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Sueurs froides [Conversation agréable entre membres du LEXIT et de la MILICE]

Angus Rice
Angus RiceGrande Prêtresse d'Aresto
Messages : 444
Profil Académie Waverly
Sueurs froides [Conversation agréable entre membres du LEXIT et de la MILICE] Icon_minitimeSam 18 Avr 2020 - 9:30
21 janvier 2011

Angus transplana sur la Grand’Place de la Cité Cosmos ouverte aux courants d’airs. Une bourrasque s’engouffra dans sa cape violette tandis qu’il progressait en direction de ses deux collègues qui l’attendaient sur le parvis de l’Usine, quasiment vide en cette journée particulièrementfroide.  Une fois n’est pas coutume, il n’était pas flanqué de son fidèle coéquipier à quatre pattes, Accio, encore convalescent des suites de son intervention à Mallowsweet. Angus revenait justement de la clinique vétérinaire, et avait profité de sa pause déjeuner pour rendre visite à son animal de compagnie qu’il allait enfin pouvoir récupérer le soir même. Ses brulures s’étaient résorbées et sa foulure à la patte gauche – qu’Angus avait seulement diagnostiqué après l’intervention- était en bonne voie de guérison.

Le milicien gardait aussi quelques stigmates physiques de cette journée, dont une belle entaille au cou – merci Amely- mais il était bien le seul milicien présent lors de l’opération  à être sorti grandi de ce fiasco.

La réaction de Danielle ne s’était pas fait attendre et ils gardaient tous en mémoire les froides remontrances, tout à fait légitimes, qu’elle avait proférées dans la clairière. Son mécontentement s’était traduit par une refonte totale de l’équipe en charge de l’enquête. Yavana, la lieutenante qui avait mené la charge à Mallowsweet, avait été destituée de ses fonctions sur cette affaire au  profit d’un binôme inédit, absents lors de l’humiliation subie par la Milice : Avalon Davies et Galahad Thorne. Angus avait officiellement intégré l’équipe d’enquêteurs, lui qui s’était plus ou moins invité dans cette cellule « Ennemi W » après avoir mis la main sur le corps de Dalhiatus.

Les nouveaux venus avaient passés les dix derniers jours à éplucher les rapports d’enquêtes préliminaires et les pièces à conviction trouvées à Mallowsweet . Ils avaient mené des investigations parallèles auprès de Vargas et d’autres partenaires.  L’entourage du couple avait été passé au crible : Les parents de la suspecte avaient eu le temps de fuir vers la France après avoir été prévenus par Pear par Amely. Vargas avait même communiqué aux miliciens le message en question révélant que Donovan et Juliet Weaver avaient trouvé refuge chez leur gendre, en France.   Angus espérait que Melchior travaillait activement à leur extradition.

La sœur de Whitaker, une certaine Tara travaillant à Ste Mangouste, s’était elle-aussi volatilisée moins d’une demi heure après l’intervention, selon les dires de ses collègues. Elle avait reçu un patronus énigmatique et plus personne ne l’avait revue depuis...

Aucune trace d’elle, ni de l’Ennemi W, d’ailleurs. Pourtant une fuite à l’étranger n’était pas envisageable pour eux.

Les portoloins internationaux avaient été placés sous surveillance dès la fin de l’intervention à Mallowsweet tout comme  les échanges de marchandises entre l’Angleterre et la France que  la brigade fléro-technique avait activement encadrés.
Tous les moyens de sortie de pays étaient rigoureusement filtrés et surveillés depuis le 11 janvier. Weaver et Whitaker étaient toujours en Grande Bretagne, tapis quelque part. Ils devaient se cacher sur le territoire, et bénéficier d’un soutien sans faille d’autres  terroristes anonymes surement membres du LEXIT.

Angus  s’était donc concentré sur les amis du couple et plus précisément sur ceux qui lui étaient apparus les plus proches d’Irving Whitaker et de Nora Weaver : Les jeunes gens présents sur  la photographie du Noël  2010, Juliet et Jeremy Baker.
Si, en amateur de quidditch, le milicien connaissait déjà l’attrapeuse de Flaquemare, il avait été obligé de se documenter davantage concernant son mari qui partageait son temps entre ses études de métamorphose à Lycaon et ses cours à Poudlard. Avec l’aide des photographies trouvées dans le chevet,  des différents documents écrits glanés à Mallowsweet et de leurs investigations annexes,  l’équipe d’enquêteurs avait réussi à remonter le fil de cette amitié adolescente ayant perdurée dans  l’âge adulte : Whitaker étant le témoin de mariage de Juliet Baker et Weaver la marraine de l’enfant du couple. En somme, des  liens puissants. Très puissants.

Toutefois les enquêteurs avaient aussi  notés que le couple Baker possédait un profil moins marginal que celui des criminels en fuite. Ils étaient bien intégrés socialement et professionnellement. Parents d’une petite fille. Appréciés de quelques collaborateurs du régime comme Peter Virtanen. Tous ces éléments jouaient en leur faveur.

Honnêtement, Angus était mitigé vis-à-vis de ces deux là, et il n’était pas le seul.

Les enquêteurs avaient donc décidé de rendre une petite visite de courtoisie à ce jeune couple, histoire de prendre la température et de se faire un avis plus tranché. Les deux cadres de l’enquête, Avalon et Galahad, encadraient cet interrogatoire, signe que la piste des « meilleurs amis » était étudiée avec  un soin tout particulier.
Si la perspective de mener une seconde affaire avec Avalon réjouissait Angus, il était un peu moins emballé à l’idée de travailler avec Thorne avec lequel il avait nettement moins d’affinité. Toutefois, il ne doutait pas une seconde du professionnalisme de ces collègues. Galahad était certes ennuyeux mais il n’était pas aussi imprévisible et détestable qu’un Covidus, au moins.

« Salut. Dit-il en arrivant à leur hauteur pour leur serrer la main. Il avait passé la matinée au flénile si bien qu’il n’était pas passé par le QG du Ministère le matin. Peu désireux de s’éterniser sur cette place glaciale il poursuivit, Alors ? Comment voulez-vous procéder ? Qui fait quoi ? Qui est le good cop ? Le bad cop ? La petite fouine qui regarde partout ? »
Le milicien observa tour à tour ses deux supérieurs puis il sortit une barre chocolatée de sa poche, défit le papier et croqua dedans.  Il n’avait pas pris le temps de manger à midi et il avait vraiment, vraiment, très faim, Moi, je m’en fiche, ajout-t-il en mâchouillant, dites ce que vous préférez. »

Il se sentait à l’aise dans n’importe quelle posture : celle du gentil milicien compréhensif et bienveillant, celle du milicien suspicieux et provocateur ou celle de l’observateur attentif aux interventions ponctuelles. Peu lui importait.

Il sortit alors son Pear pro de sa poche et le tendit entre lui et Avalon . Il engloutit la fin de sa barre, s'essuya les doigts sur sa cappe avant de lui demander, Comment on fait la Traverse déjà? »

Il voulait que le dossier  « Ennemi W » sur le réseau de la Milice soit accessible sous la forme d’un raccourci sur l’écran d’accueil afin qu’il puisse consulter rapidement toutes les pièces de l’enquête durant cet interrogatoire, qui cela dit en passant, n’en était pas officiellement un.  Angus savait qu’il n’avait pas l’air très pro quant il tapotait lentement sur son Pear avec son gros index d’un air concentré, littéralement  perdu dans les méandres de l’intranet. Or, il voulait s’éviter cette déconvenue.

« Une dernière recommandation avant de se lancer ? poursuivit-il en relevant les yeux vers Galahad, On enregistre l’entretien ou pas ?»
Galahad Thorne
Galahad ThorneMilicien collectionneur de cailloux
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Sueurs froides [Conversation agréable entre membres du LEXIT et de la MILICE] Icon_minitimeSam 18 Avr 2020 - 11:08
"Trois cafés, s'il-vous-plait."

"Voilà, cela fera dix noises !"

Quelques pièces de bronze passèrent d'une main à l'autre, en échange de trois gobelets en carton dont s'échappait un fumet prometteur. Galahad avait ses habitudes à la cité Nimbus. Pardon, Cosmos, décidément, il ne s'y ferait jamais. Depuis des années, il appréciait venir y boire un café avec son ami Troy, membre de la PM et éminent joueur d'échec. Troy et Galahad s'installaient au moins une fois par mois sur la Grand'Place, à la terrasse de leur troquet préféré, celui qui servait le meilleur café - ou la meilleure gobière, selon l'heure - et passaient des heures à se réchauffer au soleil autour d'un plateau d'échecs. Parfois, la journée entière s'écoulait ainsi, à grignoter une barquette de frites en devisant au sujet de politique ou du dernier grand prix de littérature, tout en méditant leur prochain coup.

Galahad avait toujours apprécié l'atmosphère de la cité ouvrière, plus authentique, même si l'implantation des nouveaux quartiers comme celui qu'ils s'apprêtaient à visiter avaient quelque peu changé le paysage. Bien sûr, d'ordinaire, c'était en civil qu'il venait paresser toute la journée sur la Grand'Place. Aujourd'hui, en revanche, sa lourde cape violette était attachée à ses épaules, attirant indubitablement les regards des badauds de la cité. La présence de la milice suscitait toujours une absence de réaction caractéristique, comme une suspension dans l'air : l'Accromantule inspirait la crainte et la méfiance, autant que le respect. La curiosité était évidente dans le regard du tenancier du bistrot lorsqu'il lui souhaita une bonne journée ; sans doute avait-il reconnu l'un de ses clients.

De la pointe de sa baguette, Galahad fit virevolter ses trois gobelets jusqu'à sa partenaire qui se situait en retrait de la petite file de clients. Elle se saisit d'un gobelet et Galahad du deuxième, tandis que le dernier continuait de léviter à mi-hauteur en attendant le troisième membre de ce trio inédit.

"Tu verras, il est très bon", commenta-t-il avant de boire une gorgée du liquide noir. Galahad ne transigeait jamais sur la qualité de son café.

Il s'apprêtait à lancer la conversation lorsque la silhouette caractéristique d'Angus Rice entra dans son champ de vision.

"Salut", répondit-il en rendant à Angus sa poignée de main.

Galahad connaissait assez mal le maître fléreur, dont il n'avait pas réellement d'opinion, ni bonne ni mauvaise : à première vue, rien ne semblait distinguer Angus de la masse de ses collègues de la milice, si ce n'est une dégaine qu'il jugeait quelque peu négligée. Mais fallait-il s'attendre à autre chose de la part d'un membre de cette brigade ? Le contact avec les animaux ne permettait pas toujours de conserver une mine aussi élégante que celle de l'autre Rice de la milice... Un bon point à son égard, néanmoins, Angus s'était récemment illustré lors de l'enquête qui les occupait aujourd'hui. Toute cette intervention semblait avoir été menée avec une médiocrité certaine, à l'exception de la capture d'Amely Weaver dont Angus portait encore les stigmates. Cela lui avait valu de garder une place au sein de l'équipe en charge du nouveau dossier brûlant de la milice, "Ennemis W", sur lequel Galahad avait eu la joie d'être collée. Non pas qu'il n'apprécie pas une bonne investigation de terrain, surtout en compagnie d'Avalon, mais il avait été obligé d'abandonner un dossier en cours pour cette nouvelle affectation et cela piquait son perfectionnisme.

"Hmm...", réfléchit-il tout haut quand Angus évoqua leurs rôles respectifs. Avisant sa barre chocolatée, il retint un jugement intérieur sur le régime alimentaire de son collègue et agita doucement la pointe de sa baguette pour faire léviter son gobelet jusqu'à lui. "Tiens, il est encore chaud ! Alors, tous les rôles me conviennent, mais il va falloir la jouer fine. S'ils ont effectivement quelque chose à cacher, alors ils trompent vraiment bien leur monde..."

A l'égard de la petite famille Baker, Galahad partageait l'ambivalence de ses collègues. Difficile de ne pas les suspecter dès lors qu'ils constituaient les amis les plus évidents de l'ennemi W, mais il était également très délicatd'accuser une joueuse professionnelle de Quidditch et un apprenti-professeur de Poudlard, étudiant dans l'académie de renommée internationale, Lycaon. Si un élément était nettement ressorti de leur enquête préliminaire, c'était bien celui-ci : les Baker jouissaient de quelque chose de très précieux, une bonne réputation et de solides connexions. Juliet Baker, anciennement Wilson, était même issue de la haute société et tous deux connaissaient personnellement Rosaleen Marchebank : assurance de respectabilité s'il en était une... Avant le déménagement de l'académie à Leopoldgrad, Jeremy Baker, ancien petit protégé du professeur Samuel Nolan, bénéficiait même régulièrement de l'escorte de la première dame lorsqu'ils passaient ensemble les barrages de Bristol pour se rendre à Lycaon.

Oui, si ce n'était leurs liens quasi-familiaux avec l'ennemi W, les Baker avaient tout des citoyens modèles de l'ère du FREE. pourtant, ils avaient également fait leurs armes à Gryffondor sous la direction de Chloé Hellsoft et avaient débuté dans l'équipe de leur maison à l'époque de McNeil et Hudson. Cette proximité avec des cadres du Lexit et des terroristes connus était loin de plaider en leur faveur.

Oui, ils étaient présents à Leopoldgrad lors de l'attentat de la March Bank, avec leur petite fille, mais c'était aussi le cas de l'ennemi W et il était désormais admis par la milice - bien que le grand public n'en sache rien - que cet incident avait probablement été le fruit d'une mauvaise communication et de grandes dissensions au sein de la résistance, avant son unification. Deux autres évènements récents impliquaient la famille Baker, sur lesquels Galahad espérait bien pouvoir revenir avec eux : l'intervention de la milice à la poursuite d'une résistante lors de laquelle Juliet avait failli perdre la vie, et avait fait une fausse-couche, un incident regrettable qui avait fait couler beaucoup d'encre. Peu de temps après, le jeune Baker avait été amené à la milice pour interrogatoire après l'effondrement du dôme de Bristol... Oui, le nom des Baker suscitait de nombreuses questions dans l'esprit du milicien, tant les arguments étaient forts en faveur de leur innocence comme de la culpabilité. Il y voyait là une énigme qu'il avait hâte de résoudre...

"Je vous propose de jouer le rôle de l'observateur-fouineur, cela me conviendra bien. Angus, bad cop, Avalon good cop ?", s'enquit-il en les observant à tour de rôle pour obtenir leur assentiment. Galahad n'était pas toujours partisan de ce type de répartition des rôles mais Angus avait raison sur un point : cet interrogatoire déguisé allait nécessiter un minimum de stratégie. "Attention à agir avec le plus grand tact quand même. Rappelons-nous que les Baker ont toutes les raisons du monde de ne pas apprécier la milice depuis l'incident de Bristol et si nos soupçons sont infondés, alors... mieux vaut éviter l'incident diplomatique."

Imitant Angus, il sortit son propre Pear Pro de sa poche, désactiva les notifications pour ne pas être dérangé et consulta le dossier Baker. Il redressa le nez de son appareil lorsque son collègue s'adressa à lui.

"On enregistre", confirma-t-il sans l'once d'une hésitation. "Je veux garder des traces de ce qui va se dire."

Il était bien évidemment illégal d'enregistrer une conversation avec des civils à leur insu en l'absence d'un mandat, mais Galahad préférait être trop prudent que pas assez. Le compte-rendu de l'entretien de Jeremy Baker après l'effondrement du dôme était extrêmement lacunaire - autant préciser qu'il ne faisait que trois lignes - or c'était un élément clef de leur enquête et ils s'en mordaient maintenant bien les doigts. Ce jour-là, le jeune Baker, qui prétendait être présent dans la ville pour des raisons estudiantines, avait été en contact avec le fameux "homme au poireau"... Son témoignage avait même aidé à le dédouaner, ce qui semblait bien sûr éminemment suspect. Rétrospectivement, la coïncidence paraissait trop grosse pour être vraie et il avait hâte d'entendre ce que le jeune animagus avait à dire pour sa défense.

Tel était bien l'objectif de cette petite visite de courtoisie : essayer de désépaissir le mystère autour des deux époux Baker, d'y voir plus clair dans cette chronologie éparse et de voir dans quel sens penchait la balance... La milice avait été trop aveugle au sujet des ennemis W pour ne pas prendre très au sérieux cette nouvelle enquête. Accuser une joueuse de Quidditch professionnelle et un élève de Lycaon ne se ferait pas sur la base de simples soupçons, ou d'une amitié mal placée, mais Galahad ne comptait pas négliger la moindre piste pour autant.

"On y va ?", s'enquit-il en indiquant d'un signe de tête la bonne direction : celle des quartiers flambants neufs de Cosmos...

Spoiler:


Sueurs froides [Conversation agréable entre membres du LEXIT et de la MILICE] Batch_11
Avalon Calder
Avalon CalderChef de la milice
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Sueurs froides [Conversation agréable entre membres du LEXIT et de la MILICE] Icon_minitimeSam 18 Avr 2020 - 18:19
« Merci. » fit Avalon en saisissant un gobelet que Galahad lui tendait. Elle ne put s’empêcher de rajouter avec un sourire en coin « Pas aussi bon que mon café-caramel-noisette-chantilly, mais je veux bien te croire. »

A la milice, il y avait les accros au café, et Avalon, plus accro au sucre qu’elle mettait dans ses gobelets qu’autre chose. Elle avait une véritable passion pour mélanger différents arômes dans sa tasse, et de surmonter son breuvage par une montagne de crème fouettée. Elle s’attirait ainsi des regards parfois curieux, parfois franchement dégoûtés, qu’elle ignorait sans mal. C’était cependant son principal sujet de discorde avec Danielle et Galahad, qui buvaient tous les deux un café plus noir que l’âme de Voldemort. Elle trempa d’ailleurs ses lèvres dans son gobelet, et attrapa deux dosettes de sucre qu’elle vida à l’intérieur avant de suivre Galahad sur la Gran’place. Angus ne tarda pas à entrer dans leur champ de vision.

« Tu vas bien ? » s’enquit-elle en lui serrant la main.

Les trois miliciens ne tardèrent pas se répartir leur rôle, alors que Angus mangeait une barre chocolatée qui eut don de la faire saliver. Angus jouerait le bad cop, Avalon la good cop, et Galahad se positionnerait en tant qu’observateur. Ce n’était pas une répartition très surprenante ; Avalon avait l’habitude de jouer le rôle de la gentille milicienne, qui était celui qui collait le plus avec son profil de jeune femme, et son grand sourire communicatif. D’autant plus que les Baker étaient jeunes tous les deux ; peut-être serait-il plus facile pour eux de se retrouver chez elle que chez Angus et Galahad.

« Tu cliques ici, et tu fais glisser le dossier sur ta page d’accueil. » expliqua-t-elle à Angus en lui désignant l’icône du dossier « Ennemi W » qu’elle avait passé des jours à étudier.

Suite au fiasco de l’intervention à Mallosweet, Danielle avait décidé de reformer toute l’équipe qui travaillait dessus, de toute évidence mécontente du résultat qu’ils avaient obtenu. Avalon s’était retrouvée en charge du dossier avec Galahad, et elle avait ainsi passé les dix derniers jours à se mettre à jour, avec l’aide de ses collègues. Elle trouvait plutôt stimulant le fait d’être transférée sur un dossier en cours, parce qu’elle pouvait se permettre d’apporter un regard neuf à une enquête ancienne, ce qui ne pouvait pas faire de mal. En outre, elle était heureuse de pouvoir collaborer de nouveau avec Angus, sur un sujet, disons-le, bien moins épineux que leur dernière affaire.

Cette visite au couple Baker, ils l’avaient décidé très tôt, mais avaient préféré se préparer au mieux et ne laisser aucune information de côté. Il y avait, du côté des Baker, certains signes qui ne trompaient pas, mais qui ne pouvaient pas être interprétés comme absolus non plus. Leur présence, déjà, à des évènements divers survenus depuis la mort de l’ancien ministre Fiennes : le terrible Bloody Sunday et l’effondrement de la Marchebank. Un peu plus tard, Juliet Baker avait été atteinte de plein fouet par le sort d’un milicien qui visait une résistante en cavale ce qui avait déclenché chez elle une fausse couche, et l’avait précipité au bord de la mort. Peu de temps après cela, Jeremy Baker avait été mis en garde à vue après l’effondrement du dôme de Bristol, où il avait prétendu avoir essayé, en vain, de se battre contre un « terroriste ». Il se trouvait, à ce moment-là, avec « l’homme au poireau » à savoir Irving Whitaker. Sans oublier que le profil criminel de Jeremy Baker était établi depuis quelques années, suite au meurtre d’Ulrich Keller, où il avait été retrouvé sur la scène de crime.

A partir de là, plusieurs hypothèses pouvaient être formulées. Jeremy et Juliet Baker, à part leur lien avec Irving Whitaker et Nora Weaver, ainsi que leur propension à se trouver souvent au mauvais endroit au mauvais moment, n’avaient absolument rien à voir avec les mouvements contestataires. Ils étaient, après tout, proches de certains membres du pouvoir, notamment Rosaleen Marchebank ; ils avaient d’ailleurs assisté à son union avec Leopold Marchebank, des années plus tôt.

Ou bien le couple Baker était bien au fait de ce qui se tramait dans le mouvement nommé le « LEXIT », comme auraient pu le faire penser leurs liens avec Whitaker et Weaver. Avalon penchait pour cette théorie ; était-ce possible d’être aussi proche de personnes si ces dernières nous cachaient un pan entier de leur existence ? Elle ne pouvait raisonnablement pas croire cela.

Cette petite visite était destinée à voir quelles informations ils pouvaient tirer du couple, et comment se comportaient-ils sous la pression.

« Oui, on enregistre, vaut mieux ne pas prendre de risque. » approuva Avalon en suivant la direction que Galahad désignait du menton.

Le trio se mit en marche, et défila devant de nombreuses maisons, toutes plus ou moins semblables. Ils s’arrêtèrent devant le numéro 562, et Avalon s’avança pour taper quelques coups brefs à la porte.

****

Quatre coups tapés à sa porte d’entrée firent sursauter Juliet, qui échangea un regard lourd de sens avec Jeremy. Elle savait que cette visite n’était pas une visite amicale ; à vrai dire, ils en recevaient très peu à Cosmos, et aucune depuis que la « disparition » de Irving et Nora faisaient la Une des journaux.

Ils s’attendaient à ce que la milice vienne les trouver chez eux, ils s’étaient d’ailleurs préparés à cette éventualité. Ils avaient drastiquement réduit leurs trajets jusqu’au QG, de peur d’être suivis de donner une piste supplémentaire à la milice. Ils vivaient chez eux depuis plusieurs jours, aussi normalement que possible, en essayant de faire taire leur nervosité ambiante. Jeremy allait à Lycaon ou à Poudlard, tandis qu’elle se rendait tous les jours à Flaquemare, après avoir déposé Gabrielle à la crèche ou chez ses grands-parents.

« Qui ? Qui ? » demanda Gabrielle, au milieu de son terrain de Quidditch miniature, en désignant la porte d’entrée du doigt alors que Juliet se levait du canapé.
« Je ne sais pas, ma puce. »

Sur le chemin, elle jeta un dernier coup d’œil circulaire au salon, qu’ils avaient pris soin de garder propre et chaleureux. Plusieurs cadres étaient ainsi stratégiquement posés ; une photo de leur mariage, une de la naissance de Gabrielle, et de plusieurs moments qu’ils avaient passé ensemble, tous les trois, dont le plus récent montrait la petite famille au bord de la mer, avec un chien minuscule sur les genoux de Jeremy. Ils avaient laissé les photos avec Nora et Irving – inutile de cacher leur amitié – mais avaient aussi mis en avant celle qu’ils avaient prise avec Rosaleen le jour de son mariage, et celle qui montrait Juliet avec Gordon Bulstrode, après que Flaquemare ait remporté la coupe d’Angleterre.

La jeune femme ouvrit la porte et se retrouva face à face avec trois miliciens, à l’air plus ou moins avenant. Elle sentit son cœur s’accélérer doucement, et fut soulagée que Captain détourne un peu l’attention en accourant avec excitation pour accueillir les nouveaux visiteurs.

« Cap, au pied, doucement. » intima-t-elle au chiot, qui n’avait visiblement compris que la moitié des ordres, puisqu’il se frottait avec enthousiasme aux jambes d’un milicien au visage dur. « Excusez-moi, bonjour. Je peux vous aider ? » demanda-t-elle aimablement.

« Mrs Baker, bonjour, excusez-nous de vous déranger, lieutenante Davies, lieutenant Thorne et Agent Rice » annonça-t-elle en désignant à tour de rôle ses coéquipiers. « On a quelques questions à vous poser. Votre mari est là ? »


Avalon Calder

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KoalaVolant
Angus Rice
Angus RiceGrande Prêtresse d'Aresto
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Sueurs froides [Conversation agréable entre membres du LEXIT et de la MILICE] Icon_minitimeLun 20 Avr 2020 - 7:30
Bien qu’il n’ait pas encore mangé, Angus accepta volontiers le café que lui tendait Galahad. « Merci. »  Il défit le couvercle pour tremper la fin du biscuit au chocolat dans le breuvage bien chaud –miam- et suçota ses doigts chocolatés tout en observant les manipulations d’Avalon sur son Pear. Le dossier « Ennemi W » était dorénavant accessible facilement en cas de besoin. Parfait. Le milicien rangea son Pear dans la poche intérieure de sa cape violette tout en approuvant la répartition des rôles d’un hochement de tête.

Il était à l’aise dans n’importe quelle posture –et faisait même un good cop étonnement sympathique-  mais il n’aurait pas besoin de trop forcer  le trait pour jouer le rôle du méchant flic. Il n’avait qu’à se convaincre de la culpabilité du couple Baker -ce qui n’était pas très difficile compte-tenu de leur dossier plutôt à charge- et convoquer les souvenirs de sa collègue, Ymeldiz, brulant dans les hautes flammes de la forêt.

Galahad suggéra toutefois de faire preuve d’un minimum de tact avec les deux époux. Non seulement les Baker avait déjà une dent contre la Milice -du fait de la perte de leur enfant à naitre-   mais, en plus, ils bénéficiaient de certaines relations bien placées  au sein du gouvernement ou de l’élite sorcière, en général.

« Politesse et bienséance,c’est le rôle du Good Cop ça, dit-il en coude-coudant Avalon,  Moi, je compte bien les bousculer  un minimum si on veut tirer quelque chose de cet entretien. Il passa sa langue sur ses dents pour enlever toute trace de chocolat, Il ne faut pas perdre de vue que leurs soi-disant bonnes relations avec le gouvernement  peuvent aussi nous couter très chères s’ils sont effectivement membres du LEXIT. Imaginez, on ne leurs met pas assez la pression, on les laisse filer et  ils s’en prennent à la femme du Ministre. – En effet, Baker et la première dame semblaient assez proches l’un de l’autre-  Je doute fort que Marchebank apprécie le fait qu’on se soit montré trop accommodants avec eux, Angus haussa les épaules,  Je serai d’avis de les traiter exactement comme n’importe quel suspect. Appui politique ou pas. C’était son crédo mais il n’était pas le chef de cette mission et ne possédait donc pas le pouvoir de décision final sur la bonne stratégie à adopter. Il se tourna donc vers sa lieutenante et ajouta,  Enfin, si jamais il faut tempérer mes propos je suis sûr que le Good Cop fera le job.»

***

Quelques minutes plus tard, Angus était déjà dans la peau de son personnage de méchant flic. Il avançait d’un pas décidé dans les allées tranquilles desservant les nouveaux  lotissements de la Cité Cosmos. Son regard ombrageux balayait les maisons identiques à la recherche du numéro 562. Les trois miliciens passèrent d’ailleurs à proximité d’une maisonnette au parterre fleuri, semblable à toutes les autres,  où quelques agents de la PM planquaient depuis dix jours. Les déplacements du couple Baker avaient été rigoureusement surveillés depuis l’opération de Mallowsweet et leurs communications Pear, scrupuleusement enregistrées. Le trio de miliciens bifurqua d’ailleurs sur une petite allée proprette et s’arrêta devant la porte d’entrée de la maison familiale des Baker.

Good Cop oblige, se fut Avalon qui fit les présentations lorsqu’une jeune femme ouvrit la porte. Angus reconnut sans mal Juliet Baker, leur principale suspecte : Non seulement il l’avait déjà vue jouer lors de plusieurs rencontres sportives -et aussi en Une de quidditch magazine- mais Angus avait aussi eu l’occasion de découvrir son visage sur de nombreuses photographies personnelles de l’Ennemi W lors de la fouille de Mallowsweet. La milice avait remonté une grande partie de l’historique de cette amitié et Angus était pressé de croiser leur version avec celle de la poursuiveuse de Flaquemare. Alors qu’elle était encore dans l’embrasure de la porte, un adorable  chiot se faufila entre ses jambes pour les accueillir joyeusement.   De sa démarche pataude, il contourna Galahad pour venir se frotter affectueusement sur les mollets d’Angus, le meilleur ami des bêtes, évidemment. Ooooh  trop mignon. Le milicien sentir son cœur fondre littéralement  devant cet adorable berger australien à la robe merle. Il aurait du choisir le Good Cop, il aurait pu câliner ce petit pépère en faisant mine d’incarner parfaitement son rôle de milicien sympathique et accessible mais, au lieu de ça, il ignora à regret l’animal et reporta son attention sur Juliet Baker qui venait de les inviter à entrer dans le salon. Angus la remercia d’un signe de tête en passant devant elle et avisa immédiatement la petite fille installée au milieu de la pièce sur son terrain de quidditch miniature. Angus aurait préféré qu’elle fasse la sieste tant il appréciait guère l’idée de traiter cette affaire devant des enfants.

Il prit place sur le canapé – en manspreading clairement assumé pour son rôle de Bad Cop-  et attendit que Jeremy Baker daigne bien se montrer pour débuter cet entretien.

« Merci de nous recevoir chez vous M. et Mrs Baker, commença-t-il sans l’once d’un sourire, Comme l’a dit ma collègue nous avons quelques questions à vous poser au sujet de vos liens avec Irving Whitaker et Nora Weaver. » Il fit une pause stratégique et jeta un regard appuyé en direction de la petite Gabrielle. Il allait poursuivre avec ou sans la présence de la fillette  mais honnêtement il préférait sans. Le milicien observa tour à tour les deux parents d’un air sombre comme pour les enjoindre à prendre une décision rapide puis il poursuivit sans attendre « Vous n’êtes pas sans savoir qu’ils sont sous le coup d’un mandat d’arrêt pour le meurtre présumé de Jacob Dalhiatus un membre imminent de notre  gouvernement. » Nouvelle pause. « Ou étiez-vous lorsque vous avez appris qu’ils étaient recherchés par la Milice pour meurtre avec préméditation, délit de fuite et actes terroristes ? Et pouvons nous savoir comment vous avez accueilli cette  nouvelle

Si tant est que cela en soit une pour eux, évidemment.
Jeremy Baker
Jeremy BakerJérémie Levain
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Sueurs froides [Conversation agréable entre membres du LEXIT et de la MILICE] Icon_minitimeDim 26 Avr 2020 - 18:12
Cela faisait maintenant vingt minutes que Jeremy lisait la même phrase sans la comprendre. La joue posée dans le menton, il piquait tellement du nez que ses mèches blondes auraient pu frôler le gros manuel s'il arborait encore sa coupe de Poudlard, qui lui avait valu le surnom de blondin. En réalité, Jeremy était épuisé depuis quelques semaines et doutait bien de sa capacité à rédiger ces cinquante centimètres de parchemin sur la transfiguration micromoléculaire des végétaux avant son cours du lendemain. Pour faire bonne figure, il s'était installé sur la table du salon en ouvrant tous ses cours et en entreposant plume, encre, stabilos et parchemins un peu partout, mais cette séance studieuse était essentiellement consacrée à méditer.

Les deux dernières semaines avaient été affreuses, c'était comme un cauchemar éveillé qui s'étirait en longueur et ne s'arrêtait jamais. Les journées étaient consacrées à agir le plus normalement possible : aller à Poudlard, se rendre à Lycaon, s'occuper de Gabrielle, faire les tâches ménagères. La nuit, en revanche, sa double vie commençait : il fallait trouver des moyens de communiquer avec le QG pour prendre des nouvelles de Nora, finir d’échafauder un plan pour l'évacuation de leurs familles, au cas où, réfléchir avec Juliet aux conséquences pour leurs vies de ce qui s'était passé. Et, enfin, s'effondrer de fatigue dans le lit conjugal pour dormir d'un sommeil agité, peuplé de rêves qui étaient surtout des souvenirs, peuplés d'Irving et de Nora, qui le laissaient transi de fatigue et de tristesse au petit matin.

Oui, Jeremy peinait à reprendre pied. Cette perte, plus que toutes celles qu'il avait subi jusqu'alors, était particulièrement dure à encaisser, car cette fois on s'en prenait à son cercle proche, restreint. Le dernier bastion, celui dans lequel résidait l'espoir, et c'était à son espoir et à sa joie de vivre que l'on s'était attaqué. Pourtant, Jeremy était résolu à ne pas se laisser abattre et à poursuivre le combat : pas seulement par colère ou par esprit de revanche, mais surtout pour ne pas rendre vain le sacrifice de son ami. C'était la seule solution pour qu'il reste sain d'esprit : faire en sorte que ce décès cruel soit mis au service de quelque chose de beau, d'un monde meilleur. Il était obligé d'y croire, obligé d'espérer qu'un jour viendrait où ils seraient libérés de cette dictature, et où il pourrait parler à Gabrielle, devenue grande, de son oncle Irving grâce à qui tout avait été possible.

La perte d'Irving avait résolu Jeremy à se donner corps et âme à la résistance. Alors, dans ce contexte, son petit train-train lui était devenu insupportable. Lorsqu'il ne s'effondrait pas de fatigue, il tournait comme un lion en cage dans l'appartement de Nimbus en scrollant les réseaux sociomagiques. Il tentait de poursuivre ses études pour donner le change, mais plus le temps passait, plus elles lui semblaient dérisoires. Pourtant, le contenu restait passionnant et il était convaincu de son utilité dans son combat, qui s'était déjà démontré, mais tout ce qui relevait du cadre scolaire, les devoirs et les évaluations lui paraissait complètement décalé, à la limite de l'indécence, dans le contexte qu'ils vivaient.

Qu'attendaient tous ces gens pour se révolter ?, songeait-il, parfois, en croisant des badauds qui marchaient tranquillement dans la vie. Il avait envie de les prendre par les épaules et de les secouer, de leur crier qu'Irving était mort, qu'il n'était pas un terroriste, que ces affiches mentaient, mais bien sûr personne n'aurait compris. Alors il rongeait son frein. Il attendait, comme une épée de Damoclès, que les forces de l'ordre ne mènent leur petite enquête et ne remontent jusqu'à sa famille. Hayden, à qui il avait posé la question, était persuadé qu'il ne s'agissait que d'une question de temps...

Aussi, lorsque des coups furent frappés à leur porte au beau milieu de cette matinée paisible, Jeremy se sentit aussitôt en alerte. Une décharge d'adrénaline le réveilla aussitôt de sa torpeur, et il échangea un regard entendu avec Juliet, qui se leva aussitôt. Le coeur battant à tout rompre dans sa poitrine, il avisa sa baguette, abandonnée un peu plus loin sur la table, et la glissa négligemment dans sa ceinture avant de balayer la pièce du regard. Rien de suspect ne traînait, ils s'en assuraient chaque jour et n'entreposaient plus rien à l'appartement qui ne puisse trahir leur appartenance au Lexit. Dès le jour de l'attaque de Mallowsweet, Jeremy avait fait un saut à l'appartement pour le vider de tout ce qui était susceptible de les trahir et avait entreposé ces affaires dans leur chambre, à St Agnès.

Tandis que Juliet se dirigeait vers la porte d'entrée, suivie par un petit chiot tout excité, Jeremy resta sagement installé à sa table, non sans jeter un regard à Gabrielle. La petite tenait un vif d'or à l'aile froissée dans son petit poing et l'observait d'un air interrogateur.

"Tout va bien, ma puce", la rassura-t-il avec un sourire. Son coeur rata un battement à la vue des trois sorciers à cape violette qui suivirent Juliet dans son salon. Trois miliciens ! Cela devait être sérieux, puisqu'il reconnut même Avalon Davies, l'une des lieutenances de Danielle Coleman - Hayden leur avait fourni un organigramme avec des photos. En revanche, il ne connaissait pas les deux autres, deux hommes plus âgés à la mine qu'il jugea patibulaire - sans grande objectivité, il voulait bien l'avouer.

Jeremy referma son ouvrage pour se donner une contenance, puis se leva pour rejoindre les miliciens qu'il salua poliment. Ceux-ci s'installèrent et entrèrent directement dans le vif du sujet : les prénoms d'Irving et de Nora furent prononcés dès la deuxième phrase. Jeremy dut utiliser toute sa force intérieure pour ne pas tourner le regard vers Juliet à cet instant. Il mourait d'envie de la prendre dans ses bras, d'attraper Gabrielle et Cap et de transplaner loin d'ici ! Mais ils avaient pris la décision de tenter de donner le change, de jouer leur double-jeu aussi longtemps que possible, et il fallait maintenant s'y tenir.

"Vignou ?", s'enquit Gabrielle, en reconnaissant le prénom d'Irving.

Cette fois, Jeremy ne put retenir un regard à l'intention de sa fille. Il ne lui fallut pas plus d'une demi-seconde pour se décider :

"Bien sûr. Laissez-moi seulement une minute, je vais aller coucher ma fille, nous serons plus tranquilles pour parler."

En trois enjambées, il avait rejoint le tapis de Quidditch miniature. Gabrielle s'accrocha à son cou et se blottit contre lui, se laissant porter sans rechigner jusqu'à sa chambre. Ses grands yeux curieux suivirent Angus jusqu'à sa sortie de la pièce, mais ils étaient envahis de sommeil... pour le plus grand soulagement de son père, qui la coucha et la borda avec tendresse. Le pouce dans la bouche, Gabrielle son petit poing serré autour d'une peluche lion, Gabrielle semblait prête à sombrer dans le sommeil.

Jeremy revint s'installer dans le seul fauteuil resté libre, et observa tour à tour les trois miliciens qui lui faisaient face. Celui qui avait pris la parole paraissait pressé à entrer dans le vif du sujet, mais Jeremy tenait à poser la discussion. Hors de question de se laisser pressuriser et emporter par l'émotion, alors que Juliet et lui étaient à vif depuis quelques jours. Hors de question de se laisser marcher sur les pieds, songea-t-il avant de répondre aux interrogations d'Angus par ses propres questionnements :

"Avant toute chose, pourriez-vous m'indiquer vos noms et grades ? Vous avez une plaque prouvant votre affiliation à la milice, peut-être ? Vous comprendrez notre prudence, considérant le contexte", s'enquit Jeremy, en soutenant le regard du milicien. Il avait vaguement entendu au loin la milicienne faire les présentations dans l'entrée, mais c'était un moyen comme un autre de gagner du temps. Après tout, la milice n'avait présenté de mandat et ne les plaçait pas en position d'arrestation ni d'interrogatoire. Ils n'avaient aucun droit à s'inviter ainsi dans leur salon sans leur accord - accord qu'ils n'auraient, bien évidemment, aucun intérêt à refuser...

Une fois que les trois miliciens eurent répondu, Jeremy échangea un rapide regard avec Juliet puis répondit :

"Pour répondre à votre question, nous avons appris la nouvelle le jour même, par les notifications d'"alerte recherche" du gouvernement sur nos Pear", affirma-t-il en désignant du doigt l'objet, posé sur la table-basse. "Nous étions tous les deux de repos ce jour là et nous avons passé la journée ici-même, dans notre appartement, à vaquer à nos occupations. Jusqu'à ce qu'on reçoive la notification..."

Son regard se couvrit d'un voile de tristesse qui n'avait rien de feint.

"Nous n'avons pas compris, nous avons même cru à une erreur. Alors je suis allé sur le live de la Gazette du Sorcier, et c'est là qu'on a vu pour... Jacob Dalhiatus."

Il secoua la tête d'un air incrédule. Cette surprise là non plus n'était pas difficile à convoquer, tant la nouvelle avait réellement été une surprise. Irving et Nora auraient emporté ce secret jusqu'à la tombe si la milice n'avait fini par démêler son enquête...

"On ne pouvait pas le croire. La nouvelle a été un choc terrible, quelque chose d'incroyable. Si vous êtes venus nous voir, j'imagine que vous savez à quel point nous étions proches d'Irving et de Nora. Ce sont des amis d'école, et vous savez ce que c'est : Poudlard crée des liens forts, nous avons vécu beaucoup d'épreuves ensemble et nous n'avons jamais cherché à remettre cette amitié en cause, même quand on avait des divergences d'opinion. Est-ce qu'on savait qu'ils ne voyaient pas le FREE d'un bon œil, tous les deux ? Bien sûr ! Les chansons anticonformistes d'Irving me faisaient rire, et on pouvait avoir des débats animés le soir après une bonne bouteille de vin, je savais qu'ils pouvaient avoir des opinions un peu borderline mais ça s'arrêtait là. Chacun a droit à ses opinions politiques, mais de là à imaginer une chose pareille... La nouvelle a été un choc, je crois qu'on ne réalise toujours pas bien, en tout cas c'est mon cas", souffla-t-il avant de tourner un regard interrogateur sur Juliet, puis de tendre le bras pour poser sa main sur celle de son épouse. "Je ne sais pas exactement ce qui s'est passé, mais je suis persuadé que c'était un accident : Irving et Nora étaient peut-être opposés au régime mais je ne les aurais jamais imaginé capables de s'associer à la résistance, encore moins de commettre un meurtre."



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Avalon Calder
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Sueurs froides [Conversation agréable entre membres du LEXIT et de la MILICE] Icon_minitimeMar 28 Avr 2020 - 11:44
Avalon accorda un sourire à Juliet Baker en passant devant elle pour rejoindre, sur ses indications, le salon de la maison. Qu’on ne s’y trompe pas ; la milicienne, sous son air agréable, ne laissait aucun élément au hasard. Elle observa avec attention les lieux, de la décoration jusqu’au placement des meubles – cela pouvait toujours servir si jamais ils obtenaient un mandat, plus tard. Elle adressa un grand sourire à la petite Gabrielle, qui les regardait avec curiosité et se pencha pour caresser le petit chien – « Cap » selon les dires de sa maîtresse – qui ne semblait avoir d’yeux que pour Angus, contre qui il se frottait amoureusement. Evidemment, songea Avalon en reportant son attention sur le jeune couple qui prenait place en face d’eux, son collègue était l’ami des animaux par excellence et il devait avoir l’odeur de son fléreur sur ses vêtements, ce qui semblait intriguer fortement le chiot

Mais son collègue ne se laissa pas attendrir pour autant et se décida à attaquer directement, sans préambule. L’intervention de Gabrielle Baker fut suivie d’un léger silence, avant que son père ne se décide à aller la coucher. Les trois miliciens se retrouvèrent face à Juliet Baker, qui ne tarda à rompre le silence.

« Je peux vous proposer quelque chose à boire ? Un café, un thé ? »
« Si jamais je peux abuser de votre gentillesse et vous demander simplement un verre d’eau ? » demanda Avalon avec un sourire poli, pour parfaire son rôle de « good cop ».

La jeune femme hocha la tête et se leva pour se diriger d’un pas tranquille vers la cuisine. Dans le salon, Avalon échangea un regard entendu avec ses collègues, alors que, quelques secondes plus tard, Juliet Baker revenait un verre d’eau à la main. Avalon la remercia d’un sourire et avala une gorgée avant de poser le verre devant elle, sur une petite table basse en bois clair. Ils furent rejoint quelques instants après par Jeremy Baker, qui entama la discussion par ses propres questionnements.

« Lieutenante Davies, Lieutenant Thorne et Agent Rice. » présenta Avalon en fouillant dans sa poche pour tendre à Jeremy sa place de milicienne. « Vous avez raison, on n’est jamais trop prudents. » concéda-t-elle.

Il lui semblait plutôt que ce Jeremy Baker avait envie de laisser mener la danse sans se laisser impressionner par la présence de trois sorciers aux capes violettes dans son salon. Sous couvert de « prudence » il cherchait peut-être aussi à gagner du temps. Quoiqu’il en soit, les miliciens accédèrent naturellement à sa demande – après tout, les Baker n’étaient pas en état d’arrestation (pour le moment) – et Jeremy s’employa alors à leur relater quelques éléments de leur amitié avec les fugitifs.

Alors comme ça, ils ne savaient rien. Avalon avait – à juste titre – du mal à y croire. Evidemment que certaines opinions politiques demeuraient secrètes dans un groupe d’amis, mais on parlait de la marraine leur fille et de leur témoin de mariage ; des liens aussi solides, si ce n’est plus, que des liens de sang. Elle préféra cependant garder ses opinions pour elle pour le moment – elle débrieferait de tout cela avec ses collègues plus tard – et rebondit sur les derniers propos de Jeremy :

« Accident ou non, il s’agit d’un homicide. » commenta-t-elle. « Et j’imagine bien que le choc que cela a dû occasionner pour vous. » Tout du moins, si choc il y avait eu. « Mais vous étiez quand même au courant des idées « anticonformistes » de monsieur Whitaker, comme vous le dîtes si bien. » nota-t-elle en posant, cette fois-ci, son regard sur Juliet Baker, qui était restée silencieuse jusqu’ici.
« Oui, on savait qu’il y avait quelques réformes du gouvernement qu’il n’appréciait pas, c’est vrai. » fit la jeune femme en fronçant légèrement les sourcils. « C’est pour ça qu’il a décidé de quitter le ministère où il travaillait pour ouvrir son auberge. C’était sa solution pour s’éloigner un peu de Londres, l’effervescence de la capitale… » ajouta Juliet.
« Donc, à part ces quelques conversations, vous dîtes que vous n’aviez aucun indice qui aurait pu vous mettre sur la piste du meurtre de Jacob Dalhiatus, ou de son implication avec sa compagne dans des mouvements terroriste ? »
« Non, aucun. » admit Juliet Baker avec aplomb. « Nous avons fêté Noël avec eux il y a un mois, et rien ne nous laissait penser qu’ils avaient une quelconque implication dans un mouvement dangereux. Je veux dire, nous laissions souvent Gabrielle chez eux, quand nous étions chargés par nos cours ou entraînements. Vous imaginez bien que si nous avions craint pour la sécurité de notre fille, nous n’aurions jamais pris ce risque… »
« J’imagine, en effet… » répondit Avalon en jetant un coup d’œil vers l’étage, où la petite-fille semblait dormir à poings fermés. « Alors vous soutenez la thèse de l’homicide involontaire proposée par votre mari ? » demanda-t-elle d’une voix douce.
« Comment pourrais-je imaginer autre chose ? Ils étaient nos amis les plus proches… » souffla Juliet en serrant doucement la main de son époux dans la sienne.


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Angus Rice
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Sueurs froides [Conversation agréable entre membres du LEXIT et de la MILICE] Icon_minitimeMer 29 Avr 2020 - 7:45
« Non merci. »

Angus déclina poliment la proposition de Juliet Baker mais il profita de son détour par la cuisine pour tenter de calmer les assauts du jeune chien en lui prodiguant quelques "tap tap" apaisants sur le sommet du crane. L’odeur d’Accio devait imprégner la moindre parcelle de ses vêtements et le chiot en était tout curieux.  Gus accorda un bref regard amusé à ses deux collègues avant de retrouver sa morgue caractéristique de Bad Cop pour accueillir les deux époux – l’une avec son verre d’eau, l’autre sans leur enfant.

Les choses sérieuses allaient enfin pouvoir commencer …enfin, après que Jeremy Baker leurs ait une nouvelle fois demandé de décliner leurs identités, bien sûr. Angus laissa le soin à Avalon de répondre une seconde fois à cette requête sans quitter des yeux l’enseignant en Métamorphose.

Cette simple demande montrait à quel point le jeune homme était sûr de lui, en confiance. Il se sentait dans son bon droit, ici, sous son toit, dans son foyer et il n’était nullement impressionné par le nombre de miliciens venus l’interroger.
Très bien, Angus allait donc employer son temps à contraindre et confronter  le jeune père de famille. Il s’agissait là de la technique préconisée par les accromentules : Exercer une pression régulière pour le déstabiliser et, qui sait, peut-être le faire craquer, lui ou sa femme. Pour cela, le milicien devait simplement  relever dans son discours quelques imprécisions et incohérences afin de lui faire perdre son bel aplomb.

« Les chansons anticonformistes de votre ami vous faisaient rire … C’est étrange.» s’étonna d’ailleurs Angus. Il sortit son PearPro de sa poche et cliqua sur le dossier W  installé par  Avalon sur son écran d’accueil . Il mit finalement la main sur  la pièce de l’enquête qu’il cherchait et qui avait été numérisée magiquement :
« I could never be free despite what the minister told me. » Angus releva les yeux  sur Jeremy, C’est un extrait de la  chanson Never FREE  que votre ami a écrite et composée avec la criminelle notoire Juliana McNeil.  Il observa tour à tour les deux époux, Je ne suis pas spécialiste en chansons humoristiques admit-il volontiers, mais, personnellement,  je n’ai pas l’impression qu’Irving Whitaker s’inscrive dans ce registre. »

De toute évidence, Jeremy Baker confondait comique et contestataire. Angus reposa le Pear à plat sur sa cuisse – il allait peut-être en avoir de nouveau besoin- et écouta la suite du récit du jeune homme, bien décidé à ne rien laisser passer.

Les époux Baker affirmaient avoir  été particulièrement surpris d’apprendre l’implication de leurs amis dans le meurtre de Jacob Dalhiatus et le milicien tentait de démêler le vrai du faux. Innocents ? Complices ? Difficile à dire… Il scrutait leurs gestes, leurs regards, et analysait avec attention le choix de chacun de leurs mots pour tenter de déceler un éventuel soutien auprès de leurs amis .

« Irving et Nora étaient peut-être opposés au régime mais je ne les aurais jamais imaginé capables de s'associer à la résistance, encore moins de commettre un meurtre."
« Pardon M. Baker . De s’associer à quoi ? »

Le terme résistance n’était généralement pas employé par les sympathisants du régime qui usaient d’une toute autre formule pour qualifier leurs opposants armés.

« Nous préférons l’expression  « réseaux terroristes. » si vous le voulez bien. » ajouta-t-il froidement.

Angus se retint d’échanger un regard lourd de sens en direction de ces deux acolytes. Le résistance !  Il n’avait pas d’idée préconçue concernant les époux Baker en arrivant ici mais ce simple mot venait de faire pencher la balance légèrement du mauvais  côté. Le milicien détailla le jeune couple assis face à lui, main dans la main. Ils auraient pu faire la Une d’un magazine : Ils étaient beaux, intelligents et sportifs. Ils semblaient heureux avec leur adorable petite fille et leur jeune chiot mais que cachaient-il derrière cette image policée de la famille idéale ?

Avalon le relaya dans la direction de l’entretien et sa collègue n’hésita pas une seconde à remettre sur la table  les idées anticonformistes d’ Irving Whitaker si bien que  Juliet Baker fut forcée d’admettre que l’ennemi W était en désaccord avec les réformes gouvernementales.

Enfin un peu de sincérité.

Elle leur donna même quelques clefs concernant la démission de Whitaker. Il avait travaillé un temps pour le département des transports magiques au service d’entretien du réseau de cheminette. Angus nota cette information dans un coin de son esprit -Il y avait peut-être quelque chose à creuser- tout en restant concentré sur la conversation.

« Alors vous soutenez la thèse de l’homicide involontaire proposée par votre mari ? »
« Comment pourrais-je imaginer autre chose ? Ils étaient nos amis les plus proches… »
« Ces liens sont souvent réciproques, reprit Angus,  Irving et Nora vous considèrent surement  comme leur plus proche soutien, ici, en Angleterre – les familles Weaver et Whitaker ayant disparues peu après leurs fuites de Mallowsweet- ont-ils cherché à rentrer en contact avec vous depuis le 11 janvier dernier? »

Angus se doutait déjà de la réponse négative qu’il allait obtenir mais il ne pouvait pas y couper. S’ils arrivaient à prouver, d’une quelconque manière, que l’ennemi W avait essayé de joindre les époux  Baker et que ces derniers avaient menti, ils obtiendraient nettement plus facilement un mandat auprès de Goldstein pour pousser leurs investigations: Interrogatoires, perquisitions et gardes à vue, le package royal !  Mais pour le moment, les miliciens étaient obligés de se contenter de cette conversation informelle pour tenter de débusquer des invraisemblances dans le discours des deux anciens Gryffondor.

Angus enchaina donc  sur une nouvelle interrogation pour Jeremy, justement. Les deux tourteaux avaient beau affirmer qu’ils ne soupçonnaient en rien l’ implication de leurs meilleurs amis  dans un mouvement dangereux, les faits parlaient  plutôt contre eux.

«  M. Baker, j’aimerai revenir si vous le voulez bien  sur les événements survenus à  Bristol le 12 juillet 2010 – La destruction du Dôme de protection. Nous savons que vous étiez présents à Bristol ce jour là puisque vous avez porté assistance à l’un de nos collègues agressé par plusieurs opposants au régime ,  C’était la version que  Baker avait donné aux services judiciaires … Version qu’aucun témoin n’avait pu confirmer ou infirmer, Je ne sais pas si vous avez été personnellement  remercié pour ce geste de bravoure car notre collègue a malheureusement été oublietté   par ses agresseurs . Il n’avait aucun souvenir des faits… ni de votre valeureux geste de soutien d’ailleurs. Quel dommage. » Angus se fendit d’un imperceptible sourire dénué de chaleur.

De là à affirmer que Jeremy s’était livré à une fausse déclaration, il n’y avait qu’un pas que le milicien ne franchit pas. Il espérait que Galahad observait scrupuleusement la réaction des époux et interprétait chaque signe susceptible de les trahir.

« Vous n’êtes pas sans savoir qu’Irving Whitaker était également sur place ce jour là.Vous êtes directement intervenu au moment où il était aux prises avec l’un de nos collègues. Le fameux épisode de l’homme aux poireaux qui avait contribué à ridiculiser la Milice sur les réseaux sociaux, à la lumière des éléments nouveaux dans cette enquête nous avons beaucoup  du mal à envisager que sa présence, à Bristol, le jour de cet attentat, ait été une simple coïncidence.» Tout comme celle de Baker d’ailleurs, qui s’était interposé  au moment opportun entre un milicien et son ami de toujours .  «Nous avons des raisons de penser qu’il participait à cette action de déstabilisation du régime en tant que membre du LEXIT. Quel est votre sentiment par rapport à ça ? Avez-vous déjà entendu parler de cette organisation ?»

Jeremy Baker allait il garder son aplomb légendaire en devinant les incriminations sous-jacentes de  la Milice ?
Galahad Thorne
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Sueurs froides [Conversation agréable entre membres du LEXIT et de la MILICE] Icon_minitimeVen 1 Mai 2020 - 11:47
Le regard de Galahad vola rapidement de Juliet à Jeremy Baker lorsque son collègue s'enquit de savoir si le jeune couple avait été contacté par les deux fuyards. C'était une question cruciale, qui aurait pu leur permettre d'avancer dans leur enquête en demandant un mandat, que Galahad jugeait déjà indispensable à ce stade. Il avait noté, comme Angus l'avait justement relevé, l'usage du mot "résistance" qui n'était jamais anodin. Une terminologie bannie des discours officiels et que l'on se gardait bien d'employer devant la milice, habituellement, mais cela semblait avoir échappé au jeune Baker... celui-ci avait écarté la remarque d'Angus d'un geste agacé, comme si ces questions de vocabulaire lui passaient à mille lieues au-dessus de la tête. Il n'empêche, Galahad trouvait très curieux qu'un homme dont la famille avait été mise en danger lors de l'attaque de la March Bank puisse réagir ainsi.

Sans grande surprise, la réponse négative de Jeremy Baker ne se fit pas attendre :

"Non, nous n'avons eu aucun signe d'eux."

Angus poursuivit son interrogatoire, avec une fermeté que Galahad approuva intérieurement. Derrière ses airs d'ours mal léché et d'ami des bêtes, son collègue savait visiblement poser les questions qui fâchent en s'engageant dans un rapport de forces avec le père de famille. Cette stratégie paraissait en effet la plus appropriée au regard de ce début d'échange : très policée, il allait probablement être difficile de creuser derrière l'image lisse de Juliet Baker. Son époux, en revanche, paraissait peut-être plus prompt à s'énerver ou à laisser paraître des indices dans son discours. Cette répartition genrée des rôles au sein du couple correspondait bien à l'image assez traditionnelle qui se dégageait des deux époux : une petite fille, des carrières brillantes en marche, et même un petit chien, le tableau était presque parfait, à quelques détails près... cet appartement, par exemple, logement social payé par le FREE, qui trahissait une situation financière relativement délicate, leur très jeune âge, car Galahad se méfiait toujours de la fougue d'une jeunesse contestataire, et puis cette traînée d'amis décédés et de catastrophes diverses dans leur sillage...

Assis sur le bord du canapé, les mains jointes sous son menton, Jeremy Baker écoutait l'interrogatoire d'Angus avec la plus grande attention. Il ne laissa rien paraître lors de l'évocation de l'épisode du dôme, et Galahad observa furtivement Juliet en quête d'une quelconque nervosité. C'était là le nœud de leur enquête, cet épisode qui avait mêlé à la fois Irving Whitaker et Jeremy Baker en plein bras de fer entre la milice et l'organisation terroriste...

Un tic agita le front du père de famille lorsqu'Angus glissa une insinuation, à peine voilée, sur son prétendu geste de bravoure. S'il ne répondit rien, Galahad put voir le visage de Jeremy Baker se fermer progressivement à mesure de la suite des paroles d'Angus. Sa réponse ne se fit pas attendre, sèche et sans concession :

"Si j'ai entendu parler de cette organisation ? Vous plaisantez ? Bien sûr que j'ai entendu parler du Lexit. Et pas seulement à cause des nombreux tags sur les murs de Bristol."

L'atmosphère dans la pièce semblait s'être refroidie de plusieurs degrés supplémentaires. Lâchant la main de son épouse, qu'il avait serré dans un tableau touchant un peu plus tôt, Jeremy Baker désigna brièvement sa compagne.

"C'est en tentant d'arrêter une membre de cette organisation terroriste", dit-il en insistant sur le dernier mot, non sans une pointe d'impertinence, "que l'un de vos collègues a réalisé son propre geste de bravoure en lançant un sortilège dangereux et inutile sur mon épouse, qui a failli perdre la vie. Nous avons aussi perdu un enfant ce jour-là."

Hé bien, il jouait cartes sur table, sans même dissimuler une pointe d'accusation dans ses propos... Mais ainsi, il détournait le cours de la conversation et ne répondait pas réellement à la question, nota Galahad. Loin du visage neutre qu'il leur offrait un peu plus tôt, Jeremy Baker ne dissimulait plus la douleur et la colère que lui évoquaient cet incident. Une douleur suffisante pour venir grossir les rangs du Lexit ?, se demanda Galahad, mais c'est une réaction différente que le père de famille prétendit avoir :

"Nous avons accepté de ne pas entamer d'action en justice, car nous avions besoin de clore cet accident malheureux et d'aller de l'avant. Et puis cela n'aurait pas ramené notre enfant... Mais je vous assure que la dernière chose dont j'avais envie en juillet dernier était de me retrouver une fois de plus au milieu de vos démêlés avec cette organisation. Nous avons une famille, des carrières, des études à mener, ces études me conduisaient quasi quotidiennement à Bristol à l'époque, mais croyez-bien que j'étais le premier à applaudir la décision de délocaliser Lycaon à Leopoldgrad pour ne plus avoir à mettre les pieds dans cette ville maudite... Maintenant, est-ce que je pense qu'Irving était présent ce jour là en tant que membre du Lexit ? Bien sûr !"

Jeremy écarta les bras d'un air impuissant, et Galahad se redressa dans son siège. L'échange commençait à devenir intéressant.

"Comment penser autre chose, maintenant ? A l'époque, il nous a dit être venu faire quelques emplettes dans les boutiques de Bristol et je n'avais aucune raison de mettre la parole d'un ami en doute. Et puis cette histoire d'homme aux poireaux était plutôt risible", dit-il en secouant la tête. "Maintenant... Jacob Dalhiatus est mort depuis longtemps. Peut-être que cela a déclenché quelque chose ne lui, je ne sais pas. Irving n'a pas toujours eu une vie facile, et... Il est probable qu'Irving ait fait parti du Lexit depuis quelques temps, j'imagine. Je suppose que votre enquête permettra de le découvrir. Nora... je ne sais pas. Je suppose qu'elle l'a suivi par amour, parce que j'ai tellement de mal à l'imaginer cautionner ça, encore moins faire preuve de violence. C'est quelqu'un de très doux, d'aimant, qui déteste les conflits, elle est même végétarienne parce qu'elle déteste qu'on fasse souffrir les animaux. Je suis passé à l'auberge l'autre jour pour m'occuper de ses animaux, mais..."

Mais il n'y avait plus âme qui vive à Mallowsweet, d'après le rapport de mission, compléta Galahad en avisant le jeune Baker qui baissait pudiquement le visage sur ses mains croisées. Il leur offrait le visage d'un jeune homme endeuillé, en proie à des émotions vives, entre colère, amertume et tristesse, fasse aux différents évènements récents dont il se disait largement victime... Bien sûr, il pouvait arriver que l'on se trouve au mauvais endroit, au mauvais moment, et Galahad aurait pu croire leur histoire si ce n'était pas arrivé aussi souvent au fil des ans. Ces deux-là avaient visiblement du sang Gryffondor dans les veines, songea-t-il en observant pensivement Juliet Baker, pour laisser le temps à son époux de se recomposer. Comme s'il avait senti sa détresse, son petit chiot trottina jusqu'à lui pour lui lécher les mains.

"Excusez-moi. Vous aviez d'autres questions, j'imagine.", s'enquit Jeremy Baker en observant tour à tour les trois miliciens.

Oh que oui, songea Galahad en restant silencieux, fidèle à son rôle d'observateur. Ils ne faisaient que commencer...


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Angus Rice
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Sueurs froides [Conversation agréable entre membres du LEXIT et de la MILICE] Icon_minitimeDim 3 Mai 2020 - 9:18
Le visage fermé, Angus s’appliquait à tenir son rôle de méchant flic tandis que Jeremy Baker s’emportait dans un discours enflammé laissant deviner toute l’étendue de sa tristesse. Certes, il s’éloignait fortement de la question initiale – pour mieux l’esquiver ?- mais le milicien ne l’interrompit pas un seul instant cette fois et ne chercha pas à recentrer le débat. Ces moments de lâcher-prises pouvaient s’avérer aussi  révélateurs que déterminants lors d’interrogatoires.

Il le laissa donc vider son sac et écouta son discours  teinté de colère et surtout d’une peine immense. Pour Angus, il  n’existait pas de  pire scénario pour des parents que de perdre un enfant. Il pouvait comprendre la rage légitime du jeune père de famille et éprouvait même une certaine empathie à son égard.

Une empathie naturelle que le milicien ne comptait pas combattre, bien au contraire.
Elle pouvait s’avérer utile dans son travail d’investigation pour tenter de comprendre le mécanisme psychique d’un jeune homme comme Jeremy Baker. Comment aurait-il réagi, lui, si la femme qu’il aimait avait failli mourir dans une rixe entre les forces de l’ordre et une fuyarde ? Qu’aurait-il ressenti en apprenant la perte de son futur bébé ? Angus n’avait pas besoin de réfléchir longtemps pour convoquer chez lui des sentiments très sombres et dévastateurs. En ça, il ressemblait surement beaucoup au jeune Baker.

Il savait au plus profond de lui-même qu’il aurait voulu obtenir réparation. D’une façon où d’une autre : Par des voies légales…ou non.

Les Baker avaient fait le choix d’abandonner toutes poursuites judiciaires à l’encontre de la Milice. Poursuites qui auraient pourtant été tout à fait légitimes. Même si le Magenmagot était plutôt pro-gouvernement, Angus le savait bien, le couple Baker jouissait d’une certaine popularité auprès du peuple britannique –enfin, surtout madame, en sa qualité de joueuse professionnelle. Ils auraient aussi pu compter sur le soutien de Rosaleen Marchebank en personne, l’amie de monsieur, pour les soutenir publiquement dans cette épreuve.  Un couple si charmant . Nul doute qu’ils auraient bénéficié d’une opinion publique favorable.

En clair, ils auraient pu gagner ce procès : Faire en sorte que le milicien incriminé soit puni ou rétrogradé. Que justice soit faite . Pourtant,  ils s’y étaient refusé. Pourquoi ?

Pour que la vie reprenne son cours normal ?  Pour qu’ils puissent gérer leurs carrières et étudier ? Angus peinait à le croire : « Ok mon futur-enfant est décédé, j’aurais bien vengé sa mort mais là il faut que j’aille réviser parce que j’ai un contrôle demain. » Qui réagissait de la sorte ?

Pas Jeremy Baker, songea Angus en le jaugeant du regard.

Il était consumé par la colère, et son discours était teinté de reproche et d’amertume. Il n’avait pas tourné la page, comme il cherchait à le faire croire. S’il n’avait pas engagé d’action en justice c’était peut-être , simplement, parce qu’il envisageait un autre type de vengeance envers ceux qui avaient tué son enfant à naitre…

En orientant de lui-même la conversation sur cette bavure milicienne, Baker venait de leur offrir les contours d’un mobile pour une éventuelle allégeance à la « résistance » - comme il se plaisait à qualifier ce réseau terroriste.

A moins, bien sûr que cette appartenance soit plus ancienne. Angus tourna lentement les yeux  en direction de Juliet Baker et l’observa un instant avant de revenir sur Jeremy :

« Donc. Si je récapitule ce que vous venez de me dire M. Baker :  A la lumière des derniers éléments dont vous disposez, vous estimez que M. Whitaker Irving était présent à Bristol le  12 juillet 2010 en tant que membre d’une organisation terroriste. C’est bien ça ? Il releva les yeux vers Jeremy pour obtenir sa confirmation, vous ignoriez, bien évidemment, son allégeance au LEXIT lorsque vous vous êtes interposé entre la milice et lui, ce jour là ? »

Il chercha de nouveau l’approbation du jeune homme avant de se tourner cette fois vers Juliet.

« Revenons à vous Mme Baker, si vous le voulez bien, il ralluma son PearPro sur sa cuisse et chercha cette fois-ci  un rapport d’intervention de la milice   qu’il peina à retrouver parmi toutes les pièces du dossier. (Il aurait dû faire des sous-dossiers pour organiser tout ça. Il faudrait qu’il demande à Avalon.) Il mit finalement la main dessus (enfin) et l’ouvrit : Concernant les faits datés du 29 avril 2010, lut-il sur l’entête,  -donc deux mois et demi avant l’attaque du Dôme- crut-il bon de préciser, vous vous trouviez sur le port de Bristol avec votre mari lorsque vous vous êtes retrouvés mêlés  à une course poursuite entre nos collègues miliciens et une fuyarde. Fuyarde dont vous ignoriez, bien évidemment, l’allégeance au LEXIT. Il avait utilisé  la même formulation afin d’insister sur la similarité entre ces deux situations, c’est bien ça ? »

Les Baker avaient une fâcheuse tendance à se trouver aux mauvais endroits aux mauvais moments. Enfin, pour être plus clair, souvent entre la Milice et les membres LEXIT.

Angus hésita à approfondir quelque peu ses insinuations. Il n’était plus vraiment question de l’ennemi W désormais,  mais il sentait qu’il y avait matière à creuser et, en tant qu'enquêteur et de Bad Cop, il se devait de faire son travail.  Weaver et Whitaker étaient certes soupçonnés d'appartenance au LEXIT, mais les époux Baker apparaissaient clairement comme de potentiels sympathisants de cette cause. S’ils se sentaient acculés peut-être allaient-ils faire une erreur et vouloir répliquer ici-même, dans leur salon ?

Ou alors ils attendraient, plus raisonnablement, que les miliciens aient quitté leur domicile pour envisager une fuite qui prouverait leur culpabilité. De toute manière, les accromentules avaient une équipe en soutien à l’extérieur, guettant le moindre fait et geste des époux, alors, pourquoi pas...

Le milicien posa de nouveau les yeux sur son Pear et  descendit au bas du rapport. Il observa un instant le nom du rédacteur et lâcha finalement sa dernière banderille :

« Et j’imagine que vous ignoriez aussi que le milicien qui a jeté le sortilège qui vous a blessé Mme Baker et le milicien qui tenait en joue Irving Whitaker le jour de la destruction du dôme lorsque vous êtes intervenu M. Baker sont exactement la même personne. » A savoir, Afghan North.

Bien évidemment.

Dès qu’Angus sortirait d’ici, il militerait pour obtenir un mandat d’arrêt auprès de Goldstein.
Il était persuadé que les Baker n’étaient pas aussi naïfs qu’ils voulaient le faire croire et ils ne lui inspiraient plus aucune confiance.
Juliet E. Wilson
Juliet E. WilsonCapitaine de l'équipe nationale de Quidditch
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Sueurs froides [Conversation agréable entre membres du LEXIT et de la MILICE] Icon_minitimeMar 5 Mai 2020 - 19:59
Le sentiment d’urgence qui l’avait saisi lorsqu’on avait toqué à la porte ne l’avait pas quitté depuis. Juliet mourrait d’envie d’aller chercher sa fille et de transplaner loin d’ici et peinait à refouler cet instinct maternel primaire qui ne demandait qu’à prendre le contrôle de son esprit logique et raisonné. Ils étaient deux contre trois – sûrement plus, parce qu’elle soupçonnait que leurs collègues devaient patrouiller non loin de leur domicile – et Gabrielle dormait à l’étage. Ils n’avaient aucune chance, estima-t-elle, même en comptant sur l’effet de surprise. Aussi, elle garda un visage calme, espérant ne pas refléter son trouble intérieur, alors qu’elle sentait la patience de Jeremy s’effriter peu à peu. Tous les efforts des miliciens s’étaient, pour le moment, concentrés sur lui. Ce n’était pas très étonnant, songea-t-elle, et assez révélateur de la société patriarcale dans laquelle ils vivaient. Elle croisa brièvement le regard du lieutenant Davies, et serra doucement la main de Jeremy dans la sienne. L’évocation du drame qu’ils avaient vécu était encore douloureuse pour le couple et la jeune femme dû se retenir de ne pas porter machinalement la main à la cicatrice qui lui barrait désormais le ventre.

Le cœur de Juliet rata un battement lorsque l’agent Rice récapitula les faits du 12 juillet 2010, en attendant que Jeremy lui donne son approbation. Ils avaient fait attention, pourtant, tout ce temps. Ils avaient toujours veillé à ne pas laisser de traces de leur investissement au sein du LEXIT, à maintenir une vie normale autant qu’ils le pouvaient. Juliet faisait régulièrement la Une des journaux sportifs, Jeremy avait un poste d’apprenti professeur à Poudlard, et tous les deux avaient des relations avec d’éminents membres du gouvernement qui leur permettaient de garder une couverture qu’elle pensait assez solide. Mais il y avait ces deux évènements, survenus à Bristol, à quelques mois d’intervalles, qui pointaient une incohérence, révélée au grand jour par la fuite de Nora.

Juliet soutint le regard qu’Angus posa sur elle sans broncher, et fronça les sourcils en entendant son hypothèse vaguement formulée.

« Exactement. » affirma-t-elle, sans l’ombre d’une hésitation. « Je ne sais pas ce que vous sous-entendez, agent Rice. Notre présence sur le port de Bristol ce jour-là n’était due qu’au fait que l’Académie de Lycaon se trouvait encore dans cette ville à cette époque. Je venais de passer ma première échographie et j’étais venue retrouver Jeremy après ses cours. » expliqua-t-elle.

Elle hésita à rajouter quelque chose, mais se ravisa au dernier moment. Elle préférait préserver les quelques arguments qu’elle avait de réserve, et éviter d’en dire trop, de peur que ses paroles finissent par se retourner contre elle. Elle était face à des miliciens, qui n’avaient de toute façon comme but que de l’inculper. Ils trouveraient dans son discours la moindre faille, la moindre hésitation pour l’exploiter.

« Et j’imagine que vous ignoriez aussi que le milicien qui a jeté le sortilège qui vous a blessé Mme Baker et le milicien qui tenait en joue Irving Whitaker le jour de la destruction du dôme lorsque vous êtes intervenu M. Baker sont exactement la même personne. »
« Pardon ? » lâcha-t-elle immédiatement en observant Angus. Son cœur se mit à battre un peu plus vite. Simuler un sentiment comme la peur – cette peur tenace de mourir qu’elle avait eu, ce jour-là – n’était pas bien compliqué, tant le souvenir était encore vivace dans son esprit. « Absolument pas ! »

C’était un demi-mensonge. Au moment des faits de Bristol, ils ignoraient encore l’identité du milicien qui avait blessé Juliet. C’était Hayden qui avait réussi à leur transmettre l’information, un peu plus tard, sur sa demande. Elle avait été obsédée par cet homme qui avait failli lui ôter la vie, qui avait causé la perte de son deuxième enfant, et l’avait forcé à faire une croix définitive sur la possibilité d’en avoir d’autres.


« Mon mari vient de vous le dire, nous avons décidé de ne pas porter plainte contre la milice, après mon accident. On nous a vivement conseillé de ne pas le faire. » précisa-t-elle d’ailleurs. « A partir du moment où nous avons refusé les poursuites judiciaires contre ce milicien, nous avons renoncé à connaître son identité. » C’était d’ailleurs sûrement précisé dans l’un de leurs dossiers à la milice – et, officiellement du moins, Juliet comme Jeremy n’avaient aucun contact avec un sorcier pouvant avoir accès à ce genre d’information. « Il s’agit d’une pure coïncidence que Jeremy se soit retrouvé face à lui à Bristol. Je pensais qu’on lui retirerait la permission d’exercer. » ajouta-t-elle d’ailleurs avec une expression de colère.

La jeune femme prit une inspiration, et reprit la parole :

« Vous avez des enfants, agent Rice ? Ou vous, lieutenants ? » Elle n’attendit pas leur réponse avant de poursuivre : « Nous sommes, aux yeux de notre fille, ce qu’elle a de plus cher au monde – et le contraire est tout aussi vrai, voire plus. J’aurais pu mourir, ce jour-là, à Bristol. J’ai fait trois arrêts cardiaques à St Mangouste, c’est un miracle je m’en sois sortie. J’aurais pu mourir, et ma fille aurait grandi sans mère. » Elle lutta contre les larmes qui lui montaient aux yeux – encore aujourd’hui, la relecture de cette période était terriblement douloureuse. « Nous avons abandonné toute poursuite contre la milice parce que nous ne voulions pas nous engager dans un combat judiciaire sans fin, qui nous aurait fait revivre ces évènements pendant des années. Et parce que nous voulions nous recentrer sur notre fille. » ajouta-t-elle sans pouvoir retenir un regard vers l’escalier qui menait à l’étage où dormait Gabrielle. « Notre souhait le plus cher, en tant que parents, est qu’elle soit saine et sauve. Je sais qu’il vous paraît impossible que le LEXIT ne nous ait pas approché à un moment, et les évènements sont aussi contre nous, mais c’est la vérité. » Elle laissa passer un petit silence, puis rajouta : « Nora et Irving étaient très proches de Gabrielle. Nora était sa marraine, et elle considérait Irving comme son oncle. Ils savaient qu’ils nous mettraient tous les trois en danger en nous confiant quoique ce soit sur leur allégeance à un mouvement terroriste. » Elle utilisa son ultime carte : « … Et je pense que c’est aussi pour cette raison qu’ils ne nous ont pas contacté depuis leur fuite. »

Contre les faits, Juliet ne pouvait jouer que sur la sensibilité des miliciens – s’ils en avaient une du moins – et préférait se présenter comme la mère protectrice qu’elle était. Il y avait dans ses paroles un fond de vérité : son engagement au sein du LEXIT était relativement récent, justement pour toutes les raisons qu’elle avait énoncées plus haut. Et même maintenant, elle savait que si elle devait choisir entre sa fille et son engagement au sein du mouvement, elle choisirait Gabrielle sans l’ombre d’une hésitation. D’ailleurs – et elle n’avait même pas besoin de regarder Jeremy pour savoir qu’il serait d’accord avec elle – il était plus que temps qu’ils songent sérieusement à un plan de fuite.

Le lieutenant Davies échangea un bref regard avec l’agent Rice, et décida visiblement de le laisser mener la suite de l’interrogatoire avec elle, pendant qu’elle interrogeait Jeremy à son tour :

« J’imagine que vous connaissiez les proches de Nora Weaver et Irving Whitaker ? » demanda-t-elle d’un ton plus doux. « Des membres du LEXIT se cachent sûrement parmi eux. Vous pourriez sûrement nous dresser une liste des sorciers qui, selon vous, ont des opinions politiques similaires à celle de vos amis ? » Elle rajouta : « J’imagine que, comme nous, vous voulez voir ce réseau terroriste démantelé. »

Jeremy Baker
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Sueurs froides [Conversation agréable entre membres du LEXIT et de la MILICE] Icon_minitimeDim 10 Mai 2020 - 0:45
Jeremy redressa un regard vif sur Angus en entendant sa dernière question. Il ne tenait pas particulièrement à ce que la milice n'aille s'intéresser de trop près à Afghan North. Heureusement pour lui, Juliet prit les choses en main et répondit avec un sang-froid qui lui tira un sentiment de fierté. Elle aurait pu être actrice, songea-t-il en réprimant un sourire tendre pour sa compagne. Au cours de l'échange, Jeremy avait joint ses mains tremblantes pour tenter de dissimuler sa nervosité. Hélas, cette dernière ne faisait qu'augmenter à chaque instant, tant il se sentait comme un animal traqué, et cela éveillait d'ailleurs des instincts primaires en lui. Rester ici, confortablement enfoncé dans son fauteuil à répondre aux questions de ces miliciens comme si de rien n'était lui était insupportable. Le regard du plus âgé d'entre eux, qui était également le plus silencieux, semblait lui brûler la peau, comme s'il pouvait lire droit en lui et deviner l'envie qui le tenaillait, celle de sortir sa baguette et d'engager le combat, pour laisser le temps à sa compagne de fuir avec son enfant.

Mais ce n'était pas ce dont ils avaient convenu. Tout en écoutant le récit de Juliet, il se répéta intérieurement leur plan, comme un mantra. Répondre aux questions de la milice, s'ils ne les avaient pas encore arrêté, c'est qu'ils n'avaient pas de preuves. Ne pas agir de façon suspecte dans la suite des évènements. Ne surtout, surtout pas penser à Irving car c'était prendre le risque de se laisser envahir par une colère bouillonnante, et destructrice. Garder le sang-froid, tout au fond de lui, survivre assez longtemps pour peaufiner leur plan de fuite et prendre les dispositions qui s'avéreraient nécessaires, selon comment s'orientait la discussion... et Jeremy n'aimait pas du tout la façon elle s'orientait, justement.

La milice n'avait pas envoyé n'importe qui, elle avait envoyé trois agents expérimentés qui avaient visiblement fait leurs recherches. Ils en savaient suffisamment à leur sujet et leurs questions étaient suffisamment précises pour qu'ils aient de sérieux soupçons à leur égard : il ne s'agissait pas d'une simple enquête à l'aveuglette autour de la famille Weaver-Whitaker. Ce constat venait malheureusement confirmer leurs pires craintes.

La question suivante d'Avalon, en revanche, ils ne l'avaient pas anticipé et le jeune couple marqua un moment de silence qui n'échappa pas à l'observation de Galahad. Ce qu'elle leur demandait, de façon si ouverte et si assumée, c'était ni plus ni moins de faire de la délation sur la base de simples soupçons, sans preuves tangibles, sur la simple base d'opinions politiques. Preuve s'il en était que la dictature prenait plus que jamais ses aises, de plus en plus décomplexée, et que son bras armé se sentait tout puissant. Ce qu'Avalon leur demandait était tout simplement illégal, mais ils avaient compris depuis plusieurs mois maintenant que le régime ne s'embarrassait plus de ce type de considérations.

"Bien sûr, nous souhaitons voir ce réseau être démantelé, mais je ne suis pas à l'aise avec l'idée d'accuser quiconque sans preuve, sur la base de simples soupçons, ou d'opinions politiques", répondit Jeremy posément, en soutenant le regard de la milicienne. "Et puis vous savez, en général on préfère parler Quidditch que politique aux soirées..."

Il esquissa un léger sourire avant de jeter un coup d’œil aux trophées obtenus par Juliet qui trônaient sur une étagère non loin. Les signes de l'amour de la famille Baker pour le sport préféré des sorciers étaient nombreux dans la pièce.

"Par contre, je n'ai jamais entendu personne dans leur entourage actuel faire l'apologie du terrorisme, ou soutenir le recours dans la violence ni rien dans ce goût là. Si nous savions quoi que ce soit à ce sujet, nous vous le dirions : je vous assure que nous avons tout autant envie que vous de voir cesser ces violences."

Voilà qui n'était pas un mensonge, songea-t-il avant d'ajouter en haussant les épaules avec impuissance : "Malheureusement je ne pense pas que nous vous soyons d'une grande aide pour démanteler ce réseau dont nous ne savons rien."

Il fallait être cohérent, jouer la carte de l'ignorance jusqu'au bout : si la milice souhaitait insister avec cette histoire de délation, très bien mais il comptait bien les forcer dans ce cas à abattre leurs cartes et à leur passer les menottes. Son instinct lui soufflait que les choses n'iraient pas jusque là aujourd'hui, mais peut-être lui disait-il ce qu'il avait envie d'entendre... quoi qu'il en soit, si elle devait se produire aujourd'hui, alors Jeremy n'entraînerait personne d'autre que Juliet et lui dans leur chute.


Sueurs froides [Conversation agréable entre membres du LEXIT et de la MILICE] Batch_10
Angus Rice
Angus RiceGrande Prêtresse d'Aresto
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Sueurs froides [Conversation agréable entre membres du LEXIT et de la MILICE] Icon_minitimeDim 10 Mai 2020 - 10:21
Les époux Baker avaient deux stratégies différentes pour faire face à l’interrogatoire déguisé de la Milice. Si le père de famille avait refusé de rebondir sur les sous-entendus les incriminant directement, Juliet préféra admettre cet état de fait, refusant les faux semblants plus longtemps. A quoi bon le nier, comme elle le disait elle-même, les événements jouaient plutôt en leur défaveur et tout portait à croire qu’ils étaient – ou avait été à un moment donné-  en lien avec le LEXIT.

Mais elle l’affirmait haut et fort : Ce faisceau d’indices – pourtant denses-  relevait d’un terrible concours de circonstance. De coïncidences, multiples certes, mais regrettables.

Son discours de mère de famille totalement impliquée et focalisée sur le bien-être de sa fille corroborait la version défendue par son mari. Après la perte de leur enfant à naitre, les Baker avaient fait  front ensemble pour protéger leur petite Gabrielle d’un monde devenu trop violent. Si l’Ennemi W ne les avaient pas approchés, c’était justement pour cette raison, estimait d’ailleurs le couple. Ils ne voulaient pas prendre le risque de mêler la fille de leurs meilleurs amis, une enfant de deux ans, à un groupuscule terroriste.

Cette partie là de leur argumentaire pouvait se tenir. Même si Angus n’avait pas d’enfant, il devinait sans mal l’instinct de protection qui animait chaque parent. Si cet argument faisait sens, selon lui, le milicien avait davantage de difficultés  à imaginer les époux Baker faire preuve de fatalisme après la perte de leur bébé… La résignation ne semblait pas faire partie de leur vocabulaire tant ils semblaient si déterminés, l’un et l’autre, dans leurs discours comme dans leurs actes. Les trophées de quidditch, trônant sur l’étagère un peu plus loin,  montraient justement à quel point ils pouvaient être combattifs et acharnés… Dans ces conditions, comment avaient-ils pu se résoudre à laisser l’accident lié à la perte de leur enfant impuni ?
Angus entrevoyait les contours de mille scénarios se dessiner dans son esprit mais l’un d’entre eux  lui semblait peut-être plus plausible que les autres :

Après la terrible perte de leur enfant –imputable à la Milice-, les Baker avaient approché leurs amis Irving et Nora qu’il soupçonnaient d’appartenir à un groupe contestataire depuis un certain temps déjà. Guidés par des motivations personnelles et surtout bien décidés à se venger, ils avait intégré le groupuscule terroriste en vue de participer à la destruction du dôme de Bristol. La suite était plus floue… Avaient-ils été en contact avec Whitaker et Weaver depuis leur fuite? Aucune preuve tangible ne pouvait infirmer ou confirmer ce questionnement . Les équipes en charge de leur surveillance depuis deux semaines n’avaient rien remarqué d’anormal mais Angus était persuadé qu’ils devaient pousser leurs investigations pour tirer au clair cette situation. Une  demande de perquisition du domicile et des bureaux des deux anciens Gryffondor devrait être déposée auprès de Goldstein.

Le milicien préférait se  tromper sur toute la ligne en soupçonnant, à tord, ces pauvres parents éplorés, plutôt que de laisser filer deux potentiels membres du LEXIT par négligence. La milice ne devait écarter aucune piste.

Tant pis s’il passait pour le pire des cognards en s’acharnant ainsi sur eux. Il assumait son rôle de Badcop jusqu’au bout. Il préférait avoir le cœur net avant d’écarter le jeune couple de leur liste de suspects.  D’autant plus que Jeremy Baker n’était pas un modèle de coopération.  Il s’illustra une nouvelle fois en refusant de donner le nom des proches de l’ennemi W potentiellement en lien avec le LEXIT.

"Par contre, je n'ai jamais entendu personne dans leur entourage actuel faire l'apologie du terrorisme, ou soutenir le recours dans la violence ni rien dans ce goût là. »

« C’est vrai que, Chloë Hellsoft, Juliana McNeil ou Klemens Dabroski ne font plus partie de leur entourage actuel, maintenant. » commenta Angus posément. Et il ne parlait même pas de Samantha Miller.

Ces personnes affiliées, de près ou de loin, à la fois au terrorisme et à l’Ennemi W partageaient  un autre  point commun : Ils étaient tous morts.  Les époux Baker feraient bien d’y réfléchir à deux fois en refusant ainsi de collaborer avec la Milice. Si des preuves venaient corroborer les intuitions des miliciens les concernant,  Juliet et Jeremy pourraient tout à fait rejoindre cette liste de noms, un jour prochain.
Le milicien releva les yeux sur Jeremy et Juliet avant de chercher du regard ces deux autres collègues. Personnellement, il n’avait rien à ajouter, et visiblement, eux non plus. Pour sa part, il allait militer auprès de ces supérieurs pour que la  demande de perquisition aboutisse vite, et en attendant, il allait laisser mariner les Baker dans l’espoir  qu’ils se trahissent d’eux-mêmes.

Le milicien rangea donc son Pear dans sa poche, posa ses deux paumes épaisses sur ses cuisses avant d’esquisser  un mouvement pour se lever.

« Merci d’avoir répondu à nos questions, M. et Mme Baker » dit-il alors, «  Si quoi que ce soit vous revenait à l’esprit ou si vos amis tentaient de reprendre contact avec vous, vous savez où nous trouver. »

Vu le nombre de fois où Jeremy et Juliet avaient barré la route des miliciens, ils ne le savaient que trop bien…
Avalon Calder
Avalon CalderChef de la milice
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Sueurs froides [Conversation agréable entre membres du LEXIT et de la MILICE] Icon_minitimeLun 18 Mai 2020 - 18:30
Sa dernière question, posée sur un ton un peu doux, eut le don de faire réagir les deux époux, qui marquèrent tous les deux un moment de silence avant que Jeremy Baker ne reprenne la parole pour leur assurer que, malgré leur désir de voir ce réseau démantelé, ils ne pouvaient pas accuser quelqu’un sur la base de simples soupçons.

« Je ne vous demande pas d’accuser qui que ce soit, Mr Baker. » répondit Avalon sur un ton tout aussi posé, « Simplement de nous aider à cibler les personnes qui, selon vous, auraient pu être réceptives à des discours proférés par vos amis faisant l’apologie du terrorisme. »

Qu’ils en soient parfaitement incapables était plutôt révélateur sur ce qu’ils pensaient à la fois du gouvernement et du LEXIT, qu’ils disaient pourtant vouloir voir tomber. Avalon n’y croyait pas une seule seconde. Pas plus qu’Angus, visiblement, dont la dernière remarque bien sentie s’acheva sur un silence qu’Avalon rompit avec un élément qui n’avait pas encore été abordé pendant leur entretien :

« Ni Samantha Miller ou Lauren McGowan, dont vous avez d’ailleurs assisté au procès avec votre couple d’amis. »

Ce fut Juliet Baker qui répondit, cette fois-ci : « Lauren était l’une de mes coéquipières à Flaquemare, ainsi que son frère. Ça nous a semblé normal de venir, sans pour autant soutenir ce qu’elle avait fait. »

« Vous avez le chic pour être entourés par tous les opposants au gouvernement, monsieur et madame Baker. » déclara Avalon, pensive.

« On ne peut pas contrôler ce que les autres pensent. » fit remarquer Juliet. « Samantha Miller et Lauren McGowan n’étaient pas d’ailleurs très proche du fils du monsieur le ministre ? »

« Certes. » Avalon hocha la tête, et se leva à la suite d’Angus. « Merci pour votre accueil. » renchérit-elle en se dirigeant d’elle-même vers la sortie. « Nous reviendrons aussi peut-être vers vous si nous nous retrouvons en possession de nouvelles informations. »

Comme d’un mandat de perquisition qu’elle comptait aller demander dès qu’ils seraient de retour au ministère. Le trio de miliciens passa la porte en silence après les dernières salutations, et se retrouvèrent dans la rue. Ils mirent un peu de distance avec l’habitation des Baker, avant que Avalon ne lance le débrief :

« Ils font partie du LEXIT. C’est une certitude. » lança-t-elle, sûre d’elle. « Jeremy Baker s’est grillé dès le début avec le mot résistance, et… Toutes leurs réponses semblaient travaillées, fausses… Comme la mise en scène dans leur salon. Tu as repéré les cadres avec Rosaleen Marchebank ? Celui avec Gordon Bulstrode ? » demanda-t-elle à Galahad, qui avait sûrement eu l’occasion d’examiner en détail la pièce. « Tout faisait trop… Trop innocent pour être vrai. »

Elle interrogea Angus du regard, curieuse de savoir ce qu’il avait pensé de l’entretien, derrière ses airs de BadCop – rôle qu’il avait évidemment joué à la perfection.

« Je pense demander un mandat de perquisition à Danielle en rentrant. » annonça-t-elle en interrogeant ses coéquipiers du regard pour savoir comment ils se positionnaient.

Ils n’avaient pas beaucoup de preuves tangibles pour accuser les Baker, mais son instinct lui soufflait qu’ils étaient sur une bonne piste… Et, quand même elle avait tort, elle préférait être trop prudente que négligente.


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Galahad Thorne
Galahad ThorneMilicien collectionneur de cailloux
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Sueurs froides [Conversation agréable entre membres du LEXIT et de la MILICE] Icon_minitimeVen 22 Mai 2020 - 11:11
Les Baker se défendaient bec et ongle, mais les preuves étaient accablantes. Le duo good cop/bad cop fonctionnait à merveille pour enchaîner chacune de leur défense par une nouvelle attaque : leurs suspicions étaient trop nombreuses et trop accablantes pour suggérer autre chose qu'une implication réelle du couple Baker dans le réseau de résistance du Lexit. Ce qui n'était pas encore très clair à ses yeux, c'était leur degré d'implication et le moment auquel ils s'étaient engagés au sein du Lexit : qui du couple "W" et du couple "B" avait entraîné l'autre ? Ou bien étaient-ce des affinités plus anciennes, telles que les deux "J", Juliana et Joël ainsi que leur complice Klemens Dabroski ? Le couple "M" Miller-McGowan, peut-être ? Les suspects ne manquaient pas, comme ses deux collègues ne manquèrent pas de le suggérer, et il sentit la crispation croissante des deux époux. Ils tenaient leur ligne de défense coûte que coûte, que pouvaient-ils faire d'autre ? Mais il leur était impossible de nier qu'ils s'étaient retrouvé, bien souvent, au mauvais endroit, au mauvais moment.

La conviction de Galahad s'était transformée en certitude au cours de cet entretien, et il accepta d'un hochement de tête le signal de départ donné par Angus. Ils n'obtiendraient rien de plus de leur part aujourd'hui, mais en réalité, la milice n'en avait pas besoin : un mandat de perquisition ferait l'affaire pour obtenir les preuves incontestables qu'il leur manquait, suivi d'un mandat d'arrêt pour les envoyer directement à Azkaban en attendant leur procès.

Le milicien suivit ses deux collègues et salua le couple Baker, avant de se diriger vers la sortie. Il ne put s'empêcher de glisser un regard vers le couloir où avait disparu la petite Gabrielle, et retint un soupir en songeant que la fillette serait probablement orpheline dans quelques semaines. La peine de mort ne serait probablement pas épargnée au couple Baker, et formerait un signal fort à l'intention de leur réseau. Convaincu de la nécessité de poursuivre le démantèlement de cette branche du Lexit, Galahad n'en éprouvait pas de remord particulier : à qui la faute, si cette petite perdait ses parents ? Aux parents en question, qui avaient pris le risque de s'engager dans un réseau terroriste, au mépris de leur famille. Pourtant, son cœur se serrait à la pensée de cette petite qui allait partir dans le système d'adoption, dont il connaissait les grandes lacunes. Lui dont le désir de paternité était très fort ne pouvait s'empêcher de ressentir de la tristesse pour ces enfants brinquebalés de famille d'accueil en famille d'accueil. Hélas, changer le système ne relevait pas de ses attributions, mais empêcher les Baker de commettre d'autres crimes, entraînant d'autres orphelins, si.

Ils avancèrent silencieusement dans la rue, seul le bruit de leurs pas battant le pavé de la cité Cosmos. Galahad médita l'entretien quelques instants et inspira une bouffée d'air frais, bienvenue pour évacuer la tension de l'échange, que l'on aurait pu couper au couteau. Finalement, ils s'immobilisèrent à distance de l'appartement pour débriefer, et Avalon leur donna un ressenti en écho du sien.

"Je pense qu'ils ont mêlé des bouts de vérité dans leurs mensonges : de vrais évènements et de vraies émotions, mais je ne pense absolument pas qu'ils en aient tiré les conclusions qu'ils prétendent", affirma-t-il en observant, tout à tour, ses deux collègues. "Moi aussi, je pense que nous venons de mettre le doigt sur deux maillons du Lexit..."

« Je pense demander un mandat de perquisition à Danielle en rentrant. »

"Oui, c'est essentiel. Et si on ne veut pas qu'ils nous filent entre les doigts, il faut maintenir la surveillance de leur appartement. Et comme on ne peut pas jeter de sort anti-transplage sans mandat d'arrêt...", dit-il avec une moue entendue, "Il ne va pas falloir traîner."

S'il était convaincu de savoir comment les Baker se positionnaient, leur degré d'implication et leurs moyens de fuite restaient flous à ses yeux, mais si l'affaire W leur avait bien appris une chose, c'était à ne pas sous-estimer leur adversaire... Mais le mari Baker avait l'air arrogant, et son épouse, sure de leur bon droit. Peut-être pouvaient-ils utiliser ces traits de caractère à leur avantage...

Après ce débriefing, les trois miliciens reprirent sans attendre le chemin de Londres pour faire leur compte-rendu à leur hiérarchie. Pendant ce temps, dans l'appartement des Baker, régnait l'effervescence.

A suivre...

Spoiler:


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