionnel.

« On va être parents. »  



Eiluned Wellington


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Sign of the times [Leonard & Eiluned] Icon_minitimeDim 28 Mar 2021 - 16:18
Peu à peu, Leonard voyait le visage de sa fiancée reprendre des couleurs et cela en donnait au sien en retour. Ils n’avaient pas beaucoup de temps devant eux, mais Leonard était certain d’une chose : il voulait le consacrer à rendre Eiluned heureuse, le plus possible. Il voulait la voir sourire tous les jours, lui offrir ses plus belles années, comme un dernier présent de sa part, avant de s’en aller. La situation était terriblement injuste mais ils ne pouvaient pas la faire disparaître. En revanche, ils pouvaient décider de ne pas complètement définir leur futur au prisme de cette maladie cruelle. Evidemment, son ombre serait toujours présente, dans un coin de leur tête, et il y aurait d’autres moments comme celui-ci où ils se feraient rattraper par elle. Leonard espérait de tout coeur qu’ils trouveraient la force de s’en dégager en se rappelant ce qu’ils s’étaient promis, chaque jour s’il le fallait : faire de leur avenir une suite de moments heureux, envers et contre tout.

Une famille était la plus belle chose qu’il pouvait offrir à Eiluned, il avait décidé de se focaliser sur cette pensée et de leur faire confiance à tous les deux pour en gérer les aspects les plus incertains et angoissants. En voyant la réaction de sa compagne, Leonard ressentit le soulagement et la sérénité s’emparer de lui, sous la forme d’une douce chaleur qui lui indiqua qu’il venait de prendre la bonne décision. Son instinct le lui murmurait au plus profond de lui, il n’allait pas le regretter plus tard. Ce moment sonnait juste. La promesse d’Eiluned gonfla son coeur d’amour, il posa un regard empli d’une grande tendresse sur elle, en répondant :

« J’ai confiance en toi, Lili chérie. Je me repose sur toi. »

Désormais, il acceptait pleinement cette épaule qu’elle lui avait offerte en le retrouvant, ce fameux soir à l’hôpital. Dans l’enceinte de ses bras, il parvenait à faire taire ses angoisses et retrouver le chemin de pensées plus positives. Il avait désespérément besoin de ce pouvoir qu’elle avait sur lui, plus que jamais aujourd’hui. Elle lui donnait vraiment envie de croire en lui et en des jours meilleurs, ce projet qu’ils dessinaient à deux en était la plus belle manifestation.

Il accueillit avec bonheur tout l’amour qu’Eiluned transmit dans ses baisers appuyés, son étreinte brûlante. Lui-même répondit avec ferveur à ses attentions et la serra un peu plus contre lui, ses deux bras enserrant son dos, désireux de lui montrer à quel point elle comptait pour lui. Il n’eut aucune hésitation dans sa réponse et le sourire qui l’accompagna :

« C’est toi qui es merveilleuse. »

A son tour, il se laissait gagner par cette joie immense, cet espoir infini, qui agrandissait son sourire en même temps que celui d’Eiluned, alors qu’ils réalisaient tous les deux ce qu’ils allaient faire ensemble. Devenir parents. Il allait être papa. C’était déjà une chose fantastique, mais savoir qu’il allait l’être avec elle rendait cette perspective encore plus incroyable. Un léger rire le secoua lui aussi, car il prenait la mesure de ce que tout cela signifiait. Ils allaient vivre plein de jolis moments dans l’attente de leur futur bébé : les premières échographies, le choix du prénom, la préparation de la chambre d’enfant, les premiers mouvements dans le ventre, et toutes les discussions qu’ils auraient pour anticiper son arrivée et rêver ensemble de son avenir. Puis enfin, ils allaient rencontrer ce petit être et le coeur de Leonard se serrait déjà d’émotion en pensant à cette scène. Peut-être qu’ils n’allaient pas réussir à faire un enfant tout de suite, peut-être qu’ils allaient devoir essayer plusieurs fois et que ce projet allait leur prendre du temps avant de se concrétiser, comme c’était le cas de beaucoup de couples. Mais il tut ces questionnements pour ne se concentrer que sur la finalité : ils allaient fonder une famille ensemble.

Pris d’un immense élan d’amour face à cette réalisation, Leonard se redressa pour pouvoir coller son buste à celui d’Eiluned et déposer sur ses lèvres de multiples baisers joyeux qui trahissaient son ravissement. Ses mains sur son visage finirent par glisser sur son dos et ses sourires devinrent rapidement des soupirs tandis qu’il se laissait gagner d’un brusque et brûlant désir pour elle, cette femme qu’il aimait tant et qu’il pouvait désormais appeler la future mère de ses enfants. Saisi d’un fort instinct qui le poussait à déjà concrétiser leur projet, il chercha toujours plus de proximité avec elle, jusqu’à les débarrasser vivement de leurs vêtements et les faire basculer tous les deux vers un moment enfiévré qui scellait toutes leurs promesses.

FIN DU RP


Leonard Wellington

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