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Drink Myself Single [Abel]

Isobel Lavespère
Isobel LavespèreChargée de communication
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Profil Académie Waverly
Drink Myself Single [Abel] Icon_minitimeJeu 21 Mar 2019 - 23:35
23 Juillet 2010

Une langoureuse soirée d'été battait son plein aux Folies Sorcières. Les lumières de la fête s'échappaient jusque sur la plage, caressant les pavés et le sable alors que la musique et le brouhaha agitaient la jetée. Isobel avait fui la clameur et la chaleur de l'intérieur, les rires avinés et les chaises qui raclaient le sol. Elle était passée par les couloirs feutrés qui étouffaient les tintements de l'aile ouest, elle s'était glissée devant quelques Veilleurs aux yeux mornes qui avaient tourné la tête sur le passage de sa robe noire. Le tissu fluide semblait caresser l'air à chaque pas, berçant son avancée dans l'obscurité du cabaret. Finalement, presque brusquement, elle trouva l'air qu'elle recherchait. Elle avait poussé deux lourdes portes vitrées qui avaient soupiré à son passage, laissant la brise marine se faufiler au travers des lourds rideaux cramoisis.

Le remous des vagues étouffait le tumulte de la soirée, les vagues se brisaient et se reformaient contre la digue. La plage lui apparaissait vide, comme abandonnée. Les quelques silhouettes qui écrasaient les pavés semblaient appartenir aux Miliciens, leur cape s'emmêlait presque sous le vent. Isobel s'avança jusqu'à la lourde balustrade de pierre et y posa ses coudes. Elle s'ancra dans ce froid contact sur sa peau, ferma les yeux face au vent qui enchevêtrait ses cheveux. Elle poussa un soupir qui s'empressa de disparaître, emporté par l'air de la mer. Elle rouvrit les yeux, posa ses mains sur la balustrade comme pour en lisser les aspérités. Sa tête tournait. Elle redressa le dos, ancra ses pieds dans le sol mais sa cheville semblait fragile sur les fins talons qui élançait sa jambe.

Elle ne savait pas si elle avait le droit d'être là. Elle avait parcouru les couloirs avec l'air de celle qui sait où aller. Elle avait perdu son verre de bourbon quelque part dans les étages. Elle avait une veste, à un endroit, délaissée sur une chaise ou un sofa. Son sac tissé de perles reposait sur le sol, elle ne savait où, la bandoulière coincée sous le pied d'une table. Elle était arrivée il y a quelques heures et elle avait trinqué avec Sofya, parce que Sofya était Sofya et avec Toni, parce que Toni était Toni et ensuite parce que Ignacio lui avait offert un verre puis elle en avait repris un, parce qu'elle le décidait et autre, pour embêter Roy. Et un autre. Pour le plaisir. Elle avait dansé, parce qu'elle savait danser, elle avait ri, parce qu'ils étaient drôles et parce que c'était drôle et parce qu'elle avait dansé et parce qu'elle avait ri et dansé. Elle ne savait plus vraiment précisément mais était-ce important ? Elle avait parlé, elle le savait, de longues phrases sérieuses avec des mots compliqués dont elle avait écorché les syllabes au fur et à mesure des heures. Elle avait égrainé la carte des vins, les grandes déclarations, les partenaires de danse. Elle avait compté les lignes sur la main de Roy, en la tenant serrée entre ses doigts, très sérieusement, les sourcils froncés et l'air absorbé. Elle avait serré Sofya dans ses bras, parce qu'elle l'aimait, elle avait appuyé son visage dans ses mains et elle avait observé les reflets de lumière sur les cheveux de son amie et elle avait déclaré, d'un ton très solennel, que c'était très beau. Vraiment très beau. Elle avait dansé, il lui semblait. Mais il faisait chaud, alors elle avait bu pour avoir moins chaud mais elle avait eu plus chaud et elle s'était levée brusquement, elle avait raclé sa chaise sur le sol et elle était partie. Elle avait trouvé sa terrasse, le vent virevoltait autour d'elle et elle avait le pied cambré, danseuse inégale soufflée par ce qui l'entourait.

Dans sa main, il y avait une pierre mais en fait, ce n'était pas une pierre car elle faisait de la lumière donc c'était son PearOne et elle l'ouvrait, la teinte bleutée illuminait son  visage et obscurcissait ses pupilles. Elle l'ouvrit, elle le ferma et elle le rouvrit mais elle le ferma parce qu'elle ne l'avait pas bien ouvert alors elle le secoua et voilà, cela semblait bien, très bien même, cela fonctionnait très bien et elle le dit, même, relevant la tête et hochant plusieurs fois de cet air très sérieux.

- Ça marche bien.

Le vent poussait ses cheveux dans son visage et cela l'embêtait, l'irritait, elle souffla fort, les repoussa de ses mains mais ils n'en faisaient qu'à leur tête et elle leur jeta un regard sombre, levant l'index dans les airs pour les avertir que ça suffisait, maintenant, on arrête. C'était parce qu'elle était dehors mais elle ne voulait pas être dedans parce qu'elle avait chaud et puis parce qu'elle s'ennuyait, elle ne voulait plus vraiment danser mais elle ne voulait pas rentrer chez elle parce que. Elle lâcha le Pear et il vint heurter le sol, dans un bruit sourd et il se fit mal, sûrement, Isobel le sut.

-Aïe, marmonna-t-elle.

Elle se pencha pour le reprendre et puis on était bien, là, moins haut, elle s'assit par terre et passa ses doigts sur l'objet, parce qu'il avait une rayure qu'elle trouva fascinante à la lumière volée des fenêtres. Elle l'observa, de très près, le petit poudrier faisant voleter des rais de lumière sur ses joues. Elle finit par l'ouvrir. Elle ne voulait pas que ce soit cassé parce que, après, elle ne pourrait plus l'utiliser et elle l'utilisait, elle s'en servait et parce que Abel était loin alors elle l'utilisait parce que sinon, ils ne parlaient pas et Sofya avait dit des choses à ce sujet tout à l'heure mais Isobel n'avait pas écouté, elle avait secoué la tête, froncé les sourcils et fait "Pfff" de son air le plus fâché. Elle était fâchée. Elle fit défiler la lumière bleue, encore, les écritures dont les lettres étaient enchevêtrées par le vent et elle cliqua sur Abel parce qu'elle était fâchée et que c'était pas cassé. Il y eut un bip et elle sursauta, regard autour d'elle et fusilla du regard quelque chose, parce que ça faisait du bruit alors qu'elle était au téléphone !

-Chut, fit-elle.

Il y eut la voix d'Abel et elle fronça les sourcils, levant un index en direction du petit Abel dans sa main.

- Je.

Le vent soufflait et lui avait volé son mot.

- J'ai pas cassé le truc.
HRP:


« I never knew you were the someone waiting for me »
Abel Laveau
Abel LaveauArchimage urbaniste
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Drink Myself Single [Abel] Icon_minitimeVen 22 Mar 2019 - 1:02
« La nouvelle gare de Portoloin devrait s’implanter sur ce boulevard. On pensait installer un service de Balib’ pour les sorciers qui souhaitent louer des balais, juste en face, au niveau du parvis. »

D’un coup de baguette, l’un des archimages fit apparaître de la couleur pour mettre en valeur les multiples bornes de Balib’ disséminées dans la maquette du quartier, sous le regard attentif d’Abel. C’était la quatrième proposition de ses employés depuis le début de la semaine sur l’aménagement de cette section d’espace public dont ils devaient présenter une version à leur client dès lundi. Il n’avait eu de cesse de leur faire recommencer leurs esquisses qui ne le satisfaisaient pas totalement mais cette fois, aucune interruption de sa part n’avait ponctué le déroulé de leur discours, ce qui était plutôt bon signe. Chacun le savait, chez Laveau&Wells, quand le premier ne disait rien et que le second faisait une plaisanterie, cela signifiait que le projet était sur les bons rails. Le deuxième signe arriva justement, quand Isaac lança :

« Eh bien, c’est monsieur le maire qui va être content, on est en train de faire le projet qui va lui permettre d’être réélu ! »

Un rire secoua le petit groupe et détendit quelque peu l’atmosphère électrique de ces réunions qui mettaient à l’épreuve les idées de chacun. Le micro-sourire d’Abel ne dura pas bien longtemps car son attention fut détournée par son Pear One qu’il sentit vibrer dans sa poche. Profitant du bref moment de déconcentration générale, il sortit discrètement son appareil. La perplexité s’imprima sur son visage quand il lut le nom qui s’affichait sur son écran. Cela lui arrivait de recevoir des appels de la part d’Isobel le matin, parce que son heure de coucher coïncidait à peu près avec l’heure à laquelle il se préparait pour aller au bureau, avec le décalage. Cette fois, la matinée était bien entamée, il devait être deux heures du matin à Londres, au moins, que pouvait t-elle bien vouloir lui dire à une heure pareille ? Un instant, il envisagea de refuser l’appel et la recontacter plus tard, quand sa réunion serait terminée, ce qui serait l’affaire d’une vingtaine de minutes tout au plus. Puis un doute l’assaillit, l’empêchant de cliquer sur la petite poire rouge. Isobel connaissait son emploi du temps, elle savait qu’il était occupé à son bureau et s’il y avait un point commun qu’ils partageaient tous les deux, c’était la valeur qu’ils accordaient à leur travail. Si elle essayait de le joindre sur cette horaire, elle avait sûrement une bonne raison de le faire. Abel finit par sortir de son incertitude et interrompit la conversation qu’il n’écoutait plus du tout depuis quelques secondes, sous les regards interloqués de ses collaborateurs :

« Je suis désolé, je dois prendre cet appel. Continuez sans moi. »

Signe ultime que ce projet était montrable à des clients, Abel laissa la discussion se terminer sans lui et se hâta de rejoindre un couloir plus tranquille. Après avoir vérifié qu’il était seul, il appuya enfin sur la poire verte, un peu inquiet de ne pas savoir à quoi s’attendre. Rien de grave, espérait t-il. L’hologramme qui s’afficha l’interpella, non pas à cause de l’expression d’Isobel qu’il ne distinguait pas vraiment, sur une si petite taille, mais plutôt la position dans laquelle elle était. Assise sur le sol, les jambes étendues devant elle, le dos voûté. Dans l’attente de quelque chose. La fin de sa phrase, peut-être. Ou le bonjour de politesse qu’elle avait oublié.

« Hein ? »

Fut tout ce qu’il trouva à répondre. Un bref silence ponctua cet étrange début d’appel. À la fois interloqué et inquiet face à son entrée en matière qui n’avait tout simplement aucun sens aux yeux d’Abel, il relança :

« De quoi tu parles ? Ça va ? »


Abel Laveau
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Isobel Lavespère
Isobel LavespèreChargée de communication
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Drink Myself Single [Abel] Icon_minitimeVen 22 Mar 2019 - 1:18
Abel était vraiment tout petit. Isobel n'avait jamais réalisé à quel point il était tout petit petit. Il tenait dans sa main et c'était fort tout de même parce qu'elle l'avait toujours pensé plus grand... Comme pour vérifier sa théorie, elle passa les doigts à travers l'hologramme qui se brouilla quelques secondes. Cela la fit un peu rire. Un Abel brouillé, c'était comme... Des oeufs. Brouillés. Elle avait la tête qui tournait quand même mais c'était parce que la terrasse bougeait beaucoup parce qu'il y avait du vent alors ça tremblait beaucoup, ça faisait tourner la terrasse. Elle se mit à deux mains pour tenir Abel parce qu'il ne faudrait pas qu'il tombe par terre quand même. Il lui parlait et elle cligna des yeux avant que ses mots ne se faufilent quelque part dans son cerveau. Elle n'avait pas compris. Elle roula un peu des yeux.

- Le truc... Il est tombé mais c'est pas cassé.

La lumière bleue semblait manger son visage. Ses chaussures lui faisaient mal aux pieds et elle secoua les orteils comme si cela allait changer quelque chose. Elle tendit le bras pour les retirer mais son bras était trop court pour atteindre le bas de sa jambe. Oh non, elle allait devoir les garder pour toujours... Elle contempla ses talons aiguilles avec tristesse, une moue très chagrinée sur le visage.

- J'ai mal aux pieds... murmura-t-elle.


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Abel Laveau
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Drink Myself Single [Abel] Icon_minitimeJeu 28 Mar 2019 - 21:06
Le truc, mais quel truc ? Abel ne répondit pas, dans l’attente d’une précision de la part de sa copine, mais rien ne vint. Elle laissa sa phrase en suspens et il la vit gigoter, sans comprendre ce qu’elle était en train de faire. Elle parut profondément dépitée en annonçant soudainement qu’elle avait mal aux pieds. D’abord, elle lui parlait d’un truc cassé -ou plutôt, pas cassé s’il avait bien suivi- maintenant elle lui parlait de ses chaussures. Rien ne semblait cohérent dans cette conversation. Abel ne chercha qu’à récolter des indices pour comprendre ce qui se passait en lui demandant :

« C’est pour ça que tu es par terre ? Où est-ce que tu es ? »

Ecoutant sa réponse d’une oreille, il consulta sa montre machinalement. Lui qui pensait que quelque chose de grave s’était produit… Isobel n’avait pas l’air de subir une urgence, elle semblait seulement chiffonnée, pour une raison qui lui échappait.

« Ecoute, j’étais en réunion là… Tu voulais me dire quelque chose ? »


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Isobel Lavespère
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Drink Myself Single [Abel] Icon_minitimeJeu 28 Mar 2019 - 21:50
- Non, répondit Isobel avec brusquerie, fronçant les sourcils.

Ce n'était pas pour ça qu'elle était par terre. Elle était par terre, parce que... Elle ne se rappelait plus trop. Avant, elle était debout. Et maintenant, elle était par terre. Elle ne savait plus trop quand elle était passée de par terre à debout.... Non c'était pas ça. De debout à par terre. Par contre, elle savait très bien où elle était parce qu'elle aimait bien y venir et puis ça appartenait à son meilleur meilleur meilleur ami donc elle savait bien.

- Je suis aux Folies ! Les Folies. Sorcières, précisa-t-elle soigneusement. Regarde ! ajouta-t-elle en déplaçant vaguement le Pear One.

Elle ne réussit à filmer que le sol avant de revenir à son visage. Quand Abel dit qu'elle était en réunion, Isobel se dit, que d'accord, il était en réunion, Môssieur était en réunion à... elle ne savait pas l'heure mais d'abord, il faisait nuit donc il était en réunion et hein. En plus il lui demandait quelque chose et il lui semblait qu'elle voulait quelque chose mais elle ne savait plus trop ce que c'était mais elle le voulait et elle ne l'avait pas.

- Ouiii.


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Abel Laveau
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Drink Myself Single [Abel] Icon_minitimeJeu 28 Mar 2019 - 22:10
A l’instant où Isobel révéla le lieu où elle se trouvait, Abel parvint à reconstituer une logique au comportement et au discours qu’elle tenait, une logique si simple et évidente qu’elle lui échappa davantage comme une affirmation que comme une question :

« Tu es bourrée. »

Cet enchaînement de phrases incohérentes et l’espèce de maladresse avec laquelle elle parlait et faisait bouger son Pear One trouvaient tout son sens avec cette nouvelle information. Il aurait pu y penser plus tôt, vu l’heure qu’il était en Angleterre. Quelque chose comme deux heures du matin. Un soupir échappa à Abel qui s’adossa contre le mur, comme si une légère tension le quittait. Il préférait cette explication même si c’était quelque peu contrariant d’être tiré d’une réunion de travail parce que sa copine avait un peu trop bu et avait songé que c’était tout à fait le moment d’appeler sans prévenir, pour ne rien dire. Il avisa du regard le couloir où il se trouvait, vide et silencieux. Personne ne viendrait les déranger et ses collaborateurs n’avaient pas forcément besoin de lui pour clore leur discussion. Cet appel pouvait être le prétexte à prendre une pause, finalement. Avec le gros décalage horaire, il avait trop peu l’occasion de parler de vive voix avec Isobel.

Son regard revint sur l’hologramme qui montrait la figure contrariée de sa petite amie. Il aurait pu s’apercevoir plus tôt qu’elle était pompette car quelques signes la trahissaient. Elle arborait une expression un peu bravache, une lueur de défi dans le regard, le nez plissé de contrariété et en même temps elle manifestait une espèce de candeur quand elle parlait, c’était une frimousse plutôt attendrissante quand on regardait bien… Un sourire perça finalement ses lèvres.

« Eh bien, je t’écoute. »


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Drink Myself Single [Abel] Icon_minitimeJeu 28 Mar 2019 - 22:55
- Non, répéta une nouvelle fois Isobel quand Abel déclara qu'elle était bourrée. J'ai pas bu. Enfin, un peu. J'ai bu... Elle fouilla dans sa tête et tenta de compter sur ses mains, mais le Pear One s'écrasa sur le sol. Oh non, t'es tombé...

Elle le ramassa et souffla sur Abel pour qu'il ne prenne pas la poussière. Il lui semblait que son PearOne était beaucoup tombé par terre mais il n'était pas cassé. Alors pas grave. En plus Abel était encore là, enfin, il n'était pas là vraiment parce qu'il était au Japon et cette information contrariait beaucoup Isobel qui fronçait les sourcils. Il l'écoutait, il disait mais il était au Japon. Et elle ne savait plus pourquoi il l'écoutait. Elle ne savait même plus quand est-ce qu'elle avait appelé.

- Je sais plus.


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Drink Myself Single [Abel] Icon_minitimeSam 13 Avr 2019 - 23:18
Réaction typique d’une personne trop bourrée, Isobel refusa de reconnaître son état, ce qui donna un indice à Abel sur le nombre de verres qu’elle avait bu : beaucoup trop. La maladresse avec laquelle elle manipula son Pear One le confirma. Abel vit l’hologramme tanguer pendant quelques secondes puis l’image finit par se stabiliser sur une Isobel affichant une expression froissée. Dans cette situation, il était difficile d’avoir une véritable conversation avec elle, comme le montra sa réponse suivante. Elle ne savait plus ce qu’elle voulait lui dire. Un soupir échappa à Abel qui hésita un instant. Son regard se détourna, comme si la bonne réponse à donner se trouvait quelque part sur les murs du couloir, ce qui n’était évidemment pas le cas. Etait-ce une bonne idée de creuser pour la pousser à se rappeler les raisons pour lesquelles elle l’appelait ? Elle affichait une moue contrariée qui n’engageait pas forcément à la discussion et surtout, il y avait des chances pour que la discussion en question ne soit constructive pour personne, vu l’état dans lequel elle se trouvait.

D’un autre côté, couper court à l’appel maintenant revenait à laisser plusieurs questions en suspens, chose dont avait horreur Abel. Il finit par demander, en espérant l’amener à sortir ce qu’elle avait dans sa petite tête, derrière cet air ennuyé :

« Ça va, au moins ? »


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Drink Myself Single [Abel] Icon_minitimeMar 16 Avr 2019 - 21:48
Isobel fronça les sourcils quand Abel lui demanda si cela allait et elle prit le temps de réfléchir très sérieusement à cette importante question. D’abord, elle avait froid. Parce que le vent soufflait. Et dans sa tête, elle avait une veste mais sa veste s’était sauvée. En plus elle avait fait mal au Pear One et il était rayé comme une ride et c’était moche parce qu’elle n’aimait pas que ses affaires soient abîmées. Sans beaucoup de respect pour son interlocuteur, elle retourna complètement l’appareil pour observer le dessous et la trace laissée par la chute. Elle soupira, eut une moue dépitée. Elle finit par remettre Abel à l’endroit. En plus c’était nul de parler à Abel dans le Pear parce qu’il n’était pas là sinon ils ne parleraient pas dans le Pear mais ils parleraient dans le Pear de la vraie vie mais il était là, non, pas là, il était au Japon. Cette pensée confuse faisait naître chez elle une certaine contrariété qui sortit avec franchise :

- Tu me manques beaucouuuup.

Sa voix avait trainé sur les dernières syllabes, ces dernières avaient été un peu pâteuses, écorchées par le septième verre de bourbon.


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Abel Laveau
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Drink Myself Single [Abel] Icon_minitimeDim 21 Avr 2019 - 18:28
Distinguer précisément les traits de son interlocuteur Pear One sur le petit hologramme qui émanait du poudrier était une entreprise difficile mais Abel eut l’impression qu’une note de tristesse passait sur le visage d’Isobel, avant qu’elle ne se mette à secouer son appareil dans l’autre sens. Il eut donc un aperçu de ce qui semblait être des dalles de pierre dans la plus grande confusion, ce qui le fit répéter :

« Ça va ? Qu’est-ce qui se passe ? »

Isobel remit son appareil à l’endroit à cet instant, laissant voir une mine frustrée. Abel, qui s’attendait à moitié à l’entendre lui faire un reproche -de type, je ne suis pas contente que tu sois loin au Japon- fut un peu surpris de la tournure de la phrase qui lui échappa. Sensiblement, le contenu était le même mais la formulation laissait apercevoir autre chose que l’espèce de colère et la posture de distance qu’elle adoptait à chaque fois qu’ils parlaient de sa situation. Pourtant, elle ne venait pas de dire quelque chose qu’Abel ne savait pas déjà, mais l’entendre avait un tout autre effet. Il sentit une légère tension le quitter et se faire remplacer par une espèce de mélancolie qu’il exprima à son tour :

« Tu me manques aussi. »

La pudeur l’avait fait parler à voix basse. Il se sentit aussitôt inconfortable dans ce couloir qui n’était pas vraiment l’endroit idéal pour avoir ce genre de conversation intime avec elle. Il lui demanda donc d’attendre quelques secondes, le temps de franchir quelques mètres jusqu’une petite terrasse souvent utilisée par les fumeurs, qu’Abel décida de s’approprier pour une poignée de minutes. Il reporta alors son attention sur l’hologramme de sa copine. Les moments où ils pouvaient parler de son éloignement sans qu’elle ne se braque étaient rares, pour ne pas dire inexistants. L’alcool devait certainement jouer un rôle dans le fait qu’elle accepte de baisser sa garde, songea t-il.

« Je reviens le week-end prochain » annonça t-il. « C’est bientôt… »

Elle le savait mais peut-être cette information s’était t-elle perdue quelque part dans son esprit embrumé ?


Abel Laveau
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Drink Myself Single [Abel] Icon_minitimeDim 21 Avr 2019 - 22:58
Isobel se sentait brusquement triste et elle regardait le petit hologramme avec désolation. Il était. Au Japon. Et le Japon c’était loin. Elle tourna brièvement la tête vers la balustrade de pierre épaisse, comme si elle allait brusquement apercevoir l’archipel, avant de reporter son attention saccadée sur son Pear. Elle manquait à Abel, il disait, sauf qu’il était parti au Japon et il ne lui avait même pas dit enfin si, si, si, si, il lui avait dit, mais pas tout de suite, enfin, trop tard, enfin il lui avait dit mais non. Elle soupira profondément, vidant tout l’air de ses poumons, brusquement fatiguée. Elle avait envie de s’allonger. Alors elle le fit, sur la pierre froide, se tournant sur le côté. Elle avait le Pear à hauteur de visage, tandis que ses cheveux noirs se répandaient sur le sol de la terrasse. La lumière crue de l’hologramme semblait dévorer son visage. Elle observa Abel se déplacer, sans vraiment trop comprendre, et soupira de nouveau.

- Oui, dit-elle. Longue pause. Mais tu restes pas beaucoup…


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Abel Laveau
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Drink Myself Single [Abel] Icon_minitimeLun 22 Avr 2019 - 13:37
Quand Abel fut arrivé sur la terrasse et put reporter son attention sur son Pear One, il remarqua l’étrange façon dont les cheveux d’Isobel auréolaient son visage et comprit qu’elle s’était allongée. Où se trouvait t-elle ? Il ne reconnaissait pas le lieu avec le peu d’indices que lui fournissait l’image et ce n’était pas forcément le moment de demander. La contrariété d’Isobel avait laissé place à une espèce de tristesse qui imprimait son visage. Il se retint de soupirer à son reproche qu’il n’entendait pas pour la première fois. Il faisait son possible pour revenir un week-end sur deux mais rien ne semblait pouvoir apaiser le ressentiment d’Isobel. Les moments qu’ils passaient ensemble quand ils se retrouvaient étaient les fantômes de ce qu’ils auraient dû être. Abel la quittait toujours avec cette pesante impression qu’il ne s’était pas tellement rapproché d’elle, alors qu’il faisait des milliers de kilomètres pour venir la voir.

Mais revenir sur ce sujet alors qu’il était à son bureau et qu’elle était de toute évidence ivre lui semblait être une entreprise vouée à l’échec et même, dangereuse, alors Abel tint sa langue. Il préféra rediriger la conversations vers des perspectives plus agréables, se forçant à sourire pour évacuer la tristesse qu’il lisait encore sur l’expression d’Isobel :

« On fera quand même un truc sympa… Tu voulais qu’on se fasse un week-end en bord de mer, non ? »


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Drink Myself Single [Abel] Icon_minitimeJeu 25 Avr 2019 - 0:31
Isobel hocha la tête sur le sol quand Abel mentionna leur week-end à la mer. Oui… Ils avaient dit quelque chose comme ça, elle en retrouvait un vague souvenir quelque part. Aller au bord de la mer. L’été. Parce que Abel était au Japon. Elle n’avait pas envie qu’il soit au Japon, elle avait envie qu’il soit là, là tout près, et là. Mais il n’était pas là. Elle soupira de nouveau et étouffa un bâillement. Elle avait bien envie de dormir mais d’habitude, elle dormait avec lui et il était un oreiller et c’était bien. Mais là il n’était pas là.

Elle tendit le doigt pour caresser la joue du petit hologramme mais sa main passa au travers, perturbant l’image quelques instants. Elle s’en retrouva fort triste et cela se lut sur son visage. Elle avait envie de pleurer maintenant et elle renifla un peu. Il faisait froid sur le sol de pierre, sa robe noire était un peu remontée, ses jambes nues avaient la chair de poule.

- Je t'aime tu sais, chuchota-t-elle. Très fort.


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Abel Laveau
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Drink Myself Single [Abel] Icon_minitimeSam 4 Mai 2019 - 10:47
La tristesse qui se lisait sur le visage de sa petite amie frappa Abel car elle ne s’embarrassait pour une fois d’aucun filtre. Si Isobel n’avait aucune retenue à dévoiler sa colère ou sa contrariété, elle était beaucoup plus réservée quand il s’agissait de montrer qu’elle était blessée, triste. Bien souvent, les premiers sentiments servaient d’épaisses carapaces aux seconds. Il semblait que cette fois, sur cette terrasse où elle l’appelait en pleine nuit, à des milliers de kilomètres, Isobel se retrouvait nue, sans défense. Même à travers cette forme d’halo évanescent sous laquelle elle apparaissait, sa peine était parfaitement tangible, profondément sincère.

Les quelques mots qu’elle souffla touchèrent tout autant Abel, pas parce qu’elle ne le disait jamais, mais parce que c’était la première fois qu’il l’entendait de sa part sur un ton si affligé. Il en ressentit un coup au coeur qu’il eut du mal à masquer, lui aussi. Derrière ces mots et ce regard malheureux qu’affichait Isobel, il avait l’impression d’entendre autre chose, comme un appel douloureux auquel il ne pouvait pas répondre. Lui aussi, il avait envie de la serrer dans ses bras, d’étouffer dans une étreinte cette peine qu’ils intériorisaient beaucoup trop, l’un comme l’autre. Un rempart se fragilisa chez Abel aussi, il s’appuya sur la balustrade, fermant brièvement les yeux, comme pour contenir cette montée soudaine de mélancolie. Quelques secondes silencieuses s’écoulèrent, où il ne fit que contempler le visage immatériel d’Isobel, qu’il ne pouvait caresser qu’avec ses yeux. Sa lutte pour ne pas se laisser aller aux regrets et à un abattement qui ne leur ferait aucun bien le poussa à renchérir sur le sujet de leurs vacances, seule perspective réjouissante dont ils pouvaient parler tous les deux, à cet instant :

« On pourrait aller en Bretagne… C’est plus calme que la Méditerrannée en août. On serait tranquilles… » souffla t-il.


Abel Laveau
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