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Le Paradis d'Eden - Klemens

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Profil Académie Waverly
Le Paradis d'Eden - Klemens Icon_minitimeDim 5 Oct 2014 - 20:04
La pâtisserie et l'amour, c'est pareil - une question de fraîcheur et que tous les ingrédients, même les plus amers, tournent au délice.
Christian Bobin

05 Octobre 2008


22h00. Zoey était seule ce soir à la pâtisserie « Le Paradis d'Eden ». « Le Paradis d'Eden ». Poétique, n'est-ce pas ? Cette petite boutique colorée sur le Chemin de Traverse était à la fois son gagne-pain et ce qui lui avait permis de réintégrer la société londonienne. Ici, Zoey avait pu retrouver une forme de vie « normale ». Se lever le matin, aller travailler, rentrer chez soi. Elle était protégée par un emploi, qui, même s'il n'était pas très lucratif, lui laissait amplement de quoi se loger et se nourrir. Elle avait la chance d'avoir une patronne très conciliante qui, souvent, lui laissait gérer la boutique. Zoey avait donc tout pour recommencer une vie des plus simples. Elle était jeune, plutôt jolie lorsqu'elle daignait faire un effort vestimentaire et avait du plomb dans la tête. Zoey aurait pu, aurait du se satisfaire de cela. Cette nouvelle vie, c'était une seconde chance. Elle n'en aurait pas d'autre et en avait parfaitement conscience.

Cependant, Zoey Keynes était déterminée. C'était cette même détermination qui l'avait poussée à rejoindre Mardol et à le suivre jours après jours, mois après mois. A l'époque tout juste diplômée de Poudlard, elle avait rejoint le mouvement. Prendre sa revanche, sa vengeance était tout ce qui lui importait. Alors, elle l'avait suivi. Elle avait participé aux actions, outrepassant les bonnes moeurs. Elle repoussait ses limites, mettant au service de Mardol sa discrétion et sa foi . Entourée par ses semblables, Zoey avait pu agir. Agir. Sa morale quasi-inexistante et son sang froid implacable avaient été ses meilleurs atouts. Les missions d'infiltration, les actions coup de poings, les complots avaient été son quotidien pendant plusieurs années. A travers l'organisation de Mardol, elle s'était retrouvée. Elle était comprise. Pour une fois, quelqu'un l'écoutait. Quelqu'un cherchait à l'aider. Quelqu'un plaidait sa cause. Sur la « fin », Zoey s'était cependant remise en question. Donner sa vie, son temps, son engagement à Mardol ne la gênait pas si cela avait une conséquence positive pour la Cause. Perdre son temps ne l'intéressait pas. Mardol perdait les pédales, et, même si elle le soutenait toujours, Zoey sentait le vent tourner. Trop d'imprudences étaient commises. La crédibilité du mouvement n'existait plus. Et ce qui devait arriver était arrivé. Zoey se l'avouait aujourd'hui, les actions un peu plus extrêmes d'Ana Sorden lui avait plues. Pas forcément sur le fond, mais surtout sur la forme. La jeune rousse avait été attirée par cette radicalisation. Elle était évidemment pour le pacifisme, mais n'ayant jamais eu une vision très morale des choses, les actions plus franches lui plaisaient. Ces actions plus franches représentaient toute la colère de l'injustice qu'elle contenait en elle. Cette même injustice qui la portait depuis son adolescence.
Mais Mardol et Sorden avaient été envoyés à Azkaban. La plupart des mardoliens avaient été jugés également ou s'étaient exilés. Il en restait très peu sur le territoire britannique. Et pour ceux qui restaient... Sans famille, sans amis, sans patrie. Sans emploi pour la plupart. Certains s'étaient d'eux-même rendus. Et peu à peu, l'armée mardolienne s'était éteinte.

Zoey avait fuit pendant quelques mois. Par peur sans doute, mais aussi parce qu'elle ne savait plus ni où aller, ni qui elle était. Sa personnalité avait été quasiment effacée pendant ces deux années de lutte, de conviction, d'engagement sans merci. Elle n'était plus que la Cause. Il lui avait fallu du temps. Elle était finalement retourné chez son père. Après deux ans d'absences, les retrouvailles avaient été à la fois chaleureuse et jonchées de reproches et de douleur. Évidemment, son engagement pour la cause mardolienne ne lui avait pas été révélé. En tant que Moldu, son père n'aurait pas pu comprendre. D'ailleurs, il n'avait jamais pu comprendre.

Zoey secoua la tête. La jeune femme n'était pourtant pas d'une nature pensive. Elle aimait l'action, séquelles de ces années de mardolienne. D'un coup de baguette, le sol fut nettoyé, les chaises rangées sous les tables, les miettes des croustillantes pâtisseries envolées. Il ne lui restait plus qu'à emballer les invendus. Elle en gardait une partie pour elle et donnait le reste à l'association de la rue Moldue dans lequel elle louait un deux pièces. Zoey, c'était un paradoxe vivant. La jeune femme jeta un coup d’œil à travers la baie vitrée. La nuit avait pris ses marques et la rue londonienne n'était plus éclairée que par quelques lampadaires. Soudain, le tintement de la porte se fit retentir. Une sorcière rondelette vêtue d'une robe et d'un chapeau violet s'avança vers le comptoir.

-Vous reste-t-il quatre de ces merveilleux « As de pique meringué sur clair de lune à l'orange » ?

-Bien sur, acquiesça la jeune serveuse.

Elle emballa rapidement le petit paquet de papier kraft, encaissa la monnaie et souhaita une bonne soirée à la quadragénaire qui sortit aussitôt.

Pensive, elle passa derrière le comptoir et attrapa son paquet de cigarettes moldues. Avant d'emballer les invendus, elle avait besoin d'une dose de nicotine. Poussant la porte, elle s'assit sur la marche du perron et inspira une première bouffée de tabac.
Klemens Dabroski
Klemens DabroskiLoup-garou
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Profil Académie Waverly
Le Paradis d'Eden - Klemens Icon_minitimeMer 8 Oct 2014 - 13:01
Ses pas l'avaient conduit sur le Chemin de Traverse. Pour qui, pour quoi. Il n'en avait pas la moindre idée. Il se laissa néanmoins porter par pieds qui avançaient sans discontinuer. Il était bon parfois de marcher sans penser à rien. Il inspira profondément alors que l'air froid de la nuit le ragaillardissait. Dans cette douce torpeur créée par l'obscurité, il avait l'impression que toutes les horreurs qui avaient eu lieu au cours des derniers mois n'étaient que des songes lointains. Et pourtant, il n'en était rien. Il avait traversé toutes ces épreuves avec plus ou moins de stoïcisme. Au début, il s'était dit que tout cela ne le concernait pas réellement. Il n'avait jamais prétendu vouloir s'intéresser de près ou de loin à la politique anglaise.

Il avait eu ses propres soucis et il devait bien avouer que le changement de gouvernement ne l'avait pas intéressait plus que cela au début. Et puis, il avait vu ses droits augmenter, il avait obtenu la nationalité anglaise, il avait obtenu un emploi mais il ne s'était pas réellement senti concerné ni touché par tout ça. Il avait des droits, il voulait les conserver. Et puis, il y avait eu le carnage de Bristol. Et là, tout avait changé. Ses amis proches s'étaient directement retrouvé impliqué. Il avait compris qu'il ne pourrait plus regarder sagement sans agir. Oh bien sûr, après l'attentat du Chemin de Traverse, il avait déjà commencé à avoir son avis. Mais Valery était mort et avait emporté une grande parti de lui avec lui. Il n'avait plus eu la force de penser à tout ce que ces nouvelles réformes impliquait.

Il avait juste subi mais désormais, il refusait de subir. Il avait trouvé un nouveau chez lui et était bien décidé à y rester. Il était hors de question qu'il fuit. Il avait surmonté la mort de Valery sans déménager, il pouvait survivre à la crise identitaire du pays qui l'hébergeait. Pays qui était devenu le sien. Il était désormais temps qu'il s'investisse pour le rendre meilleur et plus égalitaire. Au fond, il reconnaissait que les lois de Marchebank avaient du bon. Il y avait des améliorations pour les Créatures Magiques et pour les femmes. Mais il sentait que tout cela n'avait rien de bon que ça cachait quelque chose. A commencer par la nationalisation de l'usine Nimbus et puis, le changement de nom de cette dernière. A quoi cela menait-il ? Il n'en avait pas la moindre idée mais cela ne lui disait rien de bon.

Il poussa un léger soupir et shoota dans un petit caillou qui se trouvait devant son pied lorsque qu'une légère lueur attira son attention. Intrigué, il se dirigea vers le faible rougeoiement et pu constater qu'il venait d'une cigarette à l'odeur qui s'élevait dans l'obscurité. Il n'aperçut que tardivement la jeune femme assise sur le perron. Il esquissa un léger sourire et fit face à la jeune femme seule.

"Bonsoir"

Il s'apprêtait à continuer son chemin lorsqu'il s'aperçut qu'il se trouvait devant une pâtisserie et qu'il n'avait rien avalé de la soirée. Son estomac se rappela à son bon souvenir dans un borborygme assez gênant. Il pouffa discrètement et revint légèrement sur ses pas.

"Dites... il vous resterait pas quelques pâtisseries par hasard ?"


Klemens Dabrosky