*** Première Partie : La face éclairée de la Lune ***
29 Août 2009, Demeure familiale de Margate, Kent, Angleterre.
"Allez maman! Viens te baigner ! Eva et moi, on a besoin de toi pour couler les garçons ! Alors tu viens? "
En guise de réponse, Meredith se contenta d'esquisser un bref sourire à sa fille qui s'était lancée dans une bataille des plus ardue contre son frère Walter et son père réunifiés. Mais la psychomage n'avait nulle envie de se jeter à l'eau, préférant garder ses distances de la piscine, afin de contempler bien au sec l'amusant duel aquatique que se livrait sa petite famille. Douglas se révélait être un excellent père quand il s'agissait de batifoler dans l'eau, bien meilleur que lorsqu'il s'agissait de leur faire effectuer leur devoir de révision magique. Mais Meredith ne s'en plaignait pas, tant elle avait du mal à perdre son perpétuel sérieux et s'adonner à ce genre d'amusement quelque peu infantilisant. D'une complémentarité exceptionnelle, leur couple fonctionnait comme une belle machine où chaque rouage tenait son rôle à la perfection. Si Douglas apportait la détente et la bonne humeur nécessaire à l'épanouissement de leur progéniture, Meredith de son côté savait ramener le sérieux et un calme apaisant lorsque celui-ci se révélait nécessaire. La vie n'était qu'une question d'équilibre, où chaque choix avait une place bien déterminée. Travail ou loisir, réprimande ou compliment ; Il valait mieux choisir la formule la plus adaptée. En mère attentive, Meredith veillait à toujours bien respecter ce savant dosage dans l'éducation de ses enfants. Mais pour l'heure, la priorité était à la détente, avant une rentrée qui s'annonçait des plus chargée pour les Kane.
Un gros "splash" retentit lorsque le facétieux Walter poussa la pauvre petite Eva à l'eau. Papa Douglas se jeta vers la petite naufragée qui semblait avoir bu la tasse, ce qui fit se redresser Meredith sur sa chaise. Telle une lionne veillant sur ses lionceaux, elle réprimanda sévèrement son garnement de fils qui ne loupait jamais une occasion de faire une bêtise.
"Walter, un peu de retenue, voyons! Fais attention avec ta petite sœur, tu sais bien qu'elle ne nage pas encore très bien ! Il ne faut pas lui mettre la tête sous l’eau. "
La psychomage en vacances tourna alors un regard plein de compassion vers sa petite dernière qui réfugiée dans les bras de son père, toussotait et crachait de l'eau.
"Ma chérie, ce n'est rien! Tu veux venir auprès de moi que je te fasse un câlin qui guérit? "
Mais la petite Eva n'avait nul besoin de remède, préférant rire de sa mésaventure, plutôt que de jouer les pleurnichardes. Contrairement à Emmy la tragédienne, qui aurait jouer la comédie pendant des heures ; La benjamine de la famille rayonnait par sa perpétuelle bonne humeur. Après les traumatismes oubliés de son passé, Meredith ne pouvait que se réjouir de la voir si heureuse et épanouit. Eva faisait désormais partie intégrante des Kane, et pour rien au monde, elle n'aurait souhaité quitter ce cadre familial salvateur. Comme quoi, la vie n'était bel et bien qu'un choix, où chaques directions empruntées pouvaient impacter la destinée. Dès le départ, la vie d'Eva était tronquée, la plongeant dans une impasse, dans laquelle elle n'aurait trouvé aucune lumière bienveillante. En effaçant les souvenirs d'un père violent, la psychomage lui avait simplement accordé le droit d'être heureuse. Qui pourrait la blâmer pour cela ? Personne ! Car en ce moment même, rien n'avait plus d'importance pour Meredith, que le sourire éclatant de bonheur qui illuminait le visage de sa fille, Eva.
Cette dernière tapait désormais frénétiquement la surface de la piscine de ses petites mains, pour éclabousser le méchant Walter. Ce dernier quelque peu distrait par cette attaque, ne vit pas sa sœur Emmy sa faufiler dans son dos, pour le pousser sournoisement dans l'eau. Qui a dit que les Gryffondor ne pouvait pas agir comme de vil serpentard? Sourire aux lèvres, Meredith secoua tragiquement la tête de gauche à droite, mais cette gestuelle masquait en vérité, un réel plaisir : Celui de voir sa famille si heureuse et épanouit. Tandis que les filles entonnaient une joyeuse ritournelle "Walter à la flotte! ", ce dernier parut quelque peu renfrogné à l'idée d'être la risée de la famille.
"Et là, tu ne dis rien, maman!? C'est toujours pareil ! C'est toujours moi qui prend ! "
Avec l'humour qui le caractérise Douglas vint alors à la rescousse de sa femme, afin d'annihiler l'élan d'humeur de son fiston.
"Tu sais bien que tu es le vilain petit canard de la famille! Et les vilains petits canards, ils vont où? "
Comme d'habitude lorsqu'il se retrouvait prit au dépourvu, Walter leva les yeux aux cieux dans une attitude typiquement adolescente.
"Trop nul! Ils vont dans la mare... "
Tout le monde finit par rire de l'incident, joie et bonne humeur revenant à l'ordre du jour. Rien n'était plus vital que le cercle familial, seul lieu au cœur duquel il était possible de se ressourcer et de repartir de l'avant. Elle puisait sa force parmi les siens. C'est pourquoi, Meredith était prête à se battre jusqu'à son dernier souffle pour revivre d'aussi belle journée que celle-ci...
30 Août 2009, Demeure familiale de Margate, Kent, Angleterre.
Un parfum de fin de vacances régnait dans la villa luxueuse de Margate, tandis que Meredith venait enfin de boucler les valises de ses enfants. Il fallait farfouiller dans chaque pièce de l'immense demeure pour voir si l'un de ses petits diables n'avait point oublier ses affaires, et cet exercice se révélait parfois aussi fastidieux que de sillonner dans l'esprit d'un pensionnaire de l'île de Skye. Douglas, quant à lui, était chargé de réunir la petite famille auprès de la fontaine du jardin, qui n'était rien d'autre qu'un Portoloin les ramenant sur Londres. Mais avant de retrouver son quotidien chronophage, Meredith voulait remercier une dernière fois sa mère pour ses vacances apaisantes. Même si la matriarche des Kane n'était jamais dépourvue de remontrances à l'égard de ses deux filles, Meredith craignait de la voir rester toute seule dans cette si vaste demeure. En effet, depuis la violente attaque cérébrale de son mari, Susan Nightingale se plaignait d'un certain isolement. Le père de Meredith n'était plus qu'une âme piégée dans un corps paralysé, séjournant désormais dans un hospice de luxe situé à Canterbury dans le Kent. La psychomage subvenait aux nombreux frais inhérents à son hospitalisation et venait le voir périodiquement, même si cela ne lui procurait au final plus de mal que de bien que de voir son père plongé dans un état léthargique. Comment un cerveau aussi brillant pouvait-il sombrer dans un pareil abime ? L'homme n'était vraiment que peu de chose face aux affres de la santé...
Encore aujourd'hui, Meredith Kane s'était toujours sentie plus proche de son père que de sa mère. Là où cette dernière voyait tout en noir, Howard Nightingale s'était toujours montré profondément optimiste et visionnaire. Si sa mère, de par sa fonction, l'avait incitée à s'orienter vers la psychomagie, mais c'est bel et bien les expérimentions de son père qui l'avait toujours faite rêver. Meredith Kane voulait donner vie aux recherches scientifique de celui-ci, et devenir l'un de ses inventeurs dont le génie finissait par révolutionner les sociétés. Laisser son empreinte, et garantir le bien-être des générations futures, rien n'avait plus d'importance en ce monde. Le projet de l'Île de Skye allait totalement dans ce sens, et son père serait si fier de la voir pousser autant ses recherches sur la mémoire. Contrairement à elle, alors qu'il œuvrait au Département des Mystères, Howard Nightingale n'avait jamais bénéficié de sujets humains qui puissent accréditer de la validité de ses thèses. En implantant des souvenirs et jouant avec les mémoires, Meredith savait qu'elle détenait la clef du bonheur terrestre ; et que tôt ou tard ses expériences mémorielles sur les détenus du centre de réinsertion de Skye s'élargiraient au grand public. Mais cela nécessiterait énormément de temps, et une lutte juridique acharnée pour valider une avancée scientifique aussi révolutionnaire.
Meredith poussa la porte du bureau dans lequel sa mère s'affairait à pondre des chroniques psychologiques et judiciaire pour l'affligeant journal à scandale, Multiplettes. Autrefois psychomage réputée, sa mère était tombée bien bas en éclairant de son point de vue hebdomadaire un journal aussi obscur intellectuellement. La Directrice de Skye avait déjà croisé la route de la rédactrice en chef de Multiplettes, et s'était d'ores et déjà forgée une opinion assez dure à son encontre. Malgré sa langue acérée, Mildred Magpie ne brillait pas par sa grandeur d'âme, ni pour ses romances indigestes. Meredith n'arrivait pas à comprendre l'engouement extraordinaire qui entourait celle que tout Poudlard surnommait jadis "La Mildy couche-toi-là". Sans une once de remord, cette femme aussi superficielle que vulgaire se montrait particulièrement odieuse quand il s'agissait de détruire la réputation d'autrui. Même si Meredith ne comprenait pas le choix de sa mère que de vouloir travailler pour une femme aussi pathétique, elle préférait se résoudre à ne porter aucun jugement. Même racoleuses, ces chroniques judiciaires trompaient l'ennui que devait éprouver sa mère dans sa retraite solitaire. Meredith soutira sa mère de ses écrits, tandis qu'elle remerciait celle-ci pour son accueil.
"Mère, nous sommes sur le point de partir. Je voulais te remercier pour ton hospitalité. Les enfants sont aux anges et parlent déjà de revenir l'année prochaine. "
La mère releva un regard inquisiteur sur sa fille, comme si elle mettait en doute les propos de sa fille.
"Et toi, tu vas revenir? Ou tu vas couper les ponts comme tous les membres de cette famille? "
Assurément, Susan Nightingale n'était pas dans un bon jour et allait ensevelir sa fille sous un déluge de reproches. Mais Meredith préféra conserver son calme.
"Je ne vois pas où tu veux en venir? N'ai-je point passer mes vacances en ta compagnie? "
La matriarche poussa un bref soupir de dépit.
"Et je sais bien ce que cela t'as coûter ! Tu me prends pour une idiote, tu crois que je ne perçois pas ton malaise ? Tu donnerais tous pour être ailleurs ! "
Depuis le départ de son père, il est vrai que Meredith éprouvait une certaine tristesse mélancolique à l'idée de revenir dans sa demeure d'enfance. Mais elle ne comptait pas briser pour autant les liens familiaux.
"Mère, tu t'égares complètement. J'adore venir me ressourcer ici, auprès de toi. "
Susan Nightingale s'esclaffa :
"Fadaise ! Tôt ou tard, tu feras comme ta sœur, et je n'aurai de tes nouvelles que par l'intermédiaire d'articles de presse! Tu es au courant que cette dernière à de grande chance d'être poursuivie en justice pour vente de produits délictueux ? Quelle honte pour notre famille ! Dire que nous nous sommes plier en quatre pour vous, et voilà comment vous nous remercier ? "
Meredith Kane avait entendu parler des déboires judiciaires de sa soeur Karen; Cette dernière, chirurgienne esthétiquo-magique de profession, avait vendu sur le marché des potions de rajeunissement pouvant s'avérer extrêmement dangereuse avec une consommation excessive. Retirer du marché pour leurs effets secondaires, sa sœur n'avait rien trouvé de mieux que de continuer à les vendre en douce à des clients fortunés. Le souci étant que parmi les fervents adeptes de cette potion frauduleuse, on retrouvait le nom de la défunte Ana Sorden; En effet, la Milice avait saisi plusieurs flacons de cette essence faussement rajeunissante dans la cave où se terrait l'affreuse jeune femme. Inutile de préciser que Karen Nightingale se retrouvait dans une impasse judiciaire inextricable, tant son dossier s'annonçait chargé. Meredith craignait réellement que les affaires de sa sœur ne finissent par ternir sa réputation, mais pour l'heure le scandale n'était pas encore sortit dans la presse. Nul doute que la mère Kane n'y était pas étrangère, et freinait autant que possible Mildred Magpie et Multiplettes de divulguer le pot aux roses. Ce que ne tarda pas à confirmer la matriarche.
"Fort heureusement pour notre famille, Mildred Magpie se révèle aussi corruptible que vénale et j'ai réussie à étouffer le scandale à sa source. Mais combien de temps cela va-t-il durer ? Crois-moi, je ne pourrai pas couvrir les agissements de ta sœur bien longtemps. Nous devons agir rapidement, et trouver une solution ! Même en plein naufrage, les Nightingale demeurent unis ! Dis-moi que tu vas l’aider ! "
Meredith Kane avait bien des contacts au Ministère, et pouvait tenter de trouver une solution qui puisse alléger la sentence de sœur. Mais le voulait-elle vraiment ? La psychomage brillait pour sa droiture et son sens aiguisé de la justice. Chaque jour, elle inculquait des valeurs essentielles à ses enfants, comme celle d'assumer les conséquences de ses actes. Meredith s'était jurée de ne jamais se défausser de la moindre responsabilité. Elle préférait toujours le langage de la vérité aux tractations bassement malhonnêtes. Etait-ce vraiment offrir une aide salutaire à sa sœur que de vouloir effacer l'ardoise de ses erreurs? Seul Skye permettait de laver sa conscience, et de ne pas retomber dans les mêmes travers. Dans le passé déjà, la psychomage avait suggéré à Karen de ne pas s'écarter du droit chemin mais en avait-elle seulement tenue compte? Certainement pas! Jadis, lors de ces futiles élections de "Reine de beauté automnale", l'équivalent du Miss Monde Magique d'aujourd'hui, la chirurgienne esthetiquo-magique avait contourner les règles du concours pour offrir ses services à l'affreuse Sorden. Dans cet art de faire du neuf avec une vieille peau, Karen n'avait cherché qu'à promouvoir ses lotions de rajeunissement, sans se soucier aucunement des conséquences. Meredith soutiendrait pleinement sa sœur dans l'épreuve au combien difficile qu'elle s'apprêtait à affronter, mais jamais elle ne fermerait les yeux sur ses erreurs. Même si cela devait salir le nom de sa famille, elle n'entraverait en rien le travail de la justice, seule garante d'une société plus juste. Car du plus puissant politique au dernier des mendiants, nul n'était censé ignorer la loi. Meredith croisa ses bras sur sa poitrine, avant d'offrir une réponse sincère dont elle connaissait déjà les répercussions dans l'esprit de sa mère.
"J'offrirai tous le soutien nécessaire à ma sœur Karen, pour qu'elle puisse traverser avec dignité cette terrible épreuve de sa vie. Mais jamais je ne m'adonnerai à la moindre tractation qui irait en contradiction avec les idéaux que je cherche dûment à défendre. Tu sais très bien que cela n'aidera en rien Karen, que de vouloir la décharger de toute responsabilité. Le pardon passe obligatoirement par l'acceptation de ses fautes, et Karen est la seule à pouvoir franchir cette étape. Voila pourquoi, je conserverai mes distances avec les décisions prononcées par la justice, tout en restant proche de Karen comme une sœur se doit de l'être dans une telle épreuve. "
Le visage ridé de la matriarche des Nightingale se fendit d'une grimace de dégout à l'écoute de ce verdict. Elle ne tarda pas à fustiger sa fille pour son manque de solidarité familiale.
"Oh je vois, tu préfères venir aux secours des racailles du monde magique plutôt qu'à ta propre sœur. Ma pauvre fille, cette nouvelle fonction t'as littéralement retourné l'esprit! Dire que tu aurais pût devenir la première femme à diriger l'hôpital de Saint-Mangouste, et au lieu de ça, tu préfères t'enterrer dans un trou paumé en Ecosse! Tu en oublie même ta famille! Pour quelles raisons? Au nom de quels idéaux? Je me le demande... "
Karen poussa un soupir quelque peu désabusé, tandis qu'elle prenait compte de l'éternelle insatisfaction de sa mère quant à sa destinée. Toute sa vie, elle avait cherché à frôler la perfection, et à véhiculer une image de droiture atours d'elle. Maintenant qu'elle tutoyait ses idéaux, voilà que sa mère la rejetait...
"Cela ne sert à rien de poursuivre cette discussion, elle nous conduira nulle part. J'irai parler à Karen... "
Susan Nightingale leva alors un index vindicatif dans les airs, afin de clore elle aussi cette discussion.
"Ne te donne pas cette peine, avant d'avoir répondu à une question. Si un jour dans ta vie, il te venait à traverser une période d'orage, dans laquelle tu te retrouverai aussi seule et désemparée que peut l'être Karen aujourd'hui. Sur qui pourrais-tu réellement compter si même ta famille venait à te tourner le dos? Est-ce que tes idéaux te viendraient en aide? Non ma fille, tu serais toute seule avec ton ingratitude... "
Le regard froid de Meredith Kane transperça alors celui de sa mère, aussi sévèrement que le fut sa réponse.
"Oui, en effet. Je serai toute seule à affronter les conséquences de mes actes, et je ne prendrai certainement pas le risque d'entrainer ma propre famille dans ma chute. Voila en quoi mes idéaux se révèleraient profondément salutaires. Maintenant, j'ai moi aussi des questions à te poser : Qui d'entre nous fait le plus preuve d'ingratitude? Celle qui ose se sacrifier pour le bien de tous? Ou celle qui est prête à corrompre toute la famille pour se décharger de ses propres erreurs? "
Meredith posa une main sur la poignée dorée de la porte du bureau de sa mère avant d'ajouter.
"Médites bien la dessus avant nos prochaine retrouvailles... "
Puis sans même se décharger d'un dernier sourire pour sa mère, Meredith Kane s'éclipsa sans même claquer la porte derrière elle. Même égratigner dans son être intérieur, Meredith n'était pas de celles qui se donnait en spectacle.
[Fin de la première Partie]
“Meilleur ne veut pas dire meilleur pour tout le monde”
Meredith KaneDirectrice de Skye
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Mer 26 Oct 2016 - 8:23
*** Deuxième Partie : Aucune chance à l'arrivée ***
Soir du 2 Septembre 2009, Appartement Londonien des Kane.
Plutôt que de profiter des derniers jours de vacances dont elle disposait encore, Meredith Kane préférait plancher sur les dossiers épineux qui l'attendaient à son retour sur l'île de Skye. Professionnelle dans l'âme, elle souhaitait accroître son rendement en matière de réhabilitation réussie de condamnés, afin de s'attirer les bonnes grâces du Ministère. Même s'il conservait encore ses distances, Leopold Marchebank lui avait exprimé tous le bien qu'il attendait de ce processus de réinsertion. Une manière courtoise et prudente d'accentuer la pression qui reposait sur les épaules de Meredith Kane. Mais cette dernière ne se laissait pas envahir par le doute, et ce même après des ratés à l'allumage; Le dernier semestre quant à lui, s'était révélé excellent, prouvant ainsi par la même occasion que la réintégration mémorielle était la clef du problème de l'insécurité. Encourager dans ses initiatives, la directrice pénitentiaire n'était pas pour autant du genre à se reposer sur ses lauriers. Désormais, son nouvel objectif se bornait à réduire à néant la marge d'erreur de Skye, de façon à ne plus avoir d'autres cas aussi préjudiciable que le suicide du patient du bloc 23, ou pire encore d'autre évasion aussi néfaste que celle du prisonnier 88. Craignant sans doute pour sa sécurité et celle de ses proches, Meredith Kane se focalisait entièrement sur le cas pathologique du patient Dabroski; Son évasion faisait salement désordre dans les si brillants compte-rendu de la Directrice de Skye.
Une multitude de dossiers et de notes jonchaient le sol de la chambre des Kane, alors que Meredith cherchait vainement un embryon de piste qui puisse permettre d'élucider cette sombre affaire. Parmi les moments volés de la vie quotidienne de Klemens Dabroski, de nombreuses séquences mémorielles paraissaient tout bonnement inutile. Mais dans sa traque d'éventuels complices, Meredith ne négligeait aucune piste et s'évertuait à cocher chacun des noms qui rejaillissait des souvenirs aussi incongrus soient-ils. Un travail des plus fastidieux qui aurait nécessité sans doute l'appui d'une équipe entière mais qui n'effrayait nullement la psychomage dans sa recherche de vérité. Alors qu'elle débutait la lecture des notes d'un souvenir dans lequel Klemens avouait ne pas se remettre de sa cuite de la veille à un sombre inconnu, son époux fit irruption dans son champ d'investigation ou plutôt dans ce qui aurait dû tenir lieu de chambre. En voyant les piles de dossiers qui encerclaient le lit, Douglas secoua tragiquement la tête.
"Et moi qui pensait que maintenant que les enfants sont partis, j'allais enfin pouvoir profiter de ma femme. Et bien non! Je vais devoir partager ma nuitée avec les plus dangereux psychopathes engendrés par le Monde Magique... " Trainant des pieds jusqu'au lit, le mari en mal de tendresse ne cacha point son incompréhension. "Mais comment fais-tu pour trouver la motivation de travailler à une heure pareille? Il t'arrive de dormir ma chérie? "
Meredith ne quitta pas des yeux les lignes de son rapport, tandis qu'elle choisit de répondre de manière plutôt évasive à son époux.
"Il m'arrive de dormir parfois, lorsque j'en trouve l'opportunité. Mais tu vois, j'ai désormais des obligations auxquelles il m'est impossible de me dérober... "
Quelque peu déçu par la réponse, Douglas s'allongea aux cotés de sa moitié avant de fixer laconiquement le plafond. Même s'il pouvait comprendre la motivation de son épouse pour son travail, il avait toutes les difficultés du monde à accepter l'idée qu'elle puisse sacrifier aussi facilement leurs si rares et précieux moments de loisir. En effet, leurs vacances estivales en famille étaient sur le point de s'achever, et Douglas éprouvait la désagréable sensation qu'une certaine distance s'était installée dans son couple. Meredith paraissait ailleurs, comme absorbée par autre chose. Mais plutôt que de s'en plaindre, le président de Médicomages sans frontière chercha une solution qui puisse rattacher les wagons de son couple.
"Pour notre dernière journée ensemble, je pensais que l'on pourrait aller faire un pique-nique en amoureux au bord de la Tamise. Pourquoi pas sur la petite ile fluviale de Shepperton? Rien que toi et moi. Cela nous rappellera nos débuts. Je louerai une barque, et nous pourrions profiter de la tranquillité de l'endroit pour faire les choses que l'on ne se permet plus devant les enfants... "
Meredith se contenta dans un premier temps d'approuver la suggestion d'un bref mouvement de la tête, puis ne voulant pas paraître trop indifférente aux propositions de son mari, elle se tourna légèrement vers lui. Un infime sourire complice se dessina alors sur ses lèvres.
" C'est amusant; Comme si tu t'embarrassais de ce genre détail lorsque l'envie te prend. En tout cas, c'est une excellente idée, qui ne peut que nous faire le plus grand bien. Un peu de calme et de tranquillité. En plus, j'adore la lumière du soir à cette époque de l'année... "
Douglas lui caressa alors amoureusement la joue, avant de jouer avec l'une des courtes mèches blondes de son épouse.
"Pour fêter cette occasion, je pourrai prendre l'un des meilleurs millésimes de ce vin des Elfes dont tu raffolais tant, jadis... Par Merlin, comment s'appelait-il déjà? "
Le sourire froid de Meredith se figea quelque peu.
"Non, oublie le vin... Tu sais que cela me monte trop facilement à la tête, et je ne me vois pas devoir travailler après une soirée trop arrosée. "
Bon vivant dans l'âme, Douglas poussa un long soupir face à autant de sagesse. Il tenta alors une suggestion quelque peu hasardeuse.
"Pourquoi ne ferions-nous pas croire que nous sommes tombés malades? Histoire de prolonger un peu les vacances? Une mauvaise grippe est si vite arrivée, non? "
D'humeur taquine, Doug laissa glisser une main plus osée en direction de la poitrine de sa femme. Mais cette dernière le stoppa dans son initiative, avant de lui lâcher un regard quelque peu critique.
"Voyons Doug... Nous ne sommes plus des adolescents. De plus, je ne peux plus me permettre de manquer une seule journée de travail. Tu sais bien les efforts que j'ai dû déjà consentir pour avoir nos vacances en famille. "
Douglas leva un regard incrédule sur son épouse.
"Des efforts? C'est comme ça que tu perçois le fait de passer des vacances en famille? On dirait que tu es obsédée par ton travail... "
Même une psychomage aguerrie pouvait rencontrer quelque difficulté dans l'art de communiquer au sein de son propre couple. Mais plutôt que de souffler sur les braises d'une dispute en devenir, elle calma immédiatement le jeu. Enserrant son époux dans ses bras, elle lui exprima plus clairement le fond de sa pensée.
"Je t'en prie Doug, ne gâchons pas le peu de temps que nous avons ensemble. Tu sais bien qu'il n'y a rien de plus important pour moi que notre famille. Mais actuellement, j'aborde une étape décisive dans ma carrière et je dois te demander de faire quelques efforts de compréhension. Laisse-moi un peu de temps, et je te jure que je te consacrerai plus de temps. Alors, suis-je pardonnée? "
Grande conseillère en image, Isobel Lavespère lui avait suggéré de sourire plus franchement afin de briser l'aspect froid de son visage. Pour le bien de son mari, Meredith se sacrifia à cet usage et délivra un sourire éclatant.
"Avec ce sourire, qui pourrai-t-en vouloir ne serait-ce plus de dix secondes? Tu as beau être la businesswoman la plus acharnée que je connaisse, tu n'en demeures pas moins la plus merveilleuse des épouses... "
En plus d'être un flatteur sincère, Douglas savait également se montrer conciliant. Meredith réalisait la chance qu'elle avait d'avoir un mari aussi compréhensif à ses côtés. Elle savait que sans son soutien de tous les instants, sa vie n'aurait peut-être jamais rencontré la douce saveur du succès. L'espace d'une seconde, la mère de famille carriériste redevint l'épouse amoureuse des débuts, alors qu'elle se penchait pour capturer les lèvres de son mari en un tendre baiser. Mais ce geste d'amour fut malheureusement interrompu par les soudaines vibrations du Bracelet Magique d'Intervention qui reposait jusqu'alors sur la table de chevet de la chambre des Kane. La Milice l'appelait pour une urgence de premier ordre, ruinant d'un seul coup tout espoir de quiétude familiale. La Directrice de Skye posa son regard froid sur le petit cadran du Bracelet pour en lire le précieux contenu. Si aucune émotion ne vint trahir ses pensées, un sentiment d'immense réconfort envahit l'âme de la psychomage. Quelque peu dépité, Douglas tourna un regard anxieux vers sa femme.
"Que se passe-t-il ma chérie? Un problème? "
Meredith poussa un bref soupir de soulagement, avant de dévoiler les raisons de l'appel.
"Ils ont retrouvé la trace du patient 88. Désolée, mais je suis demandée... "
En une réponse brève, la parenthèse familiale venait de se refermer pour Meredith, qui laissait encore une fois derrière elle, un bonheur inachevé...
Peu après minuit, le 3 Septembre 2009. Dans les entrailles de la Prison de Skye.
Un silence oppressant imprégnait la salle d'interrogatoire de Skye, tandis que Meredith Kane n'arrivait plus à décrocher son regard empreint d'amertume du visage désormais si paisible du défunt Klemens Dabroski. Une heure auparavant, elle pensait enfin l'avoir retrouvé, et voilà que celui-ci lui glissait une dernière fois entre les doigts. D'une immobilité impressionnante, la Directrice cherchait une manière de justifier ce fiasco, tandis que les Miliciens qui avaient opéré à son arrestation se tortillaient de malaise à ses côtés. Une colère sourde envahissait l'esprit d'ordinaire si calme de la psychomage, qui avec ce drame tragique voyait s'envoler toutes les opportunités de remonter jusqu'aux racines du mal. Aussi perfectionniste que méticuleuse dans les procédures à adopter en cas d'arrestation d'un suspect crucial, Meredith Kane se maudissait autant pour son absence, que pour la négligence de ses employés. Quelques semaines de relâche seulement dans l'année, et là voilà privée d'une divine offrande dans la traque des organisations criminelles anti-free. Dans une dernière pirouette mortelle, Klemens Dabroski se refusait encore à suivre les préceptes d'une société qui ne cherchait pourtant qu'à le remettre en selle, et lui octroyer une vie respectable. Pourquoi? Dans quel but? Skye ne le saurait jamais; Le patient 88 emportant avec lui, les mystères de son endoctrinement...
La gorge nouée par un sentiment d'échec, Meredith Kane avait la tête des très mauvais jours. Si elle reconnaissait parfaitement sa marge d'erreur dans la gestion du cas Dabroski, elle n'acceptait pas en revanche l'idée que l'on puisse désobéir à ses consignes. En effet, la Directrice de Skye n'avait cessé d'émettre sa volonté de capturer l'évadé sain et sauf, afin de pouvoir dénicher certaines pièces encore manquantes du puzzle mémoriel du patient Dabroski. Aussi torturé était l'esprit de ce dernier, elle avait l'intime conviction de pouvoir démêler dans son subconscient certaines vérités cachées, et de pouvoir par la même occasion, lui offrir un meilleur futur. Mais le résultat était malheureusement bien loin de ses espérances, tandis que le corps étendu de Klemens Dabroski gisait à même le sol de la salle d'interrogatoire. Ne tolérant aucune marge d'erreur dans son projet de réhabilitation, l'intransigeante Directrice chercha à comprendre les raisons de ce dramatique disfonctionnement. Sans même tourner les yeux vers le responsable de la sécurité, elle posa une question qui lançait le début d'une enquête interne.
"Monsieur Stevington... J'ai appris par le biais de votre supérieure hiérarchique, Danielle Coleman, que vous officiez en tant que responsable d'équipe dans l'interpellation et la surveillance du sujet 88. C'est pourquoi, j'aimerai que vous m'expliquiez les raisons d'une telle... défaillance. "
Le ton étant tranchant et glacial, si bien que le Milicien Harold Stevington hésita longuement avant d'apporter sa réponse.
"Directrice Kane, si vous le permettez, je tiens à me justifier et à me dédouaner de tout responsabilité, quant aux circonstances de cette arrestation. Hier soir, nous avions ordre de surveiller toutes propriétés pouvant être la cible des réseaux criminels. C'est pourquoi, ma patrouille se trouvait à proximité de l'Usine Centaure 27, dans laquelle est élaborée une grande partie du matériel médicomagique indispensable aux activités de notre centre de réhabilitation de Skye. Une heure avant minuit, une intrusion s'est effectuée au niveau des entrepôts 3 et 4, et j'ai décidé de procéder à l'interpellation des suspects. De visu, ils étaient au moins deux. L'un d'eux a pris immédiatement la fuite, tandis que l'autre nous barrait le chemin. Nous avons essuyé une attaque de la part du suspect, que j'ai immédiatement identifié comme étant le fugitif activement recherché, Klemens Dabroski. La priorité fut alors son arrestation, et nous l'avons rapidement neutralisé comme la procédure l'indique, afin de pouvoir l'interroger ici-même à Skye... "
Les mains dans le dos, et clairement dubitative, Meredith fit les cent pas autours de la dépouille du prisonnier 88, bien décidée à trouver la moindre bavure qui puisse justifier la disparition d'un témoin aussi précieux. Sa voix d'ordinaire douce, se révéla aussi tranchante qu'un scalpel.
"De votre plein gré, vous avez alors décidé de procéder à son interrogatoire, sans même vous soucier de l'avis de vos supérieurs hiérarchiques. Je suis au regret de vous dire que cette initiative désastreuse vient de nous faire perdre un temps précieux dans le démantèlement des réseaux terroristes anti-Free. Est-ce que vous imaginez ce que cela va nous coûter? Jamais une seconde, il ne vous est venu à l'esprit que le détenu Dabroski puisse vouloir se sacrifier, plutôt que d'avoir à subir une nouvelle fois les conséquences d'une arrestation? Vous savez pertinemment qu'en pareille situation, la procédure implique qu'il faut placer le patient en état d'inertie totale jusqu'à l'intervention des experts neurologiques. Même endormi, nous aurions pu récolter de précieuses informations, notamment sur ses derniers déplacements. Au lieu de cela, nous voilà en compagnie d'un macchabé dont l'utilité me parait aussi dérisoire que vos états de service! "
Ne sachant plus comment réagir, le regard du Milicien Harold Stevington se troubla face à ce déluge de critiques acerbes. Si d'ordinaire la Directrice Meredith Kane était reconnue pour son empathie et sa profonde compréhension; Aujourd'hui, elle révélait une facette implacable de sa personnalité, qui n'offrait aucune forme de pardon à la négligence. Malgré le regard impitoyable de sa responsable qui se braquait sur lui, le Milicien chercha tout de même à balbutier une dernière justification.
"Directrice Kane... Je vous prie de croire, que rien ne pouvait nous préparer à ce genre de scénario... C'était totalement imprévisible... Il n'a eu besoin que de prononcer un seul mot, Kraken, pour se suicider. Comment pouvons-nous lutter efficacement contre ce genre de folie? "
Les propos hésitant du milicien ne faisait que souligner l'immense pression qui reposait sur ses épaules. Dans ce poste à responsabilité qui n'autorisait aucune marge d'erreur, il avait failli et aller en payer le prix. S'adressant à l'intégralité de la troupe de Milicien réunie, Meredith Kane désigna alors le corps étendu de Klemens Dabroski.
"Voilà justement ce à quoi nous devons nous attendre! Toute la difficulté de notre combat réside dans le pouvoir de surmonter et d'anticiper ce genre de réaction inimaginable. L'ennemi invisible que nous affrontons opère comme une secte qui corrompt les esprits des plus faibles d'entre nous pour les faire se retourner contre le Monde Magique. Un virus qui génère des fanatiques préparés à mourir pour défendre une cause aussi folle que destructrice! Aussi ardue soit notre mission, nous sommes le dernier rempart entre ces barbares et les honnêtes concitoyens que nous protégeons. C'est pourquoi, nous devons éradiquer une à une ces sombres organisations qui se font appeler Salamandre ou Kraken... "
"Malheureusement, Madame la Directrice, cela risque de nécessiter des années, voire des décennies pour les débusquer dans leur globalité. " l'interrompit l'un des Miliciens.
"Oui, cela demandera du temps. Mais pour tuer une idée, il importe de la faire disparaître, et surtout de s'attaquer aux racines de ce mal. Pour vaincre ce Kraken, nous devons le frapper à la tête, et non lui trancher un énième tentacule qui sera très vite remplacée. C'est pourquoi, la collecte d'information est vitale, et que nous devons tous faire pour garder en vie le moindre suspect identifié. En croisant les souvenirs récoltés, nous finirons tôt ou tard par discerner qui dirige réellement ces organisations monstrueuses. Nous trouverons qui ose laver le cerveau de notre jeunesse en mal de repère pour les sacrifier lâchement au profit d'une cause aussi dangereuse qu’utopiste. Notre mission consiste à offrir un meilleur avenir à nos enfants. Un futur dans lequel il n'y aura plus de jeunesse sacrifiée sur l'autel du mensonge; Où il n'y aura plus de Klemens Dabroski... "
Meredith Kane braqua alors son regard sur chacun des Miliciens présents, avant d'ajouter :
"Aussi ardue soit-elle, voilà la noble et indispensable mission de la Milice. Soyez fiers et déterminés à l'idée de protéger notre peuple du mal qui le gangrène. Désormais, vous pouvez disposer... "
Avant de rejoindre leurs blocs respectifs, les miliciens approuvèrent grandement les propos de la directrice de Skye, qui ne cherchait qu'à regonfler le moral de ses troupes. Le Kraken était un mal insidieux, auquel il était difficile de se confronter, et qui finissait tôt ou tard par vous saper le moral et la motivation. La victoire contre ces groupuscules passerait forcément par une démonstration de force et une conviction sans faille. Le milicien Harold Stevington tarda à rompre les rangs souhaitant s'entretenir une dernière fois avec la Directrice du Centre de réhabilitation magique.
"Veuillez m'excuser, mais plutôt que d'attendre j'aimerai savoir si vous comptez me pénaliser pour mes négligences. "
Meredith Kane releva sur lui un regard empreint de franchise, avant de lui dire la vérité.
"Je vais émettre un rapport d'incident à votre supérieure, Danielle Coleman, et ce sera à elle d'en juger. Je ne chercherai ni à vous accabler, ni à écarter votre responsabilité dans cet incident. Maintenant, si vous n'avez pas d'autres questions, vous pouvez disposer. "
Le Milicien braqua son regard sur la dépouille étendue du fugitif, avant d'ajouter.
"Qu'est-ce que vous voulez que l'on fasse de lui? "
Meredith fixa alors tristement le visage si paisible dans la mort, de celui qui lui avait témoigné tant de haine durant son vivant. Klemens Dabroski paraissait s'être débarrassé du fardeau de sa souffrance et de ses non-dits. La mort devait être comme une libération pour lui. Sa colère disparue, il apparaissait sous son meilleur jour, et confortait la psychomage dans ses convictions. Klemens Dabroski n'était à la base rien d'autre qu'un jeune homme égaré, dont la vie avait été instrumentalisé par des individus aux intentions machiavéliques. La mère de famille qu'elle était ne pouvait ignorer le fait que ce genre de dérapage pouvait arriver à n'importe qui. Sans l'appui et la surveillance de ses proches, son fils Walter, quelque peu influençable aurai pu se laisser entrainer par les sirènes de cette dangereuse idéologie. Fort heureusement, il bénéficiait d'un cadre et d'une famille pour l'aiguiller dans la vie. Contrairement à Klemens Dabroski qui toute sa vie, avait vogué de mauvaises en mauvaise fréquentation. La Directrice de Skye éprouvait un profond sentiment d'échec pour ce jeune homme qu'elle n'avait pas réussit à extirper des griffes du mal. Bien qu'il la haïssait ouvertement de son vivant, la psychomage était la seule à avoir voulu lui offrir un réel avenir, tout en étant en mesure de le débarrasser de ses souffrances du passé. Malheureusement pour lui, il ne s'en rendrait jamais compte. Jusqu'au bout, Klemens avait choisit ses "amis" du Kraken, et voilà où cela le conduisait. Tout en fixant le visage livide du défunt, Meredith maudit la naïveté de ce dernier; Ainsi que la lâcheté de ceux qui profitaient de la faiblesse d'autrui pour semer le chaos sur le Monde Magique.
* Alors? Tu as obtenu ce que tu voulais, Klemens? Tu me haïssais. Tu m'aurais tuer à la première occasion si celle-ci s'était présentée, alors que j'étais la seule qui pouvait balayer ta souffrance et le poids de tes erreurs. Je pouvais t'offrir une nouvelle vie, pleine de promesses; Mais tu as préféré choisir une mort vide de sens. Désormais, tes pseudos amis doivent se réjouir de ton sacrifice, mais très vite ils t'oublieront pour dénicher un autre mouton assez stupide pour endosser le rôle de grand martyr à la cause. Tu as craché sur ma main tendue, et voilà où cela t'a mené. Aujourd'hui je suis la seule à pleurer ta disparition, et à éprouver un regret infini à l'idée de n'avoir point réussit à t'aider. J'espère que dans l'au-delà, tu trouveras enfin la paix intérieure qui s'est injustement refusée à toi durant toute ta vie. Reposes en paix, Klemens... *
Tandis qu'un long silence accompagnait les dernière prières de la Directrice de Skye, celle-ci retrouva vite ses moyens. Bien que bouleversée par cet échec, Meredith chercha à conserver toute sa dignité et à n'offrir aucune forme de faiblesse aux yeux de son Milicien. D'une caresse délicate, elle fit se clore les paupières du défunt pensionnaire de Skye, avant d'ajouter d'une voix vide de toute émotion.
"La dernière volonté du prisonnier 88 était que sa vie demeure un mystère aux yeux de tous. Qu'il en soit ainsi pour sa mort. Jeter son corps à l'océan. "
Sans même un dernier regard pour le défunt, Meredith quitta la salle d'interrogatoire d'un pas décidé. Trop longtemps, elle avait cherché la voix du compromis éthique, sans jamais imposer ce qui devait réellement l'être pour l'avenir du patient. En lui effaçant quantité de défaillances dans le cheminement de sa pensée, Klemens aurait pu être un jeune homme heureux et intégré dans la société. Malheureusement, elle était intervenue trop tard, quand le mal était déjà fait. Pourquoi s'embarrasser de culpabilité et se cacher derrière des prétextes moraux, quand on connaît déjà la solution idéale pour l'avenir d'une personne? A force de trop réfléchir, on perd trop souvent de vue la meilleure action possible. Aussi étrange que cela puisse être, les pensées de Meredith Kane s'orientèrent vers Matthew MacFarlane, et son obsession autodestructrice à vouloir retrouver sa fille. Etait-ce humainement acceptable que de laisser une personne courir après une illusion qui ne lui procurera au final que souffrance et déception? Plutôt que laisser la situation s'empirer, il était temps de mettre fin aux fausses espérances, et de sculpter une meilleure et bien plus belle réalité dans laquelle tout le monde y trouverait son compte...
[Fin de la Deuxième Partie]
“Meilleur ne veut pas dire meilleur pour tout le monde”
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