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Poupée de cire, poupée de son [Roy]

Isobel Lavespère
Isobel LavespèreChargée de communication
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Poupée de cire, poupée de son [Roy] Icon_minitimeMer 17 Sep 2014 - 21:53
1er Octobre 2008

Il était plus de vingt-heures lorsque Isobel quitta le Ministère, ses talons claquant sur le sol de l'Atrium. Le service de communication tournait à plein régime en ce moment après l'annonce de nombreuses mesures et la publications de plusieurs communiqués évoquant le drame des affrontements de Bristol qui avaient eu lieu voilà un peu plus d'une semaine. Le pays entier était traumatisé : entre cela et le Bloody Sunday, c'était comme si le pays sombrait dans une troisième guerre civile en moins d'un demi-siècle. Isy n'avait pas connu les deux premières guerres mais il fallait avouer que l'idée de pouvoir se faire assassiner en sortant uniquement dans la rue avait le don de l'effrayer. Les témoins des massacres de Bristol avaient parlé de sortilèges Impardonnables lancés au hasard au détour d'une place : comment pouvait-on être rassuré avec cette idée ?

Elle vivait pourtant loin de Bristol et le quartier magique d'Oxford était extrêmement tranquille mais cela ne suffisait pas à l'apaiser : marcher seule dans les rues le soir l'angoissait désormais et elle comptait bien remédier à cela. Elle portait déjà une amulette autour du cou, à vrai dire elle ne la quittait jamais, mais avait pour intention de fabriquer un gri-gri pour repousser les actes malveillants. Elle était partie ramasser de la terre au cimetière d'Oxford - même si elle était forcément moins puissante que celle récoltée au dessus des tombes de ses ancêtres - et avait acheté sept cristaux blancs, un peu de sel, un pentacle gravé sur une pièce, la cire des bougies qu'elle utiliserait pendant l'enchantement, un peu de crin de licorne et surtout le dernier ingrédient, interdit sur le territoire anglais : de l'essence de Circée. Ce dernier ingrédient était en réalité une poudre composée d'os humains réduits en poussière et ensorcelés ainsi que de plantes sacrées qu'on ne trouvait que dans certaines îles grecques. La poudre était fréquemment utilisée pour la magie noire et poussait surtout certains trafiquants avides de profit à profaner des tombes pour voler des os.

Et c'était bien pour cela qu'Isobel ne se fournissait pas n'importe où, songea-t-elle en transplanant sur la Promenade des Marins. Pour que son enchantement fonctionne, elle avait besoin des meilleurs ingrédients et savait que Roy se montrait rigoureux sur les qualités de sa marchandise. Cela faisait déjà quelques semaines qu'elle n'en n'avait plus mais elle savait également qu'il était plutôt occupé avec tous les troubles qui secouaient Bristol. Mais cette fois-ci, elle ne pouvait plus attendre : les tensions semblaient à leur maximum dans le pays et Isy avait besoin de se sentir en sécurité. La Promenade des Marins était particulièrement vide - les gens n'osaient plus sortir dehors - et elle pressa le pas pour arriver à l'immeuble où vivait Roy avant de pousser la porte et de monter les escaliers rapidement. Elle frappa trois coups sur le bois de la porte avant que cette dernière ne s'ouvre.

- Bonsoir, lança-t-elle. Tu as deux minutes ?


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Roy Calder
Roy CalderPropriétaire d'un haras
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Poupée de cire, poupée de son [Roy] Icon_minitimeSam 20 Sep 2014 - 17:10
Bristol ne s’était pas encore remise du traumatisme qu’elle avait subi, une semaine pus tôt. L’Avenue des Douze Chênes présentait encore nombre de dommages matériels, les commerces entourant la place pavée avaient été les plus durement touchés. Les habitants étaient les plus marqués, évidemment, il y avait eu des blessés, même des morts. Roy lui même n’en revenait pas de la tournure tragique que les évènements avaient pris. Il avait suffi d’une étincelle pour que le coeur de Bristol s’embrase tout entier. En quelques jours, c’était comme si le joyeux entrain qui avait toujours caractérisé la ville s’était mué en un climat malsain de crainte, de méfiance et de vengeance.

Cela s’estomperait sans doute, il fallait laisser à chacun le temps de panser les blessures. Bristol n’en était pas à son premier conflit sanglant, la pègre avait toujours gangréné la ville. C’était la première fois que Roy se trouvait mêlé aussi directement à une telle lutte. Il avait bien failli s’y brûler les ailes et perdre des personnes auxquelles il tenait. Il avait eu le temps d’y penser et de ressasser tout cela. De deux choses l’une. Tout d’abord, il n’avait plus envie que ses proches soient mêlés à des affaires dangereuses et risquées qui ne les concernaient pas. Deuxièmement, les sharacks allaient payer. Quand Fergus était venu le trouver un mois plus tôt pour l’impliquer dans une guerre de gangs, Roy lui avait fait savoir qu’il préférait garder ses distances avec tout ce qui s’apparentait à un règlement de compte violent et irréfléchi, qui risquait de porter préjudice à ses affaires. Mais c’était un discours facile à tenir quand on n’était pas mêlé directement. Dans tous les cas, le commerce dans la Voie était déjà pourri par tout le sang qui avait coulé ces derniers mois. Roy n’avait plus rien à perdre. Préférer la prudence était maintenant prendre le risque de rester sur la touche. Comme les autres, il fallait qu’il se batte pour sauver ses affaires et réussir à tirer son épingle du jeu.

Et Roy commençait déjà à le faire. Il n’avait pas tiré que du négatif de cette soirée sanglante, où lui et ses acolytes avaient bien failli perdre la vie. Bill Griggs n’était malheureusement pas mort, mais fortement affaibli. Ironie du sort, Roy lui avait sauvé la vie sans le vouloir, ce soir-là. Après tout, c’était lui qui avait démasqué les intentions des sharacks, par un heureux concours de circonstances. Cela lui avait donné une toute autre forme de crédit, auprès de Griggs et ses hommes. Roy était dorénavant chargé de certaines responsabilités, qui devaient rester secrètes… Il était décidé à en profiter, bien sûr, mais Bill ne l’entuberait pas deux fois. C’était un masque d’associé qu’il revêtait face à Griggs, mais c’était d’autres plans que Roy envisageait, de son côté. Il entrait dans une toute nouvelle phase, où il pouvait évoluer s’il parvenait à être assez malin. Il en avait discuté avec Jayce, ils étaient sur la même longueur d’onde, sauf que Jayce ne pouvait pas prendre autant de risques que lui. Il avait une famille, une femme, des filles. Roy n’avait pas de foyer à protéger, mais Jayce était comme son frère, il se sentait un véritable devoir d’entraide envers lui. Alors il prenait les commandes pour le moment, et ce qui était de l’ambition pure et dure dans son coeur était accompagné d’une autre forme de volonté. Roy avait haï de se sentir impuissant ce soir-là. Il ne laisserait plus jamais personne attenter à la vie de ceux qui lui étaient chers. Pour cela, il lui fallait devenir plus fort, n’est-ce-pas ?

Seules les personnes connaissant bien Roy auraient remarqué que quelque chose était différent chez lui, depuis le vingt et un septembre, tant ce n’était visible que par de petits détails. Oh il était toujours cet homme volage, narquois et orgueilleux que l’on connaissait, mais ses sourires étaient moins amusés, ses regards, plus durs. Parfois il s’arrêtait de parler, pour plonger dans de profondes réflexions, alors qu’il était plutôt du genre à toujours chercher un moyen de meubler le silence, habituellement. Il s’isolait un peu plus, aussi. Les soirs où il transplanait chez Klemens pour passer une soirée sans prise de tête entre potes se faisaient plus rares. Il perdait moins son temps, pour résumer. Il avait des soucis, qu’il lui fallait vite régler.

Dans ces circonstances, ouvrir sa porte sur Isobel Lavespère fut une surprise proche d’une piqure lui rappelant que sa vie de trafiquant continuait. Il avait toujours les mêmes affaires, les mêmes clients, les mêmes amis. C’était rassurant quelque part, il n’avait rien perdu de tout cela. Machinalement, il lança un bref regard derrière Isobel, pour s’assurer qu’elle était seule -ils étaient tous méfiants, ces derniers temps- avant de poser sa main sur son épaule pour l’inviter à entrer.

« Bien sûr, entre. »

Le bref contact fit sentir à Roy que la jeune femme était un peu tendue, mais peut-être était-il paranoïaque. Peut-être était-ce lui qui était sur les nerfs, tout simplement. Pourtant, voir Isobel ne lui déplaisait pas, loin de là. Roy nouait une relation particulière avec elle, il ne laissait pas toutes ses clientes entrer chez lui, bien évidemment. Mais cela faisait un moment qu’ils ne s’embarrassaient plus de ce type de formalités tous les deux, après tout, ils s’étaient vus l’un chez l’autre pour bien autre chose que des affaires professionnelles…

Roy la laissa se débarrasser de sa cape et s’installer sur le canapé, avant de prendre place à ses côtés. Il appréciait la jeune femme bien au-delà de ce qu’un fournisseur devrait envers sa cliente, mais c’était assez impressionnant comme le contact s’était facilement fait, entre eux deux. Ils s’étaient toujours trouvés sur la même longueur d’onde, avec Isobel, Roy savait que les choses étaient simples. Pourtant, leur relation était assez indéfinissable, tant elle passait sans cesse d’un état à un autre, de vendeur à cliente, en passant par amis, puis amants… Le plus étonnant était qu’ils s’y retrouvaient parfaitement.  

« Ca va ? Tu as l’air tendue. Tu préviens d’habitude, avant de venir, fit-il remarquer, d’un sourire. Cela ne le dérangeait pas vraiment, il y avait un moment qu’elle n’était pas venue le trouver, il était curieux de savoir ce que la jeune femme désirait. Tu veux boire quelque chose ? »


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Isobel Lavespère
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Poupée de cire, poupée de son [Roy] Icon_minitimeSam 20 Sep 2014 - 18:23
Une fois entrée dans l'appartement, Isobel ressentit un bref soulagement. L'atmosphère était tellement tendue dans les rues de Bristol qu'on avait l'impression de se sentir épié à chaque pas sans parler de la peur de se retrouver brusquement au milieu d'une altercation comme la ville semblait en avoir le secret. Tout en faisant quelques pas, Isy détacha du bout des doigts l'attache qui retenait sa cape légère avant de s'assoir sur le canapé, aux cotés de Roy. Ce dernier mit rapidement le doigt sur son état et elle soupira légèrement : elle était effectivement très tendue ces derniers temps et les titres alarmistes des journaux n'y étaient pour rien. Elle n'en n'aurait rien fait si ses proches enchantements et prières aux ancêtres ne lui avaient pas annoncés que des temps sombres approchaient, que le pays se déchirerait bientôt. Et s'il y avait bien une chose en laquelle Isobel croyait, c'était les prémonitions des esprits et leurs annonces sur l'avenir. Elle n'avait pas l'intention, contrairement aux autres innocents, de se laisser surprendre et souhaitait mettre en place sa propre protection dès maintenant.

- L'ambiance n'est pas des plus légères, ces temps-ci, lança-t-elle en un bel euphémisme. Se promener seule dans les rues de Bristol n'est pas vraiment rassurant.

Londres avait aussi connu son propre massacre voilà quelques mois mais l'ambiance y était beaucoup moins lourde, sans doute parce que le Chemin de Traverse semblait sous l'entier contrôle des forces de l'ordre tandis que Bristol et ses nombreuses allées sombres paraissait cent fois plus sauvage, presque insaisissable.

- J'aurais pu envoyer un hibou, mais j'avais peur que tu sois trop occupé pour me recevoir.

Elle n'était pas idiote : elle savait que Roy était forcément touché - voire mêlé - par les derniers évènements de la ville et qu'il devait avoir d'autres priorités qu'une commande de sa part. Passer le voir était une solution bien plus efficace qui lui garantissait d'avoir ce qu'elle voulait au plus vite. Ce n'était certes pas des plus polis mais ils se connaissaient assez pour pouvoir se permettre quelques petits écarts de temps à autres.

- Avec plaisir, peu importe ce que tu as, accepta-t-elle volontiers. Je sors du Ministère de la Magie, je n'ai pas pu me poser une seule seconde aujourd'hui. Le gouvernement est en pleine ébullition pour tenter de rassurer la population.

Elle remercia Roy d'un sourire lorsqu'il lui une Gobière et en avala une gorgée, fermant les yeux l'espace d'un instant.

- Tout se passe bien pour toi ?

Si l'ambiance était tendue du coté des honnêtes citoyens - ou du moins ce qui s'apparentait à ces derniers - elle n'osait pas imaginer ce qui se passait dans la Voie des Miracles. Elle n'avait même pas osé y mettre les pieds pour y trouver quelques ingrédients, préférant écumer l'Allée des Embrumes, moins prolifique mais mille fois plus sûre ces derniers temps.



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Roy Calder
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Poupée de cire, poupée de son [Roy] Icon_minitimeLun 22 Sep 2014 - 1:08
Roy hocha simplement la tête lorsqu’Isobel lui fit part de ses inquiétudes à se promener seule dans Bristol. Il comprenait, bien sûr. Depuis cet évènement que la presse avait relayé comme la « guerre des gangs », peu osaient sortir seuls ou rester tard dans les rues de la ville. Cela laissait Roy assez songeur sur les évènements à venir. C’était comme si le monde sorcier se souvenait quelle ville dangereuse avait toujours été Bristol. Cela porterait un sacré coup au commerce et à l’image de la ville c’était certain. Même pour ses propres habitants, elle avait perdu de la joie de vivre qui faisait son attrait si fascinant. Roy ne comptait bien évidemment pas quitter la ville comme certains envisageaient de le faire. Il avait presque toute sa vie, ici. Il ne comptait pas abandonner quoique ce soit, de toute manière, ce n'était pas son genre.

Isobel lui avoua ensuite qu’elle avait un peu forcé leur rencontre, en venant le voir directement. Il ne lui en tenait pas rigueur, mais la façon dont elle présenta les choses lui fit esquisser un léger sourire. Il haussa innocemment les épaules, usa du petit surnom dont il aimait bien affubler Isobel :

« Oh, j’aurai bien trouvé un moment pour toi, Isy. »

Ses mots sonnaient enjôleurs, mais Roy n’était pas aussi convaincant que d’habitude. Cela se sentait dans son ton, son sourire un peu pâle, son regard qui se fixait plus facilement dans le vide. Cette histoire ne l’avait pas rendu paranoïaque comme d’autres mais elle avait forcément déteint sur son humeur. On voyait en prêtant attention aux traits quelque peu tirés du trafiquant qu’il avait des soucis qu’il peinait à régler, et qu’il avait par conséquent moins la tête à plaisanter. Il se leva le temps d’aller chercher des gobières fraîches pour eux deux, se rassit à sa place en poursuivant leur discussion :

« J’imagine, vous devez être débordés. Ca fait un énième reproche de plus à jeter à la figure du gouvernement. L’insécurité, ça pardonne pas, ça gronde déjà pour manifester dans le coin, mais bon… Le souvenir du Bloody Sunday retient encore les gens, pas sûr que ça les retienne longtemps si Marchebank n’agit pas. »

Il haussa de nouveau les épaules. Isobel n’était pas la seule à pressentir de sombres temps en approche, Roy avait la sensation que la colère depuis le Bloody Sunday, loin d’avoir disparu, s’était muée en une véritable rancoeur. Si l’on y ajoutait des envies de vengeance qui empoisonnaient les coeurs de ceux qui avaient perdu des proches, le pays était loin d’être sauvé des émeutes qui lui pendaient au bout du nez. Roy n’attendait rien de la part de politiciens de toute manière. Il avait un business à sauver, et sa propre sécurité -en l’occurrence, aussi bien vis à vis de ses comparses que des Aurors qui avaient ouvert une enquête sur le soir du vingt et un septembre - à assurer, c’était tout ce qui lui importait pour le moment. A moins que Marchebank ne puisse lui assurer les deux d’un coup de baguette magique, il ne nourrissait pas d’intérêt particulier à l’égard de sa politique. Chacun ses emmerdes, comme il aimait le dire. Quand Isobel s’enquit de comment les choses allaient pour lui, Roy ne parvint pas à masquer une certaine amertume.

« Bien n’est pas vraiment le bon mot. Remarque, je suis toujours vivant, c’est déjà pas mal. Il avait l’humour noir facile, ces derniers temps. Il agita la main, comme il le faisait souvent lorsqu’on lui demandait comment il allait. Ca va pour l’instant. J’ai juste des détails à régler. »

Autre euphémisme. Ce dont Roy s’occupait n’avait rien de détails, mais Isobel n’avait pas besoin d’en connaître la nature exacte. Il ne voyait pas comment elle pourrait lui être d’une quelconque aide de toute façon, elle ne baignait pas dans ce milieu. Elle était simplement sa cliente. S’en souvenir ramena d’ailleurs le trafiquant à ses moutons. Il reposa sa gobière vide sur la table, puis se tourna vers la jeune américaine, curieux de savoir ce qu’il l’avait précisément amenée ici.

« Alors… Qu’est-ce que je peux faire pour toi ? »


Roy Calder

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Isobel Lavespère
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Poupée de cire, poupée de son [Roy] Icon_minitimeMer 24 Sep 2014 - 21:32
Quelque chose avait changé chez Roy, songea Isobel, quelque chose qui dépassait ses traits soucieux et sa mâchoire crispée de tensions. Depuis toujours, Isy croyait aux auras, ces halos qui entouraient les gens et changeaient au fil de leur vie et de leurs actions, de leurs natures profondes et elle sentait que celle de Roy s'était assombrie. Elle avait toujours prêté attention à ce genre de choses même si c'était plutôt moqué sur le vieux continent, là où les sorciers s'étaient éloignés des croyances antiques. Elle ne savait pas ce qui s'était passé et n'insisterait pas pour le savoir : elle-même connaissait très bien l'importance des secrets, tout n'était pas bon à dire. Au vu des récits apocalyptiques des journaux au sujet de ce soir-là, tous les coups avaient été permis pour pouvoir survivre et si c'était une réalité malheureuse, elle ne pouvait que la cautionner. Peu importe ce que Roy avait été obligé de faire en cette sombre soirée - elle était certaine que c'est pour cela que son aura avait changé, les esprits le confirmeraient sans doute si elle était amenée à leur demander - elle était certaine que cela avait été nécessaire. Beaucoup aimaient à se draper dans de grands principes moraux mais Isobel était certaine que la survie prévalait sur tous les idéaux. Mais loin de laisser transparaître ses pensées, la jeune femme se contenta de laisser fleurir un sourire mutin sur ses lèvres.

- Tu m'en vois ravie, murmura-t-elle.

Elle cilla légèrement lorsque Roy mentionna le Bloody Sunday - une catastrophe pour la communication du Ministère, à n'en pas douter - mais elle savait que ce dernier n'avait pas tort. La population était extrêmement sensible ces derniers temps et laissait donc peu de marge de manœuvre au gouvernement. Les journaux ignoraient leurs communiqués de presse qui se voulaient rassurants pour publier encore et encore de sanglants récits afin de faire monter leur chiffre d'affaires, à n'en pas douter. Mais elle était confiante, elle avait voté pour le FREE et le Ministre Marchebank ne semblait pas être le genre d'homme à se laisser marcher sur les pieds, elle était certaine que des mesures radicales seraient bientôt annoncées.

- Marchebank agira, affirma Isobel d'un ton ferme. Et j'ai hâte de pouvoir le communiquer.

Elle reposa sa Gobière sur la table basse avant d'appuyer son coude sur le dossier du canapé, se tournant plus vers Roy lorsqu'il évoqua son état. Ils avaient beau se connaître depuis des années et elle avait beau savoir qu'il trafiquait, elle ne s'était pas vraiment étendue sur le sujet pour connaître l'ampleur réel de ses activités, tout comme il ne savait pas ce qu'elle faisait des ingrédients qu'elle lui achetait. Elle ne connaissait pas vraiment la position de Roy au sein des gangs qui agitaient Bristol et donc à quel point il pouvait être affecté par les derniers évènements.

- Je dirais plutôt qu'ils ne t'ont pas défiguré, c'est ça qui est pas mal. Cela aurait été dommage, le taquina-t-elle en effleurant son menton du bout des doigts.

Il n'avait pas envie d'en parler, elle le voyait bien et elle ne comptait pas insister. Peut-être même qu'elle n'avait pas envie de savoir, quand elle y pensait bien. En se fournissant dans la Voie des Miracles, elle se mouillait déjà un peu trop à son goût. Elle voulait soutenir le Ministère et y être reconnue, pas voir ses fonctionnaires se retourner contre elle. Le vaudou était mal perçu au sein du pays et elle possédait bien trop de produits interdits au sein de son appartement pour passer pour une innocente. Mais elle ne renoncerait pas à son culte pour les beaux yeux de son pays d'adoption et comptait bien continuer de pratiquer malgré les risques.

- J'aurais besoin d'Essence de Circée, commença-t-elle en retrouvant tout son sérieux. D'excellente qualité, plusieurs sachets si possible. Et surtout, le plus important, très rapidement.


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Roy Calder
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Poupée de cire, poupée de son [Roy] Icon_minitimeJeu 25 Sep 2014 - 1:52
La détermination avec laquelle Isobel répliqua que le ministre agirait fit sourire Roy. Il l’avait toujours connue ainsi, pas du genre à tergiverser quand elle avait un objectif en ligne de mire. Il savait qu’elle se consacrait avec acharnement à son travail au ministère, même s’il n’avait jamais eu l’occasion de voir cette facette d’elle à l'oeuvre. Ce qu’il connaissait d’Isobel était précisément ce qu’elle s’évertuait à cacher, comme c’était le cas de la plupart de ses clients, qui menaient souvent une double vie. Il décelait le caractère de bûcheuse ambitieuse de la jeune femme derrière sa conversation, sa détermination apparente, même, sa manière de s’habiller et cela avait le don de réveiller chez lui certains fantasmes qui n’avaient rien d’original. Isobel Lavespère ? La working girl par excellence, dans l’esprit du trafiquant, qui aurait secrètement bien aimé la voir dans son milieu de prédilection…

Roy se laissa caresser le menton, un sourire aux lèvres. Il prit la même position qu’Isobel, accoudé au dossier de son canapé afin de lui faire face, tandis que ses doigts à lui vinrent effleurer quelques unes de ses mèches de cheveux.

« Ah oui ? Tu l’aurais regretté à quel point ? »

Si flirter avec la jeune femme lui avait manqué, il savait que ce n’était pas tout à fait le moment de s’y laisser aller. Sa main retomba quand Isobel prit un ton plus sérieux, pour lui exposer ce qu’elle était venue chercher. L’essence de Circée était un ingrédient interdit sur leur territoire, mais qui circulait assez facilement parmi les trafiquants, tant il était couru par ceux qui pratiquaient la magie noire. Roy était certes occupé à gérer les répercussions de la guerre des gangs, mais il n’avait pas non plus abandonné son commerce. C’était précisément en temps de crise que les clients étaient les plus demandeurs, il se devait de se montrer à la hauteur.

« Je peux t’avoir ça dès demain, je pense… répondit-il, après quelques secondes de réflexion. C’est tout ce qu’il te faut ? »

Ce n’était pas la première fois qu’Isobel lui en demandait. Plusieurs fois, il s’était posé la question de quel genre de sortilège elle pratiquait en secret. Le plus étrange était comme à chaque fois, elle semblait en avoir besoin, exactement comme c’était le cas actuellement. Elle se montrait pressante, ou exigeait une certaine qualité. Isobel était une cliente de bien trop longue date pour laisser des doutes à Roy. Elle s’adonnait à des pratiques régulières de magie bien louche. Connaître les ingrédients qu’elle utilisait avait laissé quelques indices à Roy sur la nature de cette magie, mais ce n’étaient jamais que des hypothèses dont il n’avait jamais parlé ouvertement à la sorcière… C’était comme une sorte de contrat silencieux entre eux. Isobel ne lui posait pas de question particulière sur ses trafics, et Roy respectait ce qu’elle avait l’air de vouloir tenir secret. Mais parfois, l’envie de savoir était tentante, plusieurs fois, la question lui avait brûlé le bout de la langue.

S’il ne se trompait pas sur son compte, elle pourrait peut-être lui apporter de l’aide, se prit à songer Roy. Au moins, le mettre sur la voie. Il avait mille préoccupations en tête, ces derniers temps, la plupart tournées vers ses envies de vengeance. Son petit doigt lui disait qu’ils pouvaient peut-être inverser les rôles pour une fois, qu’il pouvait devenir le client. Essayer de savoir ce qu'elle trafiquait pourrait lui être autrement plus utile que de satisfaire simplement sa curiosité.

Le regard que Roy posa sur la jeune femme une fois qu’elle eût répondu et qu’il estima qu’ils avaient terminé leur transaction, fut celui charmeur qu’Isobel avait déjà vu plusieurs fois. Il savait quels étaient les moments où elle se confiait le plus facilement. Comme lui, quelque part, près d’un oreiller… Son regard apprécia une énième fois les jolis traits de la jeune femme dont il ne se lassait décidément pas. Il n'était pas si calculateur, il en avait sincèrement envie. Avec Isobel, c'était simplement joindre l'utile à l'agréable, c'était ainsi qu'il avait toujours vu leur relation de toute manière, et il savait que la jeune femme ne pensait pas différemment. Un sourire mutin s’étirait sur ses lèvres de Roy. De ses doigts, il frôla sa joue pour qu’elle se tourne vers lui, sa voix se fit plus caressante :

« J’espère que tu es moins pressée de partir que d’avoir tes ingrédients, Isy. Ca fait bien trop longtemps que tu n’es pas venue me voir pour que je n’essaye pas de te retenir. »


Roy Calder

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Isobel Lavespère
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Poupée de cire, poupée de son [Roy] Icon_minitimeJeu 25 Sep 2014 - 23:38
- Disons que mes visites auraient été beaucoup moins plaisantes, souffla simplement Isobel avec un sourire dans la voix.

Elle retrouva néanmoins bien vite son sérieux lorsqu'ils commencèrent à parler affaires, c'était bien trop important pour qu'elle se laisse distraire par quelques badinages. Elle s'investissait beaucoup dans ses rituels et cela prenait une part importante dans sa vie. Elle avait besoin des produits de la plus haute qualité et à vrai dire, au prix où elle les payait, elle estimait que c'était mérité. Elle souhaitait faire son enchantement de protection au plus vite et elle se détendit imperceptiblement lorsque Roy lui affirma qu'il pouvait lui avoir de l'essence de Circée pour demain.

- C'est parfait, lança-t-elle. C'est tout ce dont j'avais besoin.  

Il lui restait assez des autres ingrédients et elle poussait parfois le vice jusqu'à aller les chercher eux-même. Lorsqu'elle était à la Nouvelle-Orléans, on lui avait appris à localiser certains ingrédients courants, notamment des herbes. On ne trouvait pas tout sur le sol du Royaume-Uni mais elle arrivait à cueillir certaines plantes magiques pour pouvoir en faire un usage plus régulier que si elle devait les acheter. Satisfaite de leur accord, elle tendit la main vers la Gobière qu'elle avait laissée sur la table pour en boire une gorgée. L'idée de pouvoir lancer son enchantement dès demain éclairait sa semaine, cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas eu l'occasion de vraiment pratiquer en dehors des cultes usuels. Elle venait de reposer sa bouteille sur la table basse lorsqu'elle sentit les doigts de Roy effleurer sa joue, ce qui lui arracha un sourire amusé. Joueuse, elle s'appuya de nouveau contre le dossier du canapé, laissant ses doigts s'égarer sur le bras de Roy.

- J'ai été très occupée, répondit-elle tranquillement. Et toi aussi je suppose...

Une guerre des gangs, des meurtres en pleine rue, des trafics en train de s'agrandir... Il y avait en effet de quoi rester occupé. Elle-même ne mentait pas, elle avait beaucoup de travail en ce moment mais ce n'était pour cela qu'elle se refuserait un moment de détente. Après tout, il ne fallait pas sans cesse se consacrer à son poste, non ?

- T'aurais-je manqué ? le taquina-t-elle en se penchant un peu vers lui.  


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Roy Calder
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Poupée de cire, poupée de son [Roy] Icon_minitimeSam 27 Sep 2014 - 19:16
Il y avait quelque chose de réellement envoûtant chez Isobel, à chaque fois qu’il la voyait, il s’en faisait la réflexion. C’était assez difficile de mettre le doigt dessus, pourtant. Il aurait bien parlé de son élégance étudiée, de l’assurance qui brillait au fond de ses pupilles sombres, de ses formes voluptueuses, ou même, de son métissage et de son léger accent qui laissait penser qu’elle n’avait pas grandi au Royaume-Uni… En tous les cas, il ne fallait jamais longtemps à Roy pour qu’il se laisse capturer par les charmes de la belle employée du ministère. Il frissonna légèrement lorsqu’elle effleura sans le savoir la cicatrice qui lui striait désormais le biceps gauche, jusque l’épaule. Le pull qu’il portait la masquait encore… pour le moment. Son sourire s’agrandit un peu plus en la voyant s’approcher de lui, tandis qu’il s’avançait également jusqu’à n’être plus qu’à quelques centimètres de son visage quand il lui répliqua :

« Et moi ? »

Lui retourner la question était tout autant une façon de la faire languir sur sa réponse que de la lui laisser deviner. Son attitude parlait déjà pour lui, de toute manière. Franchissant sans hésiter les quelques centimètres qui les séparaient encore, Roy fit glisser sa main sur la nuque de la sorcière, puis s’empara de ses lèvres dans un long baiser. Oui, Isobel lui avait manqué, pas seulement pour le plaisir de pouvoir poser ses lèvres sur les siennes. Elle tombait à pic, à vrai dire. A un moment où tout était tellement compliqué et en fouillis dans sa vie, où il avait tendance à se refermer sur lui-même, Isobel arrivait comme une occasion de sortir un peu la tête de l’eau. Tout avait toujours été tellement simple avec elle, il savait qu’elle ne lui tiendrait même pas rigueur qu’il profite de sa présence pour se changer les idées. Le fait qu’ils soient tombés d’accord sur la nature de leur lien ne pouvait qu’aider. Ce n’était pas Isobel qui lui prendrait la tête, qui lui réclamerait de l’attention, qui se montrerait possessive, lourde ou inquisitrice. Espacer les moments où ils se voyaient était précisément ce qui l’aidait à ne pas se lasser, garder une distance de secret était ce qui leur permettait de ne pas s’attacher plus que nécessaire, et cela convenait parfaitement à Roy. Il n’avait jamais envisagé de faire évoluer leur relation vers quelque chose de plus sérieux, ce serait massacrer du pain béni. Ils pensaient de la même façon, tous les deux, bien trop attachés à leur indépendance. Non, ce n’était pas avec Isobel qu’il vivrait quoique ce soit de romantique, et tant mieux ! Roy avait toujours été incapable d’assurer, à ce niveau-là.

Mais il se rattrapait ailleurs. Il lâcha brièvement la jeune femme pour reprendre son souffle et lui murmurer en faisant glisser son pouce sur sa joue, un fond moqueur dans la voix :

« Ils ne vous disent pas de vous accorder des moments de détente entre deux dossiers alarmistes, au ministère ? »

Roy captura de nouveau ses lèvres pour un baiser plus ardent cette fois, sans manquer de laisser sa main remonter le long des douces hanches de la sorcière sous son chemisier, et de signaler par là ses intentions.


Roy Calder

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Poupée de cire, poupée de son [Roy] Icon_minitimeDim 5 Oct 2014 - 22:48
Isobel ne répondit pas à la question de Roy, se contentant de laisser un sourire fleurir sur ses lèvres tandis que ses doigts virent effleurer la nuque de ce dernier. La relation qu'ils entretenaient tous les deux était particulière et on ne pouvait pas parler d'attachement qui engendrerait un manque : les règles de leur collaboration étaient tacitement établies et Isy était de toute manière bien trop indépendante pour se lancer dans une relation amoureuse aliénante et encombrante. Néanmoins, malgré ses années de présence sur le territoire britannique, elle connaissait peu de monde personnellement, peinant à faire confiance aux personnes qui l'entouraient. Sa vie sociale en dehors du Ministère était quasiment inexistance, chacune de ses relations se limitant à des rapports strictement professionnels. Roy était l'exception à cela, une coupure dans son quotidien et l'assurance d'un délicieux moment en compagnie de quelqu'un qu'elle appréciait, sans avoir à en subir de conséquences.

Contrairement à une partie importante des femmes de son âge, Isobel n'était pas à la recherche d'un petit-ami, éventuellement d'un futur mari, les trentenaires - et plus particulièrement les femmes - ressentant de plus en plus sur leurs épaules la pression sociale. Il fallait se marier, se poser et faire des enfants avant qu'il ne soit trop tard. Cela n'avait jamais été l'un de ses buts dans la vie et cela ne le serait sûrement jamais. Elle vivait pour elle, pour ses ambitions, pour son accomplissement personnel et l'idée d'une famille ne rentrait pas en compte. Elle n'avait jamais connu ce schéma traditionnel, élevée dans une communauté et délaissée par sa mère, et le trouvait de toute manière follement ennuyeux. De plus - si par hasard l'idée saugrenue de mettre des enfants au monde lui avait traversé l'esprit - ce schéma incluait nécessairement une relation amoureuse stable, chose qu'elle n'avait jamais connu non plus. Elle était pourtant loin d'être seule et avait découvert la compagnie des hommes tôt, lorsqu'elle avait fuit la Nouvelle-Orléans à seize ans, et ne se privait jamais de séduire des hommes rencontrés à l'occasion d'une éphémère soirée. Mais tout cela nécessitait du temps et de l'énergie et elle manquait fréquemment du premier, tandis que le deuxième lui faisait parfois défaut après de longues journées au Ministère de la Magie. Être avec Roy était un fait simple et établi et lorsque l'occasion se présentait, elle ne disait jamais non à l'idée de passer un moment avec lui.

Lorsqu'il glissa une main sur sa nuque avant de l'embrasser, Isobel laissa glisser sa main sur la hanche de Roy, profitant de leur long baiser pour oublier un peu toutes les tensions de la journée. Lorsqu'ils se séparèrent, elle laissa échapper un léger soupir de contentement tandis qu'il effleurait sa joue du pouce. Son sourire se fit aguicheur à la remarque de Roy et elle laissa échapper un léger rire.

- Que veux-tu ? Tu sais à quel point je suis professionnelle... murmura-t-elle sans se départir de son sourire.

Mais l'heure n'était plus vraiment à la discussion et surtout pas s'il fallait parler de travail. Laissant les mains de Roy se glisser sous son chemisier, elle en défit elle-même les premiers boutons, tandis que les suivants suivaient tout aussi rapidement...

OOOO

Cela faisait quelques semaines que Isobel n'avait pas été détendue comme cela et, il fallait l'avouer, elle avait oublié à quel point c'était agréable. Tout en se redressant légèrement, elle se tourna vers Roy, laissant ses doigts effleurer la cicatrice qui ornait désormais son bras gauche. Elle n'y était pas la dernière fois qu'ils s'étaient vu et il ne fallait pas être savant pour attribuer cette marque aux évènements sanglants qui avaient bouleversé Bristol voilà quelques temps.

- Je dois bien avouer que tu m'as manqué un peu sur ce plan là, avoua-t-elle avec un sourire. Mais si tu le répètes, je nierai entièrement cette discussion.


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Poupée de cire, poupée de son [Roy] Icon_minitimeJeu 9 Oct 2014 - 0:36
Les doigts de Roy retraçaient l’épaule de la jeune femme qu’il tenait blottie contre lui. Toujours pensif, mais bien plus serein que tout à l’heure. Cela faisait un certain temps qu’il ne s’était pas accordé ce genre de moment avec une femme. Avec les derniers évènements et ce mois qui avait filé à toute allure, ponctué de problèmes pour lui, il en avait oublié de se détendre lui aussi. Le commentaire d’Isobel le secoua d’un rire amusé, il ne put s’empêcher de la taquiner en ricanant :

« Ah je n’ai pas le droit de te le rappeler de temps en temps, juste pour ma fierté personnelle ? »

Bien sûr, son ego aimait savoir que leurs moments à deux avaient manqué à la jeune femme. Mais avant tout, il était reconnaissant qu’elle se soit prêtée au jeu. Il baissa le regard vers sa partenaire, tandis que son sourire se faisait plus sincère.

« Ca m’avait manqué aussi. »

Sur ces mots, il se pencha vers elle pour lui voler un baiser caressant. Ils n’étaient liés par aucune relation prédéfinie, mais cela ne les empêchait pas d’échanger des paroles tendres, parfois. Ils savaient tous deux qu’elles ne les engageaient à rien, puisqu’ils avaient naturellement posé les limites qui leur convenaient. Roy relâcha sa partenaire, sans pour autant cesser de la dévisager. C’était bien étrange, comme relation, en y réfléchissant. A une simple amante, il n’aurait pas ressenti l’envie de se dévoiler. Plutôt individualiste, Isobel n’était pas une femme spécialement compatissante, pourtant. Il aurait pu imputer son élan à ce fameux moment des confidences sur l’oreiller. La vérité était qu’Isobel avait souvent un point de vue intéressant, différent de ce que Roy avait l’habitude d’entendre, c’était ce qui faisait entre autres qu’il aimait discuter avec elle… aussi.

Joindre l’utile à l’agréable, telles avaient toujours été leurs intentions, ni l’un ni l’autre ne s’en étaient jamais cachés. Puisqu’Isobel avait obtenu ce qu’elle voulait de lui en venant ici, Roy pouvait tenter de servir ses intérêts, lui aussi. La main de la sorcière sur sa cicatrice avait ravivé ses objectifs actuels. Son bras toujours autour des épaules de la jeune femme, Roy revint à sa position initiale, celle où ils ne se regardaient pas directement et pouvaient laisser leurs pensées vagabonder. Il cherchait simplement comment tourner ses phrases. Il ne pouvait pas tout lui dire non plus. Il n’était pas exempt d’une certaine prudence, même, méfiance, surtout ces derniers temps où ses ennemis se révélaient nombreux. Après tout, il ne connaissait pas tout d’Isobel… Mais il se doutait de certains pans de sa personnalité qu’elle s’évertuait à ne pas évoquer. Les autres pouvaient se laisser berner par son apparence irréprochable, par son talent pour rester professionnelle en toutes circonstances. Pas Roy. Pas quand il était celui qui lui vendait de l’essence de Circée, et autres ingrédients fortement interdits sur leur territoire. Roy ne vendait pas sans savoir, il avait fait ses petites recherches. Il avait toujours fait mine de ne pas s’y intéresser, Isobel faisait bien ce qu’elle voulait, sans qu’il n’ait aucun droit de regard ou de critique dessus. Loin de lui l’idée de critiquer, dans tous les cas, il n'était pas blanc non plus. Mais après toutes ces années de collaboration, il fallait bien que cette discussion arrive un jour. Elle venait simplement… à point nommé.

Après un certain silence où Roy ne parut rien faire d’autre que laisser ses doigts jouer avec les mèches de la sorcière, mais où Isobel avait certainement deviné qu’il serait le premier à reprendre la parole, sa langue se délia enfin.

« Dis-moi, Isy… Si tu devais te débarrasser de quelqu’un, tu ne te servirais pas de ta baguette, n’est-ce-pas ? »

Il avait choisi de parler assez directement. Isobel ne lui avait jamais paru le genre à apprécier que l’on tourne autour du pot, et ce n’était pas dans les habitudes de Roy non plus, quand il s’agissait de parler affaires. Pourtant, quelque part, il restait prudent dans ses tournures. Si quelqu’un d’autre les avait écoutés, il n’aurait sans doute pas compris ce que sous-entendait le trafiquant. Pour Isobel, parfaitement avertie, c’était simplement lui signaler qu’il n’était pas dupe, qu’il ne l’avait jamais été, en vérité. Conscient qu’il y avait une raison au fait qu’elle ait toujours évité d’en parler, Roy ajouta, un léger sourire aux lèvres :

« Tu n’es pas obligée de répondre. Mais si tu le fais, je nierais entièrement cette discussion, aussi, bien sûr. »


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Poupée de cire, poupée de son [Roy] Icon_minitimeLun 13 Oct 2014 - 0:22
- Comme si ton égo avait besoin de ça, répliqua-t-elle avec néanmoins un sourire amusé sur les lèvres.

Elle aimait bien Roy et ce fait était assez rare pour être signalé. Isobel avait toujours eu du mal à se lier aux gens personnellement à partir du moment où elle avait quitté son coven et la Nouvelle-Orléans. Elle avait encore plus de mal avec les hommes, qui se contentaient de passer dans ses nuits pour ne plus jamais y revenir. Roy était l'exception et c'était sûrement  - outre le fait qu'elle se fournissait chez lui - parce qu'ils s'étaient toujours entendus tout en restant sur la même longueur d'ondes concernant cette relation. Elle trouvait beaucoup d'hommes inutiles, arrogants et faibles d'esprits mais disons que Roy avait su gagner son estime, malgré sa condition de mâle. Elle appréciait certains côtés de cette condition, dirons-nous, et puis Roy n'était pas si mal, pour un homme. Elle le laissa lui voler un baiser avant d'installer sa tête sur son épaule, laissant les doigts de Roy jouer avec quelques mèches de ses cheveux.

Un silence s'installa entre eux mais elle n'en n'avait cure : elle sentait que Roy était plongé dans ses pensées et qu'il ne tarderait pas à reprendre la parole. Ils se connaissaient depuis cinq ans et même s'ils cachaient tous les deux une grande partie de leur vie l'un à l'autre - Isy connaissait l'importance des secrets - ils savaient néanmoins quelques petites choses sur leurs caractères réciproques. Elle se doutait bien que ce qui était arrivé à Bristol il y a maintenant une dizaine de jours devait tourner dans son esprit, même si elle ne savait pas à quel point il était impliqué. A vrai dire, elle ne tenait pas vraiment à le savoir : elle se mettait déjà dans une position délicate en fréquentant la Voie des Miracles et si elle avait une confiance relative en Roy, elle savait qu'elle n'était pas à l'abri de se faire remarquer par les autorités du Ministère. Alors si elle devait se mêler des affaires des gangs... Elle préférait rester dans son coin, avec ses secrets et ses pratiques magiques. Mais visiblement, Roy pensait à la même chose au vu de la question qu'il lui posa. Se raidissant imperceptiblement dans ses bras, Isobel se redressa sur un coude, chassant une mèche de son visage.

Elle aurait pu nier, mais cela aurait été inutile : puisqu'il la fournissait, Roy savait parfaitement quel genre de produits elle utilisait et il était assez intelligent pour faire le lien. Il ne lui avait jamais néanmoins posé de questions et elle se méfiait assez de ce changement. Il avait beau lui assurer qu'il ne dirait rien, on était jamais à l'abri d'une trahison... La seule chose qu'elle savait c'est que si elle tombait, elle avait de quoi se venger. Même si quand on y pensait bien, Roy n'avait aucune raison de la trahir : ils étaient plutôt amis.

- Disons que la baguette magique n'est pas l'outil avec lequel je me sens le plus à l'aise, répondit-elle précautionneusement.

Elle n'avait d'ailleurs commencé à se servir d'une baguette régulièrement qu'en arrivant à Salem pour étudier la magie européenne. Son coven en possédait mais elles étaient utilisées pour des sortilèges bien précis, le reste de la magie se composant plutôt de potions et d'enchantements sans baguettes magiques.

- Mais ça, tu t'en doutes bien, ajouta-t-elle en plongeant ses prunelles sombres dans les siennes. Qu'est-ce que tu veux savoir, Roy ?

Elle s'était redressée un peu plus, encore un peu dissimulée par le drap.


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Poupée de cire, poupée de son [Roy] Icon_minitimeSam 18 Oct 2014 - 14:00
Roy la sentit se raidir légèrement à sa question. Il écarta sa main pour la laisser se redresser, ne chercha pas à la retenir. Au regard qu’elle vrilla sur lui, il perçut sa méfiance. C’était normal, il venait de briser l’une des règles tacites qu’ils avaient toujours respecté : ne pas se poser de questions sur leurs affaires respectives. Elle se demandait sans doute pourquoi il avait décidé de briser le tabou, soudainement. Roy soutint son regard sans ciller. Il avait besoin de ses réponses, Isobel ne le savait pas encore, mais elle pouvait l’aider… S’il parvenait à avoir sa confiance.

Car il ne se leurrait pas, Isobel n’était pas le genre de femme à l’accorder facilement. Ils avaient beau flirter avec les limites entre amis et amants depuis cinq ans, Roy savait qu’elle lui cachait volontairement une part d’elle, et qu’elle ne se dévoilait que très peu de façon générale, même à lui. Pensivement, il laissa son regard glisser sur les traits si particuliers d’Isobel. Plusieurs fois, il s’était demandé d’où cette femme venait, pour avoir tant de secrets, et pour que ses informateurs soient incapables de lui dire quoique ce soit de plus à son sujet qu’il ne savait déjà. Roy ne s’était pas entêté, cette part de mystère faisait son charme, quelque part. Mais ce soir, il avait besoin qu’Isobel s’ouvre à lui, un peu plus que ce qu’elle avait bien voulu le laisser voir d’elle. Il se redressa à son tour lorsqu’elle lui demanda ce qu’il voulait savoir. La réponse était simple. La façon de l’amener, beaucoup moins…

Tout en réfléchissant à la manière dont il allait procéder, Roy laissa ses doigts écarter une mèche du front de la sorcière, puis glisser le long de sa mâchoire avant de finir leur course sur son menton, qu’il souleva légèrement vers lui. C’était l’occasion ou jamais. S’il ne profitait pas du moment de complicité qu’ils venaient de partager, il devrait sans doute attendre un certain temps avant qu’une chance d’obtenir des informations de sa part ne se présente à nouveau. Or, du temps, il n’en avait plus. Il lui fallait tenter le coup maintenant. Un brin de tendresse dans ses gestes, de séduction dans son regard… Roy avait ses petites techniques pour se montrer persuasif, depuis le temps qu’il avait appris à utiliser son charme. Pourtant, il resta sérieux dans son ton. La situation était tout sauf badine, lui comme Isobel l’avaient compris.

« Si j’ai raison à ton sujet ou pas. Et… Sa main remonta dans une caresse, entre son cou et sa joue. Si tu peux me rendre service. »

Ses yeux plongés dans ceux d’Isobel avaient une lueur de détermination qui ne l’avait pas quitté depuis cette fameuse guerre de gang. Roy savait où il marchait désormais. Il savait qu’il faisait partie de la liste noire de certains de ses congénères. Mais il s’en était constituée une aussi. La plupart étaient des hommes qui avaient été identifiés lors du conflit, recherchés par le BDA actuellement, d'autres, des hommes plus discrets, mais plus dangereux aussi. Rien pour rassurer Isobel, il en était conscient. Mais il était prêt à tout pour la convaincre.

« Dans quelle mesure tu peux m’aider, si je te dis qu’il y a des personnes dont je veux me débarrasser ? »

Il s’attendait à ce que sa méfiance ou sa réticence s’accroissent à cette question, mais il avait besoin de savoir cela. Il la rassurerait ensuite, s’il s’avérait que ses espérances étaient fondées et qu’elle pouvait en effet faire quelque chose pour lui, avec sa magie vaudou. Il lui faudrait sans doute négocier pour obtenir gain de cause, cela tombait bien, Roy n’était pas trop mauvais à ce jeu-là.


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Poupée de cire, poupée de son [Roy] Icon_minitimeDim 26 Oct 2014 - 22:50
Isobel n'avait jamais été le genre de femmes à se laisser avoir par des minauderies pour la simple et bonne raison que c'était sa technique à elle. Elle qui avait grandi dans une société matriarcale avait très vite compris que le reste du monde ne fonctionnait pas ainsi et c'étaient les hommes qui en tiraient les ficelles, reléguant les femmes à un rôle secondaire, considérant - parfois même inconsciemment - qu'ils avaient du pouvoir sur elles, jolies petites choses fragiles. Dès qu'elle avait quitté la Nouvelle-Orléans, alors qu'elle n'avait que seize ans, elle avait bien vite remarqué que les hommes étaient bien plus enclins à l'aider lorsqu'elle était gentille avec eux. Cette théorie s'était d'ailleurs vérifié à tous les stades de sa vie avec tous les hommes qu'elle avait pu croiser, toujours flattés de voir qu'une jolie femme - et Isobel avait tout à fait conscience de ce qu'elle dégageait - s'intéressait à eux. Certaines auraient dit qu'elle nuisait à la cause des femmes, en agissant ainsi. Isobel, elle, considérait qu'elle retournait contre eux les actes des hommes, qu'elle utilisait les outils qui lui avaient été donnés par une société d'hommes. Elle ne se leurrait pas : les gestes tendres de Roy était uniquement là pour l'attendrir.

- Quel genre de service ? interrogea-t-elle sans le quitter des yeux.

Certains sorciers vaudous s'installaient à leur compte et promettaient monts et merveilles à des clients, se servant de leur pratique de la magie et leur influence sur les esprits pour faire du commerce. Isobel, elle, avait été élevée dans le respect le plus pur de la religion et on lui avait appris à ne faire de la magie que pour elle-même ou la communauté. Elle avait toujours appliqué ce principe mais pour la simple et bonne raison qu'elle avait toujours servi uniquement ses propres intérêts. Charmes de chance, de protection... Beaucoup de sorts mineurs bien qu'elle possède un grimoire puissant. Elle n'avait jamais vraiment testé les limites de ses pouvoirs, elle était partie trop tôt de la communauté. Sa mère aimait à répéter qu'ils étaient puissants, en bonne descendante de Marie Laveau mais elle s'était contenté d'effleurer les possibilités que la magie vaudou lui offrait. C'était tentant d'approfondir ses connaissances mais elle savait que c'était trop risqué : elle n'avait pas envie d'éveiller les soupçons des Aurors. Mais au vu de la lueur de détermination qui brillait dans les yeux de Roy, Isobel se doutait bien qu'il ne devait pas être question de simple magie basique, de la magie qu'un anglais pourrait réaliser. Elle eut vite confirmation de ses soupçons lorsqu'il parla de personnes de qui il aimerait se débarrasser. Mais qu'il lui demande à elle si pouvait l'aider... Isobel faisait certes dans la magie vaudou, pas dans le meurtre aux dernières nouvelles.

- Tu penses que je m'amuse à égorger des gens avec mes talons sur mon temps libre ? lança-t-elle d'un ton âpre, haussant les sourcils. A vrai dire, la pique était surtout destinée à lui faire gagner du temps.

C'était un stade de sa magie si élevé, des sortilèges qu'elle n'avait même pas osé murmurer dans son grimoire, des malédictions, du contrôle des esprits si puissants qu'elle doutait même d'arriver à les convoquer. Mais d'un autre coté, explorer ces cotés-là de la magie semblait si tentant... Secouant la tête, elle glissa une mèche de cheveux derrière son oreille, posant de nouveau son regard sombre sur Roy.

- Je suis née à la Nouvelle-Orléans.

Son accent américain, légèrement baigné de teintes de français, avait dû parler pour elle mais la ville de la Nouvelle-Orléans avait une résonance particulière dans l'esprit des sorciers, le vaudou l'avait entièrement imprégnée et elle était connue pour cela dans le monde entier. Les sorciers les plus cultivés en connaissaient les clans mais jusqu'ici, son nom avait encore été peu reconnu : les anglais s'intéressaient peu au vaudou et aux familles qui le pratiquait. Elle n'avait jamais vraiment révélé son lieu de naissance mais ce dernier était suffisamment chargé d'histoire pour que Roy comprenne où elle voulait en venir.

- Je pratique régulièrement, des sorts peu puissants. J'ai la théorie pour le reste mais je n'ai pas envie d'avoir des ennuis avec les Aurors.

Elle se redressa complètement, couverte du drap.

- Qu'est-ce que tu veux exactement ?

Elle ne s'engageait à rien, mais elle était curieuse. Cette demande la surprenait de la part de Roy - pas tant parce qu'elle brisait les règles qu'ils avaient silencieusement établies - mais parce qu'elle n'aurait pas attendu cela de lui.


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Poupée de cire, poupée de son [Roy] Icon_minitimeDim 2 Nov 2014 - 22:58
Roy ne se débina pas face à l’agressivité soudaine de la sorcière. Le sujet était très délicat à aborder. Il ne pouvait pas lui parler de ses secrets et de meurtres sans s’attendre à ce qu’elle se mette sur la défensive. La seule chose qui le contrariait était de voir que son approche enjôleuse ne fonctionnait pas. Il lui fallait trouver un autre angle d’attaque.

Elle ne se ferma pas à tout dialogue, cependant, ce qui était déjà un bon point pour lui. Lorsqu’elle lui révéla qu’elle était née à la Nouvelle-Orléans, Roy sut qu’elle lui fournissait sa réponse : il était sur la bonne voie. Cette ville était connue dans le monde magique pour abriter des covens, dans lesquels les sorcières pratiquaient une magie aussi ancienne que puissante et méconnue. Roy avait rencontré beaucoup de personnes étranges, dans sa vie, après tout, la Voie regorgeait de personnalités obscures. Mais c’était la première fois qu’il croisait la route d’une sorcière vaudou, et il devait avouer que cela l’intriguait. Le fascinait, presque. Après tout, il ne connaissait pas grand-chose de cette magie, seulement des on-dit, qui étaient bien suffisants pour faire courir son imagination…

Elle ne tarda pas à lui poser franchement la question de savoir ce qu’il voulait. Roy sut qu’il ne pouvait plus passer par des chemins détournés. Il lui fallait être clair et convaincant, maintenant que les faux-semblants étaient tombés. Il abandonna tout sourire et se redressa lui aussi, sans quitter la jeune femme du regard.

« J’ai besoin de tuer un homme. Je ne peux pas le faire par les moyens… classiques, disons, je serai trop vite suspecté. Ma seule solution est de réussir à maquiller ça en un accident. Ta magie en est capable, n’est-ce-pas ?  »

Non, il ne connaissait pas grand-chose au vaudou, mais il savait qu’elle était comme toute magie noire : capable de faire beaucoup de mal, à distance. Si son geste pour saisir Isobel par les épaules fut doux, sa voix elle, et son regard planté dans le sien restèrent fermes :

« Tu n’auras pas d’ennuis avec les Aurors, je m’en porte garant. Je prendrai tous les risques à ta place s’il le faut. Je te ramènerai tout ce qu’il te faut moi-même, tu n’auras rien à faire. Enfin… Rien de plus que ce que tu ne fais déjà, depuis toutes ces années que tu pratiques en secret. »

C’était vrai, il n’y avait pas tellement de différence, puisqu’elle prenait des risques depuis le début en s’adonnant à ce genre de pratiques sur le territoire anglais. La seule chose qui pouvait la retenir, songeait Roy, était le refus d’assassiner un homme, chose qu’il pouvait comprendre. Isobel exécutait certes des sortilèges classés comme magie interdite, mais cela en faisait-il une femme prête à tuer pour autant ? Que savait-il d’elle, au fond ? Qu’elle était une femme déterminée, acharnée dans son travail, ambitieuse. Et qu’elle ne reculait devant rien pour atteindre ses objectifs… Pouvait-il tenter de titiller cet aspect de sa personnalité ? Roy décida de tenter le coup. Il n’avait fait que comploter ces derniers jours, et utiliser ce qu’il savait de ses interlocuteurs pour les mener là où il le voulait. Il ne reculait plus devant aucune façon d’obtenir ce qu’il désirait, dorénavant.

« Tu dis que tu as la théorie… Mais tu n’as jamais eu envie d’essayer ? De voir jusqu’où tu pouvais aller avec ta magie ? C’est l’occasion rêvée de tenter quelque chose de plus grand, Isy. »

Ou de tenter le diable…


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Isobel Lavespère
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Poupée de cire, poupée de son [Roy] Icon_minitimeLun 3 Nov 2014 - 0:28
Isobel n'avait en temps normal rien contre les faux-semblants, c'était même une partie intégrante de son métier voire même de sa personnalité. Mais lorsqu'on en venait à des sujets aussi délicats, elle appréciait que l'on parle clairement comme Roy choisit de le faire. Était-elle étonnée ? Presque pas. Elle l'avait de toute manière senti en entrant, quelque chose avait changé dans l'aura de Roy et il semblait déterminé à persévérer dans cette voie. Ce n'est d'ailleurs pas comme s'il pouvait y faire quelque chose : une aura étant changée à jamais, on ne revenait pas en arrière comme on ne revenait pas en arrière après avoir tué quelqu'un.

Elle-même n'avait jamais assassiné quelqu'un. La mort était pourtant quelque chose de très présent dans la magie vaudou, que ce soit au cours des sacrifices ou dans les covens, qui avaient tendance à se sentir au dessus des lois et à régner sans partage sur la ville de la Nouvelle-Orléans. Mais malgré tout cela, Isobel n'avait jamais tué d'être humain, c'était une limite qu'elle n'avait jamais franchie. Elle ne l'avait jamais envisagé, elle n'en n'avait jamais eu besoin, elle connaissait suffisamment de sortilèges pour se protéger ou nuire sans supprimer. Était capable de le faire ? Deux questions se posaient là : si elle possédait la puissance magique pour réaliser de tels enchantements et si elle avait envie de le faire. Pourquoi irait-elle jusqu'à tuer dans une affaire qui ne la concernait même pas ? Elle ne devait rien à Roy, elle ne devait rien à personne, elle avait toujours détesté l'idée de dépendance.

La magie vaudou ne distinguait pas le bien du mal, il n'y avait que des actes magiques et les sorcières qui les réalisaient. Tout ce qui importait était ce que la magie apporterait aux esprits qui se montraient alors redevables. Les plus grandes sorcières vaudous étaient loin d'être des saintes et versaient dans les sacrifices humains, dans les beaux jours de la magie vaudou : c'était d'ailleurs cela qui avait fait sa réputation dans le monde. Les choses étaient différentes désormais et le gouvernement américain n'avait plus aucune tolérance pour ce genre de pratiques, aucun dérapage de la part des covens n'était accepté. Mais que ce soit à la Nouvelle-Orléans ou ailleurs, la chose était la même : si Isobel était attrapée, elle ne bénéficierait d'aucun traitement de faveur, serait trainée comme mage noir devant les tribunaux et finirait sûrement ses jours à Azkaban.

Mais à cet instant précis, tandis qu'elle conservait le silence face à Roy, ce n'était même pas cela qui occupait le plus son esprit. L'espace d'un instant, elle était revenue en Louisiane, dans la classe où les prêtresses dispensaient leur savoir, la classe où elle s'était écorché les yeux à lire de vieux grimoires contenant des centaines d'enchantements divers, les uns plus complexes que les autres. Des années étaient passées, Isobel possédait maintenant son propre grimoire mais elle ne s'écorchait plus les yeux dessus désormais. Il n'était plus question de découvrir de nouveaux sortilèges, d'approfondir ce qu'elle savait, d'aller toujours plus loin. Elle se contentait des enchantements les plus basiques, par habitude. Par peur. Isy avait tourné le dos à la magie vaudou, à la vraie magie vaudou. Oui, elle continuait de pratiquer en secret depuis des années, une pratique presque d'habitude. 

Sa mère lui avait toujours dit qu'elle irait loin. Qu'elle serait une grande sorcière, bien plus grande qu'elle, qu'elle serait prêtresse. Il y a seize ans, Sophie, sa mère, n'avait toujours pas atteint ce stade alors qu'elle avait tout sacrifié pour le coven. Isy avait vu sa mère s'échiner pendant des années et des années, délaisser tout ce qu'il y avait autour, la délaisser, pour n'obtenir en retour que de la poussière. Elle était une sorcière médiocre qui tentait désespérément de progresser en effectuant tous les rites que pouvait contenir le vaudou. Isy, elle, avait toujours été douée. Dès les premiers jours où on avait commencé à lui enseigner la magie jusqu'à son initiation, le jour de ses seize ans. Cela faisait d'ailleurs seize ans également qu'elle avait quitté la Louisiane sans se retourner. Cela faisait seize ans qu'elle n'avait plus pensé à tout cela. Seize ans qu'elle ignorait sa mère. Et pourtant, à cet instant précis, elle pouvait presque entendre sa voix dans son esprit comme si presque vingt-ans n'était pas passés. Quel gâchis. Quelle honte, murmuré en français de sa voix rendue rauque par le tabac. L'était-ce vraiment ?

Ce fut comme si Roy avait lu ses pensées à cet instant précis et le regard que releva Isobel vers lui était bien différent de celui de d'habitude, elle qui n'hésitait jamais et qui était à cet instant en pleine hésitation, tiraillée entre ses pensées et ses souvenirs qui refaisaient surface sans prévenir. Tenter quelque chose de plus grand... Elle avait toujours eu un rapport compliqué avec la magie. Elle l'avait adorée enfant, haïe à son adolescence, délaissée lors des dernières années, trop prise par son autre vie, sa vie normale. Mais à chaque fois qu'elle se retrouvait devant son autel, à chaque fois qu'elle saisissait entre ses doigts un cristal, à chaque fois qu'elle fabriquait un gri-gri, elle retrouvait cette sensation si familière de faire partie de quelque chose. Elle effleurait le vaudou du bout des doigts, elle effleurait ses pouvoirs du bout des doigts. Alors oui, sa mère aurait sûrement raison. Quel gâchis.

N'était-ce pas l'occasion rêvée de changer cela ? De faire ce que l'enfant qu'elle était avait toujours rêvé de faire ? De devenir une grande sorcière ? Roy lui en offrait l'occasion sur un plateau et une occasion comme celle-ci ne se représenterait pas deux fois. Elle ne connaissait pas l'homme qui devait disparaître, ce n'était pas concret. C'était juste un enchantement. C'était juste de la pure magie. Du vrai pouvoir, de voir enfin si sa mère avait eut raison, si elle possédait en effet les capacités de devenir une vraie prêtresse vaudou, si elle possédait vraiment du pouvoir. C'était l'occasion de renouer avec la véritable magie de ses ancêtres, de plonger sans se retourner dans les abysses d'une magie qu'elle n'avait fait que survoler. Il y avait beaucoup de choses à découvrir, tant de choses à apprendre, tant de connaissances à exploiter. Quelqu'un mourrait, si elle le faisait. Mais la magie vaudou n'était-elle pas faite de sacrifices ? Il s'agissait de se donner tout entière à la pratique et à ne penser que pour elle. C'était ce qui l'avait fait quitter la Nouvelle-Orléans seize ans auparavant. Voir sa mère s'enfoncer encore et encore sans même songer à se retourner. Mais elle n'était pas sa mère. Sophie était faible, Sophie était perdue. Isobel était forte, Isobel savait ce qu'elle faisait, elle en était persuadée. Elle voulait s'en persuader. Elle avait des attaches, elle avait son métier, elle avait du recul. Elle ne se laisserait pas attraper. Elle contrôlerait. Elle aurait le contrôle et le pouvoir. Voilà ce qu'elle avait toujours voulu. Oubliées ses peurs adolescentes : Isobel était une adulte et elle ne laisserait pas cette chance lui échapper.

- Je vais le faire.

Toute trace d'hésitation avait disparu de son regard, elle avait pris sa décision et ne reviendrait pas en arrière. Elle n'avait d'ailleurs pas le choix de le faire : pour Roy, comme pour elle, les choses seraient faites. Son aura à elle aussi changerait. Mais elle l'avait décidé et elle l'assumerait : c'était le seul moyen d'obtenir ce qu'elle désirait, de maitriser ce qu'elle souhaitait.

- C'est une magie puissante que tu vas me faire convoquer là, Roy. Il n'y aura pas d'échappatoire. Et tu seras tout aussi marqué que moi. Tu en as conscience ?

Car elle avait beau pratiquer le sortilège, les choses n'étaient pas aussi faciles que cela : les esprits connaissaient toujours tous les coupables.


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Roy Calder
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Poupée de cire, poupée de son [Roy] Icon_minitimeSam 8 Nov 2014 - 16:42
Isobel lui était toujours apparue comme une femme forte, déterminée, presque militaire dans la façon qu’elle avait de réaliser ses objectifs. La douceur, la retenue, l’hésitation, ne faisaient pas partie de son vocabulaire, pas même dans les moments les plus intimes qu’elle partageait avec Roy. Aussi il eut l’impression de voir une autre femme, l’espace d’un instant, lorsqu’elle leva un regard perdu vers lui. Il avait réussi. Il l’avait touchée personnellement, dans quelque chose de suffisamment enfoui en elle pour qu’elle se montre déstabilisée pour la première fois. Il ne savait pas ce à quoi Isobel pensait, mais il se doutait que sa cervelle tournait à plein régime et la laissait tiraillée entre de multiples questionnements. Roy n’eut rien à ajouter pour accentuer cette émotion qu’il était parvenu à faire naître en elle. Bien vite, Isobel retrouva son regard décidé, et il sut qu’elle allait lui livrer sa réponse.

Elle allait le faire ! Roy se retint d’exprimer toute son allégresse, bien que le sourire qui étira ses lèvres montrait bien le sentiment de victoire qui l’envahissait. Le ton d’avertissement d’Isobel ne suffit pas à le tiédir. Roy avait accepté depuis un moment de se lancer dans cette entreprise, malgré les dangers, il n’allait pas reculer maintenant. Quand bien même cela le marquerait à vie. Il n’avait jamais été homme à peser les conséquences et réfléchir excessivement, cela l’empêchait trop d’agir à son goût. Il préférait suivre son instinct. En l’occurrence, tout son être lui soufflait de céder à la tentation et d’accepter cette solution qu’Isobel lui offrait. Roy n’avait même pas la sensation de faire quelque chose de mal, tant Bill Griggs était une ordure qui méritait d’être éliminée, à ses yeux. La morale n’avait de toute façon jamais été sa vertu première, il n’en serait pas là, à machiner avec la sorcière, sinon.

« J’en suis conscient, confirma t-il. Si je dois faire quelque chose, dis-le moi. » Il était prêt à lui fournir tout ce qu’il lui fallait, cette affaire était désormais sa priorité. « Tu penses que tu peux le faire rapidement ? »

L’idéal pour lui serait que ce soit exécuté dans la semaine. Roy subissait des pressions de toute part, il devait s’assurer de l’élimination de Griggs, s’il voulait pouvoir compter sur le soutien des autres chefs de gang qu’il avait contactés. Ses mains lâchèrent doucement les épaules d’Isobel, pour venir se poser sur le matelas. Il posa une dernière question, sans la quitter des yeux :

« Quel est ton prix ? »


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Isobel Lavespère
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Poupée de cire, poupée de son [Roy] Icon_minitimeMar 11 Nov 2014 - 19:10
Il n'en n'était pas conscient, évidemment. Comment aurait-il pu l'être ? Roy faisait partie de cette société magique qui avait tourné le dos aux anciennes traditions, aux vieilles magies. Il suffisait de voir comment on pouvait avoir le rire facile envers les voyants, la divination elle-même était parfois sujet de moquerie alors qu'elle était l'une des plus obscures et anciennes branches de la magie. Isobel, elle, avait grandi dans ce vieil ésotérisme, dans ces coutumes et ces croyances anciennes. Il n'était même pas question de croire aux esprits, ce n'était pas de la croyance : ils étaient réels, elle le savait, elle le sentait. Elle avait foi en sa culture et cette dernière ne l'avait jamais déçue tout comme elle n'avait jamais failli à ses ancêtres. Mais comment pouvait-elle expliquer cela à Roy, lui qui pensait déjà au résultat de l'enchantement ? Elle le voyait dans son sourire et elle le devinait dans son regard : peu importe ce qu'elle lui dirait, il voudrait qu'elle accomplisse ce qu'il lui avait demandé. De toute manière, elle avait déjà accepté et la perspective de pratique cette magie ancienne commençait à être ancrée et plaisante dans son esprit : elle-même ne reviendrait pas en arrière.

- Je vais avoir besoin d'ingrédients particuliers. Dès que je les aurais, je pourrais faire ça en quelques heures je suppose... Une nuit tout au plus.

Son grimoire lui venait de sa grand-mère Isadora qui le tenait elle-même de sa grand-mère et ceci jusqu'à remonter jusqu'à Eloise Lavespère, la fondatrice de leur coven donc Isobel descendait en ligne directe. Il était précis, complet et contenait des sorts qu'elle n'avait même jamais osé lire dans son esprit par peur des conséquences. Elle trouverait forcément ce qui lui fallait dedans. Glissant une mèche de ses cheveux derrière son oreille lorsque Roy lâcha ses épaules, elle prit un instant de réflexion. Son prix ? Elle ne faisait pas ça pour l'argent, elle le faisait parce que Roy le lui avait demandé et un peu pour elle, aussi, parce qu'elle en retirerait quelque chose. Mais si elle pouvait en profiter...

- Si je me mets à tuer des gens pour toi, Roy Calder, tu peux au moins m'offrir mes ingrédients, lança-t-elle, une ombre de sourire sur le visage.

La magie noire coûtait cher et si Isobel avait un salaire plutôt confortable, surtout pour une femme seule, et un appartement petit qu'elle s'offrait à un tarif raisonnable pour Oxford, des choses comme l'Essence de Circée avaient quand même un coût non négligeable.

- Et... Je ne peux pas œuvrer dans l'ombre, j'ai besoin de savoir quelques informations. C'est de la magie qui est destinée contre quelqu'un, il faut bien que je sache qui c'est.

C'était vrai, elle devait savoir quelle personne subirait sa magie. Mais d'un autre coté, elle était aussi également un peu curieuse...


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Roy Calder
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Poupée de cire, poupée de son [Roy] Icon_minitimeLun 17 Nov 2014 - 1:31
Une nuit ? Mais c’était merveilleux. Cette femme était merveilleuse. Cela faisait des jours que Roy cherchait un moyen de se sortir de là, et elle allait lui arranger un coup fantastique qui pourrait le faire avancer d’un énorme pas. Il peinait encore à le croire. Un moment, Roy fut tenté de lui sauter dessus, mais ce n’était pas tout à fait le moment -et puis, il l’avait déjà fait.

« C’est la moindre des choses, concéda t-il, sans que son sourire ne s’efface. Je t’offre ce que tu m’as demandé aujourd’hui, en plus de tout ce dont tu auras besoin pour moi, bien sûr.  »

Ca, c’était une évidence. Il n’allait pas lui faire payer de quoi tuer pour lui. La mine de Roy redevint sérieuse lorsqu’Isobel lui demanda des précisions sur Bill. Evidemment, elle avait besoin de savoir des choses sur lui, peut-être même d’obtenir des effets personnels, ou ce genre de choses. Roy ne pratiquait pas de magie noire, mais cela ne l’empêchait pas d’être informé de certains détails. Souvent, elle exigeait une cible précise, ainsi que des ingrédients bien particuliers, parfois très personnels. Il ne broncha pas à lui révéler ce qu’il savait de sa victime, puisque cela ne pouvait que l’aider :

« Il s’appelle Bill Griggs, il travaille à Londres, dans l’Allée des Embrumes. Ces derniers jours, il est enfermé dans son manoir à Aveley, en convalescence. Il a perdu sa jambe gauche » expliqua t-il.

Il s’arrêta un court instant, non pas parce qu’il hésitait à poursuivre, mais parce qu’il faisait mentalement le tri entre ce qu’il pouvait dire à Isobel ou pas. Il lui faisait relativement confiance, mais s’il y avait une chose que Roy avait appris après toutes ses années, c’était à faire preuve de prudence. Il ne pouvait pas savoir de quoi seraient faits les prochains mois, donner trop d’informations à la sorcière pourrait se retourner contre lui, si un jour, ils n’étaient plus en bons termes. Cependant, il savait désormais pas mal de choses compromettantes sur Isobel, également, ils pouvaient autant se nuire l’un et l’autre, ce fut cette pensée égoïste qui le rassura un peu.

« C’est le chef d’un gang assez puissant, et c’est mon fournisseur. Si je devais résumer, je dirais que c’est une belle pourriture, le genre à traiter ses hommes comme des chiens et faire des coups dans le dos à ses associés. C’est lui qu’on a voulu abattre le vingt et un septembre, dans l’Avenue des Douze Chênes… Mais il a pu s’échapper de justesse. Tu sais maintenant que j’aurais préféré qu’il crève. »

Voir mourir Bill, il y avait songé certaines fois, quand il ressortait furieux et humilié d’une entrevue avec lui, mais cela n’avait jamais été très sérieux. C’était comme une envie de révolte qui le prenait subitement, avant de passer, tout aussi vite. Jusqu’au vingt-et-un septembre. Roy ne savait si c’était le fait d’avoir tué cette nuit qui le faisait se sentir capable de le refaire, ou si c’était parce que Bill s’était considérablement affaibli qu’il souhaitait en profiter, mais les jeux de pouvoir auxquels il se livrait ces derniers jours lui avait ôté toute pitié. Il voulait voir Griggs mourir, et il voulait en être l’acteur. Il ne laisserait pas le moindre sharack lui voler sa vengeance. Pris d’une impulsion, Roy se redressa légèrement et saisit le visage d’Isobel entre ses mains. Le regard qu’il posa sur elle était animé de l’avidité qui le dévorait, désormais.  

« Isy, tu m’ôterais une sacrée épine du pied, en faisant ça pour moi. Je t’en serai réellement reconnaissant. »

Il lui serait sans doute longtemps redevable mais cela ne dérangeait même pas Roy. Il ne rechignait plus sur les sacrifices qu’il devait faire pour atteindre ses objectifs. Ce n’était pas si mal, comme arrangement, il s’était toujours trouvé sur la même longueur d’onde avec Isobel, ils feraient de bons associés, il en était certain. Ses mots étaient sincères, il appréciait qu’elle accepte de le suivre sur ce coup-là, alors que rien ne l’y obligeait. Evidemment, il n’était pas naïf, il se doutait qu’elle devait en tirer quelque chose de son côté pour accepter. Mais elle prenait tout de même des risques pour lui, et n’était même pas exigeante sur le paiement qu’elle voulait en retirer. A cet instant, il ne sut si c’était l’effet du regard sombre de la jeune femme dans laquelle il voyait le reflet exact du sien, ou l’accord qu’ils venaient de conclure qui lui donnait des ailes, ce fut sans doute un mélange de tout cela qui réveilla de nouveau son désir pour elle. Comme pour sceller leur pacte, les mains encadrant toujours son visage, Roy captura ses lèvres dans un baiser enflammé qui les ramènerait quelques heures en arrière...


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