Cause I love the adrenaline in my veins [Ignacio, Robin & Guests]
Robin MacFarlaneAncien personnage
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Jeu 23 Avr 2020 - 8:19
10 février 2011
Robin zippa sa paire de bottes par-dessus son jeans, attrapa son perfecto et son sac en cuir sur le portant et quitta prestement les loges des Folies sans un au revoir pour ses collègues danseuses. La répétition était terminée et elle ne travaillait pas en soirée : Ni sur scène, ni dans l’aile ouest… ni pour les Veilleurs. Ce qui la mettait hors d’elle. Elle ne s’excusa pas vraiment lorsqu’elle percuta un machiniste dans les couloirs étroits du cabaret et monta les marches d’escaliers quatre à quatre, pressée de rentrer chez elle et de laisser libre court à sa mauvaise humeur.
Pourtant, elle aurait dû être impatiente et satisfaite de savoir que, ce soir, Roy allait enfin rendre la monnaie de sa pièce à Helmut Norvel. En effet, l’enquête que Robin avait menée assidument pour retrouver le meurtrier d’Evan avait porté ses fruits : Ils avaient réussi à remontrer la piste jusqu’à Norvel et tout portait à croire qu’il était responsable de la mort de l’espion.
Il ne leur manquait qu’une information à vrai dire, et non des moindres : Le mobile, qui leur échappait encore. Robin ne pouvait pas s’empêcher de penser que la mort d’Evan avait un lien avec l’agression qu’elle avait subie avec son frère aux Folies plusieurs mois plus tôt mais elle n’arrivait pas à reconstituer le puzzle sans cette pièce manquante. Cette énigme tournait dans sa tête, jour et nuit et visiblement elle n’était pas la seule à vouloir comprendre. En effet, Roy avait décidé d’employer les grands moyens : il avait mi sur pied un plan d’action, impliquant ses contacts à la Milice et plusieurs Veilleurs, afin de tirer les choses au clair. Si Robin avait bien évidemment approuvé l’idée – elle rêvait de se confronter à Norvel- elle avait vite déchantée en apprenant qu’elle ne participerait pas à cette ultime mission, sensée leur apporter la clef de l’énigme.
Elle avait été évincé par Roy sans d’autres explications que « Tu as fait ta part du job. Merci, au revoir. ». Elle avait bien tenté de protester mais le mafieux l’avait faite taire d’un regard. Il n’avait plus besoin d’elle. Elle pouvait partir. Elle avait travaillé pendant plus d’un an sur une mission avec Evan, mission qui lui avait sans doute couté la vie. Une putain d’année entière consacrée à cette traque incessante et elle était remerciée au moment où le gang allait enfin obtenir réparation.
Robin était au moins aussi vexée qu’en colère. Elle trouvait cette décision particulièrement injuste et cela la confortait dans ses choix de quitter définitivement le milieu : Ras le bol d’être corvéable à merci et de n’obtenir en retour que de l’ingratitude. Robin en avait plus qu’assez des méthodes mafieuses. Elle avait mi assez d’argent de côté pour partir à l’étranger et trouver un nouveau travail, plus honnête. Elle comptait disparaitre totalement du monde magique anglais, sans laisser de trace.
La danseuse était toute à ses pensées lorsqu’elle déboucha dans la partie Casino et avisa Ignacio, derrière le bar, occupé à faire rentrer un peu de marchandise.
« Qu’est-ce que tu fais là ? dit-elle alors de but en blanc en s’arrêtant devant le comptoir. Elle fronça légèrement les sourcils et ajouta : Tu n’es pas avec les autres ? » Ignacio était le meilleur mercenaire des Veilleurs et Robin était étonnée que Roy se passe de ses services pour cette mission qui s'annonçait à haut risque...
Ignacio WalkerPropriétaire d'un haras
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Sam 25 Avr 2020 - 15:54
Théoriquement, Ignacio ne travaillait pas aujourd’hui. Il était venu au Cabaret en tant que Veilleur – et non en tant que barman – pour aider à régler les derniers détails de la mission que Calder menait contre Norvel. Il était assassin – non, il était même un excellent assassin – aussi il lui avait paru normal que le chef se tourne vers lui pour quelques conseils, que Ignacio s’était fait un plaisir de lui offrir – il était comme ça, généreux lorsqu’il s’agissait de partager des idées de torture pour des personnes qui avaient tué l’un des siens.
Il était donc venu aux Folies Sorcières, avait participé à la dernière réunion avec quelques Veilleurs, et puis… Et puis on l’avait chaleureusement remercié de sa contribution, et on lui avait demandé de partir, maintenant. Parce qu’on n’avait pas besoin de lui, une fois son savoir théorique offert aux autres. Ignacio n’était pas le genre d’homme à crier au scandale, aussi avait-il quitté les lieux sans états d’âmes, bouillonnant tout de même intérieurement. Pour s’occuper les mains et l’esprit, il s’était rendu à l’arrière des Folies Sorcières pour vider une livraison qu’il avait reçu dans la nuit – en temps normal, il se serait occupé de cela uniquement demain matin, mais il avait besoin de passer ses nerfs sur quelque chose, et soulever de lourdes caisses d’alcool l’aidait à apaiser sa frustration.
Cela faisait plusieurs années que Ignacio était entré chez les Veilleurs en tant qu’assassin, travaillant parallèlement aux Folies en tant que barman – ce qui s’avérait être une couverture idéale, et un moyen d’espionnage très efficace. Il était relativement discret au sein du gang – fonction oblige – seulement connu de quelques membres. Pour autant il était souvent sollicité par Roy, Jayce, ou Solal – qui était un homme qu’il détestait cordialement la plupart du temps – et accomplissait les tâches qu’on lui donnait sans la moindre question et toujours efficacement.
Quand Evan avait été assassiné, cela avait été un coup pour tous les Veilleurs. Depuis qu’ils avaient la mainmise sur Bristol, et qu’ils étaient alliés au gouvernement, rares (et fous) étaient ceux qui osaient s’en prendre à un membre du gang. Quelqu’un avait osé. Ce quelqu’un était Norvel, et il allait le payer de sa vie.
Mais Ignacio ne serait pas celui qui lui ferait payer, ni même qui contribuerait un tant soit peu au bon déroulement de ce plan. Il avait seulement fourni à Roy la méthode et l’objet nécessaire à sa mort, et on l’avait cordialement renvoyé à son travail de barman. La situation lui était désagréable, avec un arrière-goût d’injustice dont il ne parvenait pas à se défaire. Il était un des meilleurs mercenaires des Veilleurs, sa place était sur le terrain, pas derrière un putain de bar, à ranger des bouteilles…
Une voix féminine familière lui fit relever la tête, et Ignacio se retrouva face à face avec Robin, dont la colère se lisait aussi bien sur son visage que dans son ton.
« Non. » répondit-il d’une voix assez froide, « Visiblement mes talents s’arrêtent à une expertise purement théorique. » lâcha Ignacio en envoyant une dernière caisse en réserve. « Toi aussi, on t’a cordialement dit d’aller te faire foutre ? » s’enquit-il en posant un regard intrigué sur Robin, qui avait pourtant travaillé pendant plus d’un an avec Evan…
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Robin MacFarlaneAncien personnage
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Sam 25 Avr 2020 - 18:51
Depuis qu’elle avait été agressée, Robin avait redoublé d’efforts pour s’investir auprès de l’organisation et prouver qu’elle était prête à racheter ses fautes. Oui, elle avait fait des erreurs, oui elle avait trahie le gang en donnant le nom de leur meilleur client à Son Pire Cauchemar, mais elle n’était pas la responsable de cette intrusion au sein des Folies. Elle n’avait pas ménagé sa peine pour aider Evan dans cette enquête – elle avait même fait la paix avec Fergus pour le bien du gang -mais ses efforts n’avaient pas suffit à la placer dans le cercle de confiance du chef des veilleurs pour la mission de ce soir.
Pourtant Fergus y était, lui. Elle se serait contentée de n’importe quel poste. Une mission de surveillance au bout de la rue, n’importe quoi, même la tâche la plus ingrate, la plus insignifiante mais Roy avait décidé de la priver du dénouement de cette enquête. De son enquête.
Elle vivait cette éviction comme une punition injustifiée et, de toute évidence, elle n’était pas la seule. Les propos et le ton d’Ignacio ne laissaient que peu de place aux doutes.
Étrangement, Robin fut soulagée de trouver un écho à son propre ressentiment dans le voix de son collègue. Ce constat l’apaisa quelque peu : Ils étaient au moins deux à avoir été mis salement de côté pour la manœuvre de ce soir. Elle n’en était pas vraiment fière mais elle se sentait un peu réconfortée de savoir Ignacio dans la même situation qu’elle.
« Roy se passe aussi de tes services ? Elle secoua la tête, incrédule, et reprit un ton plus bas en se penchant par-dessus le comptoir, mais tu es un des meilleurs – sous entendus, un des meilleurs tueurs de leur organisation - Pourquoi est-ce qu’il ne t’a pas sélectionné dans l’équipe ? »
Robin avait réfléchi aux raisons de sa propre éviction. Si Roy n’avait pas cherché à sanctionner ses faiblesses vieilles d’un an – ce qui restait à prouver- c’était peut-être qu’il ne la jugeait pas assez compétente et surtout, pas assez solide, pour aller jusqu’au bout des choses.
Ignacio était son exact opposé : Un modèle de détachement et de sang froid. Un tueur professionnel et méthodique n’écoutant jamais ses états d’âme. Pourtant, il se retrouvait dans le même cas de figure qu’elle : Sur la touche. Il n’y avait aucune logique dans les choix de leur chef. « Ça te dit qu’on aille boire un verre ? Elle arqua un sourcil, Ailleurs qu’ici . Loin de tous les veilleurs totalement acquis à la cause du Roi Calder.
Robin avait envie de prendre l’air, de quitter les Folies pour laisser libre court à sa colère et à sa déception. A peine fut-elle sur le perron du cabaret, qu’elle reprit d’une voix forte qui trahissait ses émotions contradictoires :
« Franchement je ne le suis pas ! s’exclama -t-elle en marchant d’un pas rapide, sa crinière brune fouettant ses épaules à chacun de ses pas, Je me suis totalement investie pendant plus d’un an. J’ai secondé Evan ! J’ai tout accepté. Tout. Même qu’ils aillent se promener dans mon putain de cerveau, elle martela sa tempe de la pointe de son index, Et aujourd’hui que l'enquête touche enfin au but je me retrouve ici comme une conne ! » Il s’arrêta pour faire face à Ignacio « En plus, ça me débecte que Roy ne s’entoure pas des meilleurs agents. Elle observa son collègue de haut en bas, je croyais que tu étais présent au briefing de ce matin – et elle l’avait profondément jalousé pour cela- Je pensais que … que c’était toi qui avait décroché le contrat… » finit-elle par dire dans un soupir, vidée de sa colère.
Ignacio WalkerPropriétaire d'un haras
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Sam 25 Avr 2020 - 19:44
Ignacio haussa les épaules – bien que plutôt satisfait intérieurement que Robin soit convaincue qu’il était l’un des meilleurs mercenaires du gang (ce qui était objectivement vrai). « Aucune idée. » répondit-il avec raideur et franchise.
Il était un espion et un assassin émérite, et il avait eu l’occasion de le prouver à Roy plus d’une fois. Qu’on ne prenne pas la peine de l’inclure dans l’équipe lui restait en travers de la gorge. Evidemment, il ne s’était pas donné la peine de contester ce choix auprès de Roy ou de l’un de ses seconds ; il savait bien que cela était parfaitement inutile. Il connaissait le milieu mafieux et les requêtes n’y avaient pas leur place. Pointer du doigt l’incohérence de Calder à ne pas faire appel à lui était le meilleur moyen de se le mettre à dos, ce qu’Ignacio préférait éviter.
« Avec plaisir. » répondit Ignacio en accédant immédiatement à la requête de Robin qui lui proposa d’aller boire un verre. Il envoya une dernière caisse en réserve, et quitta immédiatement le bar pour sortir aux côtés de la danseuse.
Elle avait l’air aussi remontée que lui, si ce n’était plus, nota Ignacio en observant les traits tirés par la colère de Robin. C’était compréhensible, en même temps. Qui ne ressentirait pas cela en étant mis ainsi sur la touche, après une enquête qui avait duré plus d’un an, et l’avait forcé à revivre des scènes particulièrement désagréables de sa vie, comme elle lui faisait remarquer en tapotant sa tempe. Ignacio s’arrêta face à elle, et esquissa un sourire ironique lorsque la jeune femme mentionna sa présence à la réunion de ce matin.
« Je le pensais aussi. » fit-il avec un air sombre. « Mais non. Calder avait seulement besoin que je lui fournisse la méthode pour tuer Norvel. » Il secoua la tête, laissant pour une fois libre court à son mécontentement. « Est-ce que j’ai l’air d’être un putain de consultant ? » Sûrement pas. Ignacio était un homme de terrain – et un sacré bon homme de terrain, en plus. Il se remit en marche, aux côtés de Robin. S’il était vrai que la jeune femme ne remplissait pas les mêmes tâches que lui pour le gang, sa colère était tout à fait légitime aussi. « C’est cruel de t’interdire de participer à la fin de cette fucking enquête. » lui accorda Ignacio, alors qu’ils s’installaient à la terrasse d’un bar.
Pour plus de sûreté, Ignacio jeta autour d’eux un sortilège qui empêchait les autres d’entendre leur conversation.
« Si j’avais eu envie d’être tenu à l’écart de tout ça, je serais uniquement barman, pas mercenaire. » commenta-t-il après avoir commandé une pinte de bière à un serveur frigorifié qui s’était approché d’eux. Mais qui étaient-ils pour remettre en question les choix de Roy ? Personne, songea Ignacio, amer, qui se souvenait encore du temps où il jouissait de la même position que Calder dans son gang américain. « Puis je ne comprends pas pourquoi Calder n’a pas mis plus d’hommes sur le coup, rien que par précaution. »
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Robin MacFarlaneAncien personnage
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Dim 26 Avr 2020 - 9:23
En écho au mécontentement de son collègue, Robin poussa un soupir excédé. Non, Ignacio n’avait rien d’un putain de consultant et ses activités de barman n’étaient qu’une simple couverture…et non pas un job à plein temps. Elle comprenait le ras-le-bol de son collègue, et le partageait, même si les causes de leurs contrariétés différaient, ils se retrouvaient sur un point : Il se sentaient tous les deux dépossédés d’une chose censée leur revenir de droit.
Robin s’arrêta devant la Gorgone déchainée et s’installa en terrasse, face au front de mer. Le fond de l’air était frais mais les rayons du soleil couchant réchauffaient quelque peu l’atmosphère. La danseuse resserra toutefois son épaisse écharpe en laine autour de son cou tout en étudiant la carte d’un air absent. Elle ne parvenait pas à se concentrer sur quoique ce soit d’autre que sur la mission qui se jouait actuellement, sans eux. Elle finit par commander un whisky – comme d’habitude- et attrapa sa tête entre ses mains de longues secondes avant de relever un visage déterminé sur Ignacio.
Maintenant qu’elle avait verbalisé son ressentiment elle se sentait plus à même de réfléchir aux raisons de leurs évictions. La question de son collègue sur la faible quantité de Veilleurs réquisitionnés pour cette mission lui donna matière à reflexion avant qu'elle n'expose son point de vue:
« Roy ne veut pas donner confiance à ses hommes. Il veut qu’on se sente toujours sur la sellette. De cette manière, il pense qu’on est flatté et soulagé quant il fait appel à nous. Sauf qu’il oublie qu’à un moment donné, on peut en avoir marre de se faire traiter comme de la merde. » Elle remercia le serveur d’un bref sourire et attrapa son verre entre ses mains sans en boire une goutte. « Et puis il doit penser, à juste titre –elle voulait bien le lui concéder- qu’il y a des Veilleurs peu fiables , Elle n’oubliait pas que son agression avait été rendu possible grâce à des soutiens internes aux Folies et que, malgré les investigations de Fergus, ils n’avaient pas réussi à débusquer la taupe, Du coup il a convoqué uniquement ses gars sûrs pour cette mission , elle releva les yeux vers Ignacio –En l’occurrence, pas nous. »
La danseuse se fendit d’un sourire sans joie avant de continuer.
« Tu sais, je suis convaincue que la disparition d’Evan et mon agression sont liées et je suis sûre que Roy partage mon avis. Elle secoua légèrement la tête et fit tinter son verre contre la choppe de bière de son collègue. Un voile de tristesse passa sur son visage lorsqu'elle ajouta: Evan bossait sur cette enquête quant il a été tué. Ça ne peut pas être une coïncidence. »
Ignacio WalkerPropriétaire d'un haras
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Dim 26 Avr 2020 - 20:13
« De toute évidence. » répondit Ignacio, le ton un peu dur.
La confiance était quelque chose d’essentiel au sein d’un gang, Ignacio le savait mieux que quiconque. Il n’avait pas la prétention d’appartenir au cercle privé de Calder, loin de là, mais il pensait avoir fait ses preuves, depuis le temps, parmi les Veilleurs. Force était de constater que ce n’était pas le cas, ce qui lui laissait un goût amer en bouche.
Les jours où il était à la tête de son propre gang lui paraissaient si lointains, comme s’ils avaient appartenu à une autre vie. Il avait été à la place de Roy, pendant plusieurs années, et cette position de pouvoir lui manquait, parfois. Evidemment, il y avait quelque de simple, presque de reposant, à n’être qu’un simple mercenaire et à exécuter les ordres qu’on lui donnait sans réfléchir. Il n’avait pas besoin de gérer ses hommes ou encore les rivalités avec les groupes mafieux de la ville. Mais il ne parvenait pas à s’empêcher de rêver à plus, parfois – surtout dans des moments comme celui-ci.
Libéré de sa colère qu’il avait largement partagée avec Robin, Ignacio but une longue gorgée de sa pinte en écoutant les hypothèses de sa collègue.
« Disons que ce serait un peu trop gros. » concéda le barman.
Il tapota distraitement le verre posé devant lui, le regard perdu dans la mer, particulièrement calme aujourd’hui.
« Donc Norvel serait aussi responsable de ton agression. » Ignacio fronça les sourcils. « Je ne comprends pas ce qu’il cherchait en faisant ça. D’accord, tu lui as balancé le nom de ton meilleur client, mais je ne pense pas qu’il cherchait particulièrement à avoir cette information. Surtout que, s’il a une taupe parmi les Veilleurs, il aurait pu l’obtenir autrement. » commenta-t-il. « Donc il aurait juste fait ça pour déstabiliser Calder, lui prouver qu’il pouvait agresser ses hommes, dans son propre casino. Et Evan… » Il échangea un regard avec Robin. « Evan avait sans doute dû découvrir quelque chose de compromettant. » avança le mercenaire.
Si Norvel avait voulu faire assassiner Evan avant, il s’y serait pris beaucoup plus tôt ; après tout plus d’un an séparait l’agression de Robin de sa disparition. « J’imagine que vous n’avez rien vu sur le lieu ? »
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Robin MacFarlaneAncien personnage
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Mar 28 Avr 2020 - 12:23
Robin écouta les déductions d’Ignacio sans toucher à son verre de whisky. Elle ne comprenait pas elle non plus, elle était perdue. Elle ne voyait pas ce que Norvel avait à gagner dans cette histoire. Tout ce qu’elle savait c’était qu’Evan avait travaillé pendant un an sur l’enquête concernant l’intrusion des Folies et qu’aujourd’hui, il était mort, visiblement tué par les hommes du chef de gang londonien.
Ignacio avait peut-être raison. Peut-être que ces deux affaires n’avaient rien à voir l’une avec l’autre. Evan avait embrassé cette carrière d’espion en toute connaissance de cause : On quittait généralement le métier les deux pieds en avant tant les règlements de compte étaient légions dans le milieu. Il avait sans doute été tué à cause d’une vieille affaire obscure pourtant Robin n’arrivait pas à se sortir son idée fixe de la tête : Elle ne pouvait envisager la mort d’Evan qu’ à travers le prisme de son agression.
Elle se morigéna intérieurement -consciente de tout ramener à elle- et s’efforça d’envisager le décès de son collègue avec un esprit plus ouvert quand Ignacio émit l’hypothèse qu’Evan avait dû découvrir quelque chose de compromettant.
« C’est certain, mais quoi ? » La clef du mystère se trouvait là. « On a rien vu de suspect sur les lieux, on sait juste que son corps a été transporté d’une planque appartenant à Norvel à une ruelle dégueulasse du Londres moldu. C’est là que les hommes d’Alvaro l’ont trouvé – au milieu des rats et des poubelles. On a aussi fouillé chez lui, avec Roy, mais ça n’a rien donné. » Elle poussa un soupir et tourna la tête pour observer la mer calme en contre bas, d’un air pensif.
Elle se remémorait cette journée de fouille qui l’avait particulièrement ébranlée. Dans le feu de l’action, Robin n’avait pas vraiment eut le temps de s’appesantir sur ses sentiments mais quant elle était rentrée chez elle le soir, le contrecoup avait été rude. La fouille du petit appartement d’Evan, la ruelle sordide pleine de détritus… Elle avait réalisé non seulement qu’elle avait perdu la personne la plus à même de résoudre l’enquête sur son agression mais aussi un homme qui avait beaucoup compter pour elle. Plus qu’il ne l’aurait dû.
Elle s’était rendue compte, seulement à cet instant, qu’elle avait gardé la chemise d’Evan nouée autour de sa taille. Elle l’avait attachée là après l’avoir présentée au fléreur d’Angus Rice et avait oubliée d’aller la reposer ensuite… Enfin, pas vraiment, si elle était tout à fait honnête avec elle-même.
Chassant ces tristes souvenirs, Robin reporta son attention sur Igniacio et se décida enfin à boire une maigre gorgée de whisky. Le barman était l’exact opposé d’Evan mais elle appréciait de pouvoir partager sa colère –et surement un peu de sa peine- avec lui ce soir.
« On va être obligé d’attendre demain les conclusions de la mission, dit-elle avec un vague sourire pour son collègue - Enfin, si Roy daigne nous en informer. » Elle s’accouda sur la table et posa son menton dans sa main, incapable de se sortir cette affaire de la tête, Si seulement Evan avait été un peu moins taiseux… Il aurait pu lui parler. Lui dire l’objet de ses soupçons. Lui donner une piste. Elle poussa un profond soupir et son regard se perdit de nouveau vers l’étendue bleu, dernière demeure d’Evan Travis, « Maintenant il ne peut plus rien dire du tout. »
Ignacio WalkerPropriétaire d'un haras
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Ven 1 Mai 2020 - 8:34
Ignacio nageait en plein brouillard – comme Robin, apparemment. Les raisons du meurtre d’Evan étaient très floues, tout autant que celles de l’agression de la danseuse. Et les pistes trouvées sur chacun des deux lieux des crimes ne s’étaient pas révélées particulièrement utiles ; ou du moins n’avaient pas fourni aux Veilleurs les explications qu’ils recherchaient. Ignacio avait la sensation que quelque chose n’allait pas, sans parvenir à mettre le doigt dessus. Une simple intuition, probablement, résultat de tous ces mystères.
« Vous avez remonté la piste facilement, jusqu’à la planque de Norvel ? »[/color] demanda-t-il machinalement en buvant un gorgée de sa pinte, les yeux perdus dans l’océan.
Ignacio était un homme clair, qui n’aimait ni les faux-semblants, ni les situations mystérieuses. Par-dessus tout, il aimait résoudre des énigmes, calculateur comme il l’était ; et celle de la mort d’Evan Travis ne lui sortait pas de la tête.
« Ouais. » fit-il lorsque Robin déclara – à juste titre – qu’ils devaient prendre leur mal en patience jusqu’à demain.
En effet, ils n’avaient pas d’autres moyens de connaître le fin mot de l’histoire. Comme le disait si justement Robin, Evan ne pouvait plus rien leur dire désormais, ni leur donner la moindre indication. C’était rageant de penser qu’il avait peut-être été en possession d’une information capitale pour les Veilleurs, et qu’il n’avait pas vécu assez longtemps pour la communiquer au reste du gang. Evan était mort avant d’avoir pu dire quoique ce soit, et, désormais, ils étaient livrés aux mêmes questionnements que lui, sans être capables d’obtenir une réponse. Si seulement ils avaient un Retourneur de Temps en leur possession pour pouvoir entrer en contact avec lui… Un éclair frappa brusquement l’américain, qui suspendit le geste qu’il avait amorcé pour porter son verre à ses lèvres. Il reposa doucement sa pinte sur la table et considéra Robin un moment.
« Robin, » finit-il par demander d’une voix lente et grave, « tu penses que Evan avait eu connaissance d’une information disons, particulièrement capitale, et que c’est pour cette raison qu’il a été tué par les hommes de Norvel ? » demanda-t-il en accrochant le regard de la danseuse. « J’ai peut-être une idée. » déclara-t-il. « Mais ce n’est pas une idée que j’ai envie de mettre en application en misant sur notre bonne étoile. » Un léger silence s’écoula. « Est-ce que tu penses que, si on arrivait à entrer en contact avec Evan – avec son esprit, je veux dire – l’information qu’il nous donnerait pourrait être déterminante pour les Veilleurs ? »
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Robin MacFarlaneAncien personnage
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Mer 6 Mai 2020 - 14:52
« Robin, » La danseuse sortit de sa rêverie à la mention de son prénom. Elle quitta l’étendue bleue du regard et reporta ses grands yeux noisettes sur Ignacio pour écouter ses supputations. Oui, selon elle, il était tout à fait probable qu’Evan soit mort après avoir découvert une information capitale sur Norvel mais elle ne pouvait absolument rien prouver. Elle se basait uniquement sur ses déductions et sur ce que lui dictait son cœur. Aucune preuve tangible ne venait étayer ses propos.
« J’en ai l’intuition mais… » Elle haussa les épaules, consciente qu’elle ne pourrait pas convaincre le mercenaire avec de simples sentiments non vérifiables. Roy allait surement faire la lumière sur ces événements dès ce soir mais pour le moment, elle n’avait aucune carte à avancer.
« J’ai peut-être une idée. » souffla toutefois Ignacio après un instant de réflexion.
Robin se redressa légèrement sur son séant et observa son collègue d’un œil nouveau. Que voulait-il dire par là ? Elle l’interrogea du regard, pressée d’entendre son plan mais ses explications la plongèrent dans un océan de perplexité. Entrer en contact avec l’esprit d’Evan ?
Honnêtement, elle aurait bien voulu que cette prouesse soit envisageable, mais aux dernières nouvelles, Evan était…mort. Décédé. Kaputt. Même les plus puissants des legillimens n’avaient pas la capacité de fouiller la mémoire ou les souvenirs d’un défunt.
La magie aussi avait ses limites.
Robin esquissa un sourire mal à l’aise sans quitter des yeux le barman. « Euh… Je ne te suis pas vraiment là. » Igniacio faisait peut-être dans la figure de style afin de lui faire comprendre qu’il existait d’autres moyens détournés pour percer à jour le mystère entourant la mort d’ Evan Travis. Avait-il eu vent d’un journal intime ou d’un objet de ce type répertoriant les mission de l’espion ? Robin avait du mal à imaginer Evan s’épancher longuement dans l’écriture mais il était si secret qu’elle était prête à tout envisager.
« Tu penses à quelque chose en particulier ? » demanda-t-elle en cherchant à savoir où il voulait en venir. Bien sûr qu’Evan avait surement détenu des informations déterminantes pour les Veilleurs avant sa mort mais jusqu’à preuve du contraire, il n’était plus là. Ni lui, ni son esprit.
Ignacio WalkerPropriétaire d'un haras
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Dim 10 Mai 2020 - 23:55
Le cerveau d’Ignacio tournait à plein régime, alors que Robin confirmait qu’elle avait l’intuition que Evan ait été en possession d’informations capitales juste avant sa mort – et que c’était d’ailleurs peut-être ces dernières qui l’avait précipité dans un cercueil. Il ne savait pas trop comment il avait eu cette folle idée et, à vrai dire, il était à peu près certain qu’il s’agissait d’un coup très audacieux de sa part. Mais, maintenant qu’il y avait pensé, il ne pouvait plus se défaire de cette idée, quand bien même elle lui paraissait extrêmement délicate à mettre en place.
Ignacio était un sorcier accompli ; en toute modestie, il pouvait même dire qu’il était particulièrement talentueux. Certes, il avait développé des capacité magiques avec sa position de mercenaire – notamment une aptitude à employer la magie noire – mais Ignacio avait surtout eu la chance d’être un jeune homme très curieux, éduqué par un père très instruit. Grand historien, le sujet de prédilection de ce dernier était les différentes formes de magie. Il avait récolté beaucoup d’informations qu’il avait consigné dans des livres, et avait aussi pris le temps d’enseigner à son fils quelques rudiments de ce qu’il avait pu observer. Certains enseignements avaient été particulièrement infructueux – c’était le cas de la magie draconique, à laquelle il n’était absolument pas sensible – et d’autres plus pertinents, comme la magie élémentaire. Il n’était pas aussi talentueux que les sorciers qui y baignaient depuis leur plus tendre enfance, mais il parvenait à maîtriser plus ou moins l’eau, bien que cela ne lui soit pas particulièrement utile au quotidien.
Bien, tout instruit qu’il était, Ignacio n’était pas capable de mettre en œuvre le plan qu’il avait en tête. Il n’était absolument pas formé à la nécromancie, pas plus qu’à la magie des esprits, et pourtant, il comptait parvenir à entrer en contact avec l’esprit d’Evan… Si quelqu’un acceptait de lui apporter son aide. Il posa un regard un peu hésitant sur Robin, puis lâcha :
« J’ai une idée. » répéta-t-il. « Je vais voir si c’est possible, attends-moi deux minutes. »
Il abandonna sa chaise et s’éloigna vers le front de mer. Il glissa sa main dans la poche de son jean pour saisir son Pear, et fit défiler ses contacts jusqu’à la lettre « I ». Son pouce resta en l’air un instant avec d’appuyer sur le prénom de sa demi-sœur. Il glissa son Pear contre son oreille, et patienta quelques instants.
Il n’avait rien à perdre à demander ce service à Isobel. Il la savait – à juste titre – assez peu encline à pratiquer la magie telle qu’elle était enseignée à la Nouvelle-Orléans mais il avait l’intuition qu’elle serait peut-être plus disposée à l’aider si elle savait que cela lui permettrait d’aider Roy, son ami de longue date. Finalement, elle décrocha.
« Isy ? » appela-t-il. « C’est moi. Ca va ? Ecoute, j’ai besoin de ton aide. » commença-t-il de but en blanc. « J’ai besoin d’un service que tu es la seule, je pense, à pouvoir me rendre. » Il ne savait pas trop comment lui faire comprendre là où il voulait en venir, sans pour autant prononcer à voix haute ce qu’il avait en tête – Ignacio n’était pas particulièrement confiant dans les appareils Vargas pour garder les conversations secrètes. « Je suis avec Robin MacFarlane, tu sais, elle bosse pour Roy aussi. Je ne sais pas s’il t’en a parlé un peu mais on a un… léger souci depuis quelques temps. Depuis la mort d’Evan, à vrai dire. » Il était certain qu’elle avait entendu parler de ça, l’évènement avait le tour des proches des Veilleurs très rapidement. « On pense qu’Evan ait été en possession d’informations assez capitales avec sa mort – des informations qui pourraient vraiment servir à Roy, et on cherche un moyen d’y avoir accès. » annonça-t-il, en songeant qu’Isobel ferait seule le cheminement pour parvenir à la même idée que lui.
Il laissa passer un moment de silence.
« Tu penses que tu pourrais nous aider ? »
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Isobel LavespèreChargée de communication
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Mer 20 Mai 2020 - 3:54
La lumière dans le bureau d’Isobel commençait à décliner, il était temps de changer les chandelles. Un coup de baguette magique aurait suffi et pourtant elle continuait de s’abîmer les yeux sur les petits caractères du parchemin qu’elle déchiffrait. Leur service avait commandé un sondage sur la popularité des dernières actions du Ministère et les chiffres n’étaient pas aussi bons qu’ils l’espéraient. Alors évidemment, il ne s’agissait pas de les trafiquer, voyons. Ils étaient au dessus de cela. Il fallait juste comment voir comment les présenter pour qu’ils apparaissent au mieux. Ainsi, au lieu de dire que 37 % du panel interrogé éprouvait un sentiment de méfiance envers le projet de loi sur la cyber-haine, qui consistait en une surveillance accrue des réseaux sociaux pour identifier les contenus illicites, ils allaient bien évidemment dire que 63 % des répondants étaient fort enthousiastes. D’ailleurs, les 37 % n’éprouvaient pas un « sentiment de méfiance » dans la prise de notes que Isobel faisait pour sa réunion du lendemain, mais se « questionnaient sur les modalités d’application du projet de loi. »
La vibration de son Pear sur son bureau suspendit son stylo dans les airs. Elle hésita un instant à répondre avant de voir le prénom d’Ignacio. Il l’appelait assez peu souvent, ils préféraient la plupart du temps échanger des messages (lorsqu’ils le faisaient. Leur relation « fraternelle » se cherchait encore, même s’ils s’entendaient bien.) Ouvrant le petit appareil, elle laissa apparaître l’hologramme de son techniquement demi-frère.
« Ça va » répondit-elle un peu laconiquement. Elle sentait bien qu’il avait quelque chose à lui demander et ne l’appelait pas pour échanger quelques politesses d’usage. Il ne fit d’ailleurs pas dans la dentelle pour lui annoncer qu’il avait besoin d’elle, ce qu’elle appréciât. Machinalement, elle vérifia du regard que la porte de son bureau était bien fermée. La conversation dérivait déjà sur des choses qu’elle voudrait garder secrètes. Elle se contenta d’un « Hum » pour signifier à Ignacio qu’elle voyait à peu près ce dont il voulait parler lorsqu’il mentionnait un service qu’elle était la seule à pouvoir lui rendre. En revanche, elle fut assez surprise qu’il ne soit pas seul. Qu’il connaisse sa pratique de la magie vaudou ne la dérangeait pas, elle avait plutôt confiance en lui mais elle ne souhaitait pas vraiment que cela s’ébruite dans toutes les Folies Sorcières... Elle ne voulait pas savoir ce que ferait Mildred Magpie avec une telle affirmation entre les griffes. Les sourcils d’Isobel s’étaient froncés au fur et à mesure de l’exposé d’Ignacio. Elle avait appris la mort d’Evan et elle savait à quel point cela contrariait Roy. Il avait tout d’abord perdu un homme qu’il estimait, un ami loyal même et en plus, c’était une attaque directe contre lui. Visiblement, Ignacio cherchait à récupérer des informations auprès d’Evan ou plutôt, de ce qui restait de lui... D’où son intervention. Un peu méfiante, Isy garda le silence un instant. « Si Roy a besoin de ces informations, pourquoi il ne me demande pas directement ? »
Son meilleur ami savait parfaitement où la trouver, pourtant.
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Ignacio WalkerPropriétaire d'un haras
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Lun 25 Mai 2020 - 0:44
La relation qu’il avait avec Isobel était encore naissante et ils ne savaient pas encore comment agir l’un envers l’autre. C’était particulier de découvrir à l’âge adulte un autre membre de sa famille ; une demi-sœur pour être précis. Ignacio avait toujours eu l’habitude d’évoluer seul avec son père ; il n’avait aucun souci de sa mère, partie quelques temps après sa naissance et qui ne lui avait plus jamais donné le moindre signe de vie. Il vouait à son père une admiration véritable, à la fois pour l’homme qu’il était et pour celui qu’Ignacio aspirait à être, un jour, même s’il avait choisi un chemin radicalement différent du sien.
Et, du jour au lendemain, il s’était découvert une demi-sœur, née quelques années avant sa naissance, sans même que son père en soit informé. Si Isobel et Ignacio s’entendaient, ils tentaient encore de découvrir comment leur nouveau lien influençait leur relation et de s’apprivoiser mutuellement. Cet appel n’était pas vraiment prévu au programme de l’ouvrage inexistant et qui aurait pourtant pu être si pratique : « comment nouer une relation avec votre demi-sœur dont vous découvrez l’existence à l’âge adulte », mais Isobel était la seule personne vers qui Ignacio pouvait se tourner, parce qu’il lui faisait confiance, et qu’il savait qu’elle avait aussi à cœur les intérêts de Roy Calder, son meilleur ami.
Aussi, lorsqu’elle lui demanda pourquoi ce dernier ne lui en avait pas parlé directement, Ignacio eut un air soucieux.
« Je ne sais pas s’il a besoin de ces informations. » admit Ignacio en s’adossant à un panneau de signalisation qui empêchait les sorciers de stationner leurs balais dans cette zone. « Mais la chronologie des faits n’est pas logique, il nous manque un élément et je pense… On pense que ça pourrait s’avérer précieux. » Il observa un instant la silhouette de sa demi-sœur, songeur, avant de reprendre. « Roy est déjà là-bas. Il est censé… Prendre les choses en main, à l’heure qu’il est. » Il n’eut pas besoin de préciser sa pensée, persuadée qu’Isobel avait compris là où il voulait en venir. Un soupir s’échappa de ses lèvres, alors qu’il passait une main lasse sur son visage, passablement ennuyé. « Ecoute Isy, ça m’embête de te demander ça, et je comprendrais que tu refuses. C’est juste que… Quelque chose ne colle pas. » fit-il en fronçant les sourcils. « Et que la seule personne capable de nous apporter une réponse ne peut pas être contactée si facilement. »
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Isobel LavespèreChargée de communication
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Dim 12 Juil 2020 - 22:57
Sourcils froncés, Isobel se sentait peu à peu envahie d’un mauvais pressentiment. Elle fit tourner sa chaise de travail sur elle-même, jusqu’à se retrouver face à la grande vitre de son bureau qui donnait dans l'atrium. Quelques sorciers se hâtaient de rentrer chez eux, resserrant leurs écharpes autour de leurs cous avant d’entrer dans les Cheminettes. Quatre miliciens, reconnaissables d’un coup d’oeil avec leurs capes violettes, se dirigeaient vers les ascenseurs, cafés à la main, sûrement en vue de leur nuit de garde. Les chandelles se faisaient de plus en plus faiblardes et seule la lumière de son Pear One éclairait véritablement la pièce. L’air soucieux d’Ignacio ne lui disait rien de bien, lui qui s’était spécialisé dans l’impassibilité. Il ne l’aurait pas appelée, surtout pas en présence d’autrui, s’il n’avait pas été véritablement inquiet. Et il ne s’agissait pas ici d’un simple dossier ou d’une mauvaise commande pour le bar des Folies. Lorsqu’on touchait aux affaires mafieuses, dans lesquelles baignaient Roy et les Veilleurs, les enjeux étaient souvent plus mortels. Pour autant, Isy rechignait à s’y impliquer sans demande expresse de son meilleur ami. Elle savait très bien qu’il était en capacité de gérer ses affaires et elle ne voulait pas prendre le risque de faire une erreur qui pourrait lui coûter... Comme elle l’avait dit à Ignacio, Roy savait très bien où la trouver lorsqu’il avait besoin d’elle... Son hésitation devait se lire sur son visage, jusqu’à ce que son demi-frère ajoute un élément décisif, qui la fit légèrement se redresser dans son fauteuil.
- Tu veux dire que Roy s’est précipité dans une situation potentiellement très problématique sans attendre d’avoir tous les éléments en mains, de manière impulsive et vengeresse ? Après l’avoir dit à voix haute, cela ne semblait pas très étonnant de sa part, en réalité. Isobel eut un soupir et secoua la tête. Elle ne savait pas trop dans quoi elle mettait les pieds mais elle faisait confiance à Ignacio s’il estimait que cela valait la peine de s’en mêler. Au pire, Roy s’énerverait. Au mieux, cela lui servirait. Ok, capitula-t-elle. Je pars tout de suite du Ministère, on se retrouve chez moi dans dix minutes. J’ai déménagé, d’ailleurs, je t’envoie l’adresse. Mais, ajouta-t-elle alors qu’elle se levait, le regard sombre, j’espère bien que tu ne te trompes pas.
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Ignacio WalkerPropriétaire d'un haras
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Sam 22 Aoû 2020 - 16:58
« Absolument. » confirma Ignacion d’un air préoccupé. Lorsque sa demi-sœur capitula, le mercenaire fut traversé par une vague de soulagement. « Ok, on sera là. » l’informa-t-il.
Il hocha la tête sur sa dernière mise en garde, et raccrocha. Lui non plus espérait ne pas s’être trompé car, si tel était le cas, il était à peu près certain de s’attirer les foudres de Roy, de Solal et d’Isobel. Il aurait pu laisser tomber – à vrai dire, peut-être aurait-il mieux valu qu’il laisse tomber et qu’il ne s’immisce pas dans des affaires desquelles on l’avait clairement exclu. Ignacio n’était traditionnellement pas un homme très prompt à se mêler de ce qui ne le regardait pas, mais quelque chose, aujourd’hui, le poussait à agir. Ce pressentiment partagé avec Robin, les circonstances floues de la mort d’Evan que les Veilleurs ne parvenaient pas à éclaircir… Il ne parvenait pas à sortir ces éléments de sa tête et à être en paix avec lui-même, la conscience tiraillée par un mauvais présage.
Il marchait vers Robin lorsque son Pear vibra dans sa main ; Isobel venait de lui envoyer sa nouvelle adresse. Il arriva à hauteur de la danseuse et l’observa une brève seconde avant de lâcher :
« Je crois que j’ai trouvé une solution. » Une solution hasardeuse, peut-être, et surtout une solution qui pourrait leur coûter beaucoup s’il s’avérait qu’ils s’étaient trompés. « On va aller voir ma demi-sœur. Isobel, tu vois qui c’est ? C’est une amie de Calder. » l’informa-t-il en déposant sur la table quelques pièces pour régler leurs consommations. « Elle pense qu’elle a un moyen de comprendre tout ce qu’il s’est passé avec Evan. »
Les deux amis quittèrent les lieux d’un même pas pour se diriger vers l’une des sorties de Bristol. Ils passèrent le check-point sans problème et bifurquèrent vers une ruelle qui leur permettait de transplaner sans se faire remarquer. Ignacio tendit la main à Robin et après un temps d’hésitation, ajouta :
« Je ne sais pas exactement ce qu’elle compte faire. Mais ça doit vraiment rester entre nous. » La lueur grave qui brillait au fond de son regard semblait exprimer le sérieux de ses paroles. Il n’insista pas davantage, parce qu’il avait confiance en Robin ; elle lui avait déjà prouvé à plusieurs reprises qu’elle pouvait garder secrètes les informations qu’on lui confiait.
Quelques minutes plus tard, ils arrivèrent à l’adresse indiquée par Isobel. Ignacio frappa quelques coups à la porte et se retrouva face à sa demi-sœur. Il la salua d’une étreinte :
« Salut Isy. » Il se décala ensuite pour introduire Robin : « Je ne sais pas si vous vous connaissez ? Robin, Isobel. C’est une amie. » lança-t-il à l’égard d’Isobel.
Lorsqu’ils se retrouvèrent tous les trois dans la pièce à vivre du nouvel appartement de la jeune femme, Ignacio entra immédiatement dans le vif du sujet, les sourcils un peu froncés :
« Calder est à Manchester, avec Davies, la lieutenante de Coleman. Ils doivent rencontrer Norvel. D’autres Veilleurs sont censés surveiller les alentours mais… Je ne sais pas, quelque chose cloche. On n’a pas tous les éléments sur la mort d’Evan. Il n’a pas eu le temps d’informer qui que ce soit de ce qu’il avait découvert… Et c’est probablement ce qui a causé sa mort. »
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Robin MacFarlaneAncien personnage
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Dim 23 Aoû 2020 - 8:33
Igniacio avait piqué la curiosité de Robin si bien qu’elle ne le lâcha pas des yeux lorsqu’il s’éloigna de quelques mètres pour passer un appel Pear. De là où elle était, elle ne pouvait pas entendre le contenu de cette conversation, ni deviner l’interlocuteur qui appartenait sans nul doute à la pègre locale. Le barman n’irait surement pas contacter une personne étrangère aux Veilleurs sans en informer Roy. Rebel oui, mais pas suicidaire. L’échange dura quelques minutes à peine avant qu’Ignacio ne revienne sur ses pas pour lui confirmer qu’il avait trouvé une solution.
« On va aller voir ma demi-sœur. Isobel, tu vois qui c’est ? C’est une amie de Calder. »
« Isobel Lavespère ? » Bien sûr qu’elle voyait qui était cette cliente régulière des Folies travaillant au Ministère de la Magie. Elle venait souvent rendre visite à Roy et l’attendait dans la partie bar du cabaret, sirotant un cocktail.
Robin ne savait pas ce qui l’étonnait le plus : Qu’Isobel soit la sœur d’Ignacio ou que ce dernier fasse appel à elle pour résoudre une affaire mafieuse. Bien sûr le Ministère et le gang étaient étroitement liés mais Robin avait du mal à voir quel rôle Lavespère allait jouer dans cette enquête. Elle ne l’avait jamais vue en compagnie d’Evan –cela n’avait rien d’étonnant tant il était secret sur sa vie privée- mais elle faisait confiance à Igniacio qui avait l’air relativement sûr de lui.
« Très bien, allons-y. » souffla Robin en se levant.
Elle abandonna sa consommation à moitié pleine sur la table et prit la direction du check-point en silence. Les mots d’Ignacio tournaient dans sa tête tandis qu’elle progressait dans les rues de Bristol...
Comment comptait-il entrer en contact avec l’esprit d’Evan ? Robin ignorait peut-être des éléments sur la mort de son collègue. Evan s’était-il manifesté sous la forme d’un fantôme ? Mais dans ce cas, que venait faire Isobel Lavespère dans l’équation ? Si Robin avait pensé initialement que la chargée de communication du Ministère allait jouer un rôle d’entremetteuse avec un autre individu lié à la mafia, la dernière mise en garde d’Ignacio laissa supposer le contraire : Isobel Lavespère, en personne, détenait la clef du problème.
« Je ne dirai rien. » répondit-elle simplement.
Robin évoluait dans le milieu mafieux depuis sa plus tendre enfance, elle n’avait pas besoin de ce genre d’avertissement. Elle n’avait parlé qu’une seule fois – sous la torture et la menace de mort de son frère- et elle le regrettait encore. Et puis, elle comptait raccrocher après cette ultime affaire. Dès qu’elle aurait remonté la trace des agresseurs d’Evan – et surement, par la même occasion, des siens- elle comptait bien quitter les Folies sans demander son reste et s’évanouir dans la nature… Elle en avait fini avec cette vie.
Igniacio toqua à la porte d’un appartement luxueux et fut accueilli par sa demi-sœur. Il la gratifia d’une brève accolade avant d’introduire Robin.
« Seulement de vue. » répondit la danseuse en saluant leur hôte d'une poignée de main. Et encore, elle n’était pas certaine que Lavespère l’ait remarquée. C’était généralement les clients masculins des Folies qui se souvenaient parfaitement de ses jambes interminables et de sa taille de guêpe.
Robin laissa le soin au barman d’expliquer la situation et le contexte de leur visite impromptue. Une fois qu’il eut terminé son exposé, elle reporta son attention sur la chargée de communication en ce demandant comment, et par quels moyens, Isobel Lavespère allait leur venir en aide…
Isobel LavespèreChargée de communication
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Dim 4 Oct 2020 - 21:50
Isobel était restée silencieuse quelques secondes après avoir raccroché, son regard sombre toujours fixé sur l’Atrium en contrebas. Elle avait un mauvais pressentiment. Un soupir lui échappa et se détourna brusquement de sa contemplation, attrapant sa baguette magique. Un mouvement flou du poignet plus tard et ses parchemins se rangeaient bien sagement dans leurs dossiers respectifs. Son épais manteau de laine sur le bras, elle s’empressa de sortir de son bureau et de traverser le grand open-space de son service, saluant rapidement ses collègues. La remontée du Ministère lui parut plus longue que d’habitude et son impatience dans la queue qui menait aux zones de transplanage était marquée par le son de son talon qui claquait à intervalles réguliers sur le sol de marbre froid.
Quelques minutes après, elle réapparaissait dans le froid londonien, resserrant autour d’elle les pans du manteau qu’elle avait enfilé. Abel et elle avaient trouvé cette petite ruelle presque aveugle, toujours déserte, à quelques minutes à pieds de leur appartement et s’en servaient pour se déplacer sans être vus. Isy pressait le pas pour revenir chez elle, sachant que Ignacio ne devrait plus trop tarder. Une bouffée de chaleur fit rougir ses joues alors qu’elle passait la porte de la résidence, saluée par le concierge de la résidence. Elle lui signala brièvement qu’elle attendait des invités et qu’ils pouvaient monter la rejoindre dès qu’ils se manifesteraient. Abel n’était pas encore rentré, constata-t-elle alors qu’elle atteignait leur foyer. L’appartement était plongé dans le noir et le silence fut troublé par le son des petites pattes de Sorbier qui accourait vers elle. Elle prit le temps de lui faire une caresse avant d’allumer les lumières, retirant au passage son manteau pour le déposer dans l’un des grands placards de l’entrée. Un peu nerveuse, elle remonta rapidement le couloir, son chat sur les talons. Les rideaux de leur chambre étaient ouverts et laissaient passer quelques lumières de l’extérieur, assez pour qu’elle puisse se diriger sans y penser vers le grand dressing attenant. À l’intérieur, elle avait caché, dans une boite en bois sombre, tout un petit attirail de magie. Elle venait de refermer ses doigts sur cette dernière lorsque des coups retentirent contre la porte d’entrée.
Elle s’empressa d’aller ouvrir à Ignacio, sans que Sorbier ne la suive cette fois-ci, sûrement lassé de ne pas avoir l’attention qu’il désirait de sa maîtresse. Son demi-frère l’étreignit brièvement et elle sentit à ce contact une certaine nervosité de sa part. Toute son aura criait sa préoccupation. Robin MacFarlane se tenait derrière lui et Isobel la salua d’un hochement de tête, tout en répondant à sa poignée de main. Comme le disait la jeune femme, elles se connaissaient de vue. Isy l’avait déjà vue à de nombreuses reprises aux Folies, dans les salons et même sur scène. La performance de la danseuse ne produisait pas sur Isobel le même effet que sur beaucoup d’hommes, mais elle savait apprécier le talent et la grâce. Après tout, elle dansait aussi depuis des années, même si dans des registres un peu différents.
- On s’est déjà croisées, répondit-elle donc sobrement. Elle était à vrai dire un peu inquiète que cette dernière soit là. Utiliser son savoir-faire devant son frère, c’était une chose, devant une inconnue... Néanmoins, elle se doutait bien que Ignacio ne l’aurait pas fait venir s’il n’avait pas eu confiance en elle. Elle amena ses deux invités jusque dans le grand salon, oubliant au passage de leur proposer à boire. Elle s’était assise sur l’accoudoir du canapé, bras croisés sur sa poitrine alors qu’Ignacio se lançait dans des explications concises. Tu penses que Evan aurait pu découvrir quelque chose sur Norvel ? Quelque chose qui mettrait Roy en danger ? Ou bien qui justifierait que Roy et Avalon déguerpissent rapidement de cette rencontre ?
Elle avait beau poser des questions pour essayer de comprendre à peu près le chaos mafieux dans lequel son ami s’était mis, elle se doutait bien qu’Ignacio et Robin n’avaient pas tant de réponses que cela. Ils ne seraient pas là, sinon. Evan était mort, emportant avec lui ses secrets dans sa tombe... À peu près. À la Nouvelle-Orléans, les morts étaient toujours un peu plus bavards qu’ailleurs.
- Vous auriez besoin d’avoir une dernière discussion avec Evan, c’est ça ?
Son regard sombre allait d’Ignacio à Robin.
- Je peux vous arranger ça, je pense... Mais ça doit absolument rester entre nous. Elle fixa son regard sur Robin. Les conséquences seraient désastreuses sinon.
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Ignacio WalkerPropriétaire d'un haras
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Sam 10 Oct 2020 - 20:58
« Je n’ai pas de certitude. » répondit Ignacio, les sourcils froncés. « Mais dans toute cette situation, il y a forcément un élément qui nous manque. » Il échangea un regard avec Robin. « Peut-être que c’est anecdotique, mais si jamais on est passé à côté d’une information primordiale… Les choses pourraient très mal tourner. »
Et Ignacio fréquentait les milieux mafieux depuis suffisamment longtemps pour savoir qu’une rencontre comme celle-ci pouvait déraper à tout moment. Et, quand bien même cela n’était pas le cas, quelque chose lui soufflait qu’ils avaient tout intérêt à élucider le mystère autour de la mort d’Evan rapidement, avant de regretter d’avoir trop longtemps laissé traîner cette histoire.
Depuis qu’Ignacio et Isobel se connaissaient, c’était la première fois qu’il osait lui demander son aide sans détour. Il ne connaissait pas l’étendu de ses pouvoirs, mais il était assez confiant sur la magie qui semblait émaner d’elle et qu’il avait appris à percevoir au fil des mois. Il savait qu’il lui demandait beaucoup, parce qu’Isobel avait toujours été très secrète sur ses pratiques, mais il sentait que l’urgence de la situation la pousserait, elle aussi, à agir. Roy était son meilleur ami, il la savait aussi proche de Davies, et son accord de les recevoir chez eux semblait indiquer qu’elle était prête à utiliser ses pouvoirs pour les aider.
Pas sans garantie, songea Ignacio en percevant son regard sombre, qui se fixait notamment sur Robin. Ce n’était pas étonnant qu’elle émette des réserves – surtout si les deux jeunes femmes ne se connaissaient que très peu. Ignacio lui, connaissait suffisamment bien Robin pour savoir qu’elle ne trahirait jamais un tel secret – le sien était entre ses mains depuis plusieurs mois maintenant, et il n’avait jamais regretté ce choix qu’il avait fait de le lui confier.
« Ça restera entre nous. » affirma-t-il d’une voix assurée. Il capta le regard de sa sœur un bref instant. « Je te le promets. » finit-il, le regard grave, car Ignacio ne faisait pas des promesses à ses proches à la légère. Il y eut un silence, avant qu’il ne la relance : « Tu as besoin de quelque chose en particulier ? »
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Isobel LavespèreChargée de communication
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Lun 12 Oct 2020 - 0:05
Isobel conserva le silence quelques secondes après la promesse d’Ignacio. Il se portait garant de Robin, ce qui suffit à vaincre les dernières réticences d’Isy. Elle avait confiance en lui et savait qu’il ne prendrait pas un tel engagement à la légère, surtout au vu de ce qu’il lui demandait. Elle eut donc un hochement de tête à l’égard de la jeune femme, comme pour lui souhaiter la bienvenue dans cet étrange pacte. Elle qui ne pratiquait jamais devant des profanes... Cela allait être sûrement un peu particulier ce soir. Elle n’avait pas prévu de convoquer un mort ce soir en rentrant du boulot, mais bon. Aux grands maux les grands remèdes.
- Je vais avoir besoin de quelque chose qui appartenait à Evan. Idéalement des cheveux, un peu de sang... ? Son regard allait de Robin à Ignacio, réalisant que - éventuellement - ils ne se promenaient pas avec ce genre d’éléments sur eux. Sinon un vêtement, un bijou... Quelque chose qui aurait pu absorber un peu de lui. Ah et aussi je vais avoir besoin qu’on m’aide un peu à déménager.
Elle avait remonté rapidement les manches de son chemisier de soie et attrapait déjà les vases qui décoraient sa table basse. Elle avait besoin d’un peu de place et elle ne se voyait pas les amener dans sa chambre pour faire cela. En plus bon, sait-on jamais, ce n’était pas très bien pour le sommeil de convoquer des morts. Assez peu feng-shui. Avec l’aide de Robin et Ignacio, le salon fut bien vite dégagé. La lourde table basse fut repoussée dans un coin et le tapis en partie roulé contre le canapé, découvrant une large surface de parquet. Elle ferma les rideaux d’un coup de baguette magique et alluma les lumières. Les voisins n’avaient pas besoin d’assister à cela, surtout pas en territoire moldu. Sa boite d’artefacts trônait sur une console et elle ouvrit cette dernière pour en sortir une craie blanche. Un enchantement murmuré plus tard et cette dernière s’affairait à dessiner sur le parquet. Un grand pentacle prit rapidement forme sous leurs yeux. Isobel s’en approcha et défit un petit sachet de sel épais, qu’elle fit basculer pour faire le tour du cercle. Honnêtement, avec les esprits, il ne fallait jamais être trop prudent. Evan n’était pas désagréable en étant vivant mais certaines personnes ne vivaient pas très bien le passage dans l’au-delà et en devenaient irritables... Elle continua quelques minutes de faire quelques allers-retours sous les yeux de Robin et d’Ignacio. Dans un meuble du salon, elle avait récupéré quelques bougies pourpres, qu’elle disposa avec soin à des points stratégiques de son pentacle, les allumant du bout de son doigt. Dans sa boite, elle récupéra sa dague, une petite figurine de poule, et une coupelle de porcelaine, marquée d’étranges tâches. Dans la cuisine, elle attrapa un grand saladier d’inox qu’elle vint poser à une pointe de l’étoile de son pentacle. Elle resta quelques secondes à observer sa mise en place, les mains sur les hanches.
- Ok, souffla-t-elle. On va pouvoir y aller. En temps normal, on aurait pu utiliser une planche de oui-ja, souvent on commence comme cela, c’est la moindre des politesses... J’ai peur qu’on manque un peu de temps pour cela mais du coup, je ne serai pas surprise qu’Evan soit un peu... grognon ?
Le terme n’était pas très bien choisi pour évoquer un esprit d’une personne décédée potentiellement contrarié, mais bon. Du doigt, elle désigna un coin un peu reculé de son salon.
- Restez-là, je vous dirai quand vous pourrez approcher.
D’un geste de baguette magique, elle fit baisser brusquement les lumières. Le salon se retrouva uniquement éclairé par les quelques bougies de son pentacle. Isobel s’agenouilla au sud de l’étoile, sa dague entre les doigts. Elle plaça sa main gauche au dessus de la coupelle de porcelaine, juste avant de trancher sa paume. Un peu de sang vint éclabousser le récipient. Elle ferma les yeux pour murmurer une prière à ses ancêtres. Elle tenta de calmer sa respiration et de fermer toute son attention au reste de la pièce. Ce n’était pas ce monde-là qu’elle devait écouter. Le sang dans la coupelle semblait s’agiter à la lueur tremblante des bougies. Isobel finit par rouvrir ses yeux noirs, attrapant sa baguette magique de sa main blessée.
- Baron Samedi, psalmodia-t-elle alors en français. Je te demande une nouvelle fois ta mansuétude et ton aide. Que ce sacrifice puisse te ravir.
Elle hésita alors quelques secondes, entre un moineau et un poulet, puis songea que ce n’était pas le moment d’être radine. De sa main droite, elle prit la petite figurine pour enfant de poule, récupérée quelques secondes auparavant dans sa boîte.
- Gallus cambaresse, murmura-t-elle avec un geste du poignet.
Le petit fut illuminé d’un brusque jet de lumière. Il sembla gonfler, se déformer... Jusqu’au moment où il se métamorphosa en un gros coq roux, qui secoua ses plumes. L’air surpris, il tourna la tête tout autour de lui. Précautionneusement, Isy le fit éviter jusque dans le bol d’inox. Un peu outré et surpris de cette aventure, il secoua ses ailes avant de tenter de picorer les rebords métalliques. À cet instant précis, la baguette d’Isobel tomba sur le parquet dans un petit bruit sec.
Une seconde après, l’éclat argenté de la dague passait sur le cou de la pauvre bête.
Un sang épais gicla dans le bol et éclaboussa le sol. Le corps du coq décapité eut quelques soubresauts dans son plat, avant de s’immobiliser. Les plumes de ce dernier se noyaient dans le liquide chaud qui s’écoulait encore de sa blessure. La dague d’Isy goutait légèrement sur le parquet alors qu’elle se redressait légèrement, pour tremper sa main dans le bol. Elle en ressortit pourpre. Soigneusement, elle prit le temps de tracer à l’intérieur du pentacle le vévé de Baron Samedi. Elle reprenait un peu de sang chaud à chaque fois que l’inscription se faisait plus claire.
À la seconde où elle termina sa dernière inscription, quelque chose sembla changer dans l’atmosphère de la pièce. Les fenêtres étaient hermétiquement fermées mais un souffle fit vaciller les bougies. Une large ombre parcourut les murs lentement les murs, comme si elle y rampait. Une odeur de cigare, âpre, irritante.
Un bruit de pas se fit entendre, lent, trainant, se rapprochant. Une canne semblait claquer sur le sol, un peu plus fort à chaque battement de coeur.
- Ne bougez pas, murmura Isobel.
L’ombre s’était faite grandissante. Les bougies ne semblaient plus assez puissantes pour lutter contre l’obscurité. L’odeur de tabac empoissait désormais le nez, la gorge. Les pas semblaient plus proches que jamais.
Le silence fut brusquement troublé par un rire grave.
Puis plus rien.
Ce fut comme reprendre sa respiration après une longue apnée. L’obscurité recula soudain. Les flammes retrouvèrent leur vivacité, on entendit le miaulement de Sorbier quelque part dans l’appartement. Isobel eut un soupir soulagé. Elle baissa les yeux sur sa dague ensanglantée. Elle put distinguer des marques rouges sur son poignet, comme si quelqu’un avait serré la peau tendre de toutes ses forces. Dans le bol en inox, le cadavre du poulet avait disparu, laissant seulement une trace sanglante. Elle prit quelques secondes pour calmer les battements désordonnés de son coeur, avant de reprendre la parole, sans se retourner vers Ignacio et Robin. Elle ne souhaitait pas discuter maintenant.
- Je vais avoir besoin de l’objet d’Evan, maintenant.
Elle posa ce dernier soigneusement sur ses genoux. Posant les mains dessus, elle ferma de nouveau les yeux. Elle reprit ses incantations, psalmodiant tellement vite qu’il était difficile de comprendre les mots qui se bousculaient dans sa bouche. Au début, tout se passa comme elle le souhaitait. Elle se sentit glisser, elle sentit cette sensation familière qui l’envahissait à chaque fois. Elle ressentait la chaleur dans les paumes de ses mains, elle entendait à ses oreilles les centaines de voix qui semblaient répéter son incitation à l’infini. Mais elle finit par froncer les sourcils, ses doigts se crispant. C’était comme tirer à la corde. Elle forçait. On forçait de l’autre côté. C’était à qui serait le plus fort. Qui lâcherait en premier. Elle n’avait pas véritablement l’habitude de perdre à ce petit jeu-là. Sa voix et ses incantations se durcirent un peu plus. Un grand claquement retentit dans l’appartement. Une fenêtre venait de s’ouvrir dans la cuisine et ses battants s’étaient écrasés contre le mur. Isobel crispa un peu plus ses doigts. Un grondement retentit. Elle garda les yeux fermés, la voix décidée.
Brusquement, il y eut un éclair de lumière. Elle rouvrit les yeux, relâcha ses mains.
Au sein du pentacle, une silhouette grisâtre se tenait, le dos voûté et l’air misérable. Isobel eut un sourire.
- Salut Evan.
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Robin MacFarlaneAncien personnage
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Jeu 22 Oct 2020 - 11:25
Robin laissa le soin au frère et à la sœur de s’expliquer. Bien qu’elle ait suivi cette affaire depuis le début -elle en était même à l’origine, pour être tout à fait exacte- elle se sentait un peu mal à l’aise, ici, au milieu de ce salon moderne et chic. Elle appartenait à un autre monde que celui d’Isobel Lavespère et elle se demandait comment cette femme allait pouvoir les aider. Surement en leurs faisant bénéficier de son réseau. Lavespère officiait au sein du service communication du Ministère. Elle devait connaitre beaucoup de monde.
« Je ne dirais rien. » répéta-t-elle pour la seconde fois de la journée lorsqu’on lui demanda de faire vœu de silence.
Mais ces demandes répétées commençaient sérieusement à aiguiser sa curiosité, curiosité qui ne fit que s’accroitre lorsqu’Isobel demanda un cheveu ou un échantillon de sang d’Evan. Rien que ça. Le regard perplexe de la danseuse passa de la chargée de communication à Igniacio. Dans le meilleur des cas, le corps d’Evan voguait sur une barque en plein milieu de la mer d’Irlande à l’heure qu’il était. Impossible donc de récupérer quoique ce soit.
« Sinon un vêtement, un bijou... Quelque chose qui aurait pu absorber un peu de lui. » Suggéra Isobel.
« J’ai peut-être quelque chose qui pourrait convenir, souffla Robin, je peux aller voir... » Ajouta-t-elle en cherchant l’approbation dans le regard des deux autres.
Il ne lui fallut que quelques minutes pour transplaner jusqu’à son appartement à Brighton. Elle monta à l’étage, regagna sa chambre et ouvrit sa penderie à la volée. Là, rangée entre son perfecto en cuir et un long gilet à mailles larges, la chemise d’Evan semblait l’attendre. Robin caressa doucement la manche et attrapa l’étoffe entre ses mains. Elle l’observa un instant, troublée à l’idée de s’en séparer. Ce n’était qu’un vulgaire bout de tissu mais... Elle ferma les yeux.
Si cette chemise pouvait leurs permettre de démasquer le meurtrier d’Evan et de retrouver ses agresseurs et ce de Matthew, elle ne pouvait pas tergiverser. La danseuse pinça les lèvres et referma la porte du placard derrière elle.
Lorsqu’elle regagna l’appartement de la chargée de communication, Robin constata d’emblée que l’ambiance avait radicalement changée : Les meubles avaient été poussés contre les murs de la pièce, les rideaux étaient tirés et un pentacle cerné de sel ornait le plancher du salon. Robin referma précautionneusement la porte derrière elle et resta immobile près de l’entrée tandis qu’Isobel et Ignacio s’afféraient pour finir de tout mettre en place. Des bougies, une dague, un saladier…De toute évidence, Isobel Lavespère n’allait pas les introduire auprès de son réseau de contacts mais partager avec eux ses compétences en sorcellerie vaudou. Toujours dans la communication, certes, mais pas le genre de communication à laquelle s’attendait Robin.
- Restez-là, je vous dirai quand vous pourrez approcher.
Elle leur indiquait un coin dans le fond de la pièce que Robin rejoignit sans un mot. Elle n’aurait jamais imaginé que cette sorcière élégante qu’elle avait croisée des dizaines de fois aux Folies puisse avoir ce genre d’aptitude. La danseuse se pelotonna dans l’angle du salon et croisa brièvement le regard d’Ignacio avant de reporter son attention sur Isobel. Elle était à la fois curieuse et un peu anxieuse à l’idée d’assister à cette scène. Robin n’avait jamais eu le courage des Gryffondor et l’idée de croiser le spectre d’Evan la dérangeait réellement. Car c’était bien ce que comptait faire Isobel Lavespère devant eux ce soir: Convoquer l’esprit de leur collègue défunt. Le cœur de Robin se mit à battre un peu plus vite lorsqu’Isobel commença la cérémonie. Même si elle s’y attendait, elle sursauta lors de la décapitation du coq et la deuxième partie du rite la plongea dans une réelle inquiétude. Cet odeur de tabac froid. Ce bruit de canne. La sorcière n’avait pas convoqué le bon esprit. Robin pouvait sentir la présence de cet intrus qui emplissait la pièce. Il lui donnait la chair de poule. Cette entité disparut aussi brusquement qu’elle était arrivée et l’air qui semblait s’être raréfié en sa présence emplit de nouveau les poumons de la danseuse sans parvenir toutefois à l’apaiser réellement. Quelque chose lui disait que ce n’était que le début.
- Je vais avoir besoin de l’objet d’Evan, maintenant.
Robin mit un moment à se rendre compte qu’Isobel s’adressait à elle. Elle avança timidement à proximité du pentacle et tendit le bras pour donner la chemise et vite rejoindre sa place initiale. Elle ne tenait pas à troubler la concentration de la nécromancienne qui se livrait maintenant à une série d’incantations de plus en plus puissantes. Sa voix gagnait en intensité alors que la pression de la pièce semblait se modifier, se tordre. Robin joignit ses mains devant sa bouche, impressionnée par ce combat invisible qui se jouait juste devant ses yeux. Une fenêtre claqua dans le fond de l’appartement et cet appel d’air fut immédiatement suivi d’un éclair blanc qui l’aveugla. Robin cligna des paupières pour retrouver une vision normale mais elle eut toutefois beaucoup de difficulté à croire ce qu’elle avait sous les yeux :
Là, au centre du pentacle, un Evan fantasmagorique se tenait debout.
MétamorphomageMoldu
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Sam 31 Oct 2020 - 14:11
Evan Travis, 33 ans, Veilleur décédé
L’appel résonne dans tout son être, une force s’impose à lui et le compresse violemment, sans qu’il ne puisse lutter. La sensation de passer dans un tuyau étroit n’est pas nouvelle pour lui mais il a l’impression de faire le chemin dans l’autre sens, celui qui est interdit. Quand Evan rouvre les yeux, son environnement a changé. Les couleurs, la chaleur, les odeurs du monde terrestre l’assaillent et l’étourdissent avec la saveur délicieuse et troublante de lointaines sensations oubliées. Certains éléments, qui semblent gravées dans son âme, servent de repère à sa conscience rappelée d’entre les morts : les yeux charbonneux de Robin et le murmure de sa voix prise de stupéfaction.
Deux autres personnes l’accompagnent, qu’Evan connaît bien. Ses yeux cernés se posent sur Isobel, agenouillée devant lui, au bord d’un cercle tracé au sol et maculé de tâches de sang qui suffisent à reconstituer la logique de la scène. Sa voix est différente, désincarnée lorsqu’il déclare :
« C’est toi qui m’a appelé. »
Ce n’est pas une question. Isobel Lavespère fait partie de ces personnes proches des Veilleurs sur lesquelles Evan a collecté des informations, il connaît ses accointances avec la magie noire qu’il a gardées enfermées dans le secret de sa mémoire, avec son habituelle discrétion. Ce temps lui paraît terriblement lointain, littéralement venu d’un autre monde, et à la fois très proche. Il a la preuve que sa mémoire a survécu à son corps, car il comprend aussitôt la question qu’Ignacio est le premier à poser en avançant d’un pas vers lui :
« On a absolument besoin de réponses que tu es le seul à détenir, Evan. Tu te souviens de ce qu’il s’est passé au moment de ta mort ? »
Son regard d’un bleu translucide, plus clair que jamais dans cette apparence de fantôme qu’il revêt aux yeux des vivants, se pose sur la silhouette bien bâtie du Veilleur, dont il perçoit les traits tendus. Il ne répond pas tout de suite, laissant écouler un silence qui est familier chez lui et qui lui permet à la fois de structurer ses pensées et observer ce qu’il se passe. Robin ne tarde pas à se manifester elle aussi, plus fébrile que son camarade :
« Qui t’a tué ? Est-ce la même personne qui m’a agressée ? Qui a agressé mon frère et tué trois Veilleurs ? »
Le regard d’Evan glisse vers la jeune femme et ce contact réveille chez lui ce qui l’a poussé à prendre des risques, quelques heures avant sa mort. Il se souvient de tout et il se souvient surtout qu’il avait profondément voulu apporter des réponses à Robin. Il sort alors de son mutisme, en secouant lentement la tête.
« Non. Ce sont les hommes de Norvel. Ils ne sont pas impliqués dans ton agression. Du moins, pas… directement. » Ses sourcils se froncent légèrement, au fur et à mesure que ses souvenirs se précisent. « Je tenais une piste qui m’a mené à eux. Tu sais, ce contrat que tu as été contrainte à balancer… J’ai découvert que c’est Lucky Luigi qui a raflé la mise. C’est probablement ses mercenaires qui t’ont agressée, Robin, mais ils n’ont pas agi seuls. Ils ont travaillé avec Norvel et son gang pour pouvoir s’introduire aux Folies. »
Ce moment de son récit soulève chez Ignacio une nouvelle question, plus pressante encore que les précédentes, la question qui était sur toutes les lèvres et dans toutes les pensées des têtes pensantes des Veilleurs :
« On pensait qu’il y avait une taupe chez nous, tu as pu découvrir qui c’était ? »
A nouveau, Evan hoche lentement la tête pour dénier. Prêt à révéler le fin mot de cette histoire qui lui avait coûté sa mort, il déclare ce que personne n’a envisagé :
« Il n’y a pas de taupe chez nous. Il n’y a pas de faille dans la sécurité. »
Il aurait aimé l’annoncer en personne à Fergus qui, il le sait, s’est douloureusement remis en question à la suite de cette agression dans les murs mêmes d’un établissement dont il gère la sécurité. Malheureusement, il n’aurait pas pu contrer l’attaque dont ils ont été victimes, pas sans les informations qu’Evan a fini par découvrir successivement, en l’espace de très peu de temps.
« C’est une conversation entre Bonham et Luigi que j’ai surprise. J’ai suivi de très près Bonham, après ça. Je pensais qu’il était seul, avec son escorte. Il s’est arrêté à un moment. Je l’ai vu, poser une espèce d'araignée au sol. Norvel a surgi, d’un coup. »
A cet instant précis, toute la lumière s’était faite dans l’esprit d’Evan qui avait compris deux choses : Helmet Norvel était un Animagus non déclaré et il se servait de cette aptitude pour s’introduire chez ses collaborateurs et ennemis et les espionner à leur insu. Il venait d'en avoir l'illustration : pendant que son second, Francis Bonham discutait avec le célèbre faussaire de baguettes magiques dans ses locaux, Norvel avait fait son affaire, qu’il commençait à exposer à son bras droit, quand Evan avait fait un bruit qui les avait aussitôt alertés.
« Je ne sais pas ce qu’ils reprochaient exactement à Luigi pour fouiller chez lui aussi mais quand j’ai compris que c’était un Animagus, j’ai essayé de fuir et je me suis fait repérer. Ils ont lancé des hommes à mes trousses, et… »
La suite, ils peuvent la deviner. Evan n’avait pas réussi à s’échapper, il s’était fait prendre en tenaille et sa fin avait été trop douloureuse pour qu’il accepte de s’en ouvrir face à son public. Il avait lutté pour pouvoir s’en sortir, donner à ses alliés les informations qu’ils attendaient tous, retrouver Robin et l’aider à mettre fin au calvaire qu’elle vivait depuis des mois. Il a échoué. Le regard s’attarde sur la jeune femme, dont il a, malgré lui et à l’envers de son habituelle conscience toute professionnelle et toute distante, compati à la souffrance. Petit à petit, il en a fait une forme d’affaire personnelle. Il se rappelle qu’à l’instant de sa mort, l’un de ses regrets concernait cette femme à qui il s’est attaché et qu’il aurait voulu revoir une dernière fois.
« Je suis désolé, Robin. Je voulais t’apporter des réponses… Tout s’est passé très vite. »
Il tait le reste, ce qu’il n’arrive pas à dire et qu’il serait cruel de dire, alors qu’il ne fait de toute manière plus partie de ce monde. Il sent d’ailleurs qu’il n’est pas à sa place ici, que son âme aspire à retrouver l’endroit dont on l’a arraché avec une puissante magie et cette bataille en lui est douloureuse. Son enveloppe s’effrite légèrement sous les yeux de ses camarades de crime. Poussé par le pressentiment qu’il n’en a plus pour longtemps, Evan adresse ses derniers mots et surtout, son dernier avertissement, pour ce gang envers qui il a une loyauté qui, elle aussi, est restée gravée dans son âme :
« Il faut que vous le disiez à Roy, Jayce, et les autres, le plus vite possible. Je suppose qu’ils enquêtent sur ma mort… Le cabaret a des oreilles, maintenant. Ils sont suivis, écoutés, à chaque fois qu’il prépare un mauvais coup. Quoiqu’ils prévoient, Norvel est au courant. »
Ignacio WalkerPropriétaire d'un haras
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Sam 31 Oct 2020 - 17:31
Ce fut un regard curieux qu’Ignacio posa sur Isobel alors que cette dernière s’affairait à tracer au sol un pentacle magique. Il demeura en silence, debout dans un coin de la pièce à côté de Robin, mais garda son attention focalisée sur sa sœur qui incantait en français, prononçant en boucle des mots dont il ne parvenait pas à comprendre le sens. L’atmosphère s’était considérablement alourdie, des bruits agitaient le silence, un froid immense semblait être tombé sur la pièce dans laquelle ils se tenaient tous les trois. Le cœur d’Ignacio, pourtant habitué à la magie noire, s’accéléra lorsque, témoin de cette nouvelle forme de magie qui demeurait généralement secrète, il assista à l’apparition d’Evan en plein milieu du salon. Un peu voûté, présent sous une forme qui n’était pas celle d’un humain mais pas totalement celle d’un fantôme non plus, Evan Travis devant eux.
Ignacio marqua un temps d’arrêt, signe de sa surprise, et ses yeux s’écarquillèrent légèrement face à cette vision. Il retrouva ses esprits assez rapidement, poussé par un sentiment d’urgence qui se manifestait en lui depuis quelques minutes.
« On a absolument besoin de réponses que tu es le seul à détenir, Evan. Tu te souviens de ce qu’il s’est passé au moment de ta mort ? »
Ignacio perçut le regard d’Evan se poser sur lui, sans qu’aucun mot ne franchisse ses lèvres. Ses yeux à lui se firent plus pressants, alors que Robin interrogeait à son tour le Veilleur décédé depuis quelques mois maintenant. On devinait à leurs questions, à leurs expressions, que la situation était périlleuse, dangereuse, urgente. Ignacio ne sut dire si Evan le sentit ou non, mais il se décida finalement à prendre la parole pour leur révéler ces quelques éléments que Robin et Ignacio avaient passé des mois à essayer de deviner. Mettre finalement des noms sur les agresseurs de Robin et sur ceux qui avaient tué plusieurs Veilleurs – dont Evan – ne procura qu’à peine à Ignacio un sentiment de satisfaction parce qu’il se doutait bien que, si ce secret avait été préservé aussi longtemps, c’était que quelque chose – ou plutôt quelqu’un – œuvrait pour eux.
Au sein des Veilleurs, la thèse de la taupe avait été largement envisagée pour expliquer comment un tel crime avait pu être commis au sein même des Folies Sorcières. Pour pénétrer dans ce lieu en évitant toutes les mesures de sécurité, il fallait quelqu’un qui puisse les déjouer, ou tout de moins les communiquer.
« On pensait qu’il y avait une taupe chez nous, tu as pu découvrir qui c’était ? » demanda alors Ignacio en fronçant les sourcils, prêt à le voir acquiescer à cette thèse.
Le signe négatif qu’il fit de la tête tira une expression de surprise à Ignacio. « Il n’y a pas de faille dans la sécurité » disait Evan avec une telle assurance que le mafieux resta muet et stupéfait. Il n’y avait pas de taupe, comprit-il au fur et à mesure qu’Evan parlait, mais il y avait bien quelqu’un qui parvenait à s’introduire impunément au sein des Folies. Quelqu’un qui était capable de prendre une apparence si petite, si discrète, que personne n’aurait rien pu soupçonner. Quelqu’un qui, sous cette apparence justement, avait pu assister à toutes les conversations, à toutes les décisions prises par le gang. Dont celle de le piéger.
Norvel était un animagus non déclaré, une araignée – quelle surprise, songea Ignacio avec ironie – qui avait pu se faufiler dans n’importe quelle pièce des Folies Sorcières pour espionner ses ennemis. Evan avait découvert ce fait juste avant sa mort et probablement était-ce la raison pour laquelle il avait été tué. Brusquement, tout prenait sens. L’élément qu’ils avaient passé tant de temps à chercher avec Robin, Evan le leur offrait sur un plateau d’argent et confirmait de cette manière tous leurs doutes et toutes leurs craintes concernant cette mission qui était menée au moment même où ils parlaient.
« Quoiqu’ils prévoient, Norvel est au courant. » déclara Evan de sa voix grave, qui commençait à s’étouffer, à devenir plus lointaine.
Les yeux d’Ignacio croisèrent brièvement ceux de Robin, avant de se poser une dernière fois sur le Veilleur.
« Evan… » Il capta le regard du mafieux qui commençait à disparaître du pentacle au sein duquel il était apparu. « Merci » fut le seul mot qu’il put lui témoigner avant qu’Evan ne disparaisse une nouvelle fois.
Les informations qu’il venait de leur donner ne cessaient de tourner dans l’esprit d’Ignacio. Si Norvel était au courant du piège que les Veilleurs voulaient lui tendre, alors Calder et Davies étaient en grand danger. Ignacio savait – pour avoir été celui qui avait apporté la solution en question – qu’il était prévu que le verre de Norvel soit empoisonné avant de lui servir une bouteille de vin. Et, à en croire Evan, Norvel aussi était au courant de cette mascarade, comme il était au courant des positions des Veilleurs autour du casino.
« Putain. » jura-t-il en croisant le regard d’Isobel, puis celui de Robin, qu’il accrocha plus longuement. « Il faut qu’on retourne aux Folies, maintenant. » fit-il en saisissant la main de la danseuse dans la sienne. Il se tourna vers Isobel, lui offrit un regard reconnaissant. « Merci, Isy. Je t’appelle. »
Puis, Ignacio et Robin disparurent dans un tourbillon qui les menèrent directement aux abords de Bristol. Passer les checkpoints de la ville lui sembla prendre un temps fou mais, dès que cela fut fait et après avoir échangé un regard avec la jeune femme, les deux Veilleurs prirent la direction du cabaret en courant. Ils finirent par l’apercevoir, de loin, et accélèrent encore, montèrent les marches qui menaient au perron, se présentèrent devant l’entrée, gardée par un Veilleur, en haletant sous le coup de leur course.
« Il faut qu’on voit Fergus, ou Toni. » fit Ignacio sans hésitation, « tu sais où ils sont ? »
« Dans les bureaux je crois. »
Robin et Ignacio pénétrèrent en trombe dans le hall et grimpèrent les escaliers. A cette heure-ci, les Folies étaient encore à moitié vide, si bien qu’il fut aisé de repérer les silhouettes de Toni et Fergus, visiblement plongés dans une grande conversation.
« Fergus, Toni ! » les interpella Ignacio sans se soucier de savoir s’il interrompait une discussion importante ou non. Il s’approcha avec Robin et baissa la voix une fois qu’ils furent suffisamment proches pour s’entendre. « Norvel sait. Il sait tout. » Il ne savait pas vraiment s’il avait le temps d’expliquer tout le périple qu’il venait de traverser avec Robin, alors résuma plutôt les informations essentielles : « Ce qu’Evan a appris avant de mourir, c’est que Norvel est un animagus non-déclaré. Une araignée. » précisa-t-il. « Il n’y a jamais eu de taupe ici, mais Norvel a pu pénétrer dans les Folies sans le moindre problème sous cette apparence. » Il conclut, avec un regard vers Robin : « Il doit savoir exactement quel piège on s’apprêtait à lui tendre. Et il doit être en train de le retourner contre Roy et Avalon. »
I bet my life on you
I've told a million lies but now I tell a single truth, there's you in everything I do
Robin MacFarlaneAncien personnage
Messages : 142
Dim 22 Nov 2020 - 10:13
Robin avait été témoin de beaucoup d’actes magiques impressionnants mais elle devait avouer que les compétences d’Isobel Lavespère supplantaient tout ce qu’elle avait pu voir jusqu’alors. Lorsque la silhouette translucide d’Evan se matérialisa dans le salon, la danseuse resta figée sur place. Elle avait déjà vu des fantômes, ces êtres bloqués entre la vie et la mort mais c’était la première fois qu’elle assistait au retour d’une personne morte qu’elle ne pensait plus jamais revoir de sa vie. Après avoir interrogé Isobel, Evan se tourna légèrement en direction du coin de la pièce où elle patientait avec Ignacio dans l’obscurité. Le barman s’empressa de prendre la parole pour questionner Evan sur les conditions de sa mort. Robin connaissait l’urgence de la situation, elle savait qu’Ignacio avait raison de rentrer si rapidement dans le vif du sujet, le temps était compté, mais elle n’arrivait pas à formuler la moindre question ni à détacher son regard du spectre qui se tenait au milieu de la pièce. Elle avait la gorge nouée, les jambes flageolantes et son cœur pulsait si vite qu’elle en était presque essoufflée.
Depuis la mort d’Evan, elle n’avait eu de cesse de minimiser l’impact de sa disparition. Elle avait enfermé ses regrets et sa tristesse à double tours. Pourtant cette forteresse dans son cœur se fissurait aujourd’hui alors qu’elle entrevoyait l’espoir fou de lui révéler tout ce qu’elle avait ressenti, et ressentait toujours pour lui. Pendant une brève seconde, l’idée lui traversa l’esprit mais elle inspira profondément et sa ravisa. Evan lui avait enseigné de toujours rester maître de soi-même. Un bon Veilleur devait remiser l’affectif de côté afin de rester le plus professionnel possible. Dans leur milieu, il n’y avait pas de place pour les sentiments et même s’il était mort, elle ne voulait pas décevoir Evan en trahissant ces préceptes.
« Qui t’a tué ?»
Elle avait maitrisé le tremblement de sa voix mais ses pupilles humides trahissaient sans doute son émotion. Elle se félicita d’être restée dans un coin éloigné du salon plongé dans la pénombre et s’obstina à garder les yeux braqués sur Evan pour ne pas croiser le regard d’Ignacio situé juste à côté d’elle.
Robin tressaillît légèrement en entendant le son de la voix de l’espion emplir la pièce pour répondre à sa question. Si son apparence physique était devenue spectrale, son timbre de voix, la rythmique de ses mots restaient inchangés. Elle résista à l’envie folle de clore les paupières pour l’imaginer toujours en vie devant elle. Elle voulait s’abandonner, se laisser bercer par ses paroles mais elle mobilisa toute sa concentration pour écouter ses explications et analyser ses dires. Et plus il avançait dans son récit, plus Robin prenait conscience de la gravité de la situation. Norvel était le responsable de tout : Son agression et celle de son frère ainsi que de la mort d’Evan. Il n’y avait jamais eu de failles de sécurité aux Folies, ni de taupe comme Robin l’avait initialement pensé.
« Une araignée ? » réagit la danseuse en apprenant la condition d’animagui de Norvel, Mais quel salop. »
Elle secoua la tête et serra la mâchoire sous le coup de la colère et de l’amertume. Elle avait soupçonné tous les employés des Folies depuis des mois, accusé Fergus de négligence, à tord. Norvel avait fichtrement bien réussi son coup. Il avait crée ce climat de suspicion pour fragiliser les Veilleurs et il s’apprêtait maintenant à asséner le coup de grâce ce soir même en s’attaquant cette fois directement à leur chef.
Ils devaient agir vite. Roy était déjà parti en mission, secondé par quelques Veilleurs expérimentés. Il pensait avoir toutes les cartes en main mais il se fourvoyait totalement. Cette rencontre avec Norvel était un piège qui allait se refermer sur lui. Un guet-apens.
« Il faut qu’on prévienne Calder. » souffla Robin à l’attention d’Ignacio.
Si elle ressentait toujours une forme de ressentiment vis-à-vis du chef de gang qui l’avait évincée de l’ultime mission sensée apporter les réponses aux questions de son agression, elle restait loyale envers son gang, malgré tout. Du moins, jusqu’à la fin de cette affaire. Après, elle partirait loin de toute cette merde. Loin des coups bas, des agressions et des meurtres.
« Je suis désolé, Robin. Je voulais t’apporter des réponses… Tout s’est passé très vite. »
La remarque d’Evan la tira de ses pensées agitées. Ses grands yeux bruns se posèrent sur l’enveloppe charnelle de l’espion qui commençait à s’effriter par endroit. Il devenait de plus en plus translucide, comme rappelé par la mort elle-même. Robin n’avait pas envie qu’il la quitte une seconde fois mais ce scénario semblait inéluctable. Pendant un bref instant, elle songea à ce qu’elle avait peut-être raté. Et si, au lieu d’écouter les enseignements d’Evan, elle avait eu le courage de lui avouer ses sentiments de son vivant ? Et si elle lui avait proposé de s’enfuir avec lui, de recommencer une nouvelle vie, ailleurs, tous les deux ? Un projet fou. Impensable pour Evan Travis Veilleur parmis les Veilleurs…mais, peut-être…. Maintenant qu’il était sur le point de sombrer dans l’au-delà, elle avait l’impression que ses sentiments étaient en partie partagés. Malheureusement, il était trop tard. Elle ne saurait jamais.
« Je suis désolée aussi Evan. » Ses lèvres tremblèrent légèrement sur le coup de l’émotion et elle fut incapable d’ajouter quoique ce soit d’autre. Ignacio glissa sa main dans la sienne et ils disparurent dans un tourbillon.
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« Il faut qu’on voit Fergus, ou Toni. »
Ils se trouvaient dans le hall d’entrée des Folies. L’empressement d’Ignacio contrastait avec l’apparent calme de Robin qui se tenait à côté de lui. Ils avaient traversé Bristol en courant depuis le checkpoint mais la danseuse semblait étrangement sereine, à peine essoufflée. Elle observait fixement les Veilleurs chargés de garder l’entrée du cabaret. Alors que le barman se laissait aller à une agitation qui lui était peu coutumière, elle restait immobile et silencieuse, en état de choc. Cette entrevue avec l’esprit d’Evan l’avait vidée émotionnellement, elle ne pouvait plus ressentir quoique ce soit, ni de bon ni de mauvais.
Même lorsqu’ils se retrouvèrent face aux deux seconds des Folies, Robin resta mutique. Ignacio se chargeait d’expliquait la situation. Lorsqu’il fut question de la taupe des Folies, la danseuse croisa le regard de Fergus et l’observa de longues secondes, les yeux parfaitement secs, une expression indéchiffrable sur le visage. Elle lui avait mené la vie dure suite à son agression. Elle l’avait accusé d’incompétence mais elle n’arrivait pas à ressentir la moindre honte, ni à formuler des excuses. Ses pensées étaient à la fois cotonneuses et clairvoyantes à cet instant et les priorités s’imposait d’elles-mêmes dans son esprit débarrassé de toute charge émotionnelle.
« Roy est peut-être déjà mort à l’heure qu’il est. » souffla-t-elle sans une once d’émotion dans la voix.
Elle sortit sa baguette de sa poche et regarda tour à tour Toni et Fergus. Elle ne connaissait rien du plan initial mais elle comptait bien faire partie de cet ultime assaut.
Fergus AvnerChef de la mafia
Messages : 156
Lun 28 Déc 2020 - 17:39
Depuis qu’ils avaient mis en place ce plan qui en théorie ne pouvait que réussir, Fergus devait admettre qu’il était terriblement nerveux. Il s’était refermé consciencieusement sur lui-même pour ne pas laisser déborder les appréhensions qui le tenaient éveillé et semaient dans ses gestes des traces de fébrilité et d’impatience. Il ignorait ce qui le bousculait autant. Les veilleurs n’étaient pas à leur première action dangereuse, mais celle-ci avait des avant-gouts de déclaration de guerre. On n’avait toujours pas mis la main sur les taupes qui gangrenaient le sein de leur large famille, et Fergus ne pouvait empêcher un pressentiment désagréable de remuer ses tripes.
Il n’était pas surpris. L’habitude de côtoyer la mort n’en devenait jamais une vraiment, il ne pouvait empêcher l’adrénaline de gonfler ses veines. Son cerveau turbinait sur un mode automatique. Il analysait la situation depuis des mois sans tomber sur une conclusion juste et cet élan prenait toute sa vitesse maintenant que Jayce, Roy et Avalon s’étaient acheminés vers la gueule du loup.
Fergus digérait mal son inactivité. Depuis la veille, il avait réalisé que le coup de fil de Jayce avait eu un impact et qu’il avait cru à son tirage – ce qui n’était pas son genre. Accorder de l’importance à une prédiction obtenu par des morceaux de papiers illustrés le déstabilisait parce qu’il sentait au fond de lui qu’il avait cru aux inquiétudes de Jayce avant même qu’il ne les lui partage. Jusqu’à présent, Fergus s’était contenté de mettre ces impatiences sur son manque de contrôle : ayant été relégué à la surveillance des folies, il ne pouvait faire autrement que d’assumer ses charges comme si ne se déroulait pas, à l’autre bout de Bristol, une discussion décisive. C’était pour lui impossible à ignorer.
Il jetait à sa montre des coups d’œil incessant, vérifiait son pear avec une régularité incongrue. Il se savait irritable et prenait garde à ne pas laisser trancher son impatience, mais il était clair que son esprit était ailleurs et à plusieurs reprises ont dû lui répéter des questions pour obtenir son attention. Son regard se perdait dans le vague et obscurcissait son front d’ombres soucieuses. Toni, qui gravitait non loin, lui avait plusieurs fois tapé sur l’épaule pour le ramener à une réalité plus directe, mais sans parvenir à le garder près de lui. Fergus ne faisait pour lui aucun effort : il savait que Toni avait perçu son inquiétude croissante et qu’elle ne prendrait fin que lorsqu’ils auraient reçu le message de Roy ou Jayce assurant tranquillement que le travail était fait.
Fergus aurait aimé en avoir, du travail, de quoi s’occuper l’esprit et les mains pour empêcher ses pensées de s’épuiser sur une analyse qui n’avait aucune fin dans laquelle il avait un rôle. Il avait rongé son frein dans la matinée en distribuant les payes des filles, et n’avait pu s’empêcher, pris de désœuvrement, de vérifier la disponibilité d’un certain nombre de leurs hommes, juste au cas où. Toni l’avait laissé faire en sachant que c’était le seul moyen pour lui de ne pas exploser. Il était finalement venu lui tenir compagnie et il n’avait pas fallu longtemps, comme toujours lorsqu’ils se trouvaient face à face, pour qu’ils se lancent dans une discussion qui avait permis à Fergus d’oublier quelques minutes la nervosité lancinante qui l’empêchait de tenir en place.
Et puis Ignacio et Robin firent irruption dans le cabaret.
Au ton de leur voix et à l’alarme expressive qui déformait leurs traits, Fergus bondit de son fauteuil.
- Ce qu’Evan a appris avant de mourir, c’est que Norvel est un animagus non-déclaré. Une araignée, leur expliqua Ignacio.
Fergus se pressa l’arête du nez en serrant les dents et en étouffant un juron expressif. Évidemment, cela expliquait tout. Lorsqu’il releva la tête se fut pour croiser les yeux de Robin qui s’étaient figés sur lui et avec qui il échangea un long regard. Il n’y lu aucun remords, aucune excuse, mais n’en attendait pas spécialement. Comme elle, il priorisait l’action et son esprit n’était pas du tout à l’apaisement de son égo. Il n’avait qu’une seule certitude : celle d’une rage et d’une urgence brutale qui s’étaient emparé de lui.
- Il doit savoir exactement quel piège on s’apprêtait à lui tendre. Et il doit être en train de le retourner contre Roy et Avalon. » - Roy est peut-être déjà mort à l’heure qu’il est. » - L’antidote. » intima-t-il en accrochant Ignacio.
Si vraiment norvel avait retourné leur plan contre eux, peu de chances leur restait d’arriver à temps pour venir en aide à leurs hommes, à Roy et Avalon. Un froid glacial avait saisi la poitrine de Fergus. Pouvaient-ils se jeter eux aussi dans la gueule du loup, sans savoir précisément ce qu’il se passait là-bas et comment Norvel avait assuré ses arrières ? Ou tentait de les sauver revenait-il à sacrifier de précieux effectifs pour venir en aide à des cadavres ? Combien d’entre eux étaient-ils déjà mort ? Jayce, Roy, Avalon… Respiraient-ils encore ?
If I'm crazy, I'm on my own / If I'm waitin', it's on my throne / If I sound lazy, just ignore my tone /'Cause I'm always gonna answer when you call my phone / Like, what's up, danger ?
Antonino TessioChef de la mafia
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Dim 3 Jan 2021 - 15:40
Quand il a quitté Avalon et Roy en leur souhaitant bonne chance tout à l’heure, Toni a fait bonne figure, conscient que transmettre son inquiétude à ses amis n’allait pas du tout les aider dans leur tâche. A la place, il leur avait transmis de la confiance, de la force, dans des paroles dignes d’un coach sportif, tout ce dont ils avaient besoin et dont il s’efforçait de s’armer à son tour, dans l’attente de leurs nouvelles. C’est un euphémisme que de dire que Toni ne supporte pas l’inactivité. Il aurait voulu être au coeur de l’action, mais l’opération requiert des compétences qu’Avalon, Roy et Jayce maîtrisent mieux que lui. S’ils s’en sortent bien, si le plan se déroule comme prévu, aucun duel ne les attend. Mais il faut endormir la méfiance de leur ennemi, tenir une opération de manipulation jusqu’à son terme, et dans ce domaine, Toni n’est pas dans son élément.
Il le sait, il l’accepte, mais cela n’empêche pas son sang de bouillonner d’impatience, le temps d’une attente qui lui paraît interminable. Une heure. C’est le délai qu’ils se sont fixés. Au bout d’une heure sans nouvelles, ils sont sensés envoyer des hommes supplémentaires sur place, pour s’enquérir de la situation. Toni n’a jamais consulté autant sa montre et il voit Fergus, du coin de l’oeil, en faire de même. Ils comptent, tous les deux. Quarante-deux minutes.
Leur travail quotidien est d’une étrange fadeur dans ces moments où l’action essentielle se déroule à des kilomètres d’eux. Toni s’y attèle dans un calme inhabituel. Le tirage de Jayce de la veille le trouble encore, titille ce côté un peu superstitieux qu’il a toujours eu et le pousse à donner un certain crédit à ses avertissements. C’est aux dessins gravés sur ces trois pierres runiques qu’il repense, dans un coin de sa tête, alors que le reste de son corps s’est machinalement engagé dans une discussion avec Fergus, pour faire passer les dix-huit minutes qu’il leur reste avant de passer à l’action.
Il lui semble voir les mauvais présages associés à ces trois signes, gravés dans les traits tendus d’Ignacio et Robin qui accourent vers eux. Cet instinct en lui qui ne l’a jamais trompé lui fait comprendre qu’ils sont tous en danger et le fait se redresser sur ses jambes, avant même que ces deux-là ne parlent.
Aucune phrase prononcée par Ignacio n’est superflue. En quelques mots précis et concis qui suffisent à leur donner ce qu’ils ont besoin de savoir, il brosse l’état actuel de la situation qui vient de totalement basculer. Ils sont en train de perdre. Norvel a des coups d’avance sur eux. Les pierres ont dit juste. Leurs amis sont en danger mortel.
« Putain de merde... »
Piqué par l’urgence, le coeur de Toni bat puissamment derrière sa cage thoracique, étouffant toutes les pensées dans sa tête. Le moteur de l’action est déjà en marche chez lui et prend le pas sur celui de la réflexion. Son premier geste est de tourner la tête vers Fergus et de constater d’un regard que c’est l’exact inverse qui se produit chez lui. Aussitôt, Toni enserre sa nuque de sa main, pour le forcer à tourner les yeux vers lui.
« Stop. » L’ordre est destiné aux dizaines de questions qui se bousculent dans la tête de Fergus et risquent de l’empêcher de réagir, alors qu’ils n’ont pas le choix. Entre prendre le risque de se jeter dans la gueule du loup et prendre celui de laisser leurs amis mourir, Toni a déjà décidé. Dans l’échange de leurs regards, il s’efforce de transmettre la même résolution à son frère de coeur. « On y va. Maintenant. »
Si la supposition que Fergus semble avoir faite est juste et que Roy ou Avalon ont ingéré le poison à la place de Norvel, alors ils n’ont que quelques minutes pour agir. Chaque seconde compte.
« J’en ai donné un flacon à Roy, en même temps que le poison. Il y en a un autre dans les stocks des Veilleurs, répond Ignacio à l’ordre de Fergus. -Va le chercher et tu nous rejoins sur place. Toi, tu viens aussi » ordonne t-il à Robin.
Aussi bien que les secondes, chaque homme compte également, car ils n’ont aucune idée de la force de frappe qu’ils vont rencontrer en atterrissant dans le restaurant. Toni pose brièvement sa main sur le bras de Fergus, pour engager leur marche vers l’escalier du rez-de-chaussée. Le groupe d’hommes qu’ils ont préparés à intervenir au cas où l’opération tournait mal ou qu’ils n’avaient pas de nouvelles attend, près des tables du casino. Sa voix les alpague dans un rugissement, à l’autre bout de la pièce, au moment où il les repère :
« On décolle tout de suite, Norvel essaye de nous baiser ! Si c’est pas lui qui vous bute, c’est moi qui vais le faire si vous le laissez s’échapper, c’est clair ?! Pas de pitié, bordel de merde, vous butez toute menace qui se présente ! La priorité c’est de trouver Roy et Avalon. Jayce est sur place aussi, en soutien. Il faut les sortir de là ! »
Dans ces moments de crise, un puissant instinct de survie chez Toni, renforcé de sa colère, l’anime tout entier et le jette au coeur de la bataille sans un regard en arrière, sans laisser son inquiétude pour sa vie et pour celle de ses amis prendre toute la place. C’est dans cette immense décharge d’adrénaline qu’il se laisse glisser et qu’il se sent entièrement dans son élément.