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Être ou ne pas être, telle est la question [Sofya & Nasreen]Nasreen JoharMilicienne | Sam 7 Nov 2015 - 22:47 2 juillet 2009 Triturant les perles de son bracelet d’un geste machinal, Nasreen attendait que l’homme qui gardait l’entrée des coulisses du cabaret revienne vers elle. Elle commençait à songer qu’elle aurait mieux fait de présenter son badge de milicienne -qui était un peu une espèce de passe-droit pour toutes les situations- mais changeait d’avis en se disant que c’était assez cavalier comme façon de faire. On allait croire que Sofya Belinski avait quelque chose à se reprocher, alors que pas du tout, elle avait réalisé une performance digne de ce nom sur scène, et Nasreen souhaitait simplement la féliciter…
Et surtout, la remercier pour ce carton d’invitation qu’elle lui avait envoyé, signé de sa propre main, et qu’elle avait présenté au vigile pour pouvoir entrer. Plutôt agréablement surprise de cette missive qu’elle avait reçu la semaine dernière, alors qu’elle n’avait pas revu la comédienne depuis l’anniversaire de Mildred Magpie, Nasreen, comme toujours, avait pesé le pour et le contre un moment avant de se décider. Une part d’elle se trouvait un peu gênée par ce présent, et commençait à lui trouver mille interprétations, alors qu’il n’y avait sûrement aucune raison de paniquer : lors de leur rencontre, elle avait témoigné de l’intérêt pour sa pièce, la comédienne avait simplement cherché à lui faire plaisir en lui offrant un ticket. Avant même de rencontrer Sofya, elle avait eu envie de voir le dilemme d’Isadora sur les planches, sans réussir à trouver le temps de le faire, trop prise par ses enquêtes actuelles. Ce carton d’invitation était donc l’occasion parfaite pour s’accorder ce petit plaisir, avait t-elle finalement tranché.
Elle ne savait pas trop ce qui la gênait, au fond. Sûrement parce que cela faisait un certain temps que Nasreen n’avait pas flirté avec qui que ce soit, largement refroidie par ses dernières histoires toutes terminées de façon catastrophique, et qu’elle avait tout l’impression que son premier contact avec Sofya avait quelque peu viré du côté de la séduction… Mais elle tentait de prendre du recul, elle se faisait peut-être des idées. Certaines personnes aimaient simplement se montrer plaisantes et flatteuses, sans arrière-pensée aucune. Nasreen ne connaissait pas assez la jolie blonde pour se faire une idée solide.
« Madame ? Vous pouvez y aller. »
Le ton patibulaire du vigile, qui était ressorti des coulisses et lui rendait son carton d’invitation au passage, tira Nasreen de ses pensées. Elle lissa machinalement sa jupe, puis replaça sa tresse avant de s’avancer vers les loges avec précaution, comme pour ne pas se faire remarquer. Ses yeux attrapèrent quelques figurants de la pièce, éparpillés un peu partout, passant d’une loge à l’autre dans une atmosphère euphorique. Nasreen entendit quelques plaisanteries et commentaires sur leur jeu et sur le public, alors qu’elle marchait près d’eux, lorsqu’un des acteurs l’apostropha :
« Vous cherchez quelqu’un ? -Euh oui, la loge d’Isad… de Sofya Belinski. »
C’était peut-être mieux de donner le vrai nom, qu’elle ne passe pas pour une fan qui s’était introduite là pour voir son idole de la soirée. Heureusement, le figurant ne sembla rien relever, et lui désigna l’une des portes à sa droite, légèrement entrouverte. Après avoir frappé pour être sûre de pouvoir entrer, Nasreen poussa doucement la porte, puis fit quelques pas à l’intérieur. Son oeil d’Auror attrapa de multiples détails de la pièce exiguë en un rapide balayage, des costumes suspendues aux poutres du plafond, à la collection de tubes de maquillage, de masques, de plumes, de perruques, sur la table, ainsi qu’une quantité non négligeables de papiers éparpillés là où il y avait de la place. Et puis au milieu de tout cela, la comédienne resplendissante dans cette cascade de boucles blondes travaillées et ce sourire éclatant.
« Bonsoir. » glissa Nasreen, les mains croisées derrière son dos, un sourire s’étirant à son tour sur ses lèvres.
Qu’il était drôle de voir de plus près ce visage qu’elle avait observé se muer dans toutes les expressions sur scène, tout à l’heure. Le personnage d’Isadora lui avait énormément plu, très grave et digne dans les moments les plus difficiles de son histoire, tout juste assez fragile et touchante pour que le spectateur éprouve un élan d’empathie. A aucun moment, le trait n’était forcé pour verser dans le pathos, si émotion Isadora suscitait, elle le faisait de façon subtile, et pour cela, Nasreen tirait son chapeau à l’actrice. Elle avait passé un réel bon moment, dans la pénombre de la scène de théâtre. Passant une mèche de cheveux derrière son oreille, la jeune femme poursuivit de son ton mesuré :
« Je ne veux pas vous déranger plus longtemps, je voulais juste vous remercier pour le billet, c’est très gentil d’avoir pensé à m’inviter. Et puis… Vous féliciter aussi, c’était vraiment une belle performance, vous êtes douée. »
Assortie d’un sourire un peu maladroit, Nasreen n’ajouta rien de plus, même si au fond d’elle, elle savait que ce n’était pas seulement la performance qu’elle avait trouvé très belle... | | Sofya BelinskiMembre des Veilleurs | Dim 8 Nov 2015 - 18:54 Installée face au miroir de sa loge, Sofya passa une grosse éponge sur son visage pour enlever son maquillage de scène. Comme toujours, voir son véritable visage débarrassé de la couche de fond de teint clair, du fard à paupière, du mascara, du blush et du rouge à lèvre épais qu'elle mettait pour incarner Isadora lui fit étrange. C'était comme si elle avait oublié, le temps de la représentation, à quoi ressemblait Sofya, qui était même Sofya, pour se fondre dans la peau de quelqu'un d'autre. Et son visage lui semblait bien insignifiant tout à coup, avec ses petits yeux aux paupières lourdes, ses rougeurs et ses imperfections. Nettement moins extraordinaire que celui de la belle héroïne qu'elle incarnait...
Après s'être contemplée une minute, Sofya dégraffa les attaches de son costume, le laissant choir en un bruit froufroutant, et se dirigea vers la petite douche de sa loge - privilège du rôle principal - pour se laver et se débarrasser une bonne fois pour toutes d'Isadora. L'eau brûlante détendit son corps fourbu et lui fit un bien fou, mais elle ne s'éternisa pas, pressée de regagner l'excitation et les paillettes des Folies.
La représentation avait été un succès. Le dilemme d'Isadora tirait vers la grande dernière, et la troupe était désormais bien rodée, si bien que le public sortait généralement ravi du spectacle. Elle-même n'avait pas été en reste, puisqu'elle tirait un plaisir grandissant à son interprétation, même si elle ne serait pas mécontente de passer à un autre rôle. Isadora avait été un formidable tremplin pour sa carrière, et elle avait hâte de passer à la suite pour découvrir quels rôles le futur lui réservait. Peu routinière, Sofya aimait la nouveauté plus que tout, qui la poussait à se dépasser et se renouveller sans cesse.
La comédienne enfila une jolie robe et se maquilla rapidement, bien plus légèrement, avant de déméler ses boucles blondes qu'elle laissa libres sur ses épaules. Bien souvent, pour Sofya, la fin de son spectacle n'annonçait que le début de la soirée. Lorsque l'adrénaline retombait, elle ressentait le besoin de continuer la fête jusqu'au bout de la nuit, que ce soit en compagnie de ses amis du monde du spectacle ou bien des Veilleurs. Ce soir ne ferait pas exception, bien au contraire, elle avait particulièrement hâte de boire un bon verre et de discuter avec quelques spectacteurs pour avoir leur avis... Pourtant, cette fois, ce furent les spectateurs qui vinrent à elle, une en particulière.
Une qu'elle n'attendait plus. Un grand sourire empreint d'incrédulité illumina son visage à la vue de la jeune femme qui se tenait sur le pas de sa loge. Elle la reconnut tout de suite, avec son visage mélodieux et sa beauté indicible. Nasreen Johar, la milicienne qu'elle avait rencontré lors de l'anniversaire de Mildred Magpie, et à qui elle n'avait pu s'empêcher d'envoyer un carton d'invitation. C'était comme de lancer une bouteille à l'océan : Sofya savait qu'elle avait très peu de chance d'obtenir ce qu'elle espérait de cette demoiselle, mais elle ne pouvait s'empêcher d'essayer malgré tout, car une occasion comme celle-ci ne se présentait pas tous les jours. Sofya ne rencontrait pas des jeunes femmes aussi magnifiques, aussi gentilles, aussi... aussisi souvent, après tout !
"Bonsoir", répondit Sofya en observant sa curieuse visiteuse. Sa gestuelle trahissait sa timidité et Sofya ne put s'empêcher de la trouver adorable, comme un bonbon tout doux que l'on avait envie de dévorer. Le sourire de la comédienne s'agrandit quand Nasreen la félicita et elle la remercia d'un hochement de tête.
"Je vous remercie", souffla-t-elle en sondant son interlocutrice du regard, comme pour vérifier sa sincérité. Ce n'était peut-être que politesse de sa part, or pour une raison ou pour une autre, l'opinion de cette inconnue importait plus à Sofya que les quatre étoiles de la rubrique culturelle de Multiplettes.
"Vraiment, vous avez apprécié ? Vous ne vous êtes pas ennuyée ? Je sais que le dialogue entre Isadora et Coban est un peu long... Quoi qu'il en soit, je suis heureuse que vous soyez venue, c'est un plaisir de vous revoir."
| | Nasreen JoharMilicienne | Lun 16 Nov 2015 - 21:38 « Oui vraiment. J’ai trouvé le rythme bien tenu, il y avait des scènes très dynamiques pour contrebalancer les dialogues plus longs. Votre troupe mérite tous les compliments qui ont été faits par les critiques de presse. » conclut la milicienne, sur un sourire.
Nasreen avait lu pas mal de choses sur la pièce, car elle avait cru un moment qu’elle ne trouverait pas d’occasion pour la voir, et s’était donc rabattue sur des lectures annexes. Elle était venue en spectatrice avertie, et n’avait pas été déçue du déplacement. Pour être complètement honnête, elle avait d’abord quelque peu douté de la qualité artistique d’une pièce produite par et pour les Folies Sorcières, qui avait une réputation qu’on ne faisait plus, largement osée, et que Nasreen avait pu constater par elle-même, lors de l’anniversaire de l’extravagante gérante des lieux. Elle se rendait plus volontiers dans des petites salles, moins renommées, mais qualitatives. La création artistique sorcière pullulait à Manchester, c’était entre autres pourquoi elle avait choisi d’y résider. Non, vraiment, elle n’avait pas été déçue du voyage, songeait t-elle, les yeux fixés sur le visage de Sofya, avant qu’elle ne se rende compte qu’elle la contemplait depuis un peu trop longtemps. Chassant le trouble avant qu’il n’ait le temps de s’installer, Nasreen embraya :
« Je pensais que je n’aurai jamais le temps et la possibilité de voir cette pièce, mes collègues l’avaient soit déjà vue, soit n’étaient pas très emballés, et puis j’étais pas mal prise par mon travail, donc… Merci encore pour l’invitation, c’était le coup de pouce que j’attendais ! »
Elle aurait pu dire que c’était un signe à la place d’un coup de pouce, mais elle s’emballait un peu trop, non ? Bref. Sans trouver quoi ajouter de plus, la milicienne se sentit soudainement moins à sa place, dans cette petite loge pleine de la personnalité -ou plutôt des personnalités- de la comédienne. Cela ressemblait à un cabinet de curiosités par ici, entre tous ces froufrous, ces perruques farfelues... mais il fallait qu’elle cesse de tout balayer de son regard, elle avait assez dérangé comme ça et ne voulait pas passer pour une malpolie.
« Je vais vous laisser, j’imagine que vous alliez sortir avec vos amis de la troupe. C’était un plaisir de vous revoir, j’espère que nous aurons d’autres occasions. » conclut t-elle, en ponctuant d’un petit sourire.
Une autre pièce, un autre anniversaire, ou que ne savait t-elle d’autre… Comme face à un sujet plein d’intérêt, Nasreen évaluait Sofya sous toutes ses coutures, sans toutefois oser s’aventurer à franchir cette distance d’où elle la dévisageait. Mais du coup, elle se sentait un peu stupide à attendre là, comme si elle espérait que la jeune femme lui dise quelque chose de particulier. Elle n’était pas toujours aussi intimidée, d’habitude, face à elle, Nasreen se sentait presque l’insignifiance d’une petite souris. Il fallait dire qu’elle rencontrait rarement des personnalités aussi marquantes que celle de la comédienne, assurée, singulière, et diablement attrayante.
| | Sofya BelinskiMembre des Veilleurs | Lun 16 Nov 2015 - 23:52 Sofya avait entendu beaucoup de compliments depuis qu'elle jouait le rôle d'Isadora, que ce soit sur la pièce en général, sur la troupe ou sur sa propre interprétation. Cette avalanche de félicitations la changeait agréablement de ses pièces précédentes dans le pays, généralement peu suivies ou saluées, même si cela la plaçait un peu trop sur le devant de la scène pour une espionne censée être discrète. Elle pressentait que ce rôle serait un vrai tremplin pour sa carrière en Angleterre, qui avait été plus modeste que lors de ses années russes. Quoi qu'il en soit, elle commençait à avoir, en toute modestie, l'habitude d'être complimentée sur ce rôle, que ce soit par la presse ou les spectateurs, mais pour une raison ou pour une autre, ces mots avaient une toute autre saveur dans la bouche de Nasreen... Elle était donc plus que ravie de lui avoir donné ce coup de pouce.
Sofya la remercia d'un sourire un peu gêné, tentant tant bien que mal de dissimuler à quel point sa venue et son retour sur sa prestation lui avaient fait plaisir. Mais c'était difficile, ô combien difficile de ne pas la manger des yeux, et après tout, pourquoi s'en priver ? C'était elle qui était venue dans sa loge, elle qui gardait le silence le temps d'un long instant, dont Sofya ne perdit pas une miette. Son coeur battait un peu trop fort dans sa poitrine et il lui semblait que son souffle était un peu erratique, comme si elle avait oublié comment on était censés respirer - et comment, en effet ? Quand une telle femme vous regardait...
Nasreen Johar, c'était un nom qui rugissait et qui caressait en même temps, et la femme qui portait ce nom le portait si bien. Elle avait la silhouette fine et dynamique d'une auror de métier entraînée, une force et une assurance sans doute inconscientes que l'on pouvait deviner dans ses mains élégantes et dans sa posture ferme de femme équilibrée, active, sure, qui inspirait la confiance. Comment, en effet, ne pas se fier à son regard sincère et expressif, à ces yeux en amande surmontés de sourcils légèrement interrogateurs - et à cette interrogation, Merlin, Sofya avait envie de répondre ! Comment ne pas défaillir à l'idée de se glisser dans la sphère de douceur, de chaleur et de générosité qui semblait émaner de la jeune femme ? Comment encore ne pas se laisser envouter par son aura de sensualité, par cette petite touche d'exotisme qui achevait de faire d'elle une personne unique, originale, et tout simplement parfaite ?
Autant de questions qui donnaient le vertige à la comédienne. Comme elle était fausse, gauche et grossière, Sofya, en comparaison de la subtile créature qui avait fait quelques pas dans son univers ! Soudain, elle voulut soustraire à sa vue tout son fatras, remettre une grosse couche de maquillage pour se dissimuler et ôter de son regard cette fascination qu'elle ne parvenait à juguler. Hélas, ce silence prit fin, qui lui avait paru si long et si court à la fois, et elle dut bien se recomposer.
"Merci à vous d'être venue", répondit-elle avec un sourire hésitant, bien trop troublée pour faire preuve de sa verve habituelle.
Ce ne fut que lorsque la belle fit mine de vouloir partir que Sofya réalisa qu'il lui faudrait dire autre chose que "Merci" à un moment ou à un autre. Elle protesta intérieurement un moment, sans pour autant parvenir à trouver une raison valable de demander à Nasreen de rester, avant de se jeter à l'eau parce que le silence commençait à s'éterniser :
"Oh, vous n'êtes pas obligée de partir, je... sortais, oui, mais... Enfin, je sors souvent aux Folies après mes spectacles, pour évacuer un peu la scène, vous voyez ? Alors peut-être que... enfin, il se fait tard mais, puisque vous êtes là, et moi aussi..."
Wah, c'était laborieux. Pour un peu, elle allait en perdre son anglais, puisque son accent russe revint légèrement sur ces balbutiements, et elle se mordit l'intérieur de la joue pour reprendre ses esprits. Enfin, que lui arrivait-il ? Elle n'avait pas été aussi gauche, à l'anniversaire de Mildred ! Mais l'ambiance n'était pas la même, et sans doute n'avait-elle pas réalisé sur le coup à quel point elle mourrait d'envie de passer un peu plus de temps avec cette femme. Or elle lui semblait timide, presque evanescente, comme une biche qu'un geste brusque pourrait effaroucher, et qui disparaîtrait pour toujours. En clair, elle avait peur de gâcher sa chance. Et une chance, en avait-elle seulement une ? Une femme pareille était certainement en couple, peut-être même fiancée avec un lieutenant auror qui lui ferait deux enfants en banlieue londonienne. Qui était-elle, pour prétendre à quoi que ce soit avec une sorcière de ce standing ? Elle n'était que Sofya, la Veilleuse et l'artiste...
Mais si elle ne disait rien, si elle la laissait partir, alors elle s'en voudrait pour de bon. Et la Gryffondor qu'elle était préférait de loin tenter sa chance que de goûter à l'amertume des regrets. Au pire, elles pourraient peut-être devenir amies, c'était bien aussi, une amie...
"Est-ce que vous avez envie d'aller boire un verre avec moi ?", parvint-elle finalement à proposer, avec l'air affirmé d'une comédienne de renom, mais le regard plein d'espoir d'une jeune élève de Poudlard qui invitait son crush à Pré-au-Lard...
| | Nasreen JoharMilicienne | Mar 17 Nov 2015 - 22:21 Le silence était gênant et Nasreen ne perçut pas tout de suite que cela ne venait pas d’elle seulement, mais que son interlocutrice paraissait tout aussi hésitante. Elle attrapa le regard confus de la belle Sofya, qui lui était pourtant apparue comme une personne si assurée, et fut presque étonnée de l’entendre se perdre dans ses mots.
« Oui ? » l’encouragea t-elle, de son ton doux, alors qu’elle laissait en suspens sa dernière phrase.
Et derrière la douceur et son apparence posée, Nasreen masquait la fébrilité… Il était difficile d’ignorer que son rythme cardiaque avait légèrement augmenté depuis tout à l’heure, difficile d’ignorer l’effet que cette inconnue produisait sur elle, alors que probablement, elles ne se regardaient vraiment pour la première fois que maintenant. Lors de l’anniversaire, Nasreen s’était sentie tellement embarrassée, tellement obnubilée par la présence de la foule autour d’elles, qu’elle avait regardé ses pieds plus qu’autre chose. Elle n’était pas prête, à ce moment-là.
Les choses étaient sensiblement différentes maintenant, dans cette petite loge, telle une bulle, un instant juste entre elles. Ce qu’elle avait entraperçu lors de la soirée d’anniversaire, déformé avec les lumières, concurrencé par le bruit, l’agitation, les invités, lui sautait désormais aux yeux. Le regard silencieux et contemplatif, Nasreen avait hautement conscience de celui de Sofya, sombre et troublant, même dans l’incertitude. Elle avait déjà remarqué les belles boucles blondes, le charisme presque mystérieux de la sensuelle comédienne, tout cela lui revenait à nouveau, avec encore plus de force, parce qu’il y avait ce silence entre elles, qui faisait se sentir Nasreen plus petite que jamais, et qui surtout, leur laissait toute la place pour s’aimanter l’une l’autre…
Comme si elle ne tenait plus, la milicienne baissa brièvement le regard, maigre tentative de reprendre contenance. Ce n’était pas raisonnable, vraiment pas raisonnable de tomber à ce point sous le charme d’une nouvelle femme, car Nasreen savait comment se terminaient toujours ses histoires : mal… Et c’était de sa faute. Mais il fallait croire que la sonnette d’alarme n’était pas encore assez forte, ou l’envie de s’approcher un peu plus de cette délicieuse et mystérieuse Sofya, trop tentante pour qu’elle décline son invitation. Cela ne l’engageait à rien, un petit verre, n’est-ce-pas ? Vraiment rien. Elles allaient juste faire connaissance, et cela conviendrait très bien à Nasreen.
Relevant la tête pour croiser le regard de la blonde, alors qu’elle achevait de poser la question, Nasreen retrouva son sourire gracieux, pour répondre d’un ton qui laissait paraître plus de contrôle qu’elle n’en avait en réalité :
« Oui, pourquoi pas, avec plaisir. » Se rappelant qu’elle avait interrompue Sofya dans son rituel de maquillage, et désireuse de ne pas la gêner, elle se fit la réflexion qu’il serait peut-être bienvenu qu’elle s’éclipse temporairement. « Je vous laisse finir de vous préparer, peut-être ? Je vous attends devant le cabaret, alors. »
Après un dernier sourire, Nasreen fit demi-tour en saluant brièvement les collègues de Sofya sur son passage, s’efforçant de ne pas attirer l’attention. Elle ne fut pas mécontente de retrouver l’air frais de la nuit sur ses joues, qui l’aida à remettre de l’ordre dans ses idées et sortir un peu de cette atmosphère calfeutrée et troublante des coulisses. Elle s’était éclipsée avec la vitesse d’une femme qui fuyait, et pourtant, Nasreen n’en fit rien. Elle s’assit temporairement au pied des marches, lissant sa jupe sur ses genoux, puis se mit à observer la ville dont parlait tous les journaux pour s’occuper l’esprit. Elle aperçut quelques uns de ses collègues miliciens plus loin, sans pour autant reconnaitre leur identité. Autant elle pouvait connaître Londres et ses dossiers comme sa poche, autant elle n’avait jamais officié à Bristol, même du temps où elle était Auror. Cette ville était encore pleine de mystères pour elle, et ses habitants encore plus… Et l’habitante qui occupait ses pensées ne tarda pas à revenir, Nasreen se releva en la voyant s’arrêter à ses côtés. Replaçant son sac à main sur son épaule, elle déclara :
« Je vous suis, vous connaissez mieux la ville que moi. »
Et elle marcha avec Sofya, elles s’engagèrent d’abord dans la promenade qui surplombait l’estuaire. La tour du guet -vestige historique, à la connaissance de la milicienne, entrée de la Voie des Miracles pour les initiés- se dressait au fond de leur perspective. Le regard de Nasreen se baladait entre cette tour, l’eau et les petites maisonnettes à leur gauche, à moitié masquée par une végétation généreuse.
« C’est joli ici, souffla la milicienne tout à ses observations du paysage bristolien, qui, au-delà du crime, des émeutes, de sa réputation, restait une ville portuaire pleine de charmes. Elles n’étaient pas les seules à se promener par là, d’autres flânaient autour d’elles, des couples sur des bancs, des jeunes appuyés sur la rambarde qui protégeait du dénivelé vers la mer, des familles qui rentraient chez eux. On pouvait presque croire qu’il ne se passait rien de particulier ici, au coeur de la ville, avant de rejoindre les points d’entrée et se rendre compte de la présence des forces de l’ordre. A part l’Avenue des Douze Chênes et les Folies Sorcières, je ne connais pas du tout la ville, avoua t-elle, en se tournant vers Sofya, curieuse. Où est-ce que vous m’emmenez ? »
| | Sofya BelinskiMembre des Veilleurs | Dim 22 Nov 2015 - 18:39 Sofya esquissa un grand sourire victorieux lorsque Nasreen accepta son invitation, sans grande hésitation, et fit un tour sur elle-même dans la petite loge en attrapant à la hâte sa cape, ses talons vertigineux et son sac à main. Avant de tout rejeter aussitôt, et de se précipiter vers le miroir pour re-retoucher son maquillage. Glisser une main fébrile dans ses cheveux. Enfiler les chaussures, jeter la cape sur ses épaules, jeter le sac sur son épaule, se ressaisir. Il ne fallait pas s'emballer, n'est-ce pas ? Peut-être qu'il ne s'agissait que d'un verre pour faire connaissance, sans arrière pensée aucune. Peut-être également que l'aura de lumière et de charme que dégageait Nasreen ne dissimulait pas une sorcière aussi intéressante et séduisante qu'elle en avait l'intuition, car l'intuition pouvait se tromper parfois, elle en avait déjà fait l'amère expérience. Alors il ne fallait pas réfléchir, et surtout pas trop espérer : elles iraient boire ce verre, et ensuite, Sofya aviserait...
Il ne lui fallut pas longtemps pour regagner l'extérieur du cabaret, esquivant au passage ses collègues de scène, et retrouver Nasreen qui l'attendait assise sur le péron. Sofya lui adressa un sourire un peu caché par la pénombre quand elle se redressa, et elles se mirent en marche. Nasreen avoua ne pas connaître la ville.
"Suivez-moi dans ce cas", répondit Sofya en faisant l'inventaire mental de tous les lieux qu'elle connaissait. Elle n'avait pas envie d'emmener Nasreen dans l'un des quelques établissements branchés de la ville, qui seraient, à l'instar des Folies, bruyants et très peuplés. L'on aurait pu croire que la psychose ambiante avait vidé les commerces de la ville, mais c'était tout le contraire, en particulier depuis que la guerre des gangs se faisait plus lointaine et que le gouvernement avait infléchi les mesures de sécurité en place. Les bars bristoliens ne désemplissaient pas les soirs de week-end, sans doute parce que chacun redoutait de rester seul chez soi dans la crainte et la morosité, à ressasser les informations, sans doute aussi pour tenter de reconquérir cette ville et de lui conserver cette âme festive qui était la sienne.
Sofya inspira profondément l'air chargé d'embruns, savourant la caresse fraiche de la nuit sur son visage. C'était appréciable, après avoir passé plusieurs heures dans l'atmosphère survoltée et échauffée des Folies. Une certaine fierté bristolienne émergea en elle quand Nasreen reconnut la beauté de la ville, elle qui venait visiblement d'ailleurs, et elle répondit :
"Je vais vous emmener dans l'un des petits bars près de chez moi, dans la vieille ville. Ce sera plus calme que la Promenade des Marins, et c'est un quartier qui a également beaucoup de charme, avec ses vieilles façades et ses ruelles biscornues. Ce n'est pas le plus moderne, mais personnellement j'adore y vivre."
Elle choisit intentionnellement l'itinéraire qui leur permettrait de passer devant le théâtre antique, où Sofya s'était souvent produite, et depuis lequel l'on avait une vue imprenable sur le port. Curieuse, elle interrogea la milicienne :
"Et vous, où vivez-vous, et d'où venez-vous ?"
| | Nasreen JoharMilicienne | Mar 24 Nov 2015 - 21:31 « Ca a l’air sympathique, concéda la milicienne avec un sourire, alors que Sofya évoquait le coeur historique de la ville, je vous suis. »
Elles marchèrent tranquillement, s’engouffrant peu à peu dans des petites ruelles qui les éloignaient du port. Nasreen observait de ses grands yeux noirs l’architecture délabrée, quelque peu cabossée à certains endroits, mais pourtant toujours debout. Bristol était une ville qui respirait le vécu, l’effort, elle adorait ce genre d’endroits où il suffisait de laisser promener son regard pour deviner toute une histoire, sur plusieurs générations de personnages tout aussi différents les uns que les autres. Certains ne l’auraient pas trouvée belle : mis à part l’Avenue des Douze Chênes soigneusement entretenue, et peut-être celle qui lui était parallèle et qui longeait la célèbre académie Lycaon, les rues qui composaient la ville étaient des accidentées, des sinueuses, parfois même, des inquiétantes. Elle avait ce côté un peu repoussant, c’était sûr. Mais elle avait ce petit quelque chose malgré tout, ce petit quelque chose qui expliquait d’ailleurs que la ville continuait d’être aussi peuplée, malgré les coups durs.
« J’habite à Manchester depuis l’an dernier. J’avais un petit studio à Londres avant, mais j’avais envie de changer d’air ! C’est vite étouffant, comme ville. Surtout qu’à la base, je viens de la campagne, avoua t-elle, on a grandi près de Cambridge avec tous mes frères et soeurs. »
Ville bourgeoise s’il en était une… Ils n’avaient pas vécu dans Cambridge même, mais ils auraient pu, ses parents gagnaient confortablement leur vie. Nasreen n’était pas mécontente d’avoir grandi dans l’environnement simple et rassurant d’une campagne, dans une grande maison familiale au généreux jardin, dont elle tirait plein de bons souvenirs. Elle y retournait d’ailleurs régulièrement, très attachée aux siens, et leur maison était encore bien vivante, animée des trois dernières qui n’avaient pas encore quitté le nid… Reportant son attention sur la comédienne, Nasreen rebondit :
« Vous êtes à Bristol depuis longtemps ? Puis elle hésita un petit instant, le temps de choisir la bonne formulation pour la suite. Je me faisais la réflexion, on a l’air d’avoir à peu près le même âge, et… C’est bête, c’est toujours la référence quand on rencontre un autre sorcier, mais je ne me souviens pas de vous avoir vue à Poudlard. On n’était peut être pas dans la même maison. Ou alors, vous n’avez pas fait vos études ici ? » supposa t-elle, habituée à faire les questions et les déductions.
Ou on n’a pas le même âge du tout, songea Nasreen pour elle-même sans oser poser la question franchement. Elle serait tout de même franchement étonnée s’il se trouvait qu’elles avaient plus de sept ans d’écart. Mais c’était une explication plausible, car elle était intimement persuadée d’une chose : si elle avait déjà côtoyé Sofya Belinski dans leur jeunesse, elle s’en serait souvenu… | | Sofya BelinskiMembre des Veilleurs | Dim 13 Déc 2015 - 15:19 Sans prêter grande attention à la ville qu'elle connaissait bien, Sofya écoutait et observait Nasreen, absorbée par leurs discussions. Elle avait encore plein de questions à lui poser mais réfréna le flot de paroles qui l'envahissait, désireuse de ne pas brusquer son interlocutrice avec son exubérance habituelle. Curieusement, elle ne fut pas étonnée d'apprendre que Nasreen venait de la campagne. Elle pouvait tout à fait l'imaginer courir les champs, enfants, entourée d'une ribambelle de gamins. Sans doute était-ce cette sérénité qu'elle dégageait, à mille lieus de la frénésie d'une citadine.
"Depuis ma sortie de Poudlard, plus ou moins", répondit Sofya avec un sourire en coin. Il lui était difficile de répondre à cette question, tant elle avait fait de pérégrinations depuis son arrivée en Angleterre. Souvent, elle avait suivi le vent qui la portait dans telle ou telle pièce de théâtre, tout en restant rattachée à Bristol. Plus récemment, il y avait son passage par la Russie qu'elle n'aimait guère aborder avec les inconnus, pour ne pas s'approcher des zones d'ombres de sa vie... Heureusement, Nasreen n'avait pas pour projet de creuser la question. C'était visiblement autre chose qui la titillait, qui tira un autre sourire à Sofya. Elle était prête à mettre sa main à couper que Nasreen et elle n'avaient pas fait partie de la même maison.
"A vue d'oeil, je vous donne la trentaine... Je me trompe ? J'ai trente ans pour ma part, mais Poudlard est une grande école, et peut-être n'étions-nous pas dans la même maison, en effet. J'étais à Gryffondor, et vous étiez à..."
Elle jaugea la jeune femme du regard un instant, puis tenta : "Poufsouffle, ou Serdaigle ?"
Tandis que Nasreen lui répondait, elle la fit s'engager dans une petite ruelle pentue et sinueuse, bordée de hautes habitations aux façades mangées par le lière. On se sentait dans un autre temps ici, dans une autre époque, et Sofya aimait l'ambiance qui se dégageait de la vieille ville.
"Si vous ne vous souvenez pas de moi, ce n'est guère étonnant : je n'ai fait que mes deux dernières années d'étude à Poudlard. Avant, j'étais à Durmstrang."
Elle observa la réaction de Nasreen du coin de l'oeil, guettant un changement ou un tic sur son visage : souvent, c'était là que les gens commençaient à se méfier. Un rapide calcul mental suffisait à rapprocher la venue de Sofya en Angleterre avec le retour de Lord Voldemort, et comme les anglais avaient tendance à associer Durmstrang et mage noir, les amalgames étaient vites faits. Le pire, c'était qu'ils auraient eu raison de les faire, pour cette fois... Même au-delà de la guerre des ténèbres, nombreux étaient les anglais qui n'appréciaient pas les ressortissants de l'école Durmstrang, tant par préjugés que par rivalité. Elle s'était déjà frotté à ce type de spécimens, bien qu'elle avait tendance à choisir des fréquentations un peu plus ouvertes que la moyenne, aussi se demandait-elle comment réagirait Nasreen, la milicienne...
Leur arrivée à destination offrit une distraction bienvenue. Sofya s'immobilisa devant la vitrine verdoyante de La Mauve Douce, un établissement qu'elle avait l'habitude de fréquenter pour l'ambiance apaisante qui y régnait. Laissant Nasreen la précéder, elle la suivit ensuite dans ce bar atypique, aux meubles de bois doré et aux coussins épais et chatoyants sur les chaises. De nombreuses plantes magiques pendaient des étagères, encombraient le comptoir et trônaient dans les coins, dissimulant plusieurs chats qui semblaient tolérer les humains venus sur leur territoire. Ce n'était pas ici qu'elles danseraient sur les tables, mais elle avait envie de discuter avec Nasreen pour la découvrir. Ici, elles pourraient s'entendre et personne ne viendrait les déranger.
"C'est un endroit tranquille ici, les gens viennent autant pour travailler avec un bon chocolat chaud que pour boire une biéraubeurre après une journée de travail ou pour lire un bon roman. Je me suis dit qu'on pourrait parler."
Sofya suivit Nasreen à une table et ôta sa cape et son écharpe, avant de s'installer face à elle. Un serveur leur porta des cartes et Sofya ouvrit distraitement la sienne, sans cesser d'observer son interlocutrice.
| | Nasreen JoharMilicienne | Mer 16 Déc 2015 - 22:09 « Non, vous êtes juste. J’ai un an de plus que vous. » révéla t-elle, sans pouvoir s’empêcher de ressentir une pointe de soulagement, comme si cette information l’avait détendue, ou plutôt, rassurée. Sans s’attarder plus longtemps sur cette impression, elle poursuivit, avec un sourire presque amusé. « Pour mon côté sérieux, c’est ça ? Bien vu, c’est Poufsouffle. Je suis plus persévérante que créative. »
C’était drôle comme on lui disait toujours la même chose au sujet de sa maison, il y avait des personnes comme elle pour qui c’était une évidence, même si en vérité, le Choixpeau n’avait même pas songé à la possibilité de l’envoyer à Serdaigle. Si aucune maison ne lui aurait mieux convenu que Poufsouffle, Nasreen aurait pu imaginer Sofya dans la maison des artistes, en revanche. Qu’elle ait côtoyé les courageux lui en disait plus long sur la personnalité de la jeune femme. Ce ne fut toutefois pas le plus gros indice que lui fournit la comédienne dans son discours. Parce que Nasreen avait ces réflexes et cette facilité de déduction propres aux Aurors, elle se fit mentalement très vite les hypothèses qui expliquaient la venue de Sofya en cours d’études à Poudlard. Les transferts depuis l’école de Durmstrang étaient clairement peu fréquents -pour ne pas dire que Nasreen n’en connaissait aucun cas, de son vécu. Que celui de Sofya ait coïncidé avec le retour de Lord Voldemort en Angleterre n’était peut-être une coïncidence… En tout cas, ce n’était pas encore le moment de le savoir, Nasreen s’était contentée de répondre un simple « Je vois », à moitié concentrée à ne pas trébucher avec ses talons sur la route en pente.
Très vite, le bar où elles s’arrêtèrent procura à la milicienne d’autres sujets de pensées. Elle laissa son regard courir sur la décoration du lieu, conquise par l’atmosphère chaleureuse qui y régnait. C’était trop mignon ! Mais elle garda la remarque pour elle, toutes à ses observations, telle une petite fille dans un nouvel endroit qui l’enthousiasmait. Elle avait déjà envie de s’asseoir sur cette petite chaise toute rembourrée de coussins là-bas qui lui faisait de l’oeil, et surtout, près de ce petit chat gris qui s’était blotti contre l’un des pieds de la table… Elle résista toutefois à la tentation de le tirer de ce sommeil dans lequel il semblait se conforter, reportant son attention sur Sofya.
« Je suis bien d’accord » lança t-elle à son commentaire, avec un sourire plein de bonne humeur.
Elle commençait à se sentir un peu plus à l’aise, loin des tapageuses Folies Sorcières. Son attention sur la carte ne dura que quelques secondes avant qu’elle ne sente quelque chose frôler sa jambe. L’espace d’un instant, sa tête disparut sous la table, puis elle en ressortit, avec le chat enveloppé dans ses bras. L’animal sembla décider que les genoux de Nasreen seraient un bon endroit pour poursuivre sa sieste, car il s’y blottit un peu plus et une expression toute attendrie apparut sur le visage de la milicienne.
« Il est trop mignon ! Je n’ai jamais vu de bar avec autant de chats, dis donc, c’est un chouette concept, plaisanta t-elle avec un petit rire. Elle reporta son regard sur Sofya à ce moment-là, et se sentit sans trop savoir pourquoi obligée de s’expliquer. J’ai juste mon hibou chez moi, mais j’ai grandi entourée d’une véritable animalerie, ma mère étudie les créatures magiques. Des crapauds, des lézards, des oiseaux, des chats… Ca me manque un peu parfois, mais avec mon travail, je n’ai pas forcément le temps de m’occuper de plusieurs animaux à la fois » avoua t-elle.
Cela rentrait dans la liste des quelques sacrifices qu’il avait fallu faire pour devenir une Auror accomplie puis une lieutenante milicienne chargée d’enquêtes criminelles, juste à côté de l’espoir d’une vie sociale stable. Le fait d’y penser sembla rembrunir son regard, mais elle s’efforça de chasser ce sentiment. C’était justement le moment de sociabiliser, il fallait qu’elle en profite. Sa main caressait distraitement le chat qui ronronnait sur ses genoux, de l’autre elle ramena la carte plus près d’elle pour se replonger dans ce moment difficile qu’était le choix d’une commande.
« Vous venez souvent ici, du coup ? demanda t-elle à Sofya. Je m’en remets à vous si vous avez quelque chose à me conseiller, je suis nulle pour choisir, surtout si ça concerne mon estomac. »
Et elle avait l’air extrêmement grave en disant ça. Ne pas pouvoir goûter à tout ce qui la tentait sur une carte, le drame de sa vie.
| | Sofya BelinskiMembre des Veilleurs | Sam 26 Déc 2015 - 19:38 Le sourire spontané de Nasreen acheva de conforter Sofya dans son choix de l'emmener ici. La comédienne observa son interlocutrice plonger sous la table pour capturer un chat qui vint se lover sur ses genoux. Cette vue procura une sensation de chaleur à Sofya qui retint à grand peine un sourire attendri. Ce qu'elle était mignonne, pour une milicienne, et qu'il était dur de l'imaginer baguette au poing ! Posant son menton dans sa main, Sofya écouta Nasreen lui parler de sa mère en sentant une douce euphorie l'envahir. C'était comme une boule d'excitation au creux du ventre, causée par l'espoir que cette première discussion serait suivie de bien d'autres...
"Je comprends, j'imagine que votre métier est très prenant. Je n'ai pas d'animaux moi non plus, hormis une chouette qui sait chasser seule quand je ne suis pas là pour m'occuper d'elle."
Heureusement que sa Filippa était débrouillarde, car il lui arrivait bien plus que de raison de ne pas rentrer le soir, surtout lorsqu'elle s'éclipsait pour de longues missions d'espionnage pour le compte des Veilleurs. Finalement, elle avait plus de temps libre lorsqu'elle était sur scène tous les soirs, car cela impliquait d'être moins présente pour les Veilleurs, comme en ce moment où se jouaient les dernières représentations d'Isadora.
"Je préfère les plantes, en ce qui me concerne, mon appart est pratiquement une serre, même si j'ai dû enchanter mes arrosoirs pour qu'elles ne fanent pas", avoua Sofya avec un petit rire.
Imitant Nasreen, elle replongea ensuite le nez dans sa carte, qu'elle connaissait déjà à moitié par coeur. Mais que conseiller à Nasreen ? Quelque chose d'alcoolisé, décida-t-elle presque instantanément, car il était contre sa religion de boire autre chose passé vingt heures, et car cela promettait une ambiance plus détendue, ce qui ne pouvait pas faire de mal à une Sofya nerveuse. De l'alcool, donc, oui, mais lequel ? Soudain, cette petite recommandation devint extrêmement importante pour Sofya, comme si l'erreur pourrait lui être fatale - et si Nasreen n'aimait pas, alors peut-être qu'elle n'aimerait pas Sofya non plus ! Un petit sourire d'auto-dérision apparut sur ses lèvres et elle se raisonna, songeant que la jeune femme ne bâtirait probablement pas toute son opinion d'elle sur un simple verre. Redressant la tête, elle plongea son regard dans les beaux yeux sombres de Nasreen et proposa, malicieuse :
"Si vous êtes aventureuse, je peux vous proposer leur cocktail maison Russian Cat. Si vous souhaitez quelque chose d'un peu moins fort, leur gobière n'est pas mauvaise, et leurs chocolats viennois sont à tomber."
Une fois que la jeune femme eut fait son choix, Sofya se glissa jusqu'au comptoir pour passer commande, et revint se glisser sur sa chaise.
"Alors, aurais-je affaire à une gourmande ?", s'enquit-elle avec amusement. Elle-même n'était pas une grande mangeuse - elle était déjà une grande buveuse, on ne pouvait pas tout faire - mais elle adorait les gens avec de l'appétit, qui aimaient de tout et pouvaient s'enthousiasmer à la simple vue d'un repas. C'étaient souvent des gens de bonne compagnie, du moins Sofya prenait-elle cela comme un bon signe.
"Pour répondre à votre question, oui, je viens souvent ici. J'apprécie mon appartement mais je n'aime guère être seule, donc dès que j'ai un peu trop de temps libre à mon goût, ou que j'ai prévu de voir quelqu'un, je préfère venir ici pour lire ou voir un peu de monde. J'habite à deux pas d'ici !"
Un sort de lévitation fit venir leurs boissons à leur table, pour le plus grand plaisir de Sofya qui but une longue gorgée de son cocktail avant de reporter son attention sur Nasreen :
"Quels sont vos endroits préférés de Manchester ?"
| | Nasreen JoharMilicienne | Dim 10 Jan 2016 - 23:51 « Oh ça doit être joli chez vous ! ne put t-elle s’empêcher de dire. Des plantes de quel genre ? »
Déjà, des images de l’appartement de la comédienne lui venaient en tête, elle voyait bien l’endroit coloré et plein de personnalité, ce genre d’endroit dont elle adorait observer les détails. Elle voyait de nombreuses photos, des objets originaux disposés sur des meubles plein de charme, et maintenant des plantes un peu sauvages mais pas méchantes, disposées généreusement un peu partout… Bref, elle imaginait quelque chose d’aussi intriguant et fascinant que la sorcière qui lui faisait face. Elle était pleine de suppositions sur la vie de la comédienne, qui devait être tellement différente et éloignée de la sienne. Oh Nasreen ne se plaignait pas de son quotidien, elle adorait son travail, qui lui procurait toute l’adrénaline dont elle avait besoin. Mais Sofya devait avoir un train de vie bien moins réglé, et la milicienne, qui avait grandi dans une famille très attachée aux fonctions prestigieuse, se trouvait toujours admirative de ces gens qui osaient vivre leur passion en se moquant des risques ou des commentaires. Par exemple, son frère Salman, qui avait ouvert son petit bar en dépit de tout jugement qu’on pouvait en faire, attirait bien plus l’admiration de Nasreen que leur soeur Cali, juge au Magenmagot.
Indéniablement, Sofya avait cette lueur d’assurance et de tranquillité dans le regard que Nasreen trouvait rassurante chez son frère, et… plaisante, chez elle. Détournant les yeux, elle se força à se concentrer sur sa carte et sur la conversation. Et soudain, alors même qu’elle avait proposé à Sofya de la guider, ce qu’elle allait choisir parmi les trois propositions lui parut soudainement d’une grande importance. Peut-être que Sofya s’attendait à ce qu’elle choisisse une boisson plutôt qu’une autre ? Nasreen se trouva bizarrement dans la position de l’élève face à une question difficile où il y avait une bonne réponse, alors que c’était tout à fait stupide : elle n’avait qu’à dire ce qu’elle préférait le plus. Remontant légèrement la carte, comme pour cacher son visage, elle finit par dire quelque chose, à vrai dire, n’importe quoi :
« Je crois que mon cerveau s’est arrêté au mot chocolat. »
Un chocolat viennois, ça serait très bien, c’était très bon… Mais alors que Sofya se levait pour aller chercher les commandes, elle remettait déjà en question son choix. Aurait t-elle dû choisir de l’alcool ? Elle était plutôt une bonne buveuse, en plus, mais inexplicablement elle avait fait le choix de la sagesse et la prudence, comme si cette rencontre lui faisait appréhender un peu la suite. Légèrement. Nasreen se remit à caresser le chat sur ses genoux pour arrêter de marteler la table de ses doigts. Ce fut le moment où Sofya revenait et elle ne put s’empêcher de s’empourprer légèrement à sa remarque. Heureusement, elle était encore capable de faire de l’humour, et à vrai dire, c’était bien sa seule technique pour faire des pirouettes.
« Euh… Raisonnablement gourmande ? D’accord, vous avez trouvé mon point faible. Mais je me dépense bien ! »
De toute façon, il fallait être de mauvaise foi pour reprocher un gramme en trop sur le corps svelte de la milicienne. Elle avait une bonne forme physique, c’était sûr, mais surtout, elle était à la limite de défier les lois de la nature : même lorsqu’elle n’était pas encore Auror, elle pouvait manger et grignoter autant qu’elle voulait sans que cela ne se ressente sur sa silhouette, ce que lui avait envié -lui enviait toujours- sa soeur Ravina, qui suivait un régime strict depuis ses quinze ans -chose que Nasreen ne comprenait pas, vu la constitution de mannequin de sa soeur, mais bref.
« C’est un joli endroit pour passer le temps, approuva t-elle ensuite, à la réponse de Sofya. Vous avez de la chance de vivre dans le coin, dans le coeur de la vieille ville, c’est vraiment plein de charme. » Plus que les coins glauques des quartiers pauvres que retenait l’opinion extérieure. Après cette réflexion qui passa dans la tête de Nasreen, elle ajouta avec un petit rire : « C’est drôle, il y a tellement de clichés sur cette ville, je suis sûre qu’on ne me croira jamais quand je dirai que j’ai été dans un bar plein de chats trop mignons et de chocolat viennois à Bristol. »
Et pourtant, c’était dommage, car Bristol était aussi connue et rayonnante pour sa superbe Avenue des Douze Chênes et son joli port. Mais malheureusement, les évènements sanglants qui s’étaient déroulés là, puis le blocus avaient quelque peu tué le commerce… La question que lui renvoya Sofya laissa Nasreen dans ses réflexions le temps de quelques secondes, tandis qu’elle se repassait mentalement en revue les coins de Manchester qu’elle commençait à bien connaître.
« Hummm, il y a plusieurs endroits agréables, là-bas. Des bars dansants, par exemple, sur l’avenue principale, il y a une ambiance plutôt sympa. Oh, il y a un restaurant génial aussi, sur la même rue, où il font des grillades excellentes ! Et les quais sont jolis, la nuit, c’est assez agréable de s’y promener. Ah et on a un petit théâtre, pas de la taille des Folies Sorcières, mais il tourne pas trop mal ! Ca n’a pas autant de charme que Bristol ou Londres, je crois, mais ça vaut le coup d’y passer, puis ça a le mérite d’être beaucoup plus tranquille. »
L’arrivée de la serveuse avec leurs boissons coupa Nasreen avant qu’elle ne commence à raconter toute sa vie -c’est qu’elle pouvait se montrer volubile quand on la lançait sur le bon sujet. Elle se racla un peu la gorge, puis saisit la généreuse tasse entre ses mains, faisant légèrement bouger au passage le chat qui avait élu domicile sur ses genoux. Elle plongea les lèvres dans la crème de son chocolat sans crainte de se brûler la langue, puis en savoura la sensation de chaleur et de douceur.
« Vous avez raison, ils sont très bons, glissa t-elle après une deuxième gorgée. Puis elle regarda le verre de Sofya, curieuse. Qu’est-ce que vous avez pris, vous ? »
| | Sofya BelinskiMembre des Veilleurs | Ven 22 Jan 2016 - 19:52 "Ça se voit."
Le regard appréciateur de Sofya s'attarda un moment sur la silhouette svelte de son interlocutrice, qui lui affirmait bien se dépenser. C'était de toute manière un prérequis pour un auror milicien, agents de terrain s'il en était... Sofya écouta ensuite Nasreen lui parler de leurs deux villes respectives.
Amusant, comme l'image de Bristol s'était dégradée en l'espace d'un an à peine... Bristol avait autrefois été connue pour sa grande Avenue commerçante, sa Promenade et son port animés, et sa vieille ville sorcière - il n'en existait pas tant que cela en Angleterre. Bien sûr, il y avait toujours eu des problèmes, notamment sociaux. Ce n'était pas un hasard si la mafia avait trouvé en Bristol une terre si fertile pour s'implanter, ni si la population avait été si prompt à s'enflammer, mais elle restait globalement perçue comme une ville commerçante, dynamique, vivante et universitaire. La guerre des gangs, les nombreux mouvements spontanés de protestation de la population et surtout la réaction fortement sécuritaire du gouvernement avaient visiblement détruit cette image à l'extérieur... Un peu triste, même si cela faisait parfois les affaires des Veilleurs.
Elle hocha la tête en signe d'approbation lorsque Nasreen lui évoqua Manchester, en un récit conforme à ses souvenirs... Elle garda ses pensées pour elle, comme la serveuse les interrompait, et attrapa son verre avec un plaisir non dissimulé. Une longue gorgée d'alcool plus tard, elle se sentait déjà mieux, la fatigue et la pression de la journée s'évadant pour laisser place à la satisfaction du moment présent.
"Je savais qu'ils vous plairaient ! Je bois le Russian Cat, le cocktail star de la maison, vous souhaitez le goûter ?"
Après avoir proposé son verre à Nasreen, elle relança leur conversation où elle s'était arrêtée :
"Je me souviens de ce théâtre de Manchester, j'y ai joué un second rôle dans une petite production, il y a de cela quelques années. Je me souviens que j'avais trouvé la ville agréable à vivre, mais je dois avouer que j'ai un faible pour les plus petites villes... Bristol est le bon compromis pour moi : pas trop impersonnelle, mais néanmoins dynamique, avec une véritable âme, une histoire et un secteur culturel actif... Bien sûr, il y a de la pauvreté ici et tout n'est pas rose, mais je me sens plus à mon aise parmi une population un peu plus brassée, comme à Bristol - qui comporte son lot de snobs, je vous l'accorde - que parmi des fonctionnaires du ministère. Au moins, ici, personne ne considère plus que je ne fais pas un vrai métier."
Un petit sourire au coin des lèvres, elle plongea dans le regard de Nasreen, comme pour deviner ses pensées. Son interlocutrice avait tout l'air d'une bonne élève, d'une de ces fonctionnaires propres sur elles et ambitieuses qui n'étaient pas vraiment du genre à fricoter avec des grands enfants comme Sofya, des comédiennes au rythme et à la vie décousue... Sans même parler d'une mafieuse. Mais les apparences pouvaient être trompeuses, et une réalité bien différente se dissimulait généralement derrière l'image que pouvait renvoyer une personne ou une profession. Qui était vraiment Nasreen ? Avaient-elles des chances de s'entendre, une fois passée la façade de courtoisie ? Voilà ce qu'elle avait envie de savoir...
"Cela ne m'arrive plus depuis que je joue Isadora, cela dit. A croire qu'il faut forcément être tête d'affiche, remplir de grosses salles et bien gagner sa vie pour être respecté, comme si je n'avais pas autant de mérite lorsque je devais cumuler un petit job à côté pour gagner ma vie et pouvoir poursuivre mon rêve."
Son ton n'était pas amer, mais plutôt amusé et fataliste.
"A chaque job son image, j'imagine que vous en savez quelque chose... Tout le monde ne porte pas la milice dans son coeur, après tout, et c'est d'autant plus vrai ici, à Bristol."
S'avançant un peu sur la table, Sofya observa la jeune femme avec une certaine curiosité.
"Qu'est-ce qui vous a donné envie de rentrer dans la milice ? Si je peux me permettre de vous poser la question..."
| | Nasreen JoharMilicienne | Dim 31 Jan 2016 - 16:33 « Oh, je veux bien, par curiosité » accepta t-elle en attrapant le cocktail que lui tendait Sofya.
Nasreen avait parlé spontanément et ne put s’empêcher de penser en goûtant à l’alcool -délicieux et épicé comme elle les aimait, soit dit en passant- qu’elle était bien plus à l’aise que tout à l’heure, d’une façon qu’elle ne s’expliquait pas vraiment. Le cadre plein de sympathie et l’habileté de Sofya à faire la conversation devaient bien aider… Parce qu’elle pouvait mettre beaucoup de temps à se trouver à l’aise dans une discussion, Nasreen étant de cette trempe de personne qui préféraient écouter que parler en présence de monde. Mais elle pouvait à la fois se montrer très bavarde lorsqu’elle était en compagnie de gens qu’elle connaissait et appréciait. Il fallait demander à son frère Salman à qui elle confiait tout : une vraie piplette !
Elle écouta Sofya lui donner son ressenti sur la ville, ne put s’empêcher de sourire légèrement alors qu’elle évoquait les snobs et les fonctionnaires du ministère. Elle en était une, de fonctionnaire, mais ne se sentait pas pour autant visée par les critiques sous-jacentes de la jeune femme, elle comprenait même très bien à quoi elle faisait allusion. Beaucoup de ses collègues avaient une assez haute estime d’eux-mêmes, pour dire les choses gentiment. Il fallait dire que travailler au Ministère de la Magie vous donnait souvent un certain crédit -selon le poste occupé- voire du prestige, et Nasreen en connaissait beaucoup qui en tiraient une grande satisfaction, à commencer par sa propre soeur, Cali. Une des plus jeunes juges du Magenmagot, c’était sûr qu’elle avait de quoi impressionner la galerie, et se retrouver inviter à tous les dîners mondains… Nasreen n’était pas de cette trempe, se retrouver sous les feux des projecteurs avaient même plutôt l’effet de la rendre mal à l’aise. C’était entre autres pourquoi elle avait choisi un métier de terrain, où elle n’était pas obligée de comparaître, faire des courbettes et autres. Tout ce qu’on attendait d’elle était l’action et l’efficacité, et ma foi, cela lui convenait très bien.
« Laissez-moi deviner, c’est soit une secrétaire en chef de département, soit une chargée de communication qui vous a demandé de son air très occupé si vous faisiez autre chose à côté du théâtre ! Parce que c’est bien divertissant tout ça, mais il faut bien gagner sa vie à un moment donné, dit t-elle en imitant volontiers le ton pince-sans-rire du personnage qu’elle se figurait dans sa tête. Puis elle balaya son propre commentaire d’un petit geste de la main. C’est triste ce genre de réflexions, je trouve, cette hiérarchie que les gens peuvent mettre entre les métiers. Elle hésita une seconde dessus, et finalement la suite sortit sans qu’elle ne la retienne. J’ai beaucoup entendu ça, dans ma propre famille, mes parents nous ont pas mal poussé vers des postes reconnus, comme si c’était là la seule clé du succès dans la vie. Un de mes frères a préféré suivre son rêve et ouvrir son petit bar à Londres. Je le respecte beaucoup pour ça, et je crois qu’il y trouve bien plus de bonheur que les gens qui choisissent leur métier sur le simple critère de l’argent ou la reconnaissance. »
Ce n’était pas l’avis que partageait toute sa famille et Nasreen évitait en général de s’exprimer à ce sujet. Mais Salman avait cette force et cette confiance en lui qui lui permettait de passer au-dessus de tout cela, ce que Nasreen admirait encore plus que les choix qu’il avait faits… Elle imaginait assez bien quelles remarques Sofya avait pu récolter sur ses activités, elle lui fit un sourire plutôt désolé à sa remarque suivante.
« C’est sûr, c’est triste, les gens ont tendance à juger sur des critères très rationnels et très… capitalistes, si on peut dire. Dans un monde où il n’y aurait pas autant la pression de l’argent sur nos têtes, les métiers comme le vôtre seraient bien plus respectés. »
Elle reprit son chocolat pour en prendre quelques gorgées, constatant sans surprise que la conversation revenait vers elle et son propre métier.
« Vous pouvez, assura t-elle d’un bref sourire, ce n’était après tout pas la première fois qu’on le lui demandait, Nasreen avait même l’habitude de répondre à cette question. La Milice suscitait l’intérêt et les questions par sa grande présence, sa nouveauté, et tout ce qu’on en disait dans la presse donc forcément, dès qu’elle précisait qu’elle était milicienne, on s’empressait de lui poser des questions de façon plus ou moins subtile. Je suis Auror de formation, à la base, j’aimais énormément ce métier, j’adore mener les enquêtes, chercher, tenter de résoudre les énigmes, et j’aimais le terrain bien sûr. J’ai toujours aimé les duels, dès les premiers exercices à Poudlard, avoua t-elle avec un sourire nostalgique, c’est, comment dire… Vivifiant, vous voyez ? C’est vraiment en exerçant ce métier que j’en suis tombée amoureuse, en vérité, au départ je n’étais pas sûre qu’il était fait pour moi. »
Et c’était bien peu dire, elle avait longuement douté, se figurant qu’il fallait avoir un fort caractère et de gros bras pour être un Auror crédible. Elle avait vite compris après ses premières années d’Apprentie qu’en vérité, les profils étaient très divers, et c’était ce qui faisait la force du BDA. Elle pouvait trouver sa place elle aussi, en développant ses propres atouts. Les équipes étaient faits en mettant ensemble les personnalités complémentaires, de toute façon, elle aurait toujours des coéquipiers pour pallier ses faiblesses, et réciproquement.
« Bref, je me suis épanouie dedans une bonne dizaine d’années et même si j’étais très contente d’en être là, il y avait quand même des choses que je reprochais au fonctionnement du bureau. C’est très compliqué, le niveau de la Justice Magique, il y a énormément d’intervenants, la Police Magique, les Baguettes d’Elite, le Magenmagot qui a lui-même sa propre structure assez complexe… On est sensés communiquer ensemble, mais dans les faits, les bureaux sont assez hermétiques, et il y'a même une ambiance de méfiance. « C’est mon boulot, je sais ce que je fais, restez à votre place, je m’en occupe » vous voyez ? résuma t-elle en souriant, avec une petite pensée pour l’éternelle guéguerre entre les policiers et les Aurors, pour ne citer qu’elle. Il y a une espèce de hiérarchie officieuse entre les bureaux qui s’installe, et à côté, tout un tas de règles officielles qui fait qu’un tel doit rendre des comptes à un tel pour faire remonter les choses à quelqu’un d’autre encore, que chacun s’efforce de respecter mais ça ralentit énormément les choses. Ca a l’air anodin comme ça, mais ça pose des soucis installés depuis des années qu’aucun ministre n’a eu le courage de réformer avant Marchebank : la longueur du traitement des dossiers, le fait qu'on refuse ceux qu'on juge anodins, et qu’on ferme les yeux sur d’autres qui sont pourtant problématiques, parce qu’on a plus urgent à faire, et on finit par être complaisants avec certains criminels… Ca, on ne le dit peut-être pas assez mais le projet de la Milice est une grande partie une refonte du fonctionnement interne des forces de l’ordre, pour rendre les actions plus efficaces. C’est surtout pour ça que j’ai rejoint la Milice, pour participer à ce changement que j’estimais nécessaire. Au départ, je me disais que j’allais observer ça de loin, mais ma supérieure m’a proposé une mutation, à un poste plus élevé que celui que j’avais au BDA, ça a aussi joué dans la balance. Je me suis dit que je ne pouvais pas manquer cette occasion d’évoluer, c’est toujours une bonne chose de changer son train-train. »
Et cela lui avait fait du bien, elle se plaisait pour le moment assez dans la Milice, où elle travaillait sur les dossiers les plus intéressants de sa carrière. Les plus pesants aussi, ce n’était pas une part de gâteau de devoir résoudre l’énigme de la disparition du numéro deux du gouvernement…
« Je parle beaucoup trop, désolée, conclut t-elle avec un rire gêné. Et vous alors, comment vous en êtes venue à faire du théâtre ? »
| | Sofya BelinskiMembre des Veilleurs | Dim 7 Fév 2016 - 15:45 Sofya écouta Nasreen lui parler de son frère avec intérêt, se demandant à quoi ressemblait la famille de la milicienne. Elle en déduit, sans grande surprise, que Nasreen devait être une des bonnes élèves de la fratrie, car on pouvait difficilement imaginer plus grande réussite sociale que lieutenant auror puis milicienne, à son âge. C'était clairement admirable et elle avait certainement dû beaucoup se consacrer à son travail pour y parvenir, mais Sofya partageait l'avis de la jeune femme : il ne fallait pas dénigrer non plus le mérite de ceux qui en bavaient pour suivre leur rêve, au risque de soulever la désapprobation de leur entourage.
"Si vous voulez mon avis, il a bien fait de suivre une voie dans laquelle il s'épanouit. A quoi bon se résoudre à une vie qui ne nous satisfait pas pour les convenances, la reconnaissance", répondit-elle avec un haussement d'épaule. C'était cette philosophie qui avait toujours dicté les pas de la comédienne, et elle était persuadée de son bien-fondé. Toutes les personnes qu'elle avait rencontré et qui vivaient en suivant leurs passions et leurs envies semblaient plus spontanément heureuses que d'autres qui avaient un sens aigu du devoir, au point de s'oublier parfois.
Sofya sourit intérieurement quand Nasreen évoqua l'argent, et le mal qu'il pouvait causer en ce bas monde. Ah, si la milicienne se doutait qu'elle avait une mafieuse en face d'elle ! L'argent facile, Sofya ne pouvait nier qu'elle ne le recherchait pas, mais ce n'était pas son but premier et elle avait vécu sans de longues années. Disons que c'était un à-côté appréciable du job... La comédienne n'avait jamais vu son compte à Gringotts aussi rempli que cette année, entre sa première pièce anglaise à succès et la montée en flèche des Veilleurs. C'était donc tout naturellement qu'elle avait demandé récemment une augmentation à Jayce.
Elle écarta bien vite la mafia de son esprit, consciente que ce "léger" détail suffirait sans doute à ruiner ses chances avec Nasreen, si tant est qu'elle en avait. Ecouter Nasreen lui parler de son métier intéressait bien plus la comédienne qui, comme souvent, trouvait plus grand intérêt dans la vie des autres que dans la sienne. Le menton dans une main, tandis que l'autre jouait distraitement avec son verre, elle l'écouta parler avec une passion évidente de son métier et du fonctionnement du Ministère. C'était fou comme ce que lui dépeignait Nasreen correspondait à l'image que Sofya en avait ! Elle ne put retenir une pensée mesquine à l'égard de Marchebank quand son interlocutrice l'évoqua. Ca, pour faire dans l'efficacité, il était le champion... Quitte à s'asseoir allègrement sur l'éthique et la déontologie les plus élémentaires, ainsi que sur la confiance de ses électeurs, mais ma foi ! Ce n'était pas vraiment son pays ni son problème, et si Nasreen voyait les choses autrement, c'était plutôt bon signe. Sans doute n'avait-elle pas d'a priori de principe contre l'alliance nouée par le gouvernement avec son gang...
Le sourire de Sofya s'agrandit quand Nasreen s'excusa de sa volubilité.
"Vous parlez juste comme il faut", rectifia-t-elle en posant sur elle un regard appuyé. "J'aime écouter... Et ce que vous dites est intéressant. Vous pourriez presque travailler pour la communication du Ministère, avec mon amie Isobel ! Elle s'arrache un peu les cheveux de la tête parfois, pour promouvoir certaines des actions du FREE... Mais ce que vous me dites là fait parfaitement sens. Cela doit être très stimulant de participer à cette évolution, je comprends pourquoi vous avez voulu en être."
De son point de vue, les dysfonctionnements des services des forces de l'ordre n'étaient pas vraiment quelque chose qu'il fallait arranger mais plutôt soutenir, pour une mafia décomplexée. Amusée par ses propres pensées, Sofya noya son sourire dans son verre puis répondit à l'interrogation de Nasreen.
"Dans ma ville natale en Russie, Serliovka, le théâtre et les arts de rue font partie de la culture populaire. J'ai grandi au milieu de troupes et des spectacles, des plus impressionnants aux plus petits et improvisés. J'ai grandi là dedans et aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours été passionnée par la comédie, mais également la musique, le cirque, l'illusionnisme moldu et j'en passe..."
Interrompue par un chat noir venu frôler ses jambes, Sofya se baissa pour le gratter derrière les oreilles, puis reprit son récit, décidant de s'ouvrir un peu plus à son interlocutrice. Ce n'était pas une période de sa vie qu'elle évoquait aisément, mais elle se sentait en confiance avec Nasreen qui, de son côté, n'avait pas hésité à lui faire part de ses opinions.
"J'ai apprécié mes deux années à Poudlard, mais une fois mes quelques ASPICs en poche, je ne me voyais pas poursuivre une carrière dans un domaine quelconque. Je ne me sentais pas encore à ma place dans la société anglaise et je ne me suis pas vraiment retrouvé dans les cours dispensés à l'école, la seule chose qui m'intéressait, c'était de monter sur les planches. J'étais également en rupture complète avec mes parents à cette époque, ce qui a dû peser dans ma décision, j'imagine. A l'époque, j'avais une piste pour jouer un petit rôle dans une pièce à Londres et j'ai commencé par cela, en me disant que je me laisserai porter. Je me suis trouvée parfaitement à ma place dans ce métier et je n'ai jamais plus cessé de jouer la comédie depuis."
Cette dernière avait même pris une part ascendante dans sa vie, avec ses activités d'espionnage, si bien que les moments où Sofya était réellement elle-même se comptaient certaines semaines sur les doigts de la main. Et elle adorait ça !
"On dirait que nous sommes toutes les deux tombées amoureuses de nos métiers, alors... C'est gratifiant, de s'investir ainsi dans quelque chose, vous ne trouvez pas ? Même si cela laisse peu de place à une vie privée... Ça fait du bien de sortir un peu ce soir", murmura-t-elle en accrochant le regard de Nasreen du sien.
| | Nasreen JoharMilicienne | Dim 14 Fév 2016 - 14:54 Nasreen hocha silencieusement la tête à la réaction de Sofya concernant son frère. A quoi bon, en effet ? Et pourtant, c’était un conseil qu’elle ne s’appliquait pas toujours à elle-même et cette capacité qu’avait son frère à s’élever contre l’avis de tous pour suivre le chemin qu’il estimait bon pour lui, eh bien, Nasreen le lui enviait. Au fond, elle n’avait jamais été capable de contrevenir à ce que l’on attendait d’elle, elle était loin d’avoir ce courage. Ou même, celui que Sofya semblait avoir.
Elle écarta bien vite ces pensées, préférant s’attarder sur l’amour de son propre métier. Elle parla, et elle parla sans s’arrêter, comme cela lui prenait souvent lorsqu’un sujet la passionnait. Nasreen était relativement discrète au quotidien, loin d’être le genre de personne à prendre la parole la première ou à monopoliser les conversations, et pourtant, elle avait souvent beaucoup de choses à dire, qui sortaient parfois, ou pas, selon son sentiment d’aise ou de confiance dans la discussion. En l’occurrence, elle se sentait plutôt bien en la compagnie de la jolie comédienne, qui l’écoutait parler avec un intérêt visible. Sa réaction la fit sourire, elle fouilla le temps d’une seconde dans sa mémoire pour poser un visage sur ce nom qu’elle connaissait. Il y avait des noms comme Isobel Lavespère qui résonnaient régulièrement au Ministère depuis l’avènement du FREE. Nasreen avait aperçu de temps à autre cette chargée de communication qui avait pris du galon, et qu’elle avait trouvée accessoirement plutôt bien agréable à regarder.
« Isobel, comme Isobel Lavespère ? Je ne savais pas que vous la connaissiez ! C’est vrai qu’elle est souvent aux Folies Sorcières, à ce qu’on dit. Nasreen ne pouvait juger d’elle-même sur la question, les fois où elle s’était rendue au célèbre cabaret pouvant se compter sur le bout des doigts. Avec tout le respect que j’ai pour son métier, je crois que je ne pourrai jamais faire la même chose ! La politique, c’est moyennement mon truc, puis ils ont l’air tellement surchargés de travail dans leur bureau, en ce moment… »
Cela dit, la Milice ne chômait pas non plus, et elle encore moins, se retrouver en charge de l’enquête du meurtre de Jacob Dalhiatus avait largement de quoi donner des insomnies. Ce fut bientôt au tour de Sofya de dévoiler un pan de sa vie sous le regard attentif de la milicienne, qui retint sans trop savoir pourquoi le nom de Serliovka. Mélodieux, exotique, il sonnait joliment à l’oreille de Nasreen qui aimait voyager et aurait aimé le faire souvent, si elle n’était pas aussi retenue par son travail. Sofya était donc russe, retint t-elle également, à côté des quelques informations qu’elle connaissait désormais à son sujet. La main sous le menton, elle sourit au récit de la jeune femme, déjà à l’imaginer dans des foires et des spectacles de rue, puis à jouer sa première pièce dans une petite salle londonienne.
« Si ça se trouve, je vous ai déjà vue jouer avant alors, je fréquentais pas mal les salles de spectacle à Londres, à une époque, commenta t-elle en souriant. C’est une jolie histoire en tout cas, j’imagine qu’il n’y a rien de mieux que de pouvoir vivre de sa passion. »
Elle était curieuse de savoir si Sofya pouvait entièrement en vivre ou si elle avait un autre travail à côté, mais n’osa pas demander, jugeant que c’était plus délicat comme question. Après une gorgée de chocolat, elle s’aperçut que la comédienne la regardait désormais avec insistance, et elle sentit ses joues s’échauffer légèrement à son commentaire. Se raclant la gorge, elle commença par répondre :
« C’est gratifiant en effet, même si ça demande quelques sacrifices comme vous dites. Mais bon, il y a toujours le moyen de lever un peu le pied quand on aura décidé que ça nous amuse moins. Je ne serai peut-être pas lieutenant milicienne toute ma vie, je pourrais me reconvertir dans… Hum… L’enseignement, tiens. Quand j’étais à Poudlard, j’ai eu une période où je songeais à devenir prof de Défense contre les Forces du Mal, ou prof de potions, ça m’aurait bien plu » avoua t-elle avec un sourire.
Puis la vie avait fait qu’elle s’était retrouvée Aspirante Auror, y prenant chaque jour un peu plus goût et ses envies de devenir professeur s’étaient faites dépasser. Mais Nasreen gardait toujours cette idée dans un coin de sa tête, pour un jour, plus tard. Un jour où elle aurait une famille notamment, des enfants dont s’occuper et moins de temps pour des carrières très prenantes… Chassant ses songeries, elle attrapa à son tour le regard de Sofya, sentant qu’elle avait envie d’ajouter quelque chose, mais sa timidité revenue. Elle se jeta pourtant à l’eau, avant de se mettre à trop réfléchir :
« C’est vrai que ça fait du bien de sortir, merci encore pour l’invitation à la pièce. Et cette invitation ici aussi, c’est un joli endroit, je reviendrais volontiers. »
| | Sofya BelinskiMembre des Veilleurs | Jeu 25 Fév 2016 - 14:52 "C'est possible, en effet", répondit Sofya quand Nasreen affirma qu'elle l'avait peut-être déjà vue sur scène. "J'ai pas mal tourné dans différentes petites pièces, pendant des années, avant de partir en Russie. Mais je ne jouais pas toujours le rôle de tête."
Et elle devait dire qu'elle appréciait plutôt l'attention et l'admiration que lui apportait le rôle d'Isadora. Néanmoins, c'était prenant et fatiguant et elle n'aurait pas été contre jouer un rôle différent dans sa prochaine pièce - à vrai dire, celui de metteur en scène lui faisait de l'oeil... Sofya avait beau adorer sentir la lumière des projecteurs sur elle, elle aimait tout autant donner vie à divers personnages et son imagination fertile fourmillait d'idées. De plus, elle devait rester une femme de l'ombre, et si sa notoriété devenait trop grande, on s'intéresserait de plus près à ses activités... Ce qui ne faisait pas ses affaires, ni celles des Veilleurs. Après ces quelques mois de succès, elle savait qu'elle devait se faire un peu plus discrète sur la place publique. Heureusement, il lui restait encore un peu de temps pour penser à tout cela, d'autant plus qu'une somme ronflante sommeillait dans son compte à Gringotts.
Quand Sofya titilla légèrement son interlocutrice, désireuse de savoir si elle avait raison d'espérer que cette conversation débouche sur quelque chose, elle eut l'impression de sentir Nasreen un peu gênée. Sofya écouta poliment sa réponse, mais son esprit était déjà ailleurs, s'attardant plus volontiers du côté des jolies lèvres ourlées de la milicienne.
"L'enseignement vous irait à ravir, j'en suis persuadée", répondit-elle avec un sourire, qui s'accentua aux paroles suivantes de Nasreen.
"Peut-être que nous pourrons y retourner ensemble, dans ce cas", murmura-t-elle de sa voix basse, son regard plongé dans les yeux sombres de Nasreen. "Ou ailleurs. J'aimerais beaucoup vous revoir."
Cette soirée avait été très agréable aux yeux de Sofya, et si rien ne lui semblait indiquer que Nasreen était intéressée par elle d'une manière romantique, rien non plus n'était venu la décourager dans cette idée. Femme volontaire, Sofya avait l'habitude de foncer lorsqu'elle voulait quelque chose, et elle ne comptait pas s'en cacher. Désireuse de donner matière à réflexion à la jolie milicienne, elle lui adressa un sourire appuyé avant de se lever pour chercher l'addition. Et ce fut sur une promesse de se revoir qu'elles se quittèrent au pied de l'immeuble de Sofya, quelques minutes plus tard.
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