-29%
Le deal à ne pas rater :
PC portable – MEDION 15,6″ FHD Intel i7 – 16 Go / 512Go (CDAV : ...
499.99 € 699.99 €
Voir le deal

Ne dis jamais adieu [Klemens & Roy]

Roy Calder
Roy CalderPropriétaire d'un haras
Messages : 2891
Profil Académie Waverly
Ne dis jamais adieu [Klemens & Roy] Icon_minitimeDim 31 Jan 2016 - 21:43
6 juillet 2009

C’était au moins la septième fois que Roy faisait l’aller retour entre le canapé et la fenêtre, ses pas craquant sur le parquet de son appartement. Depuis cette nuit où le Triton Ardent avait brûlé, il avait tenté de réparer ce qu’il avait pu dans son appartement saccagé. Désormais, les choses semblaient à peu près remises à leur place, la différence était qu’il manquait certains éléments, tout ce qui avait brûlé, notamment. Il tentait d’oublier ce qu’il avait perdu cette nuit, et de se concentrer sur ce qu’il y avait gagné, sur cette longue discussion avec Juliana, sur leur confiance renouvelée, et leurs résolutions pour ne plus jamais laisser de telles choses se reproduire. Ils s’étaient promis de veiller l’un sur l’autre, de travailler en équipe et ma foi, Roy ne s’imaginait pas à ce moment-là qu’ils allaient pouvoir mettre ces décisions en application aussi peu de temps après. Les dernières fois qu’ils s’étaient vus ici, cela avait été pour mettre en place un plan qui avait été le principal objet de pensées et d’inquiétudes de Roy, ces derniers jours.

Les mots ne suffisaient pas à décrire ce qu’il avait ressenti en apprenant que Klemens était enfermé à Skye depuis plusieurs mois. Ce fut comme si tout ce qu’il avait tenté d’enfouir sur son ancien meilleur ami avait rejailli, avec une violence qui l’avait laissé muet. Et il s’était repassé le film de leurs derniers échanges, leur dispute extrêmement virulente, ici même, et un mois plus tard, cette fois où Roy avait tenté de s’excuser, pour essuyer un dur échec. Il avait ressenti tellement de choses à l’encontre de Klemens, de la colère, de la rancoeur, de l’incompréhension, il lui en avait voulu, fort, mais pas autant qu’il ne s’en était voulu à lui-même. Une vague de remords le prenait à chaque fois qu’il repensait à toute cette histoire, une vague contrebalancée par ce souvenir qu’il avait des derniers mots de Klemens, dur comme jamais, une vague dont il ne voulait plus. Alors Roy avait fait ce qu’il faisait toujours lorsqu’il était dans une impasse : se rétracter dans sa coquille, derrière des couches d’auto-défense et de déni. Ainsi il avait relégué Klemens dans ce coin sombre de sa tête où s’entassait ce à quoi il ne voulait plus penser…

Du moins jusqu’à ce qu’un évènement ne le fasse ressurgir. Klemens à Skye ! Comment ? Pourquoi ? Depuis quand ? Pourquoi ne l’apprenait t-il que maintenant ? Quelle ironie du sort ! C’était lui, celui qui côtoyait les plus hautes sphères du pouvoir, qui était sensé avoir de l’influence sur beaucoup de choses, le voilà qui tombait des nues, parce qu’il n’avait pas su ce qu’il fallait savoir ! Oh il n’aurait pas pu l’apprendre, en vérité, on ne lui lisait pas la liste des prisonniers de Skye tous les matins sous prétexte qu’il était un proche de régime, il ne s’en préoccupait pas, ce n’était pas son domaine. Evidemment, s’il avait eu le soupçon que quelqu’un qu’il connaissait s’y trouvait, il aurait pu le faire vérifier, mais c’était ce qui lui avait manqué pour déclencher des recherches de sa part : le soupçon. Il n’avait rien soupçonné concernant la disparition de Klemens, tout simplement parce qu’ils n’étaient plus en contact depuis des mois.

Et il s’en était voulu pour cela, il avait intérieurement paniqué, parce qu’il disposait tout de même de certaines informations sur Skye, et il savait que ce qu’on y faisait n’avait rien de bien acceptable. Il s’était fustigé, quel crétin avait t-il été de ne pas s’accrocher, de ne pas revenir à la charge, de tenter d’arranger les choses ! Un schéma classique : c’était lorsqu’on perdait quelque chose que l’on se rendait compte de sa valeur… A force de remettre les choses à plus tard et de faire l’autruche, voilà ce qui avait manqué de lui arriver : perdre Klemens, réellement, définitivement. Il lui avait semblé alors urgent, évident qu’il ne pouvait plus s’obstiner ainsi et qu’il lui fallait laisser son ego et son confort de côté avant de commettre la plus monstrueuse erreur de sa vie.

Il en était là maintenant. A arpenter son appartement, dans l’attente d’une arrivée qui ne se produirait peut-être jamais. Roy avait attendu deux jours après la mission, qu’il savait réussie, pour laisser à Klemens le temps de récupérer. Il savait qu’on ne l’avait pas récupéré dans un très bon état, alors avait estimé qu’il valait mieux attendre qu’il soit en état de se déplacer et de parler pour le rencontrer. Roy ne pouvait pas se rendre à son chevet comme il l’aurait voulu, il logeait là où le Kraken se cachait, et il était impossible pour lui de savoir où cela se trouvait, compte tenu des serments magiques qui protégeaient le groupe. Il ne pouvait pas non plus demander à Juliana de le mettre en contact avec Klemens, cela risquait d’attirer la méfiance de ses camarades sur elle, et cette mission lui avait déjà fait prendre suffisamment de risques. Il n’avait qu’une solution en vérité, c’était d’envoyer un message à son ancien meilleur ami et espérer qu’il accepte de le revoir…

Son propre appartement lui avait semblé le seul lieu propice à cette rencontre, d’abord parce qu’il n’y était plus officiellement, la seule personne extérieure qui y venait encore était Juliana, donc ils ne risquaient pas d’être dérangés. Son appartement était, lui semblait t-il, le seul endroit où il pouvait se rendre relativement facilement, et s’il avait servi de cachette efficace pour lui et Juliana, alors Klemens ne prendrait pas plus de risques. Et puis, c’était une façon de montrer patte blanche que de l’inviter dans son chez-lui, même s’il avait été le lieu de leur dernière dispute…

Le coeur de Roy bondit sur sa poitrine lorsqu’il entendit la porte d’entrée qu’il avait volontairement laissée entrouverte s’ouvrir, et d’autres pas que les siens craquer sur son plancher. Lorsqu’il se retourna, il lui fallut un certain temps pour reconnaître Klemens sous les traits de l’homme amaigri, esquinté, et surtout, endurci, qui lui faisait face. Leurs regards se jaugèrent, longtemps, un temps qui parut interminablement silencieux à Roy avant qu’il ne prenne la parole, la voix enrouée :

« Bonsoir Klemens. »

C’était fou comme il avait changé, déjà la dernière fois qu’il l’avait vu, il avait eu l’impression de ne pas avoir tout à fait le même homme que celui qu’il lui connaissait face à lui, mais cela n’avait rien de comparable à ce qu’il ressentait maintenant. Klemens n’était réellement plus le même homme, cela se lisait sur tous les traits de son visage, et surtout, dans son regard que Roy avait presque peur d’analyser. Rien. Il n’y avait rien dans ce regard. Rien qu’il ne connaissait.

Sa voix s’éleva à nouveau, la plus contrôlée qu’il puisse, s’efforçant de masquer son bouleversement intérieur.

« Je suis content de te revoir. »


Roy Calder

Walking on the sunny side

KoalaVolant
Klemens Dabroski
Klemens DabroskiLoup-garou
Messages : 1177
Profil Académie Waverly
Ne dis jamais adieu [Klemens & Roy] Icon_minitimeJeu 4 Fév 2016 - 0:15
Un léger brouhaha, des raclements de chaises sur le sol et le tintement de verres s'entrechoquant. C'était les seuls sons qu'il était capable de discerner d'où il se trouvait. Cela faisait à peine quelques heures qu'il avait retrouvé le QG du Kraken et il recherchait déjà la solitude. Il ne voulait pas leur parler. Leur expliquer ce qu'il avait vécu dans les détails. Le retour avait été suffisamment difficile comme cela. Il n'arrivait pas encore à déterminer si ce qu'il vivait été réel ou simplement une vision. Rien d'autre qu'une simulation injectée dans son esprit. Une manipulation de plus.

Il avait senti les regards rempli de pitié sur lui lorsqu'il avait passé les portes de la cave les abritant. Il savait parfaitement que l'image qu'il renvoyait n'avait rien de brillant. Il faisait du mieux qu'il pouvait pour faire bonne mesure mais il était fatigué, cassé. Incapable de reconnaître ses amis de ses ennemis. Il avait sauté à la gorge du médecin qui s'était occupé de lui la veille lorsqu'il s'était réveillé. Perdu. Il l'était complètement. On lui avait calmement expliqué qu'il se trouvait à Avalon, l'hôpital secret de la Salamandre. Il avait eu un examen psychologique. Il avait passé deux jours à fixer une femme en bouse blanche. Elle avait essayé de le faire parler sans grand résultat. Face à son mutisme, elle n'avait pas insisté et avait fini par accepter qu'il parte. Non sans lui demander de se faire examiner régulièrement.

Physiquement, tout allait parfaitement bien. A l'exception de quelques bleus et un amaigrissement flagrant. Pourtant, il n'était rien d'autre qu'une loque humaine. Plus rien ne semblait avoir d'intérêt pour lui. Rien d'autre qu'une lassitude pour le monde. Et en même temps, une haine vorace contre ses tortionnaires. La volonté de se venger coûte que coûte et quoi qu'il arrive. Un sentiment diffus encore trop étouffé par sa léthargie passagère. Comme une envie de se jeter du haut d'un pont pour tout oublier. Effacer les souvenirs et les images défilant dans sa tête sans interruption. Ressassant le tout sans rien en sortir de sain.

Il avait bêtement cru que son isolement passager lui aurait épargné de revivre tout ça. Mais même le fait de ne parler à personne et de ne voir personne n'arrivait pas à lui faire oublier. Alors faire ce qu'ils lui demandaient, parler, raconter ce qu'il avait vécu semblait hors de sa porté. Du moins pour le moment. Tout était trop récent dans sa tête. Trop confus, trop embrouillé. Il aurait souhaité pouvoir sortir à sa guise, histoire de se changer les idées et respirer un peu d'air frais. Néanmoins, on lui avait clairement fait comprendre que ce n'était même pas une option envisageable pour l'instant. Rien que l'idée d'être enfermé une fois de plus le rendait dingue.

Il tournait en rond, examinant ce qui serait sa chambre dans tous ses recoins lorsqu'une missive lui était parvenue par le biais d'un hibou qui ne lui était pas inconnu. C'est avec une légère méfiance qu'il avait parcouru le mot. Essayant de savoir si un quelconque piège se trouvait dedans. Il avait parfaitement conscience que le gouvernement savait tout de ses amitiés et des disputes qui avaient pu avoir lieu ces derniers moi et avant. Ils avaient suffisamment utilisé son passé pour qu'il ne se fasse aucune illusion à ce sujet. Alors l'invitation qu'il venait de recevoir lui semblait plus que louche.

Il se doutait plus ou moins de l'allégeance de cette personne. Se doutait que ce ne serait pas son parti qu'il prendrait. Il l'avait déjà prouvé plusieurs mois auparavant. Qu'est-ce qui changerait aujourd'hui ? Outre le fait qu'il était activement recherché par la Milice. Ce qui lui donnait une raison supplémentaire de vouloir le voir. Juste pour lui tendre un piège et le remettre aux autorités. Il avait déjà été trahi par des gens qu'il pensait ses amis. Et cette fois-là ne faisait pas exception. Il aurait même été logique qu'il le fasse au vu des alliances qu'il avait tissé dernièrement. Sa première pensée fut donc de jeter cette invitation inopportune et sans fondement selon lui.

Toutefois, passer la journée dans une cave sans être autorisé à sortir avait eu le don de l'agacer. Il avait donc eu le temps de réfléchir à tout ça. Mettre les pour d'un côté et les contre de l'autre. Roy avait été son meilleur ami jusqu'à présent. Il l'imaginait mal le trahir à ce point. Et plus important, il l'invitait chez lui et non dans un quelconque bar où il aurait été facile de le piéger. Même si la trahison restait une option. Après tout, n'avait-il pas rejoint l'ennemi ? N'était-il pas uniquement intéressé par l'argent. Leur amitié avait volé en éclat quelques mois auparavant et peut-être était-ce suffisant pour que Roy l'ait complètement rayé de sa vie.

Il n'arrivait plus à réfléchir rationnellement, n'arrivait plus à savoir ce qu'il convenait de faire. Sa tête lui ordonnait de rester à sa place. Mais son besoin de liberté et son cœur lui dictaient d'aller voir celui qui jusqu'ici avait toujours été là pour lui lorsqu'il avait eu des soucis. C'était un dilemme qu'il savait ne pas pouvoir partager avec quelqu'un d'autre que lui. Au Kraken, Roy Calder était l'ennemi. Et s'il annonçait de but en blanc qu'il souhaitait se rendre chez lui, cela éveillerait forcément les soupçons. Un soupir lui échappa. Il ne savait pas du tout ce qu'il convenait de faire. Il resta une bonne partie de l'après-midi à fixer la lettre avant de s'apercevoir qu'il n'y avait plus un bruit dans les caves. Tout le monde semblait être parti. Le laissant seul avec l'obscurité.

Il poussa prudemment la porte de sa chambre pour examiner un instant la pièce commune déserte. Il se saisit d'une des pommes posée dans un panier en osier sur la table avant de croquer avec appétit dedans. Il n'avait rien mangé depuis près de douze heures mais son estomac ne semblait pas plus affamé que cela. La privatisation alimentaire avait été telle au cours du dernier mois écoulé qu'il ne sentait même plus la faim. La nourriture le dégoûtant même légèrement. Il laissa sa pomme à moitié mangée sur la table avant de se diriger lentement vers la sortie. Il examina les lieux un instant à la recherche de quelqu'un posté là pour lui barrer le chemin mais personne à l'horizon. Il revint donc sur ses pas pour se couvrir d'une cape capable de lui couvrir le visage.

Il savait cela peu prudent. Surtout que des Miliciens ou des Veilleurs devaient certainement patrouiller dans les rues de Bristol. Mais Roy n'habitait pas très loin et surtout, il habitait dans le monde sorcier. Ce qui lui éviterait de passer par les points de sorties de la ville. Il connaissait le chemin par cœur. Il avait bien pensé à transplaner mais il avait l'intuition que ses détenteurs sur Skye l'avait marqué afin de pouvoir le tracer en cas de transplanage. C'était après tout, ce qui était d'usage sur les enfants sorciers anglais. Alors pourquoi ne serait-il pas possible de l'appliquer à un adulte ?

Il avait également pensé au portoloin. Néanmoins, il gardait celui-ci pour le retour. Au cas où il lui arriverait quelque chose. Ou s'il tombait nez à nez avec les autorités afin de pouvoir évacuer rapidement. Il savait qu'il ne pourrait pas rentrer directement au QG mais cela lui permettait un rempli stratégique. Ce qu'il n'avait clairement pas emmené lorsqu'il avait été voler des documents au musée d'Oxford. Il repensait d'ailleurs à son échec chaque fois qu'il posait les yeux sur le miroir à double sens resté exposé dans la salle commune.

Une légère brise vint lui fouetter le visage alors qu'il mettait le pied dehors pour la première fois depuis des mois. Il resta un instant immobile, savourant sa liberté retrouvée pour un temps relativement court. Mais c'était déjà mieux que rien. Il pouvait sentir l'air frais de la rue. Il pouvait se mouvoir comme il le souhaitait. Un léger sourire lui échappa et il dut se retenir de ne pas éclater de rire au milieu de la rue. Enivré par le sentiment de jouissance extrême que lui procurait ce moment inqualifiable. Un ensemble de sensations retrouvées et des émotions se mélangeant les unes aux autres pour ne laisser en lui qu'un vague sentiment de paix intérieure perdue depuis longtemps.

Il rouvrit lentement les paupières. Scrutant la voie déserte, sa baguette fermement tenue dans sa main et dissimulée dans la manche de sa cape. Il parcourut quelques mètres hésitants. Se retournant à chaque bruit suspect. Partant sans réelle destination en tête. Hésitant encore à répondre favorablement à l'invitation de celui qui avait été son meilleur ami. Que voulait-il ? Et lui, qu'allait-il lui dire lorsqu'il le reverrait ? Il ne savait plus comment agir avec les personnes de son entourage. Tout semblait si simple auparavant. Mais désormais même le simple fait de sourire lui semblait être une épreuve. Lui qui avait toujours réussi à garder une joie de vivre auparavant ne semblait plus qu'une coquille vide.

A quoi bon vivre une telle vie ? Des mots qui revenaient sans sens depuis qu'il avait été libéré deux jours plus tôt. Une idée fixe qu'il tentait de repousser. Essayant de se convaincre que le temps lui apporterait peut-être une solution correcte à ses interrogations. Même si pour le moment tout n'était que souffrance, noirceur et désolation. Aucun espoir ne semblait se profiler en lui. Tout lui semblait morne, noir et dangereux. Tout était un ennemi potentiel. Et à cet instant, dans les rues désertes de Bristol, il était sur ses gardes plus que jamais. Se terrant dans les recoins sombres et s’aplatissant contre les murs au moindre bruit.

Puis sans qu'il ne s'en rende réellement compte, l'immeuble de Roy lui apparut. Il monta machinalement les marches menant à son appartement sans faire le moindre bruit. S'arrêtant silencieusement devant la porte entrouverte. Comme pour l'inviter à entrer. Il fronça légèrement les sourcils avant de jeter un sort d'Hominum Revelio lui permettant de savoir si d'autres personnes que Roy se trouvaient dans l'appartement. Sa confiance légèrement amoindrie par sa séquestration sur Skye et par leurs longs mois de disputes. Mais il put constater qu'il n'y avait qu'une seule personne dans la pièce. Peut-être pas celle qu'il pensait mais au moins, il serait capable de se défendre en cas de problème.

Il poussa donc la porte du bout des doigts, la faisant légèrement couiner avant de s'avancer dans l'appartement, le parquet craquant sous ses pieds alors qu'il avançait prudemment. Refermant la porte derrière lui pour la verrouiller d'un sort avant de faire face à Roy. Il ne semblait pas tellement différent de la dernière fois qu'il l'avait vu. Plus fatigué peut-être. Les cernes sur son visages étaient plus marquées. Une légère perte de poids également était sans doute à constater mais rien de dramatique en soit. Rien de comparable avec son état à lui. Il devait certainement être méconnaissable maintenant qu'il avait laissé tomber la capuche cachant son visage. Les traits tirés par les angoisses successives et le manque d'alimentation.

Il avait conscience qu'il n'avait plus rien de l'homme qu'il avait été. Physiquement, il ressemblait plus à un squelette qu'au frais et beau jeune homme qu'il avait pu être. L'horreur et une légère pointe de folie angoissée se lisait certainement encore dans son regard. Il resta un long moment immobile face à son ancien ami. Le jaugeant, attendant sur la défensive sa première réaction. Il ne savait pas exactement ce qu'il convenait de faire. Et l'incertitude le laissait méfiant et sur ses gardes. Prêt à dégainer sa baguette à tout instant. Néanmoins, il se détendit légèrement aux premières paroles de l'homme face à lui. Il ne semblait pas vouloir d'affrontement. Peut-être était-il incertain lui aussi de la façon dont il fallait s'adresser à lui. Peut-être donnait-il l'impression d'être un animal farouche égaré et apeuré. Ce qui était le cas. Il se sentait comme un loup coincé entre deux phares et cette sensation était des plus désagréables. Il prit néanmoins sur lui. Déglutissant difficilement pour parler à son tour.

"Bonsoir Roy..."

Sa voix était rocailleuse, légèrement cassée. Laissant entendre qu'il n'avait pas parlé depuis longtemps. Comme s'il se réhabituait à utiliser un instrument restait longtemps inactif. Et c'était plus ou moins le cas. Il n'avait pas parlé depuis plus d'un mois. Depuis cette journée dans le bureau de Meredith Kane. Sa voix ne servant qu'à exprimer sa douleur par ses hurlements. Ses cordes vocales déchirées par ses cris et par la douleur endurée. Il avait à peine sorti plus d'un mot depuis son retour de Skye. Demandant le jour qu'ils étaient se contentant autrement de hochement de têtes et de légers sourires difficiles. Même pas des sourires, uniquement des tressaillements de lèvres. Il venait de prononcer ses vrais premiers mots et cela lui donnait une impression étrange. Comme si c'était quelqu'un d'autre que lui. Un étranger qui avait pris possession de son corps et parlait à sa place tellement sa voix sonnait étrange à ses oreilles. Comme s'il n'était plus vraiment lui. Ce qui était peut-être le cas. Il ne savait pas, ne savait plus réellement.

"Il paraît que tu veux me parler... Alors, je t'écoutes. Que veux-tu me dire ?"

Il vrilla son regard vide dans celui de son ami. Attendant sa réponse avec une certaine indifférence, le tout mêlé à une méfiance toujours active. Ne baissant pas sa garde à aucun instant. Mais le cas échéant, il refusait de se faire attraper de nouveau et il n'hésiterait pas à prononcer un mot. Un unique mot qui mettrait fin à toute ses souffrances et à sa vie, tout simplement.


Klemens Dabrosky
Roy Calder
Roy CalderPropriétaire d'un haras
Messages : 2891
Profil Académie Waverly
Ne dis jamais adieu [Klemens & Roy] Icon_minitimeMar 23 Fév 2016 - 18:46
Il y avait quelque chose de presque terrifiant à regarder Klemens ôter sa capuche pour dévoiler un visage méconnaissable. Skye avait fait son oeuvre sur cet homme, et il ne s’agissait pas que de conditions difficiles et physiques que pouvaient subir des prisonniers. La noirceur que Roy lisait dans le regard de Klemens, il ne l’avait jamais vue nulle part, à part peut être dans le regard de sombres mercenaires de la Voie des Miracles, habitués à voir et commettre d’affreuses choses. Qu’avait vu Klemens ? Et puisqu’il n’avait sûrement pas pu faire grand-chose, enfermé dans une cellule… Que lui avait t-on fait ?

« Je… »

Roy savait que ce serait dur de faire face à son meilleur ami à nouveau, après tout ce temps. Il était loin de s’imaginer à quel point. Il était presque paralysé, dépassé par tout ce qu’il avait raté. Ses camarades au Kraken avaient sûrement été choqués en retrouvant Klemens, mais peut-être moins que lui, parce qu’ils connaissaient des conditions difficiles eux aussi, parce qu’ils s’étaient endurci le coeur et préparés à endurer les pires violences… Et pourtant, il fallait parler. Il fallait dire quelque chose, malgré le choc. C’était Roy qui lui avait demandé de venir, c’était lui qui s’était préparé un discours mentalement, il ne pouvait pas flancher. Surtout quand il sentait que Klemens était sur ses gardes, méfiant malgré une première preuve de bonne volonté, tendu et prêt à agir s’il l’estimait nécessaire.

« Je voulais te voir de mes propres yeux. Quand j’ai appris que tu étais là-bas… » Sa voix se suspendit l’espace d’une seconde, c’était un souvenir qui lui laissait encore des sueurs froides, juste à l’évoquer. « J’ai eu peur. J’ai eu peur de ne plus jamais te revoir. »

Il avait senti son estomac se nouer ce jour-là, à la pensée que Klemens pourrait rester enfermé pour toujours, ou pire, se faire charcuter jusqu’à ne ressembler plus qu’à un légume. Eh bien, c’était ce qui était presque arrivé… Au moins, Klemens le reconnaissait, c’était déjà ça, et il y avait toujours une lueur de vitalité dans son regard, malgré tout. Ce n’était pas le chiffon abattu et sans vie qu’ils auraient pu attendre. Roy s’était fait toutes sortes de films, dans l’attente de le revoir, il s’était imaginé un Klemens mutilé d’abord, puis amnésique ou muet. Bref, il s’était attendu et préparé au pire. Quelque part, il pouvait se sentir soulagé que Klemens tienne encore debout et semble avoir gardé toutes ses facultés.

Roy était presque plus perturbé que lui, au final, ou en tout cas, cela se sentait plus dans son ton et son regard. L’instant était considérablement fragile, il avait beau s’être préparé, il ne savait pas au fond ce qu’il convenait de dire, parce qu’il ne savait pas comment Klemens allait réagir. Il ne pouvait plus savoir, ils avaient tous les deux changé et perdu le contact trop longtemps. Klemens était susceptible d’exploser de colère d’une minute à l’autre, pour une malheureuse parole, ou de quitter la pièce sans un mot, une fois qu’il aurait décidé que cela ne valait pas la peine de venir. Qu’en savait Roy ? Le visage de son ancien meilleur ami était complètement fermé, il ne le laissait même pas tenter de deviner ce à quoi il pensait. D’une voix lente, comme s’il mesurait chacun de ses mots, Roy poursuivit, les yeux vrillés dans ceux de Klemens, à l’affût de toute réaction :

« A partir de là, tout ce qui s’est passé entre nous cet hiver, ça m’a paru complètement dérisoire. C’était une erreur de rester là-dessus, parce que tu comptes toujours pour moi, Klemens. Même après tout ce temps-là. »


Roy Calder

Walking on the sunny side

KoalaVolant
Contenu sponsorisé
Profil Académie Waverly
Ne dis jamais adieu [Klemens & Roy] Icon_minitime