Tristan Corey Sanders

Tristan n'est pas grand, Tristan n'est pas beau, Tristan n'est pas athlétique, tout au plus a-t-il, d'après ce qu'on a pu lui dire, des mains bien proportionnées. Il n'a jamais été sûr de ce que cela voulait dire et ne s'en vente donc pas particulièrement. De taille moyenne, légèrement inférieure à la moyenne, soit deux fois celle d'un certain Roy Calder, mais là encore, il ne se fie qu'à ce qu'on lui a dit, n'ayant jamais rencontré cet homme, la première chose qui choque quand on le voit, c'est qu'il a tendance à porter des chaussettes de la même couleur. Une analyse un peu plus poussée vous permettra sans doute de remarquer qu'il ne porte presque jamais de cape, malheureusement si vous ne le croisez qu'une fois vous ne pourriez sans doute pas confirmer cette théorie qui vous est venue à l'esprit. Un observateur encore plus exceptionnel pourrait enfin remarquer ce doux bronzage qu'il arbore à toute époque de l'année... à moins que ce ne soit pas du bronzage ? Non, vous êtes allés à Poudlard, vous avez vu les films, ce n'est pas possible. Et puis, il a survécu aux deux guerres non ? Et le noir meurt TOUJOURS en premier ! (ou après la pouf selon les versions).

"Si à Serdaigle vous allez, comme eux vous serez juste et"... non, c'est pas ça ? Où est passée la chanson ? Je l'avais mise quelque part par là, elle définissait bien le personnage, c'était parfait, je suis sûr que je vais la retrouver. ... Bon, écoutez, on va essayer d'improviser, le préposé à la création de fiche a encore perdu les papiers, alors. Tristan est quelqu'un de déterminé, certaines personnes emploieront le terme de bornés, d'autres de têtus, le reste du monde se fichera bien de trouver un mot. Quand il veut quelque chose, il se donne les moyens de l'obtenir, fils d'ouvrier il a dès son enfance cherché à s'offrir un avenir meilleur, pour lui bien évidement, mais également pour ses parents qui, il le savait, ne pourraient travailler jusqu'à leur mort. C'était l'avantage avec Poudlard, une école unique, pas de discrimination -il est entré à Poudlard deux mois avant la chute de vous-savez-qui -, de quoi s'assurer que son travail acharné lui ouvre de nouvelles portes à Nimbus. Car s'il y a bien une chose qu'il ne ferait jamais, c'est quitter cette ville, certains londoniens considèrent cet "esprit de famille nimbusien" comme un mythe destiné à faire croire aux gens que l'on peut vivre décemment dans une cité ouvrière, mais lui il y croit dur comme fer et ne se sent en famille que lorsqu'il croise d'autres habitants de la cité. Mettez ensemble une détermination à toute épreuve et une dévotion à l'avenir de sa ville et vous obtenez le parfait petit militant, au départ préférant la parole aux poings, mais après avoir essuyé pendant des années le silence des dirigeants de l'entreprise sur la consumeuse, Tristan a très bien compris que ce n'était pas la façon dont il fallait s'y prendre pour se faire entendre dans ce pays. Il fut l'un des premiers sur les barricades lors des émeutes qui secouèrent la ville et qui menèrent à l'éviction du président de la firme et connait bien de ce fait toute la fougue dont les ouvriers de la cité sont capable, malgré son poste il est l'un des leurs, et c'est bien ce qui l'inquiète alors qu'il voit les changements dans sa cité. Il sait que cela ne se fera pas sans protestations et craint de voir une jeunesse insoumise ruiner l'attention que des décennies ont réussi à capter et pour cela il est prêt à combattre le feu par le feu.

Tout commence avec un mort. Oh, pas un meurtre de sang-froid, même pas l’exécution d’un plan murement réfléchi. Juste un « regrettable accident », demain, c’est ainsi que les journaux parleront de ce qui s’est passé. Ils parleront des émeutes, de la foule, du scandale, mais de l’homme qui retire le sang de son pantalon d’un geste de baguette ? Pas un mot. Ils ne sauront pas qui il est, personne ne le saura jamais et au coup d’œil hagard qu’il se lance dans le miroir avant de fermer les yeux, il n’est pas sûr de savoir qui il est non plus.
Jusqu’à présent il n’était pas digne d’un seul mot dans un journal, pas même un simple paragraphe dans l’histoire d’un autre. Une scolarité sans histoire, peut-être un bon élève, mais n’était-ce pas là la raison même pour laquelle il avait été envoyé à Serdaigle ? Sur la fin il avait même joué au Quidditch, gardien, ses parents étaient fiers, comme tous les parents. Puis il avait rejoint l’usine, comme tous ceux d’ici. Il frappa la glace du poing, mais celle-ci ne brisa pas. Ceux d’ici… c’étaient eux… une grimace, c’était lui.
Aujourd’hui il était devenu un monstre, un de ces « ouvriers déchainés à la vue du sang », les hautes sphères les avaient déjà jugés et il venait de faire ce qu’ils attendaient. Qu’est-ce qui change un homme en monstre ? Qu’est-ce qui fait partir cette étincelle d’humanité ?
Pendant des années les hommes ont tué. Pendant des années l’honneur était ce qui permettait aux gens de ne pas devenir des monstres. L’honneur du soldat, l’honneur du père, l’honneur du bourreau, frappant le fort et protégeant le faible. L’honneur c’était ce qui gardait la société en état de marche, ce qui retenait le bras du citoyen quand il voulait s’emparer de quelque chose, qui retenait sa langue face à un blessé…
Durant toute ces années des hommes sont devenus des monstres, l’honneur ne les guidait plus. Voldemort s’était perdu dans sa quête de pouvoir, ses hommes dans la quête de reconnaissance, de richesse, de survie parfois… Et pendant ce temps d’autres trouvaient la force de faire ce qui devait être fait, affrontaient leurs peurs et leurs démons pour agir avec justesse et en adéquation avec ce que le monde attendait d’eux.
Certaines forces dépassent cependant l’honneur d’un homme, la loyauté d’un soldat. Quand des vies sont en péril l’homme se lève, il agit correctement en se faisant entendre, il était allé manifester pour cette raison, la consummeuse devait être stoppée, c’était ce qu’il fallait faire. Par la force de la foule l’émeute avait dégénéré, mais sortir dans la rue ce jour… son honneur en dépendait.
Avec la mort de cet homme la question renaît. L’honneur n’est pas suffisant pour protéger un homme des monstruosités de ses actes.
Son histoire n’a pas pour point de départ sa naissance, pas sa répartition à Poudlard, pas sa vie familiale, c’est la mort de cet homme qui marque le commencement de Tristan.
Il comprend ce jour que rien n'est plus dangereux qu'une foule en colère, pour cette raison il évite le Bloody Sunday et les évènements lui donnent raison, la société sorcière a besoin d'ordre, quand tout va bien elle est capable de s'auto-gérer, mais alors que les crises s'accumulent il semble évident que la magie représente un danger dans des temps troublés. C'est pour cette raison qu'il place un bulletin FREE dans l'urne, pour Nimbus, parce que la cité a besoin d'attention, pour le Royaume-Uni, parce que Marchebank semble être le seul avec assez de légitimité pour calmer toute ces tensions, pour lui, parce qu'il a besoin d'avancer. Et alors qu'il sort du bureau de vote il se promet de tout faire pour que ça marche.