[JR] A ceux qu'on foule aux pieds [RP COMMUN]

S'il y avait bien une personne qui pouvait s'élever publiquement contre le règlement intérieur, c'était bien ce fils à papa de Dave Marchebank, à qui personne n'irait chercher des noises. Furibard mais gardant néanmoins le silence - il n'est pas idiot au point de s'opposer au fils du Ministre trop directement - Ashton posa sa main sur l'épaule de Lindsay pour la retenir. Et voilà qu'ils se croyaient tout permis, ces véracrasses, songea-t-il avec haine tandis que Carter, McGowan et McWilde en rajoutaient une couche. Tout en adressant un sourire insolent à Samantha Miller, il salua l'arrivée de Javier d'un signe de la tête. Il connaissait son camarade et savait qu'avec lui, la fête n'était pas terminée. Il n'eut néanmoins pas le temps d'acquiescer les propos du Gryffondor puisque Lindsay se pencha brusquement en avant, régurgitant des limaces dans un bruit qui donna presque un haut-le-cœur à Ashton. Serrant les poings à l'adresse de l'enflure qui avait osé attaquer son amie, il fit un pas vers lui.

- Qu'est-ce que tu crois, bouffon, bien sûr qu'on va te la prendre, ta baguette, et te la mettre dans le...

Son propos vulgaire fut interrompu par le bruit d'une claque retentissante, puisqu'une fille sortie de nulle part venait de frapper Lindsay. Le monde était fou, songea un instant Ashton en regardant le chaos autour de lui, tandis que son amie se jetait sur la petite brute qui l'avait attaquée. Les deux filles furent séparées par Carter et un septième année, tandis que le premier essayait de reprendre les choses en main.

- Tu déconnes ? aboya-t-il quand James retira quinze points à Serpentard. Tu peux crever si tu crois qu'on va la faire, ta retenue !

Jane Mason, septième année, Préfète de Poufsouffle, Membre des Jeunesses

Dévalant les escaliers qui menaient au hall en bousculant tout le monde, Jane lançait des regards courroucés autour d'elle. Elle n'avait pas assisté à toute la scène mais ce qu'elle venait de voir lui suffisait clairement ! Dépassant les badauds sans aucune gène - son badge de préfète épinglé sur sa poitrine au même titre que celui des Jeunesses - elle se planta au milieu du cercle, regard flamboyant et bras croisés. Qu'elle rentre dans la brigade du Professeur Greengrass avait surpris tout le monde - après tout, elle était la fille de la directrice - et elle-même ne l'avait pas forcément fait par pur plaisir. Elle avait encore en travers de la gorge sa non-nomination en tant que préfète en chef (Marlene savait faire des plannings mais bon, elle aurait pu le faire aussi) et le fait que sa propre mère lui ait refusé le titre la rendait encore plus furieuse. Être dans les Jeunesses était un joli pied de nez, surtout qu'elle pressentait qu'ils allaient prendre la place - officieusement - des préfets...

- Ce n'est pas à toi de t'occuper des membres des Jeunesses ! lança-t-elle à James. Tu n'as rien à demander du tout, répliqua-t-elle d'un ton sans appel.

Son camarade et elle s'entendaient plutôt bien depuis sept ans, ils étaient même plutôt copains, mais dans la lutte de pouvoir qui se profilait, Jane se doutait bien que les amitiés avaient peu de place.

- C'est Steven qui doit aller dans le bureau de ma mère. Un préfet qui attaque magiquement des élèves ? Sérieusement ? attaqua-t-elle en vrillant son regard sombre sur Harrisson. Lindsay et Ashton ont peut-être manqué de tact mais eux ne remettent pas en cause la sécurité physique des élèves, persiffla-t-elle en jetant un coup d’œil à McGowan qui avait encore l'air d'être sur le point de frapper quelqu'un.

Son balai sur l'épaule et son éternel sourire aux lèvres, Andrew remontait du terrain de Quidditch avec Gowan, discutant à bâtons rompus du dernier match qui avait opposé Flaquemare aux Pies de Montrose. Les Pies avait gagné de peu mais le jeune Gryffondor refusait de démordre de son postulat à savoir que l'équipe de son père allait forcément remporter la coupe cette année. Ils avaient à peine fait quelques pas dans le hall que les yeux se posèrent sur l'attroupement généralisé où quelques éclats de voix retentissaient encore. Il jeta un coup d’œil à Donald McWilde, de sa maison, qui se tenait à côté de lui avant de reporter son attention sur la scène. Il n'en connaissait pas les tenants et les aboutissants mais il connaissait assez Smith et Mailing - qui faisaient régner la terreur dans les plus jeunes années - pour savoir que ce n'était pas des saints.

- Ouais, concéda-t-il d'une voix forte, mais en attendant, Lindsay et Ashton sont des raclures de chaudron rouillé, lança-t-il en haussant les épaules.

Devant le regard furibard de Jane Mason, il eut un sourire innocent.

- J'peux le dire, je suis pas préfet moi. Les Jeunesses sont une bande de mini-Mangemorts qui se croient tout permis et qui adorent frapper dans les plus jeunes, les seules personnes à leur hauteur.

Il était bon pour une retenue mais... Il avait l'habitude, depuis trois ans.

Linnet Sneals, Troisième année, Serdaigle, Nihiliste convaincue.

Une fois n'est pas coutume, Lauren était restée étonnamment calme compte tenu du chaos qui s'était emparé du hall d'entrée. Les commentaires de Javier l'avaient bien fait grincer des dents, mais avant qu'elle n'est pu répondre quoi que ce soit -verbalement ou physiquement- la blondasse s'était mise à cracher des limaces. Spectacle ô combien réjouissant. La batteuse joignit son rire à ceux des autres élèves présents, cherchant des yeux le génie qui avait lancé ce sort. Le responsable -le préfet de chez Poufsouffle qui lui avait infligé un baiser baveux à la fête de fin d'année- fut finalement attrapé, et tout s'enchaina très vite.

La blondasse -une dénommée Lindsay, visiblement- voulut se jeter sur lui alors qu'il appelait à la révolte après s'être fait confisqué sa baguette par son alter-égo féminin, mais elle en fut empêchée par une gamine de Gryffondor qui lui colla une gifle magistrale et dont elle se vengea en lui tirant les cheveux. James parvint à rétablir un semblant de calme en séparant les deux adolescentes et les punitions qu'il distribua auraient pu mettre fin au carnage si les membres des Jeunesses ne s'étaient pas empressé de les remettre en question.

Lauren faillit s'étouffer en entendant Jane Mason assurer à James qu'il ne pouvait pas punir les membres des Jeunesses. C'était une blague ?

"Manquer de tact ? Sérieusement ? De quoi tu parles Mason ? T'étais même pas là pour entendre leurs horreurs ! Et c'est quoi cette histoire ? D'où les Jeunesses ne pourraient pas être punis par les préfets ? Alors quoi, Greengrass choisit des idiots au hasard et une fois que vous avez votre joli badge vous devenez intouchables ?"

- T'as dis quoi ? aboya Anton à l'adresse du batteur de Gryffondor qui se permettait de les traiter de Mangemorts.

Mais il n'eut pas le temps de régler son compte au gamin que McGowan remettait déjà son grain de sel, appuyée par le préfet de Poufsouffle et l'hystérique qui avait agressé Lindsay.

- Parce que toi t'appliques le règlement, p'tet ? lança-t-il à Steven. Vous avez tous vu ! lança-t-il à ses copains restés en arrière et aux membres des Jeunesses qui avait gardé le silence. Harrisson le préfet a utilisé sa baguette pour jeter un sortilège humiliant et potentiellement dangereux à une élève de l'école ! C'est ça, tes préfets ? lança-t-il à Carter.

Il eut une grimace de dégoût devant une explosion de Linnet par Sneals mais colla rapidement un sourire sur son visage face à l'intervention du Professeur Wembley. Devançant tout le monde, il prit la parole.

- Professeur, vous tombez bien. Lindsay et moi tentions de faire respecter le règlement au sujet de la présence des produits de chez Weasley&Weasley dans l'enceinte de l'école quand un attroupement menaçant - il désigna McGowan et sa clique du pouce - s'est formé autour de nous pour nous empêcher d'assurer le règlement de l'école, appuyé par des préfets comme Jane Mason. D'autres préfets, au contraire - il désigna Steven - ont sauvagement attaqué Lindsay avec un sortilège ! Et tout le monde tente de minimiser la gravité de cet acte, notre préfet-en-chef n'a même pas essayé de la défendre. Il y a un véritable problème de favoritisme au sein de l'équipe préfectorale, monsieur ! ajouta-t-il, réprobateur.

Les dernières paroles de Lauren furent aussitôt appuyées par le préfet des Poufsouffles et cette gamine de Gryffondor aux lèvres tartinées de gloss. Pas le meilleur des soutients, mais c'était mieux que rien. L'échange n'eut toutefois pas le temps de se poursuivre plus longtemps car une voix au dessus de leur tête -qui n'était autre que celle de Anwar Kabache, accoudé à la balustrade- hélait le professeur d'histoire de la magie qui passait visiblement par là.

Ce dernier se rapprocha au centre du petit attroupement qui s'était formé et s'inquiéta de savoir ce qui se passait. Le regard de Lauren passa de James à Steven, avec l'espoir que l'un d'eux répondent. Elle s'en serait bien chargée, mais elle était rarement celle qu'on désignait pour dialoguer avec les enseignants -soit disant qu'elle manquait de diplomatie.

Ashton fut le premier à répondre et chacun de ses mensonges donna une violente envie à la batteuse de lui enfoncer son poing dans la figure. Elle ne se retint que parce qu'elle se trouvait sous les yeux d'un enseigna et se contenta donc de riposter verbalement.

"C'est n'importe quoi ! Protesta-t-elle. Le professeur d'histoire de la magie exigea alors une autre version et Lauren décida d'essayer de lui en donner une, calmement et poliment. Ils étaient en train de se moquer de...Elle est passée où la petite ?"

La principale intéressée ne s'était plus faite entendre depuis un moment.

"Bref. Ils étaient en train d'insulter une première année et de faire des remarques carrément déplacées à une autre élève, donc on est venus leur rappeler que leurs maudits badges ne leur donnaient pas tous les pouvoirs. Sauf que ces imbéciles pensent être à l’abri de toute sanction sous prétexte qu'ils font partie des Jeunesses. Et Steven a effectivement lancé un sort à Lindsay, mais franchement cette...'fin elle l'avait cherché. Et c'était pas un impardonnable non plus."

Contrairement à beaucoup d'autres élèves, Marlene ne prenait pas le thé dans la Grande Salle, tout simplement parce que les petits gâteaux proposés avec étaient bien trop tentants. Elle en avait profité pour rendre des livres à la bibliothèque et redescendait maintenant dans les cachots quand elle aperçu en contrebas du premier pallier du Grand Escalier l'attroupement qui s'était formé en contrebas. Elle entendit l'éclat de voix de Lauren McGowan qui s'agitait - comme d'habitude - mais aperçu également plusieurs membres des Jeunesses, des préfets, un professeur et James, dans ce qui ressemblait étrangement à une sorte de pugilat.

Descendant discrètement les escaliers au milieu des élèves qui commentaient la scène à voix basse, Marlene se faufila parmi la foule, jusqu'aux cotés de James au moment où Anton partait dans une envolée lyrique sur le fait que "Si on attend que les élèves lancent des Impardonnables avant de sévir, Professeur, où va le monde ?" et son arrivée fut remarquée du coin de l’œil par les Jeunesses, dont elle était théoriquement la dirigeante.

- Qu'est-ce qui se passe... ? interrogea-t-elle, en parcourant tout le monde du regard, mais un peu plus particulièrement James.

Dans quoi est-ce qu'elle s'était engagée, encore ?

Quel débâcle digne d’enfants de bac à sable. Dave resta figé par l’horreur, alors que Mailling vomissait des limaces sur lui. Bras en l’air, il eut un certain temps de réaction, et fait rare, devint vulgaire en voyant la réaction de Lindsay, qui se résumait à insulter Steven Harrisson :

« Ne t’excuse surtout pas, pétasse. »

Profondément dégoûté, Dave sortit sa baguette pour se débarrasser de la substance verdâtre qui ornait son uniforme, ne cherchant même pas à calmer Lauren, cette fois. Ces saletés de Jeunesses méritaient bien d’être remis à leur place, songeait-il en jetant un regard mauvais à Javier, Lindsay et Ashton. Il se doutait que ces trois élèves n’étaient que des crétins qui profitaient de leur autorité, mais si le but d’Adonis était de créer un groupe concurrent aux préfets, il allait vite lui en parler pour en avoir le coeur net, et insister pour que des mesures soient prises. La façon qu’eut Ashton de retourner la situation l’agaça au plus haut point, chose qu’il ne retint pas d’exprimer :

« La ferme, Smith, tu es pitoyable. Si tu crois que la bavure d’Harrisson te dispense de reproches… Insulter et humilier des jeunes élèves en public n’est pas autorisé par le règlement non plus, il me semble. »

Lorsqu’un professeur se présenta, Dave sut que c’était le moment d’obtenir le fin mot de cette histoire, en sachant bien remettre les points sur les i. De sa voix forte, il prit la parole, à la suite de Lauren, pour se lancer dans un de ces laïus passionnés dont il avait le secret :

« Monsieur, les faits sont simples. Ces deux élèves -il pointa Lindsay et Ashton- ont agressé et humilié publiquement une élève de deuxième année qui possédait des barres chocolatées de Weasley & Weasley. Il me semble que lancer des remarques mesquines sur le poids de cette pauvre jeune fille n’est pas très digne d’élèves voulant « faire respecter le règlement. » Il y a des façons plus courtoises de le faire. A partir de là, il semblait nécessaire de ne pas laisser de jeunes élèves se faire lyncher en public, et je suis sûr que vous êtes d’accord avec moi, monsieur Wembley. La situation a rapidement dégénéré, et notre préfet-en-chef a tenté de rétablir l’ordre en distribuant des sanctions équitables et justifiées -il n’avait pas épargné Steven de retenue et de points en moins, après tout- mais on tente de le déchoir de son autorité en invalidant ses mesures. Apparemment, les membres des Jeunesses ne seraient pas des élèves punissables comme les autres. Si même le préfet-en-chef ne peut plus faire preuve d’autorité sans être remis en question, je ne vois pas à quoi cela sert d’en nommer et dans ce cas, c’est toute l’administration de cette école qui est remise en cause. J’espère que vous comprenez, professeur, qu’une guéguerre entre préfets et membres des Jeunesses ne mène à rien, et que la bonne marche de cette école n’est pas différente de celle d’un Etat. On ne peut pas conférer le pouvoir exécutif à plusieurs groupes sans que ceux-ci ne se tirent dans les pattes, donc il va falloir être clair là-dessus et j’en appelle à votre poids en tant que professeur pour faire remonter ce problème à notre directrice, même si je compte bien en parler avec elle et le professeur Greengrass si nécessaire. Je crois que les Jeunesses outrepassent leur rôle défini à la base. Ce groupe a été créé dans une volonté d’entraide et d’échange inter-années et inter-maisons. Sanctionner les élèves et faire respecter le règlement relève de l’autorité des préfets. Je suis sûr que Marlène, en sa qualité de Préfète-en-Chef, et d’élève référente des Jeunesses saura bien nous expliquer cette distinction. N’est-ce-pas Marlene ? »

Regard appuyé vers la meilleure amie d’Emma, qu’il savait peut-être discrète mais pas déraisonnable, et encore moins stupide. Par sa position, elle faisait partie de ceux qui pouvaient poser le fin mot de cette histoire, ne lui en déplaise...

Ashton et Lindsay étaient des abrutis indéfendables, songea Marlene avec consternation. S'ils avaient eu un minimum de jugeote, ils ne seraient pas opposés frontalement aux préfets et auraient évité de mettre tout le monde dans l'embarras. Il fallait dire que la situation officielle des Jeunesses était plutôt claire - groupe d'entraide et de soutien - mais le Professeur Greengrass leur avait bien fait comprendre qu'ils étaient là pour l'aider à appliquer sa vision moderniste de l'école, même si elle ne le reconnaîtrait jamais à voix haute et surtout pas devant les autres préfets et James. La position des Jeunesses était encore trop précaire pour tenir le poids face aux Institutions de l'école - comme le faisait malheureusement remarquer Dave de manière un peu trop brillante - et quand il était question de gens comme Mailing et Smith - qui devaient avoir été imbuvables - c'était tout simplement une cause perdue. Pour autant, Marlene savait qu'elle était dans une situation compliquée elle-même puisqu'elle avait des comptes à rendre aux deux camps et les deux sauraient où la trouver si quelque chose leur déplaisait. Elle se serait bien enterrée sous terre loin de tous les regards quand Dave l'interpella directement à la fin de sa diatribe, dans une vérité difficilement contestable. Se sentant automatiquement rougir - et se détestant pour ça - Marlene fut la cible de tous les regards. Elle savait qu'elle ne pouvait pas publiquement soutenir les Jeunesses tout comme elle ne pouvait pas les critiquer non plus... Joker ?

- Les Jeunesses sont encore une organisation jeune qui nécessite quelques ajustements, ajustements qui seront évidemment effectués par les Professeurs Mason et Greengrass au vu des problèmes qui se posent actuellement.

Renvoyer la décision ailleurs sans prendre position, ça c'était fait, cela voulait tout dire sans rien dire. Soulagée de voir le Professeur Wembley prendre le relai en donnant raison aux préfets, elle n'échappa néanmoins pas au regard furibond que Smith posait sur elle. Fantastique.