#mentoo [OS]

Lundi 2 Août 2010, Siège de Multiplettes, Bristol.

En homme d'expérience, Aziz Lafwin n'était pas né de la dernière pluie pour savoir qu'il n'était jamais très bon de se rendre un lundi matin dans le bureau de la Rédactrice en Chef de Multiplettes. En effet, après un long dimanche ennuyeux à chercher un subterfuge pour tromper la solitude de son palace doré ; Mildred revenait souvent habitée d'une humeur incroyablement exécrable. Bref, il n'était pas très bon de se retrouver le lendemain, en tête à tête avec l’acariâtre sorcière cernée. Bon sang! Que lui voulait-elle? Aziz avait beau tourner et retourner la question dans sa tête, rien ne venait éclaircir les doutes subsistant à l'égard de cet entretien. En règle générale, cela pouvait signifier trois choses : 1/ Soit vous étiez viré - 2/ Soit une montagne de travail vous attendait - 3/ Soit vous alliez passer à la casserole. Aucune de ses probabilités n'avait de quoi enchanter le petit journaliste ambitieux, qui osait pourtant croire encore en ses chances d'obtenir une promotion. Mildred Magpie ne lui avait-elle pas promit de faire de lui le numéro deux de la rédaction?

Comme à son habitude, l'hypocrite petit chef de la rubrique PPF (Potins&People &Fashion), frappa avec entrain la porte de bureau qui le séparait encore de son ignoble patronne. Il prit alors une longue inspiration, avant de simuler son sourire le plus flatteur et entrer dans l'antre de la cougar.

"Mildred! Quel ravissement que de vous voir! Même en ce Lundi si maussade, vous demeurez d'une beauté rayonnante! Mais quel est donc le secret de votre fraicheur exaltante! " s'exclama-t-il encore avec feinte dévotion. En expert de la haute-couture, son regard avisé se posa immédiatement sur la tenue en fine broderie rose de Mildred Magpie.   "Mais dîtes-moi : Ce haut vous va à ravir! Est-il brodé à même le corps, ou est-ce simplement votre gracieuse et si parfaite silhouette qui le sublime ? "

Relevant le menton avec orgueil, Mildred afficha cette moue détestable qu'elle arborait quand elle se sentait flattée dans son égo, avant de désigner impérieusement un siège molletonné à son employé.

"Merci Aziz. C'est gentil. Mais trêve de banalité, je t'en prie, installes-toi. J'ai une nouvelle grandiose à t'annoncer... "

Une bonne nouvelle? Vraiment? Chassant ses doutes du lundi, Aziz se précipita sur le siège dans l'espoir d'entendre la promotion tant attendue de vice-rédacteur en chef de Multiplettes jaillir de la bouche de celle dont il rêvait tôt ou tard de piquer la place. Car oui, quoi de plus grandiose que de devenir le calife à la place du calife? Depuis ses touts débuts dans le journalisme, Aziz avait les dents qui rayaient profondément le parquet ciré de Multiplettes, et une volonté farouche de devenir le numéro UNO! Comme une obsession ; Chaque fois qu'il se rasait et dévisageait fièrement son propre reflet dans le miroir, il n'omettait de penser du jour tant espéré où il botterait les grosses fesses de Mildred Magpie pour lui voler définitivement la vedette. Mais dans toute ascension, il y a des paliers à respecter. Voilà pourquoi Aziz Lafwin était suspendu aux lèvres enjôleuses de sa patronne dans l'espoir de pouvoir gravir un précieux échelon.

"Aziz, mon chou. Comme tu le sais, Multiplettes ne peut se reposer éternellement sur ses lauriers et une vieille recette du succès savamment éprouvée. Notre quotidien doit sans cesse apprendre à se renouveler et s'adapter aux évolutions sociétales, afin d'offrir à nos lecteurs toute une gamme innovante d'article. Voila pourquoi, j'ai décidé de prendre le virage numérique magique, et de révolutionner en profondeur notre quotidien papier de manière à élargir le champs des possibilités en matière de diffusion. Je suis en contact avancé avec la société Vargas Corp, afin d'obtenir les droits d'une application "Multiplettes" payante, qui diffusera nos scoops en temps réels, et ce sur tous les Pear du Monde Magique. Notre journal a besoin d'un coup de jeune salvateur! "

Curieusement, Aziz se sentait exclu de cette équation de modernité. En quoi, cette révolution numérique était-elle une bonne nouvelle pour le scribouillard qui dominait en lui? Lui le spécialiste de la mode et des tendances ; Allait-il ne plus être à la page? Il jeta un regard interloqué sur la romancière avant d'exiger la suite de son récit et le rôle qui lui était attribué.

"D'accord... Même si je ne vois pas en quoi je pourrai vous être utile? "

Mais plutôt que d'épiloguer sur son cas personnel, Mildred fit part de ses intentions de restructuration totale de l'équipe. Nul doute que Aziz n'était nullement préparé à la douche froide qui était sur le point de s'abattre sur lui.

"Aziz! En Septembre, j'ai décidé de remodeler en profondeur l'équipe afin d'apporter un vent de fraicheur à notre rédaction. C'est ainsi que je vais nommer le très jeune et prometteur Sam Allport à la tête de "Mildyapart", la version numérique et magique de Multiplettes. De même que Victor Lloyd est pressenti pour s'occuper du rayon mode et tendance. En ce qui te concerne, je pensais te confier la rubrique animalière et vie sauvage... "

La mâchoire inférieure d'Aziz tomba d'un étage, alors qu'il découvrait le déroutant casting éditorial de sa rédactrice en chef. Au vue des nouvelles recrues ; Multiplettes se transformait littéralement en véritable classe biberon ou en boys-band! Pire que tout, il se voyait injustement arracher sa rubrique mode au détriment d'un infâme mannequin bellâtre sans une once d'expérience. Au delà de la compétence, Mildred ne faisait que s'entourer d'individus jeunes et vigoureux susceptibles d'assouvir son insatiable appétit sexuel! Aziz se sentait totalement floué! Avait-elle oublier son travail, son investissement, et les sacrifices qu'il avait consenti pour répondre à ses attentes ? Et que dire des innombrables cadeaux qu'il lui avait généreusement ramené des podiums de Paris et de Milan? Bien plus qu'une effroyable garce sans scrupule, Mildred était l'incarnation même de l'ingratitude! L'odieuse reine des vautours osait même l'humiliation de le cantonner à la sordide rubrique animalière ; Celle là même dont on se servait pour allumer un feu ou recueillir la peau grasse des pommes de terre.  

"Si je comprends bien... Vous voulez que je me déleste de la fashion-week pour m'occuper de poneys en liberté, avant de concocter de jolies calendriers de boursoufs pour la période de Noël? " * Est-ce le prix à payer pour ne pas vous avoir baiser, vieille truie!? *

Aziz avait toutes les peines du monde à masquer son immense déception. La claque infligée était monumentale, et Mildred semblait s'en délecter.

"L'air de la campagne te fera le plus grand bien, crois-moi! Et je suis persuadée que tu vas t’approprier à merveille cette rubrique! D'ailleurs si les boursoufs manquent d'attrait pour toi, pourquoi ne pas orienter le choix de ton calendrier sur les alpaguas? C'est très mignon les alpaguas! Ne trouves-tu pas? "

Sourire figé, Aziz luttait intérieurement pour ne pas étrangler son immonde patronne.

*Aussi mignons que tes obus flétris, vieille alpagueuse! Puisses-tu un jour crever la bouche ouverte au beau milieu de la pampa! * fulmina-t-il intérieurement, avant de se raviser hypocritement vers une remarque ironique plus convenable.  

"En effet! C'est très mignon! Je trépigne déjà d'impatience à l'idée de pouvoir partir en Patagonie magique pour rencontrer ces charmantes bestioles pour une session shooting! Peut-être même découvrirai-je qu'elles ont plus de personnalité que certain jeune top-model dans l'air du temps! " *Et Pan! Dans ta face Victor Lloyd!*

Inutile de rester une seconde de plus dans ce temple de la méprise! Soucieux de ne pas perdre son sang froid devant cette crapule sans scrupule, Aziz se leva d'un bond pour prendre la direction de la sortie. La voix de crécelle de sa patronne résonna une dernière fois dans son dos, pour solliciter sa discrétion.

"Mon Azizounet? J'espère pouvoir compter sur ton entière discrétion? Il est préférable pour l'heure de ne point ébruiter ce que je viens de te révéler au sujet du projet de restructuration du personnel. Évitons tout désordre, tout débordement émotionnel. En septembre prochain, nombreux seront ceux qui ne feront plus partie de l'aventure Multiplettes, et je suis d'avis qu'il serait plus judicieux qu'ils apprennent la nouvelle par hiboux, dès leur retour de vacances. Je ne voudrai surtout pas sabrer l'insouciance et la candeur de leurs derniers congés. N'est-ce point trop charitable? "

Quel cynisme! La main sur la poignée de la porte, Aziz n'en revenait pas qu'elle puisse sabrer l'équipe, sa propre famille journalistique, les hommes qui partageaient son quotidien et même parfois son lit, avec autant de détachement. De plus, nul n'était à l'abri! Rien n'excluait le fait qu'il fasse lui-même partie de cette vague de départ. Mildred était assez fourbe et vicieuse pour lui avoir confier un pseudo secret qui ne demandait qu'à être révéler. Prêcher le faux pour obtenir le vrai ; En voilà, un habile stratagème pour desceller les employés les plus loyaux, au détriment de ceux qui oseront se rebeller contre ce diktat inacceptable. Aziz n'en pouvait plus de cet ambiance délétère et de ses combines insupportables et mesquines. Tout cela devait cesser! Et pour cela, il fallait faire chuter Mildred Magpie de son piédestal, et se montrer plus rusé que le diable en personne. Voila pourquoi, il prit grand soin de ne point s'offusquer du degré d'immoralité de la maudite quadragénaire milliardaire. Ajustant un dernier sourire hypocrite par dessus son épaule, il lâcha ce qu'il espérait être son dernier simulacre d'admiration et un adieu déguisé à la vieille pie...

"Quel bonté! Quelle bienveillance! Vous n’impressionnerez toujours, Miss Magpie. Quelle chance que de vous avoir comme supérieure hiérarchique! Vous pouvez compter sur mon immense discrétion. Quand il s'agit de protéger vos intérêts, je suis aussi muet qu'une pierre tombale... " *Ta tombe, vieille garce! Laisses-moi donc la creuser pour toi!*

Car oui... Aziz Lafwin était déterminé à sacrifier les douceurs de l’Été pour mener à bien un vil complot qui giclerait définitivement la reine Magpie de l'échiquier! Mais comment procéder? Pour fomenter une vengeance savamment orchestrée, le plus important était dans un premier temps de trouver un angle d'attaque et donc de tâter le pouls et la tension des acteurs en scène. Et quel meilleur terreau pour faire pousser les tiges de sa félonie que celui de la salle de pause? Cette dernière grouillait de confrères journalistes cherchant à oublier l'âpreté du Lundi matin, autours d'un beau vieux Cappuccino des familles. Lieu idéal pour embûche maximale! Mais attention! Aziz savait pertinemment qu'il marchait sur des œufs, et que parmi ses collègues, nombreux étaient les délateurs et ceux qui balanceraient lâchement ses intentions malveillantes aux oreilles de Magpie. Bref, prudence. L'efficacité de son projet machiavélique résidait dans sa discrétion. On ne devenait pas calife à la place du calife en le criant haut et fort. Il fallait savoir se montrer aussi insidieux et subtil qu'une image subliminale. Générer l'inception et l'étincelle qui mettrait le feu au gros baril Magpie. Mais pour cela il fallait trouver le client idéal ; Ou plutôt le pigeon idéal... Celui-la même qui battrait naïvement des ailes sur commandes et qui foncerait bec en avant sur le nid protecteur de l'ignoble et ô combien dangereuse pie.

Il ne lui fallut parcourir que les derniers mètres le séparant encore de la salle de pause de Multiplettes, pour que Aziz finisse enfin par croiser le vol de ce précieux pigeon.     


A peine eut-il franchit le seuil de la salle de pause, que Aziz fut frappé par l'ambiance morbide qui régnait dans ce lieu sensé être au départ un endroit aussi chaleureux que accueillant. A l'épicentre de cette dépression se tenait un Rick McClean au visage défait, prostré sur sa chaise alors que ses collèges se succédaient pour lui administrer une petite tape compatissante sur l'épaule. Avec une patronne aussi indigente et castratrice que Mildred Magpie, une forme de solidarité était née dans le cercle à 100% masculin qui composait la horde de journalistes et de paparazzis de Multiplettes. Une union sacrée du sexe soit disant fort contre la despotique sorcière, dont Aziz serait avisé de s'emparer pour mener à bien sa bataille vengeresse. Mais pour l'heure, le petit journaliste fourbe avait un Poudlard express de retard sur ses confrères. Par Merlin! Que se passait-il? Aziz détestait le fait d'être largué sur un potin! Pour se mettre au parfum, il se tourna naturellement vers l'homme le moins discret de la rédaction et le spécialiste des sports du monde Magique... L'indéboulonnable beauf aux abdominaux d'acier : Craig Dragster! Si ce dernier était bête à manger du foin, il offrait l'avantage de n'avoir aucun filtre dans ses pensées.

"Salut Craig. Dis-moi : Que se passe-t-il? Rick vient d'apprendre un décès dans sa famille ou quoi? " demanda un Aziz soucieux de découvrir les origines de ce trouble, tandis que le fan inconditionnel de Quiddith ne fit que relever un regard ahuri et vide en direction de celui qui flirtait de plus en plus dangereusement avec les limites du burnout. Chaque nouvelle semaine apportait son lot de malheur à celui qui n'était autre que le souffre-douleur préféré de Mildred Magpie.

"Oh ça... T'inquiètes. C'est juste que Rick vient d'apprendre que ses congés d’Été étaient sucrés, et qu'il allait devoir se taper l'archivage magique pour la seconde année consécutive... Bref la routine, quoi! "

En fouine flairant l'odeur du poulailler, Aziz plissa un regard malin sur le grand tourmenté de Multiplettes. Et si cet éternel tourmenté devenait son pigeon armé contre l'odieuse Magpie? Faussement concerné par les émois de son confrère pleurnichard, Aziz secoua tragypocritement la tête.

"Le pauvre! Et dire qu'il avait sacrifié l'intégralité de ses week-end pour s'offrir des vacances méritées à Brighton avec ses proches. Honnêtement, depuis qu'il remplaçait la femme de ménage, et qu'il se tapait les corvées de nettoyage ; Je pensais vraiment que Mildred ferait un geste en sa faveur... "

Craig qui dévorait des yeux le compte Twitcher de Fakir dans lequel celui-ci expliquait en détail comment éviter un croque-en-manche, finit par relever un regard inexpressif en direction d'Aziz. Le sportif arrogant libéra alors toute l'étendue de sa finesse.

"Bah, j'sais pas... P'têtre ben que la Magpie a trouvé une trace de pneu dans les water... Ou qu'il est juste trop con pour pas s'la taper... Dans tout les cas, il se tire lui-même une balle dans le fessier! "

"Le pied... On dit se tirer une balle dans le pied... " rectifia Aziz avec un certain agacement.

"Ouai enfin, bref on s'en bat la coquille. Il récolte ce qu'il saigne! Faut appeler un rat un rat! Même si c'est un mauvais moment à passer... Bah... Parfois vaut mieux se plier aux exigences de la patronne... Tu piges? "

"La routourne a tourné" - "Faute de grives, on mange des merdes! " - "Une rondelle ne fait pas le printemps" - "Il ne faut pas vendre la peau du chasseur avant de se taper l'ours!" : Brillant d'ignorance, Craig Dragster excellait dans l'art de massacrer les proverbes! Chose qui avait pour don d’énerver au plus haut point le pointilleux et vigilant Aziz. Mais le sportif arrogant n'avait pas totalement tort sur un sujet : Rick McClean était victime d'un odieux chantage sexuel de la part de sa patronne auquel il n'avait jamais rendu d'écho favorable. Certes, c'était tout à son honneur, mais cela le cantonnait à la position peu enviable d'éternel bouc émissaire de l'infâme Magpie. Et si la faille tant recherchée contre l'Empire Magpie se trouvait justement dans cet abject harcèlement sexuel?

L'affaire Virgil Forbes! La seule fois où l'impérieuse Mildred avait été désarçonné de sa monture toute puissante fut lorsque ce vulgaire gamin osa filmer et balancer sur la toile magique, les avances non consenties qu'elle avait osé formuler au Ministre. Une calomnie qui avait considérablement effritée son image de marque, mais qu'elle avait intelligemment désamorcé en la replaçant dans le cadre d'un désarroi émotionnel résultant d'un profond séisme traumatique en lien avec les évènements de la Marchebank. Bref, une énième baliverne pour quiconque fréquentait un tant soit peu la sulfureuse sorcière nymphomane. Au sein de Multiplettes, tout le monde savait... Comment pouvait-il en être autrement? Il fallait être sourd pour ne pas entendre les miaulements extravagants qui jaillissaient depuis l'intérieur du bureau de l'infatigable rédactrice en chef. Il fallait être aveugle pour ne point voir les livres et les bibelots dégringoler depuis les hauteurs des étagères, alors que de violentes secousses venaient ébranler les fondations du vieil édifice. Combien de jeunes stagiaires allaient encore perdre leur innocence? Quand prendrait fin les odieux chantages sexuels qui sévissaient au sein de Multiplettes? Comment empêcher cette prédatrice de sévir? Bien plus que sa notoriété, la véritable force de Mildred Magpie résidait dans ses jeux d'alliance avec le pouvoir et ses fréquentations douteuses avec la pègre locale. En effet, personne n'osait se confronter au service de communication du Ministère et à la cohorte d'avocats qui l'entourait comme autant de vautours autours d'une charogne. Personne ne voulait disparaitre les pieds ligotés dans les profondeurs du port de Bristol. Personne n'était assez inconscient pour oser l'affront de s'en prendre directement à Mildred Magpie. Personne ne la ferait tomber pour harcèlement sexuel. Personne sauf éventuellement un homme aussi désespéré que l'était actuellement Rick McClean...

En plus d'avoir son angle d'attaque, Aziz tenait enfin son pigeon! Rick McClean était sans conteste la pièce maitresse de son piège vengeur. Pour que le plan fonctionne, il suffisait de le convaincre de jouer le rôle de l’appât, de plonger l'hameçon pour piéger l'immonde morue, et puis de  filmer la chose pour enfin apporter la preuve incontestable du comportement déviant et dangereux de l'immonde rombière des Folies Sorcières. Rick ne pouvait refuser cette offre. Après tout, pourquoi ne l'aiderait-il pas à coincer celle qui lui pourrissait l'existence?  Pourquoi ne voudrait-il pas s'extirper de ce diabolique cercle vicieux dont il était prisonnier? Avait-il encore de la dignité à perdre? Aziz se frotta les mains avec emphase, avant de poser une question pernicieuse à celui qui lui avait inconsciemment délivré les moyens de sa vengeance sur un plateau en argent massif.

"Craig? Ce que tu es en train d'essayer de m'expliquer avec tes mots : C'est qu'il vaut mieux céder aux caprices de Magpie, plutôt que d'essayer de les combattre ensemble? Entre hommes? Tu penses que ton Fakir s'écraserait en face d'un adversaire le soumettant à un odieux croque-en-manche? Franchement, cela me déçois venant de toi... Tu as peur de la patronne ou quoi? "

D'un geste d’énervement, le Dieu du stade égratigné dans son égo jeta son Pear sur la surface de la table où séjournait son café devenu froid.

"Aziz! Stop! Là, tu mélanges les torchons avec les serviettes de bain! Moi, j'dis juste que je pleurniche pas sur mon sort. J'suis un bonhomme! Pas une pompe à vélo! Ok? Quand Magpie me fait des avances, je vais pas me défiler comme une mauviette! Je ferme les yeux! J'imagine que c'est Kessy Brooks et hop, c'est terminé! Tu prends un bain, pis t'oublies tout! Et comme ça elle te fout une paix royale la vieille pie! Y'a pas besoin de chercher midi à dix-huit heures! Tu vois? Maintenant dégages! Je voudrai pouvoir lire en paix les confessions palpitantes de Fakir sur son attrapage de vif le plus rapide de tous les temps! "

N'était-ce qu'une impression? Mais Craig Dragster n'était rien d'autre qu'une énième victime de Magpie. Il suffisait de voir sa main puissante trembler comme une feuille sous la brise automnale, pour se rendre compte à quel point cette discussion venait de lui mettre les nerfs à fleur de peau. Aziz s'en excusa.

"Désolé! C'est juste que je trouve ça un peu triste. Un beau gosse puissant comme toi mérites mieux. Pourquoi pas, une beauté comme Kessy Brooks d'ailleurs? " ajouta Aziz avec un clin d’œil complice.

"Oh t'inquiètes, je suis déjà sur le coup! C'est juste que la poulette sait pas encore qu'elle est follement amoureuse de moi! Mais tout vient à poil à celui qui sait attendre! "

Allez bon! Au prix d'un gros effort, Aziz fit mine de s'amuser de cette remarque machiste et dénuée de la moindre intelligence. Puis il suivit du regard Rick McClean, qui bouteille de Ragnarov à la main, s'éclipsait en direction du placard à archive où l'avait cantonné l'immonde Magpie.

"Bien dit, Craig... Mais maintenant, je vais devoir te laisser à ta lecture et à... Kessy. Pour ma part, je dois avoir une discussion des plus sérieuses avec Rick... "

"Ok! Mais attention mes cochons, ne faites pas trop de bêtise dans la salle des archives quand même! " se gaussa-t-il alors que ses épaules s’ébrouaient au rythme de son rire gras.

*Mon dieu... Sang vif, mais esprit lent* se désespéra intérieurement Aziz

"Comme tu sembles raffoler des proverbes ; Médites donc sur celui-ci : Quand on chatouille une truie elle se couche dans la boue... "

"Heeeeu... Je pige pas le rapport... Pourquoi une truie? "

Laissant Craig à son regard hébété et ses interrogations, Aziz se déroba comme une ombre de la salle de pause, pour suivre au vol son pigeon vengeur. Il avait un plan machiavélique à lui soumettre. Un plan qu'il fallait scrupuleusement respecter à la lettre. Un plan où chaque acteur devrait jouer sa partition à la perfection. Un plan dont chacune des étapes conduirait à lever le voile sur l'un des plus grands scandales sexuels n'ayant jamais agité le Monde Magique. Un plan répondant au nom de #balancetapie  

Héhé: