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Là où est le danger, là est ce qui sauve [Eiluned, Leonard & vil PNJ]

Eiluned Wellington
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Là où est le danger, là est ce qui sauve [Eiluned, Leonard & vil PNJ] Icon_minitimeMer 22 Juil 2020 - 11:26
7 mars 2011

Eiluned comptait les temps sur la musique, les yeux fermés, et s’élança. Elle dansait depuis tellement longtemps qu’elle avait l’impression de ne pas avoir à réfléchir à ses mouvements, qu’elle parvenait à se laisser complètement emporter par le rythme. Elle virevoltait, sautait, enchaînait les mouvements complexes avec une apparente facilité, qui relevait pourtant d’heures d’un travail méticuleux qu’elle avait commencé dans sa plus tendre enfance.

La musique prit fin sur une longue note et elle tint sa position encore un moment, avant de revenir sur sa plante de pied. La salle de danse était déserte ; il était tard et elle était restée un peu après son cours pour s’entraîner. Elle avait gagné ce privilège parce qu’elle encadrait un cours de danse pour les enfants le samedi après-midi, quand elle n’était pas de garde. Elle aimait particulièrement danser seule, parce qu’elle se sentait libérée du regard extérieur, si lourd pour elle.

Elle consulta sa montre, grimaça en constatant l’heure tardive, et se changea rapidement avant de fourrer ses affaires de danse dans un grand sac de sport qu’elle balança sur son épaule droite. Elle vérifia une dernière fois l’état des lieux, éteignit la lumière et la musique d’un coup de baguette magique, et referma la salle derrière elle, avant de s’éloigner dans les rues de Londres. Elle marcha un peu – elle devait rejoindre une ruelle pour transplaner, un peu à l’égard de l’agitation de la ville, aussi elle prit une rue sur sa gauche dans laquelle elle parcourut plusieurs mètres, plongée dans ses pensées.

Elle était en train de songer à sa garde qui l’attendait le lendemain à l’hôpital – elle venait d’être affectée en service de réanimation pédiatrique – lorsqu’un bruit derrière elle la tira de ses réflexions. Elle jeta un coup d’œil par-dessus son épaule, et capta le regard d’un homme, qui se tenait à quelques mètres derrière elle. Elle reprit sa route sans inquiéter outre-mesure et sortit son Pear de sa poche pour consulter ses notifications. Elle esquissa un sourire devant le dernier message qu’elle avait reçu de Gawain – une photo des jumelles, barbouillées de glace au chocolat – et vira à droite pour rejoindre le point de transplanage.

Par acquis de conscience, après quelques mètres, elle jeta un nouveau regard en arrière. L’homme était toujours là. Elle essaya tant bien que de mal de rationnaliser cette situation, mais ne put s’empêcher d’accélérer le pas légèrement en rangeant son Pear dans sa poche.



Eiluned Wellington


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Là où est le danger, là est ce qui sauve [Eiluned, Leonard & vil PNJ] Icon_minitimeMer 22 Juil 2020 - 11:56
Là où est le danger, là est ce qui sauve [Eiluned, Leonard & vil PNJ] Harry-10
Declan Doherty, 23 ans, Veilleur

Jeune recrue que Declan était parmi les Veilleurs, il mettait un point d’honneur à faire ses preuves. Aussi quand son boss Toni lui avait confié une mission, en insistant sur le fait qu’elle était exigée par Calder himself, il s’était senti poussé des ailes, mesurant l’importance de ce qu’il avait à faire. Il n’avait pas le droit à l’erreur. Tout plein de zèle, il avait pris soin de repérer le trajet quotidien de sa victime, dont on lui avait fourni identité et photographie. Un bien joli brin de fille, si on lui demandait son avis, mais il ne ressentait pas de scrupules à porter atteinte à ce beau visage s’il le fallait. Sa progression dans le gang bristolien prédominait largement sur ses états d’âme. S’il réussissait à accomplir quelque chose qui satisfaisait Calder, il savait qu’il avait toutes ses chances de se faire bien voir et confier d’autres missions d’importance. Il était lassé qu’on n’attende de lui qu’il ne fasse que jouer les guets pendant les transactions, il voulait sa part de gloire lui aussi et peut-être sa première réussite était toute proche et lui vaudrait la promotion qu’il attendait.

Aussi il passa deux journées à suivre Eiluned Cadwallader, afin d’élaborer son plan et repérer le moment le plus propice. Elle vivait dans un petit appartement de Leopoldgrad et son trajet jusque Sainte Mangouste où elle travaillait était bien balisé : Londres comme Leopoldgrad était des villes très actives, avec de nombreux passants dans les rues, même de bonne heure le matin. Il était risqué de l’attaquer sur ce trajet-là. Quant à l’hôpital, elle y était rarement seule et les lieux étaient tout aussi bondés.

Declan vit sa première ouverture quand elle se rendit une après-midi dans ce qui ressemblait, vu de l’extérieur, à un local associatif. Il s’approcha de la façade, sa capuche rabattue sur sa tête, pour lire les diverses affiches accrochées. Des publicités pour des cours de danse et de piano, mentionnaient la plupart d’entre elles. Il l’avait vue entrer en portant sur son épaule un gros sac de sport, il pencha plutôt pour la danse et jeta un oeil à sa montre. D’ici une ou deux heures, elle devrait être dehors.

Il attendit finalement bien plus longtemps qu’il ne l’avait prédit. La nuit était tombée depuis un moment maintenant et Declan s’efforçait de prendre son mal en patience et d’y voir une chance : les rues étaient étroites par ici, et sombres désormais. Il avait repéré sur le trajet à l’aller le parfait endroit pour se lancer, sans risquer des témoins autour. Ce long temps d’attente lui permit de se raffermir dans ses objectifs. Quand sa cible sortit enfin de sa salle de danse, il marcha d’un pas vif et déterminé derrière elle, le regard sombre.

Au premier coup d’oeil qu’elle lança par-dessus son épaule, il ralentit un peu sa marche, pour ne pas apparaître tout de suite comme quelqu’un qui la suivait. La rue qu’il avait repérée n’était pas encore là. Encore quelques mètres, un tournant à droite… Le moment arriva. Cette fois, Declan sortit de l’ombre, sans craindre d’être repéré par elle. En quelques grandes enjambées, il rattrapa l’avance qu’elle avait pris et la surprit d’un brutal coup de coude, qui la plaqua contre le mur le plus proche. Son sac de sport tomba par terre, Declan le repoussa d’un coup de pied et sortit sa baguette pour insonoriser la ruelle où ils se trouvaient, peu désireux d’être entendus par des voisins.

« Pas la peine de crier, on ne t’entendra pas. Donne ta baguette » exigea t-il.

Son avant-bras plaquait toujours fermement la jeune femme apeurée contre le mur. De sa main libre, il fouilla lui-même dans les poches de son manteau, jusqu’à trouver ce qu’il cherchait. Il jeta au loin la baguette magique, se débarrassant ainsi du seul objet avec lequel elle aurait pu se défendre. Par précaution, il avait rabattu sa capuche sur son crâne et son écharpe sur le bas de son visage pour ne pas être reconnu, si bien qu’Eiluned ne voyait que le regard dur et noir qu’il posait sur elle.

« J’ai un message pour toi » déclara t-il, agressivement. Afin de mieux imprimer ce qu’il allait dire, Declan appuya sur le bras qu’il gardait contre sa gorge, réduisant sa capacité à respirer, puis il enfonça sa baguette magique au milieu de sa joue. « Tu vas laisser Irina Calder tranquille. Ne t’approche plus jamais d’elle. »
Eiluned Wellington
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Là où est le danger, là est ce qui sauve [Eiluned, Leonard & vil PNJ] Icon_minitimeMer 22 Juil 2020 - 14:17
Eiluned guettait avec nervosité le moment où elle pourrait enfin tourner à droite pour rejoindre une rue plus fréquentée. Elle savait bien que cet inconnu, qu’elle avait aperçu par-dessus son épaule, n’était sûrement qu’un passant et qu’elle n’avait rien à craindre, mais elle n’avait pas pu s’empêcher d’accélérer le pas, juste pour se rassurer.

Un coup de coude brutal lui tira un cri et la plaqua contre le mur le plus proche, sans qu’elle ne comprenne ce qu’il était en train de se passer. Eiluned ressentit une peur extrêmement vive se répandre dans ses veines alors qu’elle faisait face à un individu encapuchonné. Elle essaya de se débattre, mais sa prise était trop ferme.

« Si un jour tu es agressée, hurle au feu plutôt qu’au secours » lui avait un jour dit Gawain, après lui avoir raconté encore une de ses macabres histoires comme il en voyait beaucoup dans son métier ; une jeune femme retrouvée morte dans une ruelle sombre, sans que personne n’ait entendu le moindre bruit. Il lui avait dit d’hurler, d’hurler à plein poumon, à s’en casser la voix si cela était nécessaire ; le principal était que quelqu’un l’entende pour qu’il puisse, à défaut de venir l’aider, appeler la police. Alors, Eiluned ouvrit la bouche, mais, avant que le moindre son ne sorte, son agresseur coupa court à ses espoirs en lui annonçant que personne ne l’entendrait et entreprit de fouiller son manteau pour trouver sa baguette magique, qu’il lança plus loin.

Personne ne pouvait l’entendre. Elle n’avait plus de baguette. Le bras de son agresseur, posé sur sa trachée, l’empêchait de respirer correctement, et elle sentait une vive panique s’emparer d’elle lorsqu’elle eut l’impression d’étouffer. Elle posa un regard apeuré sur l’homme dont elle ne discernait que le regard noir et mauvais, et l’écouta, tremblante, lui déclarer qu’il avait un message pour elle.

A la mention du nom d’Irina Calder, ses yeux s’écarquillèrent encore un peu sous la peur et la surprise, et elle ne tarda pas à faire le lien entre cet évènement, et ce rapport qu’elle avait dû remplir, à Ste Mangouste, quelques jours auparavant. On leur avait dit… Les chefs leur avaient dit de rapporter tout ce qui leur semblait louche, alors, quand elle et Marlene avaient surpris Irina sortir d’une pharmacie sans signer le registre et en cachant quelque chose dans ses poches, elles s’étaient dit que, peut-être, cet évènement mériterait d’être signalé. Pas à la milice, évidemment, mais à leur chef de service, parce que les vols de médicaments pouvaient signifier beaucoup de choses, après tout – une addiction par exemple – et qu’Eiluned, comme Marlene, avaient décidé de faire ce qu’elles pensaient être le mieux…

« Oui. » chuchota-t-elle, à moitié étranglée. « Je suis désolée, je ferai tout ce que vous voulez. » ajouta-t-elle d’un ton similaire.

Eiluned avait renoncé à la possibilité de pouvoir mettre en échec son agresseur. Peut-être que si elle avait été plus forte… Elle n’était pas excellente duelliste mais elle aurait pu peut-être le ralentir le temps de transplaner… Mais sans baguette, c’était peine perdue. Elle ne faisait pas le poids face à lui ; elle paraissait minuscule, plaquée contre le mur de cette manière. Son seul espoir était qu’il la laisse partir volontairement… Elle était prête à accéder à toutes ses demandes sans poser la moindre question, pour éviter qu’il ne devienne encore plus violent envers elle. Eiluned n’était pas spécialement forte et elle n’était pas non plus particulièrement courageuse. Elle n’avait pas la bravoure nécessaire pour décrocher un coup à son agresseur qui aurait pu lui laisser l’opportunité de s’enfuir. Elle se contentait de rester immobile, tremblant de tous ses membres, adoptant une stratégie de survie bien plus digne de sa maison, qui consistait à faire profil bas. Son regard, terrifié, restait fixé sur le visage de son agresseur dont elle ne distinguait pas les traits.

« S’il-vous-plait, laissez-moi partir… » supplia-t-elle, incapable de faire le moindre mouvement, bloquée comme elle l’était contre son agresseur. « Je ne l’approcherai plus, je vous le promets… »



Eiluned Wellington


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Là où est le danger, là est ce qui sauve [Eiluned, Leonard & vil PNJ] Harry-10
Declan Doherty, 23 ans, Veilleur

Declan voyait la peur luire dans le regard de sa victime, dont les paroles tremblantes prouvèrent qu’elle se soumettait totalement, ce qui lui tira une satisfaction malsaine. Il n’avait plus à faire grand-chose pour mener à bien sa mission dorénavant. La jeune médicomage était déjà totalement à sa merci. Elle le suppliait, tremblait de tout son corps, ce ne fut pas difficile pour Declan de resserrer son emprise sur elle et augmenter d’un cran la peur qu’il lui inspirait.

« Les promesses ne valent rien, beauté. Je préfère être certain que le message est bien… imprimé. »

De sa joue, il descendit lentement sa baguette sur le corps d’Eiluned. Declan avait bien compris ce qu’on attendait de lui. Une mise en garde violente, marquante, mais discrète. Il comptait bien sur l’entière discrétion d’Eiluned à ce sujet, ne voulant pas s’attirer des ennuis, ni à lui, ni à son gang et c’était tout simplement plus difficile de mentir au sujet d’une blessure visible aux yeux de tous. C’est pourquoi il ne défigura pas la jeune femme, mais choisit plutôt de placer son maléfice juste au niveau du creux de sa hanche. Le bout de sa baguette devient cuisant, Declan vit les effets de cette brûlure sur le visage d’Eiluned qui se crispait de douleur et ce fut le moment qu’il choisit pour conclure sa mise en garde, sans lâcher son regard :

« Si tu vas chercher les flics ou que attires encore des ennuis à Calder, tu peux être sûre que le prochain avertissement, ça sera l’une de tes soeurs qui le recevra. Je n’ai simplement pas encore choisi laquelle entre la brune et la blonde… On sait tout de toi, alors sois sage. »

Avec une dernière lueur de menace dans le regard, le Veilleur relâcha enfin son emprise et prit la fuite sans plus tarder dans l’obscurité de la ruelle, poussée par les ailes de la satisfaction qu’il ressentait, à l’idée d’avoir accompli parfaitement sa mission, sans le moindre accroc. Eiluned Cadwallader était totalement terrorisée, elle n’allait plus faire de vague, il en était certain, ils n’avaient aucune crainte à avoir à son sujet…
Eiluned Wellington
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Là où est le danger, là est ce qui sauve [Eiluned, Leonard & vil PNJ] Icon_minitimeMer 22 Juil 2020 - 17:27
Eiluned s’empêchait de loucher sur la baguette qui était posée sur la peau de sa joue. Elle aurait préféré fermer les yeux, se soustraire complètement à la réalité, mais elle était dans l’incapacité de faire le moindre geste et même abaisser ses paupières lui semblait être hors de sa portée pour le moment. Elle avait compris, voulut-elle affirmer, elle avait compris, elle ne referait jamais rien contre Irina Calder, elle le jurerait sur sa propre vie si cela pouvait changer quoique ce soit. Mais, à la place de ces belles promesses, un simple gémissement de douleur s’échappa d’entre ses lèvres, alors que son agresseur reprenait la parole.

A son ton, à la façon dont il avait prononcé le dernier mot de sa phrase, Eiluned s’agita un peu, comme prise brusquement d’un instinct de survie qui venait tout juste de se manifester. Les battements de son cœur s’accélèrent encore – si cela était possible – et elle essaya de se défaire de son emprise, en vain. Toujours maintenue contre le mur par une pression qu’il exerçait sur sa gorge, la jeune femme ne voyait aucun moyen de s’enfuir, d’échapper à ce sort qu'il semblait vouloir lui réserver. Le mouvement de sa baguette sur sa joue lui donna envie de hurler, mais la quantité d’air dans ses poumons était trop réduite pour un tel effort, alors elle se contenta d’un cri étouffé, tandis que son agresseur faisait glisser sa baguette sur son corps, jusqu’au creux de sa hanche, vers sa droite. Elle eut beau murmurer des « Non, non, pitié », rien ne sembla ébranler son agresseur dans sa volonté de la faire souffrir. Au début, la sensation de brûlure fut légère – similaire à celle causée par un coup de soleil – mais elle s’intensifia et devint rapidement insupportable, si bien qu’un autre cri, de détresse, lui échappa.

Mais rien, ni la peur inspirée par son agresseur, ni la douleur infligée par cette brûlure, ne fut comparable à cette terreur que lui inspira la dernière tirade de l’homme encapuchonné. A la mention de ses sœurs, Eiluned se figea brusquement, cessa de respirer, même. Ce petit détail qu’il lui donna sur Aderyn et Llewella acheva de la terroriser, et elle hocha vivement la tête, sans rien dire. Puis, très vite, tout fut terminé. En quelques secondes à peine, elle se retrouva seule dans cette ruelle déserte, et s’affaissa sur le sol, les jambes tremblantes.

Elle tenta de reprendre sa respiration, avec la sensation que sa trachée était encore comprimée par l’emprise de son agresseur, et toussa à plusieurs reprises, à bout de souffle. Elle tremblait de tout son corps, sa tête lui tournait tant qu’elle avait le cœur au bord des lèvres. La brûlure, infligée par un maléfice qu’elle n’avait pas identifié, se répandait sur sa hanche et lui arracha un sursaut douloureux lorsqu’elle souleva son t-shirt pour découvrir une peau rougie, violacée sur les bords de la plaie, luisante.

Rapidement, Eiluned se rendit compte qu’elle était incapable de se redresser, que ses jambes ne pouvaient tout simplement pas la soulever. Elle ferma les yeux, essaya de visualiser son appartement dans l’espoir d’y transplaner, mais elle ne parvenait pas à se concentrer sur sa destination, et elle finit par y renoncer, de peur de se désartibuler.

La jeune femme fouilla dans ses poches, saisit son Pear entre ses doigts tremblants et le déverrouilla d’un geste peu assuré. Son premier réflexe fut de chercher le nom de Gawain dans son répertoire, mais elle se retint juste avant de cliquer sur son nom pour lancer un appel, en se rappelant des menaces très claires de son agresseur. S’il avait su identifier Aderyn et Llewella, il devait aussi posséder des informations sur Gawain, et sur Drystan, ainsi que sur leurs enfants… Horrifiée, Eiluned effaça sa recherche, le cœur battant.

Alors, par réflexe, elle pressa longtemps le bouton du « 1 », et, avec ce raccourci, appela Leonard – elle n’avait jamais changé son premier contact d’urgence. La jeune femme colla l’appareil à son oreille, et patienta pendant ce qui lui parut être une éternité. Finalement, son appel fut envoyé sur une messagerie une première fois. Puis une deuxième. Et une troisième. Eiluned, encore prise par un sentiment de terreur et d’urgence, ne mesura pas spécialement les conséquences de son geste ou les raisons – peut-être légitimes – pour lesquelles Leonard refusait de lui répondre. Elle savait qu’elle avait besoin de quelqu’un, que Leonard restait la personne en qui elle avait le plus confiance et qu’il saurait quoi faire pour l’aider sans aggraver sa situation. Alors, elle tapa une série de messages alarmants. « S’il-te-plait rappelle-moi. » « S’il-te-plait, c’est urgent, je te le jure. » « Je t’en supplie, j’ai peur, rappelle-moi. »

Finalement, le nom de son ex petit-ami s’afficha sur l’écran de son Pear, et elle décrocha immédiatement. Les genoux ramenés contre la poitrine, le dos appuyé contre le mur d’un immeuble un peu lugubre dans le noir, Eiluned chuchota :

« Leonard ? » Puis, submergée par les émotions, et soulagée de ce contact qui lui donnait l’impression de sortir d’un cauchemar, elle éclata en sanglot ; de vrais pleurs de peur qu’elle peina à maîtriser. Elle parvint à expliquer, à travers ses larmes : « J’ai été… J’ai été agressée… » Elle renifla et essuya ses joues. « Je ne savais pas qui appeler d’autre… Il a menacé de s’en prendre à mes sœurs… »



Eiluned Wellington


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Leonard Wellington
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Là où est le danger, là est ce qui sauve [Eiluned, Leonard & vil PNJ] Icon_minitimeMer 22 Juil 2020 - 18:44
La nuit noire était tombée sur Leopoldgrad et seule une petite lampe de chevet éclairait la table basse du salon où Leonard s’était installé. Plutôt que sur le canapé, il s’était assis à même le sol, le dos courbé et les jambes repliées dans une étrange position, tandis qu’il déchiffrait les petits caractères de rapport de police. Il avait ramené avec lui en début de semaine tout le dossier concernant la guerre des gangs de Bristol, décidé à en relire intégralement le moindre de ses parchemins, à la recherche d’indices qu’il aurait manqués lors de ses précédentes investigations. L’enquête sur la disparition d’Octavia était au point mort, comme toutes les enquêtes sur des personnes portées disparues, où la piste n’était pas retrouvée dans les jours qui suivaient. Leonard essayait d’aborder le dossier avec toute la froideur de professionnel dont il était capable, mais relire chaque détail sur le corps des victimes retrouvées lui serrait toujours autant le coeur. Cela faisait bien longtemps que son instinct de policier lui soufflait que sa soeur était probablement dans le même état, quelque part, et qu’il devait faire son deuil, mais il s’y refusait, tant qu’il n’avait pas retrouvé formellement son corps…

L’acharnement, la frustration, le besoin d’avoir des réponses mais également le besoin de s’occuper l’esprit dans cette période difficile qu’il vivait depuis le début du mois de janvier l’avait poussé à redoubler d’efforts dans cette enquête impossible. En journée, il pouvait difficilement consacrer du temps à ce dossier car il avait beaucoup de travail à la milice, sur des enquêtes récentes et en cours, alors il profitait de ses nuits pour s’abîmer les yeux dans ses investigations concernant Octavia. Il travaillait jusqu’à des heures indécentes et cela commençait à se voir sur son visage, tout comme sur son humeur. On avait connu Leonard Wellington plus joyeux mais il fallait reconnaître que rien dans sa vie actuellement ne lui apportait du bonheur, puisqu’il s’était séparé de la seule personne qui avait toujours été capable de lui en fournir, même dans les heures les plus sombres…

Tel un étrange appel du hasard, ce fut le moment où le Pear One de Lenny vibra avec une sonnerie identifiée comme celle d’Eiluned : un extrait d’un morceau de piano qu’elle adorait, qu’il lui avait attribuée et qu’il n’avait jamais changé, pas même après leur rupture. Cela lui permettait de savoir facilement quand elle appelait, chose qui n’était plus arrivée depuis des semaines maintenant, alors il sursauta brusquement en reconnaissant la sonnerie. Il attrapa son Pear, pour vérifier qu’il ne s’agissait pas d’une erreur, mais ce fut bel et bien le nom d’Eiluned qui s’afficha à l’écran. Elle l’avait appelé des dizaines de fois, juste après son départ, lui avait laissé des messages vocaux, désespérée d’avoir des nouvelles de sa part. Puis brusquement, elle avait arrêté, quand elle avait compris que c’était inutile et qu’il ne répondrait pas à ses appels, quand bien même chacun d’entre eux lui vrillait le coeur et l’agitait de l’envie de presser le bouton vert.

Cette fois-ci ne fut pas différente et il fut même pris d’une grosse appréhension. Pourquoi l’appelait-elle maintenant ? Y avait-il un lien avec leur dernière confrontation, après cette terrible soirée d’anniversaire ratée, quelques jours plus tôt ? Fébrile, Leonard rejeta son Pear au sol, ignorant la sonnerie qui se répétait une deuxième fois. A la troisième, il le récupéra entre ses mains, pris d’une véritable hésitation, le pouce suspendu au-dessus du bouton vert. Trois fois de suite, c’était beaucoup, tout de même… A l’instant où il se demandait s’il s’agissait d’une urgence, des messages écrits s’enchaînèrent sur l’écran lumineux de son Pear, des messages qui lui glacèrent le sang. En voulant appuyer sur le bouton de rappel, le poudrier lui échappa maladroitement des mains sous le coup de la panique et il dut prendre une inspiration pour répéter correctement l’opération.

A l’instant où l’hologramme brouillé d’Eiluned s’afficha, il sut que quelque chose n’allait pas. Les contours étaient flous et éthérés, mais il aurait reconnu son visage en larmes entre mille. Elle n’était pas seulement en pleurs, elle était véritablement choquée, secouée par un sentiment d’épouvante qui gagna très vite Leonard à son tour. Le coeur battant à toute allure, il s’exclama :

« Lili ? Qu’est-ce qui se passe ? Lili, parle-moi ?! »

Il s’était redressé sur ses genoux, penché par dessus son Pear, tous les muscles tendus et en alerte. L’aveu qui échappa à Eiluned, entre deux sanglots sonores, lui fit l’effet d’un coup de massue en pleine tête et l’horreur se lut aussitôt sur le visage du milicien. Agressée ? Comment ? Pourquoi ? Totalement redressé sur ses jambes, cette fois, il réagit, poussé par un immense sentiment d’urgence :

« Quoi ? Par qui ? Où es-tu ? J’arrive, dis-moi juste où tu es ! » Se rendant compte que sa propre panique n’aidait pas Eiluned à calmer la sienne et articuler quelque chose de cohérent, il s’efforça de contrôler sa voix. « Lili, calme-toi, respire. Ne bouge pas d’où tu es et envoie-moi l’adresse à l’écrit. »

Ses mains tremblaient quand il reçut la localisation et vu la précipitation avec laquelle il transplana, ce fut un miracle qu’il ne soit pas désartibulé en atterrissant. Il imagina environ tout et n’importe quoi -et surtout le pire- avant d’arriver dans la ruelle sombre qu’Eiluned lui avait indiquée. Il l’imagina en sang, blessée, les vêtements déchirés, incapable de bouger d’où elle était. Est-ce qu’on lui avait volé quelque chose ? Est-ce qu’on l’avait frappée ? Est-ce qu’on l’avait touchée sans son consentement ? Mille questions affreuses envahissaient son esprit alors qu’il courait vers la seule silhouette qui occupait l’étroite rue. Il la trouva prostrée au sol, contre le mur de l’immeuble derrière elle, levant vers lui un visage baigné de larmes. Mort d’inquiétude, Leonard s’agenouilla face à elle et posa les deux mains sur ses bras.

« Par Merlin, mais qu’est-ce qui s’est passé ? s’exclama t-il. Tu es blessée ? »


Leonard Wellington

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Là où est le danger, là est ce qui sauve [Eiluned, Leonard & vil PNJ] Icon_minitimeMer 22 Juil 2020 - 19:54
Au moment où Leonard prononça son nom, Eiluned se sentit envahie par une vague de soulagement, comme si, maintenant qu’elle n’était plus toute seule, son cauchemar prenait doucement fin. Elle maintenait son Pear devant elle, sans pouvoir empêcher ses mains de trembler, toutefois bien incapable de répondre aux questions paniquées de son ex petit-ami. Elle souffla simplement un « Ok » lorsqu’il lui intima de lui envoyer l’adresse où elle était, et raccrocha.

La jeune femme tendit le cou pour aviser le numéro de l’immeuble dont l’entrée se trouvait en face d’elle, un peu plus à sa gauche. Le 21. Elle tapa l’adresse, l’envoya, et abandonna son Pear par terre, sans parvenir à calmer ce sentiment de panique qui s’était emparée d’elle. Elle avait appelé Leonard par réflexe, mais elle craignait les conséquences, maintenant. Il lui avait dit de n’en parler à personne… Et s’il était encore là, à l’épier dans la nuit ? Et s’il décidait de s’en prendre à Aderyn ou Llewella ? Eiluned sentit sa respirer s’accélérer davantage et son cœur se serrer douloureusement dans sa poitrine.

Eiluned n’avait jamais été une personne particulièrement courageuse, le genre à affronter ses peurs volontairement avec une escapade dans la Forêt Interdite ou dans la Cabane Hurlante. Plus jeune, elle avait détesté devoir dormir dans le noir le plus complet. En grandissant, cette peur primaire s’était apaisée, mais elle persistait à ne pas être rassurée par les lieux obscurs, par les ruelles sombres qu’elle traversait parfois, lorsqu’elle rentrait de soirée un peu éméchée. Elle connaissait ce sentiment d’urgence qui la prenait lorsqu’elle croisait quelqu’un dans ces moments-là, incapable de ne pas dresser mille hypothèses toutes aussi terrifiantes les unes que les autres.

Mais elle n’avait ressenti auparavant un tel sentiment de panique, qui s’était répandu dans tout son corps et la figeait sur place. La jeune femme s’efforça de calmer sa respiration, car cette crise de tachypnée faisait souffrir sa trachée encore douloureuse.

Le bruit caractéristique du transplanage la fit sursauter, et elle tourna la tête pour découvrir Leonard, qui s’agenouilla face à elle. Elle fut incapable de répondre immédiatement à sa première question, encore trop choquée par son agression pour se rappeler exactement de ce qu’il s’était passé, ni même du temps que cela avait duré – elle avait l’impression d’avoir été plaquée contre ce mur une demi-seconde et une longue heure. En revanche, elle hocha la tête à sa seconde interrogation. Elle était médicomage, alors elle avait plus de facilité à se concentrer sur les lésions qu’elle percevait dans son corps plutôt que sur les évènements qui les avaient causées.

Du bout des doigts, elle effleura sa gorge. « Il me tenait ici. » murmura-t-elle d’un ton encore étouffé et pourtant plein d’effroi. Puis, elle abaissa sa main jusqu’au bord de son sweat-shirt, qu’elle souleva en même temps que son t-shirt pour découvrir sa peau. Le tissu avait collé à sa plaie et lui arracha un gémissement douloureux lorsqu’elle le retira. Elle avait l’impression que l’état de brûlure avait encore empiré ; elle était beaucoup plus violacée à présent, presque noire sur les bords, en mangeait une bonne partie de sa hanche. « Ça vient d’un sort… » déclara-t-elle en reportant son attention sur Leonard, dont elle accrocha le regard avec l’énergie du désespoir.

« Ce… C’est de ma faute. J’ai fait un rapport à l’hôpital… Je ne pensais pas… Je ne voulais pas… On nous avait juste demandé de le faire… » Ses déclarations étaient confuses, chuchotées pour n’être entendues que par Leonard. « Je ne pensais que c’était confidentiel… Que personne n’apprendrait jamais… Que ce serait simplement transmis à la direction de l’hôpital, à la milice, je ne sais pas, mais pas qu’on l’informerait elle… » Ses mains agrippèrent à son tour les avant-bras de Leonard, comme si ce contact allait l’ancrer un peu plus dans la réalité. « Lenny, il m’a dit que si j’allais voir la police, il s’en prendrait à Llewella et Aderyn… Et ce n’était pas des paroles en l’air, il les connaissait, il savait à quoi elles ressemblaient. »



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Là où est le danger, là est ce qui sauve [Eiluned, Leonard & vil PNJ] Icon_minitimeMer 22 Juil 2020 - 22:41
Leonard pensait avoir découvert toutes les facettes émotionnelles d’Eiluned à travers les nombreuses années qu’ils avaient partagées ensemble. Pourtant, cette nuit, il en aperçut une nouvelle, celle d’une pure panique qu’il n’avait jamais vue sur son visage. Ce constat le bouleversa. L’épouvante qu’elle laissait voir le gagna lui aussi, il fut véritablement horrifié du récit saccadé qu’elle fit et qui envahissait son esprit d’images terrifiantes. Son regard glissa de sa gorge rougie vers l’affreuse plaie qui s’étendait sur tout le côté de sa hanche. Cette vision d’horreur lui fit l’effet d’un violent coup dans l’estomac.

« Mon Dieu… Il t’a brûlée ? »

En tout cas, ce qu’il distinguait péniblement avec les lumières des lampadaires avait tous les atours d’une brûlure au deuxième ou troisième degré. L’obscurité de la ruelle le cachait mais le teint de Leonard était désormais livide. Le regard douloureux, désespéré qu’Eiluned posait sur lui était un coup de couteau en plein coeur. Il ne comprenait pas comment une telle chose avait pu arriver, tout ce qu’il avait sous les yeux actuellement n’avait aucun sens. S’il connaissait une personne dans son entourage qui faisait tout pour éviter les ennuis, c’était bien Eiluned. Comment s’était-elle retrouvée piégée dans un tel traquenard ?

Des explications confuses arrivèrent, entre deux sanglots, des explications hachées dont Leonard ne parvenait pas à saisir totalement le sens. Tout ce qu’il put comprendre, c’était que cette agression avait un lien avec un rapport confidentiel qu’elle avait fait pour l’hôpital et la milice. Il voyait à peu près quel genre d’informations à Sainte Mangouste pouvaient intéresser la milice mais il ne put tirer aucune conclusion pour le moment face aux phrases incomplètes d’Eiluned et de toute manière, ce n’était pas le moment de le faire. Pour l’instant, il fallait absolument la mettre à l’abri et soigner ses blessures. Ses mains tremblaient quand elles attrapèrent celles d’Eiluned, alors qu’il se faisait violence pour rassembler tous ses bons réflexes de policier face à cette situation de crise.

« Ok… Ok, écoute, qui que soit ce type, il est sûrement allé se planquer maintenant, mais on peut appeler Llewella et Aderyn en rentrant pour s’assurer qu’elles vont bien. Est-ce que… Est-ce que tu te sens en état de transplaner avec moi ? l’interrogea t-il, balbutiant sous l’effet de l’émotion. On va commencer par rentrer chez toi et soigner tes blessures. Ensuite, on… On avisera. »

Leonard avait bien conscience d’être la bouée jetée dans la mer effrayante où se noyait Eiluned actuellement, il n’avait qu’à voir comme elle s’agrippait à ses bras pour le sentir, alors il essayait de se montrer rassurant et en maîtrise de la situation. Mais la vérité était qu’il avait l’impression que son coeur allait exploser d’angoisse et sa tête de mille questions. Il dut s’y prendre à plusieurs fois pour parvenir à fixer sa concentration sur la destination qu’Eiluned lui énonça. Enfin, ils arrivèrent dans un espace que Leonard ne pensait pas découvrir un jour. Le petit appartement où vivait son ex ressemblait à tous les appartements qu’on pouvait trouver à Leopoldgrad : des murs immaculés, une cuisine ouverte sur le salon, du mobilier moderne. Il n’eut pas vraiment le loisir d’observer les lieux et se sentit d’ailleurs assez mal à l’aise en pénétrant dans la pièce de vie, comme s’il entrait dans un espace où il n’avait pas vraiment sa place. Mais ce n’était pas vraiment le moment de s’attarder sur l’incongruité de cette situation tout à fait exceptionnelle. Un bras autour de la taille d’Eiluned, qu’il soutenait pour l’aider à marcher avec sa douleur qui lui sciait le côté droit, il lui demanda doucement :

« Où est ta salle de bains ? »



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Là où est le danger, là est ce qui sauve [Eiluned, Leonard & vil PNJ] Icon_minitimeJeu 23 Juil 2020 - 11:31
« Oui… » souffla-t-elle. « Pour imprimer le message… »

Un violent frisson parcourut son corps, alors qu’elle tentait vainement d’expliquer à Leonard, entre deux sanglots, l’évènement traumatisant qu’elle venait de vivre. Mais c’était peine perdue ; ses pensées étaient aussi confuses que ses propos, et rien de ce qu’elle disait ne faisait véritablement sens. Parce que cette situation n’avait aucun sens, songea douloureusement Eiluned en se raccrochant au regard de Leonard, seul point d’ancrage dans cette soirée effroyable. Rien de tout cela n’aurait jamais dû arriver… Elle n’aurait jamais dû rien dire. Elle aurait dû suivre l’exemple de la majorité de ses camarades, et refuser d’accorder un quelconque crédit à cette réforme portée par la milice. Mais… C’était facile d’arguer que non, jamais on ne pourrait faire une telle chose, que c’était à l’encontre de toute éthique médicale… Et c’en était encore une autre de se retrouver confronter à la situation en elle-même. C’était juste… C’était ce qu’on lui avait demandé de faire, après tout. Ils avaient connu des pénuries de médicaments – aux urgences surtout – et ils avaient été obligés de travailler avec les moyens du bord, de rationner les anesthésiants et les antalgiques, justement à cause des nombreux vols qui avaient été déclarés sur quelques mois. Elle pensait… Elle voulait seulement bien faire.

Eiluned s’efforça de se concentrer sur les paroles de Leonard, et hocha la tête lorsqu’il prit l’initiative de l’accompagner chez elle. « Oui. » répondit-elle lorsqu’il lui demanda si elle pouvait transplaner avec lui. « Je dois juste récupérer ma baguette… » Elle la désigna du menton, et d’un sortilège informulé, Leonard la récupéra pour qu’elle la range dans la poche de son manteau. Puis, elle glissa ses mains dans les siennes et, quelques secondes plus tard, après qu’elle lui ait donné l’adresse de son appartement, ils avaient disparu.  

Ils réapparurent au bas de son immeuble, et Eiluned s’appuya contre le mur pour avancer sans trop tituber, étourdie d’une douleur sourde qui semblait empirer de minute en minute. Elle adressa un regard reconnaissant à Leonard, qui passa un bras autour de sa taille pour l’aider, et tous les deux montèrent jusqu’au quatrième étage, où se trouvait son studio. Elle fouilla dans sa poche pour extirper ses clés, et ouvrit la porte principale.

Tout était calme. Chaque chose était à l’endroit exact où elle l’avait laissé en partant ce matin à l’hôpital. Ce silence, parfois si réconfortant, lui parut particulièrement pesant, car cette quiétude qui régnait sur son habitation n’était absolument pas en reflet avec son état.

« Par-là » fit-elle en désignant du menton une porte à sa gauche.

Elle alluma la lumière de sa salle de bain et s’avança avec précaution jusqu’à pouvoir s’appuyer sur son lavabo. Elle croisa son reflet dans le miroir et s’observa un instant, constatant avec une grimace qu’une marque rouge apparaissait doucement à l’endroit où son agresseur l’avait tenu à la gorge, elle y porta doucement la main, examinant du bout des doigts la zone douloureuse, mais ne sentit rien d’anormal à cet auto-examen – probablement aurait-elle un bleu demain matin… Avec appréhension, elle souleva son t-shirt et se contorsionna devant la glace pour observer la brûlure infligée par son agresseur. La vision lui arracha un sursaut – c’était encore plus affreux sous la lumière blanche de sa petite salle de bain. La brûlure était parfaitement circulaire, signe qu’elle avait été infligée par un sortilège. Elle s’étendait sur la moitié de sa hanche droite et était rouge à certains endroits, violacée à d’autres, et noire au milieu, à l’endroit où l’homme avait posé sa baguette pour lancer son sort.

« C’est du… Deuxième profond ou troisième degré. » diagnostiqua-t-elle d’une voix un peu aigue, signe de son angoisse intérieure.

Elle attrapa sa baguette, et voulut la pointer sur sa brûlure, mais ses doigts tremblaient un peu, et l’angle pour lancer un sort n’était pas particulièrement adapté, sans mentionner le choc causé par la vision de cette affreuse blessure.

« Tu peux… ? » demanda-t-elle en jetant un regard un peu hésitant à Leonard. « Je ne sais pas ce qu’il a lancé comme sort, mais essaie juste de stopper la propagation pour l’instant… »

Elle dégagea la zone pour laisser Leonard jeter un premier sort, s’appuyant sur l’évier pour soutenir ses jambes encore faibles.

« Je ne comprends pas… » souffla-t-elle en observant ses traits tirés, fatigués dans le miroir. « J’ai donné mon rapport à mon chef de service… Ils avaient dit que, même si c’était transmis au ministère, ou à la milice, tout resterait confidentiel, que je ne risquerais rien… Je ne comprends pas comment le docteur Calder a été mise au courant… »



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Là où est le danger, là est ce qui sauve [Eiluned, Leonard & vil PNJ] Icon_minitimeJeu 23 Juil 2020 - 12:20
Quel taré. Leonard fut tellement soufflé d’indignation par ce détail qu’Eiluned ajouta, ce commentaire que son agresseur avait sûrement fait en pointant sa baguette sur elle, qu’il en resta muet. Elle était tombée sur un psychopathe, il n’y avait pas d’autres mots. Le choc rendait Leonard fébrile mais il parvint tant bien que mal à les conduire tous les deux jusqu’à un lieu sûr. Ils auraient pu se rendre à Sainte-Mangouste mais c’était prendre le risque que l’on pose des questions à Eiluned et il n’était pas sûr que cela soit une bonne idée au vu des menaces qu’elle avait reçues et du fait que cette histoire semblait déjà impliquer la milice et l’hôpital, à en croire ses explications confuses. Leonard préférait d’abord avoir toutes les informations en sa possession avant de faire appel à qui que ce soit. Malgré la forte inquiétude qu’il ressentait, il savait qu’ils sauraient traiter tous les deux cette brûlure, Eiluned en avait soigné de bien pires, quant à lui, il avait quelques bases, grâce à sa formation et sa pratique au sein de la BSM.

Il se sentit d’ailleurs ramené à cette époque où il faisait encore partie de ce corps d’experts et que des cadavres passaient sous son bistouri et son examen fin. Des brûlures comme celle qu’Eiluned regardait dans son miroir, amples, circulaires, caractéristiques d’un maléfice lancé par autrui, Leonard en avait déjà vu passer des dizaines sur des corps sans vie, qui avaient succombé sous la torture… Cette pensée lui donna la nausée. Il prit à cet instant conscience qu’Eiluned aurait pu finir dans un état bien pire que celui où elle était. Sa voix était aussi blanche que son teint quand il répondit, les yeux rivés sur la hanche blessée de son ex-compagne :

« Oui, je vais le faire. » Il se détacha de l’encadrement de la porte contre lequel il s’était appuyé et franchit la distance qui le séparait d’elle. Du bout des doigts, Leonard effleura la peau autour de sa blessure, qu’il observa sous plusieurs angles, cherchant à identifier le sortilège. « C’est un Ulcus, je pense… »

Un maléfice qui ne faisait pas apparaître de flammes mais faisait l’effet d’un tisonnier ardent brutalement posé sur la peau. Un véritable sortilège de torture qui pouvait aller jusque creuser la chair de sa victime. Heureusement, l’agresseur ne semblait pas avoir maintenu le sortilège suffisamment longtemps pour en arriver jusque là mais il n’en était pas loin, songea Leonard, en voyant la trace noire à l’épicentre de la brûlure. Ses mains ne tremblaient plus seulement d’effroi, mais également de colère quand il pointa sa baguette sur sa blessure pour la nettoyer et contenir le maléfice. Au moment où il s’apprêtait à interroger Eiluned, désireux de comprendre qui était l’immonde cognard qui lui avait fait subir ce sort, elle devança ses questions, la voix plus calme que tout à l’heure mais toujours aussi affaiblie par le choc. A nouveau, elle évoqua ce rapport, suivi d’un nom qui fit immédiatement réagir Leonard.

« Attends. Quoi ? Calder ? » La stupeur, mais surtout l’horreur, se lisait dans le regard qu’il vrillait dans celui d’Eiluned. « C’était qui exactement ? Son prénom ? Le rapport dont tu parles la concernait ? C’est elle qui a envoyé le mec qui t’a agressée ? Qu’est-ce qu’il a dit à son sujet ? »

Le coeur du milicien battait à une allure incontrôlable, au même rythme que ses questions qui fusaient. Le nom des Calder était parfaitement connu de leurs services, pour la simple et bonne raison qu’il s’agissait d’un des plus fidèles informateurs de la Milice, mais surtout du parrain de la pègre bristolienne. Un affreux pressentiment commençait à s’emparer de Leonard, qui ne parvenait pas à croire en une coïncidence. Cette agression en pleine rue, ces menaces sur Eiluned et sa famille, cette brûlure terrible causée par une baguette sans scrupules… La situation collait parfaitement à un profil mafieux, lui soufflait son instinct d’enquêteur, couvrant la voix de l’amoureux inquiet qui, lui, refusait catégoriquement l’effarante possibilité qu’Eiluned se soit attiré les foudres d’un parrain de la mafia et la priait du regard de démentir cette hypothèse.


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Là où est le danger, là est ce qui sauve [Eiluned, Leonard & vil PNJ] Icon_minitimeJeu 23 Juil 2020 - 15:27
Eiluned arracha son regard de sa brûlure, cessant cette contemplation morbide, pour laisser Leonard examiner sa plaie sous différents angles. Elle hocha la tête à son diagnostic, un peu nauséeuse, parce qu’elle connaissait le sortilège Ulcus pour en avoir traité les conséquences à plusieurs reprises à l’hôpital.

« Ça cicatrise mal. » souffla-t-elle d’une voix blanche, alors qu’elle agrippait le bord du lavabo en retenant un cri de souffrance lorsque son ex-compagnon entreprit de nettoyer la plaie. Elle avait l’impression que la douleur s’étendait, encore et encore, même à des endroits où sa chair n’était pas à vif, et devenait encore plus insupportable maintenant qu’elle était traitée. Eiluned serra les dents, les yeux brillants de larmes et s’efforça de rester immobile pour faciliter le travail de Leonard. Des étoiles commencèrent à danser devant ses yeux, alors elle les ferma, en luttant pour conserver une respiration normale, elle qui retenait son souffle depuis plusieurs secondes désormais.

Puis, doucement, la douleur sembla refluer – pas complètement, évidemment, mais elle lui paraissait déjà moins insoutenable – et elle réouvrit les yeux pour accrocher son propre regard dans le miroir. Elle laissa le silence s’écouler encore un peu pour reprendre ses esprits et rassembler ses idées, avant de partager ses pensées avec Leonard. La réaction de ce dernier, qui semblait aussi stupéfait et terrifié, arracha à Eiluned un regard méfiant et tout aussi apeuré. Elle se retourna, et s’appuya contre le lavabo pour lui faire face, en veillant à maintenir le tissu de ses vêtements au-dessus de sa brûlure pour ne pas qu’il l’effleure.

« Irina Calder. » répondit-elle d’une voix basse, se sentant gagnée par la panique qu’elle avait entendu dans les mots de Leonard. « C’est une médicomage à Ste Mangouste et je… » Sa voix se brisa, et elle dût lutter pour ne pas fondre en larmes une nouvelle fois, encore traumatisée par les évènements de cette soirée. « La milice a fait parvenir un ordre à l’hôpital il y a quelques semaines. On doit déclarer dans un rapport toutes les blessures suspectes qu’on traite, tu sais, quand les explications sur les origines ne sont pas claires, ce genre de chose. Et… De la même façon, on est censés rapporter à notre chef de service si les actions d’un de nos collègues sont louches. » Elle ajouta, un peu honteuse : « Avec tous les vols de médicaments qu’il y a eu à l’hôpital, on est régulièrement en pénurie. Je ne voulais pas… Je ne voulais pas lui attirer de problème, juste je ne sais pas… C’était ce qu’on nous avait demandé de faire. » Eiluned tapota nerveusement le bord de l’évier. « Je l’ai vu sortir d’une réserve de médicaments, en mettant plusieurs boîtes dans un sac, et sans signer le registre obligatoire. Alors je… J’en ai parlé à mon chef de service. Si je ne le faisais pas et, qu’un jour, quelque chose de terrible arrivait… » Elle avait encore en mémoire ces jours affreux passés à l’hôpital après l’attentat à la March Bank, où elle avait été en première ligne pour soigner les victimes – au moment de l’effondrement, elle avait même été envoyée sur place pour aider au triage, et cela l’avait profondément marqué.

Elle s’accrocha au regard de Leonard pour puiser la force de poursuivre son récit.

« Je n’ai pas signé ma déclaration. On m’avait assuré que tout serait anonyme… Mais il était au courant. Il m’a dit qu’il avait un message pour moi et que j’avais intérêt à ne plus jamais m’approcher d’elle. Que si j’attirais encore des ennuis au docteur Calder, il s’en prendrait à mes sœurs… » Une phrase, en particulier, lui revint en mémoire, accompagnée de la peur qu’elle lui avait provoquée. « Il m’a dit « On sait tout de toi » »

Elle s’agita un peu, aux prises avec ce même sentiment de panique qui refusait de la quitter. Elle se concentra sur Leonard pour ne pas sombrer, se raccrochant à sa présence comme pour s’ancrer dans la réalité.

« Calder. Comment tu la connais ? » demanda-t-elle alors en fronçant les sourcils, lorsqu’elle se remémora la stupeur qu’elle avait entendu dans sa voix lorsqu’elle avait prononcé son nom.




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Là où est le danger, là est ce qui sauve [Eiluned, Leonard & vil PNJ] Icon_minitimeJeu 23 Juil 2020 - 18:16
Irina Calder. Ce nom fit tomber une lourde pierre dans l’estomac de Leonard. A la Milice, tous connaissaient les background des gros noms de la mafia, qu’ils soient leurs cibles ou leurs collaborateurs. Leonard pouvait citer de tête chaque membre de la famille de Roy Calder, leur âge et leur profession. Il n’avait désormais aucun doute sur la personne impliquée dans l’agression d’Eiluned et ce constat fut très dur à admettre. Son ex avait mis les pieds dans une situation terriblement dangereuse… A cause des ordres donnés par la Milice, réalisa t-il, effaré. Le récit d’Eiluned prenait totalement sens, maintenant. Leonard connaissait les instructions qu’Avalon leur avait demandé de diffuser auprès du célèbre hôpital magique, afin de mettre en place une stratégie plus offensive pour traquer les terroristes. Dans cette guerre sans merci que les deux camps se menaient, les miliciens savaient que leurs cibles recherchées avaient des moyens réduits, qu’ils évitaient de se rendre à l’hôpital public pour ne pas se faire attraper et ils soupçonnaient des installations médicales clandestines disséminées dans le pays, pour lesquelles le matériel ne pouvait pas venir de nulle part. Surveiller les patients qui arrivaient à Sainte-Mangouste et surveiller les agissements suspects de ses médicomages, typiquement des vols de médicaments, pouvaient les aider à ferrer des rebelles. Cette stratégie faisait sens, Leonard l’avait approuvée mais il n’avait jamais pensé qu’Eiluned pouvait en être victime, exactement pour les raisons qu’elle évoquait : les délateurs étaient protégés normalement.

Mais ce qu’Eiluned ignorait -et que Leonard n’avait pas le droit de lui dire- c’était que la Milice elle-même entretenait des liens privilégiés avec quelques mafieux et que par cette action, elle se tenait détentrice d’informations utiles mais ouvrait également une dangereuse porte sur celles qui circulaient dans leurs bureaux. Qui donc avait dénoncé Eiluned ? se demanda t-il, avec un terrible pressentiment lui rongeant le coeur. Un de ses collègues à lui, en échange d’une bonne information ou pire, d’un petit pactole ? Etait-ce le chef de service de Lili, payé grassement ou menacé par un Veilleur pour obtenir l’identité de la personne qui avait dénoncé Irina Calder ? Le cerveau de Leonard s’affolait dans de multiples hypothèses qui lui glaçaient toutes le sang, sans exception. Mais rien ne le figea d’horreur autant que la phrase qu’Eiluned répéta, la voix blanche.

On sait tout de toi.

Elle était en danger, en grand danger, à cause d’un gang de mafieux sans foi ni loi et peut-être à cause des agissements de son service à lui. Certainement à cause des liens nébuleux qu’ils entretenaient avec la mafia, liens que Leonard n’aimait pas et n’avait jamais autant détesté qu’à cet instant. Que des collègues à lui aient une part de responsabilité dans cette histoire restait à prouver mais une chose était sûre : les Veilleurs agissaient impunément et ceci à cause de la liberté que leur accordait la Milice. Il avait envie de vomir, maintenant, à cause de l’angoisse, la révolte et la culpabilité qui lui serraient l’estomac. Ses mains trop tremblantes pour achever ses soins, il suspendit le sortilège et s’appuya lui aussi contre l’évier, la tête baissée, restant silencieux quelques secondes, le temps de trouver le courage d’annoncer à Eiluned la vérité.

« C’est la soeur d’un parrain de la mafia. »

Cette simple phrase suffisait à tout expliquer, Lili n’était pas idiote et allait certainement tirer ses conclusions toute seule.

« Le taré qui t’a agressé est sûrement l’un des leurs… Je suppose qu’il a été envoyé par Calder pour te faire peur et te faire passer l’envie de parler de sa soeur dans tes rapports. Tu n’as rien fait de mal, Lili, mais tu… Tu es tombée sur la mauvaise personne. »

Rien ne serait arrivé si elle avait reporté un vol de médicaments commis par n’importe qui d’autre que cette femme en particulier. Pris dans son sentiment d’affolement, Leonard se masqua le visage de ses mains, puis les passa dans ses cheveux dans un geste nerveux. Quel traquenard… Prenant une grande inspiration, il revint vers son ex et posa ses mains sur ses épaules, une grande inquiétude brillait dans son regard.

« N’en parle à personne pour le moment. Je vais… Je vais essayer d’en savoir plus de mon côté. Nous aussi on a des infos sur Calder et son gang -ils avaient même plus que ça mais il ne le précisa pas- alors je vais tirer au clair ce qui s’est passé et retrouver le mec qui t’a fait ça, promit-il avec résolution toute gryffondorienne. Ne t’en fais pas pour tes soeurs, il ne les touchera pas, ni elle ni toi. »

Un plan commençait à se dessiner dans sa tête mais il le garda pour lui, car il n’y avait rien qu’Eiluned pouvait faire à son échelle sans courir de gros dangers. Passer par la Milice restait ce qu’il y avait de plus sûr et de plus rapide, il aurait simplement besoin de la description qu’Eiluned pourrait lui faire de son agresseur mais il se ravisa à la demander tout de suite. La peur qu’elle ressentait était profonde et visible sur son visage aussi Leonard revit l’ordre de ses priorités en croisant son regard bleu. Poussé par un réflexe qu’il était difficile de contenir à cet instant, il posa une main sur sa joue, dans un geste de réconfort qu’il avait autant besoin de lui donner qu’elle n’avait besoin de le recevoir. Il mourait d’inquiétude pour elle, une inquiétude qui l’empêchait de maintenir la distance qu’il avait instaurée entre eux et le poussait à chercher au contraire son contact, comme pour mieux s’assurer de cette chance qu’ils avaient qu’elle soit toujours en vie. Bouleversé, Leonard fut toutefois rattrapé par un élan de raison qui fit retomber sa main le long de son corps et rompre ce bref contact visuel avec son ex. Son regard retomba sur la brûlure qu’ils n’avaient pas fini de soigner, ce qui le fit demander dans un timide murmure :

« Est-ce que tu as de quoi bander ta plaie ? »


Leonard Wellington

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Là où est le danger, là est ce qui sauve [Eiluned, Leonard & vil PNJ] Icon_minitimeJeu 23 Juil 2020 - 19:08
Eiluned observait Leonard, et son silence lui laissait déjà présager le pire. Elle devinait un sentiment d’horreur dans le regard qu’il posait sur elle, et lutta pour ne pas s’y noyer, agrippant si fermement les rebords de l’évier que les jointures de ses mains devinrent blanches.

« C’est la sœur d’un parrain de la mafia. »

Elle le regarda, interloquée d’abord, puis horrifiée, alors qu’elle réprimait un sursaut de terreur. Elle fut incapable de prononcer le moindre mot, de témoigner verbalement de sa peur, laissée sans voix par cette annonce et ses conclusions. Elle ne savait pas comment le frère du docteur Calder avait pu remonter jusqu’à elle – avait-il des contacts au sein de l’hôpital ? Son chef de service en faisait-il partie ? – mais elle ne s’attarda pas trop longtemps sur le « comment » pour se concentrer sur les conséquences que son esprit pragmatique et rationnel l’aida à dresser.

Le danger qui pesait sur ses épaules lui semblait encore plus grand que lorsqu’elle s’était retrouvée face à son agresseur, dans cette petite ruelle sombre où elle ne voyait aucune issue. Une mafia l’avait fait suivre… Et ils savaient tout d’elle. Où elle habitait, son emploi du temps, ses trajets quotidiens, la composition de sa famille… Ses yeux s’écarquillèrent de peur, alors que la menace lui semblait devenir plus réelle que jamais. Llewella, Aderyn, et sûrement Drystan, Gawain et leurs enfants étaient en danger… A cause d’elle. Les paroles de Leonard ne parvinrent qu’à moitié à ses oreilles lorsqu’il lui assura qu’elle n’avait rien fait de mal, car un sentiment de culpabilité tenace se répandait dans ses veines. Si quelque chose arrivait à l’une de ses sœurs… Elle ne se le pardonnerait jamais. Et, après tout, il s’agissait d’un scénario vieux comme le monde, qu’on constatait dans tous les récits réels comme fictifs : elle s’en était prise à l’un des membres de la famille de ce mafieux, alors, en guise de revanche, il s’en prenait à quelqu’un de la sienne.

Plusieurs scénarios, aussi macabres les uns que les autres, défilèrent dans son esprit, et elle s’efforça de les repousser pour ne pas accentuer la panique qui l’habitait. Elle préféra se concentrer sur les paroles de Leonard, qui venait de poser ses mains sur ses épaules pour lui adresser quelques mots de réconfort… Et lui faire une promesse qui lui fit secouer la tête énergiquement de droite à gauche.

« Non. » fit-elle en accrochant un regard désespéré à celui de Leonard. « Lenny, il pourrait s’en prendre à toi. A Ulysse. A tes parents… » souffla-t-elle d’une voix aigüe. « Je ne veux pas risquer qu’il t’arrive quoique ce soit… »

La sœur de Leonard, Octavia, avait disparu à Bristol au moment d’un conflit opposant plusieurs gangs rivaux. Eiluned savait qu’il soupçonnait fortement un mafieux d’être à l’origine de cette perte, pour l’avoir soutenu pendant plusieurs mois lorsqu’il avait entrepris des recherches pour la retrouver. La haine profonde qu’il vouait à ces organisations mafieuses n’était pas inconnue d’Eiluned et elle savait comment Leonard pouvait agir sous le coup de sa colère, sans peser les moindres répercussions sur la suite… Or, elle refusait qu’il se mette en danger pour la venger. La disparition d’Octavia, il y avait maintenant quelques années de cela, l’avait dévastée. Songer au fait que Leonard pourrait subir le même sort la mettait dans un tel état d’angoisse qu’elle fut sur le point de perdre pied.

Le contact de sa main brûlante sur sa joue glacée d’effroi la ramena brusquement à la réalité. Elle leva les yeux vers lui et croisa son regard qu’elle ne quitta pas, alors qu’elle levait doucement sa main pour venir effleurer celle qu’il avait posé sur sa peau. « Fais attention. » murmura-t-elle alors, sachant pertinemment que rien, ni personne – pas même elle – ne pouvait arrêter Leonard dans ses projets. Ce moment hors du temps lui parut durer une éternité comme une poignée de secondes et, brusquement, ce contact doux – le premier depuis le départ précipité de son ex compagnon – fut rompu.

« Oui. » répondit Eiluned en arrachant son regard des yeux de Leonard. Elle agita sa baguette et une boîte cartonnée lévita jusqu’à eux. A l’intérieur se trouvaient plusieurs pansements gras qu’elle avait achetés il y a plusieurs mois de cela, lorsque Leonard s’était brûlé avec une poêle qui lui avait échappé des mains. Songer à cet évènement la ramena à cette époque où elle partageait encore la vie de Leonard et où sa présence dans sa salle de bain lui paraissait normale, naturelle, évidente. Depuis leur rupture, tout aurait dû changer… Et pourtant elle sentait dans ses gestes, dans ses regards, la même tendresse qui les avait accompagné depuis le début de leur relation. Mais cela ne changeait rien, souffla une voix qui se fraya un passage dans son esprit confus, car Leonard finirait par partir, comme en janvier, et comme quelques semaines plus tôt, chez Mary. Cette idée lui sembla insupportable, alors qu’elle l’observait apposer le pansement sur sa hanche, tant parce qu’elle ne concevait pas l’idée qu’il la laisse une troisième fois, que parce qu’elle ne pouvait envisager la possibilité de rester seule après tout ça.

« Reste avec moi. » supplia-t-elle, brusquement terrifiée à l’idée qu’il s’en aille. « Juste ce soir. »  



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Là où est le danger, là est ce qui sauve [Eiluned, Leonard & vil PNJ] Icon_minitimeJeu 23 Juil 2020 - 22:50
L’inquiétude vive qui perça dans la voix et le regard d’Eiluned, alors qu’il lui annonçait d’un ton sans appel qu’il allait traquer le responsable, ébranla Leonard au plus profond de lui. Les émotions de son ex faisaient largement écho aux siennes, à cet instant, et cette connexion intime, où ils sentaient qu’ils étaient tous les deux plein d’attention et de souci pour l’autre, le fit vaciller. C’était impossible de ne pas sentir proche d’elle dans une telle situation, de ne pas avoir envie de la rassurer, de la protéger, c'était impossible de contenir tout simplement l’amour qu’il ressentait toujours pour elle et qui se lisait toujours dans le fond de son regard.

« C’est mon métier de traquer ce genre de personnes, Lili, ça va aller… »

Mais ils savaient l’un aussi bien que l’autre qu’elle faisait référence à tous les risques que sa personnalité impulsive pouvait le pousser à prendre, surtout quand on menaçait l’un de ses proches et qu’il nourrissait déjà une profonde haine à l’égard du milieu mafieux dont elle avait été victime… Leonard tut à escient cette indignation et cette colère qui commençaient déjà à brûler au fond de lui, il ne parla pas du fait que cette histoire le ramenait inévitablement à la douleur qu’il avait ressentie cette horrible nuit où sa soeur avait disparu en plein milieu d’une guerre de gangs, mais il n’en avait pas besoin pour que ce sombre souvenir se perçoive sur son visage. Eiluned l’avait certainement senti, parce qu’elle savait comment il fonctionnait et qu’elle avait été à ses côtés dans les pires moments de sa vie… Du moins jusqu’à maintenant. La main qu’elle posa sur la sienne lui procura des frissons qu’il ne put supporter. Il brisa le contact, en hochant simplement la tête pour lui faire cette promesse qu’elle lui demandait. Il ferait attention. Il ne voulait pas l’inquiéter davantage.

Les derniers soins pour la brûlure permirent à Leonard de reporter sur son attention sur autre chose que les yeux bleus de son ex qui le troublaient beaucoup trop actuellement. Il acheva de désinfecter la plaie et y appliquer le pansement gras, sans même s’apercevoir que la douceur de ses gestes suffisait à le trahir. Son coeur manqua clairement un battement, si ce n’était plusieurs, lorsque Eiluned le pria de rester d’une voix effrayée, en posant un regard suppliant sur lui.

« Je… »

La fin de sa phrase s’étrangla dans sa gorge, car lui-même ne savait pas ce qu’il allait dire. Encore une fois, ils se retrouvaient confrontés l’un à l’autre par la force des choses, mais contrairement à leur dernier échange où il avait trouvé la résolution et le courage de se maintenir à cette décision, cette fois, Leonard se sentait plus fragile que jamais. D’abord parce que la situation était terrible, traumatisante, Eiluned avait vécu un véritable drame et lui-même n’avait aucune envie de la laisser seule après ça. Mais il aurait pu appeler quelqu’un pour lui tenir compagnie à sa place, c’était sans doute le plus raisonnable à faire s’il voulait maintenir cette distance qu’il avait instaurée entre eux. Là était justement la question : le voulait-il toujours ? Leur dernière confrontation et la discussion avec Ulysse qui s’en était suivi avaient bouleversé beaucoup de choses dans son esprit, créé de nombreux doutes chez lui. Face à Eiluned une deuxième fois, dans une situation aussi exceptionnelle où elle avait véritablement besoin de lui, il ne savait plus où il en était. Cette fois-ci, il ne parvint pas à lutter contre cet élan qui l’intimait de rester à ses côtés.

« Ok… souffla t-il après une interminable hésitation. Juste ce soir » répéta t-il, comme pour se rassurer.

Comment résister face à ce regard d’appel à l’aide qui lui fendait le coeur ? Cette tristesse et cette angoisse qu’il décelait sur son expression lui donnait envie de l’appeler « Lili chérie » à nouveau, ce surnom affectueux et réconfortant se trouvait vraiment aux portes de ses lèvres mais à la place, il se contenta de l’attirer dans ses bras, doucement.

« Ça va aller… »


Leonard Wellington

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Eiluned Wellington
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Là où est le danger, là est ce qui sauve [Eiluned, Leonard & vil PNJ] Icon_minitimeVen 24 Juil 2020 - 10:23
Eiluned avait posé un regard aussi hésitant que suppliant sur Leonard, qui restait résolument silencieux. Rien, dans sa requête, ne paraissait raisonnable, parce qu'ils étaient séparés désormais, parce que Leonard avait employé les deux derniers mois à creuser le plus d'écart possible entre eux et que cela l'avait fait souffrir comme elle n'avait jamais souffert auparavant, mais Eiluned ne pouvait pas envisager qu'il s'éloigne une nouvelle fois, pas maintenant. Elle avait besoin de lui, parce qu'il avait toujours été la personne vers qui elle avait pu se tourner, depuis sa plus tendre enfance. Parce que son courage et sa bravoure étaient contagieux, et qu'elle avait au moins besoin de cela pour apaiser sa peur. Il en avait toujours été ainsi, entre eux, peut-être parce qu'ils se connaissaient depuis des années, mais ils avaient toujours trouvé en l'autre les ressources nécessaires pour avancer, comme une énième preuve qu'ils se complétaient. Au moment de la disparition d'Octavia, Eiluned avait veillé sur Leonard jour après jour, nuit après nuit, seul rempart contre son effondrement pur et simple. Aujourd'hui, c'était elle qui avait besoin de lui, sans quoi elle était terrifiée de tomber dans un état d'angoisse tel qu'elle ne s'en relèverait jamais.

Alors, ce petit mot soufflé, après une hésitation qui lui avait paru durer des heures, créa une vague de soulagement qui déferla en elle. "Juste ce soir." répéta-t-elle à nouveau, le cœur serré à l'idée que cette parenthèse ne tarderait pas à se refermer.

Elle préféra ne pas s'attarder sur cette idée déchirante, déjà submergée par suffisamment d'émotions pour ne pas s'y noyer encore plus. Cette résolution fut encore plus difficile à tenir lorsque Leonard l'attira contre lui, avec une douceur qui, lui souffla cet espoir fou qu'elle entretenait depuis des mois, n'avait rien de la froideur qu'elle avait décelé dans ses mots de rupture. Elle se blottit contre lui avec l'habitude d'un geste qui avait été répété des millions de fois auparavant, nouant ses bras dans son dos et posant doucement sa tête contre son torse.

"J'ai eu tellement peur." lança-t-elle d'une voix étouffée après ses paroles réconfortantes, parce que formuler à voix haute ce sentiment qui la prenait encore aux tripes lui paraissait essentiel, et que, enlacée ainsi contre Leonard, elle s'était toujours sentie en capacité de tout dire. "Merci. Merci d'être venu." murmura-t-elle alors, d'une voix si douce qu'elle ne sut pas vraiment s'il l'avait entendu.

Ils restèrent enlacés de la sorte un long moment, avant de se séparer non sans échanger un long regard qui la troubla. Après avoir observé le bandage de sa plaie dans reflet du miroir, Eiluned quitta sa salle de bain pour rejoindre la pièce principale, où une cuisine s'ouvrait sur ce qui était à la fois le salon, la chambre, et le bureau. Après avoir rendu l'appartement dans lequel elle vivait avec Leonard, elle était retournée vivre quelques temps chez ses parents, mais elle avait senti qu'elle ne pourrait pas y rester indéfiniment. Cette maison, ce quartier, étaient remplis de souvenirs qu'elle avait partagé avec son ex-compagnon et elle ne pouvait se résoudre à les affronter. Alors elle était repartie, avait choisi le premier appartement qu'elle avait visité, dont la construction venait de se terminer à Leopoldgrad, et elle avait emménagé, un peu à contrecoeur dans ce logement moderne, impersonnel, où elle n'avait pas envie de mettre plus de vie.

Les murs étaient blancs, sauf celui du fond qui avait des motifs géométriques bleus et contre lequel elle avait installé son lit - leur ancien lit, songea-t-elle en jetant un coup d'oeil à Leonard. Quelques détails devaient lui sauter aux yeux, des éléments qu'elle n'avait pas pu se résoudre à jeter, ni à mettre dans un carton, parce qu'elle était tellement habituée à les avoir sous les yeux au quotidien que la pensée de les voir disparaitre, comme lui avait disparu, lui avait semblé insupportable. Ce plaid gris posé sur le canapé, dans lequel il avait toujours adoré s'enrouler l'hiver, grand frileux qu'il était. Ce cadre noir qui avait longtemps abrité une photo d'eux, prise à la fête de fiançailles d'Aderyn, remplacée aujourd'hui par un cliché d'elle et de Llewella qui avait été pris à Noël dernier. Et cette fameuse boîte à musique, encore et toujours, qui trônait sur une étagère, assez loin de son regard, mais toujours dans son décor.

La présence de Leonard, dans son petit studio, détonnait autant qu'elle lui paraissait d'une évidence folle. Elle coula vers lui un regard hésitant, parce qu'elle ne comprenait pas tout à fait comment elle était censée se comporter à ses côtés. Il y avait trop de passif, trop de sentiments, trop de non-dits aussi, sûrement, qui semblaient peser lourdement dans la pièce. Elle lui effleura doucement le bras, comme si ce geste, si simple avait le pouvoir d'alléger l'atmosphère.

"Tu veux... Tu veux un thé ?" demanda-t-elle timidement.

Elle attendit confirmation avant de rejoindre sa petite cuisine pour faire chauffer de l'eau. En quelques minutes, les deux tasses fumantes se trouvaient sur la petite table, et Eiluned s'installa devant l'une d'elle. Elle porta la boisson chaude à ses lèvres, trouvant un certain réconfort dans un geste aussi simple, aussi naturel, aussi familier, et qui lui donna le courage de questionner encore un peu Leonard :

"Ce gang... Il fait partie de ceux sur lesquels tu mènes l'enquête depuis la disparition d'Octavia, n'est-ce pas ?" Elle l'avait compris dans son regard horrifié de celui qui savait déjà contre qui il se battait.



Eiluned Wellington


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Là où est le danger, là est ce qui sauve [Eiluned, Leonard & vil PNJ] Icon_minitimeVen 24 Juil 2020 - 10:24
Leonard avait cette grande qualité et cette fâcheuse tendance à la fois de ne pas pouvoir s’empêcher d’apporter son aide là où il sentait qu’on la réclamait, parce qu’il était incapable de rester de marbre face à l’expression d’une souffrance. Parfois, il s’oubliait dans cet élan, il s’oubliait lui et ses résolutions, contre toute forme de raison, exactement comme il le faisait face à Eiluned. Eiluned qu’il aimait de tout son coeur, qu’il avait envie d’aider plus que personne, qui le touchait plus que n’importe qui. Ce qui se jouait actuellement dans l’étreinte qu’ils partageaient était largement prévisible quand on connaissait un peu Leonard. Il était incapable de ne pas réagir face à la détresse qu’elle exprimait, cette façon de la serrer contre lui, une main posée sur ses cheveux, lui ressemblait beaucoup plus que la manière dont il avait fui face à elle l’autre soir en transplanant, submergé par des émotions qu’il ne pouvait plus contrôler.

« Ça va aller » souffla t-il à nouveau, en posant sa joue sur le sommet de son crâne.

Ce câlin, timide et très révélateur à la fois, parut durer une éternité. Leonard se prit à vouloir s’y perdre, fermer les yeux et ne plus penser à rien, tant cette étreinte lui apporta à lui aussi un immense réconfort qu’il n’avait pas vu venir. Il n’était pourtant pas la personne qui en avait le plus besoin ce soir, après une agression en pleine rue, mais il en avait profondément besoin malgré tout. Il s’en rendit vite compte avec le sentiment de manque qui le saisit en se séparant d’elle, doucement. Il ne pensait pas qu’après des années à partager la vie d’Eiluned, en tant que meilleur ami d’abord, puis compagnon, il aurait pu oublier à quel point ses bras lui étaient chaleureux. Il pensait souvent à elle, pourtant, quotidiennement, il se remémorait malgré lui leurs moments mais aucun souvenir ne pouvait remplacer la sensation de l’instant présent, il en avait une nouvelle preuve. Son trouble se lut dans le regard qu’il échangea avec elle et qu’il s’efforça de détourner, avant de trop laisser voir ses pensées. Il prit quelques secondes pour lui, penché au-dessus de l’évier, pour se ressaisir, avant de suivre Eiluned dans son appartement.

Son esprit était focalisé sur elle et sa blessure quand ils étaient entrés tout à l’heure, aussi il n’avait pas pris le temps d’observer vraiment les lieux. Il eut très vite la sensation étrange que tout était très nouveau et familier à la fois. Il avait l’impression de pénétrer dans un espace qu’il connaissait un peu mais pas totalement, comme lorsqu’on revenait dans une vieille maison familiale ré-agencée par rapport à ses souvenirs d’enfance. Comme toujours quand il découvrait un lieu, ses sens captèrent mille détails utiles et inutiles à la fois, de l’organisation du mobilier à la forme de la poignée de porte, en passant par ce léger ronronnement de la chaudière et la fine ligne entre les bandes de papiers peints sur le mur bleu du fond. Il reconnut plusieurs objets, qu’Eiluned avait toujours eus avec elle, qu’il lui avait offerts lui-même, pour certains, comme ce foulard en soie blanche suspendu sur le porte-manteau, cette bande-dessinée aux illustrations délicates dans sa bibliothèque, à côté de cet album-photo à la reliure en cuir. Evidemment, la boîte à musique perchée sur une étagère. Il y avait également des objets qu’ils avaient utilisés tous les deux : le plaid gris sur le canapé, les bocaux en verre remplis de carrés de sucre et de gâteaux, la vaisselle en céramique bleue qui séchait sur l’égouttoir, les petits cactus -toujours en vie- qu’ils s’efforçaient d’entretenir et qui agrémentaient une des étagères. Et puis ce lit deux places, contre le mur, qu’il avait partagé avec elle dans l’intimité et qui parut à cet instant cristalliser le souvenir de leur couple.

Son coeur se serra très fort à cette vision, il détourna rapidement le regard, pour ne pas laisser ses pensées aller jusque se remémorer leurs moments à deux. Une déroutante bouffée de nostalgie, couplée à une grande tristesse, l’habitait et ce mélange n’était pas vraiment agréable. Il ne pouvait s’empêcher de penser que le fait qu’Eiluned ait conservé autant de souvenirs d’eux appuyait tout ce qu’elle lui avait déjà dit, par lettre ou lors de leur dernière discussion : elle ne parvenait pas à l’oublier lui, leur couple, elle ne souhaitait pas le faire. Ce constat le laissait dans une troublante position, entre un soulagement tout à fait égoïste et un accablement profond.

« Euh… Oui, je veux bien. »

Boire un thé avec elle allait peut-être apporter un semblant de normalité dans cette situation, même si Leonard ne savait pas du tout comment se positionner. On ne pouvait pas dire qu’il était un invité qu’elle accueillait amicalement chez elle, leur relation était complexe, troublée par les secrets de Leonard, les sentiments qu’ils avaient toujours, le moment lui-même était perturbant, après la violence qu’Eiluned venait vivre. Plongé dans ses pensées et le pêle-mêle de ses émotions, Leonard ne porta pas tout de suite sa tasse de thé à ses lèvres, sursautant presque à la question de son ex. Il posa son regard hésitant sur elle.

« Oui… C’est un gang, qui a la main-mise sur Bristol, actuellement. Un des gangs impliqués dans l’affrontement où Octavia a… »

Il suspendit sa phrase, car c’était toujours une phrase qu’il avait du mal à prononcer, même un an plus tard. Personne n’osait dire « perdu la vie », car ils n’en avaient pas la preuve. Seulement l’affreux pressentiment au fond de leurs tripes. Avec un soupir, il se laissa aller en arrière, contre le dossier du canapé où il était assis.

« Les Veilleurs. C’est comme ça qu’ils s’appellent. » Quel nom affreusement ironique quand on voyait le genre d’exaction qu’ils commettaient, songea Leonard, la mine sombre. Puisque la conversation revenait sur le gang, il fut pris de ses réflexes d’enquêteur et chercha à en savoir plus à son tour, doucement, désireux de ne pas brusquer Eiluned face à l’effort de mémoire qu’il lui demandait sur un souvenir traumatisant : « Est-ce que tu peux me décrire la personne qui t’a agressée ? Tout ce dont tu peux te rappeler ? Son visage, sa voix, sa démarche, sa corpulence ? »


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Là où est le danger, là est ce qui sauve [Eiluned, Leonard & vil PNJ] Icon_minitimeVen 24 Juil 2020 - 11:05
Eiluned reposa avec précaution sa tasse de thé sur sa table basse, pour écouter attentivement Leonard. Lorsqu’il mentionna Octavia, elle hocha doucement la tête, comme pour lui indiquer qu’il n’avait pas besoin de la terminer. Elle savait. Elle était là, à ses côtés, lorsque sa petite-sœur avait disparu, lorsqu’une enquête avait été ouverte et que toutes les pistes avaient mené à des impasses. Elle avait vécu avec lui sa colère, sa frustration, et surtout cette immense détresse qui l’habitait encore aujourd’hui. Eiluned l’observa s’appuyer contre le dossier de son canapé, et l’air qui s’était peint sur son visage lui serra le cœur, si bien qu’elle baissa les yeux vers ses mains un bref instant pour reprendre ses esprits.

Elle releva la tête au moment où il la questionna sur son agression, posant sur lui un regard confus. Elle sentait qu’elle avait dû mal à se rappeler de certains éléments de la scène, alors que d’autres détails lui revenaient avec précision en mémoire, des détails insignifiants sur lesquels elle s’était concentrée pour échapper à l’horreur de la situation. La fissure qui courrait sur l’immeuble qu’elle avait eu en face d’elle, longue d’environ deux mètres. Un néon blanchâtre qui signalait l’emplacement d’une quincaillerie, un peu à sa droite. Les fenêtres minuscules du bâtiment qui s’élevait à gauche. Eiluned rassembla ses mains avec appréhension, alors qu’elle fouillait sa mémoire à la recherche des détails sur l’apparence physique de son agresseur.

« Il avait une capuche… Et une écharpe. Je ne voyais pas vraiment son visage. » commença-t-elle alors, un peu hésitante.

Elle fut obligée de visiter des souvenirs encore frais, et pourtant particulièrement désagréables, pour pouvoir tirer quelques éléments. L’horreur de la scène qu’elle avait vécue lui revint alors brusquement avec un long frisson. Elle avait l’impression de se retrouver une nouvelle fois dans cette petite ruelle sombre où elle ne distinguait rien, accélérant le pas pour se retrouver dans une artère plus passante. On lui donnait un coup de coude, et elle se retrouvait plaquée contre le mur. Son agresseur baissait les yeux vers elle.

« Il était plus grand que moi. » réalisa-t-elle alors. « Peut-être de… vingt centimètres je dirais. » Eiluned mesurait un mètre soixante-huit ; il n’était pas impossible que l’homme mesure presque un mètre quatre-vingt-dix.

Il était là, en face d’elle. Il posait son avant-bras sur sa trachée pour la maintenir immobile. Elle suffoquait. A cette pensée, ses mains se crispèrent un peu plus. Il prenait la parole, disait qu’il venait lui délivrer un message.

« Il n’avait pas d’accent. » souffla-t-elle, les sourcils froncés. « Une voix un peu rauque, peut-être. Je ne suis pas sûre. »

Pourtant, chaque mot qu’il avait prononcé était gravé dans son esprit. « Tu vas laisser Irina Calder tranquille. » « Les promesses ne valent rien, beauté. » « On sait tout de toi. » Elle ne put réprimer un second frisson d’effroi, contre lequel elle s’efforça de lutter, le temps de fournir à Leonard les éléments dont il avait besoin.

« Je ne voyais pas son visage mais ses yeux… » Elle hésita un instant, puis lâcha : « Il avait les yeux clairs, je crois. Mais un regard très sombre. »

Elle se souvenait particulièrement du regard dur, cruel, impitoyable qu’il avait posé sur elle et de cette satisfaction qu’elle avait senti émaner de lui lorsqu’il s’était aperçu qu’elle était terrifiée. De quoi d’autre pouvait-elle bien se souvenir ? Quels éléments avait-elle manqués ?

« Il était plutôt baraqué. Surtout au niveau des bras. » réalisa-t-elle brusquement, sans même avoir eu conscience de noter ce détail. « Il était un peu taillé comme un batteur. » Avec des biceps bien plus développés que ses adducteurs.

A présent, elle ne voyait plus rien. La scène, pourtant, continuait à se jouer en boucle dans sa tête, mais les traits de son agresseur restaient toujours aussi flous, de même que sa voix qu’elle n’entendait pas clairement.

« Je suis désolée… Je ne me souviens de rien d’autre. » avoua-t-elle en observant Leonard, les mains tremblantes des émotions que cet examen de mémoire lui avait fait vivre.

Elle laissa passer un léger silence, pendant lequel elle avala une gorgée de thé, qui ne parvint pas à l’apaiser mais qui réussit toutefois à la rasséréner un peu.

« Qu’est-ce que tu vas faire, Lenny ? » demanda avec Eiluned, la mine inquiète, parce qu’elle n’avait pas oublié leur conversation dans la salle de bain. « S’ils comprennent que je suis allée voir la milice, ils risquent de s’en prendre à Llewella ou à Aderyn… Ou à toi. Je sais, je sais, c’est ton métier. » ajouta-t-elle pour couper court à cette justification. « Mais tu es seul et on parle d’un gang entier. » Ses yeux s’agrandirent encore un peu plus. « Peut-être que… Peut-être qu’ils vont lâcher l’affaire ? » proposa-t-elle de la voix de celle qui n’y croyait pas vraiment. « Si je fais profil bas… » Elle poursuivit avec une logique macabre, mais qui lui paraissait toutefois rationnelle : « S’ils avaient voulu s’attaquer encore plus à moi… Ils l’auraient fait maintenant, non ? »

En réalité, Eiluned était particulièrement terrifiée ; cela se sentait dans son attitude, dans son regard, dans le timbre de sa voix. Elle jeta un coup d’œil vers sa baie vitrée, comme pour s’assurer que personne ne l’attendait sur son minuscule balcon qui lui offrait une jolie vue sur les grands buildings de Leopoldgrad. Cette tentative d’intimidation fonctionnait à merveille sur elle ; Eiluned se sentait épiée, en danger même lorsqu’elle était dans son studio. Après tout, ils savaient tout d’elle.



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Là où est le danger, là est ce qui sauve [Eiluned, Leonard & vil PNJ] Icon_minitimeVen 24 Juil 2020 - 12:09
Leonard s’avança légèrement sur le canapé, les coudes posés sur ses genoux, attentif au récit hésitant d’Eiluned. Elle semblait ramasser péniblement ses souvenirs, prise de tics avec ses mains qui trahissaient sa nervosité et Lenny dut réprimer une envie de les couvrir des siennes pour l’apaiser. Il comprenait tout à fait qu’il soit difficile pour elle de revenir aussi vite sur la scène brutale qu’elle venait de vivre mais il avait besoin de ces informations pour pouvoir aller voir Avalon de bonne heure dès le lendemain et coincer ce type. Il comptait bien exiger la peau de cet homme, Veilleur ou pas, et si Calder ne voulait pas le leur livrer, alors il irait le débusquer lui-même. C’est pourquoi il nota soigneusement chaque détail qu’Eiluned lui fournit, constituant mentalement un portrait-robot qu’il s’empresserait de faire coller aux différentes fiches dont ils disposaient dans la base de données des renseignements de la Milice. Et une fois qu’il aurait retrouvé cet homme… Leonard chassa pour le moment cette pensée de son esprit, pour rester concentré sur le récit d’Eiluned et ne pas se laisser gagner par ses sombres envies de revanche. Un homme grand, autour d’un mètre quatre-vingt-dix, au torse large et aux bras musclés, britannique, avec la voix rauque et les yeux clairs. Une brute épaisse en somme.

« Est-ce qu’il avait des signes distinctifs ? Comme une cicatrice quelque part ? » C’était des éléments difficiles à attraper dans le feu de l’action, mais très utiles pour opérer un tri final entre plusieurs suspects. « C’est déjà pas mal d’éléments, assura t-il. Tu serais prête à venir au poste pour l’identifier, quand on l’attrapera ? »

Pour avoir vu plusieurs fois des victimes d’agression observer des suspects derrière une vitre protectrice, Leonard savait que ce n’était jamais une expérience agréable mais qu’elles en sortaient avec un poids en moins sur les épaules. Il n’y avait rien de plus angoissant que de savoir son agresseur toujours libre quelque part à l’extérieur, potentiellement prêt à revenir. Il reconnut cette angoisse spécifique dans la voix d’Eiluned quand elle voulut savoir quelle était la suite de son plan. Leonard comprenait la peur paralysante qu’il croyait déceler derrière ses mots et sa voix tremblante, mais il ne pouvait tout simplement pas concevoir de rester sans rien faire face à une telle situation. Des mafieux lui avaient déjà pris sa petite soeur, il n’allait certainement pas les laisser faire du mal à une autre personne qui lui était chère, même s’il devait se mettre en danger pour ça. Il tut cette dernière partie pour ne pas ajouter à l’inquiétude vive qu’il percevait chez Eiluned, mais ne se montra pas moins ferme :

« Ils n’auront pas le temps de s’en prendre à qui que ce soit. Et je ne vais pas agir seul, promit-il, bien qu’il en aurait été capable s’il avait eu l’agresseur de Lili sous les yeux, actuellement. Je me reposerai sur la Milice, sur les moyens et les données qu’on a sur ce gang. Ecoute, je ne peux pas te donner trop de détails confidentiels mais… Nous aussi, à la Milice, on a des moyens de pression sur eux. Alors je vais m’assurer qu’ils ploient le genou. »

Leonard avait bien l’intention de ne pas laisser traîner cette histoire plus d’une journée. L’avantage avec le fait qu’ils collaboraient avec les Veilleurs était qu’ils pouvaient facilement communiquer avec les chefs directement. Si Leonard demandait à son ex des indices sur l’apparence du coupable, ce n’était pas parce qu’il allait s’embêter à mener l’enquête. C’était simplement pour s’assurer que Calder leur livrerait la bonne personne et pas un bouc-émissaire. Accord de collaboration ou pas, il venait de faire une grave erreur en s’en prenant à une femme qui comptait pour le lieutenant milicien et il allait vite le comprendre, songea Leonard, la mine sombre. Si les Veilleurs agissaient impunément, c’était uniquement parce que la Milice le leur permettait et il allait faire en sorte de le leur rappeler.

Il avait du mal à contenir la colère qu’il sentait monter en lui mais ce n’était certainement pas une émotion qui allait aider Eiluned à se sentir rassurée et moins inquiète. Elle exprimait une peur très forte à l’égard de sa famille que le Veilleur avait clairement menacée. Leonard lui-même n’était pas serein à l’idée que d’autres Cadwallader puissent se retrouver inquiétés. Cédant à une impulsion, il engloba les deux mains d’Eiluned dans les siennes, dans un geste rassurant.

« Ta famille sera tranquille, je te le promets. Je demanderai une protection policière pour eux et pour toi, s’il le faut » assura t-il, en espérant toutefois qu’ils n’auraient pas à en arriver là et que mettre la pression aux Veilleurs suffiraient à les tenir tranquilles.

Son regard désolé cherchait celui de Lili et voyait bien qu’elle était toujours toute pâle d’inquiétude. Il y avait un geste qu’il faisait toujours pour l’apaiser quand elle ne parvenait plus à maîtriser par ses angoisses. Après une hésitation, Leonard finit par y céder, en l’attirant contre lui, ses deux bras refermés autour d’elle, sa joue posée sur le haut de son crâne, les faisant dodeliner légèrement tous les deux.

« Ça ne se reproduira plus, d’accord ? Ça va aller… »


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« Une tâche noire, sur le poignet droit. » répondit Eiluned après un temps de silence. « Un peu comme un tatouage, je pense. Mais je n’ai pas vu à quoi il ressemblait. »

Elle s’en souvenait parce qu’elle avait louché sur la baguette que son agresseur tenait de sa main droite et que, lorsqu’il lui avait appuyé contre la joue, la manche de son sweat-shirt était un peu descendue. Elle avait vu une forme sombre, à même sa peau, mais sans parvenir à en identifier la forme. Elle ne savait pas si ces quelques éléments suffiraient à dresser un profil, et, à vrai dire, plus elle y réfléchissait, moins elle avait envie de lancer son ex petit-ami sur les traces de son agresseur, inquiétude dont elle lui fit part.

La promesse que lui fit Leonard lorsqu’il lui assura qu’il n’agirait pas seul ne la rassura qu’à moitié, parce qu’elle le connaissait suffisamment pour savoir que son impulsivité pouvait difficilement être réfrénée. Il avait tendance à agir de façon instinctive, pas toujours très rationnelle – contrairement à elle qui était beaucoup plus pragmatique – et cela lui avait déjà attiré des problèmes dans le passé. Le détail qu’il lui donna, sur ces « moyens de pression » que la milice possédait sur les Veilleurs, lui fit cependant redresser la tête, et elle posa sur lui un regard qui, s’il n’avait pas perdu toute trace de son inquiétude, semblait un peu plus apaisé. Cet élément, qu’elle n’avait pas en sa possession jusqu’à alors, parlait davantage à l’esprit pragmatique d’Eiluned. Elle hocha doucement la tête, baissant alors les yeux sur leurs mains jointes.

« Ok. Ok. » souffla-t-elle. « Je te fais confiance. » déclara-t-elle en serrant doucement ses mains dans les siennes. « Et je viendrai au poste pour une identification. »

La perspective de se retrouver une nouvelle fois face à son agresseur ne l’enchantait guère, mais elle sentait aussi que, malgré les propos qu’elle avait tenu un peu plus tôt, elle ne serait jamais tranquille tant qu’il serait encore dehors, dans la nature. Elle le chercherait à tous les coins de rue, ne pourrait s’empêcher de jeter des coups d’œil derrière son épaule pour s’assurer qu’il ne la suivait pas… Son regard glissa rapidement jusqu’à sa hanche blessée et douloureuse, et cette vision accentua encore un peu la pâleur de son visage amaigri. Ce fut sans opposer de résistance qu’elle se laissa attirer une nouvelle fois contre Leonard, dans une étreinte familière et rassurante, qui lui tira un soupir de soulagement. Elle glissa ses mains dans son dos pour se rapprocher de lui, sans envisager une seule seconde de se défaire de l’étreinte. Au contraire, elle profita de ce geste si doux, si tendre, ferma les yeux avec ce sentiment si particulier qu’elle n’avait connu qu’à ses côtés : celui d’être exactement à sa place.

Ils restèrent enlacés longtemps sur le canapé d’Eiluned, si longtemps sur leurs thés devinrent froids. Aucun mot ne fut prononcé et, à vrai dire, tous les deux savaient qu’ils n’en n’avaient pas besoin pour se comprendre. Un silence doux, profond, s’installa dans l’appartement, uniquement troublé par le bruit de leurs respirations, qui se calèrent naturellement l’une sur l’autre. Puis, avec une évidence toute naturelle, Leonard et Eiluned s’endormirent, blottis l’un contre l’autre.

Elle ouvrit les yeux en plein milieu de la nuit – son réveil, qu’elle apercevait depuis là où elle était, indiquait trois heures du matin. La jeune femme mit un moment à se rappeler des évènements de la veille – pourtant, c’était bien un sentiment de panique intense qui l’avait tiré de son sommeil. Tout lui revint en mémoire brusquement avec une affreuse netteté et la présence de Leonard, sur qui elle s’était endormie, lui tira un sourire doux, alors qu’elle reposait délicatement sa tête sur l’assise de son canapé. Dans la nuit, il s’était allongé au fond de son canapé, et elle s’était blottie contre lui, en pressant son dos contre son torse. Il avait passé une main autour de sa taille, et avait glissé son deuxième bras sous sa tête, des gestes qu’ils avaient répétés maintes et maintes fois dans le passé, si bien qu’ils en étaient capables de les reproduire presque inconsciemment. Le souffle chaud de Leonard dans sa nuque acheva de l’apaiser, et Eiluned sombra une nouvelle fois dans un sommeil un peu moins agité.

Elle se réveilla quelques heures plus tard, un peu avant sept heures, par un mouvement dans son dos. Elle eut besoin de quelques secondes avant de comprendre que Leonard s’était levé et elle ouvrit les yeux au moment où il se retournait vers elle. Ils échangèrent un long regard, s’observant dans le silence le plus total. Elle mourrait d’envie de le supplier de rester encore avec elle, comme avant – pour toujours. Mais l’intimité du moment qu’ils venaient de partager l’incita à garder en mémoire ce beau souvenir, alors elle se contenta de murmurer, sans le quitter des yeux :

« Merci. »

Elle voulut ajouter quelque chose mais se ravisa au dernier moment, et l’observa quitter son appartement, avant même que le soleil ne soit complètement levé. La porte claqua et Eiluned bascula sur le dos, fixant sur son plafond un regard vide. Le parfum de son ex compagnon flottait encore dans les airs.

FIN DU RP



Eiluned Wellington


Time stands still, beauty in all she is

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Profil Académie Waverly
Là où est le danger, là est ce qui sauve [Eiluned, Leonard & vil PNJ] Icon_minitime