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Les paradis perdus [Eiluned & Leonard]

Leonard Wellington
Leonard WellingtonLieutenant de la milice
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Les paradis perdus [Eiluned & Leonard] Icon_minitimeLun 3 Aoû 2020 - 15:25
9 mars 2011

« Mais qu’est-ce-que vous faites ? »

La voix haut perchée d’une des infirmières du service d’oncologie fit tourner la tête de Leonard, qui cherchait clairement à se lever de son lit. Au bord du matelas, en appui d’une main sur la table de chevet, on pouvait dire qu’il était pris la main dans le sac, et rien ne le sauva des réprimandes de la médicomage rondelette qui s’approcha :

« Il faut que vous vous reposiez, monsieur Wellington. Un repos complet. Vous venez à peine de reprendre connaissance.
-Ça va, démentit Leonard, têtu comme personne, je peux me… »

Un violent tournis l’empêcha de terminer sa phrase, l’étourdissant assez pour qu’il se repose sur son matelas. La douleur dans sa tête le lançait terriblement et il dut fermer les yeux un instant pour reprendre ses esprits.

« Vous voyez bien que vous n’êtes pas en état de quitter ce lit. Allongez-vous et laissez les potions faire effet, lui intima t-elle en l’incitant d’une main à s’allonger contre le dossier et en replaçant de l’autre les perfusions colorées suspendues à côté de son lit. Vous avez fait plusieurs crises, vous n’êtes pas en état de gambader dans l’hôpital. Dans quelques minutes, le Dr Kavanagh viendra vous emmener pour faire quelques examens. »

Ah. Leonard détestait toujours autant entendre le nom de son oncomage, qui était pourtant une femme charmante, mais qui prédisait toujours de mauvaises nouvelles. Inquiet, contrarié, il protesta aussitôt :

« Pourquoi des examens ? Vous disiez que c’était le surmenage qui a causé ces convulsions…
-J’ai dit que c’était une option possible. Il est possible également que ce soit votre tumeur qui ait grossi, dans le doute, nous devons vérifier. »

Evidemment. Les dernières quarante-huit heures de sa vie n’avaient pas été assez pénibles. Il fallait en plus qu’il reçoive potentiellement la nouvelle que sa tumeur s’était aggravée, que son espérance de vie passait de trois ans à trois mois et que rien n’allait dans ce bas-monde. Sans chercher à défier de nouveau l’autorité médicale, Lenny se rallongea dans son lit avec un soupir épuisé, tandis que ses derniers souvenirs défilaient devant ses yeux. Eiluned pétrifiée dans une ruelle sombre de Leopoldgrad, la brûlure rougeoyante sur sa hanche, Eiluned endormie dans ses bras, le visage furieux d’Avalon, l’attente insupportable avant l'interpellation de l’agresseur, son sourire indolent alors que Leonard lui hurlait dessus, puis la rage démesurée qui l’avait pris, le son sourd de ses poings qui s’entrechoquaient contre sa mâchoire, le rouge sombre partout, volant en éclats… Leonard ferma brièvement les yeux, le coeur serré. Quand il les rouvrit, ses mains étaient dans son champ de vision et il les observa, de longues secondes. Sa peau sur la jointure osseuse à la base de ses doigts était rougie. Sa main dominante, la gauche, se trouvait particulièrement amochée, il sentait ses articulations douloureuses, sa peau éraflée à certains endroits. Il avait frappé si fort qu’il s’était fait mal lui-même. Honteux, Leonard détourna son regard de cette main qui avait battu un homme presque à mort, sous un accès de folie dont il était incapable de savoir jusqu’où il l’aurait mené, si son corps n’avait pas été pris de faiblesse…

Il n’allait pas bien. Vraiment, rien n’allait. Sa vie partait en miettes, il essuyait traumatisme sur traumatisme, entre la disparition brutale de sa soeur une année plus tôt, l’annonce de sa maladie incurable et maintenant, cette agression dont Eiluned avait été victime puis cet interrogatoire où il avait clairement dépassé les limites professionnelles en tabassant un prisonnier sous sa responsabilité. Leonard prenait conscience et mesure de toute la colère, la douleur, l’angoisse et les craintes qui s’étaient logées au fond de lui et avaient explosé au détour d’un énième événement dramatique de sa vie. Ce sentiment rageant et terrible de ne plus avoir de contrôle sur rien du tout se cristallisait dans la menace sur sa propre vie dont il était lui-même victime, depuis qu’il avait su que ses jours étaient comptés et peu nombreux.

Il n’avait plus de contrôle sur rien, puis soudain, pendant un bref instant, il avait eu un peu de pouvoir face à une situation injuste. Pendant quelques minutes, Declan Doherty avait été un responsable tangible, un nom qu’il pouvait poser et accuser d’une partie de ses maux, à l’inverse de sa maladie qu'il ne pouvait imputer à personne ou des événements qui avaient conduit sa soeur à les quitter. Il avait eu ce responsable entre les mains et tout son être l’avait poussé à se défouler dessus. Il n’en était pas fier. Quand bien même ce délinquant méritait un châtiment exemplaire pour ce qu’il avait fait à Eiluned, Leonard n’était pas fier de cette folie qui l’avait saisi, car il avait été trop loin et cela trahissait un état chez lui qui l’inquiétait énormément.

Il savait depuis quelques mois maintenant qu’il ne pouvait plus vraiment faire confiance en son corps, en revanche il pensait pouvoir encore compter sur sa santé mentale. Maintenant, il en doutait et cette prise de recul était terrible. Il se sentait profondément inquiet pour l’état de son corps également, car c’était la première fois qu’il se retrouvait pris de convulsions de ce genre. Il avait attendu en compagnie de ses parents et de son frère les résultats d’analyse du laboratoire des multiples tests qui avaient ponctué sa journée, avec une peur au ventre qui s’était accentuée quand le Dr Kavanagh avait enfin frappé à la porte de sa chambre, en fin de journée :

« Leonard, c’est de nouveau moi. Oh, bonjour à tous, déclara t-elle à l’adresse des parents Wellington et d’Ulysse qui entouraient le lit du jeune homme. J’ai les résultats du laboratoire, annonça t-elle sans plus tarder, en agitant le dossier qu’elle tenait. Je commence par la grande bonne nouvelle, ta tumeur est restée stable par rapport aux derniers examens que nous avons fait le mois dernier.
-Oh Merlin, merci ! s’exclama Scarlett, qui semblait littéralement avoir retenu sa respiration. Y a t-il une mauvaise nouvelle ?
-Eh bien… Votre fils se surmène beaucoup trop. Elle planta son regard dans celui du jeune milicien, un regard d’avertissement. Leonard, tes analyses sanguines révèlent plusieurs carences qui ont pu provoquer un état de faiblesse chez toi. Ceci, ajouté à ton rythme de travail tout à fait déraisonnable, a pu causé cette épilepsie. Alors je te mets à l’arrêt total pendant une semaine, j’en ai déjà informé ton employeur. Et j’insiste pour que tu utilises ce temps à réfléchir à toutes les sources de stress dans ta vie et que tu travailles à les éliminer une à une. Je le dis dans ton intérêt… insista t-elle, avec une certaine inquiétude dans le regard. Tu n’es pas un patient comme les autres, il faut que tu te ménages. »

Toutes les sources de stress… Cette formulation resta dans la tête de Leonard, qui ne livra rien de ses pensées à ses parents alors qu'ils insistaient pour savoir ce qui se passait dans sa vie pour le mettre dans cet état. Il échangea un bref regard avec Ulysse, qui était déjà un peu plus au courant des récents événements de sa vie, même s'il ne lui avait pas encore dit pour l’agression d’Eiluned. Oui, il voulait bien admettre qu’entre ce dernier événement traumatisant, les soirées qu'il passait à éplucher des dossiers sur l’enquête pour Octavia, le temps qu'il consacrait à son travail pour se permettre de penser à autre chose que sa rupture avec Eiluned, les états émotionnels violents que lui apportait cette séparation et dont Ulysse avait été témoin… Il y avait de quoi péter un câble, littéralement.

Au moment où sa famille allait le quitter, Leonard demanda à son frère de lui rapporter son Pear One, qu’il n’avait pas retrouvé dans ses affaires et qui avait du rester dans les bureaux de la Milice. Avant de se livrer au repos total que lui prescrivait sa médicomage, il fallait vraiment qu'il contacte Eiluned au sujet de l’enquête, elle avait dû n’avoir aucune nouvelle depuis la veille et se sentir très inquiète. Il ne pouvait pas lui parler de l’endroit où il se trouvait mais il fallait au moins qu’il lui dise que son agresseur avait été retrouvé et placé en prison.

Leonard attendit donc vingt minutes, puis quarante, puis une heure. Bientôt, la fin des visites arriva et il pesta à l’idée qu'il n’aurait pas son Pear One avant le lendemain. On avait placé sa baguette à l’écart, car repos total signifiait pas de magie. Probablement qu’il se serait fait assassiné par les infirmières s'il avait tenté de lancer un Patronus dans son état. Il commençait donc à se résigner et occuper son attention dans la lecture de la copie de ses analyses que le Dr Kavanagh avait laissée sur sa table, quand l’objet dont il cherchait justement à détourner ses pensées se présenta à sa porte.

Si elles avaient su, les infirmières l’auraient réprimandé pour la violente embardée que fit son coeur en voyant Eiluned s’approcher de lui, mais il ne put guère s’en empêcher. Lili, dans sa chambre d’hôpital. Dans le service d’oncologie. Vraiment il n’y avait pas besoin d’être médicomage pour tirer les bonnes conclusions, et pas de chance pour lui, elle l’était, alors il ne put s’illusionner davantage en l’entendant déclarer qu’Ulysse lui avait tout dit. Elle savait.

« Lili… »

Les mots se perdaient totalement dans sa gorge, il ne savait pas du tout quoi dire, choqué de la voir à cet instant où il ne l’attendait pas du tout. L’expression indescriptible sur le visage d’Eiluned l’empêchait de penser, il balbutia dans le plus grand désordre, le coeur affolé :

« Je… Qu’est-ce que… Qu’est-ce qu’il t’a dit exactement ? »

Peut-être valait-il mieux commencer par là.


Leonard Wellington

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Eiluned Wellington
Eiluned WellingtonMédicomage
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Les paradis perdus [Eiluned & Leonard] Icon_minitimeLun 3 Aoû 2020 - 18:42
Eiluned fréquentait l’hôpital magique quasiment quotidiennement depuis cinq ans maintenant. Elle y connaissait tous les recoins, savait se repérer sans même jeter un coup d’œil aux plans affichés un peu partout. Elle était au fait de pleins de détails, repérables uniquement pour ceux qui passaient autant de temps ici que chez eux : les sandwichs de la cafétéria étaient immondes les mardi mais étonnement bons les jeudi, la machine à café du troisième étage ne fonctionnait que si on appuyait d’abord sur la touche « 0 », les toilettes du premier étaient les plus propres de tout l’hôpital parce qu’une pancarte les affichait faussement en panne depuis plusieurs années maintenant, et, un dimanche sur deux (sauf pendant les vacances pâques) il y avait des viennoiseries dans la salle de pause des infirmières du cinquième étage, en neurologie. Eiluned vivait entre ces murs et s’était habituée au fonctionnement de l’hôpital, elle ne luttait même plus contre les longueurs administratives parce qu’elle savait pertinemment que cela poussait Jean à remiser leurs requêtes encore plus bas dans l’ordre de ses priorités.

Elle s’était faite à l’agitation des urgences, au calme seulement apparent des services de réanimation situés au sous-sol, à l’ambiance aussi lourde que douce des soins palliatifs, et à l’effervescence qui régnait toujours dans les blocs chirurgicaux. Elle avait appris à faire confiance aux infirmiers et à croire les éléments rapportes par les aides-soignants qui étaient au plus proche des patients. Eiluned s’était intégrée dans le monde hospitalier… Parmi les soignants.

Elle n’avait jamais été de l’autre côté de la barrière, de celui du patient. Ses grands-parents, ses parents, ses frères et ses sœurs, tous étaient relativement en bonne santé. Il y avait bien eu quelques bras cassés au fil des années, des chevilles foulées, et une visite aux urgences quand Gawain avait fait une chute de plusieurs mètres lors d’une partie de Quidditch, mais jamais rien qui n’avait pas pu être réglé avec une potion ou un sortilège. Son grand-père était décédé quelques années auparavant, mais il s’était éteint d’une crise cardiaque dans son sommeil à l’âge de quatre-vingt-dix ans. Il y avait bien sa maladie, diagnostiquée à l’âge de seize ans, mais ce n’était pas tout à fait la même chose. Son trouble alimentaire était silencieux, invisible, de l’ordre des pathologies mentales qu’on ne pouvait pas diagnostiquer avec des examens et des analyses biologiques. Et, si cette maladie était présente dans son quotidien, elle ne réduisait pas drastiquement son espérance de vie.

En somme, par son métier, Eiluned était celle qui annonçait les mauvaises nouvelles aux autres, pas celle qui les recevait. Face à Leonard et son air confus, elle se sentait complètement désemparée, perdue. Son regard glissa brièvement jusqu’au papier qu’il avait entre les mains et, de loin, elle identifia le logo de l’hôpital. Des résultats d’analyse, probablement, dont elle ne pouvait pas lire les conclusions depuis l’endroit où elle se trouvait. Les quelques révélations que lui avait fait Ulysse un peu plus tôt lui avaient glacé le sang, parce qu’elle n’avait pas tardé à mettre en lien ces éléments avec les connaissances qu’elle avait déjà en oncologie.

« Tout. » répéta-t-elle alors en accrochant le regard de Leonard. « Le cancer. L’espérance de vie que t’ont donnée les médecins. »

Une tumeur au cerveau. Trois ans. Elle n’avait cessé de se répéter ces quelques mots sur tout le temps qu’avait duré son trajet depuis son domicile jusqu’à l’hôpital. Elle avait une idée assez précise du diagnostic qui avait été fait à Leonard, parce que peu de cancers étaient suffisamment agressifs pour que les médicomages s’osent à annoncer directement à leurs patients le temps qu’il leur restait à vivre, sans avoir tenté un traitement au préalable.

Leonard allait mourir, et cette vérité était insupportable.

Insupportable parce qu’elle ne laissait aucune place à une quelconque once d’espoir. Insupportable parce qu’elle n’avait jamais imaginé sa vie sans lui – même alors qu’ils étaient séparés depuis janvier. Insupportable parce que Leonard était son âme-sœur, sa moitié, et qu’elle ne savait pas comment elle pouvait perdre une part d’elle-même. Elle l’observait, allongé dans son lit d’hôpital, et ne parvenait pas à masquer l’horreur que la situation lui inspirait ; elle avait d’ailleurs cette curieuse sensation de vivre dans un cauchemar.

Mais, à ce désespoir immense qui la prenait aux tripes était aussi couplé un sentiment d’urgence, comme si elle prenait brutalement conscience que les secondes qui s’écoulaient les menaient vers une fin inéluctable. Elle ne fit cependant pas un seul geste vers lui, se contentant de ne pas le lâcher du regard. Car avec ce sentiment d’urgence, justement, était arrivée une profonde colère, qui se lisait dans le fond de son regard, sans pour autant remplacer cette lueur d’inquiétude qui y brillait aussi.

« Alors c’était ça, ton idée brillante ? » lança-t-elle sur un ton de reproche. « Me briser le cœur en pensant que j’allais t’oublier ? Que j’allais refaire ma vie ? Que dans trois ans, quand j’aurais appris ta mort, elle ne m’aurait pas affectée ? »



Eiluned Wellington


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Les paradis perdus [Eiluned & Leonard] Icon_minitimeLun 3 Aoû 2020 - 22:17
La réponse d’Eiluned fit tomber une pierre dans l’estomac de son ex-compagnon, qui ne put soutenir davantage son regard où brillait tout le désespoir que lui inspirait cette tragique nouvelle. Elle savait tout. Elle savait tout ce qu’il avait essayé de lui cacher ces deux derniers mois. Tous ces efforts, tous ses sacrifices, tout son plan s’écroulait en quelques secondes par ces révélations qu’elle avait reçues, révélant la grande fragilité de ce mensonge que Leonard avait essayé de construire. Cette réalisation fut brutale, violente, difficile à avaler pour Leonard qui encaissait déjà ces derniers jours des coups durs. Sur son lit d’hôpital, faible, désarmé, perdu, il était plus fragile que jamais et Eiluned venait le trouver exactement à ce moment-là.

Elle avait des questions, évidemment. Toutes les questions qu’elle lui avait déjà posées par les lettres ou lors de cette fameuse soirée d’anniversaire où ils s’étaient recroisés. Mais elle en avait d’autres en plus, celles qu’elle ne pouvait se poser qu’en connaissant la vérité. « Comment as-tu pu faire une chose pareille ? », « Comment as-tu pu croire que j’allais refaire ma vie et t’oublier après ta mort ? ». Elle ne tarda pas à les poser, jouant une scène que Leonard s’était déjà jouée maintes et maintes fois dans sa tête, avant de prendre sa décision de rupture, puis après, chaque jour de sa vie. Il n’avait cessé de penser à ce qu’Eiluned dirait si elle apprenait un jour, tout comme il n’avait cessé de penser à ce qu'il lui répondrait.

Pourtant, malgré toute la préparation mentale qu’il avait pu faire, vivre cette réalité lui serrait le coeur et l’estomac à la fois, il plongea la tête dans ses mains, incapable de masquer combien cette situation l’horrifiait. Quand il retira ses mains, pourtant, une étonnante résolution brillait dans son regard, car son premier réflexe était de poursuivre ce qu'il avait commencé, plutôt que céder au manque et se précipiter dans ses bras, comme il avait plusieurs fois pensé à le faire ces derniers jours. Il livra enfin à Eiluned des morceaux de la vérité qu’il lui avait cachée et qu’elle avait tellement réclamée :

« Tu aurais refais ta vie, justement. Et tu aurais eu quelqu’un d’autre à tes côtés pour le supporter. »

En tout cas, c’était ce qu’il avait souhaité pour elle. Se séparer d’elle nettement, brutalement, la laisser tourner la page de leur histoire pour se tourner vers une autre qui avait des chances de se concrétiser véritablement, plutôt que de marcher lentement vers la fin programmée et inéluctable de leur relation. L’idée que sa vie avec Eiluned, qu’il avait toujours imaginée infinie et heureuse pendant de longues années jusqu’à une vieillesse partagée puis une mort naturelle, puisse prendre un brusque virage et les conduire vers une impasse lui était insupportable. Quel était le sens à foncer dans un mur qu’on voyait arriver, des kilomètres plus loin ? Depuis l’annonce du médecin, Leonard ne voyait plus son avenir avec les espoirs et les rêves qu’il avait pu nourrir auparavant. Il le voyait comme une route noire, toujours de plus en plus incertaine au fur et mesure qu'il avançait dans cette obscurité épaisse qui lui masquait la réelle fin de cette voie, car elle pouvait tout aussi bien s’arrêter dans quelques mois que quelques brèves années. Il voit une route de plus en plus difficile, de plus en plus pentue, qu’il achèverait dans la souffrance, avec un corps qui ne lui répondait plus comme il le souhaitait, jusqu'à ce qu'il ne puisse plus du tout avancer, car c'était la réalité des personnes atteintes de sa maladie. Peut-être d'ailleurs que cette voie n'avait pas de fin, au fond. Peut-être qu'elle s'arrêtait simplement une fois que son corps affaibli par les obstacles ne pouvait plus le porter plus loin.

S’il avait pu concevoir qu’il avait au contraire de courtes mais de belles années à vivre devant lui, évidemment qu’il aurait voulu les partager avec sa meilleure amie et l’amour de sa vie. Mais ce n’était pas cet avenir-là qui se profilait devant ses yeux et s’imposait dans son esprit. Leonard avait toujours eu tendance à focaliser sur les aspects négatifs. Son cerveau ne faisait que répéter en boucle les cas de figure les plus pessimistes et si cela l’aidait à se préparer au pire dans des situations difficiles, cela pouvait également le conduire à nourrir ses pires angoisses. Il avait tourné et retourné cette situation dans sa tête et il était parvenu à la conclusion qu’ils n’étaient pas obligés d’emprunter cette impasse à deux. Que si lui était condamné à marcher le long de cette voie, Eiluned n’était pas obligée de l’y suivre. Oui, s'il l’écartait de sa vie, elle en souffrirait, mais elle finirait par s’en remettre et c’était mieux sur le long terme pour elle.

Au fond, ce n’était pas le seul point qui l’avait poussé à prendre cette décision, d’autres craintes, beaucoup plus personnelles et enfouies en lui, avaient participé. Mais c’était relativement plus facile d’admettre qu’il l’avait fait pour elle, alors ce fut la seule explication qu'il lui donna, la voix tremblante face à elle mais le regard décidé :

« Tu es jeune, tu démarres vraiment ta vie d’adulte… Ça n’a aucun sens de gaspiller ton temps avec un condamné à mort. Si je t’avais dit que j’étais malade, tu aurais voulu rester quand même et je… Je ne veux pas de ça. Je ne veux pas que tu… comptes les jours jusqu’à ce que je finisse par partir, que tu meures d’inquiétude à chaque fois que quelque chose m’arrive parce que c’est peut-être le signe que ça y est, mon heure est venue. Je ne veux pas que tu sacrifies des choses dans ta vie pour te consacrer à m’accompagner moi, que notre relation de couple devienne une… une espèce de duo entre un malade et son infirmière. Je vois déjà ma mère s’arrêter de vivre parce qu’elle sait que mes jours sont comptés et je… Je ne veux pas » répéta t-il dans un souffle, alors que sa gorge serrée l’empêchait d’aller loin.


Leonard Wellington

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Eiluned Wellington
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Les paradis perdus [Eiluned & Leonard] Icon_minitimeMar 4 Aoû 2020 - 2:01
« Pardon ? » fit Eiluned en fronçant les sourcils. « Tu n’es pas sérieux j’espère ? »

Envisager la mort de Leonard lui était tout bonnement insupportable et elle ne parvenait pas à imaginer une situation où cette nouvelle ne l’aurait pas plongé dans un profond désespoir, semblable à celui avec lequel elle se débattait depuis les révélations d’Ulysse sur l’état de santé de son frère. Mais le pire, c’était de songer que Leonard aurait pu mourir sans qu’elle n’en sache rien, sans même qu’elle ait la possibilité de dire adieu à l’amour de sa vie, qui était présent dans son quotidien depuis près de vingt ans. Vingt ans. Leonard nourrissait l’espoir qu’elle ait refait sa vie pendant les trois années qu’aurait duré ce mensonge imposé, mais par Merlin, comment aurait-elle pu faire le deuil d’une relation qui avait duré vingt ans ? Surtout dans de telles conditions ? Eiluned le savait, au fond d’elle, qu’elle n’aurait jamais pu passer à autre chose. Qu’elle aurait passé ces années à se demander pourquoi, à chercher des réponses dans les mots vides de sens de Leonard. Elle aurait passé trois ans à espérer son retour, et Leonard serait mort.

Cette idée lui tira un long frisson qui lui parcourut l’échine. Quoique puisse imaginer son ex-compagnon, elle ne l’aurait pas supporté. Comment survivait-on à la perte de son âme-sœur ? A la disparition de la personne la plus importante de vie ? Eiluned avait eu un avant-goût de cela durant leur rupture, et cette douleur l’avait littéralement assommé. Oui, mais ce qui l’avait véritablement rendu folle, c’était de ne pas savoir, de ne pas comprendre pourquoi Leonard était parti. Elle pouvait imaginer le désespoir qui la saisirait lorsqu’il serait emporté par la maladie, mais au moins aurait-elle eu le temps de s’y préparer, de lui dire tout ce qu’elle avait toujours voulu lui exprimer pour nourrir le moins de regrets possibles au moment de sa mort.

Elle ne comprenait pas que Leonard n’ait pas eu la même réflexion qu’elle. Elle le laissa s’expliquer, bouillonnant intérieurement contre décision qu’il avait prise pour elle, sans lui laisser le choix de réagir ou non à cette annonce. Elle secoua la tête à plusieurs reprises, comme pour refuser les propos qu’il tenait et s’avança jusqu’au bout de son lit où elle posa ses mains sur la barrière.

« Mais tu n’avais pas à prendre cette décision pour moi ! » lança-t-elle alors. Elle avait senti son cœur se serrer face à sa voix tremblante, mais la détermination qu’elle lisait dans son regard l’indignait sérieusement. « Evidemment que je serais restée avec toi quand même, Leonard ! Mais pas pour une question de pitié, simplement parce que je t’aime ! » Elle l’observa un instant, incrédule. « Par Merlin mais à quel moment de notre relation tu as commencé à me voir comme une enfant qu’il fallait protéger de la vie, au juste ? »

Eiluned savait qu’elle n’était pas la femme la plus courageuse de son entourage et les évènements d’hier – particulièrement traumatisants – le prouvaient. Mais elle n’était pas non plus cette petite chose fragile qu’elle décelait dans les paroles de Leonard, incapable de surmonter la moindre épreuve et pour qui il fallait tout décider. Elle se battait contre sa maladie tous les jours, elle avait porté Leonard à bout de bras pendant les mois qui avaient suivi la mort de sa petite-sœur, et, par Merlin, elle était médicomage, elle vivait quotidiennement les drames et les annonces tragiques qui se jouaient dans cet hôpital.

« On ne doit pas vécu la même chose, pendant ces vingt dernières années, pour que tu puisses imaginer que j’aurais été capable de refaire ma vie comme ça. » le provoqua Eiluned en vrillant un regard douloureux mais ô combien décidé dans celui de son ex-compagnon. « Par Merlin mais tu te rends compte que ce que tu m’as écrit ? Que tu regrettais notre relation ? »

Ils avaient tout vécu ensemble. Elle partageait la plupart de ses souvenirs avec lui, depuis sa plus tendre enfance. Des jeux qui les avaient tenu en haleine pendant plusieurs heures, des soirées passées à imaginer des plans pour échapper à la surveillance de leurs parents et se faufiler à l’extérieur, des fous rires si nombreux qu’elle n’aurait jamais pu les compter, de nombreux repas qui avaient rassemblé leurs deux familles, des moments de tendresse lorsqu’enfin ils s’étaient avoués leurs sentiments, des nuits d’amour, des vacances ensoleillées et des hivers glacials, des traditions auxquelles ils étaient fidèles. Des promesses.

Les mots que Leonard lui avait adressés, deux mois plus tôt, lui avaient déchiré le cœur, mais ne l’avaient pas conduit à s’éloigner pour autant. Parce que cette réalité dont il lui faisait part dans sa lettre était tellement éloignée de la sienne qu’elle ne pouvait pas la concevoir. « L’écart est trop grand », lui avait-elle répondu, « trop insupportable. » Alors elle avait cherché à comprendre, elle l’avait même supplié de lui répondre, de lui parler. Elle l’avait appelé des centaines de fois, et s’était simplement heurtée à son silence buté, douloureux.

« Si tu veux me quitter, aies au moins le cran de me dire « Lili, je suis malade et je te quitte parce que je ne veux pas passer les trois prochaines années avec toi. » Mais ne t’avise même pas de me faire croire que c’est le mieux pour moi, parce que ça, c’est à moi d’en décider. »

Eiluned soutenait son regard, les traits peints d’une assurance qu’on ne lui connaissait que rarement. Son ton était calme, décidé, comme si elle défiait d’assumer pleinement, face à elle, la décision qu’il avait prise dans son dos en janvier.



Eiluned Wellington


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Les paradis perdus [Eiluned & Leonard] Icon_minitimeMar 4 Aoû 2020 - 11:35
« Je ne te vois pas comme ça ! » protesta t-il aussitôt, comme un réflexe, alors qu’Eiluned l’accusait de l’avoir traitée comme une enfant.

C’était pourtant ce que les faits laissaient croire. Il avait effectivement pris une décision à sa place, comme il le faisait souvent dans une situation de crise, avec Eiluned ou de façon générale, avec n’importe qui qu’il aimait. Leonard le faisait, poussé par un instinct de protection et une affligeante manière de se sentir responsable des gens qu’il voyait souffrir, sans vouloir admettre que ce comportement était exactement celui d’un parent avec son enfant trop petit et inconscient pour prendre les décisions qui allaient dans son intérêt. Face à Eiluned, il niait en bloc et renchérissait :

« Je sais très bien que tu serais restée et c’est pour ça que je suis parti ! J’allais pas t’entraîner dans un enfer avec moi ! »

Il ne pouvait pas s’y résoudre, en tout cas. Il eut un coup au coeur en l’écoutant revenir sur une partie de sa lettre, une terrible partie, sans doute le morceau qu’il assumait le moins d’avoir écrit, car il en mesurait très bien la cruauté. Le plus terrible était qu’il l’avait couchée sur le papier malgré tout, et même, à escient, en cherchant précisément à la blesser, ce qu’il avoua à demi-mot :

« Je voulais que tu sois en colère contre moi… »

Eh bien, elle l’était, de toute évidence, cela se lisait dans son expression et si Leonard avait effectivement cherché sciemment à provoquer cette colère, pensant que si Eiluned lui en voulait, elle passerait plus rapidement à autre chose, c’était une autre paire de manches de la voir luire dans le regard qu’elle posait sur lui. Ce regard chargé de lourdes accusations fragilisa la détermination dont Leonard avait fait preuve et il baissa la tête, touché. Il avait sérieusement douté de cette décision qu’il avait prise le soir où ils s’étaient revus, à la soirée d’anniversaire de leur amie, et qu’il l’avait trouvée en larmes, en proie avec un désespoir qu’il n’avait jamais vu chez elle. Entre écrire une lettre puis s’en aller lâchement d’un côté et voir les conséquences réelles de son action de l’autre, c’était un tout autre degré d’implication et de culpabilité, que Leonard s’était pris de plein fouet ce fameux soir. Cette violente claque l’avait profondément ébranlé et c’était exactement ce qu’il avait cherché à éviter en passant par la voie écrite, lâche mais plus sûre. S’il avait dit la vérité à Lili, il n’aurait jamais pu tenir sa résolution de la quitter, en la voyant le supplier de rester. Il n’aurait pas eu le courage de tourner les talons or il voulait absolument le faire. Cet urgent besoin de fuir lui avait paru vital en janvier, quand il avait reçu l’annonce de sa mort imminente. A nouveau, ce besoin se manifesta violemment face à Eiluned qui le défiait d’assumer sa décision. Leonard explosa, se surprenant lui-même à crier brusquement, tous les membres de son corps tendus :

« Mais quoi, qu’est-ce qui est le mieux pour toi alors ?! Me voir lentement devenir un légume ? Me voir changer jour après jour, oublier des choses que j’ai vécues avec toi, parce que je ne serai plus capable de m’en souvenir ? Me pousser dans un fauteuil roulant quand ça sera mon seul moyen de déplacement ? Être là à me donner la becquée quand je ne pourrai plus le faire tout seul ? C’est ça que tu veux, c’est ça que tu te vois faire dans quelques temps ? Passer ta vie avec une épée de Damoclès suspendue au-dessus de ta tête, à craindre à chaque réveil que je me sois envolé dans la nuit ?! Trois ans, c’est tout ce qu’il me reste à vivre, et ça c’est dans le meilleur des cas ! Ça pourrait très bien être trois mois, pour ce qu’on en sait ! Je… Je vais… »

Le regard d’Eiluned sur lui était comme une brûlure qu’il ne pouvait supporter alors il baissa les yeux, le reste de sa phrase s’étrangla dans sa gorge. Ce n’était pas elle, la faible enfant qu’il fallait protéger des épreuves de la vie. Au fond, c’était lui qui était faible et ne voulait pas lire la souffrance et l’inquiétude qu’il causait dans le regard de ses proches. C’était lui qui ne pouvait pas supporter cette souffrance-là. Parce qu’il la portait comme son fardeau personnel mais aussi parce que cela lui renvoyait une image de lui-même qu’il ne pouvait pas accepter. Il craignait plus que tout de se voir devenir dans le regard d’Eiluned un homme différent de la personne qu’elle avait aimé toute sa vie, un homme faible, impotent, réduit à accepter la déchéance inéluctable de son propre corps. Ce futur qu’il décrivait était ce qui attendait tôt ou tard une personne atteinte de sa maladie. Le dire avec des mots était déjà une violence qui lui arrachait le coeur. Mais la vision qu’il en avait quand il fermait les yeux, elle, était tout bonnement insupportable. Cette idée de sa propre mort, et du miroir de cette mort que lui renverrait la personne qu’il estimait le plus au monde en l’accompagnant chaque jour, soulevaient chez lui des tempêtes d’angoisse qu’il était incapable de maîtriser. Leonard fixait de son regard effaré ses mains meurtries posées sur ses jambes, tandis que sa respiration se faisait saccadée, sifflante. Les larmes lui brûlèrent les yeux quand il acheva, de sa voix étouffée :

« Je vais mourir, Lili. Je… »

Il avait pensé que mourir dans son coin serait moins difficile que mourir en compagnie d’une femme qui allait le voir partir un peu plus chaque jour et avec qui il ne pourrait jamais faire tout ce qu’il avait rêvé de faire. Cette affolante course contre la montre lui paraissait encore plus difficile à vivre à deux, parce qu’il craignait que derrière chaque nouveau joli moment passé avec elle ne se cache le regret et la peur que c’était peut-être le dernier. Alors il avait fui pour s’en préserver, c'était l'inavouable vérité. Il répéta, en cachant son visage dans ses mains, pris de sanglots qui le faisaient trembler :

« Je vais mourir. »

Et cette effroyable réalisation était la plus grande terreur qu’il n’avait jamais éprouvée de sa vie.


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Les paradis perdus [Eiluned & Leonard] Icon_minitimeMar 4 Aoû 2020 - 13:29
« Je n’étais pas seulement en colère, Leonard ! » éclata Eiluned. « J’ai passé deux mois à essayer de comprendre pourquoi tu m’avais quitté, ce que j’avais bien pu faire pour que tu vides notre appartement du jour au lendemain, sans prendre la peine de répondre à un seul de mes messages ! »

Parmi tous les sentiments qui avaient tempêté en elle et dont la colère faisait effectivement partie, c’était l’incompréhension qui l’avait fait particulièrement souffrir. Elle avait passé des nuits entières à se repasser leurs derniers mois pour déceler ce détail qu’elle n’avait pas pu voir sur le moment et aurait déclenché la fin de leur histoire. Elle avait cherché, pendant des heures, la raison qui aurait pu éloigner Leonard d’elle et le conduire à lui laisser une simple lettre en guise de rupture. Elle s’était rapidement aperçue que quelque chose clochait, que les mots employés par Leonard sonnaient faux, creux, comme si une vérité plus grande se dissimulaient derrière eux. Cette idée s’était confirmée lorsqu’ils s’étaient revus, un mois plus tard, à la soirée d’anniversaire de Mary, et à nouveau deux jours plus tôt, lorsqu’ils avaient passé une nuit ensemble. Eiluned avait senti à plusieurs reprises qu’elle effleurait la vérité du bout des doigts, et pourtant, maintenant qu’elle lui faisait face, elle se rendait compte que rien n’aurait jamais pu la préparer à recevoir cette terrible nouvelle.

Leonard allait mourir. Dans trois ans, au meilleur des cas, et Eiluned était suffisamment informée sur le sujet pour savoir que l’espoir, après cette annonce, n’était plus permis. Qu’elle aurait beau prier tous les dieux et tous les saints, ceux-ci ne pourraient pas lui accorder un jour de plus sur Terre. Il n’y avait rien à faire, à part accepter cette fin injuste, qui mettait fin à une vie qu’elle aurait aimé voir de toutes ses forces, de tout son cœur et de toute son âme, se prolonger pendant des très longues années. Cette constatation – cette acceptation, même – lui fit l’effet d’un violent coup à l’estomac qui lui coupa le souffle et la laissa silencieuse, son regard ne quittant pas celui de Leonard.

Elle aurait voulu avoir tellement plus. Des dizaines d’années de bonheur à ses côtés. Des projets complètement fous à réaliser. Des vacances d’été sur des plages de sable fin et des vacances d’hiver à la montagne, où elle l’aurait tendrement observé empiler des couches de vêtements sur sa peau pour s’isoler du froid. Des longs repas familiaux à Godric’s Hollow, où ils se retrouveraient tous en fin de matinée et ne se quitteraient qu’à la fin de la journée, quand le soleil commencerait à baisser. Des enfants qui seraient venus partager leurs traditions et à qui ils auraient pu dévoiler la beauté du monde qui les entourait. Des longues journées où, fatigués de cette vie si riche qu’ils auraient menée, ils se seraient assis, l’un en face de l’autre, pour revivre à travers leurs paroles quelques souvenirs forts de leur jeunesse. Elle aurait voulu avoir tout cela ; et bien plus encore.

Mais le temps filait à une vitesse folle – déjà les secondes s’égrenaient sur le rythme de l’horloge fixée au-dessus de la porte, et bientôt Leonard ne serait plus là. Sa gorge et son estomac se serrèrent alors qu’elle le défiait de répéter, face à elle, la décision qu’il avait prise en janvier, sans même s’apercevoir sur son regard, lui, le suppliait de ne pas le faire. Le coup d’éclat de Leonard la figea sur place et la laissa abasourdie, réalisant une seconde plus tard qu’il lui fournissait malgré lui la clé manquante pour le comprendre.

« Je, je… » balbutia-t-elle d’abord, avant de considérer son ex-compagnon un instant. « Ce n’est pas moi qui ai peur de ça, Lenny. » lâcha-t-elle finalement dans un murmure.

C’était lui, qui était terrifié par cette fin inéluctable qui n’aurait jamais dû arriver aussi tôt, aussi vite. La terreur qu’elle ressentait à l’idée de le perdre était moindre à côté de celle qui habitait ses yeux et, brièvement, Eiluned maudit son égoïsme et sa dureté pour lui avoir reproché une décision qu’il avait prise dans un moment où, horrifié par cette sentence qui tombait comme un couperet, il avait cherché à garder un semblant de contrôle sur sa vie, et sur cette maladie qui finirait par l’emporter.

Les larmes qui coulèrent sur les joues de Leonard agirent comme un élément déclencheur chez la jeune femme qui, incapable de rester si loin une seconde supplémentaire, parcourut en quelques enjambées les mètres que la séparaient de lui.

« Oh, mon amour. » souffla-t-elle en l’attirant contre elle, alors qu’elle venait de s’asseoir à ses côtés. « Je sais. » lâcha-t-elle alors dans un nouveau murmure, parce qu’aucun mot ne pouvait apaiser cette effroyable vérité. « Je sais. »

Elle posa sa pommette contre le haut de son crâne alors que ses bras le maintenaient contre elle. Bientôt, ses propres larmes se mirent à dévaler ses joues, tombant dans les cheveux sombres de Leonard sans qu’elle ne cherche à les retenir. Ils restèrent un long moment dans cette étreinte, dodelinant doucement de l’avant vers l’arrière, sans que ni l’un ni l’autre n’ait eu véritablement conscience d’initier ce mouvement. Finalement, ce fut Eiluned qui se dégagea doucement, pour venir poser son front contre celui de Leonard. Elle accrocha son regard au sien. Son visage était baigné par ses larmes, ses yeux bleus paraissaient presque translucides sous cette tristesse, mais elle maintint ce contact et posa même la paume de main contre la joue de son ex-compagnon.

« C’est normal d’avoir peur. Et c’est normal de te sentir complètement dépassé par ta maladie. » Qui ne le serait pas, en apprenant un verdict si terrible ? « Je sais que tu as l’impression de ne rien pouvoir faire contre elle. » souffla-t-elle d’une voix douce. « Mais tu peux choisir de quelle manière tu veux passer tes dernières années. Tu n’es pas seul, Lenny, et tu n’as pas à l’être. » Sa gorge s’était serrée et sa voix n’était plus murmure. « Trois ans, c’est mille quatre-vingt quinze jours, et plus de vingt-six mille heures. Laisse-moi passer ce temps avec toi. »



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Les paradis perdus [Eiluned & Leonard] Icon_minitimeMar 4 Aoû 2020 - 16:00
Cet aveu de faiblesse qui s’arracha à lui et l’interprétation qu’Eiluned en donna, en pointant très justement la peur qu’il ressentait, firent craquer le jeune homme. Secoué par les larmes, il se sentit incapable de reprendre la parole, tandis qu’un véritable désespoir s’emparait de lui. Oui, il avait peur de ce qui l’attendait, il était terrifié. Il avait pris la fuite face à cet avenir avec elle qu’il ne voyait plus du tout aussi heureux qu’avant, mais entaché du rappel constant de cette maladie qu’il rejetait de toutes ses forces. Et qu’avait-il tiré de cette séparation ? Aucun bien. Jamais Leonard n’avait été aussi malheureux que sur ces deux derniers mois passés sans Eiluned. C’était aussi pour cela qu’il pleurait, elle lui manquait affreusement, il s’accrocha à son étreinte comme on s’accrochait à son dernier espoir de survie. Entre ses bras réconfortants et sécurisants, il laissa s’échapper toute la peine qu’il avait contenue pendant des mois, trouvant en lui des sanglots qu’il ne pensait même plus avoir. Dans les bras de son amour, il pouvait enfin s’arrêter de penser au pire et simplement se laisser bercer par ses mouvements, jusqu’à ce que son chagrin se tarisse, petit à petit.

La main d’Eiluned sur sa nuque, son front contre le sien, tous ces contacts lui faisaient un bien fou qui lui permit de se calmer, malgré l’expression tout chiffonnée qu’il affichait sur son visage quand elle se détacha de lui pour lui parler doucement. Elle lui répéta des mots qu’il avait déjà entendus de la part de son frère, de ses parents, quand ils avaient essayé de le dissuader de se séparer, des mots qui avaient un tout autre écho quand c’était elle qui les prononçait. Alors qu'il n’avait cessé de tenir tête à sa famille, il n’avait plus aucune envie de se battre face à elle, comme si cette étreinte l’avait vidé de toute son énergie. Maintenant qu’il se retrouvait de nouveau blotti contre elle, il se rendait compte qu’il ne savait même plus comment il avait pu penser un seul instant qu’il pourrait s’en passer. La présence d’Eiluned était vraiment vitale pour lui, elle était d’une partie de lui-même dont il avait essayé de se séparer en partant. Il nourrissait toujours plein de craintes sur leur avenir à deux, mais maintenant, il regrettait de s’être infligé un tel arrachement. Plus encore, il regrettait de le lui avoir infligé à elle.

« Ok, souffla t-il, en abandonnant tout forme de lutte contre elle ou contre lui-même. Ok… »

Il essuya de sa paume ses joues humides, puis son regard croisa ces yeux bleus dont il avait toujours été si amoureux. Leur fronts posés l’un contre l’autre, ils étaient déjà tout proches et Leonard n’eut qu’à faire un léger mouvement pour poser ses lèvres sur celles d'Eiluned. Toute sa tendresse, toute sa désolation se perçurent à travers ce baiser qu’il lui donna et qui s’éternisa de longues secondes. Elle lui avait profondément manqué, il prit mesure de l’immense trou en lui qu’à mesure que cette tendre étreinte permettait enfin de le combler. Quand il se sépara d’elle, il posa une main sur sa joue, troublé.

« Je suis désolé, Lili. Pardonne-moi, j’ai été… Je n’aurais pas dû. »

Il ne trouva pas les mots pour le dire mais Eiluned comprenait sans mal tout ce à quoi il faisait référence. Il regrettait les paroles terribles qu’il avait écrites pour la repousser loin de lui, il regrettait de ne pas avoir trouvé le courage de lui expliquer ce qu’il vivait. Il regrettait de lui avoir tourné le dos lors de cette soirée où elle lui avait supplié de ne pas la laisser. Il regrettait de n’avoir pas prolongé ce moment avec elle quand il avait passé une nuit à la consoler, deux jours plus tôt, et de ne pas lui avoir dit au moment de partir qu’il l’aimait toujours plus que tout.

Bientôt, ils se retrouvèrent tous les deux l’un contre l’autre, à partager son lit d’hôpital, la tête de Leonard posée contre la poitrine d’Eiluned qui caressait doucement ses cheveux. Ce calme réconfortant poussa le jeune homme à se confier vraiment cette fois, en révélant les craintes qui l’habitaient et qu'il espérait pouvoir surmonter avec elle :  

« Je sais qu’on a encore du temps mais… J’ai peur que ça soit trop différent, maintenant, qu’on n’arrive plus vraiment à profiter de notre vie à deux, à cause de… de tout ça. »


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Les paradis perdus [Eiluned & Leonard] Icon_minitimeMar 4 Aoû 2020 - 18:56
Le minuscule mot soufflé par Leonard déclencha chez Eiluned une tempête d’émotions, dont le soulagement et la tendresse étaient les principales. Le profond désespoir qui avait déferlé en elle était toujours là, bien évidemment, et rien n’aurait pu l’effacer, mais le regard qu’elle échangea avec Leonard parvint à l’apaiser un peu car, quoiqu’il advienne à partir d’aujourd’hui, ils seraient ensemble. Dans la santé comme dans la maladie disaient de célèbres vœux de mariage, qu’elle n’avait jamais trouvé aussi vrais et aussi sincère qu’à cet instant.

Aussi immobile que silencieuse, Eiluned accueillit les lèvres de Leonard sur les siennes, réalisant brusquement à quel point ce contact lui avait manqué. Elle répondit à son baiser avec douceur, tendresse, parce qu’elle voulait lui rappeler, à travers ce geste, que son amour pour lui était infini, et dépassait bien largement le concept de vie ou de mort pourtant imposé aux mortels. Elle fit glisser délicatement ses doigts dans ses cheveux, et savoura le contact de sa main contre sa joue lorsque finalement il se sépara d’elle.

Depuis janvier, elle avait toujours eu l’impression de vivre partiellement, à moitié, comme si elle n’était devenue que l’ombre de celle qu’elle était avant. Elle le savait pertinemment, et lui avait même dit un mois plus tôt : Leonard avait toujours été la plus belle partie de sa vie ; plus encore, il était une part d’elle-même. Sous son regard tendre, après ce baiser plein de promesses même incertaines, Eiluned se sentait revivre, se sentait redevenir entière. Alors, elle accueillit ses excuses avec un apaisement qu’elle n’avait pas connu depuis qu’il l’avait quitté.

« Je sais. » répéta-t-elle alors simplement, en lisant dans le regard de Leonard tous les regrets qu’il éprouvait. « Je te pardonne. » souffla-t-elle en posant doucement sa main sur son torse, à l’endroit où battait son cœur.

Eiluned et Leonard n’étaient jamais restés fâchés l’un contre l’autre plus de quelques heures, parce qu’ils avaient cette faculté à communiquer et à exprimer leurs sentiments – faculté que la jeune femme avait développé au contact de son petit-ami, elle qui était généralement très réservée sur ses sentiments. Elle s’était toujours étonnée de la facilité de leurs rapports, comme si chacun avait toujours su quel mot employer ; et, quand ceux-ci se révélaient finalement être blessants pour l’autre, ils avaient toujours réussi à trouver des excuses justes et apaisantes. Alors Eiluned se sépara définitivement de cette rancœur qui avait dévoré son cœur pendant deux mois. Elle la laissa partir, s’envoler, disparaître, sans chercher à la retenir, parce que les explications de Leonard avaient suffi à lui faire comprendre son état d’esprit, et parce que ce qu’elle avait lu dans ses yeux avaient permis de l’apaiser.

Leonard avait agi comme il le faisait toujours ; impulsivement, sous le coup d’une émotion trop forte. Elle l’avait souvent vu répéter le même schéma – pendant un temps, cela avait même été une plaisanterie entre eux, parce qu’elle voyait toujours la catastrophe arriver avant lui – mais elle n’avait jamais pu envisager que cela se retourne contre elle, contre eux. Il l’avait blessée autant qu’il souffrait lui-même de cette décision qu’il n’acceptait pas et qui le condamnait à mourir. Il l’avait repoussée autant parce qu’il ne supportait pas qu’elle le voit mourir que parce que l’idée de voir son corps faiblir jusqu’à ce qu’il disparaisse lui était terrifiante.

Allongée contre Leonard qui avait posé sa tête sur sa poitrine, Eiluned réfléchissait en silence en lui caressant doucement les cheveux. Ce moment de répit, de calme, après une tempête qui avait duré deux mois lui apparut comme un instant précieux dont elle apprécia la saveur.

« Ce n’est pas parce que les choses seront différentes qu’elles ne seront pas être belles. » fit remarquer Eiluned, pensive.

Elle voyait où voulait en venir Leonard, aussi garda-t-elle le silence encore quelques instants, parce que cette conversation était trop sérieuse, trop importante, pour qu’elle ne prenne pas la peine de peser ses mots. Il craignait que leur vie soit à jamais menacée par cette maladie contre laquelle ils ne pouvaient pas se battre. Que chaque moment soit terni par l’inquiétude et la peur ne pas pouvoir en avoir d’autres. Ils allaient devoir accepter qu’ils n’auraient jamais suffisamment de temps ensemble, et que les moments qu’ils leur restaient étaient bien trop peu nombreux pour leur suffire, réalisa Eiluned. Mais ils avaient le mérite d’exister, et c’était à eux de faire leur possible pour les rendre mémorables, si bien que, lorsque leur temps prendrait fin, ils puissent les contempler une dernière fois ensemble, le sourire aux lèvres de tout ce qu’ils auraient accompli.

« Jure-moi de me dire les choses, désormais. De me dire quand tu ne vas pas bien, quand tu te sens surmené, quand tu sens que quelque chose est différent… » fit-elle alors. « Et moi, en échange, je te jure de ne pas m’inquiéter à outrance. »

C’était un compromis fragile, mais qui leur garantissait une certaine tranquillité d’esprit, au moins dans les premiers temps.

« Regarde-moi. » lui intima-t-elle alors, en posant délicatement ses doigts sur son menton pour l’inciter à relever la tête et, lorsque cela fut le cas, elle accrocha son regard. « On ne passera pas ces trois années dans l’attente. » lui assura-t-elle avec une force qu’elle puisa dans des ressources insoupçonnées en elle, en eux. « Quoiqu’il arrive, on va faire tout ce qui est en notre pouvoir pour les rendre merveilleuses, je te le promets. » Elle caressa doucement sa joue du bout des doigts. « Ce seront les plus belles de notre vie. »

Et cela malgré la maladie, malgré cette fin inéluctable vers laquelle ils étaient obligés de se diriger. Ici, dans cette chambre d’hôpital aux murs immaculés, Eiluned en faisait la plus sincère promesse.



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Les paradis perdus [Eiluned & Leonard] Icon_minitimeMer 5 Aoû 2020 - 14:32
Le pardon d’Eiluned lui était très précieux, il logea ses paroles au fond de son coeur, pour en apaiser ses blessures et sa culpabilité. Il ne pourrait jamais lui dire combien il avait de la chance qu’elle soit là, à ses côtés, quoiqu’il arrive, même quand il agissait comme le plus grand crétin. Il voyait encore une fois s’opérer cette espèce de magie entre eux, celle qui permettait que quoiqu’ils fassent, ils ne restaient jamais séparés longtemps. Leonard ne savait plus quel être supérieur remercier pour avoir mis sur son chemin une femme aussi aimante, une femme qui le comblait et le complétait aussi parfaitement. Comme toujours, il avait pris une décision impulsive et brutale, poussé par ses émotions et il n’en tirait les leçons qu’une fois son action menée jusqu’au bout. Il n’en doutait plus, maintenant, il était réellement perdu sans elle, ces derniers mois lui avaient prouvé qu’il faisait n’importe quoi, qu’il devenait un autre homme, celui capable de tourner le dos à quelqu’un qu’il aimait ou de frapper violemment un prisonnier ligoté… Il masqua les frissons que lui inspiraient ces pensées dans la chaleur des bras d’Eiluned, dans lesquels il s’oublia pendant quelques minutes, profitant du calme qui s’était installé.

Puis, bientôt, le chemin incontrôlable de ses pensées revint à la charge. On pouvait presque entendre le cerveau de Leonard cogiter dans cette chambre d’hôpital silencieuse, si bien qu’il finit par s’ouvrir à sa partenaire. Le changement lui faisait peur. Il aurait aimé croire Eiluned qui lui disait que cela ne les empêcherait de passer de beaux moments, mais c’était plus fort que lui, ce bouleversement dans leur quotidien lui faisait craindre le pire. Pour l’instant, cela allait encore, il se sentait relativement maître de son corps. A part cette crise de convulsion qu’il avait eue la veille, des nausées fréquentes, sa vision qui se troublait quand il était fatigué, il ne vivait pas de symptômes marquants. Pas encore. Il savait que cela viendrait, dans un avenir relativement proche. Il avait passé de longues heures avec le Dr Kavanagh, à lui poser mille questions, à l’écouter lui décrire la manière dont il allait lentement, mais sûrement, devoir réduire ses activités et devenir plus dépendant de son entourage. Il appréhendait énormément ce futur où sa maladie deviendrait de plus en plus présente dans son quotidien et qu’il ne pourrait plus agir avec Eiluned comme il le faisait actuellement.

Consciente des craintes qui lui agitaient le coeur, elle lui proposa justement de se faire une promesse qui fit réfléchir Leonard. Il leva la tête, comme elle le lui demandait, ses yeux verts, perdus, inquiets, rencontrèrent ceux bleus de son amoureuse, qui semblait à cet instant plus forte et déterminée que jamais. Elle lui promit des années merveilleuses, avec une telle conviction qu’il était difficile de ne pas la croire, ou au moins, de ne pas essayer de toutes ses forces. A cet instant, Leonard sut ce qu’il avait failli perdre et qu’il retrouvait finalement : une véritable lumière dans sa vie, qui pouvait lui éclairer un peu ce chemin obscur qu’il avait tellement peur d’emprunter. Cette réalisation lui serra la gorge et le fit murmurer spontanément en posant une main sur la joue de Lili :

« Je ne sais pas ce que je ferais sans toi, Lili. Je t’aime tellement. »

Il n’avait même pas assez de mots pour le dire. Poussé par un élan, il se redressa et saisit son visage entre ses mains, pour s’emparer de ses lèvres dans un long baiser, plus appuyé que le précédent, où il tenta de transmettre tout l’amour qu’il ressentait pour elle. Ce contact fit naître une douce chaleur en lui qu’il pensait ne plus jamais retrouver et qu’il accueillit avec un véritable soulagement.

« Je te promets de te parler » assura t-il, entre deux baisers. « Je t’aime. »

Il ignorait s’il en était capable mais il ferait tout ce qu’il faut pour qu’elle soit heureuse, elle aussi, malgré le fait qu’il ne puisse pas passer sa vie à ses côtés. Il s’en fit l’intime promesse, en serrant Eiluned contre lui avec force. A nouveau, ils se retrouvèrent blottis l’un contre l’autre, plus apaisés, avant que Leonard ne brise encore le silence, retrouvant cette pointe d’humour qui le caractérisait, et surtout, ce surnom d’amour qu’il avait toujours eu pour elle :

« Lili chou ? J’ai raté très précisément soixante-trois jours de ta vie, énonça t-il car lui aussi était bon en calcul mental. Je veux tout savoir. »

Puisqu’ils essayaient de retrouver leur vie normale, commencer par ce qu’ils avaient toujours fait ensemble, comme se raconter toute leur vie, lui paraissait un bon point de départ.


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Les paradis perdus [Eiluned & Leonard] Icon_minitimeDim 9 Aoû 2020 - 23:43
Ses dernières paroles restèrent suspendues un instant dans les airs alors que, par son regard, elle témoignait à Leonard de la sincérité de ses mots. Cette force et cette conviction qui transparaissaient de son attitude n’étaient pas habituelles chez Eiluned, qui était généralement très hésitante et ne faisait aucun choix avant d’avoir longuement réfléchi à toutes les éventualités. Mais face à Leonard, face à la personne qu’elle aimait le plus au monde, elle avait choisi d’écouter ce cri du cœur, celui qui la poussait vers lui et lui intimait de rester à ses côtés, quoiqu’il advienne, parce que, Merlin, elle l’aimait. Elle l’aimait si fort et ce sentiment balayait n’importe quel doute sur son passage, comme il l’avait toujours fait pendant ces six dernières années. En écho à ses pensées, Eiluned accueillit les mots d’amour de Leonard avec un sourire éclatant, de ceux qui ne s’affichaient pas souvent sur son visage et dont on n’avait pas aperçu l’ombre en l’espace de deux mois.

Elle se laissa attirer vers lui sans opposer la moindre résistance et fit glisser une main sur sa joue pour se rapprocher encore un peu. Ce baiser gonfla son cœur meurtri, redonna des couleurs à son visage blême, et fit briller ses yeux lavés par toutes les larmes qu’elle avait versées.

« Je t’aime. » souffla-t-elle à son tour. « Je t’aime tellement, Leonard Wellington. » répéta-t-elle entre deux baisers.

Ces mots d’amour glissèrent de ses lèvres avec une naturelle évidence, comme si les deux mois qu’ils avaient passé éloignés l’un de l’autre n’avaient pas existé. Elle le retrouvait tel qu’elle l’avait toujours connu, familière au contact de sa peau sous ses doigts et de ses lèvres sur les siennes, mais également à l’odeur que dégageait son parfum pulvérisé dans le creux de son cou, aux mèches folles qu’elle caressait de sa main libre. Quelques instants plus tard, ils étaient de nouveau blottis l’un contre l’autre, mais plus ou moins débarrassés de cette stupeur effroyable qui les avait saisis tous les deux lorsqu’ils avaient fait face pour la première fois ensemble à cette injustice et cette cruauté sans nom.

Eiluned sentait que ce sentiment d’effroi était encore présent dans son cœur, mais la présence de Leonard à ses côtés était rassurante, apaisante, comme si elle se sentait brusquement capable de tout affronter. Intérieurement, et parce qu’elle connaissait ses tendances à l’angoisse, elle se jura de prendre soin d’elle autant qu’elle prenait soin de lui, elle qui s’était délaissée à s’en rendre malade depuis janvier.

La question de Leonard, posée avec cette pointe d’humour qu’elle lui avait toujours connu, lui tira un léger sourire. Ces soixante-trois derniers jours n’avaient pas été particulièrement heureux mais elle passa ce fait sous silence parce qu’elle sentait que son petit-ami l’avait déjà compris. Or, ce retour à la normalité était nécessaire et elle le désirait plus que tout, dans l’optique de mettre définitivement derrière eux cette séparation douloureuse. Aussi, Eiluned se concentra sur les quelques évènements marquants qui étaient sortis de l’ordinaire pour les conter au jeune homme :

« Tout ? » Elle traça distraitement des cercles sur le torse de Leonard, pensive. « Je ne sais pas par où commencer… » Tant de pensées se bousculaient dans son esprit, trop rapidement pour qu’elle puisse les mettre en ordre, alors elle sélectionna la première : « J’ai retrouvé les gâteaux de notre enfance ! Ceux au chocolat que ma mère nous donnait au goûter quand on avait sept ans. » Ils avaient eu une importance capitale dans leur vie à un moment, et ils avaient brusquement disparu du marché. « J’ai acheté… Six paquets d’un coup je crois. » Elle réalisa alors l’incongruité de son discours et eut un petit rire. « Je ne sais pas pourquoi j’ai commencé par ça… Voyons voir. J’ai majoré en anatomie et en pharmacologie aux examens que j’avais passés avant noël. J’ai terminé mon stage aux urgences en février et j’en ai commencé un en réanimation néonatale au début du mois. Mon premier patient né prématuré est rentré chez lui hier. » annonça-t-elle avec un petit sourire – c’était Karen, une infirmière, qui lui avait envoyé un message pour la prévenir de cette heureuse nouvelle. « Oh ! J’ai rencontré la copine de Llewella. » Sa sœur la lui avait présentée dix minutes après lui avoir annoncé qu’elle aimait les femmes, chose qu’Eiluned se doutait depuis plusieurs années maintenant sans jamais avoir poussé sa sœur à lui en parler. « C’est une copine d’Ulysse, elle bosse avec lui en tant que serveuse dans son restaurant. » Elle était parfaitement sympathique et Eiluned songea brièvement qu’elle n’avait pas dû lui donner une excellente image d’elle lorsqu’elles s’étaient rencontrées, toute renfermée par sa tristesse qu’elle était alors.

Les mots coulaient naturellement, avec un débit qu’elle ne souhaitait pas réduire parce que, Merlin, c’était trop bon de le retrouver ainsi, de sentir sa présence auprès d’elle, de rire encore et encore sur des sujets si futiles qu’ils apaisaient doucement leur tristesse.

« A toi, un peu. » lança alors Eiluned. « Raconte-moi tout, je t’écoute. » Elle laissa passer une seconde avant d’ajouter : « J’ai appris que tu avais été promu lieutenant ! Félicitations, c’est incroyable comme promotion ! » Elle posa sur lui un regard empreint de fierté. « Oh, comment vont tes parents ? Est-ce que ta mère s’est inscrite au tournoi de cricket de de cet été ? Mon père ne parle que de ça, je crois que c’est l’évènement le plus important de sa vie. Et comment va mon chat ? Il est toujours aussi énorme je parie ? » Elle eut un léger sourire. « Pardon. Je te laisse parler. »

Elle aurait pu l’écouter parler pendant des heures et des heures sans se lasser du son de sa voix et de celui de son rire. Elle leva vers lui un regard amoureux, tendre, si heureuse et soulagée de l’avoir retrouvé. Mais ces retrouvailles furent malheureusement interrompues par l’arrivée d’une jeune femme blonde dans la chambre.

« Monsieur Welli… » l’infirmière s’interrompit brusquement en découvrant les deux silhouettes enlacées sur le lit d’hôpital. « Nous sommes en dehors des heures des vis… » Puis, son regard se posa sur le visage d’Eiluned. « Lili ? Mais qu’est-ce que tu fais là ? »

« Salut Lucy. » lança la médicomage, sans se dégager pour autant de l’étreinte qui la maintenait contre Leonard. « Je. Euh. Hé bien. »  Elle échangea un regard amusé avec Leonard. « Je fais une garde de nuit pro bono ? » tenta-t-elle.

« Mais bien sûr. » Lucy secoua doucement la tête. Les deux femmes avaient travaillé ensemble l’été dernier, quand Eiluned avait pris des vacations en tant qu’infirmière à Ste Mangouste. « Rentre chez toi, Lili, tu pourras revenir à partir de huit heures demain matin si tu veux. »

« Lucy… »

« Eiluned ? »

« Oh allez, on passe notre temps à faire des dérogations aux autres, fais-en une pour moi… » fit-elle avec de grands yeux suppliants.

« Ce n’est pas… Je… C’est au contraire au protocole, tu sais bien ! »

Le visage d’Eiluned afficha une moue butée – celle qu’elle cultivait depuis son enfance, enfant gâtée comme elle l’avait été par ses parents. Elle leva les yeux vers Leonard et murmura : « C’est hors de question que je quitte cette pièce. »



Eiluned Wellington


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Les paradis perdus [Eiluned & Leonard] Icon_minitimeMar 11 Aoû 2020 - 9:08
Les mots d’amour d’Eiluned faisaient un bien fou à Leonard, qui ne s’était pas senti aussi apaisé depuis des mois. Il avait presque oublié à quel point son simple contact pouvait lui faire oublier le poids qui pesait sur ses épaules. Pendant quelques secondes, il ne pensa à rien d’autre que leur étreinte et leurs baisers et ce fut un moment libérateur. Les bras d’Eiluned constituaient son seul refuge où il pouvait éteindre son cerveau pendant un instant. Il profita de cette accalmie dans ses pensées et dans son coeur, en fermant longuement les yeux, blotti contre elle.

Après ces deux journées épuisantes pour ses nerfs, ce réveil difficile à l’hôpital, cette conversation dramatique ponctués d’aveux éprouvants pour tous les deux, Leonard ne rêvait que d’une chose : retrouver un peu de tranquillité avec la femme qu’il aimait. La douceur de sa peau laiteuse entre ses doigts, l’odeur de ses cheveux blonds, sa voix qui semblaient résonner entre eux tant ils étaient proches alors qu’ils papotaient de tout et de rien, tout cela avait la merveilleuse saveur d’une habitude que Leonard était ravi de reprendre. Il se concentra sur les nouvelles qu’elle lui apportait, sans manquer de les commenter une par une, exactement comme ils le faisaient toujours tous les deux, blottis sur leur canapé en fin de journée. Leonard pouvait fermer les yeux et celui lui suffisait à se sentir chez eux, en dépit de ce décor d’hôpital, car son véritable foyer se trouvait au creux des bras de son amour et sa meilleure amie.

« Mais parce que c’est la nouvelle la plus importante ! renchérit t-il, au sujet des gâteaux au chocolat. J’espère qu’il t’en reste et que je pourrai t’en piquer… » Plus gourmand que Leonard, il n’y avait pas, surtout si on parlait de chocolat. « C’est super pour tes examens, j’en étais sûr que tu avais tout défoncé » la félicita t-il, en déposant un baiser sur son front. Il se souvenait encore de ses révisions intensives qui avaient duré de septembre à novembre, pour préparer ces deux examens important. « Oooh, félicitations pour ton stage ! Tu sauves des petits bébés, maintenant, alors ? Ça te plaît ? » l’interrogea t-il, curieux d’en savoir plus sur son expérience. La nouvelle suivante, elle, fut la véritable bombe dans le discours d’Eiluned, une bombe qui colla un immense sourire surpris sur la figure de Leonard. « Mais non ?? s’exclama t-il aussitôt. Attends, laisse-moi deviner, je crois que je vois qui ça peut être. C’est pas Rachel, la copine en question ? Oh lala, mais je l’avais teeeellement senti. Tu te souviens que je t’ai raconté que j’avais vu ta soeur traîner tard au restau ? Je pensais qu’elle attendait qu’Ulysse ait fini sa journée puis j’ai appris plus tard qu’il était en congé ce jour-là. Je parie qu’il se passait déjà un truc entre elles, héhéhé. »

Avec Eiluned, ils avaient déjà partagé leurs théories sur Llewella, car ils sentaient tous les deux qu’elle ne leur disait pas tout sur sa sexualité, et s’ils n’avaient pas eu l’indiscrétion de l’interroger directement, entre eux, ils ne s’étaient pas privés d’en parler car ils se disaient tout. Leonard était plutôt content d’apprendre que la jeune femme avait sauté le pas et révélé son secret à sa soeur, ce qui amena d’ailleurs assez vite une autre question chez lui :

« Tes parents savent ou pas encore ? »

L’annonce était sûrement plus difficile à faire aux père et mère Cadwallader, même si Leonard avait plutôt bon espoir qu’ils ne se montrent pas hostiles à la situation. Gênés et surpris sûrement, maladroits peut-être, mais pas hostiles. Il écouta Eiluned lui raconter cette histoire, avant que ne vienne son tour de lui exposer ce qu’elle avait manqué :

« Oui ! Mi février, c'est récent, précisa t-il, au sujet de sa promotion. Tu as dû l’apprendre dans les journaux, la Milice s’est divisé en une unité d’intervention et une unité de renseignements. J’ai été nommé lieutenant dans la deuxième. Je passe donc mes journées assis derrière un Pear Pro XL, à récolter des informations et soutenir des agents de terrain, comme dans les films d’espionnage » plaisanta t-il, désireux de garder le ton bon enfant de la conversation.

La conversation dériva sur bien d’autres sujets, poussés par Lili qui l’abreuvait de questions avec une curiosité qui faisait sourire Leonard. Il lui raconta tout ce qui lui passait par la tête, que sa mère hésitait encore pour le tournoi de cricket, que Vivet avait été un peu perturbé par le changement d’appartement et qu’il avait passé des journées à se cacher sous le panier à linge, en espérant ne pas être trouvé. Il lui raconta également que l’ambiance au bureau était très bonne en ce moment, renforcée par la cohésion d’équipe que s’efforçait de créer Avalon. Il lui révéla qu’Ulysse avait ajouté des nouveaux plats à la carte de son restaurant, que c’était tout simplement une tuerie et qu’il fallait absolument qu’elle y fasse un tour. La conversation était si fluide et naturelle entre eux, comme s’ils ne s’étaient jamais quittés, que Leonard aurait pu continuer toute la nuit sans même voir le temps passer. L’irruption d’une infirmière dans sa chambre le fit sursauter, tant il était dans sa petite bulle de confort avec Eiluned. Il avait presque oublié le lieu où ils se trouvaient.

Les deux collègues échangèrent sur l’heure tardive et le règlement dont Eiluned se dédouana en répliquant qu’elle faisait une « garde de nuit pro bono ». Une garde de nuit hein. Un sourire amusé se glissa sur les lèvres du milicien, qui songea qu’il allait la réutiliser, celle-là. Lucy était difficile en affaires en tout cas, puisqu’elle ne semblait pas vouloir faire une dérogation pour sa collègue. Captant un appel à l’aide dans le regard et le commentaire d’Eiluned, Leonard s’empressa de faire comme toujours : voler à son secours, avec un grand discours fabriqué de toutes pièces. Il serra un peu plus sa partenaire contre lui, raffermissant ostensiblement leur étreinte, sans manquer d’afficher un regard attendrissant à l’adresse de Lucy :

« Vous ne pouvez pas nous séparer, madame. Ce serait cruel. On vient de vivre un véritable drame dans notre vie, non pardon, je dirais même plusieurs drames d’affilée et on se retrouve enfin après plusieurs mois d’une tragique séparation, annonça t-il théâtralement. Vous ne pouvez pas séparer deux personnes qui s’aiment. Regardez nos yeux, ils brillent. C’est parce qu’on a beaucoup pleuré. En plus j’ai passé une journée horrible à espérer que le Dr Kavanagh ne vienne pas m’annoncer que ma tumeur avait grossi, alors j’ai besoin de beaucoup de réconfort, actuellement. »

C’était la première fois qu’il plaisantait légèrement sur sa maladie, nota t-il intérieurement. Ce n’était pas désagréable et si cela pouvait lui permettre de garder Eiluned près de lui pour la nuit, il validait la méthode.


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Les paradis perdus [Eiluned & Leonard] Icon_minitimeMar 11 Aoû 2020 - 9:58
Oui, il lui restait au moins quatre paquets de ces fameux gâteaux qu’elle serait ravie de partager avec lui. Son nouveau stage était intéressant, mais il était extrêmement difficile de composer avec les besoins des nouveau-nés et les attentes de leurs parents, qui venaient perturber l’équilibre patient-soignant déjà précaire par la jeunesse du premier. La copine de Llewella s’appelait effectivement Rachel, et Leonard avait vu juste quelques mois plus tôt – Eiluned en profita pour féliciter, un peu amusé, son grand instinct d’enquêteur. « Non ils ne savent pas encore. » répondit-elle lorsque son petit-ami la questionna sur ses parents. « Je crois que Llewella appréhende un peu de leur dire, tu sais comment peut être ma mère… » Parfois très maladroite avec une proportion à s’immiscer très facilement dans la vie des autres.

Ils en avaient fait les frais à plusieurs reprises, parce que Gwladys était incapable de garder sa langue dans sa poche. Eiluned tenait bien plus de son père – un homme réservé et discret – et se demandait parfois comment elles pouvaient être aussi différentes. Sa mère ne se gênait pas pour poser la moindre question qui lui passait par la tête, sans avoir particulièrement conscience que son interlocuteur pouvait ne pas avoir envie d’y répondre. Elle était d’une honnêteté parfois attendrissante, mais souvent particulièrement gênante – d’autant plus qu’elle était très perspicace, ce qui n’arrangeait rien. Un jour, un an auparavant peut-être, elle avait demandé à Leonard et Eiluned, devant l’intégralité de leurs deux familles, s’ils avaient des « raisons » d’attendre toutes ces années pour se marier. « A votre stade, ce n’est presque qu’une formalité. » avait-elle fait remarquer. « Vous vous connaissez depuis bientôt vingt ans, je ne vois pas vraiment ce que vous avez besoin de découvrir de plus l’un sur l’autre pour être sûrs de vous. » Eiluned avait sifflé un « Maman… » et ils s’étaient sortis de cette situation grâce à l’aide de Gawain qui avait permis à Leonard de s’en tirer avec une pirouette dont il avait le secret.

« Oui, et ton nom y était aussi. » mentionna-t-elle à propos de sa lecture des journaux. « Comment tu vis cette nouvelle célébrité ? » demanda la jeune femme avec un sourire en coin. Elle écouta, avec un peu plus de sérieux, quelles étaient ses nouvelles missions et hocha la tête à la fin de son discours. « Oui tu es un peu le cerveau de l’opération quoi. Pourquoi ça ne m’étonne pas de toi ? »

Les heures défilèrent avec une rapidité ahurissante, sans que leurs mots ne se tarissent pour autant. Ils évoquèrent un nombre incalculable de sujets différentes, parfois sans aucune cohérence entre eux, avec l’urgence de ceux qui avaient été séparés bien trop longtemps. Ils remisèrent à plus tard les conversations difficiles, plus sérieuses, que ni l’un ni l’autre n’avait envie d’évoquer pour l’instant, blottis comme ils l’étaient dans cette bulle de douce normalité. Eiluned rebondissait sur ses propos avec d’autres questions, désireuse d’en savoir plus, de s’abreuver de ces petits détails qui paraissaient insignifiants mais qui lui avaient terriblement manqué pendant ces deux mois de séparation. Est-ce qu’il avait mis Vivet au régime, lui qui ne quittait quasiment jamais le lit de son maître, à part lorsqu’il le déplaçait de force ou lorsque le chat disparaissait quelques heures pendant la nuit. Est-ce que Avalon faisait une bonne supérieure. Est-ce que le restaurant d’Ulysse marchait toujours aussi bien et d’ailleurs, est-ce qu’il avait quelqu’un dans sa vie actuellement. Ils riaient comme ils n’avaient pas ri depuis longtemps, les yeux grands ouverts malgré la fatigue qui commençaient à les saisir, comme s’ils ne voulaient pas rater une seule seconde de ces retrouvailles. L’irruption de Lucy dans la chambre de Leonard mettait un peu à mal ce plan, aussi Eiluned tenta de négocier avec elle, et Leonard lui servit un étonnant discours de sa spécialité, où on retrouvait parfaitement la théâtralité dont faisait preuve sa mère dans la vie de tous les jours. Son ton léger, alors qu’il parlait de sa maladie, tira un sourire attendri à Eiluned, qui songea que rien n’était perdu tant que le sens de l’humour de Leonard se manifestait de la sorte.

« Oh allez Lucy… » insista Eiluned en observant l’infirmière, qui paraissait aussi amusée qu’agacée.

« Bon. J’imagine qu’à moins d’appeler la sécurité tu ne quitteras pas cette pièce ? » Eiluned hocha la tête. « Très bien. » soupira-t-elle en jetant un coup d’œil à l’horloge de la chambre. « Mais vous avez besoin de repos, monsieur Wellington, alors j’aimerais que vous dormiez maintenant. » le prévint-elle. « Tenez, j’étais passée vous déposer ça, c’est une potion qu’on prend la nuit pour faire remonter le taux de fer dans le sang. » expliqua-t-elle en posant devant lui une fiole verte. Elle resta le temps qu’il l’avale et tourna les talons. « Du repos. » lança-t-elle par-dessus son épaule avant de quitter la pièce et de refermer la porte derrière elle.

Son départ fut suivi d’un instant de silence que Eiluned rompu en chuchotant :

« Oh non. J’ai eu l’impression de me faire réprimander par ta mère quand on faisait trop de bruit les nuits où je dormais chez toi. » Ils construisaient d’immenses cabanes avec des draps et des coussins, et cette entreprise était plutôt bruyante. Eiluned posa sa main contre la joue de Leonard. « Elle a raison, il faut que tu dormes un peu, où le docteur Kavanagh ne te laissera pas sortir d’ici. » plaisanta-t-elle en se redressant sur son coude. Elle déposa une pluie de baisers sur ses lèvres et dans son cou, avant de s’installer contre lui, sa tête posée contre son épaule et sa main sur son torse. Leurs jambes s’emmêlèrent pour les rapprocher encore. « A demain mon amour. » souffla Eiluned lorsque la pièce fut plongée dans l’obscurité. Elle n’avait jamais autant savouré ces quelques mots.

Ils s’endormirent, leurs cœurs apaisés par ces retrouvailles. Eiluned s’enfonça dans un sommeil profond, un peu agité par des rêves dont elle ne se souviendrait pas au matin. Epuisés de toutes ces émotions, ils allongèrent un peu leur nuit, jusqu’à émerger un peu avant neuf heures. Eiluned était toute engourdie de ce sommeil et avait les cheveux en bataille qu’elle tenta vainement de discipliner avec ses doigts, avant d’y renoncer pour reformer un chignon un peu lâche sur le sommet de sa tête. Elle consentit à sortir du lit à regret, mais poussée par son estomac qui criait famine. Elle remit ses chaussures, saisit quelques pièces au fond de son sac, et annonça à Leonard qu’elle partait chercher de quoi manger. « Je t’aime. » lança-t-il alors qu’elle s’apprêtait à passer la porte, et ces quelques mots d’amour la firent s’immobiliser et se retourner vers lui. « Je t’aime aussi. » souffla-t-elle en réponse. « Je reviens dans deux minutes. »

Elle descendit à la cafétéria, acheta deux muffins – un trois chocolats pour Leonard et un aux myrtilles pour elle – ainsi que deux petites bouteilles de jus d’orange dont elle pu rafraichir le contenu avec un coup de baguette magique. Elle remonta dans la chambre de son petit-ami, chargée de ces victuailles qui constituaient le premier repas qu’ils allaient partager de nouveau ensemble, et les déposa sur la table à côté du lit sur lequel elle remonta pour s’installer, en tailleur, face à Leonard. Ils étaient occupés à réfléchir sur un sujet particulièrement important (pourquoi les mers et les océans étaient salés alors que les fleuves qui s’y jetaient ne l’étaient pas ?) en exposant tous les deux des théories plus farfelues les unes que les autres, lorsque la porte s’ouvrit sur deux visages particulièrement familiers.

« On ne dérange pas, j’espère ? » demanda Ulysse en s’avançant, avec un sourire particulièrement satisfait sur le visage. « On est passés tout à l’heure mais vous dormiez encore et, vraiment, je ne pouvais pas retenir maman plus longtemps. »
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Les paradis perdus [Eiluned & Leonard] Icon_minitimeMar 11 Aoû 2020 - 18:04
« Oh la la, il va falloir briefer ta mère avant qu’elle ne sorte l’un de ses commentaires gênants dont elle a le secret, si jamais elle rencontre Rachel. »

Leonard en savait quelque chose, puisqu’il en avait fait de nombreuses fois les frais, la dernière en date étant justement cette fameuse fois où elle avait demandé à table quand ils comptaient se marier avec Lili. Si Leonard en avait perdu son latin, c’était aussi parce qu’il était justement dans une recherche active d’une bague de fiançailles et qu’il ne souhaitait pas se griller si vite, or échapper aux investigations de Gwladys était un véritable défi… La remarque d’Eiluned au sujet de sa nouvelle célébrité le tira de ses souvenirs et le fit sourire :

« Haha, écoute, ça va, je fais tous les matins le tri dans le courrier de mes admiratrices secrètes… Non je rigole, fais pas cette tête ! »

Ils passèrent de longues minutes, peut-être même de longues heures à se taquiner et se raconter les moindres détails de leur vie, comme ils avaient toujours eu l’habitude de le faire depuis leur plus jeune âge. Leonard ne comptait plus le nombre d’heures qu’ils avaient passé à parler de tout et de rien dans leurs cabanes fabriquées de draps et de coussins d’enfants, puis les alcôves de Poudlard, puis le canapé de leur appartement de couple. Leur entourage s’étonnait toujours de les voir en vive discussion et leur demandait comment ils trouvaient encore des choses à se dire après vingt années partagées ensemble, ce à quoi ils répondaient simplement qu’ils n’avaient au contraire jamais eu autant à se dire. Leonard était déjà quelqu’un de bavard au quotidien, mais avec Eiluned, il n’avait de cesse de rebondir sur chacune de ses paroles pour réagir et lui poser plus de questions, si bien qu’ils connaissaient tout l’un de l’autre, même leurs positions sur les débats les plus insolites. Il se sentait vraiment heureux et soulagé de voir que ces deux mois de séparation n’avaient pas altéré cette précieuse complicité et qu’ils pouvaient toujours parler avec facilité et naturel.

Rien ne semblait plus pouvoir les séparer, pas même le zèle de cette infirmière qui se présenta à eux. Après une hésitation, elle finit par céder, ce qui tira un sourire ravi à Leonard.

« Promis, je vais prendre la potion et me reposer comme jamais ! »

Ce n’était même pas une plaisanterie car il ne doutait pas qu’un sommeil en compagnie d’Eiluned serait la nuit la plus reposante et paisible depuis des mois. Une fois Lucy sortie, elle en rajouta d’ailleurs une couche, en insistant sur le fait qu’il avait besoin de repos, ce à quoi Leonard répondit, son regard plongé dans le sien :

« Oh non, je veux sortir, j’espère que je pourrai sortir demain. Avec toi » ajouta t-il, en caressant son visage du bout des doigts.

Il avait du mal à croire que cette scène était réelle, que ces tendres baisers étaient réels, il avait l’impression de revivre enfin après ces semaines de cauchemar. Epuisé mais surtout plus apaisé qu’il ne l’avait été depuis des mois, Leonard plongea dans le sommeil presque au moment où il ferma les yeux, bercé par la chaleur du corps d’Eiluned contre le sien et son odeur familière et réconfortante. L’heure qui s’affichait sur l’horloge quand il rouvrit les yeux le surprit : cela faisait un moment qu’il ne s’était pas réveillé sur les coups de sept heures, tiré d’un sommeil agité, avec une boule d’angoisse au ventre. Eiluned n’avait pas bougé de ses bras et pour être honnête, il n’eut pas envie de la laisser partir tout de suite en quête de leur déjeuner. Il se résolut finalement à la laisser sortir après plusieurs baisers et un mot d’amour pour elle, parce qu’elle lui manquait déjà et parce qu’il ressentait le profond besoin de rattraper ce temps perdu avec elle et profiter autant qu’il le pouvait du temps qu’il leur restait.

Elle revint avec plusieurs éléments de réconfort, à savoir son sourire et du gâteau au chocolat, deux choses que Leonard s’empressa de savourer en lui faisant de la place sur son lit pour leur petit-déjeuner. Il racontait à Eiluned qu’une légende disait que les océans étaient salés parce qu’un pécheur jaloux avait voulu se débarrasser du moulin à sel que son frère avait reçu de Dieu en guise de cadeau en le jetant à la mer, signant ainsi sa malédiction, quand leur discussion animée fut interrompue par l’arrivée d’Ulysse et de Scarlett. Le sourire qu’ils affichaient voulait tout dire, Leonard comprit de quoi il en retournait avant même que son frère ne prenne la parole pour les taquiner. Il n’eut pas le temps de réagir, toutefois. Sa mère, qui avait les larmes aux yeux pour ne pas changer, se précipita vers eux :

« Oh mes amours, je suis si heureuse de vous voir tous les deux. »

Habituellement, cette faculté que Scarlett avait pour s’immiscer dans le couple et les surprendre dans leurs moments à deux agaçait un peu Leonard mais cette fois-ci il accueillit l’étreinte de sa mère avec une certaine émotion. A la manière dont elle le serra fort dans ses bras, il perçut toute l’inquiétude qu’elle avait ressenti à son égard et le soulagement qu’elle éprouvait maintenant à voir qu’il n’était plus seul. Eiluned ne tarda pas à se faire étreindre elle aussi, avec une grande tendresse.

« Je suis heureuse de te revoir, ma chérie » chuchota Scarlett en l’embrassant sur la joue.

Cette étreinte symbolique entre deux femmes qu’il aimait très fort émut beaucoup Leonard. Il comprit que cette séparation qu’il avait imposée entre lui et Eiluned avait certainement eu des impacts sur le quotidien des Cadwell, qui d’habitude n’attendait pas une semaine avant de se regrouper autour d’un moment convivial. Ces retrouvailles entre lui et son amoureuse signaient également les retrouvailles de leurs deux familles plus globalement. Le moment câlin semblait arrivé, Ulysse s’approchait lui aussi d’eux, Leonard croisa son regard mais comme toujours avec son frère, ils ressentirent une certaine pudeur et il préféra passer par une note d’humour :

« Je vois que toi aussi tu as une fâcheuse tendance à prendre des décisions à ma place. »

Ce qui était l’hôpital qui se foutait de la charité mais en l’occurrence, Ulysse était déjà tout pardonné. Cédant à son émotion, Leonard tendit un bras pour l’attirer contre lui à son tour, murmurant à son oreille un « Merci » que seul son frère entendit. Il ne le remercierait jamais assez d’avoir su ramener Eiluned dans sa vie au moment où il en avait le plus besoin, car il ignorait combien de temps encore il aurait pu persister dans cette impasse où il s’était engagé avant de reconnaître qu’il faisait une terrible erreur. De sa paume, il essuya discrètement le coin de ses yeux en se séparant d’Ulysse et s’efforça de reprendre contenance face à sa mère qui elle, ne cachait pas du tout sa joie et ses larmes. Elle avait sorti son mouchoir en tissu, le porta à ses yeux puis sur son coeur, un grand sourire aux lèvres.

« Ton père va être si ravi d’apprendre la nouvelle, il ne le montrait pas beaucoup mais il s’inquiétait beaucoup pour toi, tu sais » déclara t-elle à l’adresse de son fils, en caressant affectueusement sa joue, avant de se tourner vers Eiluned. « Tes parents également, Eiluned, je n’imagine pas leur joie, oh lala il faut absolument que nous réunissions nos deux familles, je vais organiser ça. Un déjeuner demain, ça vous irait tous les deux ? J’ai parlé avec ton docteur en arrivant ce matin, mon chéri, elle m’a assuré que tu pourrais sortir aujourd’hui. »

Leonard échangea brièvement un regard avec Eiluned, ce qui lui suffit à confirmer qu’ils étaient sur la même longueur d’onde tous les deux. La proposition de sa mère lui faisait plaisir, il avait hâte de retrouver la chaleur de leurs deux foyers réunis dans l’affection et la bonne humeur -même s’il s’attendait à se faire réprimander par chaque frère et soeur de Lili pour le secret qu’il leur avait caché à tous- mais il avait envie d’autre chose pour le moment. Il en avait discuté la veille avec Eiluned, au milieu de leurs multiples sujets de conversation et ils avaient convenu d’une chose tous les deux, qu’il exposa doucement :

« Maman, ça me ferait vraiment plaisir qu’on organise ça mais… Pas tout de suite. » Il prit la main d’Eiluned dans la sienne, nouant ses doigts aux siens, son regard tendre posé sur elle. « Avec Lili, on a besoin de se retrouver alors on va partir quelques jours à la campagne, dans sa maison de vacances au Pays de Galles. C’est samedi demain, on voulait en profiter pour partir. Ça sera un bon environnement pour moi, pour me reposer. »


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Les paradis perdus [Eiluned & Leonard] Icon_minitimeMar 11 Aoû 2020 - 20:45
L’expression radieuse de Scarlett était contagieuse et Eiluned lui offrit un immense sourire lorsqu’elle se précipita vers eux pour serrer Leonard dans ses bras. La joie qu’elle dégageait, sans faire preuve de la moindre retenue comme à son habitude, semblait presque palpable dans la petite chambre d’hôpital. Eiluned se laissa attirer contre la mère de son compagnon et referma ses bras dans son dos.

« Moi aussi, Scarlett. » chuchota-t-elle en réponse.

Depuis que les Cadwallader s’étaient installés à côté des Wellington, les deux familles étaient devenues particulièrement proches. Le couple que formaient Leonard et Eiluned était venu sceller d’une manière concrète ce lien qui les unissait tous et l’un et l’autre avait été officiellement adopté par leur belle-famille respective. Lorsqu’elle était à Godric’s Hollow, Eiluned passait autant de temps avec ses parents qu’avec ceux de Leonard, bien qu’en réalité, les deux familles passaient beaucoup de temps ensemble. Ils célébraient les anniversaires, Noël, Pâques, et s’invitaient à déjeuner au moins deux fois dans le mois. Les Cadwell avaient toujours été très unis – parfois, Scarlett parlait des frères et sœurs d’Eiluned comme s’il s’agissait de ses propres enfants, elle qui les voyait grandir depuis une vingtaine d’années maintenant.

Lorsque Eiluned se sépara de la mère de Leonard, ses yeux bleus brillaient d’émotion et Scarlett lui tendit solennellement un mouchoir en tissu qu’elle accepta avec un petit rire pour essuyer la larme qui avait coulé sur sa joue.

« Oui, mais moi mes décisions sont toujours excellentes. » La petite pique que Ulysse envoya à Leonard lui tira un sourire alors que les deux frères s’étreignaient. La jeune femme constata que la tension qu’elle avait décelée hier chez Ulysse s’était envolée de ses épaules et on lisait un profond soulagement sur son visage.

« Je n’aurais jamais cru dire un jour que Ulysse était le plus sensé de vous deux. » commenta Eiluned, pensive, lorsqu’ils se séparèrent.

« Ah très bien ça commence déjà les vannes, super. » fit mine de maugréer Ulysse. Il attira brièvement Eiluned contre lui. « Tu nous as manqué, Lili. » souffla le jeune homme.

Tout semblait enfin rentrer dans l’ordre, comme si chacun avait retrouvé la place qu’il avait toujours occupé depuis des années, malgré ces deux mois d’orage. Scarlett, visiblement bouleversée par la situation, leur proposa immédiatement de réunir les Cadwell, précisant au passage à Leonard qu’il pourrait sortir dès aujourd’hui. Eiluned échangea un regard avec son amoureux, qui prit la parole doucement pour exposer à sa mère son refus.

« Oh. » fit Scarlett, visiblement déçue.

« Maman, » intervint alors Ulysse en posant une main sur l’épaule de sa mère, « ça fera du bien à Lenny de prendre un peu l’air du pays de Galles. » Son regard se posa sur le couple et il esquissa un petit sourire. « Tu peux prendre des congés, Lili ? »

« Oui, j’ai échangé des jours avec une collègue. » Elle s’était mise d’accord avec Marissa hier soir, après lui avoir envoyé plusieurs messages suppliants – aidé par Leonard, qui était excellent dans ce domaine – si bien que sa camarade avec qui elle faisait son stage avait cédé à sa requête. « On rentrera sûrement vendredi prochain, alors peut-être qu’on pourrait dîner tous ensemble samedi soir ? Je devrais finir aux alentours de dix-huit heures. » demanda Eiluned en observant Scarlett, soucieuse de proposer un compromis.

« Tu pourrais venir mon chéri ? » demanda cette dernière en s’adressant à Ulysse. « Avec ton restaurant ? »

« Je demanderais à Hugh de me remplacer, ne t’en fait pas. » lui assura-t-il alors.

« Oh, c’est formidable, c’est formidable, je suis tellement heureuse ! » Scarlett posa ses mains sur son cœur. « Rien n’était pareil sans toi, pour lui. » fit-elle à l’attention d’Eiluned avec cette touche d’honnêteté parfois un peu déstabilisante dont elle faisait parfois preuve et qui tira un sourire amusé à Ulysse dans le dos de sa mère.

Eiluned serra doucement la main de Leonard dans la sienne avant de la porter jusqu’à ses lèvres pour y déposer un baiser. Elle l’observa un instant, grava ce moment dans sa mémoire, ses cheveux ébouriffés, son grand sourire, la couleur de sa peau et son regard tendre qu’il posait sur elle. Alors, elle se contenta de souffler :

« Pour moi non plus. »

FIN DU RP



Eiluned Wellington


Time stands still, beauty in all she is

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Les paradis perdus [Eiluned & Leonard] Icon_minitime