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Bang bang, my baby shot me down [Juliana & Roy]

Roy Calder
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Bang bang, my baby shot me down [Juliana & Roy] Icon_minitimeMar 28 Avr 2015 - 1:58
14 avril 2009


Dans la Voie des Miracles, ce qui était pratique ou inquiétant, selon le point de vue, c’était que depuis l’extérieur, personne ne pouvait vous entendre hurler. Lorsqu’il y avait du sale boulot à faire, et chacun savait ce que signifiait le sale boulot, on faisait en sorte que cela ait lieu dans l’une de ces ruelles étroites et sombres de la Voie, ou mieux encore, dans une pièce fermée aux murs suffisamment épais pour régler ses comptes en toute discrétion. Les Veilleurs détenaient quelques bars et boutiques de la Voie, ils n’avaient que l’embarras du choix pour régler leurs sales affaires, et la tâche s’avérait encore plus simple lorsqu’il s’agissait d’éliminer l’un des leurs… Ainsi, lorsque Tobin Warner pénétra avec aisance dans le célèbre bar du Niffleur Ecarlate pour retrouver ses nouveaux copains, il ne comprit pas ce qui lui arriva. Un sortilège le frappa à la nuque, et lorsqu’il rouvrit les yeux, il était enfermé entre les murs d’une cave faiblement éclairée par l’une des baguettes de ses bourreaux : deux Veilleurs avec qui il avait bu un coup la veille au soir !

« Alors Warner, on joue au plus malin ? Tu joues le Veilleur modèle le jour, pour aller filer des infos sur nous à l’extérieur la nuit ?
-Quoi ? Qu’est-ce que vous racontez les gars, j’suis clean, vous l’savez, j’ai…
-Te fous pas de nous ! le coupa l’un des hommes, en le frappant violemment au visage pour le faire taire. Belinski t’a grillé, mec ! Belinski, tu sais qui c’est ? Il secoua le col du traître, avec force. Une espionne qui aurait pu t’apprendre à mieux couvrir tes arrières, si t’étais pas une sale taupe, enfoiré ! »

Avant qu’il n’ait le temps de protester, Tobin sentit son nez craquer sous l’impact d’un nouveau coup de poing qui l’étourdit quelque peu. Merlin, dans quoi était-il tombé ? Comment s’était-il fait attrapé ? Il avait pourtant veillé à ce qu’on ne le suive pas, il avait eu l’impression d’avoir agi en toute discrétion depuis qu’il s’était infiltré chez les Veilleurs, certains commençaient même à lui faire véritablement confiance et lui donner deux ou trois informations intéressantes. Qu’est-ce qui l’avait trahi ? Ses déplacements ? Des détails de son passé ? Il fallait fouiller assez loin dans son histoire pour découvrir qu’il n’en était pas à sa première trahison, il pensait pourtant avoir bien caché ses autres identités, avant de venir s’installer à Bristol, éternel voyou errant qu’il était, à la recherche de commanditaires. Oh, il n’avait pas choisi Bristol par hasard, il savait qu’elle était secouée par de multiples mouvements contestataires qui l’intéressaient, à titre plus personnel…  

« Vous faites erreur ! J’vous le dis, j’suis clean, j’ai rien à… »

La porte s’ouvrit à la volée sur un troisième homme qui fit ravaler ses débuts de mensonge à Tobin, lorsqu’il le reconnut. Allons donc, valait-il le déplacement du chef ? Qu’est-ce que cette Belinski avait raconté sur lui pour que Calder vienne lui-même voir de quoi il en retournait ?  

« C’est toi la taupe ? »

L’air du chef de gang ne semblait pas admettre de réponse en vérité, il s’agissait là d’une pure question rhétorique à laquelle Tobin eut la sagesse de ne pas répondre. Roy s’approcha de quelque pas, ses deux hommes s’écartant pour le laisser prendre le relais. Il vrilla son regard sombre dans celui de l’espion, le ton polaire.

« Qui t’envoie ? »

Tobin resta obstinément silencieux, livide et suant, mais le regard luisant encore d’une certaine défiance. Pris d’impatience, Roy attrapa sèchement son col d’une main, enfonça sa baguette sa gorge de l’autre. Un cri de douleur fendit l’air, tandis que le corps de Tobin était secoué de multiples soubresauts, sous l’assaut d’une décharge électrique que Roy finit par faire cesser d’un geste. Il s’assit sur l’une des chaises en bois proche de sa victime, le temps que celle-ci recouvre ses esprits.

« Ca pourrait se passer très simplement, tu sais, si tu répondais juste à mes questions. La baguette de Roy revint s’enfoncer dans le corps du fautif désormais blanc de peur, mais cette fois, plus bas dans sa cage thoracique. Qui t’envoie ? »


******


Roy n’avait guère attendu pour sortir de la Voie et marcher d’un pas vif sur le chemin de la Promenade des Marins. Il avait déjà entendu un mercenaire dire un jour que lorsqu’on accrochait un homme à un crochet de boucher, il racontait tout ce qu’il savait… C’était vrai. Mais ce n’était pas ce qui avait tué Tobin Warner. Avant de se voir offrir cet ultime supplice, il avait fini par cracher l’information que réclamaient ses bourreaux, puis la vie l’avait quitté aussitôt. D’un coup. Précisément comme si parler l’avait tué. Il n’y avait pas trente-six solutions, cet homme était tenu sous l’emprise d’un maléfice qui l’empêchait de révéler des informations au risque d’en mourir. Même les gangs les plus barbares n’infligeaient plus cela à leurs hommes, cette méthode pour se protéger des trahisons était d’un temps passé. De toute manière, cette oeuvre n’était pas celle de la mafia, Roy venait de le découvrir, alors qu’il s’attendait précisément à ce que cet espion soit envoyé par l’un de ses ennemis criminels -il en avait bien assez.  

S’arrêtant à la porte d’un appartement qu’il n’avait plus visité depuis un an, très exactement, Roy frappa avec une certaine impatience sans même s’émouvoir de cette nouveauté. Dans d’autres circonstances, il aurait réfléchi trois fois avant de venir, mais là… Non, c’était trop grave. Il ne pouvait pas laisser passer cela. Réitérant ses coups frappés à la porte, il sentait une vague d’émotions plus ou moins violentes lui remonter à la gorge, qu’il s’efforça de calmer en inspirant un grand coup, puis en croisant les bras. Discuter calmement, Roy. Ne pas crier. Ne pas jurer. Rester courtois. Les premiers mots qui franchirent les lèvres du trafiquant lorsque la porte s’ouvrit enfin sur Juliana furent lancés sur un ton relativement maîtrisé, lourd d'ironie, mais le feu qui brûlait dans le regard de Roy ne laissait aucun doute sur ce qu’il était en train de retenir.

« Tu espionnes ton propre voisin, maintenant ? On ne se connaît plus assez pour que tu viennes me poser tes questions toi-même ? »

Ah ça oui, il était furieux. Furieux et trahi car comment qualifier le geste de la jeune femme autrement ? Elle lui avait envoyé un espion, par Merlin ! Dans son milieu, c’était ce qu’on appelait une guerre silencieuse. C’était ce qu’elle voulait, lui déclarer la guerre ? Le mettre dans une position délicate ? Soutirer des informations sur son gang pour s’en servir contre lui ? Elle avait choisi son camp finalement, en dépit de tout ce qu’il s’étaient dits lors de leur dernière entrevue, bon sang ? Son ton plus froid encore fendit l’air à nouveau :

« Pourtant tu sais bien faire ça. Jouer les inquisitrices sur tout ce que je fais. Tu m’envoies des gars pour le faire à ta place, maintenant ? Est-ce que tu es bien sûre de savoir à qui tu t’en prends là, Julia ? Parce que je crois que tu as -encore une fois- foncé dans le tas avant de réfléchir. »

Et Merlin savait que ce ne serait pas la première fois avec cette femme plus Gryffondor que Godric lui-même. Elle avait choisi de s’en prendre aux Veilleurs, le gang le plus puissant de Bristol, elle, avec sa force de frappe ridicule ? Elle et sa bande de trouble-fêtes mécontents ? Quoi, mais à quoi s’attendait-t-elle, qu’espérait t-elle ? Gagner ? Son espion s’était fait grillé en moins d’un mois, elle n’avait rien gagné d’autre que se faire remarquer et la présente colère de Roy. Précisément parce qu’elle s’était faite remarquer, d’ailleurs, mais qu’en savait-il ? C’était peut-être bien ce que Juliana McNeil la grande révolutionnaire cherchait.


Roy Calder

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Juliana McNeil
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Bang bang, my baby shot me down [Juliana & Roy] Icon_minitimeMer 29 Avr 2015 - 21:33
Confortablement blottie sur son canapé, sous une large couverture polaire, Juliana était plongée dans la lecture de Multiplettes. Oui, Multiplettes, vous avez bien lu ! Loin d'être une adoratrice forcenée de Mildred Magpie, Juliana s'était pourtant abonnée au quotidien qui prenait peu à peu le contrôle du marché, évinçant ses concurrents à mesure que ces derniers se voyaient censurés par la dictature. Juliana lisait donc ce torchon dont elle méprisait chaque ligne avec assiduité, autant pour exercer son esprit critique que pour étudier la façon dont le gouvernement - qui, à n'en pas douter, se cachait derrière la plume de Mildred Magpie et de ses employés - traitait l'information. "Propagande", soufflait la petite voix intérieure de Juliana à la lecture de chaque ligne !

L'objectivité de Juliana au sujet de Mutiplettes était cependant quelque peu altérée depuis l'article qui, un mois auparavant, avait descendu en flèche son restaurant et l'avait même pointé du doigt personnellement. Mesquine vengeance de la part de la rédactrice-en-chef qui n'avait pas digéré le Tremplin musical, assurément... Juliana méditait sa rancoeur depuis, voyant avec désolation les tables du Triton plus vides que jamais. La guerre des gangs et le blocus de la ville avaient déjà bien entamé leur chiffre d'affaire et ils n'avaient pas besoin de mauvaise pub supplémentaire... Mais, au fond, cela leur avait permis de tenir éloignée du Triton l'attention des consommateurs, ce qui n'était pas un mal : le restaurant avait servi de Q.G pour les réunions du Kraken, en attendant qu'une planque soit trouvée. Ce qui était cette fois en bonne voie...

Quelques coups frappés avec conviction sur sa porte la firent sursauter, et elle bondit sur ses pieds, aussitôt en alerte. Ce n'était pas son colocataire, qui était en train de travailler au Triton, et elle n'avait aucune visite de prévue. Ces derniers temps, les visites impromptues se faisaient très rares à Bristol, et chacun avait tendance à rester chez soi... Traversant silencieusement et rapidement son salon, Juliana rejoignit l'entrée et prit le temps de vérifier par le judas qui se trouvait derrière la porte avant de faire quoi que ce soit. Cette précaution, elle l'avait prise depuis la guerre des gangs, elle qui avait auparavant plutôt l'habitude d'ouvrir sa porte gaiement et sans craindre pour sa sécurité avait revu ses habitudes... Ce qui était nouveau, en revanche, c'était les sorts de protection qui avaient été jetés sur la porte et qu'elle devait prendre le temps de désactiver avant d'ouvrir. Cela datait de la fondation du Kraken, car Juliana ne tenait pas à être assassinée dans son sommeil par un ennemi de la résistance qui aurait découvert son identité...

Son coeur rata un battement lorsqu'elle reconnut l'homme qui se tenait de l'autre côté de la porte. Roy. Une foule d'émotions contradictoires l'envahirent aussitôt et elle se mordit la lèvre inférieur avec nervosité, tandis que son esprit paralysé par la surprise tentait de se mettre en branle. Que faisait-il là ? Plusieurs réponses s'offraient à elle, certaines plus tentantes que d'autres, certaines plus crédibles aussi. Juliana craignait de savoir ce qu'il faisait là et, à en juger par l'expression de son visage, elle avait raison. Quelque chose de lourd tomba dans sa poitrine à cette pensée et elle réalisa que, s'il n'était pas vraiment très sage d'ouvrir à Roy dans ce cas de figure, elle avait besoin d'en avoir le coeur net. Hé puis... C'était Roy, Juliana refusait encore et toujours de croire qu'il pourrait réellement lui faire du mal, même dans ces circonstances. Alors elle prit le risque et désactiva les sorts de protection, avant de ranger sa baguette dans la poche du large sweat des Bizarr' Sisters qu'elle portait. Juliana se composa tant bien que mal un visage neutre, puis ouvrit la porte.

Elle n'eut pas besoin de jouer les étonnées, car Roy ne s'encombra même pas d'un bonjour avant de l'invectiver, confirmant les pires soupçons de Juliana. Tobin avait été découvert. Juliana accusa le coup, prenant toute la mesure de ce qu'impliquait cette découverte. Le choc fut lisible sur son visage un court instant avant qu'elle ne se reprenne. Oui, elle avait envoyé un homme à sa mort. De sa propre initiative, par sa propre faute, cette jeune recrue du Kraken, ce petit truand qui voulait changer de vie et faire quelque chose de bon pour changer avait été découvert et mis à mort. Et c'était elle, du haut de ses vingt-trois ans, de toute son inexpérience et de toute son arrogance, qui lui avait fait passer le Serment Inviolable, elle qui lui avait assigné cette tâche, elle à qui il rendait ses rapports. Mais Juliana n'avait pas le loisir de laisser le choc la submerger, pas alors que le chef du gang qu'elle avait envoyé espionner se trouvait devant la porte de son appartement, visiblement hors de lui. Il y aurait du temps pour pleurer Tobin plus tard, et quant aux conséquences de ses actes... Juliana en prenait déjà toute la mesure. Cette perte avait beau l'attrister, Juliana savait aussi au fond d'elle qu'elle n'hésiterait pas à le refaire s'il le fallait... Car les informations que lui avaient rapporté Tobin avaient doublé les connaissances du Kraken sur la mafia et ses liens avec le gouvernement. C'était un sacrifice, que cet homme avait fait, et pour cela elle lui en était reconnaissante.

Sa mort, plus qu'elle ne le touchait, la mettait en colère, car elle signifiait une chose : les Veilleurs ne s'étaient pas contenté de lui mettre la main dessus, non. Ils l'avaient fait parler, sinon, Roy n'aurait jamais pu remonter jusqu'à elle. Ils l'avaient fait parler, et avait réussi - Merlin, elle ne voulait pas songer à comment. Oh, c'était prévisible, Juliana n'était pas naïve et le concept de torture était loin de lui être étranger, mais une part d'elle avait espéré que les Veilleurs se contenteraient de chasser ou de tuer Tobin sans le faire souffrir s'il venait à être découvert. Une part d'elle s'accrochait encore à l'idée que l'homme qui se trouvait actuellement en face d'elle n'était pas capable d'une telle barbarie. Juliana devait bien réaliser que si, de la même façon qu'elle-même en serait peut-être capable le moment venu. Elle avait déjà tué, après tout, et elle avait déjà eu envie de faire souffrir quelqu'un, de le faire souffrir si fort qu'il hurle à la mort...

Les paroles de Roy ramenèrent brusquement Juliana sur terre. Ce ton mordant, cette colère retenue, ils étaient si familier, et il n'y avait pas pire pour la mettre hors d'elle, surtout à cet instant où elle venait de perdre l'un des siens. L'accusait-il réellement d'avoir joué les inquisitrices, la dernière fois ? L'amertume envahit Juliana au souvenir de leur dernière rencontre, et de se sentiment de rejet qu'elle avait éprouvé, et souvent médité depuis. Les inquisitrices... Non, ce n'était pas ce qu'elle était venue faire. Elle était venue le voir parce qu'il lui manquait, et parce qu'elle voulait le voir dans un cadre plus agréable que ce type de rencontres houleuses. Elle lui avait posé des questions parce qu'elle s'était inquiétée pour lui. Mais non, tout ce que Roy voyait, engoncé dans son égocentrisme, était que Juliana l'avait espionné, lui !

Les yeux perçants de Juliana lancèrent des éclairs et elle attrapa Roy par le devant de sa veste pour l'attirer dans l'appartement, avant de refermer la porte derrière elle. Non, elle n'allait pas gentiment parler mafias et résistance avec un chef de gang, au beau milieu de son immeuble résidentiel, où n'importe quelle oreille pouvait traîner.

"Ce n'est pas mon voisin que j'ai espionné, c'est le gang des Veilleurs, nuance - charmant nom, au passage, j'aime beaucoup, très poétique", répliqua-t-elle d'un ton ironique. "Et puis on sait tous les deux ce qui se serait passé si j'étais venu te poser des questions, hm ?"

Singeant la voix de Roy, elle ajouta : "Ne pose pas de questions, Julia, ne fonce pas dans le tas sans réfléchir, tu ne sais pas à qui tu t'en prends."

Glissant ses mains d'un geste faussement nonchalant dans la poche de son pull, Juliana referma nerveusement ses doigts sur sa baguette magique, qui s'y trouvait toujours dissimulée. A voir la fureur dans le regard de l'homme qui lui faisait face, à penser à ce qu'il avait fait à Tobin, et certainement à tant d'autres, Juliana songea qu'elle ne savait pas exactement de quoi il était capable, au fond, surtout dans une telle situation. Et elle se sentait paradoxalement nettement plus en position de faiblesse ici, sur son propre territoire, que lorsqu'elle le visitait chez lui, libre de partir et de fuir quand bon lui semblait. Là, elle se sentait acculée, attaquée. Mais elle se devait de faire front. C'était Roy, pas un obscur étranger, et Juliana estimait être dans son bon droit.

"En réalité, je le sais très bien maintenant, grâce à Tobin. Je crois que tu ne peux pas en dire autant."

Juliana redressa la tête avec fierté, défiant Roy du regard pendant un instant. Cependant, le visage de Tobin ne cessait de s'imposer à elle et elle ne put s'empêcher de tenter d'en savoir plus.

"Il est mort, n'est-ce pas ? Qu'est-ce que vous lui avez fait pour qu'il parle ? Est-ce que c'est toi qui... "

Sa voix s'interrompit et elle ne put finir sa question, l'appréhension lisible au fond de son regard. Au final, elle n'était pas sure de vouloir savoir...


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Roy Calder
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Bang bang, my baby shot me down [Juliana & Roy] Icon_minitimeJeu 30 Avr 2015 - 0:00
Roy se laissa tirer à l’intérieur de l’appartement sans protester, ce n’était pas plus mal, il allait pouvoir laisser éclater la colère qui lui brûlait la voix sans craindre d’être entendu par des oreilles indiscrètes. Evidemment, Juliana ne pouvait pas s’empêcher de jouer les insolentes. S’il tiqua à sa façon de déporter le sujet -comme s’il n’y avait pas lui, dans le lot des Veilleurs- il fut profondément agacé par la suite et la façon dont elle l’imita. Par Godric, était-ce possible de faire preuve de tant d’inconscience du danger ?

« Et pourquoi tu crois que je t’écarte, hein ? explosa t-il. Merde, tu réagis comme une gamine qui peut pas s’empêcher de faire le contraire de ce qu’on lui dit ! Ne te leurre pas, Julia, tu ne vas pas jouer longtemps avec le feu avant de te brûler, parce que non, tu ne sais pas à qui tu t’en prends. »

Et il le maintenait fermement, en soutenant son regard avec la même défiance qu’elle, empli de colère et d’un mélange plus confus d’émotions. Elle le rendait chèvre, par Merlin, c’était dingue, il avait envie de la secouer pour lui faire intégrer ce qu’il essayait de lui dire une bonne fois pour toutes, mais ne l’avait-il pas déjà assez montré ? Pourquoi s’évertuait t-elle à ne pas comprendre ? Croyait-elle qu’il la tenait à l’écart par pur caprice ? Ne le connaissait t-elle donc pas ?

Comme souvent, à force d’omettre des informations volontairement, à force d’attendre que ses proches comprennent par eux-mêmes au lieu de se dévoiler, Roy les laissait dans l’incompréhension, et surtout, dans la mauvaise interprétation de ce qu’il pensait réellement. Il lui semblait affreusement évident que ce n’était pas là qu’une question d’intérêt pour son gang, mais qu’il était surtout en train de s’inquiéter pour Juliana, pour les activités qu’elle menait, et dont -elle avait raison- il ne savait grand-chose. Il se doutait qu’elle n’agissait pas seule, mais il n’imaginait pas qu’elle avait les moyens d’engager un espion, et surtout, une telle envie d’en découdre pour s’en prendre à la mafia bristolienne elle-même. Il y avait des gangs de criminels reconnus qui n’osaient même pas le faire, et elle, du haut de ses vingt-trois ans, jeune ingénue qui n’avait jamais frayé avec des malfrats, qui avait même toujours condamné leur monde, elle s’aventurait soudainement à les défier ? Ce n’était pas de la condescendance de la part de Roy, quand bien même cela en avait tous les atours, sans qu’il ne s’en rende compte. Non, c’était un refus total qu’elle se lance dans une telle entreprise, parce qu’il était convaincu qu’elle ne pourrait jamais gagner, et surtout, qu’elle y perdrait beaucoup trop. Comme toujours, Roy s’estimait mieux placé pour évaluer les risques parce qu’il en avait fait l’expérience, et par conséquent, il s’estimait également parfaitement possesseur de cette autorité qui lui donnait le droit de mettre en garde les autres, et surtout, de leur faire la morale. « Fais ce que je dis, pas ce que je fais » ? Son éternelle maxime.

La dureté sur le visage de Juliana se fissura quelque peu alors qu’elle posait une question qui aurait sans doute mis Roy mal à l’aise dans d’autres circonstances. Cette fois, il la voyait plutôt comme une preuve supplémentaire que Juliana avait mal évalué les risques avant d’agir, ce qui le fit prendre un ton sarcastique cassant, alors qu’il croisait les bras dans une posture défiante, inconsciemment auto-défensive :

« Oh, tu n’avais pas prévu ça, Juliana ? Tu croyais qu’on allait le laisser filer en lui souhaitant bonne chance ailleurs ? Eh bien oui, désolé de t’ouvrir les yeux, un mafieux, ça torture les traîtres pour les faire parler, parce qu’il y a toujours un commanditaire derrière qui est le véritable ennemi. Et tu sais quoi ? Tu aurais subi le même sort si ce n’était pas moi qui avait recueilli cette info. »

Voilà qui répondait à la question qu’elle n’avait pas osé poser au passage, mais à cet instant, Roy se moquait bien de paraître pour un mafieux détestable, au contraire. Si cela pouvait mieux faire comprendre à Juliana quel ennemi elle avait choisi… Oui, il avait fait torturer ce Tobin sous ses yeux, et heureusement qu’il avait été là. Son regard sombre vrillé dans celui de la jeune femme, son ton se fit plus grondant sur la suite, comme préparant l’orage selon la façon dont elle allait répondre :

« Je ne sais pas si tu te rends compte de ce qui aurait pu te tomber dessus si un seul autre Veilleur avait entendu ton nom quand ton mouchard l’a soufflé. Je vais te le dire, comme ça tu prendras mieux la mesure des choses, la prochaine fois. Tu aurais été sur la liste des personnes à traquer, parce que tu vois, il y a quelque chose que personne n’apprécie, c’est de se savoir surveillé sans savoir par qui et pourquoi. On aurait repéré ton domicile, ton lieu de travail et tes principales fréquentations en deux jours à peine, étant donné que tu ne les caches pas. Et on aurait frappé sur l’un des trois pour t’avoir. Toi directement, ou le cas échéant, une personne qui pourrait nous mener à toi et qu’on aurait "faite parler" aussi… Alors Julia, c’est vraiment ce que tu es prête à risquer ? »


Roy Calder

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Bang bang, my baby shot me down [Juliana & Roy] Icon_minitimeVen 1 Mai 2015 - 12:06
Juliana sursauta presque quand Roy explosa avant de laisser échapper un flot de paroles que la jeune femme jugea hallucinantes. Non mais que lui prenait-il, avait-il consommé trop de monalisa avant de venir ?! "Une gamine qui peut pas s’empêcher de faire le contraire de ce qu’on lui dit " ? Pour qui se prenait-il, son père ? Mais elle en avait déjà un, de père, du moins elle en avait un avant qu'elle ne le perde à la faveur d'une manifestation contre les politiques véreux avec lesquels Roy aimait s'allier... Alors non, il n'était pas exactement bien placé pour lui faire la morale. Face à un tel comportement, Juliana se voyait renvoyée un an en arrière, retrouvant là l'homme avec lequel elle avait rompu, plein de mauvaise foi, de conscendance, et incapable de se regarder dans une glace avant de formuler des accusations. Pourtant, les choses avaient changé depuis un an, car Juliana avait appris à mieux connaître cet homme, sous ses multiples facettes, et si elle s'énervait toujours aussi vite, Juliana se braquait moins.

Au final, Roy n'avait toujours pas compris à quel point elle était déterminée, tout comme il ne soupçonnait pas à quel point elle était investie et engagée dans sa cause. Pourtant, l'espion qu'il venait de lui découvrir constituait un sacré indice, qu'elle aurait préféré ne jamais lui donner. C'était le risque en envoyant un simple voyou qui n'avait jamais espionné personne en mission d'infiltration dans un gang puissant et organisé, mais le Kraken n'avait pas exactement les moyens ni les relations pour se constituer un réseau de surveillance pour l'instant... Juliana fronça les sourcils tout en dévisageant Roy, notant sa posture défensive, son ton sarcastique, et l'orage qui menaçait dans son regard sombre. La serveuse laissa planer un petit silence après sa question conclusive, qu'elle devinait rhétorique, pour donner plus d'impact à sa réponse. Elle était prête à la marteler jusqu'à ce que Roy comprenne.

"Oui."

Car c'était vrai, et contrairement à ce qu'il avait l'air de penser, Roy ne lui apprenait rien, en dépit de son ton de maître d'école...

"Vous vous en êtes déjà pris à mon travail", souffla-t-elle en glissant un regard déterminé dans celui de Roy. "Entre l'attaque de septembre et l'article de ta chère collègue, tu crois vraiment qu'il reste encore des gens pour se risquer à aller au Triton ?"

A vrai dire, Juliana et Joel n'auraient bientôt plus de quoi payer leur loyer, et le Triton finirait tôt ou tard par mettre la clef sous la porte, mais ils ne tentaient pas de redresser la situation avec la même énergie qu'ils l'auraient fait auparavant. Car leur nouveau projet était désormais le Kraken, un projet pour lequel ils allaient devoir trouver des moyens autrement plus importants.

"Repérer mon domicile, vraiment ?", pousuivit-elle avec un petit rire incrédule, tout en écartant les bras comme pour embrasser l'endroit. "Effectivement, ce n'est pas bien compliqué pour ton gang, puisque tu es là. Quant à mon entourage..."

Un petit sourire sombre et fier étira ses lèvres. Juliana n'avait pas de problèmes de conscience à ce sujet là. La moitié de son entourage s'était engagé avec elle, l'autre soupçonnait ses activités ou les soutiendrait s'ils étaient au courant. Juliana n'avait pas attendu le Kraken pour être qui elle était, une femme dans laquelle brûlait la flamme de la révolution, une sorcière qui ne resterait pas les bras croisés face à une injustice et qui refuserait toujours de se laisser marcher sur les pieds. Quelqu'un qui se battrait pour ses droits et ceux des autres. Son entourage le savait, et si elle ne serait absolument pas ravie de voir quelqu'un auquel elle tenait être torturé ou turer pour être attrapée, Juliana ne considérait pas qu'elle serait à blâmer dans ce cas là. Ce n'était pas la faute de celle qui se battait contre une dictature et pour retrouver un pays libre. Ce serait la faute de Marchebank, de Peterson, de Dalhiatus, de Coleman, et, oui, de Roy. Juliana ne se laisserait pas intimider de la sorte, par la peur des conséquences de son action et des dommages collatéraux qu'elle pourrait entraîner, car c'était soit cela, soit rester sous le joug de l'oppression pour le restant de ses jours... Et elle préférait encore mourir dans six mois que vivre soixante ans de la sorte.

"Ils savent ce qu'ils risquent, et c'est pour eux que je fais ça. Pour qu'ils aient un avenir."

Même Grady, du haut de ses dix-sept ans et de sa petite vie tranquille d'adolescent comprenait ça. Grady, leur improbable gardien du secret... S'avançant d'un pas vers Roy, elle se planta devant lui et lui martela :

"Alors arrête de me traiter comme une gamine irresponsable, tu veux ? Tu n'as absolument pas à me dire ce que je dois faire. Le gouvernement n'a pas à me dire ce que je dois faire. Je suis libre, tu comprends ça ? Je suis capable d'assumer les risques que je prends, ou que je fais prendre à mon entourage. Oui, je savais parfaitement ce qui risquait d'arriver à Tobin, et je l'assume, ce n'est pas pour autant que c'est facile à entendre. Je n'ai pas un coeur de pierre !"

Comment pouvait-il seulement s'imaginer qu'elle débarquait, avec cette information ? De toute évidence, si Roy était remontée jusqu'à elle - pas vraiment la commanditaire la plus probable, en effet - c'était que Tobin avait parlé. Et s'il avait parlé, alors il en était mort, c'était aussi simple que cela, et Roy avait bien du comprendre que sa mort n'était pas exactement naturelle. Qu'un sortilège lui avait pris la vie dès l'instant où il avait trahi le Kraken... Ce Serment, on ne le prenait pas à la légère. C'était pour cela que Lilly et Juliana l'avaient privilégié au sortilège du gardien, qui dépendait du silence d'une unique personne. Le Serment vous engageait entièrement, et personnellement, jusqu'à la fin de votre vie. Il n'y avait pas meilleur moyen de s'assurer que les nouvelles recrues étaient non seulement loyales, mais surtout profondément convaincues de la cause qu'elles embrassaient...

"Je ne prends pas la mesure des choses ? Eh bien alors, vas-y, fait ce que tu as à faire, qu'est-ce que tu attends !"

Ecartant les bras à nouveau comme pour l'inviter à s'exécuter, Juliana le défia de nouveau du regard. Elle était à sa merci. Elle l'avait été dès l'instant où elle lui avait ouvert la porte, car, baguette magique en main ou non, Juliana savait qu'elle ne faisait probablement pas le poids face à Roy. Oui, elle avait commencé à s'entraîner aux sorts de combat depuis quelques semaines, en compagnie des membres du Kraken, mais cela n'enlevait pas le fait qu'elle ne les avait pas pratiqués depuis ses cours de défense contre les forces du mal à Poudlard. Oh, à l'époque, elle était bonne dans cette matière, mais des années d'inactivité - si l'on omettait la guerre des gangs - lui avaient fait perdre son niveau, tandis que Roy, lui, avait des années et des années sur la Voie à son actif. Autant dire que sa seule défense reposait sur ce petit espoir, qui était celui que Roy tenait encore à elle. Et que c'était très exactement la raison pour laquelle il ne lui avait encore rien fait, à part lui crier dessus...


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Merci à Juliet
Roy Calder
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Bang bang, my baby shot me down [Juliana & Roy] Icon_minitimeVen 1 Mai 2015 - 16:28
Dire que Roy tomba des nues à la réponse de Juliana était un euphémisme. Il s’attendait à l’avoir au moins déstabilisée, mais que nenni, la détermination luisait dans le regard de la jeune femme, sans que l’ombre d’une hésitation ne vienne la faire vaciller. Qu’elle ait calculé les risques ou non, au final, peu importait, elle était prête à tous les prendre, comprit-il avant même qu’elle ne détaille sa réponse. Il choisit prudemment de ne pas répondre, alors qu’elle lui reprochait la chute de ses affaires à son restaurant. Roy avait conscience de la responsabilité qu’il y tenait, quand bien même il n’avait jamais voulu cela, quand bien même il n’avait pas apprécié le papier de Mildred à ce sujet. Au fond, là n’était pas le sujet, Juliana devait bien se moquer d’excuses, puisqu’elle n’avait pas attendu qu’elle arrivent pour agir et réparer les choses à sa façon : en prenant les armes. L’expression n’était même pas exagérée, c’était ce qu’elle faisait, au sens littéral du terme. Elle se battait contre eux, par Merlin, contre le gouvernement ! Elle ne leur avait pas encore déclaré la guerre, mais nul doute que c’était la prochaine étape qu’elle avait en tête, une fois qu’elle aurait fini de rassembler les informations dont elle avait besoin, celles que Tobin devait récolter… Tobin et peut-être d’autres ? La question qu’il lui avait posé la dernière fois et à laquelle elle n’avait pas voulu répondre lui revenait en tête, plus que jamais. Combien de personnes se tenaient aux côtés de Julia ? Car c’était bien ce qu’elle suggérait, en disant que ses proches « savaient ce qu’il risquaient »… Elle parlait comme s’ils avaient tenu ensemble un conseil de guerre, comme s’il avait décidé de s’unir derrière le même combat. Juliana n’était pas seule, à envoyer des voyous récolter des informations, elle avait embrigadé une partie de son entourage à sa suite, si Roy tirait les bonnes conclusions.

Il ne voulait pas se contenter de formuler des hypothèses, Roy avait besoin de savoir. Que Juliana ne soit pas seule était aussi rassurant qu’effrayant, quand on pensait les conséquences : cela signifiait qu’il ne s’agissait pas d’une ou deux personnes isolées, décidées à fouiner, mais qu’un groupe de personnes se préparait à une guerre silencieuse, quelque part, dans les entrailles de Bristol. Il n’avait pas l’impression d’exagérer, quelque chose dans le regard de Juliana, dans la façon dont cet homme était mort, foudroyé par un maléfice qui le tenait au secret, soufflait à Roy que ces gens étaient plus que déterminés. A cet instant, ce n’était pas pour sa position de puissant qu’il craignait -pour le moment, il semblait évident à Roy que ces tentatives se solderaient par des échecs- mais encore et toujours, pour celle de Juliana. La voir aussi pleine de résolution l’inquiétait encore plus que lorsqu’il avait frappé à la porte. Etait t-elle prête à mourir de la même façon que Tobin avait péri ? « Oui » répétait la voix de la jeune femme, dans sa tête. Ah oui, eh bien, tant mieux pour elle mais Roy, lui, n’était pas prêt à la laisser mourir de cette façon.

« Libre, hein ? Mais très bien, j’espère pour toi que tu es aussi prudente ! Combien vous êtes ? Quels sont vos moyens ? » interrogea t-il abruptement. « Tu fais partie d’un groupe, n’est-ce-pas ? Et vous êtes tenus à un serment ? Toi, Tobin… Toutes les personnes que tu as averties des risques. »

Il vrillait un regard difficilement lisible dans celui de la serveuse, tant lui-même avait du mal à mettre de l’ordre dans la foule d’émotions qui faisaient cogner son coeur dans sa poitrine. Sa fureur s’était quelque peu apaisée pour laisser transparaître malgré lui ce qu’elle cachait depuis le début : une nervosité, et une inquiétude de plus en plus étouffante. Il était bien placé pour savoir quelle tête de mule pouvait être Juliana lorsqu’elle s’y mettait. Il avait l’impression que quoiqu’il dise, elle n’abandonnerait pas ses idées, mais au moins pouvait-il la surveiller, de loin ? Connaître les moyens dont elle disposait pourrait au moins l’aider à mieux évaluer les risques qu’elle prenait. Il était sûrement sensé s’inquiéter de ce qu’elle était capable de faire, des dégâts qu’elle pouvait produire, mais il n’y parvenait pas. Non parce qu’il la sous-estimait, mais parce que c’était plus fort que lui, il n’arrivait pas à considérer Juliana comme une menace, ou en tout cas, pas pour lui directement. Ce n’était pas ce qu’ils s’étaient dits à demi-mot, la dernière fois ? Ne s’étaient-ils pas avoué qu’ils étaient mutuellement incapables de se faire du mal ? C’était sans doute un peu pour ça aussi que Roy était là, parce qu’il avait la sensation que Juliana était revenue sur ses paroles, en lui envoyant cet espion. Oui, il y avait bien un peu de ce pernicieux sentiment de trahison, dans cette masse de sentiments qui le rendaient fébrile…

La façon dont Juliana conclut ne l’aida pas à se débarrasser de cette sensation, bien au contraire. Il prit son invective comme une preuve qu’elle ne lui faisait plus confiance, ou en tout cas, doutait de lui. Piqué, Roy hésita à plier bagage et claquer sagement la porte derrière lui. A quoi bon ? La situation était ce qu’elle était, si Juliana doutait, c’était peut-être bien parce qu’ils n’avaient pas le choix, tous les deux. Leurs intérêts trop différents les menaient droit vers ce qu’ils avaient voulu éviter, un conflit à couteaux tirés. En tout cas, ce que Roy avait voulu éviter. S’assurer qu’il en était toujours de même pour Juliana fut d’ailleurs la seule chose qui le retint sur place. Son ton n’eut rien de comparable avec celui colérique qu’il avait maintenu jusqu’alors. Plus hésitant, plus calme, d’une certaine manière, Roy finit par répondre :

« Tu sais très bien que je ne peux pas faire ça. » Ses yeux noirs vacillèrent dans ceux de Juliana, qu’il tentait de sonder pour en deviner les pensées. « Je te l’ai dit la dernière fois, je ne suis pas ton ennemi. »

Mais lui, était-il devenu le sien ? Roy n’osa pas formuler la question, il ressentait trop d’appréhension autour de la réponse qu’il pourrait obtenir, et son expression devait le trahir. De toute évidence, cette femme n’avait rien perdu de sa capacité à le désarmer d’un mot, ou d’un regard… Merlin, il n’avait pas envie de se battre contre elle. Pas envie de lui crier dessus, de la menacer, de se disputer avec elle. Non, il avait juste envie de l’envelopper de ses bras, pour s’assurer qu’elle ne craigne rien. Il avait envie qu’elle sache que si elle avait averti tous ses proches qu’elle était prête à risquer sa vie, lui, il se sentait lésé dans cette histoire, et qu’il n’était pas prêt à la laisser courir un tel danger. Il avait envie de lui redire, encore et encore, qu’il tenait à elle, quand bien même il ne comptait pas autant pour elle, tant pis. L’affaire était trop grave. Alors Roy fit un pas vers elle, premier geste destiné à illustrer ses paroles. Non, il n’était pas son ennemi. Il n’allait pas brandir sa baguette pour mettre ses menaces à exécution, tout ce qu’il voulait c’était faire peur à Juliana pour qu’elle se rétracte, qu’elle ne recommence pas, mais cela avait lamentablement échoué. Encore une fois, elle lui échappait et Roy se trouvait démuni. Il y avait peut-être encore un peu de colère dans son regard, d’ailleurs, un peu de crispation dans ses gestes, parce qu’il lui en voulait toujours. Il lui en voulait de se montrer si obstinée, dangereuse, impudente, de refuser d’écouter ses avertissements, de ne pas le comprendre. Il ne savait plus comment le lui faire comprendre, alors… Peut-être qu’il allait tout simplement lui dire.

« Je suis venu parce que je m’inquiète pour toi. Je… Une forme de désemparement le fit soupirer, et détourner légèrement le regard vers le sol. Ses bras croisés se déplièrent, s’écartant en signe d’impuissance en retombant le long de son corps. Je vois bien que tu es décidée, Julia, je sais plus quoi te dire pour te faire changer d’avis. Y a sûrement rien à dire, d’ailleurs, je dois pas faire le poids, vu que t’es trois fois pire que moi quand t’as décidé de t’entêter. Mais qu’est-ce qu’il racontait ? Je veux juste… Ce n’était même pas difficile à dire, pourquoi les mots lui manquaient à ce point ? Je tiens à toi. Alors, je refuse qu’il t’arrive quelque chose. »  


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Bang bang, my baby shot me down [Juliana & Roy] Icon_minitimeSam 2 Mai 2015 - 0:12
Confrontée aux questions de Roy, auxquelles elle n'avait guère l'intention de répondre, Juliana se contenta de garder le silence tout en mordillant sa lèvre inférieure avec nervosité. Elle en avait déjà trop dit, elle le constatait désormais, et avait à son tour distillé de petits indices à Roy qu'il s'était empressé de récolter pour tenter de reconstituer le puzzle. Amusant, comme les situations étaient désormais inversées, se reflétant comme dans un miroir. Roy qui déboulait chez elle, qui l'interrogeait sur ses activités secrètes, en colère et confus, Juliana qui refusait de céder le moindre pouce de terrain. Roy se sentait-il comme elle s'était sentie elle, toutes ces fois, chez lui ? Eprouvait-il le même mélange perturbant et frustrant d'émotions face à l'attitude de son interlocutrice ? Eprouvait-il la même chose qu'elle ?

Cette question s'imposa finalement à Juliana avec force, après avoir longtemps flotté dans les fins fonds de son esprit. Elle s'était refusée à y penser depuis la dernière fois, et cette humiliation qu'elle avait ressenti en quittant l'appartement de Roy, sur une révélation à laquelle il n'avait pas donné suite. A vrai dire, ses propres sentiments étaient trop troublants pour qu'elle ait envie de s'y attarder et le fait qu'il n'ait pas réapparu depuis avait presque été un soulagement. Presque, car malgré tout elle avait continué à penser à lui sans même le vouloir. Roy était omniprésent dans sa vie, quand bien même elle ne le voyait quasiment jamais. Il était dans ses songes, et hantait son inconscient, quand bien même sa volonté tentait tant bien que mal de l'en déloger. Elle passait devant chez lui matins et soirs, sur le chemin du travail. Elle voyait la silhouette de son imposant casino se découper dans le ciel, au fond de la rue, gardées de membres de la milice, sorte de rappeltout permanent de la présence écrasante de la dictature. Alors... même si elle l'avait voulu, elle n'aurait pu le dégager complètement de sa vie. Mais lui ? Elle l'avait cru, après la dernière fois. Pourtant, si c'était le cas, alors que faisait-il là ? Pourquoi venir et tenter de la secouer ainsi, s'il n'était pas son ennemi, si ce n'était parce qu'il tenait à elle ?

Juliana remarqua le changement d'attitude de son visiteur et sentit aussitôt son propre énervement la quitter. Quelque chose bondit dans sa poitrine quand il fit un pas dans sa direction, mais ce n'était pas de l'appréhension, cette fois. C'était de l'espoir, cette chaleur qui se répandait en elle, de l'espoir et une pointe d'incompréhension aussi. Juliana avait l'impression d'être sur des montagnes russes, avec cet homme qui lui soufflait le chaud et le froid, et il était temps qu'elle soit fixée. Juliana ne pouvait plus laisser cet espoir l'envahir, pour mieux la quitter ensuite, comme une vague qui balaie une plage et se retire en emportant tout sur son passage. Juliana n'avait plus de patience pour cet espoir déraisonné qui faisait battre son coeur trop vite, cet espoir qu'elle ne pouvait assumer et qu'elle s'avouait à peine. Roy n'était-il pas son ennemi, après tout ? Il ne le savait pas encore, mais si, ennemis, ils l'étaient ou le seraient bien assez vite, et quoi, alors ? Juliana ne pouvait rester dans cette situation où Roy pouvait la déstabiliser d'une parole, d'un geste, dans cet entre-deux dont elle ne parvenait à s'extraire, incapable de s'engager totalement contre Roy, mais se refusant tout aussi bien à se rapprocher de lui...

Elle l'observa, silencieuse, tandis qu'il laissait paraître pour la première fois quelque chose qui la troubla profondément. Une inquiétude profonde et sincère, teintée d'un sentiment d'impuissance, qui ébranla Juliana et la fit douter de ses choix pour la première fois de la conversation. Pas au point de les remettre en cause, mais suffisamment pour lui serrer le coeur et se sentir coupable, l'espace d'un instant, de provoquer cette inquiétude chez Roy. Juliana secoua la tête comme pour en faire sortir cette idée. Elle n'avait pas à se sentir coupable de quoi que ce soit, et surtout pas vis-à-vis d'un parrain de la mafia qui était impliqué jusqu'au cou dans des histoires louches avec un dictateur... Pourtant, cette image ne collait toujours pas avec celle de Roy. Ce n'était pas ainsi qu'elle le voyait, quand elle l'observait. Ce n'était pas ce qu'elle entendait quand il parlait, avec cette appréhension et cette tendresse dans la voix, qui firent se serrer le coeur de Juliana. Merlin, ce qu'elle aurait voulu que les choses soient différentes, à cet instant ! Comme elle aurait voulu pouvoir simplement laisser parler son coeur, sans arrières pensées, sans craintes pour le futur...

Les derniers mots de Roy achevèrent de l'émouvoir et elle sentit son souffle se suspendre, tandis qu'elle tournait et retournait ses mots dans son esprit. Il tenait à elle. Il tenait à elle au point de s'inquiéter et de ne pas vouloir qu'il lui arrive quoi que ce soit, au point de la faire passer avant son gang. Mais... il y avait bien des façons de tenir à quelqu'un, n'est-ce pas ? Peut-être qu'il tenait à elle comme une amie. Jamais ce mot ne lui avait semblé aussi peu attirant...

Juliana ferma les yeux un instant, comme pour se concentrer sur la foule d'émotions qui l'envahissait, et l'empêchait de réfléchir. La présence de Roy l'affolait, ses paroles la troublaient, et elle ne parvenait plus à penser à autre chose qu'à son envie de se blottir dans ses bras. Comme la dernière fois, quand il avait, cette fois encore, laissé parler son inquiétude en la serrant si fort dans ses bras. Merlin, ce qu'elle avait envie de revivre ce moment. Rouvrant les paupières, elle vrilla sur lui un regard incertain, interrogateur. "Tu tiens à moi, oui, mais à quel point ?", semblait-elle lui demander, incapable de faire durer plus longtemps le jeu des faux semblants. Juliana avait besoin de savoir, elle avait besoin que son coeur cesse de taper de façon si ératique dans sa poitrine. Il fallait qu'elle retrouve son calme et sa raison, ou que la folie l'emporte pour de bon...

Sa voix basse finit par rompre le silence chargé qui s'était imposé dans l'appartement, pour murmurer un engagement qu'elle savait ne pas être en mesure de pouvoir tenir. Mais elle le voulait, sincèrement, et c'était déjà un serment en soit, un serment pour annuler, en quelque sorte, le premier qu'elle avait pris...

"Il ne m'arrivera rien, je te le promets."

Sur ces paroles, Juliana se propulsa presque inconsciemment jusqu'à Roy, achevant de réduire la distance entre eux. Elle ne savait plus comment exprimer ces sentiments qui l'agitaient, et menaçaient de la dévorer de l'intérieur. Cette inquiétude partagée, cette tendresse, cette inclinaison à son égard, cette colère, encore, un peu, car elle aurait préféré, par Merlin, qu'il reste cet homme mesquin qu'elle avait quitté un an plus tôt. Il avait été si facile alors de le rendre tout petit et de le reléguer dans les tréfonds de sa mémoire... Cela lui paraissait impossible aujourd'hui.

La main de Juliana vint glisser sur sa joue en un geste tendre, avant de se loger sur sa nuque, tandis qu'elle continuait de l'interroger de son regard clair qui était comme un livre ouvert, trahissant une ferveur qu'elle ne pouvait plus réfréner. Elle dévisagea son visage un court instant, contemplant chacun de ces traits qu'elle connaissait si bien, effleurant des yeux ces lèvres sur lesquelles elle mourait d'envie de déposer les siennes. Puis elle se décida presque brusquement à céder enfin à ses désirs trop longtemps refoulés. Juliana approcha son visage du sien, ses paupières se fermant à nouveau, avant de capturer les lèvres de Roy entre les siennes en un baiser passionné, impérieux et implorant à la fois. Son coeur manqua d'imploser dans sa poitrine quand elle constata que Roy n'esquissait pas de mouvement de recul cette fois, et s'abandonna à l'instant sans la moindre hésitation. Elle avait trop attendu ce moment, l'avait trop espéré, sans oser y croire ni sans pouvoir se l'avouer, pour ne pas le savourer, et qu'importe les conséquences. Juliana se sentit presque apaisée par la sensation des lèvres de Roy contre les siennes et glissa sa main libre dans son dos, avant de l'inciter à approfondir le baiser, envahie par une fièvre bienheureuse qui lui électrisait les sens.


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Bang bang, my baby shot me down [Juliana & Roy] Icon_minitimeSam 2 Mai 2015 - 3:29
C’était encore l’un de ces fameux moments. Quand l’atmosphère, chargée d’une tension inqualifiable, pesait sur les épaules de Roy et le faisait sentir capable de tout… et n’importe quoi. Il se sentait en proie à de multiples envies contradictoires, finissait toujours insatisfait ou frustré, parce qu’il n’aurait pas été au bout de ses élans. C’était exactement ce qui lui était arrivé la dernière fois. Il s’était mordu les doigts les jours suivants de ne pas avoir su retenir Juliana, il s’était maudit d’avoir hésité, d’avoir fait le choix de se raisonner plutôt que de se laisser porter par son instinct. Pourtant, il n’avait pas frappé à la porte de Juliana pour tenter de rattraper le coup, par le suite. Il n’avait pas osé. C’était bête, mais il avait l’impression que quelque chose le retiendrait toujours, la concernant. S’être fait rejeter en septembre avait été une telle gifle, encore plus violente que leur rupture, que Roy avait brutalement décidé de ne plus avoir affaire à elle. Naïf qu’il était ! Leur situation, entre le fait d’habiter la même rue, de fréquenter les mêmes endroits, d’avoir des amis en commun rendait cette résolution difficilement réalisable. Mais il s’agissait là d’excuses, au fond, si Roy avait vraiment voulu couper les ponts, il se serait donné les moyens de le faire. Il n’avait jamais repoussé Juliana, toutes ces fois où elle était venue le voir. Il n’avait pas évité la confrontation avec elle au Tremplin, alors qu’il aurait pu ne pas se rendre aux coulisses. Et cela faisait un an que leur histoire restait dans cet entre-deux tumultueux, alors oui, Roy ressentait une forme de frustration de se voir à ce point incapable de dompter ses sentiments. Il en avait assez de se retrouver pris dans une tempête d’émotions dès qu’elle l’approchait, subir à chaque fois cette impression de se faire de faux espoirs l’épuisait. C’était ce qui le retenait avec elle, aussi. Cette résolution -illusoire- qu’il pouvait s’éloigner et arrêter les frais, avec un peu de volonté…

Mais les mêmes schémas se répétaient inlassablement, avec à chaque fois, un nouveau pas de fait. Quand il regardait en arrière, c’était évident. Chacune de leurs rencontres les avaient rapprochés un peu plus, sans qu’il n’en prenne vraiment conscience. Ce jour où elle était venue lui parler de Klemens, elle était repartie avec un geste tendre envers lui, tout simple, un banal baiser sur la joue, mais qui l’avait laissé plein de questions, il s’en souvenait encore. La fois dernière, il l’avait serrée dans ses bras, avait bien failli l’embrasser, et tout semblait lui dire qu’elle n’avait nulle intention de le repousser. Et cette fois… Que se passerait-il, cette fois ?

C’était ce que Roy se demandait en plongeant son regard désorienté dans celui de la jeune femme, qu’il sentait perdre de son animosité, de la même façon que lui. Il lisait le même trouble dans son regard, un trouble qui lui réchauffait le coeur de ce sentiment familier qu’était l’espoir. Si ses mots avaient touché Juliana, alors il avait raison de croire qu’elle tenait encore à lui, que ce qu’elle lui avait affirmé la dernière fois, ne pas vouloir le perdre, était toujours d’actualité. La promesse qu’elle lui fit, Roy la logea dans un coin de son coeur qui cognait dans sa poitrine, sans qu’il ne sache bien déterminer ce qui l’affolait tant. Un mélange de l’inquiétude qu’elle n’avait pas tout à fait réussi à apaiser -elle le promettait mais comment pouvait-elle être sûre ?-, des questions incessantes qui le laissaient indécis, de sa colère pas tout à fait calmée, de la tendresse qui prenait peu à peu le pas sur tout le reste, comme un immense élan qui n’allait pas tarder à bousculer toute forme de raison. De nouveau, Roy se sentait sur « le point de ». De la même façon qu’il avait été sur le point de l’embrasser la dernière fois, il avait envie de faire taire toutes ses interrogations qui brouillaient sa réflexion en cédant à ses envies les plus profondes, et dont il avait la folle impression d’en voir l’exact reflet dans le regard de Juliana qui s’approchait désormais de lui.

De toute sa vie, cet instant devait être le plus intense qu’il n’avait jamais vécu, et Merlin savait ce que Roy, l’amoureux de l’interdit, pouvait avoir vécu d’intense. Parfaitement immobile, osant à peine bouger de peur de rompre ce moment, il laissa Juliana glisser sa main dans sa nuque, le dévisager quelques secondes, alors qu’il pressentait très justement ce qu’elle était sur le point de faire. Fais-le, Julia, songeait-il de toutes ses forces, le regard brillant de ses désirs inavouables. A l’exact instant où elle fermait les yeux pour l’embrasser, Roy en faisait de même. Il accueillit son baiser d’abord avec un petit temps de latence, comme s’il peinait à croire que tout ceci était bien réel. Etait-ce ce moment, enfin ? Celui qu’il avait attendu pendant près d’un an ? Celui qu’il n’espérait même plus ? Vraiment ? A un tel moment ? Alors qu’ils avaient été au bord de l’incident diplomatique, quelques minutes plus tôt encore ?

Renonçant à expliquer quoique ce soit de cet instant qui lui paraissait paradoxalement évident et inévitable, Roy saisit le visage de Juliana entre ses mains pour répondre à son baiser avec une ardeur mêlée d’une infinie tendresse pour cette femme dont il redécouvrait tout : le parfum, la sensation de ses lèvres contre les siennes, la douceur de sa peau, Merlin, tout lui paraissait tellement décuplé dans cet instant présent, comparé aux souvenirs qu’il avait gardés d’elle. Entre deux temps d’arrêts pour reprendre son souffle, Roy repartait à l’assaut, approfondissant chacun de ses baisers un peu plus que le précédent. Il ne contrôlait plus rien, ni son rythme cardiaque complètement désordonné, ni son souffle erratique, il ne contrôlait pas la passion dévorante qui emplissait tout son être et qu’il venait de débrider dans chacun de ses gestes. Il se contentait de vivre tout cela à la fois, sans chercher à comprendre ce qui leur arrivait, pourquoi faire ? C’était trop bon, c’était tout ce qu’il avait attendu depuis trop longtemps pour qu’il se laisse arrêter par quoi que ce soit.

Il semblait à Roy qu’il n’aurait jamais pu dire tout ce qu’il avait envie de dire à Juliana autrement que par ces baisers fiévreux et désordonnés. Parce qu’en la serrant contre lui de la sorte, il lui témoignait, sans filtre cette fois, l’angoisse qu’elle faisait naître en lui à son sujet, la force de son refus de la perdre, la quasi-violence des sentiments qu’il éprouvait pour elle et qu’il n’avait plus besoin d’étouffer. Ce soir, il pouvait. Ce soir, il avait le droit. Il n’avait plus à la regarder de loin, en sentant son coeur se déchirer de frustration. Emportés dans leur élan, tous deux s’étaient déplacés de leurs pas fébriles depuis l’entrée vers un chemin que Roy n’avait pas oublié. Au premier coin de couloir qui suivit le salon, il plaqua Juliana contre un mur, osant lui suggérer ce qu’il avait en tête par des caresses de plus en plus osées. Oui, ce soir, elle était à lui, et si cela devait n’arriver qu’une fois, eh bien soit, ce serait le meilleur moment de toute sa vie.


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Bang bang, my baby shot me down [Juliana & Roy] Icon_minitimeSam 9 Mai 2015 - 23:14
La tête posée sur le torse nu de Roy, Juliana écoutait les battements désordonnés de son coeur. Le bras de son amant la retenait contre lui et elle sentait sa main caresser son épaule d'un petit geste régulier. Fermant les paupières, Juliana laissa les images des derniers instants se bousculer dans son esprit. Elle n'avait jamais rien vécu de tel, jamais rien ressenti de tel auparavant, un concentré d'émotions contradictoires que l'on aurait trop longtemps retenues et qui éclataient enfin. Dans un état second, elle s'était abandonné dans les bras de Roy comme jamais auparavant, oubliant tout ce qui aurait dû la retenir. Et maintenant, maintenant que l'instant était passé, maintenant qu'ils avaient enfin cédé et donné libre court à leurs désirs, l'urgence avait laissé place au calme, à un sentiment d'apaisement tel qu'elle ne parvenait toujours pas à écouter la voix de la raison qui tentait faiblement de se faire entendre. Car si Juliana commençait à pressentir que son futur s'annonçait plein de culpabilité, de doutes et de nouvelles angoisses, elle ne regrettait pas pour autant. Elle ne pourrait jamais regretter ce qu'elle venait de vivre, avec Roy. Le meilleur moment de sa vie.

Alors non, il n'y avait pas de regrets dans le coeur de Juliana, ni d'amertume dans ses pensées lorsqu'elle se redressa légèrement pour déposer quelques baisers légers sur la peau de son amant, ses mèches brunes et désordonnées venant chatouiller son torse. Juliana leva vers lui un visage radieux, et caressa son visage d'un regard pétillant. L'instant était paisible et l'atmosphère, si électrique auparavant, semblait douce et tendre. Alors elle resta là à l'observer, comme émerveillée de constater que c'était bien lui qui était là, avec elle, et qu'elle était si heureuse de l'y trouver. Cela semblait tellement improbable, après tout ce qu'ils avaient vécu. Les trahisons, les disputes, les mensonges, le mauvais timing, tout cela avait été balayé par leur passion dévorante. Juliana se revoyait répondre à ses baisers avec la même fièvre que la sienne, galvanisée par la constatation euphorisante du fait qu'il la voulait autant qu'elle. Elle les revoyait prendre le chemin de sa chambre sans même avoir à en discuter. Et Juliana qui s'était employée à le débarrasser de sa chemise, comme pour répondre à ses caresses appuyées. Et ensuite... Un sourire complice s'étira presque malgré elle sur ses lèvres au souvenir de ce qui s'était passé ensuite. Se penchant vers Roy, elle déposa un baiser tendre sur ses lèvres avant d'étouffer son sourire dans son cou, respirant son odeur à la fois familière et étrangère, qui bousculait ses sens et les envoûtait en même temps.

C'était curieux, et bouleversant, de se retrouver ainsi un an après. A l'époque, elle avait été persuadée que leur fin était définitive, elle aurait été prête à le jurer. De plus, elle avait l'impression de le retrouver et de le redécouvrir en même temps. C'était étonnant, à quel point l'on pouvait être surpris par quelqu'un que l'on croyait pourtant bien connaître... Ce qu'ils venaient de partager n'avait pas grand chose de comparable avec ce que les souvenirs de Juliana dépeignaient. La sensation de ses baisers avait une saveur nouvelle et bien plus intense. Sans doute parce qu'elle avait essayé de lui faire passer tant de messages à travers eux, des sentiments qu'elle ignorait elle-même avoir, qu'elle n'aurait pu - et surtout, n'aurait du - exprimer à voix haute. Ce qu'elle ne devait dire, alors elle le lui avait montré... Alors maintenant, il savait. Ce qui adviendrait par la suite, elle ne pouvait pas y penser pour l'instant, et cela n'avait au fond pas vraiment d'importance, comparé au bonheur qu'elle ressentait en songeant au présent, en réalisant qu'elle avait enfin pu exprimer tout ce qui bouillonnait en elle depuis trop longtemps.

Le futur, ils n'avaient pas le loisir d'y penser, tant il était incertain. Et c'était aussi pour cela que Juliana savait qu'elle le tenait peut-être ainsi dans ses bras pour la dernière fois. Peut-être... C'était même certain. Ce qui venait de se passer était impossible, et ils ne l'avaient rendu possible que par un accès de folie, un moment de faiblesse. Ce n'était pas pour autant qu'elle le regrettait, non, jamais. Mais Juliana savait que ce n'était qu'un instant, dans le courant de sa vie, et non pas quelque chose qui devrait en changer le cours. Un instant délicieux, un instant parfait, peut-être même le plus intense et le plus sincère qu'elle vivrait jamais. Mais un instant malgré tout, fragile, éphémère, sur le point de disparaître pour toujours. Bientôt, il ne lui resterait plus qu'un souvenir de cet instant. Bientôt, le plus grand bonheur de sa vie serait passé. Juliana sentit son rythme cardiaque s'accélérer à cette pensée et elle serra un peu plus Roy contre elle, comme pour l'empêcher de disparaître. Sa gorge s'était serrée à cette pensée et elle s'efforça de respirer profondément, pour faire disparaître ce flot d'émotions qui l'envahissaient, et faire revenir le calme apaisant qu'elle éprouvait un instant plus tôt. Toutes ces choses qu'elle ressentait, elle ne pouvait pas se permettre de les partager avec Roy, elle le savait. La voix de la raison était suffisamment forte pour cela. Elle ne devait même pas les laisser paraître, même si Juliana n'avait jamais vraiment appris à dissimuler ses émotions...

Bravement, elle se força donc à se relever de nouveau pour tourner vers Roy un visage souriant et détendu. Elle ne pouvait dire aucune des choses qui lui venaient en tête. Inutile de rendre la séparation - et les affrontements - à venir plus difficiles pour eux, ils savaient tous les deux ce qui les attendaient, et savaient tous les deux quelles conséquences leur écart pouvait avoir. Alors autant ne pas formuler ces évidences, pas plus que les certitudes qui emplissaient désormais le coeur de Juliana. Ces certitudes finiraient par disparaître, avec le temps, parce qu'il le fallait. Parce qu'il y avait certaines choses plus importantes, même si elle aurait pu jurer le contraire lorsqu'elle s'était fondue dans ses bras... Mais la voix de la raison se faisait plus forte à chaque minute qui passait.

"J'approuve cette façon de régler les conflits", plaisanta-t-elle avec malice, avant de poser un regard interrogateur sur Roy. Il y avait beaucoup de choses dont ils ne pouvaient parler, mais Juliana était toujours dans le flou sur un point... "Tu m'as surprise, tu sais... j'ai pensé, après la dernière fois, que tu n'étais pas intéressé."



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Bang bang, my baby shot me down [Juliana & Roy] Icon_minitimeDim 10 Mai 2015 - 22:37
Le meilleur moment de sa vie. Rien ne pouvait égaler ce que Roy venait de vivre, il en était certain. Il se souvenait encore de sa première fois avec Juliana, à ce moment-là déjà, il s’était réveillé dans un état d’apaisement et de bien-être qui l’avait poussé à la retenir, vraiment, pas comme il pouvait retenir une amante de passage pour la matinée, mais comme une femme avec qui il voulait passer plus de temps, partager plus de choses. Il se souvenait encore de ses incertitudes à ce moment-là quant à la relation qu’il voulait nouer avec elle. Il n’avait pas voulu analyser cet élan, s’était contenté de suivre ses envies sans trop savoir où cela le mènerait. Aujourd’hui, Roy se sentait dans un état comparable, mais à la fois complètement différent, parce que cette fois, son coeur était empli de certitudes. Et son coeur battait avec désordre face à tous les constats qui s’imposaient à lui, avec la force d’une évidence telle que Roy ne savait même pas comment l’exprimer.

Il le savait déjà, pourtant. Il savait qu’il n’avait jamais ressenti pour personne ce qu’il pouvait ressentir pour Juliana, il l’avait compris, quelques mois plus tôt, déjà. La différence ? Elle était subtile, elle tenait à un rien, juste à ce moment qu’ils venaient de partager et qui avait basculé Roy dans l’état précis où il se trouvait : sans sentiments contradictoires pour lui obstruer la réflexion, pour le retenir ou apporter des nuances. Tout lui paraissait limpide, évident, primaire. Cette fois, Juliana ne souffrait d’aucun comparatif, dans son esprit. Il ne l’aimait pas « comme » il n’en avait jamais aimée une autre… Il l’aimait, c’était tout. Il aimait la femme qu’il tenait dans ses bras. Il aimait lui caresser l’épaule, toucher sa peau, la sentir respirer contre lui, il pourrait le faire encore et encore. Ce qui venait de se passer, Roy voulait le répéter plus tard, demain, les jours suivants encore, c’était ce qu’il se disait pendant que Juliana posait un regard complice sur lui, le visage illuminé. Rien ne brisa le silence, ils n’avaient pas vraiment besoin d’exprimer ce qu’ils pouvaient se dire par cet échange de regards et de sourires. A la fois apaisé et contemplatif, Roy ne se lassait pas de détailler tous ses traits, surtout pas maintenant qu’elle ne lui avait jamais parue aussi belle. Il déposa lui aussi un doux baiser sur ses cheveux alors qu'elle se blottissait contre lui, avant de l’envelopper de ses deux bras, en fermant doucement les yeux. Si seulement il pouvait la tenir de cette façon tout le temps…

Car l’amour ne rendait pas Roy complètement aveugle, et notamment, il ne s’illusionnait pas sur une chose : ils ne pouvaient pas recommencer. Ce qui l’avait amené ici à l’origine n’était que la première pierre du conflit qui se profilait, et dans lequel ils ne se contentaient pas d’être dans des camps opposés, non, ils en étaient les dirigeants, les têtes d’affiche. Si cela devait prendre de l’ampleur, Juliana serait l’ennemie, et même s’il ne le voulait pas la voir ainsi, de fait, elle irait à l’encontre de ses intérêts, elle se battrait pour démolir ce qu’il avait construit. Ce qu’il voulait, Juliana, toute entière, ne pourrait jamais lui appartenir, quand elle avait choisi de se léguer corps et âme à une cause qui devait le balayer, lui. Quelle place resterait t-il pour eux deux dans tout cela ? Aucune, ils fonçaient droit dans le mur, au devant de conflits qu’ils ne pourraient pas régler de cette façon éternellement, comme en plaisantait Juliana…

Roy se laissa quelques secondes de silence, se contentant de caresser de ses doigts la joue de la jeune femme, alors que les souvenirs de leur dernière entrevue lui revenaient en tête. A ce moment-là, cela lui avait paru tellement utopique que Juliana veuille bien de lui. Même maintenant, il était étrange de prendre du recul et constater que oui, elle avait encore des sentiments pour lui. Roy ne doutait plus de ce fait, si les mots pouvaient être maladroits ou trompeurs, les actes ne mentaient pas, et il était certain que Juliana avait voulu lui exprimer la même chose que lui, dans leur étreinte. Il finit par lui faire part de ses pensées, le regard absorbé par le sien :

« Je n’étais pas sûr que toi tu l’étais. Et… L’un de ses légers sourires en coin familiers étira ses lèvres, alors qu’il avouait : j’avais peur de me prendre un autre râteau. »

Non pas qu’il avait peur du ridicule, mais son premier échec avec elle avait été si violent, il avait eu tant de mal à s’en remettre -à vrai dire, il ne s’en était pas vraiment remis, preuve en était d’avoir cédé- qu’il avait craint de reprendre ce risque, par peur de se laisser baigner à nouveau par de faux espoirs, de s’investir pour être déçu, encore. Même maintenant, de façon inconsciente, Roy attendait que Juliana fasse le premier pas. Pour se protéger, et parce qu’il était de fait celui qui s’était fait largué, donc à priori, pas le bienvenu…

Ce temps était révolu, mais Roy avait désormais d’autres causes de souci, et la première : trouver un moyen de garder Juliana près de lui. Sa main cessa d’effleurer sa joue puis vint se loger dans sa nuque, la rapprochant de lui pour l’embrasser tendrement. Il n’avait pas envie que ce soir reste le souvenir d’un soir où ils auraient simplement cédé, Merlin, non, cela signifiait trop de choses dont il ne voulait pas. Maintenant, tant qu’il la tenait contre lui, tout allait bien, tout était parfait, mais après ? Tirer une croix sur elle ? Il n’avait jamais pu, il pourrait d’autant moins maintenant qu’il savait qu’elle n’était pas indifférente non plus. Prolongeant le baiser, Roy la fit légèrement basculer sous lui, une main au creux de ses hanches. Lorsqu’il la relâcha, son air soucieux n’avait pas complètement disparu. La réaction la plus sage aurait été de ne pas parler, d’étouffer ses inquiétudes parce qu’il ne pouvait raisonnablement pas se laisser aller à un « Et si ? » dans une telle situation. Mais ce fut plus fort que lui, il ne put garder ses craintes pour lui plus longtemps. Le regard perdu dans celui de Juliana, à quelques centimètres d’elle, il finit par reprendre la parole dans un souffle :

« On ne pourra pas les régler tout le temps comme ça, les conflits, hein ? »

La question tenait plus de l’affirmation, qui n’était qu’une façon d’aborder ce dont ils n’osaient pas parler tous les deux. Et maintenant, que faisaient t-ils d’eux ?


Roy Calder

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Juliana McNeil
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Bang bang, my baby shot me down [Juliana & Roy] Icon_minitimeSam 16 Mai 2015 - 13:26
Un sourire attendri étira les lèvres de Juliana quand Roy affirma avoir eu peur de se prendre un autre rateau. Allons bon, Roy qui hésitait avec une femme de peur de se faire rejeter, voilà qui n'était pas courant. Et c'était sans doute un peu sa faute, songea la serveuse avec une pointe de culpabilité. Malgré tout, elle aurait difficilement pu être plus claire que la dernière fois, à part en se jetant sur lui comme elle l'avait fait aujourd'hui... Quand la main de Roy se glissa sur sa nuque, Juliana approcha son visage du sien et répondit à son baiser avec ardeur, heureuse de laisser ses peurs s'évaporer en s'abandonnant à cette étreinte. Hélas, elle ne fut pas assez longue à son goût, puisque Roy semblait bien décidé à exprimer ses propres doutes, qui reflétaient ceux de son amante. Une légère ride se forma sur le front de Juliana qui laissa échapper un soupir. Elle caressa doucement le visage de Roy, son regard inquiet plongé dans le sien, tandis qu'elle réfléchissait à la meilleure façon de lui répondre. C'était l'une de ces fois où mentir et dire la vérité paraissaient être des alternatives aussi peu séduisantes l'une que l'autre...

"Non, on ne pourra pas", répondit-elle finalement avec fatalité, se mordillant l'intérieur de la joue. Il n'y avait rien de plus à dire, n'est-ce pas ? Les jeux étaient faits. Ils savaient à quoi ils s'exposaient en se rapprochant de la sorte : une amère déception, une infinie difficulté à laisser l'autre partir maintenant qu'ils s'étaient retrouvés, et pourtant ils n'avaient pas le choix. Du moins, un choix, il y en avait bien un : que l'un d'entre eux cède et abandonne son camp, pour l'autre, mais... Juliana ne le ferait pas. Elle ne le ferait pas, par loyauté, par conviction, parce que ce serait abandonner une partie d'elle-même pour rejoindre Roy mais que cela briserait toute relation naissante avant même qu'elle ne se soit concrétisée. Comme si elle, Juliana McNeil, pourrait abandonner la lutte pour être la femme du parrain de la mafia qui plongeait la ville dans ses tourments et fricottait avec la dictature... Et si elle n'était pas prête à abandonner son combat, alors elle pouvait difficilement demander à Roy de cesser le sien. Oh, elle le pourrait, au fond, car ce n'était pas la même motivation, les mêmes convictions qui les animaient tout d'eux. Mais Juliana connaissait suffisamment Roy pour savoir qu'il ne quitterait pas si facilement un groupe qu'il avait monté lui-même et qu'il avait fait prospérer, une vie de confort et de luxe dans laquelle il s'était confortablement installé, des amis et un entourage qui comptaient pour lui. Tout cela pour... une ex, qui venait de ressurgir dans sa vie, et qui ne savait même pas exactement ce qu'elle attendait de lui. Non, il n'en était pas question. Tout cela allait prendre fin ici, aujourd'hui.

"Je n'ai pas de solutions", souffla-t-elle, la gorge serrée. "Je ne veux pas te quitter, j'aimerais qu'il y ait une solution, mais en l'état... On n'a pas le choix, Roy. Ca, ce qu'il y a entre nous... ce n'est pas possible."

Et comme il n'y avait rien d'autre à dire, elle se contenta de glisser ses mains derrière la nuque et dans le dos de son amant, pour l'attirer plus près d'elle. Capturant ses lèvres avec passion, elle se laissa de nouveau emporter par ses désirs, exprimant par ses gestes ce qu'elle ne pouvait dire par les mots. Le bruit d'une clef tournée dans la porte de l'appartement et de pas dans le salon mirent quelques temps à atteindre son esprit fiévreux.

"Hey, Julianette, t'es là ? J'suis rentré !"

Juliana sentit son sang se glacer quand elle entendit la voix chaude et familière de Joel. Merlin, comment avait-elle été assez bête pour oublier son colocataire ? Elle s'était imaginée que son meilleur ami passerait la nuit chez Klemens, mais il fallait croire qu'il avait décidé de rentrer et il était hors de question qu'il ne trouve Roy dans sa chambre. Cela les mettrait dans une situation... inextricable. Joel était au Kraken. Surtout, Joel détestait Roy, avec la force de celui qui avait dû consoler sa meilleure amie après leur rupture ou encore après la guerre des gangs. Si Joel savait que Roy était dans son appartement... cela risquait de mal se passer. Repoussant Roy presque brusquement, elle bondit sur ses pieds et entreprit de passer les premiers habits qui venaient, tout en jetant les siens à son amant, vers qui elle tourna un visage pressant. Une lueur d'excuse dansait dans son regard quand elle souffla :  

"Merde, Joel ! Roy, il faut que tu partes, il ne peut pas te trouver ici. Je suis désolée, je... Pars par la fenêtre, s'il-te-plait, il ne faut vraiment pas qu'il te trouve."

"Juliana ? T'es là ?"

Quelques coups frappés à la porte de sa chambre achevèrent de faire sombrer Juliana dans la panique. Accompagnant Roy à la fenêtre, elle lui vola un dernier et fougueux baiser, avant de refermer la vitre derrière lui. Son coeur battait à tout rompre dans sa poitrine quand elle ouvrit enfin la porte à Joel, qui fronça les sourcils en avisant sa mine débraillée.

"Ca va ? Tu dormais ?"

"Ouais ouais j'me sentais pas très bien, excuse-moi. Ca a été au Triton ?"

Suivant Joel jusqu'au canapé, Juliana s'y blottit et l'écouta d'une oreille sourde, vivant et revivant les dernières heures dans sa tête. Elle se sentait à la fois si légère et si lourde, et l'avenir lui semblait si sombre, qu'elle finit par venir se cacher dans les bras de son meilleur ami. Esquivant ses questions, elle finit par s'endormir contre lui, bercée par sa respiration régulière. Juliana se sentait subitement incapable de se retrouver seule, même pour une minute...


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Merci à Juliet
Roy Calder
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Bang bang, my baby shot me down [Juliana & Roy] Icon_minitimeSam 16 Mai 2015 - 22:33
I look and stare so deep in your eyes

I touch on you more and more every time (1)

Quelque chose craqua en Roy alors que Juliana lui confirmait exactement ce qu’il ne voulait pas entendre. Son regard fouilla celui de son amante, comme pour se rassurer du fait qu’il n’était pas le seul déçu. Elle aussi, espérait t-elle de tout son coeur que les choses soient différentes ? Roy ne voulait pas croire que ce moment avait été vain et qu’après cela, ils retourneraient chacun à leur vie sans regard en arrière, comme si rien ne s’était passé. Il le savait déjà au fond qu’il en serait incapable. Ne pas voir Juliana ne l’avait jamais empêché de penser à elle, de la laisser hanter ses rêves, alors désormais, Roy savait que ce serait plus que jamais le cas…

When you leave, I'm begging you not to go

Call your name two or three times in a row (2)


A quoi bon ? Pourquoi s’être accordé de céder, pourquoi avoir laissé éclater leurs sentiments s’ils devaient maintenant tout enfouir et passer à autre chose ? Roy avait presque envie d’en crier de rage, de déception. Il ne voulait pas l’entendre dire que ce n’était pas possible, même s’il ne pouvait pas en vouloir à Juliana. Elle avait raison. Elle avait eu le courage de dire ce qui devait être dit, quand lui se perdait dans ses envies conflictuelles. Posant son front contre le sien, Roy ferma les yeux, pour tenter de calmer le feu en lui qui rugissait sa frustration et menaçait de protester.

Such a funny thing for me to try to explain

How I'm feeling and my pride is the one to blame

'Cause I know I don't understand

Just how your love can do what no one else can (3)

Seule la douceur des lèvres de Juliana l’empêcha de dire quelque chose d’inconsidéré. Son baiser l’empêcha de parler tout court, mais les mots ne cessèrent de se bousculer dans la tête de Roy, tout le temps que dura leur étreinte. Elle ne voulait pas le quitter… Pourquoi était t-elle sur le point de le faire, alors ? Ce qu’il y avait entre eux n’était pas possible… Vraiment ? Ne venaient-ils pas de le rendre possible, à l’instant ? Paradoxalement, alors même qu’il embrassait Juliana sans retenue, Roy avait encore l’impression de ne pas pouvoir donner libre cours à ce qu’il ressentait. Il éprouvait la même frustration que toutes ces fois où il avait dû se tenir à distance, pour de multiples raisons qui lui retiraient ce droit de lui ouvrir son coeur. Et maintenant ? Avait-il davantage le droit ? Il lui avait peut-être montré ce qu’elle représentait pour lui, mais il n’avait pas plus le droit qu’avant de la garder à ses côtés, comme s’il devait toujours y avoir quelque chose pour s’ériger entre eux, et les forcer à prendre des voies inconciliables. Alors, non, il n’avait toujours pas le droit.

Got me looking so crazy right now, your love's

Got me looking so crazy right now 

Got me looking so crazy right now, your touch

Got me looking so crazy right now (4)

Et cela le rendait fou. Elle le rendait fou. Sa simple proximité avec elle décuplaient tous ses sens, il ne ressentait pas un dixième de cette fièvre avec les autres, et Godric savait combien il y en avait eu d’autres. Et il allait la laisser partir ? Non, non, non, disaient ses doigts qui couraient sur sa peau, ses gestes impérieux pour la rapprocher de lui, ses lèvres passionnées par celles de son amante. Plus les secondes passaient, plus il l’embrassait, et plus il s’insurgeait intérieurement. Roy n’avait jamais laissé la raison le dompter, ses envies restaient reines, pourquoi pas cette fois ? De plus en plus persuadé qu’il devait retenir Juliana, il laissa à nouveau le désir obscurcir son jugement et imprégner toutes ses caresses, si bien qu’il n’entendit pas plus qu’elle le bruit de la porte d’entrée.

Le retour à la réalité fut donc aussi brutal que la façon dont Juliana le repoussa, pour bondir sur ses vêtements. Il n’eut pas le réflexe d’attraper ceux qu’elle lui jetait, trop embrumé par l’intensité du moment qui venait de se rompre avec autant de facilité que s’il s’agissait d’éclater une bulle. Sonné, Roy se força à reprendre ses esprits et s’habiller à son tour, pressé par le regard de Juliana. Oui, il fallait qu’il parte, c’était vrai, si Joel les trouvait là, ce serait fâcheux pour eux deux, allez, allez, Roy. Toutefois, quand Juliana fit mention de la fenêtre, il s’arrêta dans son geste pour reboutonner sa chemise, stupéfait.

« Sérieusement ? Mais… »

Il jeta un regard à la fenêtre qu’elle lui désignait, avant de revenir sur elle pour constater qu’elle était parfaitement sérieuse. Merlin, la situation devenait rocambolesque. Avec Joel qui approchait de la chambre de sa colocataire, Roy n’avait malheureusement pas trente-six issues possibles. Il n’allait pas se cacher dans l’armoire non plus, et puis dans tous les cas, sortir par la porte d’entrée n’était plus possible… Alors oui, il ne lui restait plus que la fenêtre. Godric Gryffondor était vraiment une raclure.

Ils n’avaient pas le temps de songer à une autre solution, de toute manière. Les excuses, tout comme le dernier baiser de Juliana, laissèrent un arrière-goût amer à Roy, qui ne put s’empêcher de penser que la façon dont elle l’éjectait était bien révélatrice de cette réalité qu’il avait voulu couvrir, tout à l’heure, et qui venait maintenant s’imposer à lui avec cruauté. Elle ne pouvait même pas se laisser voir en sa compagnie. A partir de là, qu’espérait t-il ?

Got me hoping you'll page me right now, your kiss

Got me hoping you'll save me right now (5)

Non, il n’avait rien à espérer. Comme dans un rêve où il ne réfléchissait même pas à ce qu’il faisait, Roy sortit sa baguette avant de se laisser tomber de la fenêtre, sa chute amortie par un sortilège. Il retrouva le sol sans encombre, mais complètement éperdu. L’obscurité de la nuit et le froid qui lui fouettait le visage étaient comme une seconde claque, après ce départ précipité. Le silence qui emplissait la rue lui paraissait si étrange, Roy ne comprenait pas comment il se retrouvait dans un endroit si plat et inerte, quand à peine une minute plus tôt, il était encore dans la chaleur d’une étreinte.  

Silencieusement, il leva le regard vers la fenêtre éteinte de Juliana, laissant les dernières images d’elle envahir son esprit. Son trouble se renforça lorsqu’il se fit la réflexion que leur dernier baiser, à cette même fenêtre, avait eu cette fougue et ce regret propres aux adieux. Ce fut ce qui le fit se détourner brusquement, comme pour cacher les émotions que cette pensée faisait naître en lui. Il n’y avait personne dans cette rue, pourtant. Personne pour voir que la gorge de Roy se serrait, que la déception et la tristesse s’imprimaient dans tous ses traits.

En vérité, la Promenade des Marins auraient pu être bondée ce soir-là que Roy se serait senti dans le même état. Désespérément seul.

Looking so crazy in love,

Got me looking, got me looking so crazy in love
(6)

FIN DU RP

Spoiler:


Roy Calder

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