[JR]Glubbdubdrib [Abigail, Chloé & Irving]

C’est fou comme certains élèves ne prêtent pas la moindre attention aux livres qu’ils empruntent. J’en récupérai toujours dans un état lamentable. Certains semblaient avoir pris un bain, d’autre au contraire s’étaient approchés trop près d’une flamme (pour ces derniers, je ne pouvais malheureusement pas faire grand-chose hormis essayer de m’en procurer un nouvel exemplaire). D’autres encore avaient été annotés, raturés, crayonnés par les élèves qui les étudiaient (le genre de choses qui n’étaient absolument pas tolérées dans les bibliothèques moldues parce qu’impossibles à réparer). Heureusement pour ces livres, je connaissais les formules adéquates pour faire disparaitre toute trace d’encre, y compris de l’encre indélébile.

J’étais donc en train de me battre avec certains de ces livres, jouant de la baguette pour leur rendre un état neuf lorsqu’une voix me fit tourner la tête. Une voix qui ne m’était d’ailleurs pas tout à fait inconnue à défaut d’être familière.

- Irving ! m’exclamai-je en reconnaissant le jeune homme que j’avais rencontré dans une librairie quelques mois plus tôt.

Chouette, un peu distraction ! Les élèves ne se pressaient pas au portillon aujourd’hui. Je reposai le livre dont je m’occupai et le repoussai loin de moi, comme pour ne plus le voir.

- Alors votre mère à aimé ? Vous m’en voyez ravie ! Je n’étais pas entièrement sûre qu’une sorcière puisse apprécier ce genre de littérature moldue.

Mon regard prit la même direction que celui d’Irving.

- Oui, j’essaie d’attirer les élèves vers cette littérature. La littérature moldue est très riche. Et certains auteurs ont une plume vraiment très excellente, ce qui n’est pas peu dire étant donné que beaucoup de nos écrivains utilisent une plume à papote qui enjolive d’elle-même tout ce que l’auteur lui dicte.

A ma voix, on pouvait comprendre que j’avais une certaine d’admiration pour ces auteurs moldus qui, eux, n’utilisaient pas ce genre d’artifices. Tout ce qu’ils écrivaient sortait de leur propre tête et ils pouvaient en être fiers.

- Malheureusement, j’ai du mal à attirer des gens. Je ne sais pas pourquoi, mais quand on parle de romans moldus, ça a tendance à rebuter la majorité des élèves de cette école. Les seuls qui s’y intéressent sont ceux qui ont un parent moldu, ou les deux. Ou encore ceux qui suivent le cours d’étude des moldus. Mais ils sont vite déçus car cela ne ressemble guère à ce qu’ils apprennent dans leur cours. Et pourtant, c’est là qu’est la vérité.

Je reportai mon regard sur Irving et lui adressai un nouveau sourire.

- Mais je suis contente, j’aurais au moins réussi à attirer une personne de plus sur cette voie. J’espère que votre mère continuera à dévorer des livres. Ca apporte tellement de choses. Tenez, rien qu’en lisant un manuel d’histoire moldue, on apprend beaucoup, et on peut se rendre compte que finalement, nos deux mondes ne sont pas si différents.

J’éclatai de rire en entendant la réponse que me fit Irving.

- Elève peu intéressé par ses cours d’histoires, ne fréquentant pas la bibliothèque et ayant fait brûler un livre… Vous vous rapprochez de plus en plus de l’image du cancre !

Oui, non, bon, j’exagérais beaucoup, il en fallait plus que cela pour être un cancre, mais en réalité, les mots étaient sortis tous seuls de ma bouche. Avec un peu de chance, Irving avait un bon sens de l’humour ? Je pouvais toujours l’espérer en tous cas. Je retrouvai mon sérieux, conservant tout de même un léger sourire sur les lèvres.

- Mais vous deviez avoir tout de même des matières qui vous intéressaient. Alors dites-moi, quel élève étiez-vous, Irving ?  

Mon regard se posa sur la couverture du multiplettes qu’Irving venait de prendre. Je roulais des yeux en le voyant.

- Mouais… je ne prête pas grande attention à tout ce que Mildred Magpie pourrait écrire. Son journal n’a, à mon avis, pas grand intérêt. Il ne mérite même pas d’être considéré comme de la presse.

En réalité, il n’y aurait que moi, j’aurais résilié depuis longtemps l’abonnement de la bibliothèque au Multiplettes. Mais j’étais censée être neutre et offrir aux élèves tout ce qui leur était nécessaire pour construire leur propre façon de penser. Même si cela contredisait mes propres opinions. Mais j’étais bibiothécaire et je respectais la liberté d’expression et de penser de chacun. Et mieux, j’encourageais chacun des élèves de cette école à se forger sa propre opinion sur tous les sujets possibles et imaginables. C’était ça mon boulot.

Je pris en main le journal qu’Irving venait de reposer et jetai un coup d’œil à l’article en une.  

- Cette femme est une vipère.

Je parlais de Mildred Magpie, bien sûr, pas d’Isobel Lavespère. Je ne la connaissais pas, je ne me serais pas permis d’émettre le moindre jugement sur elle.

Je reposai à mon tour le journal et haussai les épaules.

- Espérons que personne ne prenne ce genre…. Le mot eu du mal à sortir… d’informations trop au sérieux.

- Tout dépend de ce que vous recherchez vraiment…

Je fronçai les sourcils, regardaient les unes des autres périodiques que nous proposions une par une. Le Chicaneur n’était certainement par un journal que j’aurais qualifié de sérieux. Il avait pourtant été le premier à relayer l’information comme quoi Voldemort était de retour. Mais c’était un journal fantaisiste, qui, à mon sens, traitait d’informations totalement erronées, voir même inventées (du moins, en majorité).

- La Gazette est assez sérieuse dans les faits qu’elle présente. Je veux dire, ce n’est pas dans la gazette qu’on trouverait ce genre d’article.

J’indiquai le Multiplettes d’un geste de la main.

- En revanche, je ne peux pas vous promettre qu’elle soit totalement objective. Je veux dire, elle a toujours eu plus ou moins un parti pris. Ca ne serait pas la première fois que le gouvernement aurait un contrôle dessus.

Je venais de repenser à un autre titre de journal. Le Cognard déchaîné. J’en avais trouvé un exemplaire planqué dans Le journal des petits sorciers. Je m’étais d’ailleurs vraiment demandé comment il avait pu atterrir là. J’y avais jeté un œil et avais été assez étonnée par les informations qu’il contenait. Des informations qui n’apparaissaient pas systématiquement dans la gazette et qui, pourtant, semblaient fort vraisemblables.

- Si vous chercher quelque  chose qui soit totalement objectif, je crains que vous ne le trouviez pas ici. Je ne suis pas totalement libre quand aux choix que je fais concernant les abonnements à la presse…

- Le Cognard déchaîné ?

Je jetai un coup d’œil tout autour de moi. La bibliothèque était à peu près vide, hormis deux ou trois étudiants qui étaient en train de travailler, hors de portée de voix. Néanmoins, on m’avait appris à me méfier. Il était tellement facile, dans le monde magique, d’entendre ce que quelqu’un disait même en étant loin. J’avais utilisé, moi aussi, une de ces fameuses Oreilles à rallonge mises au point par les jumeaux Weasley, quand j’étais encore élève dans cette école. Je savais les capacités qu’elles avaient.

- En effet…

Et ce n’était pas peu dire. Nous savions tous que le sous-directeur Greengrass était un fervent défenseur du régime Marchebank. Certains bruits de couloir disaient même qu’il était ici pour asseoir l’autorité du gouvernement sur l’école. Alors avec une personne pareille entre les murs, mieux valait se montrer prudent.

- Une autre fois, peut-être… Ailleurs.

Je jetai un coup d’œil à ma montre et relevai les yeux vers Irving.

- Je ferme la bibliothèque dans une heure.

A force de parler l’un et l’autre à demi-mots, je supposais qu’Irving comprendrait le message.

Bien qu'elle ne travaille plus à Poudlard, Chloé ne pouvait s'empêcher de continuer à profiter des avantages du château. Elle devait se contenir très fortement pour ne pas interpeller les élèves dans les couloirs - ce qui devenait chaque jour plus dur lorsqu'on voyait les exactions commises par les Jeunesses d'Adonis Greengrass. L'ex-enseignante était consciente qu'elle ne devait pas se mettre le sous-directeur à dos. Heureusement pour son sang-froid, les élèves l'étiquetaient encore inconsciemment comme une source d'autorité et évitaient de commettre des impairs lorsqu'elle était dans les parages.

Ce jour-ci, Chloé avait décidé d'aller à la bibliothèque pour emprunter quelques ouvrages dans la réserve. L'une des priorités était de sécuriser le réseau contre les traîtres. Marcus, qui officiait directement à Skye, avait déconseillé l'emploi d'un Fidelitas eu égard aux méthodes "d'enquête" des résidents de l'île. Une équipe cherchait donc un moyen de renforcer le sortilège ou de trouver une alternative.

Lorsqu'elle arriva à la bibliothèque, elle eu la surprise de voir Irving en grande conversation avec Miss O'Brien. Outre le fait qu'il arrive si tôt et passe par la bibliothèque, ce fut les derniers mots de la conversation qui attirèrent son attention. Parler résistance ici! Elle ne montra pas son inquiétude, mais décida d'intervenir franchement.

"Irving! Je ne t'attendais pas de si tôt! C'est bien la première fois que je le croise dans une bibliothèque." précisa-t-elle en saluant la bibliothécaire, avec un sourire taquin.

Nous fûmes très rapidement rejoints par Mme Hellsoft. Un peu trop rapidement d’ailleurs, si vous voulez mon avis. Les mots « cognard déchaîné » venaient tout juste de sortir de ma bouche et n’importe qui savait à quoi ces mots correspondaient. Il pouvait être dangereux que n’importe qui entendent ces mots.

Je jetai un regard inquiet à Irving et adressai un petit sourire à la nouvelle venue.

- Madame Hellsoft, bonjour.

Voilà qui répondait à la question d’Irving. Je la connaissais, en effet. Elle était encore enseignante quand j’étais arrivée à Poudlard. Nous avions « travaillé » dans la même équipe durant six mois. Et maintenant que Madame Hellsoft n’était plus dans l’enseignement, elle continuait à venir régulièrement à la bibliothèque. Mais cela ne signifiait pas pour autant que je la connaissais bien. Je ne savais rien de ses idées politiques par exemple. Et je ne pouvais m’empêcher de me demander si elle avait entendu notre conversation et, si oui, quelles conséquences cela pourrait avoir.

Je me tournai néanmoins vers Irving pour lui donner une vraie réponse.

- Oui, on a eu l’occasion de se croiser quelques fois. Je suis arrivée ici quelques mois avant que Madame Hellsoft ne quitte son poste de professeur.

Je me penchai au dessus de la banque d’accueil et tendis la main à Madame Hellsoft.

- Comment allez-vous ? Je peux faire quelque chose pour vous ?

Abigail O'Brien était quelqu'un de très réservé. Chloé n'avait pas vraiment fait sa connaissance, mais elle la trouvait compétente et plus aimable qu'Alceste Greegrass, son prédécesseur. Rien que le nom de famille de ce dernier en faisait un objet de méfiance. Cependant, Irving et sa bonne humeur habituelle semblaient avoir eu raison de la réserve de la bibliothécaire. Au point qu'il lui parle du Cognard? Avait-il senti des vélléité de rébellion chez cette femme? Si elle pouvait intervenir à Poudlard, Chloé en serait ravie. Quelqu'un sur qui compter pour veiller sur Maeva... D'ailleurs, elle devait continuer son travail auprès de Daisy pour la convaincre de les rejoindre.

La directrice de l'école la connaissait et devait se douter que sa présence au gouvernement ne lui procurait pas de satisfaction. Mais il n'en allait pas de même avec Abigail. Si elle s'apprêtait à parler à Irving, il était sûr que l'arrivée de Chloé, Directrice du département des Mystères, ne l'inciterait pas à la confiance.

"Je venais juste consulter quelques ouvrages de la réserve pendant que vous étiez encore là. Mais puisqu'Irving est déjà arrivé, je vais devoir remettre ça à plus tard."

Chloé ne comptait pas se dévoiler devant une quasi inconnue, elle ne pouvait pas se le permettre. Mais rien n'empêchait de faire plus ample connaissance avec la bibliothécaire. Savoir à qui on avait affaire était toujours utile, et elle pourrait ainsi savoir si Irving approchait quelqu'un de fiable ou non.

"Mais je m'en veux d'interrompre votre conversation. Que diriez-vous de venir prendre le thé dans mon appartement?"

L'aile des professeurs n'était, après tout, pas bien loin.

Mon regard passa successivement de l’ex-professeur Hellsoft à Irving. Comment vous expliquer que j’étais quelque peu méfiante tout de même ? L’ombre du sous-directeur Greengrass planait sur toute l’école, à tel point que je me demandais parfois si nous pouvions parler librement entre ces murs. Je n’avais pourtant jamais eu le moindre souci depuis que j’étais arrivée à ce poste. Quoiqu’il en soit, l’arrivée de l’ex-professeur Hellsoft au moment pile où Irving abordait un sujet délicat ne me semblait pas totalement fortuite.

Mais manifestement, Irving la connaissait mieux que moi. Et il semblait lui faire confiance. Ou du moins, à entendre la réponse qu’il venait de faire à sa proposition, il ne se méfiait pas d’elle. Je finis par jeter un coup d’œil à la grande horloge située au-dessus de la porte de la bibliothèque. Il me restait, normalement, une heure avant de fermer. Mais la bibliothèque était déserte. Et elle le restait toujours à cette heure-ci. Je pouvais prendre la décision de fermer plutôt sans que cela ne soit préjudiciable à qui que ce soit. Ca serait bien le comble si, pour une fois, un élève choisissait de venir étudier à cette heure !

- Pourquoi pas. Laissez-moi juste le temps de m’assurer qu’il n’y a plus personne avant de fermer la bibliothèque.

L'attitude d'Irving confirmait les soupçons de Chloé, et elle fut donc heureuse qu'Abigail accepte sa proposition. Chloé avait quelques tendances à vouloir tout contrôler lorsqu'elle sentait le danger pointer le bout de son nez, et ils vivaient des heures troubles... Après que la jeune femme eu fermé la bibliothèque, le trio pris le chemin de la tour des professeurs. Chloé se tourna vers Irving.

"Lou va être heureuse de te voir -Irving est le parrain de ma seconde fille" précisa-t-elle à l'adresse de la bibliothécaire pour la mettre à l'aise. "Vous devez connaître l'aînée, Maeva, elle est encore étudiante ici... Enfin, si elle fréquente la bibliothèque!" L'ancienne enseignante avait quelques doutes sur le sujet.

Un sujet de conversation simple, une confidense... Mieux valait commencer lentement. Lorsqu'ils arrivèrent chez elle, Chloé les pria chaleureusement de s'installer tandis que l'elfe qui gardait Lou servait le thé. La petite, qui approchait ses deux ans, se jeta sur Irving de toute sa hauteur d'enfant en criant "Pa'ain Ving! Pa'in Ving!". Chloé tira sa boîte à thé pour laisser Abigail faire son choix.

"Alors" dit-elle en même temps. "Comment se passe cette année à Poudlard? Ce n'est pas la même chose d'habiter seulement ici et d'y enseigner..."

Chloé était aussi curieuse d'avoir un autre échos que celui de Peter au sujet de la direction de Daisy et de sa collaboration avec le sous-directeur Greengrass.

HJ:

Armée de mon trousseau de clef, je fis rapidement le tour de la bibliothèque afin de m’assurer qu’il ne restait personne et je fermai la porte derrière nous, en sortant. Je ne savais pas trop à quoi m’attendre. Ca me semblait plutôt étrange que Madame Hellsoft m’invite chez elle, comme ça, sans raison particulière autre que l’envie de faire plus ample connaissance. Ca faisait des mois que j’étais arrivée à Poudlard, on s’était déjà croisées à la bibliothèque, alors qu’est-ce qui lui passait par la tête tout à coup ? Quand à la présence d’Irving, elle ne me semblait pas moins étrange non plus.

J’acquiesçai à la question que cette dernière me posa au moment où nous passions la porte de son appartement.

- Je vois qui c’est, oui. Mais je ne la vois pas beaucoup à la bibliothèque.

J’esquissai une légère grimace. Quelqu’un qui ne fréquentait pas la bibliothèque, pour moi, c’était juste impensable. C’était un endroit tellement fantastique !

Je posai les yeux sur la petite dernière et esquissai un sourire tandis qu’elle se jetait dans les bras d’Irving. Qu’est-ce qu’elle était mignonne. Elle n’avait pas l’air bien vieille et manifestement, elle appréciait énormément son parrain.

Je me penchai sur la boite à thé que Madame Hellsoft me présentait si poliment et relevai les yeux sur elle.

- Ca se passe bien, merci. Très bien même. Je me suis toujours sentie comme chez moi à Poudlard alors c’est un plaisir de pouvoir y travailler.

Chloé grimaça lorsque Miss O'Brien lui confirma que Maeva n'allait pas souvent à la bibliothèque. Elle avait malheureusement du délaisser un peu les devoirs de sa fille avec le contexte actuel, mais essayait de rester présente - ne serait-ce que pour garantir sa sécurité.

"Je suppose que c'est l'âge qui veut ça! Elle aimait bien lire, petite, j'espère que cela lui reviendra. Et non, Peter n'est pas là. Encore en train de corriger des copies, je suppose."

Elle tacha de ne pas tiquer à la mention du terme "mari". Peter et elle ne l'étaient pas, et cela lui tenait à coeur. Après avoir servi le thé, Chloé s'assit à son tour sur le canapé et eu un sourire attendri en voyant qu'Irving savait de mieux en mieux prendre les devants avec Lou. Comme sa fille restait concentrée sur le trousseau de clé, elle reprit le fil de la conversation.

"Vous étiez dans quelle maison, lors de votre scolarité ici?"

C'était une banalité, mais on ne se mettait pas à parler de résistance comme du beau temps. Même si Irving lui avait dit, cela lui revenait maintenant, avoir déjà sondé la bibliothécaire, mieux valait être prudent.

"Et d'ailleurs, comment avez vous rencontré Irving? Il vous est tombé dessus?"

- Oh, elle est comme tous les ados de son âge. Il vient forcément un moment où ils se désintéressent de la lecture et se passionnent pour les jeux vidéo ou les trucs de ce genre.

Enfin, ça c’était pour les jeunes moldus. Et c’était ce que nous avions vécu, mes frères et moi. Mais que faisaient les jeunes sorciers de leur côté ? Ils se désintéressaient de la lecture comme les moldus, mais par quoi remplaçaient-ils cette activité ?

Je remerciai le professeur Hellsoft d’un signe de tête et relevai les yeux sur elle.

- A Serdaigle. Et non Pouffsouffle comme le pensait Irving au départ.

J’adressai un sourire au principal intéressé et levai délicatement ma tasse jusqu’à mes lèvres pour prendre une gorgée de thé.

Irving fut plus rapide que moi pour répondre à la question. Je me contentai donc d’acquiescer pour valider sa version des faits.

- Il cherchait un livre à offrir et je l’ai conseillé.

La rencontre entre Irving et Abigail était somme toute banale, et Chloé nota que c'était typique du jeune homme que d'être capable de se lier d'amitié avec la première rencontre faite au hasard. Irving avait le contact facile, et c'était une qualité précieuse.

"Les librairies arrivent encore à rester ouvertes, à Bristol?" s'étonna-t-elle à l'adresse d'Abigail.

La question n'était pas innocente. Chloé ne savait pas exactement de quand datait leur rencontre, et c'était peut-être avant le blocus de la ville. Mais c'était une façon comme une autre d'orienter la conversation vers un terrain moins neutre. La jeune mère espéra qu'Irving saisirait le sous-entendu et embrayerait sur le même thème.