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Plif, plouf, être méchant, c'est pas ouf [dreamteam de la mafia]

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Plif, plouf, être méchant, c'est pas ouf [dreamteam de la mafia] Icon_minitimeDim 6 Sep - 12:15

4 avril 2011, bureau de Jayce et Roy


Plif, plouf, être méchant, c'est pas ouf [dreamteam de la mafia] Roy1010

Jayce Bowers
Attend son sauveur, son frère, son ami, à l'aide

Jayce avait à l'ennui un rapport compliqué qui datait de la petite enfance. Il avait déjà observé Fergus lorsque, dans ses moments d'absorption, il se mettait à fixer un mur en s'enfermant dans le plus profond des silences. Cette attitude générait généralement en lui un mélange de malaise inexplicable et de fascination, parce qu'il ne comprenait pas que l'on puisse rester ainsi immobile à ne rien faire, pendant parfois des quart d'heures entiers - il avait chronométré.- Jayce vivait dans l'instant. Dans un présent occupé. Car sous son calme apparent s'agitait souvent une volubilité qu'il occupait à force d'énigmes ou d'activités, et qui ne supportait pas l'immobilité, le calme, le silence. Jayce n'était pas nécessairement du type bruyant - la présence de Toni dans sa vie annihilait de toutes façons l'espoir d'être considéré comme tel - mais il avait besoins d'un monde vivant autours de lui, d'une animation constante, d'évènements et de surprise pour ne pas se sentir dépérir.

Or aujourd'hui était un jour où les Folies sorcières bénéficiaient exceptionnellement d'un de ces calmes sépulcraux où rien ne bougeait, et où les rares clients prenaient l'apparence de fantômes égarés entre les tables inoccupées, hantant de leurs murmures l'immobilité angoissante des machines à sous et des couloirs. Jayce avait supporté avec une patience mesurée le constat de cette mort lente en repoussant le sentiment de déprime qu'elle générait en lui, puis constatant que l'absence totale d'activité des Folies ne requérait pas sa présence, avait regretté l'absence de sa femme et de ses filles, parties en weekend toutes les trois - Jayce avait droit également à deux jours par mois où il passait du temps seul avec ses enfants, - et avait cherché une occupation pour la journée. Son imagination pourtant aiguisée s'était heurté à l'affaissement de sa conscience absorbée par la mollesse ambiante, et il s'était laissé couler dans un fauteuil en cherchant en esprit quelque chose d'amusant à faire : parier sur les courses d'Abraxan ? Il ne dépensait plus d'argent dans ce genre de projet depuis qu'il avait ses filles, et même si l'activité lui manquait - la vivre par procuration en exploitant les fonds de Roy n'avait rien de similaire - c'était une promesse qu'il ne brisait pas. Rendre visite aux filles de l'aile ouest pour trouver quelqu'un avec qui parler ? Il jeta un coup d'œil à l'horloge magique qui lui indiquait qu'il était un peu tôt pour la majorité des clients désireux de se dissimuler dans le velours pour agrémenter leurs parties de jambes en l'air, et qu'il ne trouverait par conséquent pas grand monde, ou à la limite du monde au travail. Et même si l'idée ne le mettait pas fondamentalement mal à l'aise, il imaginait assez bien que discuter avec l'une des filles alors qu'elle copulait pourrait être mauvais pour les affaires. Il ne tenait pas à ce que l'on rapporte que les patrons se sentaient le droit de s'asseoir près de vous pendant une passe pour tailler le bout de gras comme s'il s'agissait d'une petite fumette entre amis. Par ailleurs Jayce était fidèle et ne faisait rien qui pourrait ternir cette image.

Il se laissait aller à un tassement particulier au fond de son fauteuil lorsque la poignet de la porte se mit à grincer. Lentement, elle s'ouvrit sur une silhouette que Jayce connaissait bien. Il plissa les yeux comme s'il avait du mal à discernait Roy qui entrait dans la pièce.

- Roy… Roy, c'est toi ? Murmura-t-il avec un accent pitoyable. Roy… Je te vois mal tu es… Si loin… Je me sens partir Roy… Il soupira d'un soupir à fendre les âmes mortes du bâtiment. Roy fais quelque chose… Sauve moi je… je suis en train de mourir d'ennui….


Roy Calder
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Plif, plouf, être méchant, c'est pas ouf [dreamteam de la mafia] Icon_minitimeLun 7 Sep - 19:31
L’ennui. Cet état de mollesse avait saisi Roy à l’instant où des lèvres charnues s’étaient glissées dans son cou, dans l’espoir vain de réveiller chez lui une envie qu’il avait déjà assouvie et qui ne laissait derrière elle qu’un désert vide d’émotions. Ou peut-être juste un désagréable picotement semblable à un léger dégoût, qui le poussa à s’écarter, d’un réflexe.

« Qu’est-ce qu’il y a ? »

Elle était belle, Sally, avec sa bouche pulpeuse, ses courbes délicieuses, ses boucles brunes, ses tâches de rousseur sur ses pommettes et ses longs yeux noirs. Fut un temps où Roy n’aurait rêvé de rien d’autre que de passer du bon temps entre les cuisses de Sally. Il l’avait fait, la semaine dernière, hier, maintenant. Une fois, deux fois, trois fois. Une répétition sans saveur. Roy doutait même en avoir eu vraiment envie la première fois et ce constat le contrariait profondément. Il se leva avec une brusquerie surprenante, ramassa son pantalon échoué au sol pour l’enfiler. Parce qu’il était chez lui et que ces murs étaient ceux de sa chambre, il ne s’embarrassa d’aucune forme en déclarant :

« Il faut que j’y aille, j’ai du taf. Rentre chez toi. »

Ménager l’ego de son amante, ou juste faire preuve d’un minimum de politesse, avait clairement quitté la liste des priorités de Roy qui n’avait qu’une envie actuellement : sortir et se vider l’esprit de cette mascarade qui n’avait aucun sens.

« Eh bah super, si c’est pour avoir ce genre de moment, la prochaine fois t’auras qu’à appeler des putes directement. 
-Ouais, j’y penserai. »

Roy avait tout à fait conscience d’agir comme un parfait salaud en répondant avec une telle nonchalance, et au fond, il espérait que cela dissuaderait Sally de frapper à nouveau à sa porte. Il savait qu’elle n’était aucunement responsable de cette profonde frustration à laquelle il se heurtait à répétition depuis quelques temps, face à la réalisation un peu plus évidente chaque jour qu’aucune étreinte charnelle ne comblait la solitude qu’un amour perdu avait laissé derrière lui. Il le savait, mais sa colère intérieure avait besoin de se fixer sur quelque chose de tangible, et c’était facile de le faire sur une amante de passage qu’il n’allait plus jamais revoir.

« T’es con, putain. »

Dans un sursaut de fierté, Sally ramassa toutes ses affaires entre ses mains et sortit aussitôt de la chambre, pour aller se rhabiller on ne savait où : probablement n’importe où qui ne lui imposait pas la vision du mafieux égoïste. Il était un peu tôt pour se rendre aux Folies Sorcières, où Roy se doutait qu’il n’allait pas trouver grand-monde, mais avec un peu de chance, il y trouverait la compagnie de ses amis, ce qui était bien la seule ancre qui n’avait pas bougé dans sa vie.

Comme il s’y attendait, les ombres des clients les plus habitués occupaient les recoins des machines à sous qui tintaient dans un son clinquant répétitif, presque sordide dans un tel silence. Il n’y avait ni rire, ni amusement dans cette atmosphère de début d’après-midi qui n’accueillait que les dépendants aux jeux, ceux qui ne tiraient aucun plaisir à partager leurs moments avec d’autres personnes que leurs démons intérieurs. Roy traversa le casino sans s’y attarder, conscient qu’il avait plus de chance de trouver ses amis dans les pièces à l’arrière. Son oeil fut attiré par la porte légèrement entrouverte du bureau, derrière laquelle il n’eut aucun mal à reconnaître la silhouette de son meilleur ami. Il le trouva avachi sur le canapé dans une position qui lui fit deviner son état avant même qu’il ne s’exprime, avec cette espèce de théâtralité nonchalante, familière chez lui. Prêt à partager l'ennui de son frère, ou plutôt à chercher à moyen de s'en extraire ensemble, Roy s’approcha de lui. Il saisit la main molle de Jayce dans la sienne et posa l’autre sur son épaule, comme le geste de soutien d’un ami prêt à l’aider à se relever, bien qu’il n’exerça aucune pression pour le tirer hors de son siège.

« Ne m’abandonne pas, frère, car si tu meurs, je… -meurs aussi ? évidemment que non- vais devoir sauter ta femme pour qu’elle se sente moins seule et elle va commencer à m’appeler Jayasimha dans l’intimité. Et ça, je ne pourrai pas le supporter » annonça t-il gravement.



Roy Calder

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Plif, plouf, être méchant, c'est pas ouf [dreamteam de la mafia] Icon_minitimeVen 11 Sep - 19:00


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Jayce Bowers
Calme toi avec ma femme

Un instant qui se dispersa dans l’espace comme les derniers mots mourant d’un poème déclamé du bout des lèvres, Jayce plongea dans le regard sombre de Roy. Il lâcha prise. S’immergea avec l’abandon d’une confiance inconditionnelle et inaltérable. Avec l’abandon d’un battement de cil au ralenti, et sa main serra celle de son sauveur d’une pression tendre et ferme. Doucement Jayce se laissa tirer en avant, éperdu, sans résistance, répondant à l’impulsion que la force de Roy lui intimait, sans quitter du regard ces yeux qu’il décryptait dans la pénombre comme on découvre un joyau étincelant. Les sourcils de Jayce doucement se contractèrent pour hausser les rides de son front, épanouir aux coins de ses lèvres un sourire fantomatique.

- Roy… Articula-t-il dans un murmure qui ne brusquait pas l’accalmie engoncée de la pièce vide. Leurs deux corps étaient proches, Jayce sentait la chaleur que lui transmettait son compagnon dans son étreinte puissante. Roy, répéta-t-il. On ne saute pas ma femme. On lui fait l’amour, passionnément, avec déférence, et avec respect. Il leva la main et asséna une petite claque sur la joue de son ami avec un rire retenu. Et vraiment, mon ami, ajouta-t-il, il n’y a aucune tristesse à se faire appeler Jayasimha : c’est un très joli prénom.

Il se redressa vraiment cette fois, et de son visage avait disparu l’espèce d’atermoiement pathétique dans lequel il s’enfonçait avec délectations à peine quelques secondes avant que Roy ne pénètre la pièce : la seule présence de son frère d’arme rappelait en lui une vitalité nouvelle offerte par l’éventualité d’une conversation ou d’une activité qui lui redonnait instantanément l’envie de vivre. Et même si Roy avait cette liberté insolente de l’aborder pour lui parler de la façon bienveillante dont il tringlerait sa femme s’il se faisait assassiner à coup de sortilèges au large de Bristol, sentir sa présence lui redonnait de l’énergie, et surtout la curiosité de s’intéresser à son ami dont l’état intérieur ne lui avait pas vraiment échappé. Lorsqu’il avait scruté le fond de son regard avec une attention décuplée par l’incertitude, ce n’était pas par romantisme ou par passion, mais par sollicitude pour Roy qui, lui semblait-t-il, affichait un air de découcheur déprimé. Il le cachait bien, sous son masque vaguement espiègle, cette petite insolence qu’il avait toujours en forme de rides au coin des yeux, mais Jayce ne s’y trompait pas. Il connaissait Roy par cœur depuis des années. Son état les mois passés, et malgré son silence profond, ne lui avait pas échappé, pas plus que ne lui échappaient les cernes pâles sous ses yeux, le nuage sombre qui s’épaississait sur son front dès qu’il pensait ne plus concentrer l’attention, et la ternissure terrible de son regard toutes les fois que son esprit se perdait un instant dans ses limbes intérieurs. Jayce n’avait rien dit jusque-là : connaître Roy revenait aussi, pour Jayce, à respecter son silence. Mais ce silence durait depuis longtemps et prenait des proportions qui lui semblait s’aggraver de jours en jours. Il avait réfléchi à l’idée d’aborder la question avec lui, de le mettre en face de la tristesse qu’il dégageait malgré lui, que la plupart des gens ne saisissaient pas mais qui aux yeux de Jayce était aussi claire que l’eau d’une source de montagne, c’est pourquoi avec sa spontanéité habituelle, il haussa un sourcil et dit :

- On peut parler de Sundari si tu veux, mais j’ai dans l’idée que ce n’est pas vraiment ce qui t’occupe l’esprit ces derniers temps. Tu sais que je respecte ton besoin de t’enfoncer tout seul dans les marais de la dépression mais ça commence à durer. Tu connais aussi bien mon respect pour toi, Roy, alors je vais être honnête : tu as besoins de parler à quelqu’un.

Et ouvrant les bras pour se désigner, il lui adressa le regard le plus éloquent.



Roy Calder
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Plif, plouf, être méchant, c'est pas ouf [dreamteam de la mafia] Icon_minitimeVen 11 Sep - 20:17
Alors que cette plaisanterie osée aurait parfaitement insurgé un Toni, Jayce lui, garda cette humeur égale qui ne le quittait jamais et qui était une forme d’ancre pour Roy. Maintes fois, il s’était ressourcé auprès de cette confiance inaltérable, cette décontraction admirable que Jayce arborait en toutes circonstances et qui l’enveloppaient d’une force bien particulière. Différent du calme pragmatique, intimidant et solide d’un Fergus toujours en pleine analyse, Jayce dégageait plutôt une espèce de tranquillité sans effort, douce, qui donnait envie de rester en sa compagnie. C’était tout à fait ce que Roy était venu chercher en se rendant ici, après ce début de journée désagréable qui avait rappelé à la surface tous ses démons intérieurs. Aucune tension ne parasita les traits doux de Jayce qui répondit avec cet humour qu’on lui connaissait bien. Quant à Roy, il se laissa facilement emporter dans ce jeu théâtral que Jayce avait initié et dans lequel il n’avait jamais manqué de le suivre, en vingt-et-une années d’amitié :

« Je le ferai, je te le promets. Je le ferai en pensant à toi. »

N’importe qui aurait pu croire à une tension sexuelle entre les deux hommes si proches à cet instant que c’en était louche, mais entretenir cette fausse croyance avait toujours été l’un de leurs jeux préférés, alors Roy mit toute son âme d’acteur dans ce regard brûlant que Jayce désamorça très vite, avec une ridicule petite claque condescendante sur sa joue. Roy se redressa, un sourire moqueur aux lèvres qui laissait voir tout ce qu’il pensait de la manière dont son meilleur ami défendait son vrai prénom, dont il avait pourtant fait le choix de se séparer, ainsi que de son nom de famille pour, entre autres raisons plus personnelles, mieux s’intégrer dans cette société barbare avec les noms étrangers. Chacun pouvait deviner des origines indiennes dans les traits de ce visage harmonieux, ou, pour les plus proches de ses amis, dans les coutumes qu’il accomplissait en privé. Roy se gardait la primeur plaisante et affectueuse de lui rappeler ce petit nom parfois, avec lequel il l’avait toujours appelé dans le dortoir des Gryffondor qu’ils avaient partagé pendant sept ans.

Puisque leur moment dramatique et passionné était terminé, le mafieux se laissa tomber sur le canapé qui faisait face à son ami, dans une position relâchée qui trahissait une fatigue de longue haleine. Jayce, lui, semblait au contraire avoir retrouvé son énergie habituelle et il posa sur lui un de ces regards pénétrants, sans tarder à le faire suivre d’une déclaration absolument juste. Roy le contempla un instant, impassible, avant de reporter nonchalamment son regard sur le plafond et déclarer d’un ton égal :

« Je le reconnais, docteur. Les jours se ressemblent et les chattes sont fades dans les marais de la dépression. »

Roy avait assez de respect pour son frère de coeur pour ne pas nier un état qui devait lui sauter aux yeux depuis un moment maintenant. En revanche, il n’était pas sûr d’avoir envie d’en parler en détail, alors il ajouta :

« Mais tranquille, je reste à la surface. »

Il aimait bien le croire, en tout cas.


Roy Calder

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Jayce Bowers
qui va te raconter une histoire

Jayce, qui n’accordait pas à son image autant d’importance que ses trois confrères veilleurs et supportait le ridicule avec une impassibilité amusée de circonstance, aurait été à même de pousser la blague plus loin encore s’il n’avait pas si bien connu les limites de son ami de toujours. Roy avait pour le théâtre et les faux semblants un goût particuliers, et un talent qu’ils avaient par conséquent développé ensembles au cours des très nombreuses situations qui le leur avait permis. Et Jayce, qui n’avait pas perdu la qualité de s’émerveiller avec ingénuité, était chaque jour ravi de redécouvrir que Roy se prêtait au jeu avec constance, à son plus grand plaisir. De partenaires aussi assidue à la surprise et l’amusement, il n’en avait aucun autre avec qui il fonctionnait aussi bien, et si regarder Toni vivre lui procurait parfois des fous rires incontrôlables, la présence de Roy était toujours pour lui une source de joie différente. Un ami qu’il connaissait par cœur, mais dont il redécouvrait chaque jour des aspects sous des formes nouvelles avec un plaisir qui ne s’amenuisait pas. Cette attention particulière prenait racine dans la capacité profonde qu’avait Jayce d’observer les êtres évoluer autours de lui, avec une curiosité animalière et humaniste qui ne laissait que difficilement comprendre comment elle pouvait vivre en cohérence avec l’autre partie de son caractère : celle du criminel en grande pompe capable de perforer le crâne d’un homme d’un tournevis plutôt que d’un sortilège, pour faire résonner l’exemple. « Pense à moi, et garde moi ainsi vivant quelque part entre vous pendant que vous vous donnerez du plaisir en soulageant la douleur profonde que mon absence aura laissée dans vos cœurs » et il ponctua sa phrase en plaçant sur le pectoral de Roy une main caressante. Il savait en initiant ce geste que le jeu aller s’arrêter là.

Roy se laissa tomber sur le canapé et eu la décence de laisser percevoir son véritable état. De cela, Jayce lui fut reconnaissant : il ne supportait pas les tentatives têtues dans lesquelles son ami s’enfonçait parfois pour prétendre que tout allait bien, alors qu’il était scrupuleusement, aux yeux de Jayce, incapable de prétendre.

Il hocha la tête avec un air de comprendre – ce qui n’était absolument pas le cas, Jayce avait toujours eu pour son mariage une irréprochable fidélité, et étant liée à sa femme depuis ses seize ans, il n’avait pas excessivement butiné les chattes auxquelles Roy faisait allusion. Ni celles-là, ni les propres, d’ailleurs. - « Peut-être que les trouver dans un marais pourrait te mettre la puce à l’oreille sur ce qui ne va pas ? » Fit-il avec un demi sourire, qui disparut en échos de l’affirmation de son ami. Il haussa un sourcil et le dévisagea longuement dans un silence parfait, les traits absolument impénétrables de neutralité. Puis il fit mine de réfléchir. "Un jour… » Commença-t-il d’un ton hésitant, « j’ai vu un petit teckel barboter dans un lac. Il était tout au milieu du lac, qui était très grand, et je crois qu’il se faisait entraîner par le courant, parce qu’il avait du mal à nager sans que sa tête ne disparaisse de temps à autre… Il agitait ses petites pattes furieusement, comme ça » Jayce mima un mouvement frénétique de ses deux mains, « mais il n’avançait pas du tout, c’était très triste. Je ne sais pas s’il est mort noyé. » Il contempla le sol dans un instant de recueillement puis releva la tête vers Roy. « Quand tu dis des choses comme ça, tu ressembles beaucoup à ce petit teckel. »



Roy Calder
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« Ah bah écoute, je les trouve là où je suis. »

Au fond d’un marais, donc, reconnaissait-il à demi-mot. Roy n’allait effectivement pas très bien, et malgré les attitudes désagréables qu’il pouvait adopter face aux femmes qui voulaient bien peupler son lit, comme Sally plus tôt, il savait au fond qu’elles n’y étaient pour rien, qu’il ne pouvait pas les blâmer de ne pas être ce qu’il attendait. Il avait lui-même du mal à savoir ce qu’il voulait. Il oscillait entre la détestation de cette relation déséquilibrée et accaparante qu’il avait partagée avec Juliana d’un côté et de l’autre, son désemparement et regret profond face au vide que laissait sa disparition. Il recherchait de l’affection mais l’idée d’approcher une relation similaire à celle qu’il venait de quitter, où il avait perdu son indépendance, l’effrayait. Dans ce marais, Roy restait bloqué entre deux courants, se laissant malmener par l’un ou l’autre à tour de rôle.

Mais comment l’expliquer à Jayce ? Roy était seul, profondément seul dans cette épreuve dont il ne pouvait décrire les contours à personne, tenu à de lourds secrets qui ne lui appartenaient pas entièrement. Dans les moments les plus durs, une part de lui rêvait d’ouvrir les vannes et tout déverser à son meilleur ami. Il mourait de ne pas pouvoir saisir cette main que Jayce lui tendait silencieusement, par ses regards soucieux, ses remarques ponctuelles qui montraient qu’il avait noté les changements de son attitude. Puis il finissait toujours par remettre de l’ordre dans ses émotions et retrouver le courage de gérer cette situation seul.

S’il n’en parlait pas, cela finirait par disparaître, se répétait-il. Il n’allait pas rester éternellement à terre pour un chagrin d’amour, c’était absurde. Ce n’était pas lui. Il était plus fort que ça.

Mais la petite analogie de Jayce démonta ces fausses histoires que Roy se racontait pour avancer et il aurait pu s’en vexer si la métaphore choisie n’était pas franchement absurde. Pendant quelques secondes, il avisa son ami, avant qu’un rire incrédule ne finisse par lui échapper.

« Mais mec. Un petit teckel ? Tu es vraiment le pire psy du monde. »

La métaphore était peu valorisante, et même un peu inquiétante. Jayce avait une position qui n’en faisait pas forcément une référence, puisqu’il le connaissait mieux que n’importe qui, mais Roy espérait ne pas être aussi transparent qu’il semblait le suggérer. Il n’avait vraiment aucune envie d’apparaître aux yeux de tous comme un homme en train de se noyer dans les tumultes de sa vie.

Quand bien même c’était le cas.

Son regard s’était fixé au plafond, contemplant toutes les pensées qu’il ne pouvait pas exprimer.

« En vrai, j’ai pas trop envie d’en parler. » Il baissa les yeux sur Jayce, en se rappelant que, même s’il s’empêchait de s’ouvrir à lui, c’était tout de même sa compagnie qu’il était venu chercher et qu’il pouvait l’aider par d’autres moyens. Un léger sourire se dessina sur ses lèvres. « Mais si tu veux m’aider, viens on va plutôt tromper l’ennui en allant emmerder quelqu’un. »


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Jayce Bowers
en pleine déclaration

Roy aimait ses histoires, de cela Jayce ne doutait jamais, mais il savait également qu’il avait tendance à moins les apprécier lorsqu’il tentait de les lui appliquer. Mais derrière la brève exclamation, derrière le sarcasme et son sourire, Jayce voyait clairement la lente descente qu’avait entamé Roy sous ses yeux, depuis des mois. Il voyait clairement aussi, dans l’échange de regard qu’il eut avec lui à l’instant où il choisissait de réagir par l’humour, que Roy savait qu’il savait.

Jayce ne le blâmait pas. Il n’était pas intrusif. Il avait une trop grande habitude par lui-même de garder et amasser au fond de ses entrailles les contrariétés et douleurs de sa vie quotidienne. Il gardait un œil attentif sur Roy, depuis le jour où, brusquement, il avait cessé de courtiser les femmes qui s’égayaient autours d’eux. Il ne lui avait posé aucune question lorsqu’il l’avait vu, progressivement, perdre la sincérité de son sourire pour nourrir au fond de ses yeux une inquiétude angoissée et perpétuelle. Il avait fait un pas vers lui lorsqu’au plus haut de cette attitude, Roy, dans des accès en dent de scie de bonheur et d’irritation, avait commencé à ressembler à un animal à la patte prise dans les crocs d’un piège. Depuis cet homme que Jayce considérait comme l’un de ses plus proches parents, de ses plus intimes témoignages de vie partagée, des sacrifices possibles qu’il pourrait faire pour un autre, cet homme dont Jayce connaissait pour les avoir vu grandir avec le temps, les traces que laissaient sur lui les peines et les frustrations, Jayce le regardait se nimber d’une solitude épaisse et profonde et ignorer en détournant les yeux la main qu’il gardait tendu pour lui.

Jayce savait qu’il n’avait pas besoins de parler. Que son attitude, et Roy en avait forcément conscience car il en avait toujours été ainsi entre eux, reflétait une disponibilité totale pour son ami, en toutes circonstances. Qu’il attendait patiemment qu’il soit prêt à s’ouvrir. Parfois, comme aujourd’hui, il lui rappelait sa présence avec des mots pour ranimer l’absence de pudeur qui pouvait exister entre eux alors qu’ils n’étaient bon, ni l’un ni l’autre, pour exprimer leurs émotions. Roy se trompait, aux yeux de tous, il apparaissait sans doute fier et sûr de lui. A peine l’ombre de ce qu’il avait pu être. Aux yeux de Jayce, il prenait des reflets de malheur terrible. Et il le voyait sans pouvoir agir, tenter d’avaler seul une couleuvre démesurée. Ça ne passait pas, et ça bloquait les mots dans sa gorge, c’était évident. Mais la tête de l’animal était probablement suffisamment enfoncée dans ses tripes pour avoir commencé à le dévorer de l’intérieur.

- En vrai, j’ai pas trop envie d’en parler. » Jayce s’était préparé à cette réponse à l’instant où Roy avait accusé un silence et levé les yeux vers le plafond. Il savait qu’il allait fuir, encore. Il respectait cette décision : Roy avait dans sa vie et dans ses choix un temps que Jayce ne remettait pas en question. Il souffrait simplement de le voir souffrir, confronté à son silence, et de l’incapacité dans laquelle il était par conséquent, de pouvoir l’aider. « Mais si tu veux m’aider, viens on va plutôt tromper l’ennui en allant emmerder quelqu’un. » Jayce ne répondit pas à son sourire.
- Attends, dit-il en posant sur le bras de Roy une main qu’il serra pour l’empêcher de se lever – ou de fuir.- « Avant ça. Laisse-moi te dire une chose… » Parfois Jayce enviait la capacité de Fergus et Toni à se faire parler l’un l’autre quelque soit la situation. « Tu sais que je t'aime, et que je respecte ton silence. Tu sais aussi que je le respecterais quoi qu’il arrive. Je ne m’inquiète pas pour toi, quoi que tu traverses depuis des mois… » Jayce insista sur ces derniers mots. « Pas seulement maintenant. Je sais que c’est une pente que tu descends. Et je sais que tu es suffisamment fort par toi-même pour remonter. Mais… » Il sera un peu plus fort la prise qu’il avait posé sur le bras de Roy. « Je te vois pâlir, mon ami, un jour après l’autre. Je ne te le répéterais pas, pour respecter ton silence, mais la main que je te tends ne s’abaissera pas. Si tu as besoins de la prendre, maintenant, dans un mois, dans six mois, dans trois ans, elle sera là quoi qu’il arrive. » Doucement, il lâche Roy et se leva, s’étira lestement, puis, avec un ton qui aurait pu faire douter du monologue qu’il venait de faire à Roy, décréta sur un ton enjoué : « Fergus a dû arriver et tu sais quoi, j’ai bien envie de voir ce qu’il dirait d’une petite polémique ! »
Roy Calder
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La main de Jayce se posa sur son avant-bras, retenant un élan qui poussait Roy à se lever. Interpellé, il posa les yeux sur son meilleur ami et comprit aussitôt à sa posture et aux pauses mesurées de ses phrases qu’il allait lui dire quelque chose d’important. La gravité prenait rarement racine dans le regard de Jayce, alors quand Roy en voyait la lueur, son coeur ratait toujours un petit battement.

Aussi rare que son sérieux, une véritable déclaration d’amour échappa à son ami, comme la marque d’une inquiétude qui frappa Roy de plein fouet. La discrétion et le respect de Jayce qui ne bousculait jamais ses silences lui avaient fait oublier combien, après toutes ces années d’amitié, il n’avait pas besoin de mots pour saisir ce qui se tramait chez lui et en mesurer la gravité. A son tour, il mesura l’ampleur de la frustration qu’il faisait certainement endurer à son meilleur ami en ne lui confiant rien de ce qui le tracassait alors que son mal-être lui était si évident. Pris d’une certaine culpabilité et d’une profonde reconnaissance à la fois, Roy posa sa main sur celle que Jayce avait laissé sur son épaule, à l’instant où il lui répétait qu’elle lui serait toujours tendue, quoiqu’il arrive. Son coeur battait plus vite, emballé d’une envie de tout lui dire, une envie qu’il contint difficilement et qu’il dut enfouir au fond de lui-même, pressé par le poids d’un lourd secret sur ses épaules.

Parfois il ne savait plus ce qui était le plus difficile : la peine en elle-même ou le fait de ne pas pouvoir l’exposer à ses plus proches amis.

Puis, aussi naturellement que s’il venait de discuter du fait d’aller acheter une glace, Jayce se releva avec un sourire et une proposition qui rappela à Roy combien cet homme gardait un optimisme sans faille et combien c’était une qualité qu’il admirait chez lui. Doucement, il secoua la tête, un peu désabusé, un peu soulagé aussi.

« Ouais. Attends. »

Parce qu’il s’agissait d’un moment où les gestes semblaient plus naturels et plus faciles pour Roy que des discours, il attira Jayce dans ses bras, en lui exprimant ainsi sa reconnaissance sincère. Même s’il ne se sentait pas en droit de la saisir, cette main qu’il lui tendait, sans poser de questions, sans l’accabler sur son silence, le touchait plus qu’il ne voulait bien le dire.

« Je t’aime aussi, frère » glissa t-il à son oreille, avec une légère tape sur son dos. Il se recula, avec un sourire moins feint que tout à l’heure sur ses lèvres. « Bon, Fergus nous attend. »

Mais Fergus ne le savait pas encore, en l’occurrence. Roy eut un grand plaisir à découvrir sa grande silhouette assise sur le comptoir du bar, dans le casino où erraient toujours quelques clients esseulés. Aussitôt qu’il le vit, il échangea brièvement un regard de connivence avec Jayce, conscient que, quelque soit le sujet que le premier aborderait, le second le suivrait avec entrain et naturel, avec de grands talents d’acteurs. Roy fut justement le premier à trouver un sujet de conversation sur lequel il savait leur ami particulièrement à cheval. Il prit place à la droite de Fergus et laissa Jayce s’installer sur la gauche, un coude sur le comptoir et l’autre main sur le dos de leur ami :

« Ah ! Tu es là, Fergus, quel bonheur. On avait une discussion avec Jayce et il nous a semblé que tu serais le plus à même de nous donner un avis éclairé. Toi qui attache beaucoup d’importance à la ponctualité, qu’est-ce que tu penses du quart d’heure de politesse ? Est-ce que ce n’est pas le genre d’usage qui justifie un retard et qui, je dirais même, le rend appréciable ? »


Roy Calder

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Jayasimha Vijayan
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Plif, plouf, être méchant, c'est pas ouf [dreamteam de la mafia] Icon_minitimeSam 17 Oct - 19:51
Roy avait vécu Jayce dans les pires aspects de sa vie. Il l’avait connu au plus profond de lui-même, au plus profond d’une détresse qui semblait aujourd’hui disparue ou enterrée sous les sourires aimables de son compagnon, qui ne sourcillait plus, qui ne hurlait plus dans ses songes. Il l’avait soutenu, traîné, rassuré, hébergé. Jayce avait toujours un doute sur l’importance que Roy s’accordait dans son histoire. S’il prenait la mesure de son sauvetage, la puissance de son aide. À quel point Jayce, malgré les traits affables de son indépendance, s’était attaché à lui pour garder la tête hors de l’eau au cours de ses trois premières années à Poudlard. Combien sa famille avait compté pour lui, avait adouci son cœur, l’avait rempli à nouveau d’une confiance et d’un amour qu’il avait totalement perdu et consommé dans la haine. Calder n’était pas seulement un nom pour Jayce. C’était une idylle, un refuge, une sécurité. Un sentiment débordant de reconnaissance. Et malgré la conscience tragique qu’il avait des tensions qui faisaient éclater cette famille, de la faute qu’il en portait, lui, Jayce, pour avoir orienté Roy et l’avoir épousé dans ce projet démesuré qu’ils bâtissaient jours après jours, son amour pour eux était demeuré absolument sans concession.

Alors observer Roy se refermer sur sa peine tragique et ne pouvoir lui rendre ce qu’il lui avait apporté, ne pouvoir l’effleurer alors que quelque chose lui soufflait intimement que Roy mourrait de se confier sans savoir comment s’y prendre, se révélait terriblement déchirant. Mais Jayce savait, il savait que son ami, que son frère, ne s’ouvrait pas facilement que, comme lui, il gardait avec une sorte de pudeur farouche les vagues obscurs qui effritaient sa patience, son optimisme, et son bonheur. Roy en avait été témoins, il savait comme s’avait été dur pour Jayce de s’ouvrir à lui et combien ça l’était encore. La vulnérabilité était un traumatisme d’enfance et de confiance brisée. Jayce ne jugeait pas, ne s’impatientait pas. Il observait Roy silencieusement sans s’écarter comme s’il cherchait par le seul fait de sa présence mutique, de lui garantir une chaleur dont il pouvait s’approcher s’il en avait besoins. Et il priait souvent en mettant de côté sa relation paradoxale à ses dieux, il priait pour que Roy ait la force de retrouver seul la tranquillité de son âme.

Il ne dit rien, de fait, lorsqu’il perçu sur le visage de Roy comme l’élancement interne d’un instinct réprimé par volonté, une ouverture grimaçante, et perçu sur ses lèvres les prémisses des mots qu’il retenait avec tant de peine. Il fut convaincu alors d’une chose dont il se doutait sans preuve : que la parole de Roy était scellée par quelque chose qui faisait défaut à ses propres envies et, plus grave encore, à ses propres besoins. Jayce laissa son cœur se serrer en acceptant la tristesse et l’impuissance que lui prodiguait cette constatation, parce que Roy, avec la constance de son caractère têtu, se referma aussitôt. Il lui épargna un silence gênant en prétendant que la discussion n’avait pas existé lorsque Roy se leva et l’attira à lui dans une étreinte profonde. Jayce la lui rendit instantanément avec une forme qui témoignait de la conscience qu’il avait de sa douleur.

Ce n’était pas des mots inconnus pour Jayce, Roy et lui se les échangeaient régulièrement. Mais rarement avec autant de profondeur. Il fut touché au cœur, posa sur la nuque de son ami une main chaude qu’il serra doucement avant que Roy ne rompe l’étreinte. Puis il appliqua la même présence sur son bras et lui adressa un sourire doux, un sourire qui lui disait d’avoir confiance. Enfin Il hocha la tête et suivit Roy.
Fergus Avner
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Plif, plouf, être méchant, c'est pas ouf [dreamteam de la mafia] Icon_minitimeSam 17 Oct - 20:26
Fergus avait allumé une cigarette et pianotait sur son pear un message à l’intention de Grace au sujet de l’anniversaire de Laoise. Il avait à côté de lui un bol rempli de frites poivrées et salées auxquelles il n’avait pas touché encore malgré la faim tenace qui l’avait aiguillé jusqu’au bar : transmettre à son ex-femme le désir de récupérer sa fille était toujours une épreuve qui, même s’il ne l’avouait pas, était nerveusement éprouvante pour Fergus et lui coupait l’appétit.

Il relu plusieurs fois son message avec une résignation lasse. Son analyse le conduisait à trouver le ton vaguement victimaire, un tout petit peu en-dessous de la fermeté dont il usait habituellement et à laquelle il s’identifiait plus facilement qu’à cette arrière-goût de supplique que prenaient malgré lui tous ses échanges avec Grace. Du reste il préférait ne pas trop y réfléchir. Il se donnait comme excuse l’intention de ménager la sensibilité à fleur de peau de la jeune femme, sans se tourner vers son propre désir de la satisfaire où d’attirer sa bienveillance. Avec un claquement de langue irrité, il se résolu à transmettre sa requête telle quelle. Tant pis pour le reste, de toutes façons elle l’interprèterait probablement d’une manière différente de celle dont elle avait été écrite. Avec difficulté Fergus lâche prise sur le manque absolu de contrôle que générait en permanence son rapport avec Grace. Il expira en posant son pear près de lui au moment où Jayce et Roy se glissaient jusqu’au bar.

Il s’apprêta à les saluer tous les deux mais Roy le pris de court. Avec un regard suspicieux, il se laissa encadrer, mal à l’aise de cette acculassions soudaine qui, pour connaître suffisamment les deux compères, augurait quelque chose qui allait certainement se façonner à ses dépens. Il serra les lèvres, les sourcils un peu froncés et laissa Roy exprimer son introduction avec tout le manque de sincérité dont il pouvait être capable.

- ...Est-ce que ce n’est pas le genre d’usage qui justifie un retard et qui, je dirais même, le rend appréciable ? »
- Quoi ? Ho, non. » Fergus recula instinctivement pour tenter de se dégager de l’étreinte étouffante de ses deux « amis. » Ce n’était pas la première fois qu’ils lui faisaient le coup.
- Pourquoi ho non ? Demanda Jayce avec un haussement de sourcil qui évoqua à Fergus l’innocence d’un requin.
- Je sais ce que vous êtes en train de faire. Fergus se maintient sur sa position, la mâchoire verrouillée. La question de Roy, sa formulation, ses premiers arguments avaient soulevés en lui un désir irrépressible de s’insurger, de contredire.
- On règle un différend Fergus, c’est important. Tu vas nous laisser dans le besoins ?
- Non, non, affirma-t-il, vous voulez juste me faire parler.
- Tu rigoles ? Répliqua Jayce avec une verve contrite. Tu veux l’histoire ? Ok, très bien. J’ai rappelé à Roy cette fois où tu m’avais démonté parce que j’avais eu l’impolitesse, selon toi, de me pointer vingt minutes après le début d’un dîner. Il se persuade tout seul que c’est impossible parce que tu as foi dans cette espèce de tradition que…
- Attends attends,coupa Fergus malgré lui.
- Quoi ?
- Comment ça « selon moi » ? Vingt minutes de retard c’est pas impoli selon moi, c’est impoli tout court, point.
- Ben pas si tu considères le quart d’heure de politesse comme de la politesse.
- Je considère rien du tout comme de la politesse, c’est une fable ce principe, une fable éventée qui n’amuse plus personne, ça sert juste d’excuse aux gens qui n’en ont rien n’a foutre. » Fergus, qui avait mis les deux pieds dans le piège et tout à sa révolte, ne remarqua pas le clin d’œil que Jayce adressa à Roy.


   
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Fergus les connaissait trop bien pour rentrer aussi vite dans leur combine, car ce n’était pas la première fois que les deux amis mettaient à profit leur talents de troll pour en voir les effets sur lui. Mais Roy le connaissait assez également pour voir que sa première approche avait déjà titillé quelque chose chez son ami. Il avait perçu le mouvement de recul, remarqué le serrement de sa mâchoire, la tension de son dos, caractéristiques d’un Fergus qui se retenait très fort. Roy échangea avec son compagnon de crime un bref regard où brillait une discrète lueur de satisfaction. Il savait qu’ils étaient sur la bonne voie et fut ravi de voir Jayce s’y jeter à son tour, avec ses talents d’improvisation et de comédie incomparables. Encore une fois, Roy admira l’intelligence de son meilleur ami dans la manière dont il plaça subtilement ce qui devait finir par faire réagir Fergus. « Selon toi ». Avec une injonction aussi directe envers quelqu’un qui n’aimait pas qu’on parle à sa place, c’était certain qu’il allait bondir.

Evidemment, il le fit et Roy profita du fait que Fergus ne le regardait pas, pour le moment, pour s’autoriser à sourire. Il capta un clin d’oeil de Jayce et dut faire appel à sa maîtrise de ce genre de situation pour se retenir de rire. Sa figure fut parfaitement sérieuse quand il prit la parole à son tour, en s’appuyant sur les bases jetées par Jayce :

« Ce n’est pas du tout une fable ! C’est une pratique assez répandue dans la haute société. Mec, tu sais que j’ai un truc avec les meufs de famille Sang-Pur ? Il y en a une qui m’a expliqué une fois toutes les règles de ponctualité -et je ne te laisserai pas dire qu’elle n’est pas un exemple de bonnes moeurs parce qu’elle a couché avec moi, arrête, c’est sexiste. Elle a quand même reçu une grande éducation à laquelle on peut se fier - Eh bien, en vrai la ponctualité, c’est vachement plus compliqué qu’il n’y paraît. Déjà, quand un homme donne rendez-vous à une femme dans un lieu public, il doit arriver avec au moins cinq minutes d’avance, pour s’assurer qu’elle n’attende pas seule. Par contre, Madame peut être en retard, car elle se fait belle pour Monsieur, vois-tu ? C’est toléré. Par contre, la règle du quart d’heure de politesse s’applique indifféremment du sexe -donc ça pourrait te concerner aussi, Fergus, parfaitement- et uniquement dans le cadre où tu es invité à dîner. C’est pour laisser aux hôtes de maison le temps de terminer tous les préparatifs, car il y a toujours des imprévus, tu comprends. »


Roy Calder

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Fergus inspira silencieusement en évitant de croiser le regard de Jayce parce qu'il savait risquer d'y trouver quelque chose comme un type d'expression très particulière, qui ne lui aurait pas fait plaisir. Il avait fermé les yeux avec une brièveté heurté pour se garder d'interrompre Roy au beau milieu de sa tirade - Fergus coupait rarement la parole - mais il y trouvait tant d'éléments empilés à contredire qu'il lui était difficile, très difficile, de garder un calme attentif.

De rester, même, bienveillant.

Et ça n'avait rien n'à voir avec le sourire agaçant de Roy.

- Mec, tu sais que j'ai un truc avec les meufs de famille Sang-Pur ?
- Il a un truc avec les meufs de famille sang-pur. Renchérit Jayce avec une moue d'appréciation qui comportait toute l'ironie moqueuse que des années passées à supporter les petites amies de Roy excusait largement.
- Il y en a une qui m'a expliqué une fois toutes les règles de ponctualité...
- Toutes ! Imagines la rigolade !
- ...et je ne te laisserai pas dire qu'elle n'est pas un exemple de bonnes moeurs parce qu'elle a couché avec moi, arrête, c'est sexiste. Poursuivit Roy, presque imperturbable aux interruptions de Jayce. Il lui avait jeté un coup d'œil agrémenté d'un demi sourire. Le duo de clown en plein spectacle. Déjà, quand un homme donne rendez-vous à une femme dans un lieu public, reprit-il, il doit arriver avec au moins cinq minutes d'avance, pour s'assurer qu'elle n'attende pas seule. Par contre, Madame peut être en retard, car elle se fait belle pour Monsieur, vois-tu ? C'est toléré.
- Et attention, glissa Jayce, ça non plus, ce n'est pas sexiste ! Cette fois Roy manqua de lui envoyer un coup de coude, ce que Fergus, attentif à chercher ce qu'il y a avait de sexiste là-dedans, ne nota pas.
- Par contre, la règle du quart d'heure de politesse s'applique indifféremment du sexe...
- Et on ne parle pas de c…
- Bon sang Jayce, laisse le parler !
- Pardon.

Cette fois Roy pu achever sa tirade sans être interrompu et sa conclusion laissa flotter dans le regard de Fergus une sorte de mépris inné, exprimé par un désaccord si profond qu'il touchait probablement à l'essence même de l'irlandais. Avec son habituel manie de la rigueur, il conçu sa réponse en reprenant point par point l'exposé de Roy :

- Ton argument s'applique à un milieu dont tu ne fais pas parti malgré tous tes efforts par conséquent ta démonstration n'a aucun sens puisqu'elle ne nous concerne pas. Si tu n'as pas corroboré cet exposé avec d'autres faits culturels précis ça ne compte pas, sans parler de tous les contre-exemples qu'on pourrait trouver, au-delà du fait que jamais de la vie je n'adopterais le point de vue d'une famille de sang-pur anglais pour la bonne raison que ce sont des nazis. Et tu viens toi-même d'affirmer que ton histoire, si elle est valide, ne s'applique que dans le cadre d'un dîner, Roy, un dîner ? Si on doit vraiment reparler de la situation qui est à l'origine de cette discussion absurde, le seul truc qu'il y avait à manger ce jour-là c'était le béton, deux minutes après épuisement de ma patience.
- Tu n'aurais pas osé, dit Jayce.
- Tu pari.

Jayce adopta un air choqué de circonstance : la bouche en " o ", et une main devant ses lèvres.


   
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Roy Calder
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Plif, plouf, être méchant, c'est pas ouf [dreamteam de la mafia] Icon_minitimeSam 27 Fév - 15:52
La situation présente se révélait tout à fait délectable pour Roy, qui sentait dans cette dynamique de duo de comiques mise en place depuis des années avec Jayce, un plaisir sans cesse renouvelé. A cet instant, ce n’était pas seulement un plaisir, c’était également une bouffée d’air frais. Ses échecs amoureux avaient beau le remuer, le dévaster, même, parfois, il y avait heureusement quelques repères, quelques piliers dans sa vie qui ne variait pas. L’agilité avec laquelle Jayce lui donnait le change, et même cette tension familière dans les traits de Fergus qui se retenait péniblement de parler, en faisaient partie.

Et même si, à cet instant, lui et Jayce se payaient allègrement la tête de leur ami commun, au fond, la scène qui se déroulait était le fruit d’une dynamique fraternelle qu’ils partageaient pleinement et volontairement tous les trois. Preuve en était que Fergus n’avait pas encore retourné de table et que même, il s’évertuait à démonter point par point l’argumentaire improvisé de son ami, leur faisant par la même occasion une démonstration de son esprit analytique aiguisé et Roy était certain qu’il y tirait une certaine satisfaction. Fergus était ce genre d’homme qui aimait remettre les choses dans l’ordre et à leur place, par la force de son implacable logique. Roy ne bouda donc aucunement son plaisir en riant face à l’expression faussement choquée de Jayce et ne se sentit pas du tout coupable en répliquant :

« J’aime que tu précises anglais, juste pour dédouaner les tiens, alors que hé, je suis sûr que s’il y a un point sur lequel les sang-purs s’entendent, irlandais, anglais ou moldaviens, c’est ce genre de règles faites pour vous distinguer du commun des mortels. » Il tapota amicalement l’épaule de Fergus, accompagnant ses paroles doucereuses : « T’as de la chance, je te lance pas sur le sujet de « est-ce qu’une famille irlandaise qui vit sur le sol anglais depuis deux générations devient anglaise » parce que j’ai pas envie que tu retournes les tables, elles coûtent cher. En revanche, j’ai quand même un peu envie de dire que le fait que je ne sois pas sang-pur m’empêche pas de trouver une certaine forme de bon sens dans des règles appliquées dans d’autres milieux et de vouloir me les approprier, hé. Moi je trouve ça ok d’arriver avec un quart d’heure de retard pour laisser l’hôte de maison terminer ses préparatifs. »

Ce pénible débat aurait pu continuer de la sorte si la silhouette massive d’Antonino n’avait pas choisi le bon moment pour débarquer et abattre sa grande main d’ours dans le dos de Jayce, le premier sur son chemin. Son autre main plongea dans un bol de cacahuètes laissées sur le comptoir et il prit la parole en mâchouillant avec peu d’élégance :

« Alors ça fait des réunions au sommet sans moi ? Vous parlez dé quoi ? Oh non. Vous jouez les emmerdeurs, c’est ça ?
-Quoi, nous ? s’offusqua Roy.
-Allez, arrête, avec vos sales têtes là, jé vous connais tous les deux, putain, qu’est-ce que vous racontez à Fergus encore ?
-Alors pardon, mais sur ce sujet, tu vas seulement pouvoir être d’accord avec nous parce que vraiment sinon c’est de la mauvaise foi, ricana Roy.
-Vas-y balance ? »


Roy Calder

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Jayasimha Vijayan
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Plif, plouf, être méchant, c'est pas ouf [dreamteam de la mafia] Icon_minitimeDim 7 Mar - 16:49
Fergus n’était pas toujours la personne préférée de Jayce. S’il avait fallu être parfaitement honnête avec la relation qu’ils entretenaient tous les deux, ils auraient certainement dû convenir que l’idée de se défenestrer mutuellement leur avait traversé l’esprit plus d’une fois au cours de leurs longues années de collaboration. Cependant, Jayce admirait certaines choses chez Fergus et sa rhétorique méthodique et glaciale en faisait partie.

Jayce n’avait pas l’esprit si bien organisé. Il ignorait si c’était dû à la colère qu’il amadouait chaque jour, à son état d’alcoolique juvénile passé, aux trop nombreux cônes qu’ils s’étaient fumés en bord de toit avec Roy alors qu’ils étaient encore tous les deux en pleine croissance ou simplement au fait que Fergus avait autant de points communs avec une machine que la reine d’Angleterre en avait avec un petit mouton acariâtre. En tout cas il se retint d’applaudir la répartie de son ami pour ne pas compromettre son soutien à Roy, dont les railleries l’emplirent tout autant de contentement.

Vraiment, si l’un avait le pragmatisme du démon, l’autre était certainement tombé dans la marmite de l’insolence quand il était petit.

Et si la vie n’était pas tous les jours facile, sûrement Jayce remerciait-il les dieux d’avoir des associés aussi opposés et complémentaires.

Il en était là de sa réflexion, qu’il parachevait en admirant la tension des traits de Fergus et le mouvement imperceptible qui manqua le faire se lever lorsque Roy se sentit le courage inconscient d’interroger l’arbre généalogique et la légitimité du sang Irlandais de Fergus – le jeu allait tourner à la véritable engueulade – lorsque le parfum tout à fait brutal de Toni emplit la pièce de sa grosse présence.

Malgré ses quatre-vingt kilos de muscles, Jayce toussa sous l’impact de la claque que Toni lui asséna et vérifia, le souffle coupé, que ses intestins n’aient pas jaillit de son ventre. Comme tout avait l’air en place, il releva la tête juste à temps pour s’offusquer. Sales têtes ? Vraiment. On pouvait qualifier leurs faciès de beaucoup de chose, mais certainement pas de sales. Tout le monde ici savait combien leur minois avaient fait tourner de tête. Alors.

- Hé bien, s’invita Jayce avec son calme tranquille, désireux de retrouver dans cette discussion une part qu’il commençait à perdre. Fergus soutient que le quart d’heure de politesse n’est bon que pour les riches aristocrates nazis du siècle dernier.
- C’est anachronique, lâcha Fergus qui visiblement avait fini par lire le livre sur l’Histoire moldue que Jayce lui avait prêté peut-être quatre ans plus tôt.
- C’est juste, mais ce n’est pas l’important. Roy et moi sommes toujours convaincu que c’est une pratique délicieuse. Fergus commence à se laisser convaincre mais oppose encore quelques réticences.
- Je ne suis convaincu par rien du tout.
- Toni, mon cher Toni. » Jayce posa sur les pectoraux du géant italien ses deux mains à plat avant de serrer dans ses poings le col de l’échancrure large de sa chemise. « Toi qui es rempli d’une folle bienveillance à l’égards de tes amis. Tu reconnaîtras forcément le bienfait de cette pratique. Aide nous

Toni allait-il admettre sa tendance grave à transformer le quart d'heure en heure de politesse ? Où allait-il garder pour Fergus cette loyauté gigantesque et faire preuve d'une mauvaise foi que même l'enfant de Roy et d'Avalon ne pourrait se targuer d'avoir ?


Jayce Bowers
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Antonino Tessio
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Plif, plouf, être méchant, c'est pas ouf [dreamteam de la mafia] Icon_minitimeLun 8 Mar - 12:21
Du quatuor célèbre et improbable que formaient Jayce, Roy, Fergus et Antonino, beaucoup disaient qu’il s’agissait là d’une bande d’amis inséparables. Mais ceux qui les connaissaient assez bien ne manquaient pas de préciser en souriant que malgré tout, « on sait qui est marié avec qui ». Ce qui était aujourd’hui un quatuor avait d’abord commencé par être deux duos séparés. S’ils s’étaient rapprochés, il persistait les marques de ces duos originels. Aussi, si bataille il y avait, bien souvent, certaines loyautés prenaient le dessus sur d’autres. C’était ainsi que Jayce se retenait de témoigner son admiration pour l’argumentaire implacable de Fergus et préférait soutenir Roy dans ses frasques moqueuses.

Pour les mêmes raisons, on pouvait déjà prédire que Toni se retiendrait également de donner son réel avis sur les règles de ponctualité et prendrait, sans même réfléchir, le parti de Fergus.

Il haussa donc les sourcils face à Jayce qui, il le savait, lui servait un numéro de comédie bien habituel chez lui en adoptant un ton dramatique et en saisissant son col pour se donner plus d’emphase, puis, après avoir pris soin d’avaler les cacahuètes qu’il avait dans la bouche -Fergus n’aimait pas qu’on parle la bouche pleine- il déclara tranquillement :

« Fergus est mieux élevé qué vous deux réunis alors. Il a raison. 
-Mais quoi ! S’insurgea aussitôt Roy. Mec, tu passes ta vie à arriver en retard et à râler quand on te reprend, parce que t’as toujours une bonne excuse. Et nous, on te donne une justification sur un plateau d’argent et tu l’acceptes pas ?
-Mais elle est pourrie votre justification.
-Putain tu es d’une telle mauvaise foi, ça me choque.
-Hé j’arrive peut-être en retard parfois…
-Tu arrives systématiquement en retard.
-…mais j’ai jamais dit qué c’était poli dé lé faire, moi, se défendit Toni en haussant les épaules. Il s’assit sur l’une des chaises du comptoir, en échangeant un bref sourire avec Fergus. Après dix années d’amitié, il connaissait assez le duo Jayce Roy pour comprendre d’un seul coup d’oeil ce qui se jouait là et il n'était pas mécontent de ne pas en avoir été la première victime et d'arriver plutôt en soutien à Fergus : à sa place, il aurait déjà retourné une table. En vrai, on s’en bat les couilles nan ? Vous dites dé la merde juste pour faire de la polémiste.
-Polémique, Toni. On dit polémique. Po-lé-mique.
-C’est pareil, putain, t’as compris l’idée, fais pas chier, protesta t-il avec un grand geste impatient de la main. Vous êtes juste des gros emmerdeurs tous les deux.
-Merci, je prends le compliment. Vas-y répète, polémique ? 
-Ta gueule, j'vais té faire bouffer lé comptoir. »


Antonino Tessio
« Qu'importent les crimes, morts, victimes innocentes, dans la vie, chacun sa chance »
Jayasimha Vijayan
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Plif, plouf, être méchant, c'est pas ouf [dreamteam de la mafia] Icon_minitimeMer 10 Mar - 19:20
Jayce était attentif à tous les types de réactions, c’était l’un de ses atouts. Même s’il ne se laissait pas facilement approcher, il n’en gardait pas moins un œil vif prompte à saisir les plis et remous des attitudes qui l’entouraient. Il les gardait précieusement comme autant de témoignages de relations, parce qu’il était curieux, parce que c’était toujours utile.

Par habitude et par expérience, il savait donc comment lire ce coup d’œil silencieux, cette étincelle en demi-teinte que Fergus avait jeté comme un sursaut sur son binôme intervenu bruyamment, avec au fond de l’œil comme une saveur de victoire. Ils savaient tous les trois quel parti Toni allait prendre. C’était une sorte de récompense plaisante de chercher la limite de ce qu’il pouvait assumer en termes de pirouette, pour transformer sa mauvaise foi en argumentaire cohérent. Pour les beaux yeux de Fergus. Jayce esquissa un sourire dans l’ombre de sa barbe. L’italien avait un culot indémodable.

- Je dois reconnaître que c’est tellement faux-cul que ça me donne envie de vous donner raison, » déclara-t-il sur un ton docte avant de dresser un doigt pour interrompre Toni que les mots choisit avaient visiblement atteint. « Tût Tût ! Ne dis rien. Vous êtes touchants, et ça me fait plaisir. »

Roy était probablement trop hilare pour démentir une telle défaite, même si sa fierté acceptait certainement avec peine cette fausse abdication.

- Cependant ce n’était qu’une bataille, reprit Jayce, ne pensez pas avoir gagné la guerre.

Fergus avait imperceptiblement levé les yeux au ciel et achevait son geste qui était d’appliquer une main dans le dos de Toni pour le remercier de sa loyauté. Peut-être ces mariages à deux auraient à l’avenir quelque chose de délicat, se dit Jayce en observant ses trois amis tour à tour. Peut-être que les tensions que leur amour mutuel suffisait pour l’instant à prévenir finiraient par éclater. Jayce connaissait ce genre de milieu. Il savait comment d’une minute à l’autre, tout pouvait basculer. Alors, il prit quelque secondes pour remercier intérieurement la vie de ce qu’elle leur donnait de chance, de réussite et d’entente.

Et surtout, il nota avec plaisir que pour quelques temps, le sombre nuage qui coiffait le regard profond de Roy avait disparu.

Mission accomplie.

FIN DU RP


Jayce Bowers
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