Thelma Úna Corrigan

"Petite rouquine" est l'expression la plus fréquemment utilisée pour décrire Thelma. Si la sorcière a effectivement la chevelure flamboyante et le visage parsemé de taches de rousseur, personne ne la confond jamais avec un membre de la célèbre famille Weasley. Thelma a l'air bien plus distinguée, avec son teint de porcelaine et ses tenues qui la rapprochent plus d'une Mildred Magpie que d'une Molly Weasley. Bien qu'elle ne croule pas particulièrement sur l'or, Thelma a toujours tenu à dédier une part substantielle de ses salaires à l'achat de vêtements raffinés. Sa collection mirobolante de sacs, de chaussures et de divers accessoires lui permet de toujours savoir accommoder sa mise aux occasions et de ne jamais paraître négligée. Cela ne l'empêche pas de revêtir quelque chose de plus confortable lorsqu'elle décide de passer la journée au fond du lit sans voir personne, mais cela doit lui arriver environ une fois par an...

Coquète et soucieuse de son apparence, Thelma a toujours eu un certain goût pour la mode et aime adapter coiffure, maquillage et tenue aux dernières tendances du moment. Toutefois, elle évite les excentricités, sa seule exception à cette règle étant un tatouage sorcier situé sur sa nuque. Il représente un Joncheruine tel que l'imagine Thelma, et il lui arrive de battre des ailes lorsque la sorcière est en proie au doute ou à la confusion.

Hormis sa chevelure rousse qu'elle porte en dessous des épaules, Thelma se distingue également par ses yeux noisette qui ont tendance à avoir l'air un peu exorbités. Sans doute est-ce là une caractéristique commune à ceux qui croient en l'existence des Nargoles... Ce n'est pourtant pas ce regard scrutateur qui complexe la jeune femme mais bien sa taille menue, qui lui confère une force de mouche et l'empêche de voir aux concerts des Bizarr' Sisters, même si elle est plutôt contente d'échapper à toutes les discussions régimes de ses amies tout en continuant de manger aussi gras qu'elle le souhaite. Thelma a beau avoir mangé toute la soupe qu'elle pouvait quand elle était petite, elle est restée un poids plume et compense ce fait en se permettant des talons vertigineux - en dehors de Poudlard, il va de soi...

Dans l'école, elle se déplace d'une démarche prompte, précédée par le son de ses escarpins et suivie par une douce senteur florale, toujours vêtue de robes de sorcières colorées de chez T&T. Quant à ses tenues moldues, elles sont rangées en tas bien ordonnés dans l'autre moitié de son placard !

Certains pourraient dire que Thelma est quelqu'un de profondément tolérant, et ils n'auraient pas tort. Elle est capable de supporter et d'accepter beaucoup de défauts chez ses congénères, que ce soit la méchanceté, l'ignorance, l'intolérance, la bêtise, une mauvaise hygiène corporelle ou une propension à envahir l'espace personnel d'autrui, sauf s'il s'agit de son beau-père Roger, bien entendu. Thelma n'est pas quelqu'un de stressé ou d'angoissé de nature. Plutôt bien dans sa peau et épanouie, elle se considère suffisamment chanceuse dans la vie pour pouvoir laisser de la place aux problèmes et errances des autres. En réalité, il ne s'agit pas tant de tolérance ni, plus généralement, de gentillesse, que d'une grande capacité à se mettre à la place des autres et à comprendre leur façon de fonctionner. Pour Thelma, il est bien plus facile de pardonner le comportement d’autrui lorsqu'on comprend ce qui l'a causé, tout comme la compréhension permet de tenter d'aider les autres, d'une façon ou d'une autre. Faisant preuve d'une grande empathie et aimant améliorer l'existence de son prochain, au point parfois de se lancer dans de véritables entreprises de charité, Thelma aurait probablement pu faire une grande carrière dans la médicomagie si elle avait eu la patience de mener à bien ces études longues et exigeantes.

En réalité, si Thelma est capable d'une infinie patience avec les autres, elle aime que sa propre vie soit rapide et mouvementée. Que ce soit dans sa vie professionnelle ou personnelle, il y a de la place pour les errances et les erreurs mais pas pour la paresse ou la fainéantise. Pleine d'énergie, d'idées et d'ambitions, Thelma est toujours occupée, au point que ses relations amicales en souffrent souvent. Elle est souvent si occupée à travailler et à absorber la vie des gens qui l'entourent comme une éponge qu'elle ne ressent pas forcément le besoin de nouer des relations très fortes sur la durée, ce qui explique sa tendance au célibat. Sa capacité à aimer tout le monde sans distinction, ou presque, lui rend difficile le fait d'aimer une personne plus qu'une autre et les concepts de meilleure amie ou de grande histoire d’amour sont difficiles à intégrer pour elle. Elle les comprend sur le plan théorique mais ne les expérimente pas… A vrai dire, Thelma ne croit pas vraiment à l'idée d'éternité, se contentant plutôt de profiter à fond de ce que la vie a à lui apporter au quotidien sans se projeter dans le futur de façon excessive. Elle se connait suffisamment bien pour savoir ce qu'elle aime et de quoi elle souhaite constituer son quotidien : l'enseignement, la défense contre les forces du mal, la legilimancie... Le reste est aléatoire et elle se dire que la vie a encore de nombreuses surprises à lui réserver.

La sorcière a donc une façon de penser assez nuancée, très peu manichéenne, si bien que vous ne l'entendrez jamais condamner ou encenser complètement une personne ou un groupe. Même une dictature peut parfois trouver grâce à ses yeux, même un auror qui dérape peu avoir ses raisons, personne n'est jamais perdu à pour de bon. C'est bien ce qu'elle espère faire comprendre à ses élèves, consciente que les professeurs de Poudlard exercent une influence déterminante sur les jeunes qui constituent le futur du monde magique : ils ont le choix, ils auront toujours le choix d'ouvrir leurs esprits et de réaliser que ceux qu'ils considèrent comme des ennemis n'en sont peut-être pas, que ceux dont ils ont peur ont peut-être peur aussi, que leur vie n'est pas toute tracée comme les adultes voudraient le leur faire croire. Thelma a l’habitude de faire naître des débats dans ses classes et aime donner des cours participatifs, au cours desquels tout le monde peut s'exprimer, quelle que soit son opinion. C'est par la discussion qu'elle pousse ses élèves à affiner leurs idées, à corriger leurs erreurs, à affirmer leurs opinions ou, au contraire, à les modifier. Sans pour autant chercher à imposer ses propres idées à sa classe, elle souhaite sensibiliser ses élèves au fait que la défense contre les forces du mal ne s'exerce pas aveuglément mais nécessite, au contraire, une conscience éveillée. A vrai dire, et c'est son héritage de Durmstrang qui parle, elle n'aime guère l'intitulé de son cours, qu'elle juge de parti pris. Il y a la magie, et il y a l'usage que les sorciers en font, et il est dangereux, pour elle, de faire la confusion entre les deux...

Que son apparence douce et son petit gabarit ne vous trompent pas, cependant. Elle sait se défendre, tout comme elle sait attaquer, même si elle tend à éviter les confrontations autant que possible, privilégiant le dialogue et peu adepte des disputes. Un comble, pour un ancien professeur de duel ? Peut-être pas, car vient toujours un moment où le dialogue trouve ses limites... Sa patience, si elle est digne de sa maison, n’est cependant pas aussi proverbiale que le Choixpeau le voudrait, et il lui arrive fréquemment de perdre son calme baguette en main. Oh, les sorts qu’elle lance à l’occasion à un élève un peu trop insolent ou un peu trop arrogant ne sont pas bien méchants, rien qui ne fâche personne à Durmstrang, et rien qui ne puisse choquer sous une dictature non plus… Hé oui, Thelma a ses excentricités, comme le fait de croire dur comme fer que les Nargoles et les Joncheruines ne sont pas un simple produit de l’imagination de la famille Lovegood…

Le moment le plus marquant du passé de Thelma n'est pas un souvenir heureux. Il se rappelle souvent à elle lorsqu'elle se sent effrayée ou lorsqu'elle se rend dans le vivarium du zoo de Dublin, s'insinuant dans ses cauchemars et lui causant la chair de poule. Thelma n'était pas quelqu'un de particulièrement peureux, mais cette nuit-là, elle avait bien cru voir sa dernière heure arriver...

Tout avait commencé lorsqu'un bel oiseau était venu frapper à la porte de l'appartement moldu de sa mère, à l'été 1991. Thelma avait sauté de joie en reconnaissant le sceaux de Poudlard sur l'enveloppe, qu'elle avait déchiquetée frénétiquement. La longue tresse qu'elle arborait à l'adolescence avait tressailli sur sa tête quand un petit badge brillant était tombé sur ses genoux, accompagnant la traditionnelle liste de rentrée. Préfète, elle était nommée préfète ! Albus Dumbledore, le vieux directeur un peu fou qu'elle admirait tant et dont elle enviait les lunettes en demi-lunes, ainsi que le professeur Chourave, avaient décidé de placer leur confiance en Thelma. Ni une ni deux, Thelma avait bondi dans le salon pour prévenir sa moldue de mère et son horripilant beau-père, qui l'avaient vaguement félicité avant de reporter leur attention sur le bulletin télévisé. Qu'à cela ne tienne, Thelma savait que son père, un intrépide dresseur de trolls de sécurité qu'elle voyait pendant l'autre moitié des vacances, saurait apprécier cette nomination à sa juste valeur. Ce n'était que justice, après tout. Thelma était une élève assidue et intéressée, qui entretenait de bonnes relations avec l'ensemble de ses camarades. Evitant adroitement les partis pris et les disputes inévitables entre adolescents, elle savait prêter une oreille attentive aux récriminations de chacun et se montrer de bon conseil. Elle ferait une formidable préfète, servant de lien entre élèves et enseignants !

Thelma comprit que les choses seraient plus compliquées que cela lorsque le professeur McGonagall appela un certain "Potter, Harry" lors de la cérémonie de la répartition, cette année là. Tous les enfants du monde magique connaissaient son nom, et pour une bonne raison : quelqu'un qui savait résister au sortilège de l'Avada Kedavra était forcément hors du commun... Thelma ne fut pas mécontente de voir que cet être extraordinaire rejoignait les bancs d'une autre maison, malgré la déception de ses amies de Poufsouffle. Certes, la gloire et l'honneur rejailliraient, une fois de plus, sur Gryffondor, mais qui voulait des ennuis qu'apporterait fatalement un nouvel élève comme Harry Potter ? Pas elle, ça c'était sûr ! Si, en grandissant, Thelma apprendrait à moins craindre les confrontations et à se montrer plus intrépide, ce n'était pas encore son cas à quatorze ans. Profondément marquée par le divorce de ses parents, en 1984 alors qu'elle avait huit ans, Thelma resta longtemps persuadée que la meilleure conduite à tenir en ce bas monde était de rester dans les rangs et de se montrer gentil, patient et peu rancunier avec tout un chacun, afin d'éviter les confrontations sanglantes qui avaient été le quotidien de parents qu'une immensité magique séparait... Aussi tenta-t-elle d'éviter toute implication dans les affaires d'Harry Potter et de sa petite bande tout au long de la fin de sa scolarité, confortée dans sa position initiale par la révélation de ce qui se dissimulait derrière le chien à trois-têtes...et sous le turban de son professeur préféré.

Hélas, être préfète impliquait certains droits mais également certains devoirs, comme celui d'opérer des rondes le soir par équipes de deux, afin de s'assurer qu'aucun élève ne soit en dehors de son dortoir... Cette mission, sous la scolarité de Harry Potter, se révéla bien souvent plus complexe que cela. C'est là l'origine du souvenir le plus marquant de Thelma, par une nuit obscure de 1993, lorsque les rondes de préfets signifiaient de se passer devant des inscriptions sanglantes professant le retour de l'Héritier de Serpentard, dans des couloirs sombres et inquiétants, et de sursauter à chaque bruit suspect... L'une de ces fois, Thelma était rentrée au dortoir à l'issue de sa ronde pour découvrir que sa chère camarade Lizzie avait complètement disparu. Panique à bord, Thelma et ses autres camarades de dortoir étaient reparties dans les couloirs sombres en quête de Lizzie, baguette à la main, persuadées qu'elles allaient tomber sur le corps pétrifié de la jeune femme au coin d'un couloir. Après une heure de recherches infructueuses et purement terrifiantes, elles avaient fini par capituler et par frapper à la porte du professeur Chourave, qui décida de lancer de nouvelles recherches... en commençant par les dortoirs des Poufsouffle, où Lizzie se trouvait finalement, dans les bras de son petit-ami secret du côté des garçons.

Thelma perdit bien son amie ce soir-là, pas parce qu'elle avait été pétrifiée par le monstre de Serpentard, mais parce qu'Izzie fut très largement punie et qu'elle ne lui pardonna jamais son comportement de "petite préfète lèche-botte". Attristée, Thelma n'insista pas, quant à elle ulcérée de recevoir des reproches alors qu'elle avait eu la peur de sa vie. Qui avait envie d'arpenter les couloirs du chateau à la recherche d'une copine disparue quand le terrible monstre faisait de nouvelles victimes de jours en jours ? Il suffisait de voir ce qui était arrivée à la pauvre Pénélope Deauclair de Serdaigle ! Heureusement, Harry Potter - encore lui - vint à bout du monstre et Thelma rentra soulagée à la maison, cet été là, sans savoir que son calvaire allait recommencer l'année d'après sous la forme d'un échappé d'Azkaban...

Finalement, Thelma fut bien contente de rendre son badge de préfète, une fois ses ASPICs en poche. Les serpents géants, très peu pour elle, merci bien, elle en avait la phobie ! Pourtant, en son for intérieur, elle avait aimé certaines de ces aventures. Elle qui majorait allègrement en défenses contre les forces du mal et en soins aux créatures magiques se prit à rêver de chasse aux mages noirs et se vit dans la peau d'une combattante aguerrie comme Harry Potter le deviendrait probablement un jour... Thelma avait conscience du côté paradoxal de son comportement, mais elle devait faire partie de ces personnes qui aimaient se faire peur et qui, toute citadine qu'elle était, aimaient repousser leurs limites. Absolument amoureuse du professeur Lupin pendant sa dernière année d'études, elle décida d'écouter ses conseils et de se présenter au bureau des aurors. Sortie parmi les premiers de sa promotion, et en dépit de quelques faiblesses en botanique, le dossier de Thelma fut accepté et elle fut convoquée à l'entretien devant le jury responsable des admissions des aspirants oubliators.

C'est là que les choses se gâtèrent, car si le jury fut séduit par le côté charmant et agréable de Thelma, ils le furent beaucoup moins par l'examen de son profil et de ses motivations. N'était-ce pas une candidature un peu impulsive, motivée par une image peut-être erronée du métier et un certain esprit de contradiction ? Certes, son dossier était excellent, mais avait-elle la carrure pour un métier aussi exigeant et difficile que celui d'auror ? Peut-être pas, car il était difficile de trouver quelqu'un faisant preuve d'autant d'empathie que la jeune femme. Comment avait-elle trouvé les cours du professeur Ombrage ? Oh, inexistants sur le plan pratique mais l'ouvrage obligatoire était bon et puis elle n'avait pas été dans une position facile, après tout on ne pouvait pas être à cent pour cent impliqué dans la préparation de ses cours lorsque le ministère nous demandait de régenter l'école... Et ceux du professeur Hagrid ? Dangereux ? Mais non, enfin, il suffit de faire attention aux consignes de sécurité, certes marmonnés dans son impressionnante barbe... Comment aurait-elle organisé les recherches de Sirius Black ? Elle ne l'aurait pas fait, le pauvre homme n'avait même pas eu droit à un procès convenable, et puis qui savait s'il n'avait pas subi le sortilège de l'imperium, comme tant d'autres ? Non, à son avis, la justice magique devrait prendre de la graine en étudiant le droit moldu, les droits de la défense étaient parfois loin d'être respectés dans ce pays...

Recalée, Thelma fut piquée dans son orgueil par cet échec qui lui apprit deux leçons importantes. L'humilité, d'une part, car il avait sans doute été prétentieux de sa part de penser qu'elle serait admise simplement sur la base de ses bonnes notes. La subtilité, d'autre part, qui pouvait s'avérer très utile lorsque l'on voulait exposer des opinions politiques ou plus ou moins polémiques. Si Thelma était quelqu'un d'honnête et de loyal, valeurs chères à son ancienne maison, elle apprit à se montrer un peu moins directe et un peu plus nuancée dans sa façon de réfléchir et de s'exprimer, jusqu'à élever ce talent en véritable art. Savoir adapter son discours à son audience, et cela sans trahir pour autant ses opinions ni sombrer dans la leçon de morale ou la philosophie de comptoir, était un don qu'elle se mit à perfectionner au fil des années, et en particulier lorsqu'elle se mit à enseigner.

L'enseignement ne vint pas tout de suite à Thelma. Un peu vexée par son échec au BDA et bien décidée à poursuivre malgré tout dans cette voie qui l'intéressait tant, Thelma se rabattit sur le moins couru département de contrôle et de régulation des créatures magiques. L'actuel ministre n'y officiait pas encore et le département menait ses petites affaires sans autres ambitions que celles d'enregistrer les loups-garous, de contenter les gobelins et, comme toujours, de tenir les trolls des montagnes éloignés des villages moldus... Brillante, travailleuse et motivée, Thelma travailla dans divers services du département en obtenant de nombreuses responsabilités, ce qui s'avéra être très formateur. Elle continua de vivre à mi-temps chez sa mère à Dublin, et à mi-temps chez son père qui déménageait fréquemment pour son travail. Parallèlement à son emploi, elle se plongea dans la lecture des carnets de voyage de son défunt grand-père paternel, le célèbre Aguistin Corrigan, Briseur de sorts pour Gringotts, qui avait énormément voyagé dans le cadre de ses fonctions. Thelma se passionna également pour les récits des diverses guerres magiques et en particulier celui de la première grande guerre contre Vous-Savez-Qui. Plus que jamais, elle était déterminée à combattre les forces du mal et ne se voyait pas continuer bien longtemps à exercer des emplois de bureau dans le département des créatures...

Le retour de Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom, et en particulier la mort d'Albus Dumbledore, constituèrent les occasions dont Thelma avait besoin pour poursuivre son rêve. Son petit-ami de l'époque, Julian, estima qu'elle n'était pas en sécurité au Ministère du fait de ses origines sang-mêlée. Lui-même était né-moldu et ils décidèrent de quitter le pays ensemble en juillet 1997 pour échapper à la guerre. Thelma n'était qu'à moitié satisfaite par ce choix, doutant de plus en plus à mesure que leurs parvenaient des nouvelles du pays depuis Bucarest, où commençait leur périple. Comment pourrait-elle se regarder en face si elle n'était pas là pour aider ses amis restés au pays face à la menace des mangemorts ? Le pays sombrait rapidement dans les ténèbres la guerre civile et elle ne faisait rien pour les aider... Hélas, comme son très raisonnable petit-ami ne cessait de le lui répéter, elle ne pourrait pas faire grand-chose même si elle était présente. Elle aurait sans doute dû quitter son emploi ou se retrouver dans une situation très inconfortable, et elle aurait dû faire des pieds et des mains pour tenter de joindre un réseau de résistance, se mettant en grand danger. Savait-elle seulement combattre ? Non, pas vraiment, les cours de Poudlard commençaient à se faire vieux...

Thelma décida donc d'écouter Julian et de le suivre dans les Carpates pour étudier les vampires, dans l'Oural pour étudier les yétis, et un peu partout en Europe de l'est et du nord. Ils apprirent énormément durant leur première année de voyage, ne restant jamais bien longtemps au même endroit, vivant sur leurs économies. Thelma avait économisé beaucoup d'argent à Londres en ne prenant pas d'appartement, tandis que Julian était l'auteur d'un thriller best-seller dont il percevait encore les bénéfices. Ils célébrèrent à leur façon la fin de la guerre en se fiançant à St Petersbourg, le 3 mai 1998, sur une impulsion extatique et un peu folle. Thelma avait toujours été comme cela, de toute façon, capable d'oublier toute raison pour foncer dans les bras de l'inconnu et pour suivre son instinct. C'était rare, cependant, que cela l'affecte sur des décisions importantes comme celle de se marier, et ce n'était peut-être pas plus mal d'ailleurs...

Ils rentrèrent en Angleterre cet été là, pour retrouver leurs amis et leurs familles, aider à la reconstruction et fêter comme il se doit la fin de la guerre. Les tourtereaux quittèrent ensuite le pays pour s'établir en Bulgarie, où ils se lancèrent dans la co-écriture d'un nouveau thriller se déroulant dans les Carpates. Parallèlement, Thelma gagna de l'argent en travaillant à mi-temps dans l'école primaire magique de Sofia, ce qui fut son première expérience dans l'enseignement, et une véritable révélation pour elle. Ce furent deux années heureuses, Thelma s'épanouissant dans son nouveau métier de professeur et dans les cours de défense magique avancés qu'elle suivit à l'Université Sorcière de Sofia. Finalement, le seul domaine de sa vie dans lequel elle ne s'épanouissait pas était sa vie sentimentale, toute la passion et l'affection qu'elle avait éprouvées autrefois pour Julian se transformant peu à peu en irritation, pour ne pas dire exaspération.

Il fallut néanmoins attendre que Julian mentionne une date de mariage, quelque part autour du printemps 2002, pour que Thelma se décide à rompre brutalement les fiançailles et à planter là son fiancé et leur ébauche de roman. La jeune femme acheva néanmoins l'année scolaire, pour ne pas abandonner ses chérubins en cours de route, puis donna sa lettre de démission et se mit ardemment en quête d'un nouvel emploi. Bien décidée à ne pas abandonner l'enseignement, qui était pour elle une véritable vocation, Thelma postula dans toutes les écoles d'Europe et manqua faire une crise cardiaque le jour où elle fut convoquée à un entretien à la célébrissime Ecole Durmstrang. Contre toute attente, elle fut acceptée en tant que nouvelle enseignante et déménagea pour l'école à l'identité secrète dès la rentrée. Bien sûr, étant donné le programme tourné vers la magie offensive de cette école, elle n'enseigna pas la défense contre les forces du mal mais devint le nouveau professeur de duels. C'était un art dont elle maîtrisait de nombreux aspects du fait des divers cours et voyages qu'elle avait effectué, même si elle ne l'avait jamais appliqué en temps de guerre ni au sein du bureau des aurors, et ce fut donc une très grande fierté pour elle d'être admise à Durmstrang. On reconnaissait ses capacités et son travail, mais également une force morale qu'on ne lui attribuait pas à dix-sept ans, et qu'elle avait acquise au cours des dernières années.

De la force morale, il lui en fut pour se faire une place au sein de la très masculine équipe pédagogique de Durmstrang. Si Thelma, grâce à son obstination, à sa patience et à ses compétences tant magiques qu'humaines, parvint à trouver ses marques au sein de l'équipe et à se faire respecter par les élèves, elle eut néanmoins du mal à recréer sa vie loin de ses entourages anglais et russes. En réalité, sa soif de découvertes et de voyages et l'énergie de sa jeunesse commençaient à se tarir, tout comme elle n'éprouvait plus le besoin de faire ses preuves. Dès sa deuxième année d'enseignement, Thelma commença à avoir le mal du pays, consciente que les années passaient et l'éloignaient de ses amis d'autrefois. Elle décida de reprendre contact avec plusieurs personnes et en particulier l'une de ses amies de Poudlard, Daisy Mason, avec qui elle correspondit quelques temps. Cela lui permis de se familiariser avec les multiples changements qui s'opéraient en Angleterre et lui donna plus envie encore de revenir au bercail, tant l'actualité était excitante. Ni une ni deux, Thelma donna une nouvelle fois sa démission et revint enfin en Angleterre, à l'été 2005.

Elle s'établit à Dublin, où se trouvait toujours la majeure partie de sa famille, et chercha un emploi. Le fait d'avoir enseigné à Durmstrang fit des miracles, surtout conjugué à ses années d'exploration et de recherches personnelles sur les duels, la magie noire et les créatures magiques, ce qui lui permit de décrocher de nombreux entretiens. Elle put décrocher un emploi de chercheuse dans un laboratoire de recherche londonien qui voulait lancer un projet sur les mécanismes mentaux et magiques sous-tendant la Legilimancie et l'Occlumancie. Après la seconde guerre, c'était un sujet passionnant dont les implications pourraient être immenses, car le fait de comprendre les liens subtils entre la magie et le cerveau humain pouvait amener à des avancées conséquentes dans de nombreux domaines, tels que la médecine ou la capacité à bloquer le sortilège d'imperium. Ce laboratoire était subventionné par le département des mystères et ses membres étaient soumis à un sortilège de secret professionnel, mais cela ne dissuada pas Thelma, qui se lança à corps perdu dans la recherche. Il s'avéra, comme elle avait déjà pu le constater à quelques occasions dans sa jeunesse, qu'elle était très douée pour ce type de magie et qu'elle était notamment une excellente Legilimens, même si l'Occlumancie lui résistait. Lire l'esprit des autres ne lui semblait pas bien compliqué quand elle était déjà si habituée à tenter de comprendre leurs mécanismes, leurs émotions et leurs raisonnements...

Cette recherche la passionna, si bien qu'elle oublia bien vite sa vie personnelle pour s'y jeter à corps perdu. Elle n'oubliait pas néanmoins de lire les journaux, se familiarisant à nouveau avec l'actualité tant dublinoise que londonienne. Thelma retrouva l'actualité riche du pays et suivit avec avidité les comptes rendus de presse sur le dossier M, le vengeur masqué ou encore l'affaire Nimbus-Chaudrillon. Le Bloody Sunday fut un véritable choc pour elle comme pour l'ensemble de la Grande-Bretagne et elle ne put qu'applaudir la destitution de Richard Dalnox et l'organisation d'élections anticipées. Thelma observa le FREE se former de loin, séduite par leur programme mais persuadée depuis longtemps que la vérité ne se trouvait pas dans la politique. L'une des premières actions du ministre nouvellement élu la toucha personnellement, puisque la restructuration approfondie du Ministère alla jusqu'à "l'annexion" de son petit laboratoire qui, s'il était dépendant financièrement du département des mystères auquel il soumettait ses résultats, était jusque-là une entité à part et libre de ses méthodes de recherche. Le laboratoire fut intégré au ministère et ses membres avec, à l'exception de ceux qui souhaitaient poursuivre une autre carrière.

Ce fut le cas de Thelma, à qui son amie de Poudlard, Daisy Mason, venait de proposer un poste qu'elle ne pouvait refuser. Professeur de défenses contre les forces du mal et directrice de Poufsouffle raisonnaient délicieusement à son oreille, comme la douce musique de l'aboutissement de sa carrière... Enfin, elle semblait avoir trouvé sa voie pour de bon, et frétillait d'impatience à l'idée de rejoindre la célèbre école de sorcellerie, bien décidée à guider des générations entières d'élèves à travers les tumultes de l'adolescence... et, mais elle ne le savait pas encore, de la dictature.

Aguistin Corrigan - Grand-père paternel
Briseur de sorts chez Gringotts, Aguistin était un sorcier très talentueux et aventurier, qui a beaucoup voyagé au cours de sa vie. Il a transmis ses découvertes et les histoires de ses interventions dans des carnets de voyage qu'il a légué à sa petite-fille après sa mort. Le décès d'Aguistin, lorsque Thelma avait seize ans, a énormément peiné la jeune-fille qui l'admirait immensément.

Echtach Corrigan - Père
Dresseur de trolls, cet homme taciturne n'a rien transmis à sa fille si ce n'est la passion des créatures magiques. Ils n'ont en commun que le nom, aussi différents que le jour et la nuit, ce qui ne les empêche pas de s'aimer tendrement. Thelma n'a cependant jamais été très proche de son père, gardant en mémoire le divorce sanglant qui l'a opposé à sa mère et ne le voyant que pendant la moitié des vacances. C'est un homme solitaire, fils unique et jamais remarié, qui semble se complaire un peu plus dans l'isolement à mesure que les années passent.

Luaine Butt - Mère
Thelma déplore beaucoup l'évolution de sa mère. Autrefois, c'était une femme vive, passionnée et travailleuse, mais son divorce semble l'avoir terrassée et elle semble avoir perdu toute ambition, tout intérêt pour autre chose que son quotidien fade et sans saveur. Sans emploi depuis quelques années, elle se repose sur le salaire de son nouveau mari, un abruti fini, aux yeux de Thelma, qui s'appelle Roger Butt et qui exerce un travail de sous-fifre au Ministère. Thelma a beau être quelqu'un de tolérant et de compréhensif, elle a énormément de mal à supporter Roger, qui l'exaspère profondément. Pour cette raison, ses visites chez Luaine se sont fait rares ces dernières années, Thelma préférant passer du temps du côté des nombreux frères et soeurs de sa mère, vivant tous à Dublin avec leurs familles. Luaine et Thelma ont de nombreux points en commun mais Thelma fait tout pour ne pas suivre l'exemple maternel.