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"Admis dans l’intimité des personnes, je tairai les secrets qui me seront confiés" [Marlene & Eiluned]

Eiluned Wellington
Eiluned WellingtonMédicomage
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"Admis dans l’intimité des personnes, je tairai les secrets qui me seront confiés" [Marlene & Eiluned] Icon_minitimeDim 3 Mai 2020 - 9:27
23 février 2011

Eiluned jeta son gobelet en plastique dans une poubelle et rentra dans le hall des urgences de l’hôpital. Elle s’était accordée cinq minutes, à moment plutôt calme de la journée, le temps d’avaler un café et une barre de céréale en guise de déjeuner. Un regard vers la pendule, derrière le bureau de l’infirmière coordinatrice, lui révéla qu’il était quinze heures et que son en-cas se rapprochait plus du goûter. Elle perdait souvent la notion du temps, quand elle était de garde – surtout dans un service aussi exigeant que les urgences – et elle sautait allégrement les repas ; mais comme il s’agissait d’une habitude qu’elle avait plus ou moins pris ces derniers mois, elle ne ressentait plus vraiment la sensation de faim avant la fin de journée.

La jeune femme plongea les mains dans les poches de sa cape verte. Ses doigts y rencontrèrent un papier froissé, qu’on lui avait remis quelques jours auparavant. « Tous le personnel hospitalier de l’hôpital Saint-Mangouste doit, en cas de blessure suspecte dont les circonstances d’apparition ne sont pas expliquées par le patient – ou s’il juge que celles qui sont données par le patient ne correspondent pas à la nature de la blessure – doit remplir, avant la sortie dudit patient, un rapport détaillé de la situation, qu’il transmettra à son chef de service. Ce dernier se chargera de le transmettre au service des renseignements de la Milice, dans le cadre de la lutte contre les mouvements terroristes sur le territoire. Du reste, suite à la recrudescence de vols de médicaments essentiels au traitement des patients, il en va de la responsabilité de chaque employé témoins d’une scène qu’il juge suspecte, de faire part de ses doutes à son supérieur direct.» Ce petit bout de papier, distribué à chaque employé de l’hôpital, avait créé une véritable tempête parmi le personnel.

Il y avait ceux qui en appelaient à leur serment, qu’ils avaient tous prêté avant de devenir médicomage « admis dans l’intimité des personnes, je tairai les secrets qui me seront confiés ». Ils pointaient l’illégalité de cette demande, qui allait à l’encontre du secret médical, valeur absolument fondamentale de leur profession. D’autres estimaient qu’un climat de peur et de suspicion ne pouvait pas être instauré à l’hôpital, qui avait pour le moment été plus ou moins protégé des réformes gouvernementales. « Il faut dénoncer ses patients et ses collègues » avait résumé ironiquement l’un de ses camarades de classe, alors qu’ils étaient plusieurs à se changer dans les vestiaires. « On devient tous des indics. »

Eiluned ne savait pas trop quoi penser de cette demande, alors elle avait jugé plus prudent de ne rien dire du tout. Elle comprenait les réticences de certains, notamment parce que la médicomagie était une discipline très ancienne, régie avec les mêmes principes depuis des décennies. Mais elle était aussi persuadée que, dans un contexte parfaitement différent, le gouvernement ne leur aurait pas demandé une telle chose. La lutte contre le terrorisme sur le territoire était devenue essentielle, surtout après le drame de la Marchebank – elle avait été réquisitionnée ce jour-là et, parfois, elle en cauchemardait encore – alors peut-être était-ce normal que chaque citoyen fasse sa part… Ils n’allaient pas non plus mettre d’eux-mêmes leurs patients en prison, juste signaler quelques blessures suspectes. Et puis, comme l’avait expliqué l’un de ses collègues né-moldus « ils ont un peu le même fonctionnement aux Etats-Unis, ils sont obligés de rapporter toutes les blessures par balle. Faîtes avec un revolver »avait-il ajouté en mimant avec ses doigts l’arme moldue, voyant qu’il avait perdu sa camarade sorcière.

« Tu as déjà fini, Lili ? » demanda Greta en relevant la tête vers elle.
« Fini quoi ? » répondit Eiluned en fronçant les sourcils.
« En box 4. » Du menton, l’infirmière désigna la porte close d’un box, sur la gauche.
« Euh... Je n’étais pas en box 4. »
« Si, je t’ai envoyé récupéré le patient amené par les ambulanciers et je t’ai dit de te mettre en box 4, il y a peut-être… » elle consulta sa montre, « dix minutes ? »
« Non, j’étais en pause il y a dix minutes, Greta… » rétorqua Eiluned.
« Ah bon eh bien… Vas-y maintenant. »

La jeune femme haussa les épaules, l’air de dire « ok » et se dirigea vers le box quatre. Elle ouvrit la porte et se retrouva face à une jeune femme blonde de dos. Même robe verte propre aux étudiants en médicomagie, approximativement même taille… Un soupir un peu agacé s’échappa des lèvres de la jeune femme.

« Je crois que l’infirmière t’a pris pour moi, Marlene. » fit-elle en s’avançant vers la jeune femme.

Marlene était sa filleule depuis son entrée en médicomagie, et tous leurs camarades ne cessaient de s’extasier sur leur prétendue ressemblance « vous pourriez être sœurs ! » Ni Marlene, ni elle n’avaient jamais compris ce qu’ils voyaient de semblable dans leur physique – à vrai dire, Eiluned trouvait le visage de sa filleule bien plus chaleureux et expressif que le sien. A l’hôpital, cela donnait des situations parfois cocasses, puisqu’on les confondait régulièrement.

« Bonjour monsieur, je suis le docteur Cadwallader. » se présenta-t-elle avant de se tourner vers la jeune femme : « Tu as eu les transmissions des ambulanciers ? »



Eiluned Wellington


Time stands still, beauty in all she is

KoalaVolant