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Je t'aurais à la vérité [Leonard]

Constantine Égalité
Constantine ÉgalitéDirecteur du Département des Mystères
Messages : 382
Profil Académie Waverly
Je t'aurais à la vérité [Leonard] Icon_minitimeLun 28 Sep 2020 - 21:41
2 mars 2011

Plus rien ne va comme avant, ça ressemble à un fil suivit depuis des années qui se brise soudainement, sans raison apparente, sans cohérence, sans logique. Moi je suis là avec dans la main le nœud esseulé de la fin de ce voyage et je ne comprends pas pourquoi il a été rompu ainsi.

Leonard s’éloigne.

Il est à la dérive dans le tourment de ses pensées. Pas grand-chose qui filtre en dehors des fantômes de silence qui se partagent les traits tirés de son visage et ses faux-semblants de sourires. Il doit savoir, forcément, que son mensonge ne ressemble à rien et s’étend avec une espèce d’impertinence pénible sous mes yeux : un plateau bien présenté qui ressemble à la vérité mais, ça va. Je sens le fumet avant de goûter la saveur. Les deux n’ont rien en commun.

Je le connais trop bien, il ne peut pas faire semblant. Sa rupture, son refus d’un poste qu’il convoitait depuis des années – ça m’a déçu, profondément, je n’ai rien dit. - À présent sa nomination et lui qui fait semblant d’être heureux en regardant Avalon dans les yeux, ça me rend fou, mais voilà. Je l’aime, tendrement, mon affection ne s’accommode ni de la dissimulation grave qu’il pratique, ni d’une rupture que mériterait peut-être son silence, quand bien même je le respecte.

Plus le temps passe plus j’ai peur. Le regard de Leonard s’éteint comme une chandelle agitée par un blizzard. Les traits d’humour n’ont plus la même saveur de sucre, l’excitation d’une découverte la curiosité anesthésiée d’un grand malade. Il est là il partage du bout des lèvres avec l’exactitude de l’habitude qu’il a de son caractère mais il est déjà sous un linceul, ça me fend le cœur. J’ai l’impression qu’il me repousse et je ne comprends pas. Je ne suis pas le genre de personne dont l’égo s’offusque d’un retrait, je ne le prends jamais personnellement, quand bien même. Mais Leonard, ça ne fait pas sens, ni pour moi, ni pour Eiluned, ni pour ses rêves qu’il éparpille en se lavant le cerveau à coup d’Octavia. Je sais que quelque chose a changé et que ça n’a rien n’à voir avec elle : nous sommes trop liés dans cette recherche pour qu’il n’ait pas senti le devoir de me tenir au courant. Ça ne fait pas sens. Je n’ai pas un goût nécessaire pour la cohérence mais ici précisément ça fait mal.

Leonard s’éloigne.

Sans explication sans mots clairs sans partir totalement. Il reste là à portée de main mais mes mots qui jadis le nourrissaient si bien sont emportés quelque part, ailleurs. Il se fait de plus en plus intouchable. Il n’y a plus rien qui brille dans ses yeux. J’ai peur pour lui. J’ai peur de cette fermeture, de cette porte lourde, de ce mur entre nous qui me rappelle des choses mauvaises. Je suis désemparé, mais incapable de ne pas me sentir concerné, parce que je l’aime, tendrement, mon affection ne s’accommode ni de son absence ni de l’idée que je ne puisse plus jamais partager quoi que ce soit avec lui.

J’ai peu d’amis, ils sont essentiels.

J’ai peu d’amis, j’ai besoins qu’ils s’accomplissent, j’ai besoins qu’ils soient eux-mêmes.

Moi je connais trop la dissimulation et le mensonge et je connais trop Leonard.

Alors quand je me trouve face à lui, quand je lui ouvre la porte de cet appartement que j’occupe sans y accueillir presque personne, j’hésite encore toujours sur les émotions que je dois ressentir pour lui et quel genre de soutient je suis censé lui montrer. En premier lieu je lui souris, timidement, à cause du non-dit et de la saveur amère que laisse sur ma langue le goût de son masque. Il ouvre les bras : comme d’habitude. Je lui rends son étreinte : comme d’habitude. Il est là physiquement je le sens respirer, je sens presque son cœur battre, j’entends sa voix qui répond lorsque je le salut et pourtant il est instantanément à des kilomètres. Mon cœur se sert.

- Entre, dis-je en lui libérant le passage. Je referme la porte derrière lui. Dans le salon de moins en moins ordonné les rideaux sont ouverts et laissent passer la nuit et la lumière enflammée des réverbères. Les ombres s’agitent sur les volumes empilés près des meubles. D’un geste je rajoute quelques lumières pour effacer la pénombre et d’un coup de baguette je fais réchauffer le lait qui l’attend sagement depuis quelques quarts d’heure. J’ai présumé, dis-je avec le plus grand naturel qu’il m’est possible d’avoir, que pour fêter ta nomination au poste de lieutenant de la milice, tu apprécierai une récompense, et comme il me semble que tu as une affinité particulière pour le lait à la cannelle… » D’un second geste le lait vient docilement se verser dans un mug immaculé - l’un des rares – que je saupoudre de cannelle. Les flocons bruns nappent le blanc crémeux du lait. Le noient sous une couche mensongère. La tasse vole jusqu’à Leonard. « Alors c’est pour de bon ? » Des heures j’ai répété cette approche. Des heures j’ai cherché comment percer le mystère de ses choix brutaux et de cet écart qu’il pratique avec assiduité. « Tu retires toutes chances aux mystères ? La milice a eu ton cœur. » Je me laisse tomber dans un fauteuil et le laisse prendre ses aises comme il en a l’habitude. A l’intérieur de ma poitrine j’ai le souffle coupé par l’appréhension qui me travaille le cœur.


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I've been throwing stones, waiting by the river, I've been on my own, praying like a sinner, and you've been gone too long, I'm waiting out the winter, I've been on my knees, praying like a sinner© by Sun, avatar by hedgekey

Spoiler:
Leonard Wellington
Leonard WellingtonLieutenant de la milice
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Profil Académie Waverly
Je t'aurais à la vérité [Leonard] Icon_minitimeVen 25 Déc 2020 - 17:56
Au fond, Leonard n’avait pas vraiment conscience d’à quel point il se fermait aux autres depuis quelques temps. Il ne mesurait pas l’ampleur de cette introversion qu’il avait adoptée et qui lui servait de protection, lui qui habituellement, se nourrissait de l’exacte contraire, d’une ouverture franche aux autres, de contacts réguliers, d’étreintes, de sourires et d’émotions partagées. Lui qui avait, en temps normal, du mal à se fermer aux autres, lui qui était l’éponge de leurs humeurs, de leurs secrets, de leurs non-dits, se tenait désormais telle une porte fermée à double tour face à eux, car c’était lui qui cachait un grand secret, un mal qui le rongeait de l’intérieur.

Il n’aurait jamais pu tenir un tel silence face à sa propre famille, qui avait su dès les premiers jours de quoi était désormais fait son avenir. Il n’aurait jamais pu le cacher à Eiluned non plus, qu’il avait quittée précipitamment, sans lui accorder une discussion en face à face qui n’aurait pas manqué de le retenir et le faire craquer.

Et puis, il y avait ces personnes comme Constantine, dont Leonard était trop proche pour espérer réussir à agir sans éveiller de soupçon mais dont il restait encore assez loin pour pouvoir se contenter de s’éloigner sans avoir besoin de couper nettement les ponts. Cette attitude plutôt lâche derrière laquelle il se retranchait, Leonard la savait temporaire. Il avait besoin de temps, pour décider de comment se positionner, pour trouver le courage de parler. Mais paradoxalement, plus le temps s’écoulait et plus le courage semblait lui échapper.

Alors il avait donné quelques prétextes -la peine de sa rupture amoureuse, la fatigue, le travail- en étant égoïstement soulagé que Constantine ne soit pas le genre d’homme à insister dans ce genre de cas de figure, puisqu’il recherchait et chérissait lui-même la solitude. Il semblait respecter son silence, son besoin d’isolement et ne lui faisait subir aucune pression à cet égard. Pour autant, Leonard se doutait bien qu’il devait paraître louche.

Contrairement au directeur du département des Mystères, Leonard n’admettait pas la solitude comme une nécessité, elle était même plutôt contraire à sa nature et avait plutôt tendance à lui ajouter un poids sur les épaules. Ce fut autant pour s’en alléger un peu que pour ne pas éveiller davantage de soupçons qu’il finit par accepter l’invitation de son ami chez lui, pour fêter sa nouvelle nomination. Leonard avait du mal à s’en sentir pleinement fier, alors que dans d’autres circonstances, cette progression professionnelle lui aurait sûrement procuré une certaine satisfaction. Mais c’était la peur qui prédominait, la peur de mal faire, la peur de ne pas avoir les capacités d’accomplir ce qu’on attendait de lui, parce que son corps finirait inévitablement par le lâcher, bien trop tôt. Et pour quelqu’un comme Leonard qui avait toujours été assez conscient du caractère exceptionnel de ses capacités, du fait qu’il pouvait faire énormément de choses dans sa vie et les faire bien, cette peur était véritablement paralysante.

Elle emprisonnait encore son coeur quand il étreignit Constantine pour le saluer, mais il n’en révéla rien. Il répondit au sourire que son ami lui offrait, en glissant un « Salut » et en s’efforçant d’avoir l’air le plus ouvert possible, malgré ce malaise silencieux qu’il sent entre eux. Il espérait pouvoir profiter de cette soirée et faire bonne figure assez longtemps pour que Constantine ne cherche pas à l’interroger.

Il pénétra dans cet appartement qu’il avait déjà vu plusieurs fois, à différentes occasions. Ici, il avait partagé des repas, entretenu de longues discussions profondes avec son ami sur des sujets aussi banals que pointus, il avait épluché des rapports, lancé des hypothèses sur l’enquête à propos de sa soeur au sujet de laquelle Constantine lui assurait son aide, il avait lu de nombreux livres de cette bibliothèque fascinante qu’il possédait, partagé les théories les plus absurdes et les plus brillantes à la fois. Les rencontres avec Constantine étaient toujours très stimulantes à de nombreux niveaux et s’ils ne se voyaient pas forcément souvent, dans leurs vies très remplies, chacune de leurs entrevues étaient toujours particulièrement enrichissantes pour Leonard.

Il entra dans un désordre qui lui était plutôt familier et ne le dérangeait pas vraiment : sur ce point, Constantine et lui se ressemblaient assez, même s’il tâchait de faire des efforts pour Eiluned qui appréciait l’ordre. Cette brève pensée pour son ex lui serra le coeur et il s’efforça de chasser de son esprit toutes ces images qu’il gardait d’elle. Il accueillit la tasse chaude que Constantine lui envoyait, avec un sourire :

« Ah, du lait à la cannelle, c’est parfait ! Merci. »

Ce beuvrage faisait partie de ses boissons préférées, il avait toujours trouvé la sensation du lait chaud particulièrement réconfortante. Du réconfort, il en avait besoin, songea t-il en plongeant son regard dans les paillettes de cannelle à la surface de la mousse.

La question de Constantine le fit relever la tête, sans manquer d’inquiéter intérieurement Leonard, pour plusieurs raisons. Il ne pouvait s’empêcher de se demander si Constantine se sentait lésé et cette idée le mettait un peu mal à l’aise : il n’avait pas envie de lui faire de la peine. Mais si Leonard avait toujours manifesté un intérêt particulier pour son travail au département des Mystères, au point de lui exprimer son envie de l’y rejoindre un jour, désormais il était rempli d’incertitudes. Aurait-il le temps de réaliser ce voeu ? Avant, il pouvait s’imaginer faire des dizaines de métiers différents, c’était ainsi qu’il voyait son avenir, car beaucoup de domaines l’intéressaient et il n’avait pas envie de s’enfermer dans un seul d’entre eux toute sa vie. La perspective de faire de la recherche titillait son insatiable curiosité intellectuelle. Il s’était toujours bien reconnu dans ce qu’accomplissait Constantine et c’était ce qui les avait rapprochés dans un premier temps, le jour où celui qui était désormais directeur avait repéré son profil et tenté de l’attirer dans ses rangs.

Il ne lui était plus vraiment permis d’avoir ce genre de rêves, Leonard le savait. Tout ce dans quoi il était capable de se projeter, c’était de terminer ce qu’il avait commencé à accomplir : retrouver les traces de sa soeur, en s’appuyant sur les ressources illimitées de la Milice. Après cela, il n’avait aucune idée d’où il serait.

Mort, probablement, souffla une pernicieuse voix dans sa tête.

Parce qu’il ne pouvait pas lui faire part de ces pensées morbides, Leonard choisit de réagir comme il aurait pu réagir sans savoir tout ça.

« C’est parce que j’ai accepté cette promotion que tu penses ça ? fit-il avec un sourire presque désolé. Tu te trompes, ça ne m’attache pas pour toujours à la Milice. Mais c’est une opportunité que j’aurais été stupide de refuser. J’ai envie de découvrir tout ce que la Milice peut m’offrir tant que j’y suis et puis… A un tel poste, j’espère pouvoir accélérer les choses pour ma soeur, aussi. »


Leonard Wellington

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KoalaVolant
Constantine Égalité
Constantine ÉgalitéDirecteur du Département des Mystères
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Je t'aurais à la vérité [Leonard] Icon_minitimeSam 13 Fév 2021 - 21:25
J’ai compris à la façon qu’il a de considérer l’intérieur de mon appartement chaotique qu’il ne dira rien de plus que ce que je veux entendre, mais son regard raconte bien des histoires. Je n’ai pas de tact, mais une certaine forme d’empathie, une certaine acuité qui m’oblige à voir ses yeux à la dérive sur l’espace et les objets éparses. Comme s’il en retraçait les souvenirs où se remémorait les récits qu’ils portent en eux. C’est une exploration intense, minutieuse, un drapé lourd qui balaye les recoins de notre passé partagé. Je me tiens près de lui sans rien dire, il ne voit pas que je le regarde. Ça ne dure qu’un instant mais ça me laisse une certitude. Et mon instinct me trompe rarement.

D’un coup de baguette machinal j’emporte une pile de livres étendu sur les coussins d’un large canapé gris et les pose aux côtés d’une pyramide de papiers en équilibre précaire. Ma main se remplit d’un verre de bordeaux et je m’assois sans lui proposer d’en faire de-même, parce qu’il connaît la maison par cœur et aurait dû le faire de lui-même s’il ne s’était pas absorbé dans une indécise exploration introspective.

- C’est parce que j’ai accepté cette promotion que tu penses ça ? » Demande Léonard en levant la tête de dessus son verre pour me regarder. Je hausse vaguement les épaules en cherchant ses yeux qu’il a fuyant.

J’ignore comment le dire, mais quand il m’affirme que je me trompe, cela renforce ma certitude d’avoir raison. Il y a quelque chose qui ne colle pas dans son discours. Une sorte d’urgence, qu’il assume, mais qui n’avait jamais existé jusqu’à présent. Bien sûr, nous avons toujours désiré retrouver Octavia rapidement. Parce qu’on ne sait pas ce qu’il est advenu d’elle et que plus le temps passe, plus les espoirs diminuent. Ce qui m’aiguille, c’est cette affirmation qu’il a comme s’il s’agissait de lui. De s’enrichir, de découvrir. Pour lui. Alors qu’il ne pensait qu’à sa sœur son discours prend une forme ambigüe de contradiction. Comme s’il tenait à se créer des expériences qui n’ont plus rien n’à voir avec Octavia qui ne fait plus désormais partie que d’un second plan dans les diverses couches de sa vie.

Moi, je ne sais pas mentir dans ce genre de situations. Non. Je ne sais pas laisser les autres mentir. J’ai passé des mois à me taire et à laisser couler ses va et viens, ses évitements en sourdine, ses incertaines présences. Ça me met mal à l’aise et face à ce malaise je n’ai aucune autre défense que d’attaquer de front. Je me connais. Je sais à l’instant où je le dévisage sans parvenir à croire totalement à son discours, que les mots vont franchir mes lèvres et que je n’aurais aucun moyens de les retenir.

- Est-ce que tu me mens, Léonard ? » Voilà. Je n’ai aucune preuve factuelle. Simplement un pressentiment puissant qui me persuade que Léonard biaise, que tout ça n’est pas dans ma tête. Que son sourire contrit n'est pas seulement une forme d’excuse parce qu’il me claque au nez une opportunité que je lui ai donné plusieurs fois. « Je n'arrive pas à croire complètement à ce discours. Je dois dire qu'en fait, je ne sais pas pourquoi exactement... On se connait bien, toi et moi, je crois... » Je pose mon verre sur une desserte en tendant le bras et je dois pousser négligemment un certain nombre de papiers mêlés d’objets mystérieux pour y parvenir. « Ta séparation avec Eiluned… Toi qui veux accélérer les recherches au détriment d’autres expériences qui te correspondent plus – et je ne dis pas ça par vanité, je le pense vraiment. – Ces derniers temps ton comportement est un peu bizarre. » Fais-je, sans tact. Ce n’est pas vraiment ce que j’avais prévu de lui dire. Je pensais célébrer cette situation sincèrement et il m’a fallu cinq minutes pour tout gâcher, mais je me rends compte que son double jeu me blesse plus que je ne veux bien l’admettre. « Si c’est vraiment ce que tu voulais, je suis content pour toi, Léonard. Et si tu ne veux pas me parler je peux comprendre. Mais tes faux fuyants c’est… » Je secoue la tête en signe de négation tout en lui adressant un sourire un peu doux. Je suis inexplicablement sérieux. Sans doute parce qu’il est rare désormais que je me permette d’être atteint par l’acte de quelqu’un d’autre sans instantanément lâcher prise.

Évidemment, l’être humain ne peut pas vivre absolument seul. Et Léonard est trop proche de moi pour que j’accepte de le laisser partir sans explications. Sans un mot. Comme il a quitté Eiluned.


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