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Le pudding à l'arsenic [Roy & Sofya]

Sofya Belinski
Sofya BelinskiMembre des Veilleurs
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Le pudding à l'arsenic [Roy & Sofya] Icon_minitimeDim 31 Mai 2015 - 17:03
15 avril 2009

"Tou as raison Sofya, lé chef il sé prend trop pour lé roi d'Espagne, montre lui un peu dé quel bois tou té chauffes !"

Les paroles de soutien de Toni résonnaient encore dans la tête de Sofya lorsqu'elle frappa, de plusieurs coups secs, sur le montant de la porte de chez son chef. Elle était déjà venue ici à plusieurs reprises, dans de meilleures circonstances, pour des célébrations ou des petites soirées entre amis. Aujourd'hui, pourtant, ce n'était pas en tant qu'amie que l'espionne débarquait, à l'improviste, chez son chef. C'était en tant qu'associée contrariée qui tentait désepérément de lui mettre la main dessus depuis la veille pour faire entendre son courroux. Sofya bouillait intérieurement depuis qu'elle avait quitté Matthew sur la Voie des Miracles et sa colère retenue ne demandait qu'à exploser, comme un volcan entrait en éruption.

Aussi, quand la porte s'ouvrit sur un Roy dans une forme telle qu'il semblait avoir été piétiné par un hypogriffe, Sofya ne le laissa pas parler. S'invitant chez lui, elle pénétra dans son appartement telle une tornade, non sans lui avoir lancé un regard venimeux au passage, de ses yeux fardés de noir.

"ROY ! Heureuse de te voir en vie !"

Les mots qui sortaient de sa bouche aux lèvres rouges comme une baie empoisonnée étaient teintés d'une ironie mordante. Se plantant au beau milieu de salon, elle posa ses mains sur ses hanches et déchargea avec délice sa litanie de colère sur son patron :

"Et on peut savoir, Roy Calder, ce que tu fabriques à te planquer chez toi ? T'as oublié ton gang et ton cabaret ou bien ? Non, ne répond pas, je ne suis pas venue pour cela. Je peux savoir au juste ce qui t'es passé par la tête ? Pourquoi t'as fait ça ? Pas une once de jugeotte dans cette petite cervelle de bébé boursouf !"

Passant naturellement au russe, elle continua à monologuer pendant une bonne minute, ponctuant ses affirmations indignées d'hochements de tête qui emmêlaient ses boucles dorées. Sofya croisa finalement les bras sur sa poitrine d'un air offensé et s'emmura dans un silence boudeur, consentant enfin à laisser Roy s'exprimer.


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Roy Calder
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Le pudding à l'arsenic [Roy & Sofya] Icon_minitimeDim 31 Mai 2015 - 19:18
La déchéance totale. Des bruits de coups à la porte tirèrent Roy de son demi-sommeil au milieu d’effluves d’alcool et de substances plus louches, avec la sympathie de coups de marteau en pleine tête. Il se leva de son canapé en trébuchant, peinant à comprendre où il était et ce qui lui arrivait. Seuls d’inconscients réflexes finirent par le pousser vers la porte qui cognaient décidément bien fort, et dont il voulait faire cesser le vacarme le plus vite possible. Sa tête manquait déjà d’exploser, il avait un mal de crâne tel que même un chuchotement lui aurait hérissé les poils. Se frottant le visage d’une main, il ouvrit la porte sur une femme furibonde qui ne prit même pas le temps de lui demander son avis pour entrer comme une tornade dans son salon. Hagard, Roy referma lentement la porte, alors que les braillements de Sofya se faisaient entendre, cognant un peu plus la tête du trafiquant.

Roy fut bien obligé de se forcer à se sortir de ses vapes, face à la colère et l’insistance dont faisait preuve l’espionne. Il reporta un regard d’abord brumeux sur elle, puis de plus en plus agacé, alors qu’elle lui demandait des comptes en l’insultant -il ne doutait pas que ses mots crachés en russe ne devaient pas être des sympathies à son égard.

« Quoiiii, mais qu’est-ce que tu racontes ? Se passant à nouveau une main sur le visage, Roy s’efforçait de retrouver des connexions neuronales normales mais se pincer l’arête du nez en fermant les yeux avec concentration n’y changeait pas grand-chose. Bordel, je pige rien, tu veux pas t’exprimer en anglais ? »

Il était profondément contrarié, pas seulement à cause de la présence envahissante et désagréable de Sofya mais parce qu’il s’était endormi contrarié. Evidemment, il n’y aurait pas une telle quantité de psychotropes sur sa table basse, sinon… Par dessus tout, il se sentait le coeur lourd. Comme si une quantité colossale d’un malaise indescriptible s’était abattu sur ses épaules et l’avait écrasé plus petit que jamais, Roy avait l’impression de se réveiller d’un long cauchemar. Pour l’instant, ses souvenirs se limitaient à cette noire spirale qui avait été la sienne, cette nuit, à se réfugier dans des substances néfastes qui épuisaient ses nerfs, maintenant.

« C’est quoi ton putain de problème, Sofya ? J’ai vraiment pas la patience, là, donc si tu pouvais arrêter de me jouer ton numéro de femme offensée et cracher le morceau clairement, ça serait bien ! »


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Sofya Belinski
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Le pudding à l'arsenic [Roy & Sofya] Icon_minitimeDim 31 Mai 2015 - 20:17
"Mon putain de problème, Roy ? Tu veux savoir ce que c'est, MON PUTAIN DE PROBLEME ?"

La voix de Sofya emplit l'appartement et vrilla les tympans de Roy avec force. A cet instant, la jeune femme n'avait absolument aucune pitié pour son chef, dont l'état déplorable dissimulait mal la nuit de débauche qu'il avait vécu. De toute évidence, Roy était dans de très mauvaises dispositions à son égard, et les cadavres de bouteille et autres substances illicites échoués dans son salon lui indiquait pourquoi. Mais la façon dont il l'accueillit ne fit que renforcer le courroux de Sofya, qui explosa :

"MATTHEW MACFARLANE, le voilà mon problème ! T'as embauché Matthew ?! T'as embauché Matthew ? Et tu m'envoies chez lui comme si tout était normal, sans même penser une seule seconde à me prévenir, à ce que ça pourrait me faire - mais à quoi tu penses ?"

Sofya avait laissé tomber sa posture, les bras ballants le long du corps, comme si elle était impuissante face à une telle attitude. Sa colère, palpable, dissimulait mal la douleur qui luisait dans son regard. Sofya se sentait trahie, tant par Matthew que par Roy, qui l'avait envoyée auprès de Matt s'en s'interroger un seul instant sur ce qu'elle pouvait en penser, sans même avoir l'idée de la prévenir. L'idée qu'il puisse se ranger du côté du faussaire contre elle, elle qui travaillait fidèlement pour lui depuis des années, la rendait malade.

"T'es complètement insensible ou t'as juste oublié qu'il a assassiné Krystal de ses mains ? Krystal, tu te souviens d'elle ? Un joli brin de femme, dans notre année, dans ta maison pendant sept ans, Krystal, mon amie ! Etranglée par ce charmant faussaire que t'as jugé bon d'engager ! Un traître, un assassin, sans remords, un sacré psychopathe oui ! Il va t'étrangler comme il l'a tuée elle, froidement, et moi avec. J'veux pas de lui auprès de moi, j'veux plus jamais avoir à poser les yeux sur lui, alors tu t'arranges comme tu veux, mais vire-le. Et des Folies aussi, pendant que t'y es."

Non, Sofya ne demandait pas, elle imposait. Si Matthew et Roy estimaient qu'ils pouvaient la compter pour quantité négligeable, ils allaient vite se rendre compte de leur erreur...


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Le pudding à l'arsenic [Roy & Sofya] Icon_minitimeDim 31 Mai 2015 - 21:35
Ah, l’agression auditive. Son pauvre crâne. Presque étourdi par la violence verbale de Sofya, Roy revint vers son salon en contournant la jeune femme qui s’époumonait pour saisir une bouteille d’eau sur la table basse et la vider cul sec. Cela n’apaisa pas son mal de crâne mais eut le mérite de lui remettre quelques idées en place. Les reproches de Sofya prenaient mieux forme dans son esprit, Roy se rappelait désormais que le rendez-vous entre elle et le nouveau faussaire des Veilleurs devait avoir lieu la veille. Il ne lui avait pas donné l’identité du faussaire sciemment, car il se doutait que Sofya n’apprécierait pas de savoir qu’elle allait traiter avec Matthew, et aurait sûrement refusé de s'y rendre. Sans qu’il n’ait besoin de le lui demander, Roy se doutait qu’elle faisait partie du groupe de Veilleurs qui se méfiaient de lui, elle plus particulièrement devait se sentir touchée, quand on savait que Krystal avait été son amie.

« Et t'es obligée de hurler comme ça, alors que je suis à deux mètres de toi ? Arrête de dire n’importe quoi, il te fera rien du tout. » rétorqua t-il sèchement en reposant sa bouteille.

Il se tourna vers Sofya, bras croisés, sans cacher son humeur de chien. Si elle commençait à lui casser les pieds et faire sa diva capricieuse, il allait vite lui montrer la porte de sortie. En temps normal, il n’aimait pas beaucoup qu’on lui impose de virer un tel ou un tel -c’était lui le chef, aux dernières nouvelles- mais présentement, il était encore moins enclin à faire preuve de patience. Son regard sombre vrillé dans celui de Sofya, il reprit la parole :

« Si je t’avais prévenue, t’y serais pas allée. Il laissa un bref silence planer, comme s’il la défiait de dire le contraire. Je l’ai embauché parce qu’on a besoin de lui, Sofya. Je me fous de savoir ce qu’il a fait avant. Je ne te demande pas d’être copine avec lui, pas même d’être aimable. Est-ce que tu sais la chance que c’est d’avoir un faussaire avec nous, pour travailler gratuitement ? Y a pas plus solitaire et plus pingre qu’un faussaire, ils bossent jamais pour des groupes, ça leur fait perdre de l’argent. Alors si tu préfères raquer pour cinquante Gallions la moindre baguette, vas-y je t’en prie, mais ça sera de ta poche. Y avait que Matthew pour accepter un deal, parce qu’il avait besoin de se réinsérer rapidement. Alors oui, je l’ai embauché, et je vais sûrement pas le lâcher comme ça. Que ça te plaise ou non. »

A mieux y réfléchir, il ne comprenait pas pourquoi Sofya s’emportait autant. Elle n’avait pas moins le sens des affaires que lui. Certes, elle pouvait se montrer plus impulsive, mais elle était une commerçante, comme eux, elle savait ce que c’était, de négocier. Il fallait parfois laisser ses émotions de côté. Il s’attendait à ce qu’elle râle, qu’elle proteste, pas à ce qu’elle rejette en bloc l’idée même de croiser Matthew. Dans ses souvenirs, Sofya s’était pourtant remise de la mort de Krystal, sinon, il se serait montré un peu plus délicat. S’était t-il passé quelque chose dont il n’était pas au courant ? Roy fronça les sourcils, tentant de lire le regard colérique et surtout blessé de Sofya. Il la connaissait depuis assez longtemps pour comprendre qu’elle contenait bien plus que ce qu’elle voulait bien laisser exploser -ce qui était déjà assez conséquent en soit.

« C’est quoi le vrai problème avec lui, Sofya ? »


Roy Calder

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Sofya Belinski
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Le pudding à l'arsenic [Roy & Sofya] Icon_minitimeDim 31 Mai 2015 - 22:03
Sofya posa sur Roy un regard ulcéré. Non seulement il ne l'avait pas prévenue qu'elle devrait travailler avec Matthew, mais en plus il l'avait fait exprès ?! Il l'avait piégée, tout simplement, pour la forcer à faire quelque chose qu'elle n'aurait pas accepté de faire. Forcée à rencontrer le meurtrier de son ami, son ancien ami traître qui était devenu une espèce de monstre insensible. Les sourcils froncés, la mâchoire contractée, Sofya observait Roy qui faisait le petit chef avec une contrariété renouvelée. C'était la première fois qu'ils en arrivaient là dans leur histoire commune de mafieux. Leur relation de travail s'était toujours basée sur un respect et une entente cordiale, et sur des bénéfices réciproques. Cette fois, Roy avait brisé cet équilibre en lui imposant quelque chose, en la piégeant même pour qu'elle le fasse, et Sofya n'appréciait vraiment pas. C'était la preuve, pour elle, que quelque chose avait subtilement changé dans leur relation, que Roy faisait preuve d'une autorité dont il n'avait jamais vraiment eu besoin auparavant.

Sofya réfréna de justesse son envie de lui cracher que le pouvoir lui montait à la tête, se contentant de rebondir sur sa dernière phrase :

"Tu ne veux pas le lâcher comme ça, très bien. Peut-être bien que c'est moi qui vais te lâcher alors, et tu devras te trouver une autre espionne. Parce que jusqu'à preuve du contraire je suis encore libre de décider avec qui je veux travailler, ne l'oublie pas trop vite, chef."

Il y avait un certain mépris dans la façon dont elle prononça ce dernier mot. Si elle soutenait l'évolution récente de la "carrière" de Roy, c'était tant qu'il n'en profitait pas pour l'écraser un peu au passage. S'il y avait bien quelque chose que Sofya se refusait à abandonner, c'était sa chère indépendance. Elle n'était pas enchaînée aux Veilleurs. Certes, elle ne pouvait imposer à Roy de virer Matthew. Mais rien ne l'obligeait à rester non plus. Il y aurait toujours du travail pour une espionne comme elle, peut-être que c'était lui qui ne saisissait pas la chance qu'il avait de l'avoir de son côté, plutôt que contre lui... Car il y avait tant que Roy ignorait à son sujet.

"Le problème c'est ce que je t'ai dit, je ne peux pas bosser avec lui, et il n'a pas plus envie de bosser avec moi de toute manière, crois-moi. Il n'a pas trop apprécié que je lui demande des comptes, mais fallait pas assassiner une amie proche, aussi. Sa femme, la mère de sa fille, merde ! C'est pas comme balancer un sharacks dans l'eau du port ! Mais non, monsieur MacFarlane se pavane dans Bristol, aux Folies, et maintenant chez les Veilleurs comme si c'était son territoire, comme s'il n'avait rien fait de mal et qu'il n'avait rien à expliquer à personne. Et moi, il ne veut plus entendre parler de moi. Parce qu'on n'a jamais été amis, figure-toi, à l'entendre ! Azkaban lui a ramolli la cervelle ! Lui et moi, c'est fini, ok ? Et ça, ça vient de lui."



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Le pudding à l'arsenic [Roy & Sofya] Icon_minitimeDim 31 Mai 2015 - 22:58
Pourquoi Merlin posait t-il toujours sur sa route des femmes têtues et fières, qui s’obstinaient à lui tenir tête et ne pas vouloir aller dans son sens ? La menace clairement énoncée de Sofya arracha un soupir à Roy qui se laissa tomber sur son canapé. Dans d’autres circonstances, il aurait défendu son bifteck, mais là tout de suite, il n’avait pas la moindre envie d’une prise de tête avec elle. Sa migraine commençait sérieusement à le lancer, il entendait à peine ce que Sofya lui disait. Pourquoi était t-elle venue, maintenant ? Roy n’avait qu’une envie, c’était de se rouler en boule sous sa couette pour le restant de ses jours. C’était pour ça qu’il avait évité les Folies Sorcières la veille, personne ne devait être témoin d’une telle déchéance de sa part. Il n’avait pas envie de faire bonne figure, il en était incapable. Sa tête se remplissait des souvenirs de la soirée qui s’enchaînaient comme des flashs, sans lui laisser aucun répit. Cette nuit… Ses baisers, sa peau, son regard. Juliana. Il l’avait tenue contre lui si peu de temps avant d’être forcé de la lâcher, définitivement. Pourquoi ? A quoi bon ? Un amer goût d’inachevé et d’impuissance avait plongé Roy dans un tel état de dépression qu’il… Eh bien, qu’il s’était réveillé avec la plus formidable gueule de bois de sa vie.

Roy n’était pas complètement sourd à ce que lui disait Sofya, toutefois, même si cela mit plus de temps à parvenir à son cerveau, et qu’il lui fallut d’abord se forcer à revenir au moment présent. Elle avait donc parlé à Matthew, qui lui avait fait comprendre qu’il ne lui devait aucune explication, s’il comprenait bien. Qu’elle n’avait même jamais compté pour lui. Voilà qui l’aidait mieux à comprendre la source de la fureur de Sofya. Bon, encore une fois, Roy avait merdé, cela devenait une habitude. Lassé, il se prit la tête entre les mains, les coudes posés sur les genoux, parlant avec lenteur pour éviter de relancer sa migraine :

« Ok, écoute, j’ai la tête grosse comme un dragon, c’est juste pas le moment là… Je suis désolé. D’accord ? J’aurais dû te prévenir. Je savais pas que t’avais eu cette discussion avec Matthew. Désolé. »

Roy qui renonçait au débat et s’excusait deux fois dans une même phrase était de nature à figurer dans les annales. Il n’avait vraiment pas la force de crier plus fort, cette fois, même, il était sincèrement désolé d’avoir involontairement blessé Sofya, comme s’il était décidément destiné à foirer toutes les relations qui comptaient pour lui. Abattu de constater que toutes ses pensées le ramenaient à Juliana, Roy reposa sa tête contre le dossier du canapé, en prenant soin de la tourner de l’autre côté et en repliant ses bras contre son corps. Du repos, il avait juste besoin de repos. Allez Sofya, tu vois bien comme il a une grosse gueule de bois. Ce n’est pas qu’il est triste, il est juste fatigué. Allez, il faut partir maintenant. Laisser Roy décuver tranquillement.

« Oublie ça. Si tu veux vraiment pas bosser avec lui, je te trouverai une autre solution. »

Il ne comptait pas virer Matthew, soutenait implicitement sa phrase, mais il était prêt à faire toutes les concessions, juste pour que Sofya s’en aille. Les cadavres de bouteille sur sa table basse offraient un spectacle suffisamment pathétique, et Roy n’aimait pas qu’on vienne le bousculer dans ses instants de faiblesse.


Roy Calder

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Le pudding à l'arsenic [Roy & Sofya] Icon_minitimeLun 1 Juin 2015 - 19:20
La colère de Sofya retomba comme un soufflé face à l'attitude de son chef. Elle s'attendait - et espérait - éventuellement à ce qu'il cède devant sa ténacité, mais pas si vite et sur ce ton, pas après sa réponse mordante de tout à l'heure. Roy semblait avoir baissé les bras, jeté l'éponge et dit exactement ce qu'elle avait envie d'entendre, simplement pour avoir la paix. Pour pouvoir retourner à sa solitude, à sa migraine évidente et à son auto-apitoiement. Voilà qui ne lui ressemblait pas du tout. Oh, la partie sur l'auto-apitoiement, à la limite, car c'était bien souvent ce à quoi s'adonnaient les adeptes de soirées avec alcool et drogue à excès... Mais l'abandon pur et simple de ses prétentions, par manque d'envie de se battre ? Ce n'était pas son camarade Gryffondor de toujours ! Ce n'était pas le fier Roy Calder, l'impitoyable chef de gang qui n'aimait pas se laisser marcher sur les pieds ! Lui ne s'excusait jamais, et certainement pas deux fois dans la même phrase... Quelque chose n'allait pas.

Cela, Sofya s'en était rendue compte dès qu'elle avait vu la tronche que tirait Roy en ouvrant la porte, et il n'y avait pas besoin d'avoir fait Lycaon pour le comprendre... Mais jusqu'à cet instant, elle avait décidé joyeusement que sa colère à elle était plus forte et plus légitime, et que les petits problèmes existentiels de Roy pourraient bien attendre. C'était bien fait pour lui après tout ! Mais maintenant qu'elle avait obtenu satisfaction, elle ne put s'empêcher de se sentir inquiète pour celui qui l'irritait tant juste avant. Peu importe les différends qui pouvaient les opposer, et quelle qu'en soit la gravité, Sofya restait loyale à Roy et présente pour lui s'il avait besoin d'elle. Et en l'occurence, il semblait avoir besoin d'elle - ou de n'importe qui d'autre. Sans doute, si on lui avait demandé son avis, Roy aurait-il répondu l'exact contraire : il n'avait besoin de personne, et qu'on lui foute la paix ! Qu'on le laisse, avec sa monalisa, son Whisky Pur Feu et ses problèmes ! Sauf que Sofya ne lui demandait pas du tout son avis. Elle n'allait pas le laisser se morfondre à son appart' plus longtemps, à se bousiller la santé en laissant tout le boulot à Jayce et Mildred, pendant que ses Veilleurs gambadaient librement, au risque de faire n'importe quoi.

En bonne envahisseuse, consciente de provoquer une fois de plus l'irritation de son patron mais s'en moquant allègrement, Sofya vint s'asseoir avec la grâce d'un scroutt à pétard sur le canapé bleu. Plongeant un regard inquisiteur et sans complaisance sur son chef, elle lâcha, sur le ton de celle qui ne se laisserait pas rembarrer :

"Ok. Qu'est-ce qui s'est passé ?"



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Roy Calder
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Le pudding à l'arsenic [Roy & Sofya] Icon_minitimeLun 1 Juin 2015 - 23:03
Il devait l’avouer, Roy comptait un peu sur le fait qu’elle soit suffisamment en colère contre lui pour le laisser se morfondre dans son mal-être, maintenant qu’elle avait obtenu ce qu’elle voulait. Mais évidemment, c’était à Sofya Belinski qu’il avait affaire. Comme si elle allait tourner les talons si facilement. Elle s’assit avec la grâce d’un troll sur son canapé, en prenant la parole d’un ton qui ne souffrait d’aucune contradiction. Ce n’était pas « Tu veux en parler, Roy ? » mais « Tu craches ou je te fais cracher, Calder ». Peu enclin à parler, Roy se replia légèrement contre lui-même, toujours dos à Sofya, en plein dans ses sombres pensées qui rejaillissaient. Comment raconter ce qui le mettait dans cet état quand lui-même avait du mal à poser les mots dessus ? Il n’avait pas envie de le raconter, de toute façon. Ce qui s’était passé cette nuit n’appartenait qu’à lui, et à Juliana. C’était encore trop proche et trop fort pour qu’il accepte de s’en dévoiler à qui que ce soit. Roy était un homme dont l’exubérance et les taquineries le rendaient humain et affectueux, mais paradoxalement, plus ses relations étaient sérieuses, moins il était démonstratif. C’était sûrement ce qui lui coûtait la liste de ses dix derniers échecs relationnels, d’ailleurs.

Il n’arrivait pas à démêler tout ce qu’il ressentait, maintenant. Alors même qu’il se sentait si mal, il ne regrettait pas ce qui s’était produit. Comment le pouvait t-il ? Il ne s’était jamais senti aussi sincère avec lui-même qu’en partageant cette nuit avec elle. Ce qui le rendait si confus, c’était cet immense sentiment de gâchis, et cette profonde désillusion quant à son avenir. Etait t-il possible d’être convaincu d’avoir fait ce qu’il y avait de mieux, et pourtant ne rien voir d’autre que le pire à l’horizon ? Et par dessus tout, ce vide étourdissant… Des litres de Whisky pur Feu ne suffiraient pas à le remplir, et ce n’était pas faute d’avoir essayé.

« Rien, ‘me suis encore illustré dans mes capacités à me mettre dans la merde. »

Brave résumé, mais l’ironie ne le rendait pas plus joyeux, malheureusement. Etrangement égal, le ton de Roy ne laissait rien filtrer de sa profonde envie de se cacher dans un trou de souris pour ne plus jamais en ressortir. Il maudissait Merlin, et tous ses ancêtres, qui semblaient s’amuser à le voir courir après les richesses pour mieux se perdre en chemin. N’était-il pas Roy Calder, le chef de la mafia, plein aux as, gérant d’un casino à succès, entouré des plus belles femmes et des meilleurs conseillers ? Des foutaises. La vie de Roy Calder n’avait jamais été aussi nulle. Dans un souffle qui trahit cette fois son état piteux, il reprit :

« A chaque fois, c’est la même chose. Je fais toujours tout foirer. »

Sans rien avouer de plus, son malaise eut raison de sa maudite fierté pour une fois et il se tourna à demi vers Sofya pour se loger contre elle en quête d'un peu de chaleur humaine. Les lèvres obstinément fermées, Roy garda un silence qui valait mieux que des explications maladroites et trop personnelles pour qu'il accepte de les faire à quelqu'un d'autre que lui-même. A cet instant, il était trop difficile de garder le masque. Un peu plus ou un peu moins dans le pathétisme, après tout, Sofya venait déjà de le découvrir dans un état déplorable, et puis elle faisait bien partie du petit cercle de personnes à qui il voulait bien se dévoiler -un peu.


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Sofya Belinski
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Le pudding à l'arsenic [Roy & Sofya] Icon_minitimeVen 5 Juin 2015 - 20:28
Sofya attendit, patiemment, que Roy se décide à lui expliquer ce qui lui valait cette attitude. Silencieuse, elle se sentait soudain contrainte à l'immobilité, osait à peine respirer, comme un chasseur face à une biche à deux doigts de s'échapper. Fragile, sensible, voilà des adjectifs qui ne venaient pas aisément à l'esprit de Sofya lorsqu'il lui fallait décrire son chef de gang d'ami. A cet instant, pourtant... Il paraissait vulnérable, démuni, replié sur lui-même en une attitude d'abattement et de découragement qui ne lui était vraiment pas familière.

"Mais encore ?", interrogea Sofya avec un peu moins de rudesse et un peu plus d'inquiétude, quand Roy lui servit une réponse qui n'expliquait rien du tout. Elle l'encouragea du regard à poursuivre, mais Roy ne l'observait pas, enfermé dans son propre monde dans lequel il semblait répugner à la faire entrer. L'amertume et même la lassitude qui transpiraient de ses dernières paroles achevèrent de surprendre Sofya, qui posa sur son chef des yeux soucieux et étonnés. Mais que lui faisait-il là ? Qu'est-ce que c'était que cette crise de confiance, par Godric ? Cela ne lui ressemblait pas du tout... Et ce qui lui ressemblait encore moins, ce fut ce geste ahurissant qu'il eut en venant se blottit contre elle. Comme un petit garçon apeuré et attristé qui venait se cacher dans les bras de sa mère...

Après un instant de raidissement causé par l'étonnement, Sofya entoura Roy de ses bras et le serra contre elle en une étreinte de réconfort.

"Tu ne fais rien foirer du tout, mon Roy, qu'est-ce que tu me fais, là ? T'es même plutôt quelqu'un qui réussit bien dans la vie, en général, tu ne trouves pas ? Les choses te sourient et le succès t'entoure, et ce n'est pas par chance, non, tu bosses pour ça. Alors ne te flagelle pas si la vie te réserve des revers, c'est normal ! Mais qu'est-ce qui s'est passé pour que tu te mettes dans cet état ?"

Son regard tomba sur la table-basse du salon et sur les diverses preuves de la déchéance de Roy qui s'y trouvaient, et elle se promit de ne pas le laisser seul avec ces cochonneries. Il était bien trop facile de se détruire la vie à coup de drogues quand on avait le nez dedans à longueur de journée, et elle refusait de laisser quelqu'un de la valeur de Roy se faire embarquer là-dedans. Il valait tellement mieux que ça... Tellement mieux que ce dont il se donnait le crédit, à cet instant ! C'était étrange, il n'avait vraiment pas besoin qu'on le lui rappelle, d'habitude. Sofya ne savait pas ce qui s'était passé, mais ça l'avait sacrément secoué... Caressant distraitement ses cheveux, elle se pencha pour déposer un baiser sur son front et ajouta d'une voix pleine de conviction :

"Allez, te laisse pas abattre comme ça, tu es un homme admirable Roy, ingénieux, plein de ressources, qui sait retomber sur ses pattes et obtenir ce qu'il souhaite, peu importe le temps qu'il faut. Alors... Quel que soit ton problème, tu vas le régler, je n'ai aucun doute là-dessus !"

Et dire qu'elle était venue pour l'engueuler, voilà qu'elle se retrouvait à l'encourager... Continue, Sofya, continue à te laisser emberlificoter par les hommes, par leurs jérémiades et leurs regards de chiens battus, s'indigna une petite voix intérieure. Hélas, elle était trop faible pour l'envoyer balader. Quand son boss était dans cet état, c'était que quelque chose ne tournait pas rond, que l'équilibre fragile de sa vie était sur le point de se rompre - et Sofya aimait sa vie, passionnément. Alors elle allait remettre Roy sur pieds ni une ni deux et le renvoyer à ses petites affaires de mafieux, et plus vite que ça.


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Roy Calder
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Le pudding à l'arsenic [Roy & Sofya] Icon_minitimeSam 6 Juin 2015 - 13:28
Non, se laisser abattre de la sorte ne ressemblait pas à Roy Calder. Même quand l’avenir lui paraissait incertain ou mal engagé, il s’accrochait fermement et faisait front. Roy avait bien trop d’orgueil pour laisser entendre que quelque chose pouvait l’ébranler sérieusement. Pourtant, parfois, il avait envie de tout laisser tomber, de capituler. Ses relations tendues avec sa famille, par exemple, lui laissait souvent cet amer goût de la culpabilité qui lui donnait envie de faire des efforts dans l’autre sens. Mais non, Roy était un homme fier qui n’acceptait pas de revenir en arrière, à moins d’avoir vraiment touché le fond. Peut-être était-ce arrivé ? Peut-être Juliana était son échec le plus grand, ou son échec de trop ? En tout cas, c’était ce que son coeur en souffrance semblait lui dire. La tête enfouie dans les bras de Sofya, Roy se tenait comme propre spectateur de son état misérable, à tenter de se ressaisir, mais Merlin, cela n’avait jamais été si dur. Il avait beau cacher son visage dans le cou de l’espionne en écoutant ses paroles de réconfort, tout son être regrettait que ce ne soit pas Juliana qui le serrait dans ses bras pour le consoler. Se forcer à penser à autre chose n’y changeait rien : il n’y avait que des images d’elle pour emplir son esprit, à cet instant.

Les compliments de Sofya ne parvinrent même pas à flatter l’ego de Roy, qui aurait dû s’enorgueillir de se voir qualifier d’un homme admirable et ingénieux. Non pas qu’il doutait qu’il le soit, mais à cet instant, il se demandait à quoi cela lui servait, quand tout le génie du monde ne suffirait pas à lui apporter ce qu’il souhaitait. Il ne s’agissait pas cette fois d’élaborer une stratégie ou de manipuler pour arriver à ses fins, la source du problème était plus compliquée. Il aurait fallu changer sa profonde nature, ou celle de Juliana, mais d’ici à ce qu’une femme aussi entière et déterminée qu’elle accepte de s’acoquiner avec un mafieux de son acabit… Il y avait un gouffre à franchir, et l’amour ne donnait pas forcément des ailes. Roy n’était pas naïf, il l’avait compris à leur discussion la veille, avant qu’elle ne le fasse sortir de chez elle : entre sa cause et lui, elle avait fait son choix, et il ne pouvait pas lui en vouloir alors que lui non plus n’était pas prêt d’abandonner ce qu’il avait construit. Il n’y avait pas que l’argent ou le succès pour le retenir. La mafia c’était son monde, son langage, son combat, y renoncer serait en quelque sorte perdre une partie de lui-même. Y renoncer serait laisser tomber ses amis, et le groupe qu’il avait mis sur pied, son projet, son gang. Roy ne pouvait pas faire cela, il ne le voulait même pas, quand bien même il perdait autre chose en contrepartie, et Juliana n’était pas la seule personne qui lui échappait : Klemens l’avait abandonné aussi…

Serrant la taille de Sofya à cette pensée, Roy se recroquevilla un peu plus, honteux de se cacher de la sorte tel un petit garçon dans les bras de sa mère ou sa grande soeur, mais il devait reconnaître que l’espionne lui apportait un peu de cette chaleur humaine qui lui avait cruellement manqué cette nuit, quand il avait décidé de s’abrutir dans ses drogues pour oublier. Heureusement, il lui restait encore des proches comme Sofya pour le soutenir dans ses choix. Si Roy s’était trouvé complètement abandonné, il se serait sans doute remis en question bien plus profondément. Pour le moment, comme d’habitude, il préférait laisser ces questionnements existentiels de côté, intimement persuadé qu’un homme devait assumer ses choix, quoiqu’il en coûte.

« Je sais, finit t-il par souffler contre la peau de son amie, avec un certain dépit. Mais c’est pas ça, le problème, c’est… »

Interrompant sa phrase pour mieux mettre de l’ordre dans ses idées, Roy resta silencieux quelques instants. Se confier lui était toujours difficile. Très peu de personnes avaient déjà entendu le trafiquant révéler ses faiblesses ou ses doutes, trois ou quatre à tout casser, Klemens, Jayce et Isobel, car ils étaient ceux avec qui Roy passait la majeure partie de son temps et accordait le plus de confiance. Du moins, c’était le cas quand Klemens lui adressait encore la parole… Roy cessa de masquer son visage et redressa légèrement la tête vers Sofya, révélant ses traits tirés et son regard trouble, où luisait un certain désappointement.

« Ca t’est jamais arrivé d’avoir l’impression de t’agiter dans le vent ? De te décarcasser pour obtenir quelque chose, de te dire que c’est absolument ce qu’il te faut, mais c’est qu’une fois que tu l’as obtenue que tu commences à voir le tas de déceptions qui va avec ? »

On avait vu mieux en matière de discours clair, mais de là à ce qu’il énonce clairement qu’il avait un chagrin d’amour, le pas était gigantesque… Puis, il semblait à Roy que cela ne décrivait pas si mal la situation dans laquelle il se trouvait : incapable de réunir dans sa vie tout ce qui lui était cher, il lui fallait toujours préférer l’un pour en abandonner un autre. Après avoir affronté quelques secondes le regard de l’espionne, il baissa légèrement le sien en soupirant, lui-même confus sur ce qu’il souhaitait exprimer.

« Laisse tomber, j’sais pas trop ce qui m’arrive, j’ai juste l’impression que… Je veux trop de choses en même temps et que je pourrai jamais les concilier. »


Roy Calder

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Sofya Belinski
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Le pudding à l'arsenic [Roy & Sofya] Icon_minitimeJeu 18 Juin 2015 - 22:26
Sofya considéra Roy en silence un long instant, résistant à la tentation de le pousser dans ses retranchements. Etant donné les formulations vagues qu'il employait, elle avait l'impression qu'il ne voulait rien lui dire de plus précis - Roy n'était pas du genre à avoir besoin d'encouragements lorsqu'il voulait dire quelque chose. Alors s'il tournait autour du pot, c'était que cette fameuse chose qu'il désirait ne devait pas être connue de Sofya. Mais il voulait malgré tout ses conseils... Voilà qui s'annonçait ardu, songea la comédienne en poussant un soupir intérieur. Elle trouvait étonnant, parfois, de constater à quel point un homme tel que Roy, un fonceur à qui la chance avait tendance à sourire, pouvait se poser mille et une questions existentielles.

Sofya, elle, se targuait d'avancer dans la vie avec beaucoup moins d'interrogations. Elle n'était pas une de ces bonnes femmes à bigoudis qui racontait ses états d'âme à ses copines en feuilletant Multiplettes dans la salle d'attente du chirurgien esthético-magique... Non, la vie était très simple, en général. On voulait quelque chose, on se battait pour l'obtenir. On aimait quelqu'un, on le fréquentait, et si on ne l'aimait plus, on s'en débarrassait. Le reste, les doutes, les regrets, les questionnements, Sofya les ignorait et s'en faisait une petite réserve dans laquelle elle ne puisait que lorsqu'elle était sur scène, dans la peau de son personnage.

"Quand je veux quelque chose...", commença à répondre Sofya, son regard perdu dans le flou de l'appartement. "Je sais pourquoi je le veux. Si cela me rendra heureuse, satisfaite, épanouie, apaisée... il y a toujours une raison, non ? On veut oublier, on veut se venger, on veut briller, on veut obtenir, on veut aimer. On ne veut pas sans rien derrière. On ne se fixe pas d'objectifs pour le simple plaisir de s'en fixer, on ne fournit pas d'efforts dans le vide, sans raison, bonne ou mauvaise. En tout cas pas moi. Alors non, je n'ai pas l'impression de m'agiter dans le vent. Quand j'obtiens ce que je désirais, je le savoure."

Comme elle savourait son double-rôle de comédienne et d'espionne, son petit appartement baigné de soleil et envahi de végétation magique, son compte en banque fluctuant, sa vie de célibataire endurcie. C'était la vie qu'elle avait voulu, dans laquelle elle se plaisait.

"Et si je réalise que cela ne me plait plu, alors je rectifie. Les choses sont aussi simples que cela. Est-ce qu'on peut vouloir deux choses contradictoires ? Oui, bien sûr, mais avec l'expérience on apprend vite qu'à tout vouloir, on finit par tout perdre... Tu ne crois pas ?"

Elle songea alors que Roy ne semblait pas encore l'avoir faite, cette expérience, du moins n'en avait-il pas tiré la même leçon que Sofya.

"Alors il faut faire un choix, la vie est faite de choix. Tu sais bien au fond de toi qu'il y a une de ces choses contradictoires que tu veux plus que les autres, plus que tout peut-être. Le désir n'est pas uniforme, ni égal... Alors, soit honnête avec toi-même, cherche au fond de toi ce qui est le plus important pour toi, quelle est la vie que tu veux mener. Et une fois que tu as déterminé ça, tu t'y tiens. Et tu oublies le reste, parce que le reste est secondaire."

Sa main revint se perdre dans les cheveux bruns de Roy, qu'elle caressait doucement, telle une mère donnant un conseil de vie à son fils - telle, aussi, l'amie, l'amante, qui sentait l'autre lui échapper un peu. N'était-il pas heureux, dans cette vie, Roy ? Ses accomplissements leur réussissait bien à tous les deux et elle espérait que cette crise existentielle n'était pas profonde au point de remettre cet équilibre en cause...



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Le pudding à l'arsenic [Roy & Sofya] Icon_minitimeLun 29 Juin 2015 - 2:16
Le visage enfoui dans le cou de Sofya, Roy l’écoutait parler dans un parfait silence digne d’une méditation. Méditer, il n’était pas tout à fait en état de le faire, mais les mots de l’espionne le laissèrent tout de même pensif. Avec l'expérience on apprend vite qu'à tout vouloir, on finit par tout perdre... Tu ne crois pas ? Roy resta muet à cette invective, mais la question tourna plusieurs fois dans son esprit, tandis qu’il remuait légèrement la tête, contre Sofya. Elle n’était pas la première à le lui dire, en vérité, mais jamais cette phrase n’avait reçu tant de résonance en Roy. N’était-ce pas ce qui était en train de lui arriver ? N’avait t-il pas perdu Klemens, déjà ? Il ne voulait pas tout perdre. Mais il n’était pas non plus prêt à sacrifier ses projets, ses ambitions. Sofya posa le mot précis sur ce que Roy redoutait et détestait le plus : un choix. Oui, il devait faire des choix. Il en faisait tout le temps, il les assumait, mais parfois… Cela devait tant lui coûter qu’il aurait préféré avoir le choix de ne pas choisir, précisément.

Au fond de lui, une chose qu’il voulait plus que toutes les autres… Que voulait t-il plus que tout le reste ? Sacrée question. Hier soir, quand il était encore dans les bras de Juliana, il aurait juré que c’était elle, celle qu’il voulait plus que tout au monde. Maintenant qu’il était revenu à la réalité, à la solitude de son appartement, à tous les paramètres qui réglaient sa vie, Roy ne pouvait plus donner de réponse si tranchée. Il y avait trop de choses qui rentraient en jeu. Cette nuit, engouffré dans ses pensées noires, il n’avait envisagé que les pires scénarios. Le discours de Sofya le laissait encore plein de questions, mais venait au moins de l’aider à se souvenir de certains de ses principes. Quelle vie il voulait mener… Cela avait toujours été l’enjeu, n’est-ce-pas ? La voix de Roy finit par s’élever, basse, un peu étouffée par la peau de l’espionne :

« Tu as raison. »

Décidé à ne plus laisser voir son trouble, il se détacha doucement de l’étreinte de son amie, puis se passa une main sur le visage, comme pour en effacer les traits tirés. Il n’avait toujours pas réponse, il ne savait pas ce que sa relation avec Juliana allait devenir, mais il s’était assez morfondu. Laisser voir ses faiblesses à ce point ne lui ressemblait pas, il n’aimait pas du tout, même. Puis il craignait de trop en dire s’il laissait la conversation s’étendre, or, pour le moment, il était sûr d’une chose : ce qui s’était passé avec Juliana devait rester entre eux. Parce que cela n’appartenait qu’à eux, et parce qu’il fallait d’abord tirer cette situation au clair.

Autant pour dissiper cet instant gênant que pour s’occuper la tête, Roy entreprit de jeter les bouteilles vides et les cadavres de sa débauche qui traînaient encore sur sa table basse. Il avait vraiment abusé, pour le coup, c’était la première fois qu’il sentait qu’il n’avait plus la main mise sur ses propres substances. Il avait déjà consommé, mais presque toujours en présence d’amis, plus dans une optique de détendre ou pimenter une soirée. Force était de constater que depuis quelques mois, depuis que sa vie prenait des tournants compliqués, que de plus en plus de charges pesaient sur ses épaules, que les choses n’évoluaient pas toujours dans le sens voulu, que des déceptions le terrassaient… Eh bien, Roy connaissait ce qu’il vendait, et le remède à ses angoisses était si facile d’accès… L’envie de céder était chaque jour plus forte, et il n’y résistait pas toujours. Cette nuit, il s’était complètement laissé abandonner, en l'occurrence.

Non, il ne serait pas cet homme, se morigéna t-il intérieurement, en jetant le dernier sachet à la poubelle d’un geste mécanique. Il ne serait pas cet homme pathétique et lâche, préférant s’aveugler le temps d’une prise, parce qu’il n’aurait pas eu le courage d’affronter ce qui le dépassait. Depuis quand cédait t-il à la facilité à ce point ? N’avait t-il pas prouvé de quoi il était capable ? Etouffant un léger soupir, Roy revint vers Sofya, s’asseyant sur la moitié du canapé, tourné vers elle. Il avait encore quelque chose à lui demander en tant qu’ami. Au fond, Roy aurait préféré ne jamais être vu dans cette position, il savait qu’il s’en serait remis tout seul, tant bien que mal, même sans en parler à personne. Que son interlocuteur soit digne de confiance ou pas, c’était toujours un effort délicat pour lui de se dévoiler.

« Est-ce que… On peut garder ça entre nous ? Aussi bien la discussion que… le décor. »

Décor qu’il venait de mettre à la poubelle, mais son salon était encore imprégné de toutes les effluves de sa déchéance.


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Le pudding à l'arsenic [Roy & Sofya] Icon_minitimeMar 30 Juin 2015 - 22:56
Sofya observa silencieusement Roy qui rangeait son appartement, se sentant comme un badaud qui assiste au nettoyage d'une scène de crime. Queqlue chose d'important venait de se jouer ici, elle le sentait. Roy semblait aux prises avec quelque chose qui le dépassait, dont elle ignorait la contenance, mais ses paroles avaient fait mouche. D'ailleurs, le chef de gang s'était repris, et son état d'hébétude avait laissé place à une détermination qui lui était plus coutumière. Un léger sourire apparut sur le visage de l'espionne, trahissant son soulagement. Elle préférait cela, un Roy en pleine possession de ses moyens et de ses émotions ! Non pas qu'elle n'aime pas jouer la maman, elle était son amie, après tout... Mais elle le trouvait nettement plus attrayant lorsqu'il jouait les mafieux sombres et implacables. Sofya aimait, bien sûr, une pointe de sensibilité chez un homme, mais elle n'avait aucun goût pour les pleurnichards.

Son sourire se fit plus appuyé quand Roy formula sa requête. Elle sentait que c'était important pour lui, mais ne résista pas à la tentation de  se moquer un peu.

"Même à Toni, je ne peux pas en parler ?", s'enquit-elle, l'air innocent. "Je l'imagine d'ici. Yé lé savait, moi, qué Roy c'est oune lavette ! Non ? Bon, bon, si tu insistes..."

Glissant sa main sur la sienne, elle reprit sur un ton plus sérieux :

"C'est entendu, cela reste entre nous."

Elle ne voulait pas amoindrir son autorité, ni piétiner son égo. La mafia n'était pas un milieu facile, et un chef jugé comme faible ou décadent était un chef mort. Or, elle tenait à son petit Roy, même si elle aimait le charrier. Elle ne ferait probablement pas partie des Veilleurs si ce n'était pas pour lui. Alors elle ne voulait pas lui causer plus de soucis qu'il ne semblait déjà en avoir. Bien joué, Roy, tu as su toucher la corde sensible de ton interlocutrice... Sofya hésita un instant, n'osant croire ce qu'elle allait dire, le regrettant déjà. Pourtant, ce fut bien sa voix qui s'éleva pour murmurer :

"Et pour Matthew, oublie, d'accord ? Je vais prendre sur moi."

Prendre sur elle... Comme si Sofya en était capable. Elle allait l'assassiner dans un recoin glauque de la Voie, et ce serait de leur faute à tous les deux. Celle de Matt, et cette incroyable capacité à mettre ses interlocuteurs hors de lui d'un sourire ou d'un propos sarcastique. Et celle de Roy, et sa propension à vous faire craquer d'un regard qui suscitait au choix l'appitoiement, la pitié ou l'attirance. Il aurait dû faire du théâtre, ce petit, peut-être devrait-elle suggérer à Ernesto de lui confier un rôle... La pensée de Roy engoncé dans un costume sur scène la fit rire, et elle laissa libre court à son hilarité, laissant ce son joyeux emplir l'appartement lugubre. Roy avait besoin de se détendre et d'oublier, non pas la cause de ses soucis, car le déni n'était jamais bon, mais la façon qu'il avait utilisé pour les faire disparaître. Ce n'était jamais bon non plus, il aurait dû le savoir, lui qui avait vu suffisamment de drogués pathétiques au cours de sa carrière...

"Allez, ça suffit cet abattement, à partir de maintenant et pour aujourd'hui, tu es à ma merci !", s'exclama-t-elle joyeusement, claquant des mains sur ses cuisses avec un enthousiasme indécent. Capturant le menton de Roy entre ses doigts, elle examina son visage morose d'un air expert et lâcha son diagnostic :

"Je vais te mettre à la diète, moi ! Plus d'alcool, plus de drogues, plus de femmes."

Après un instant de réflexion, elle ajouta : "Plus de Leopold !"

Si l'on suffisait toutes ces mauvaises influences de sa vie, Roy allait redevenir un homme à l'esprit sain, dans un corps sain, prêt à faire des miracles avec Jayce à la tête de son gang, laissant la débauche et la misère aux pauvres âmes à qui il vendait ses produits, avant de les dérober au casino.  

"Que dirais-tu de faire quelque chose de fun aujourd'hui, hm ? Tu ne vas pas rester là à te morfondre, ni retourner voir tes hommes dans cet état. Alors je t'emmène espionner avec moi. Allez, viens, ça va être drôle."

Avec un grand sourire innocent, elle ajouta :

"Je peux même te déguiser en femme, si tu veux !"



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Le pudding à l'arsenic [Roy & Sofya] Icon_minitimeMer 1 Juil 2015 - 1:36
« Surtout pas à Toni. C’est même le dernier à mettre au courant. » répliqua le trafiquant, levant un sourcil sarcastique.

De base, Toni était incapable de garder un secret, il fallait toujours que sa grande bouche décide de parler pour lui. Et surtout, Toni était un homme facilement moqueur et boute-en-train, si une pareille histoire arrivait à ses oreilles, nul doute qu’il charrierait Roy longtemps, ce dont il n’avait aucune envie. Il tira d’ailleurs une mauvaise tête à la façon dont Sofya imita Toni -tout sauf se faire traiter de lavette, il avait une réputation et une image à préserver. Si l’on commençait à croire que le chef des Veilleurs avait de tels moments de faiblesse, c’en était fini de son règne confortable. Sofya n’était pas moins exubérante que l’italien, mais il lui faisait nettement plus confiance, elle était moins de nature à faire ce genre de gaffe. Oh, Roy se doutait plus ou moins qu’elle lui rappellerait ce petit moment gênant un jour, mais tant que cela restait entre eux deux, il pourrait composer avec. Il avait bien besoin de quelqu’un comme Sofya pour le remettre sur pied, qui sait ce qu’il aurait fait aujourd’hui si elle n’avait pas frappé à sa porte sans prévenir…

Roy reporta son attention sur l’espionne, alors qu’elle remettait sur le tapis le sujet qui l’avait justement amenée ici et qu’il avait presque oublié. Dire que c’était lui quelques minutes plus tôt qui avait accepté de céder. Sofya Belinski et Roy Calder se cédant mutuellement un morceau de terrain, eh bien, décidément, cette journée n’était pas comme les autres. Roy pressa légèrement la main de Sofya posée sur la sienne, dans un bref geste de reconnaissance.

« Merci. »

N’ajoutant rien de plus, il lâcha sa main, revenant à ses propres pensées. Du moins, jusqu’à ce que le rire soudain de Sofya éclate et le fasse de nouveau lever la tête vers elle, interloqué. Qu’avait t-il fait de si drôle ? Elle ne fournit pas vraiment d’explications, mais avec elle et ses instants d’excitation soudains, cela faisait un moment que Roy avait cessé de se poser des questions. L’esprit tout vaporeux de tout ce qui s’était passé entre la veille et ce matin, il ne comprenait pas encore très bien ce qui lui arrivait, alors il eut juste l’air hébété en la voyant saisir son visage pour l’examiner, telle une mère tripotant la bouille de son petit garçon. Ses sourcils se haussèrent alors qu’elle le privait de bonbons tout ce qu’il aimait bien, il articula un « Mais ». Sauf qu’elle ne semblait pas prête à l’entendre et continuait sur sa lancée, qui fit comprendre à Roy ce qu’elle cherchait à faire : lui changer les idées, tout simplement. Un vague sourire étira ses lèvres, alors qu’il rétorquait en se dégageant de son emprise :

« En femme ? T’es tarée, je me ferais griller à la première paire de talons que j’enfilerais. »

Bon, l’idée était assez intéressante cela dit, se changer en femme, voilà une chose que la magie permettait et qu’il n’avait jamais réalisé, alors que ce serait le vecteur de bien des fantasmes croustillants… Mais Roy n’avait pas vraiment la tête à y penser, pas du tout, même. Sa petite tentative d’humour n’était qu’une maigre façon de le camoufler, d’ailleurs. Passant une main sur son visage pour se débarbouiller les idées avec un soupir, ses doigts finirent par venir caresser sa barbe dans un geste pensif.

« Tant que tu m’emmènes dans un endroit où je pourrai décuver… Genre le fin fond d’un océan, tiens, ça allait le rafraîchir. J’te suis. »

Il lui semblait que Sofya ne lui donnait pas vraiment le choix, de toute manière, et puis, c’était toujours mieux que de se rendre aux Folies où il n’avait pas le coeur à affronter d’autres prises de tête. Pas aujourd’hui.

FIN DU RP


Roy Calder

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