Vacances romaines [Leopold]

Métamorphomage
MétamorphomageMoldu
Messages : 2378
Profil Académie Waverly
Vacances romaines [Leopold] Icon_minitimeDim 16 Juin 2019 - 10:57


Vacances romaines [Leopold] 1906161058183452
Clara Lorgan - 48 ans - Fleuriste

"Nous informons notre aimable clientèle que "Les belles plantes de Clara Lorgan" sera exceptionnellement fermée ce dimanche 04 octobre. Réouverture lundi à 13h Nous nous excusons pour la gêne occasionnée."

Clara contempla le petit écriteau avec un sourire rêveur avant de le faire léviter jusqu'à la porte d'entrée de la boutique pour l'y accrocher d'un habile mouvement de baguette. Cela faisait bien longtemps que le magasin n'avait plus connu de fermeture le week-end. Le samedi et le dimanche étaient les jours où elle faisait son plus gros chiffre et elle y renonçait rarement.

Pourtant, en ce samedi soir, la fleuriste était occupée à tout arranger pour que ses jolies plantes puissent survivre à sa courte absence. Une habile construction en bois ensorcelée serpentait entre les pots colorés pour distribuer régulièrement quelques gouttes d'eau aux fleurs les plus exigeante. Elle vérifia que le Voltiflor, qui avait envahi tout un coin de la boutique, avait suffisamment d’espace, et pas trop de lumière. Elle arracha les fleurs séchées de ses valérianes, plaça ses géraniums dentus près de la fenêtre et, constatant que tout était en ordre, commença à fixer sa petite horloge en fer forgé avec impatience.

Léopold et elle s’étaient revus plusieurs fois depuis leurs émouvantes retrouvailles en mars dernier. Clara se sentait apaisée par la présence de son ancien amant, avec qui elle retrouvait ses émois d’adolescente et parvenait parfois à oublier les douleurs de sa vie d’adulte. Elle se sentait libre de lui parler de tout, avec la certitude qu’il l’écoutait, et la comprenait. Elle essayait néanmoins de profiter de ces moments pour tenir ses tourments loin d’elle et simplement profiter des bras de son amant. Elle l’attendait toujours avec impatience, et le quittait toujours avec amertume, bien trop vite à son goût.

Ils se retrouvaient, de façon irrégulière, pour des rendez-vous clandestins toujours trop courts. Elle savait qu’elle ne pouvait pas en attendre plus de lui, il était marié -elle aussi, d’ailleurs- et surtout Ministre de la magie. Mais elle ne désirait rien de plus que de pouvoir être seule avec lui, pour une journée entière, loin de sa boutique et de leur quotidien. Elle avait longtemps rêvé d’une escapade, jusqu’à ce que Léopold lui fasse une proposition qui dépassait tous ses espoirs. Un voyage, loin de la grisaille anglaise, pour toute une nuit et toute une journée, ensemble. Il avait gardé la destination secrète mais Clara se savait prête à le suivre n’importe tout.

Elle se sentait comme une enfant la veille d’un départ en vacances et dut prendre sur elle pour s’empêcher de faire les cent pas dans sa boutique. Elle s’installa sur le tabouret derrière le comptoir et, pour s’occuper les mains, ramassa distraitement les bouts de tige coupées qui trainaient sur l’établi. Son regard se posa machinalement sur la photo de Kelsey et son cœur se serra, mais elle ravala ses larmes en songeant à la promesse de Léopold. Il trouverait celui qui l’avait tuée. Il vengerait leur fille. Il le lui avait promis.

La petite cloche suspendue au-dessus de la porte tinta d’un son aigu, alors même que la boutique était fermée depuis plus d’une heure, et Clara sauta au pied de son tabouret, le cœur battant, pour accueillir celui qu’elle avait attendu toute la journée. Elle s’avança dans la boutique et un sourire amusé se dessina sur ses lèvres en découvrant ce que Léopold lui avait amené en guise de cadeau... Il n’était pas le premier à lui faire le coup.
Leopold Marchebank
Leopold MarchebankMinistre de la Magie
Messages : 872
Profil Académie Waverly
Vacances romaines [Leopold] Icon_minitimeMar 13 Aoû 2019 - 11:33
Lorsque Leopold avisa la devanture de la boutique de Clara, il put presque sentir le sourire narquois d'Alessandro dans son dos. D'accord, ce n'était peut-être pas sa plus brillante idée à ce jour, que d'emmener des fleurs à une fleuriste, mais il avait suivi ses habitudes : il offrait régulièrement un joli bouquet à Rosaleen, souvent pour se faire pardonner de trop longues heures au Ministère... Une mine contrite sur le visage, il poussa la porte de la boutique et se fraya un chemin parmi les présentoirs recouverts de fleurs truculentes.

"Bonsoir", dit-il alors que Clara arrivait à sa hauteur, visiblement amusée. Leopold haussa les épaules avec dérision, avant de lui tendre un somptueux bouquet de lys. "J'ai pensé qu'une femme telle que toi ne pouvait pas avoir trop de fleurs."

En réalité, il n'avait rien pensé du tout et Clara le savait bien, mais il espérait que l'intention lui plairait néanmoins. Malgré la profondeur de son compte à Gringotts, Leopold n'était pas du genre à couvrir ses conquêtes de cadeaux, tout simplement parce qu'il avait plus important à faire dans la vie que de conter fleurette à d'autres personnes que son épouse. Pourtant, pour Clara Lorgan, il se surprenait de plus en plus à faire exception...

Tandis qu'elle s'emparait de son bouquet, le ministre prenait possession de sa taille fine pour déposer un baiser sur ses lèvres. Un soupir de contentement ponctua ces retrouvailles avec sa maîtresse. Les choses allaient pour le mieux avec la belle fleuriste, qu'il se dépêchait de retrouver dès qu'il en avait l'occasion. Leopold, qui s'était pourtant promis intérieurement de respecter ses vœux de fidélité auprès de Rosaleen, n'avait pas résisté longtemps à l'appel de la tentation sucrée que représentait Clara. Quelque chose de puissant les unissait depuis le départ, la compréhension mutuelle d'un deuil que Leopold ne pouvait partager avec personne d'autre.

Hélas, Leopold avait - littéralement - un emploi du temps de ministre qui compliquait leurs retrouvailles et limitait leurs moments. Chaque fois qu'il quittait Clara, il se sentait partagé entre le plaisir et la frustration de le voir s'achever trop vite. Alors il avait eu l'idée de cette escapade, avait trouvé une excuse auprès de Rosaleen et réalisé ses réservations. Plus exactement, il avait chargé Alessandro de s'en occuper, balayant ses râleries à base de "je ne suis pas tour-operateur" d'un "qui mieux qu'un romain pour aller à Rome ?". Son homme de main leur avait donc réservé le programme parfait, en toute discrétion en terre moldue, dans l'une des villes les plus romantiques du monde. A vrai dire, Leopold avait hésité avec Paris pour impressionner la fleuriste avec quelques bribes de français, mais il n'avait plus guère la côte au pays des grenouilles, alors...

"Tu es prête ?", s'enquit-il en attrapant une mèche folle égarée sur le front de Clara pour la caler derrière son oreille. Malicieusement, il s'enquit : "Une idée de la destination ?"

"Cela va être l'heure, monsieur le ministre", interrompit Alessandro en émergeant de l'ombre pour se poster à leur hauteur. Il plongea la main dans une poche de sa grande cape noire et en sortit un unique escarpin vermeil, qu'il posa à plat dans sa paume. Leopold posa le doigt sur l'objet, incitant Clara à en faire de même, tandis que son homme de main consultait sa montre : "5...4...3...2...1..."

La sensation caractéristique de tiraillement au nombril se fit ressentir, et la jolie boutique fleurie disparut dans un tourbillon de couleurs. Après quelques secondes de voyages, Leopold sentit de nouveau le sol sous ses pieds. Son coeur s'était affolé sous l'effet du portoloin, et il ressentit une pointe acérée de douleur dans la poitrine, qui lui coupa la respiration, à peine l'espace d'un instant. La douleur disparut heureusement aussi vite qu'elle était venue, et il lui sembla que Clara n'avait rien remarqué, trop occupée à observer l'endroit dans lequel ils avaient atterri.

Ils se trouvaient dans une ruelle de la ville côté moldu, plongée dans l'obscurité d'une nuit d'octobre. Glissant sa main dans celle de Clara, Leopold l'entraîna à sa suite à la découverte de cette ville mystère. Ils n'eurent pas à marcher longtemps pour trouver un indice de taille : après avoir débouché sur une artère parcourue par des voitures, ils se trouvaient face à l'un des monuments les plus célèbres du monde moldu : le Colisée se dressait de toute sa hauteur face à eux, splendeur d'une ère passée.

Leopold lâcha la main de Clara et se glissa dans son dos pour l'enlacer.

"Bienvenue à Rome...", souffla-t-il à son oreille.

Métamorphomage
MétamorphomageMoldu
Messages : 2378
Profil Académie Waverly
Vacances romaines [Leopold] Icon_minitimeDim 25 Aoû 2019 - 11:17
Vacances romaines [Leopold] 1906161058183452
Clara Lorgan - 48 ans - Fleuriste

Clara n’avait pas pu retenir sons sourire face au somptueux bouquet de lys dans les mains de Léopold. Il n’était pas le premier à lui faire le coup. Son mari lui avait régulièrement offert des fleurs, pendant les premières années de leur mariage, dans lesquelles il mettait certainement tout son maigre salaire de serveur, et qui étaient toutes moins chères et moins belles que celles qu’elle avait dans sa boutique. Elle avait fait l’erreur, un jour, de lui suggérer de garder ses économies, elle avait bien assez de fleurs comme ça, et ne se souvenait pas avoir reçu d’autres bouquets depuis lors.

« Elles sont superbes, souffla-t-elle avec émotion en attrapant les lys que lui tendait Léopold. Merci beaucoup. »

Elle respira l’odeur enivrante des fleurs avant de faire quelques pas dans la boutique pour attraper un seau vide dans lequel elle plaça le bouquet avec un peu d’eau. Il complétait à merveille l’étagère sur laquelle trônait déjà diverses variétés de fleurs magiques et moldues et était, aux yeux de la propriétaire des lieux, le plus beau de tous. Revenant à son ancien amant, Clara lui sourit tendrement alors qu’il replaçait une mèche de ses cheveux derrière son oreille, et déposa un bref baiser sur ses lèvres.

Elle songeait toujours à Léopold comme son « ancien amant », alors même qu’ils avaient recommencé à se fréquenter depuis plusieurs mois. Leur histoire actuelle ne lui apparaissait que comme la suite légitime de celle qu’ils avaient vécu vingt ans plus tôt. Ce n’était pas simplement une liaison entre deux adultes fatigués de leur mariage, c’était une renaissance, un écho de leur jeunesse. Ils n’avaient pas vieilli ensemble, et il y avait beaucoup de chose qu’elle regrettait de ne pas avoir partagées avec Léopold, mais ils avaient en commun le souvenir de leur flirt estival, et leur peine pour Kelsey. Lui de ne l’avoir jamais connue et elle de l’avoir perdue trop tôt. Ils portaient ce secret ensemble, sans ressentiment ni rancœur l’un vis-à-vis de l’autre, et cela l’aidait à supporter l’absence de sa fille. Les quelques heures qu’elle passait avec Léopold étaient de loin les plus agréables de ses longues semaines.

« Bien sûr, j’ai attendu ce moment toute la journée, répondit-elle avec une lueur d’excitation dans le regard. Non, je veux garder la surprise ! » ajouta-t-elle quand il lui demanda si elle avait une idée de la destination.

L’endroit n’avait que peu d’importance, elle était simplement heureuse de pouvoir passer plus de deux heures en compagnie de Léopold. Leurs moments à deux étaient rares, et souvent trop brefs. Elle savait bien à quoi s’en tenir, en fréquentant un homme marié qui était en plus Ministre de la Magie, mais la frustration et la tristesse de le voir partir si vite étaient plus grandes à chacune de leurs retrouvailles.

Un homme surgit alors de l’ombre de la boutique pour les informer de sa voix grave qu’il était temps de partir et Clara porta sa main à son cœur sous l’effet de la surprise. Elle n’arrivait pas à s’habituer à la présence du garde du corps de son amant -qui n’était pourtant pas désagréable à regarder- et avait tendance à l’oublier. Contre toute attente, Alessandro fouilla dans les replis de sa cape pour en sortir un escarpin rouge, sous le regard surpris de la fleuriste. Elle aurait apprécié qu'il ait le deuxième pied quelque part, et dans sa pointure. Voyant Léopold poser un doigt sur la chaussure et comprenant aussitôt qu’il s’agissait de leur portoloin, Clara l’imita, le cœur battant d’excitation.

Ils apparurent rapidement dans une petite ruelle déserte et Clara regarda partout autour d'elle à la recherche d'un indice sur la ville dans laquelle ils se trouvaient. Le fond de l'air était plus doux, ils devaient se trouver un peu au sud de l'Angleterre. Les rues paraissaient bruyantes et animées. Peut-être la France, ou l'Espagne. Elle échangea un sourire ému avec Léopold alors qu'il attrapait sa main et l'entrainait à sa suite dans les rues de cette ville mystère. La fleuriste capta quelques mots d'italiens dans la bouche des passants et des commerçants et son sourire s'agrandit. Elle avait toujours adoré l'Italie, et même ses trop nombreuses années de mariages avec un florentin n'avait pas réussi à gâcher son amour pour ce pays.

Clara s'arrêta, le coeur battant et les yeux brillants, à la vue du Colisée qui se dressait face à eux. Elle n'était jamais venue à Rome. Elle avait visité Florence et Pise à quelques reprises avec Toni, mais n'avait jamais visité la capitale, dont elle avait toujours rêvé de découvrir les merveilles.

"C'est magnifique ! souffla-t-elle, impressionnée, face à l'imposant édifice. Merci beaucoup, ajouta-t-elle alors que Léopold se glissait dans son dos pour l'enlacer. C'est parfait."

Elle se sentait redevenir une adolescente en quête de découverte, à explorer l'Europe avec celui qui faisait battre son coeur. C'était la première fois qu'ils pouvaient se promener main dans la main, sans se soucier du regard des passants. Ils étaient libres de diner au restaurant, de déguster une glace sur la Piazza Navona, d'arpenter les rues de Rome à la tombée de la nuit, et de prétendre être un vrai couple pendant vingt-quatre heures. Ici il n'y avait personne pour le reconnaitre, pour les juger, pour les trahir. Cela faisait longtemps qu'elle ne s'était pas sentie si heureuse.

"Est-ce que tu as faim ? s'enquit-elle alors, réalisant qu'elle même était affamée. On ne mange nul part aussi bien qu'en Italie ! affirma-t-elle. Bon, peut-être en France, mais puisqu'ils étaient à Rome, autant défendre les spécialités locales. È ora di cena !"

Elle ne parlait que quelques bribes d'italien, apprises à force de visite dans sa belle famille, mais était ravie de pouvoir impressionner Léopold avec sa maitrise de la langue.

Leopold Marchebank
Leopold MarchebankMinistre de la Magie
Messages : 872
Profil Académie Waverly
Vacances romaines [Leopold] Icon_minitimeJeu 5 Sep 2019 - 16:18
Leopold étouffa un sourire contre la nuque de Clara qui, adossée contre lui, contemplait le Colisée avec émerveillement. On pouvait dire ce qu'on voulait sur les moldus, ils avaient su ériger certains des plus beaux monuments du monde et cela sans la moindre aide magique. Enfin, ce n'était pas tout-à-fait vrai, les sorciers avaient tout à voir avec l'édification des pyramides d'Egypte, mais le Colisée, lui, était une pure création moldue.

"Ravi que ça te plaise", réagit-il quand Clara lui affirma que c'était parfait. Il semblait effectivement avoir tapé juste avec cette destination, en même temps il était difficile de se tromper avec une ville pareille. Le ministre relâcha la sorcière qui avait visiblement un petit creux à l'estomac. S'il avait faim ? Pas vraiment, Leopold était rarement tiraillé par la faim, en revanche l'envie d'un petit verre de rouge le tenaillait. Un sourire impressionné apparut sur ses lèvres quand elle s'exprima en italien, avec un accent tout à fait correct.

"J'en déduis que ce n'est pas ta première visite ?", s'enquit-il en enlaçant ses doigts autour des siens. Main dans la main, les deux tourtereaux firent volte-face et entreprirent de déambuler dans les ruelles de la capitale, suivis par l'ombre lointaine d'Alessandro. Ce dernier paraissait passablement peu ravi d'être ici, ses yeux clairs ne cessant de bondir sous ses sourcils épais. Leopold n'y prêta pas la moindre attention. Il n'était pas sans savoir que son nouveau garde-du-corps avait quelques démêlés avec la polizia napolitaine, mais il avait fort peu de chances d'être embêté ici.

"J'ai réservé un petit restaurant dont tu me diras des nouvelles", indiqua-t-il en la conduisant vers l'entrée d'une impasse. Là, au fond d'une ruelle pavée, se trouvait la devanture discrète d'un établissement dont émanait de délicieuses odeurs de fromage et de pain grillé. Alessandro se posta sur un banc dissimulé par les branches tombantes d'un saule, tandis qu'ils pénétraient à l'intérieur. Le restaurant était charmant, des murs ocres étaient recouverts de plantes et de vieilles photographies représentant des paysages de la Toscane. Aussitôt, un serveur se présenta pour les saluer en italien.

"J'ai une réservation au nom de Vigliola", indiqua Leopold en anglais. Heureusement, l'homme sembla comprendre, puisqu'il leur indiqua immédiatement une table dressée pour deux. Leopold laissa Clara le précéder et choisir sa place, puis il s'installa face à elle en balayant la pièce du regard. Un soupir de contentement s'échappa de ses lèvres tandis qu'il s'emparait du menu que lui tendait le serveur, s'efforçant de ne pas sauter trop vite sur la carte des vins.

Cette petite escapade allait lui faire beaucoup de bien, non seulement parce qu'il était heureux de se trouver en tête-à-tête avec Clara, mais parce que le quotidien des derniers mois avait été particulièrement chargé. Leopold avait besoin de se vider la tête, de parler de tout sauf de politique. Etre entouré d'étrangers moldus qui étaient à mille lieux de savoir qui il était, c'était parfait.

"Tu trouves ton bonheur ?", s'enquit-il en refermant son propre menu. "Pour moi, ce sera les spaghetti alle frutti di mare."

Métamorphomage
MétamorphomageMoldu
Messages : 2378
Profil Académie Waverly
Vacances romaines [Leopold] Icon_minitimeJeu 3 Oct 2019 - 20:53
Vacances romaines [Leopold] 1906161058183452
Clara Lorgan - 48 ans - Fleuriste

"Première fois à Rome, mais j'ai un passif avec l'Italie..." répondit Clara, mystérieuse.

Elle ne s'étendit pas davantage sur la question, peu désireuse de parler de son mari. Cette soirée était la leur, et la fleuriste était déterminée à ne pas se laisser envahir par les tourments de son passé. C'était malheureusement quelque chose qu'elle avait du mal à contrôler. Il y avait des jours où tout lui paraissait aller relativement bien, où elle avançait dans la vie comme elle le pouvait, et il suffisait d'un détail pour la faire replonger dans le manque et la tristesse. Une serveuse aux cheveux blonds dans un bar qui, l'espace d'un instant, de dos, lui paraissait être Kelsey ; une femme dans la rue qui portait son parfum ; un de ses CD que Clara retrouvait par hasard, rangé dans la mauvaise boite, dans le meuble près de la télé. Elle espérait toutefois que rien ne viendrait perturber cette soirée, qui s’annonçait parfaite.

Les deux amants se promenèrent tranquillement dans les ruelles de la ville en direction d’un restaurant que Léopold avait réservé. Ils ne tardèrent pas à rejoindre l’établissement et Clara s’y sentit immédiatement à l’aise. La salle n’était pas très grande et ne comptait que peu de tables, ce qui leur garantissait un peu d’intimité, et les murs étaient recouverts de plantes, ce qui n’était pas pour déplaire à la fleuriste. Elle suivit le serveur jusqu’à leur table et s’y installa, un sourire rêveur accroché aux lèvres.

« C’est magnifique, souffla-t-elle à l’attention de Léopold qui prenait place en face d’elle. Tu as de bonnes adresses ! »

Quoi de plus normal, pour le Ministre de la magie ? Il avait probablement des employés à son service à qui il pouvait confier la lourde tâche de repérer de bonnes adresse partout où bon lui semblait. Elle avait parfois tendance à oublier sa fonction, qui était pourtant tout sauf un détail. Quand elle regardait Léopold elle ne voyait pas le personnage politique, mais l’homme avec qui elle avait partagé une aventure, vingt ans plus tôt, le père biologique de sa fille, celui qui lui avait promis de venger sa mort.

"Tu trouves ton bonheur ? »

La question de Léopold, justement, la ramena aussitôt vingt ans en arrière.

13 juillet 1988 - Chemin de Traverse, Londres

« Vous trouvez votre bonheur ? »

Clara coinça le plateau rempli de coupes de glace vides en équilibre contre sa hanche et, de sa main libre, replaça une mèche de cheveux blond derrière son oreille avant d’adresser un sourire rayonnant au jeune homme en face d’elle. Malgré la chaleur estivale, il portait une chemise coupée à la moldue qui le mettait en valeur et qui lui donnait l’air de quelqu’un d’important. Il était déjà venu la veille, et elle n’avait pas résisté à la tentation d’engager la conversation. Elle avait alors découvert qu’en plus d’être charmant son nouveau client préféré était aussi très intéressant.

« C'est un plaisir de vous revoir, poursuivit-elle avec un regard pétillant qui exprimait clairement sa satisfaction à cette idée. Vous travaillez dans le coin ? »

Elle aurait parier sur Gringott’s, ou un truc sérieux dans ce genre-là. Il faisait certainement des choses bien plus importantes que de servir des glaces, pourtant il ne l’avait jamais prise de haut, comme le faisaient certains clients sous prétexte qu’elle n’était qu’une simple serveuse. Clara considérait qu’il n’y avait pas de sous-métier, et elle n’avait absolument pas honte de ce qu’elle faisait. Et puis, ce n’était qu’un job d’été.

Du haut de ses 25 ans, certains la jugeaient un peu trop vieille pour ce genre de petits boulots -la plupart de ses anciens camarades étaient déjà mariés et avec enfants, mais la jeune femme n’aurait échangé sa vie avec la leur pour rien au monde. Elle avait simplement mis un peu plus de temps que les autres à se trouver. Elle avait tenté médicomagie à sa sortie de Poudlard, et avait abandonné après deux premières années ratées. Elle s’était rabattue sur une formation en potions, sans plus de succès. Dégoutée des études, elle avait travaillé deux ans à la poste de Pré-au-Lard mais le travail administratif l’avait vite lassé. Elle était partie faire un voyage de plusieurs mois à travers l’Europe et y avait rencontré plein de monde, puis était finalement rentrée à Londres pour s’inscrire dans une formation d’herbologie qui, elle l’espérait, la mènerait à un métier qui lui plairait.

« Je vous conseille la glace au chocolat, elle est excellente !»

Septembre 2010 - Rome

« Je vais prendre une pizza Primavera, répondit-elle finalement après une courte hésitation -pâte ou pizza, le dilemme italien par excellence. Et ils ont de la glace au chocolat en dessert, ajouta-t-elle avec un sourire malicieux. Ça ne te rappelle rien ? »

Cet été-là, il était venu lui acheter de la glace au chocolat tous les jours, pendant plus d'un mois. C'était des souvenirs qui lui paraissaient appartenir à une autre vie et qui, pourtant, semblaient se réveiller quand elle retrouvait Léopold.
Leopold Marchebank
Leopold MarchebankMinistre de la Magie
Messages : 872
Profil Académie Waverly
Vacances romaines [Leopold] Icon_minitimeDim 29 Déc 2019 - 18:27
"Une glace au chocolat, hm ?", répéta-t-il avec un sourire gourmand, avisant la sorcière qui lui faisait face. Comme lui, Clara avait vieilli et changé depuis cette époque à laquelle elle faisait référence, et qui semblait appartenir à une autre vie. Mais elle était toujours aussi belle et lumineuse. Leopold avait beau vivre au quotidien avec une jeune vingtenaire magnifique, il n'en restait pas moins sensible aux charmes de Clara. Bien au contraire, les petits plis aux coins de ses yeux et de sa bouche quand elle riait étaient comme autant de signes du temps qui s'était écoulé, de ce destin qui les liait l'un à l'autre. Envahi par une bouffée de tendresse, Leopold tendit son bras au-dessus de la table en évitant les verres à pied, et attrapa la main de Clara.

Il s'apprêtait à lui répondre lorsque la serveuse vint prendre leur commande, en italien. Leopold baragouina de son mieux pour indiquer leurs deux plats, avant qu'elle ne bascule en anglais pour leur demander s'ils souhaitaient boire quelque chose. Il choisit le vin rouge le plus cher sur la carte, avant de reporter son attention sur la jolie fleuriste. Un air nostalgique flottait sur son visage, sa question le renvoyait une vingtaine d'années en arrière.  

"Comment oublier, la glace au chocolat...", souffla-t-il en laissant les souvenirs affluer.

17 juillet 1988 - Londres

Etendu de tout son long sur le côté et supporté par son bras, Leopold tendit une cuillère vers la bouche de Clara, jusqu'à ce qu'elle entrouvre les lèvres. Il y glissa alors la cuillère dans laquelle se trouvait la dernière portion de glace au chocolat, qu'elle engloutit avec délice. Une fois de plus, Leopold était passé la voir pendant son service, s'installant négligemment à une table avec le Gringotts Time, et avait attendu qu'elle vienne prendre sa commande. Comme tous les jours, maintenant, il avait commandé de la glace au chocolat, et l'avait dévoré en feignant lire son journal, tout en la dévorant du regard.

Leopold savait qu'il jouait un jeu dangereux, que son jeune mariage avec Meredith ne tiendrait pas le choc si elle apprenait à quoi il consacrait ses après-midi quand il s'éclipsait sous divers prétextes, mais il n'avait pas su résister. Après tout, c'était un jeu innocent, elle lui servait sa glace, lui adressait un mot gentil et puis ils se contentaient de discuter, entre deux clients... Pourtant, Leopold savait pertinemment au fond de lui que le fait de revenir, jour après jour, n'était pas si anodin que cela. C'était plus fort que lui. Depuis qu'il avait repéré cette jolie jeune femme, vive, lumineuse, il ne pouvait s'empêcher de la désirer. Son regard s'attardait discrètement sur son décolleté généreux, mis en avant par une tenue estivale légère, il accrochait la naissance de ses seins et descendait jusqu'à se perdre le long de ses jambes nues et galbées, recouvertes d'un bronzage dont il rêvait la nuit. Il la désirait et la voulait un peu plus chaque jour, la tentation s'accroissant à mesure que l'interdit se faisait plus prégnant, à mesure que sa relation avec Meredith se compliquait, également.

Alors ce soir, il avait commandé une seconde glace, et lui avait demandé, avec un regard appuyé, à quelle heure elle finissait son service. Une chose en avait mené à une autre, et...

Il reposa le bol de glace sur la table de nuit de la chambre d'hôtel luxueuse qu'il avait loué, puis se retourna vers Clara. Sa main, conquérante, s'aventura le long du flan de la jeune femme, avant de glisser sur sa peau douce, jusqu'à sa taille, puis un peu plus bas. Son amante bascula sur le dos, le souffle accéléré, et Leopold fondit sur ses lèvres au goût frais de chocolat, écrasant de son corps ses seins dressés vers le ciel.

Septembre 2010, Rome

"Comment oublier, en effet", répéta-t-il, entrelaçant ses doigts à ceux de Clara, se penchant vers elle à travers la table, l'air charmeur. Lentement, il captura ses lèvres en un baiser nostalgique, presque sentimental. Peut-être étaient-ce les années, le poids de la disparition de Kelsey qui pesaient sur leur couple ou bien l'appréhension de sa propre mort qu'il craignait de voir approcher, mais Leopold avait l'impression d'accorder beaucoup plus d'importance à cette idylle qu'il ne l'avait fait alors. Il avait prit beaucoup de bon temps avec Clara lorsqu'ils étaient plus jeunes, c'était évident, mais cela lui paraissait alors naturel, sans conséquences. Il prenait qui il voulait, quand il le voulait, parlait de sentiments lorsqu'il le fallait, mais sans le sentir vraiment. Et maintenant, que ressentait-il ? Un attachement profond, c'était évident, embrasser Clara, la tenir dans ses bras lui faisait un effet particulier, et c'était bien pour cela qu'il ne s'en était pas séparé, malgré les risques encourus...

*Clic*

Le son caractéristique d'un appareil photo se fit brusquement entendre dans le restaurant, accompagné par la lumière éblouissante du flash et une volute de fumée violette. Electrisé, Leopold s'écarta aussitôt de Clara et regarda de tous côtés pour trouver la provenance de ce son maudit. Alors, il avisa la silhouette reconnaissable d'un paparazzi, vêtu d'une cape bien sorcière, qui s'enfuyait par la porte du restaurant.

"Salazar !", jura-t-il avant de repousser brusquement sa chaise en arrière, pour sortir à la hâte du restaurant. Cette photo ne pouvait pas sortir de Rome. Parvenu à l'extérieur, il avisa l'homme qui courait à toute vitesse vers la sortie de l'impasse, et son garde du corps qui, dos au restaurant, la main appuyé contre un mur en une posture séductrice, contait fleurette à une immense moldue italienne, à la poitrine débordante et revêtue d'une jupe aussi courte que l'intelligence d'Alessandro.

"ARGHH ALESSANDRO ! Mais attrape-le ! Bougre de troll des cavernes ! Patate douce !", s'écria Leopold en s'étranglant d'indignation. Lui-même n'avait aucune chance, il en avait bien conscience, alors il regard avec impuissance son garde-du-corps qui réagissait avec quelques secondes de retard, et s'élançait enfin à la poursuite du journaliste. Trop tard. Alessandro revint penaud, quelques minutes plus tard, pour lui expliquer que l'homme avait trouvé un coin isolé pour transplaner, en emportant son appareil avec lui.

"Rappelle-moi pourquoi je te paie, exactement ?", cingla Leopold, l'air inquiétant, son regard noir dardé sur celui - pour une fois dénué de toute once d'insolence - d'Alessandro.

"Toutes mes excuses, monsieur le ministre, cela ne se reproduira plus", marmonna Alessandro, les yeux baissés devant Leopold comme un enfant puni par son précepteur.

"Oui eh bien, j'espère bien, j'aurais eu le temps de me faire assassiner tranquillement pendant que tu draguais mademoiselle, on ne peut pas faire ce genre de chose en même temps, je te signale alors il serait bon de penser avec autre chose qu'avec ton..."

Mais Leopold n'eut pas le loisir d'achever cette tirade poétique, puisque Clara venait de sortir à son tour du restaurant, pour s'enquérir de la situation. Leopold remit donc à plus tard l'assassinat de son Nouvel Alan pour se tourner vers sa maîtresse. Quelque chose de lourd tomba dans sa poitrine à la vision du visage inquiet de Clara. Cette fois, il était fait comme un rat. Affiché dans tous les journaux people du pays dès l'édition spéciale du soir, et il n'en faudrait pas beaucoup plus à la presse anglaise pour relayer l'information, même s'il tentait de l'étouffer. C'était trop tard.

Merlin, Rosaleen...

"Bon, eh bien, allons manger ce repas", souffla-t-il en posant une main dans son dos pour l'inciter à rejoindre l'intérieur. "Foutu pour foutu..."
Métamorphomage
MétamorphomageMoldu
Messages : 2378
Profil Académie Waverly
Vacances romaines [Leopold] Icon_minitimeDim 29 Déc 2019 - 20:44
Vacances romaines [Leopold] 1906161058183452
Clara Lorgan - 48 ans - Fleuriste


Clara entremêla doucement ses doigts à ceux de Léopold et lui adressa un sourire tendre par dessus la table. Retrouver son ancien amant lui avait fait beaucoup plus de bien qu'elle ne l'aurait imaginé. Leur relation, à l'époque, n'avait jamais eu l'intensité et la force qu'elle avait aujourd'hui. Elle avait toujours énormément compté aux yeux de Clara, qui savait que Léopold était le véritable père de sa fille, mais elle s'était persuadée que cette histoire n'avait eu aucune importance pour lui. Pourtant, vingt ans plus tard, le regard de son amant semblait vouloir lui dire le contraire.

Ils étaient débarrassés des illusions de la jeunesse mais étaient prêt à s'accepter avec leur passé commun mais aussi avec leurs bagages respectifs. Ils avaient vécu beaucoup de choses, chacun de leur côté, et avaient traversé de nombreuses épreuves, mais ils s'étaient retrouvés. Et à cet instant c'était tout ce qui importait. La fleuriste laissa un sourire amusé se dessiner sur ses lèvres en écoutant Léopold s'essayer à l'italien pour passer leur commande. La serveuse finit par s'éloigner, après avoir eu pitié d'eux et adopté l'anglais, et Clara plongea de nouveau son regard dans celui de son amant. Elle se pencha légèrement sur la table pour accueillir son baiser au goût de nostalgie.

La fleuriste avait à peine fermé les yeux qu'elle sentit un flash de lumière derrière ses paupières clauses, juste avant que Léopold ne s'écarte brusquement d'elle. Perplexe, elle observa le ministre se lever de sa chaise pour s'élancer à la poursuite d'un homme qui venait de sortir en courant du restaurant, un appareil photo à la main. Clara blêmit et porta une main à sa bouche pour étouffer un juron alors qu'elle comprenait ce qui venait de se passer.

Elle se leva à son tour et voulut rejoindre Léopold à l'extérieur mais fut aussitôt interceptée par leur serveuse qui semblait s'inquiéter de ce qui se passait. Clara lui assura que la situation était sous contrôle, et s'opposa fermement à ce que quiconque n'appelle la police. Elle rejoignit Léopold au moment où son garde du corps lui annonçait que l'individu avait transplané avec son appareil photo. Un poids tomba au creux de son estomac alors qu'elle prenait brutalement conscience de ce que cela signifiait. Elle qui avait toujours été tristement anonyme serait bientôt connue comme la maitresse du Ministre de la magie...

Sa mine inquiète croisa le regard résigné de Léopold et elle comprit qu'il n'avait pas de solution miracle, et qu'il leur faudrait affronter ce problème d!s le lendemain. Clara se força à adresser un maigre sourire à son amant alors qu'il glissait une main dans son dos, mais le coeur n'y était plus. Sa petite bulle de tranquillité venait de lui éclater au visage et elle était effrayée de ce qu'elle allait trouver à l'extérieur. Il avait été si facile pour elle d'oublier la fonction de Léopold qu'elle n'avait pas réfléchi à ce qu'ils risquaient si leur relation venait à être rendue publique.

"Je comprendrais si tu préfères rentrer à Londres..." souffla-t-elle en songeant qu'il avait peut-être besoin de prévenir son équipe de relations publiques -et sa femme !- avant qu'ils n'apprennent la nouvelle.

Elle-même ne s'inquiétait pas trop de la réaction de son mari. Non seulement Tony ne lisait pas la presse sorcière, et en plus ils avaient abandonné le concept de fidélité il y a des années. Ils continuaient de faire l'effort de se cacher leurs relations adultères mais aucun d'entre eux n'étaient dupes. Il ne serait probablement même pas déçu.

Léopold semblait toutefois désireux de remettre tous ces problèmes à plus tard et de profiter de la fin du diner, ce que Clara approuva d'un hochement de tête. Ils n'avaient probablement plus que quelques heures de tranquillité devant eux, alors autant en tirer le maximum, ils seraient mis face aux conséquences de leurs actes bien assez vite.
RP Terminé
Contenu sponsorisé
Profil Académie Waverly
Vacances romaines [Leopold] Icon_minitime