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Emmène-moi, le long du canal [Roy/Shea]

Shea Gruffydd
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Emmène-moi, le long du canal [Roy/Shea] Icon_minitimeSam 9 Aoû 2014 - 15:38
Emmène-moi, le long du canal
Roy Calder & Shea Gruffydd


Jeudi 14 août 2008

J'avais délaissé ma robe de soirée pour retrouver une jupe longue et ample avec un débardeur rayé, bien plus confortable et agréable en ce mois d'août. Dans moins de trois semaines, j'allais devoir revêtir mon uniforme de sorcière et mes lunettes de vol pour entamer mes premiers cours à Poudlard. J'étais aussi nerveuse qu'excitée ! Depuis plusieurs semaines, je ne cessais de voguer, de traverser le pays tout entier. Je n'avais pas fait autant d'heures de train depuis des années ! Moi qui n'avait jamais quitté, ou presque, ma Cité Nimbus natale, cet été, entre conférences et visites familiales, il s'en était fallu de peu pour que je ne m'évanouisse de fatigue !

De passage à nouveau par Bristol pour faire connaissance avec le nouveau né d'une de mes vieilles amies de Poudlard, il m'est venu dans l'idée de passer voir Klemens, en espérant qu'il allait bien. Je n'avais plus eu de nouvelles de lui depuis un moment, maintenant et je dois reconnaître que je m'inquiétais toujours un peu pour lui. Ce qui était étrange compte tenu du fait que je ne le connaissais pas tant que ça et que notre histoire d'avait rien de bien romantique. "Rien de bien romantique". Mon frère aurait-il une influence sur moi ? Moi qui me fichais pas mal d'être accompagnée ou non, voilà que le romantisme entrait dans mes critères pour définir une "relation" ? A côté de ça, l'idée de me retrouver nez à nez avec Roy ne m'enchantait guère, mais en même temps, j'espérais secrètement qu'il serait là. Si à l'époque je me méfiais de lui et que c'était bien là ce qui m'attirait, aujourd'hui, son assurance et le regard qu'il posait sur moi me flattaient. Et je le pensais sincère. Il ne m'a jamais semblé particulièrement menteur. Retourneur de situations, oui.

Je levai le bras pour appuyer sur le bouton, les yeux rivés sur le nom de Roy, inscrit sur la sonnette, avec laquelle les bracelets de mon poignet chantèrent en rythme. J'arrangeai mes cheveux une dernière fois, les boucles rousses me tombant sur les épaules. En attendant que Klemens - ou Roy - vienne m'ouvrir - en espérant qu'ils soient là puisque je débarquais à l'improviste - je portai ma main en visière pour regarder autour de moi. Je jetai un oeil à la Promenade, resplendissante sous les rayons du soleil qui se jetaient sur l'eau pour éblouir les passants. J'aimais bien Bristol, c'était si... Différent de Pré-au-Lard ou Nimbus ! J'appréciais l'Angleterre, et Bristol me rapprochait du Pays de Galles, mais malgré tout, retrouver l'Ecosse m'avait fait un bien fou ! L'air y était si clair et si doux ! Même dans mon petit appartement, je ne m'y sentais pas aussi enfermée qu'à l'époque de Poudlard où nous ne pouvions pas circuler comme les adultes.

La journée touchait à sa fin et les terrasses commençaient à se peupler, les rires et les mains porteuses de breuvages s'élevaient petit à petit. J'eus un regard au carroussel à quelques centaines de mètres d'ici sur la Promenade et un sourire naquit sur mes lèvres alors que la porte s'ouvrit. Je sursautai légèrement, m'évadant de mes pensées, et je me retournai.



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Roy Calder
Roy CalderPropriétaire d'un haras
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Emmène-moi, le long du canal [Roy/Shea] Icon_minitimeSam 9 Aoû 2014 - 21:42
Le soleil se couchait à peine, mais en plein mois d’août, cela signifiait qu’il était déjà relativement tard. Roy avait décidé de rentrer relativement tôt, ce soir-là. Pour une fois, il n’avait pas attendu que la Voie soit complètement noire pour rentrer. Ces derniers jours s’étaient mués en une suite de soucis et de prises de bec, il avait bien besoin de prendre un peu de recul. Avec tout ça, il n’avait même pas le temps d’aider Klemens à faire ses cartons -en supposant qu’il avait besoin de son aide. Leur colocation improvisée allait bientôt prendre fin. Comme promis, Roy avait participé à sa recherche d’appartements aux loyers modestes. Bristol étant une ville très densément peuplée, le prix d’une location, même de l’appartement le plus ridicule, restait élevé en conséquence. Klemens avait dû se rabattre sur des horizons plus modestes, et il avait fini par trouver son bonheur à la Cité Nimbus, cruellement fuie par la population sorcière depuis que l’épidémie de Consumeuse et les troubles économiques y faisaient rage –bas étaient les loyers, en conséquence, là aussi.  

Roy n’était pas mécontent de voir son meilleur ami partir. Il appréciait énormément Klemens, mais avec leurs caractères explosifs à tous les deux, il craignait qu’une trop grande proximité ne dynamite leur relation. Ils avaient bien failli, d’ailleurs. Klemens, c’était typiquement le genre d’ami pour lequel il dirait « J’l’adore mais sérieux… de l’air ! » et Roy était à peu près certain que c’était réciproque. Il accueillait donc assez bien son départ, surtout qu’il avait l’impression que se plonger dans une recherche d’appartement et de nouveau travail avait permis à Klemens de penser un peu à autre chose que Valery. Il allait prendre un nouveau départ, devenir le « nouveau Klem » comme il disait parfois en souriant.

A peine entré, il s’enferma dans sa salle de bain pour quasiment une heure. L’eau froide lui faisait du bien, aussi bien pour la chaleur étouffante de l’été, que pour dégonfler un peu sa tête pleine de soucis. Il en ressortit en short et en T-shirt, commença à aviser ce qu’il avait dans son frigo tout en frottant sa serviette sur ses cheveux, quand le bruit de la sonnette le surprit. Klemens n’était pas sensé rentrer si tôt, et il avait des clés normalement –même si cela lui arrivait souvent de les oublier dans une poche d’un des vêtements qui jonchaient son coin.

Il ouvrit la porte, non pas sur son colocataire, mais sur une jeune femme qu’il ne pensait pas vraiment revoir. Son étonnement se lut sur son expression, et ses premiers mots improvisés sur le tas :

« Oh. Salut ! Puis quelques secondes, avant de proposer : Entre. »

Il rejeta sa serviette sur le côté –quelle idée de venir sans prévenir- puis lui ouvrit un peu plus sa porte, si elle souhaitait avancer. Pressentant qu’une gêne allait peut-être s’installer, il précisa :

« Klemens n’est pas là, il a dû partir un peu avant que j’arrive, il bosse en soirée en ce moment, désolé… Parce qu’il ne se faisait pas d’idée sur le fait que c’était lui que la jeune femme était venue chercher ici, mais il ne put s’empêcher d’ajouter quand même, avec une certaine malice. Sauf si c’était moi que tu venais voir, bien sûr. »

L’assurance revenait vite au galop, chez Roy, et en l’occurrence, il ne pouvait s’empêcher de taquiner un peu Shea. Rien de bien méchant, bien sûr. Elle pouvait toujours tourner les talons et décréter qu’elle reviendrait plus tard, quand le loup serait revenu, il ne lui en voudrait pas. Mais au fond, il espérait qu’elle ne le ferait pas, que sa compagnie était une raison suffisante pour qu’elle reste, même juste quelques minutes, de quoi prendre des nouvelles… Roy se montrerait poli, c’était promis.


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Emmène-moi, le long du canal [Roy/Shea] Icon_minitimeSam 9 Aoû 2014 - 22:07
J'ouvris la bouche pour parler et tombai nez à nez avec Roy. Comme j'aurais préféré l'éviter. Son étonnement me fit même monter le rouge aux joues. Bien sûr, on ne débarquait pas à l'improviste ! Je levai la main pour le saluer avant de la refermer.

– Salut...

A son invitation, je voulus faire un pas mais m'en dissuadai finalement. Roy sortait visiblement de sa douche. Quelques secondes plus tôt, je l'aurais loupé ou bien j'aurais pu le surprendre dans une autre tenue. La femme en moi hurlait au scandale de mon timing détestable. Et... Le rouge se renforça sur mes joues. C'était un problème d'avoir la peau si claire, comme la mienne et rousse : le rouge ressortait si bien. Je levai le menton à la mention de Klemens en inspirant profondément. Oui, c'était bien lui que je venais voir mais je secouai la tête en fronçant les sourcils. Très bien, il ne l'était pas. Sentiez-vous la gène qui m'animait comme j'avais l'impression qu'elle emballait les battements de mon coeur ? Je ne sus dire si cela venait du fait que je ne m'étais pas annoncée ou bien parce que Roy avait toujours de l'effet sur moi. Je me raclai la gorge en me grattant la tempe, un sourire aux lèvres.

– En réalité, j'étais dans le coin, une de mes amies vient d'avoir un bébé et comme c'est pas très loin d'ici, je voulais... Venir voir comment vous alliez.

Si je venais pour Klemens, je me serais trouvée mal polie de ne pas inclure Roy dans ma visite. Après tout, nous étions chez lui, non ? Je regardai autour de moi en m'entortillai les doigts avant de reporter mon attention sur lui.

– Je suis désolée si je débarque à l'improviste, pour moi aussi, c'est un peu soudain, en fait mais j'étais à quelques pas d'ici, je me suis dit que ce serait bête. Ce n'est pas comme si je venais tous les jours à Bristol même si j'y suis déjà venue deux fois en moins de quatre semaines, c'est vrai, mais c'est vraiment exceptionnel. C'est 8h de train aller-retour, que je ne fais pas dans la journée quand même, alors j'aurais trouvé ça... Dommage. De ne pas venir faire coucou, alors...

Je relevai ma main à nouveau pour le saluer.

– Coucou !

Nerveuse. Je parlais beaucoup. Trop. Roy m'intimidait toujours autant sans que je ne sache vraiment dire pourquoi. Je crois qu'entre Poudlard, le fait qu'il m'ait surprise à moitié nue et sur son canapé en compagnie, le tout avant de me sentir si mal à l'aise entre eux... Maintenant, j'avais l'impression qu'il me voyait toujours nue... Et je me sentis devenir rouge écrevisse.

– Comment va Klemens ?


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Roy Calder
Roy CalderPropriétaire d'un haras
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Emmène-moi, le long du canal [Roy/Shea] Icon_minitimeSam 9 Aoû 2014 - 23:13
Roy était le genre d’homme à très bien savoir interpréter la nature du rouge qui pouvaient monter aux joues d’une femme, et quelque chose lui disait que celui qui s’étalait sur celles de Shea n’étaient pas seulement dûes à sa façon de débarquer à l’improviste. Avait-il tant changé que ça depuis Poudlard, à voir comme il s’enorgueillait intérieurement d’avoir de l’effet sur la jeune femme ? Un peu tout de même, parce que cette fois-ci, Roy n’en profita pas. Cette fois-ci, il fit même semblant de n’avoir pas vu pour ne pas embarrasser davantage la jeune femme, même si son sourire en coin pouvait trahir quelque chose. Mais ce sourire en coin, il l’avait les trois quarts du temps, alors… C’était plus fort que lui, sa façon de se justifier dans des flots de parole avait quelque chose d’adorable. Il finit par laisser un rire lui échapper, quand elle glapit un petit « Coucou », gênée comme tout.

« Détends-toi Shea, y a aucun problème. Je t’avais dit la dernière fois que tu étais la bienvenue, non ? »

Il lui tapota brièvement l’épaule, pour appuyer ses paroles. Il n’était pas un tortionnaire, non plus. Roy cessa d’ailleurs de fixer la rousse en la voyant rougir de plus belle, conscient –un peu trop conscient, même- que cela pouvait la mettre mal à l’aise, le temps de se détourner vers son canapé, pour l’inviter à s’y asseoir d’un geste. Il ne serait pas dit qu’un Calder accueillait mal ses invités !

« Bien. Mieux, précisa t-il, se souvenant que la rousse savait déjà pas mal de choses à propos de Klemens. Il va déménager dans quelques jours. Il désigna du menton quelques cartons qui avaient été posés contre un mur, près de la fenêtre. C’était une coloc’ provisoire, en fait. Comme il vivait avec Valery, avant, du coup… »

Il n’avait pas dit cela complètement innocemment. Cette fois-ci, il n’y avait pas de Klemens qu’il pourrait éventuellement embarrasser. Il était seul, avec Shea. Il pouvait par conséquent parler en pesant moins ses mots, et vérifier ses hypothèses de la dernière fois. Si Shea savait… Eh bien, Roy aimerait le savoir, tout simplement, surtout s’il devait être amené à la fréquenter plus souvent, par l’intermédiaire de Klemens. Il avait eu la sensation qu’ils avaient travaillé dans le même sens, la dernière fois, plus particulièrement à l’entente de ses derniers mots… Roy ne l’avait pas encore remerciée, d’ailleurs.

« Enfin voilà, Klem s’en va. Il a trouvé un appartement à la Cité Nimbus. Il est en bonne voie de trouver un autre boulot aussi, la livraison, c’était surtout pour dépanner. »

Shea méritait en effet des remerciements pour s’être montrée si patiente et conciliante envers eux deux, la fois dernière, mais quelque chose retenait Roy. C’était bête, c’était ridicule. C’était juste qu’il était assez maladroit pour ce genre de discours, et qu’il préférait quelque part que Shea ne sache pas. Qu’il avait écouté aux portes, déjà. Qu’il lui était reconnaissant, lui aussi. Il y avait quelque chose qu’il maniait beaucoup mieux, par contre : les pirouettes. Il venait de percuter un détail dans le discours de la rousse de tout à l’heure.

« Huit heures de train, hein… répéta t-il, dubitatif. Ah oui, c’est vrai, tu as peur de transplaner, se souvint-il, alors que son sourire revenait. C’est… étonnant que tu aies le mal du transplanage, et pas des balais. »

Les pirouettes et les terrains moins glissants.


Roy Calder

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Emmène-moi, le long du canal [Roy/Shea] Icon_minitimeDim 10 Aoû 2014 - 0:06
Je fis un pas pour le suivre à l'intérieur et posai les yeux sur les cartons. A en croire Roy, je pouvais m'installer et prendre le thé avec lui ! Bienvenue ou pas, je ne nous considérais pas non plus comme des amis, après tout. Néanmoins, à croire que c'était une mauvaise habitude, je n'avais pas envie de passer la soirée seule. Et à nouveau, mon train partait tôt le lendemain matin. Et celui-ci, je ne comptais pas le rater, Klemens ou non. J'acquiesçai silencieusement au nom de Valery et reportai finalement mon attention sur Roy.

– Tu dois être content, quand même de retrouver ton chez toi. C'est un peu petit pour deux personnes, non ?

Puis, je souris en posant une fesse sur l'accoudoir du canapé. Je n'entendis pas de m'éterniser. Du moins, je ne voulais pas que Roy le pense. Je venais simplement prendre des nouvelles. Pas vrai ? J'étais heureuse de savoir que le loup-garou allait mieux et qu'il reprenait du poil de la bête. J'en souris un peu plus en posant mon sac sur le canapé. Peut-être me trouverez-vous stupide mais... Je savais ce que ce canapé avait vécu et je n'avais bizarrement pas envie d'y reposer mes fesses. Et puis, les mots de Roy me ramenèrent à la réalité et je me laissai glisser sur les gros coussins, les yeux ronds.

– La Cité Nimbus ? C'est vrai ? Mais c'est loin, pour lui, non ? Pourquoi il ne m'a rien dit ? J'aurais pu l'aider si j'avais su qu'il cherchait là-bas. Les voisins de ma mère sont en train de vendre la maison. La Cité se vide peu à peu, les gens la fuient comme la peste, ce qui est dommage. Je peux comprendre, mais... - Je haussai les épaules - Ma mère refuse de partir et quoi qu'il arrive, je ne veux pas qu'elle parte de là-bas. Nous sommes tous nés là-bas. Mes frères y sont aussi même si Lip est plus facilement à Londres, maintenant. Quoiqu'il en soit, je ne pense pas que quitter la ville soit une solution. Cela dit, je reconnais que si je devais me trouver une nouvelle ville où déménager... Ce n'est pas à Nimbus que j'irais.

Je penchai la tête et la secouai avant de cligner des paupières, l'air grave. Oui, j'avais peur de transplaner. Une peur sombre à la limite de la phobie, ce qui énervait mon frère cadet et ralentissait mon jumeau lorsque nous voulions sortir. Je souris plus faiblement, honteuse de cette peur irrationnelle. Cependant, elle ne l'était plus tant que ça. Je rentrai la tête dans les épaules. Pourquoi me sentais-je si petite à côté de Roy, je n'aurais su le dire. Peut-être parce qu'il agissait avec moi comme... Comme si nous nous connaissions, ce qui n'était pas le cas. Si Roy avait été si abordable à Poudlard, peut-être que nous n'aurions jamais connu de différends. Peut-être que tout aurait été différent, allez savoir.

– Les balais... Je sais où je vais. Les tapis, aussi. Je vois ma trajectoire, c'est de la vitesse. J'ai un peu le vertige mais j'aime la sensation de liberté. Je me sens dans mon élément, finalement. Mais le transplanage... le fait de disparaître complètement et réapparaître ailleurs... Ce craquement sinistre... - J'en frissonnai - La cheminette passe encore. Mais le Porte-au-loin et le transplanage, je... Je ne peux pas. - Je serrai mes mains jointes entre mes genoux - Je ne vois pas où je vais, qui sait ce qui pourrait arriver et puis... - Je pouffai de rire en secouant la tête. - Ne te moque pas, s'il te plaît. J'étais déjà comme ça avant, mais on ne peut pas dire que Klemens m'ait tellement rassurée.

Je baissai les yeux sur mes doigts avec lesquels je jouais. Je laissai une seconde passer avant de retrouver mon sourire. Je relevai le regard sur Roy et acquiesçai, visiblement ravie.

– Je suis contente qu'il aille mieux.

Je lui souris un peu plus. A en croire Roy, nous pouvions discuter en toute quiétude. C'était plaisant de ne plus avoir l'impression de marcher sur des oeufs avec lui. Ou avec Klemens, ni avec personne, en réalité. C'était comme si ma vie prenait peu à peu tout son sens ces dernières semaines.

– Tu fais quelque chose ce soir ? Il fait beau et je ne reprends mon train que tôt demain matin. Je ne compte pas le rater, cette fois-ci ! Mais du coup, j'ai la soirée de libre, si tu veux aller boire un verre ou même manger. Promis, j'ai mangé aujourd'hui, je ne hurlerai pas à la famine comme la dernière fois.

Un jeu de mots à tiroir, à double sens, s'il en était. Je savais que Roy le capturerait au vol. Néanmoins, je parlais bien au sens propre. J'avais englouti deux petits déjeuners en attendant le train suivant, la dernière fois.


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Roy Calder
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Emmène-moi, le long du canal [Roy/Shea] Icon_minitimeJeu 14 Aoû 2014 - 17:07
« Ca peut aller. Je n’ai pas besoin de plus, en temps normal. » se contenta de répondre Roy, en haussant les épaules.

Son appartement était en effet confortable pour une personne, beaucoup moins pour deux, mais Roy l’avait choisi d’une part, par pragmatisme –il vivait seul, pourquoi prendre plus grand- et d’autre part, pour d’autres qualités. S’il ne le quittait pas, malgré beaucoup de choses qui auraient pu l’encourager à partir en plus du fait qu’il pouvait se payer mieux –la présence de son ex à quelques pas, par exemple-, c’était parce que Roy s’était réellement attaché au lieu. Il aimait bien le quartier, tranquille, ordinaire, et à peu près correct, c’était une coupure bienvenue avec la crasse qu’il côtoyait quotidiennement dans la Voie des Miracles. Par-dessus-tout, il aimait la proximité du canal, c’était précisément le genre de paysage qui l’avait tout de suite fait accrocher à Bristol.

Voir Shea s’installer le fit reporter son attention sur elle. Il était satisfait qu’elle accepte de rester, sans qu’il n’ait eu à faire de grands efforts, finalement. Roy prit place à ses côtés, l’écouta parler en songeant non sans amusement que si une chose n’avait pas changé chez elle depuis Poudlard, c’était bien sa propension à beaucoup parler. Et ce n’était pas facile d’en placer une, dans ces conditions ! Mais Roy avait promis d’être poli, il n’intervint qu’à la fin, pour ce qui l’interpela vraiment :

« Oh, et tu irais où ? »

Il était curieux de savoir. Il avait l’impression que la rousse était toujours en déplacement. Depuis qu’il l’avait revue, elle lui avait déjà parlé de Bristol, la Cité Nimbus et Pré-au-Lard. Autrement dit, de sacrées distances, et que Shea les franchisse en refusant absolument de transplaner l’intriguait. Il n’avait jamais connu personne qui avait peur du transplanage à ce point. Il avait connu des nauséeux, des réticents, mais refuser au point de préférer subir huit heures de train… Roy fut moins dubitatif en l’écoutant s’expliquer. Il voyait à peu près ce qu’elle voulait dire, cette peur de transplaner touchait à d’autres craintes, sans réel rapport avec les transports. Et si un sourire léger se glissait sur ses lèvres, ce n’était pas par moquerie, c’était simplement parce qu’en même temps qu’elle parlait, il saisissait du regard toutes ses petites mimiques dont elle ne paraissait pas se rendre compte et qui… la rendaient assez mignonne, il devait l’avouer. C’était bête pour lui, cette fois-ci, c’était lui qui n’était pas complètement indifférent, alors que Shea n’avait sans doute rien calculé.

« Toi, t’as surtout peur de perdre le contrôle… ou tu manques juste de confiance en toi. »

Il eut l’air étonnamment sérieux en disant cela… l’espace de trois secondes. Avant qu’il ne rigole franchement et balance une pichenette sur le nez de Shea.

« Allez, j’arrête de faire le psychomage à deux Mornilles. Mon vrai avis, c’est que quand tu prends un balai aussi, t’es jamais à l’abri de te gauler un oiseau que t’auras pas vu non plus. »

En tout cas, Roy avait ses réponses, à présent. Shea savait tout de ce qui était arrivé à Valery, jusque dans les détails de son accident de transplanage. Il ne dit rien à ce propos. Il venait d’effacer la gêne qu’il aurait pu possiblement ressentir à son égard, maintenant qu’il était assuré qu’aucun sujet n’était interdit, c’était tout ce qu’il avait eu envie de savoir, il n’avait pas besoin de plus. Il n’avait de toute façon pas envie de se lancer dans ce sujet. Ce n’était pas de Valery dont il souhaitait parler avec elle, pas alors qu’elle était le genre de personnes avec qui il était si facile de passer un bon moment.

L’initiative qu’elle prit d’ailleurs en l’invitant fut une réelle surprise, mais pas désagréable du tout. Sa dernière phrase le fit aussitôt retourner dans ses baskets de petit drôle à l’humour bien incisif, alors qu’un sourire plus mutin que jamais étirait ses lèvres.

« Dommage, je suis sûr que j’aurai su bien te nourrir. Elle l’avait cherché. Sa décision ne lui prit que trois secondes, le temps nécessaire pour se lever du canapé, et prendre ses clés au passage. Vendu ! Moi j’ai une faim de loup, par contre. Et je connais un bon restaurant, près du canal, tu viens ? »

Il attendit que Shea le suive pour fermer derrière elle, puis la guida hors de la Promenade des Marins qui portait bien son nom : ils débouchèrent sur les quais du canal, tout brillant des derniers rayons de soleil de la journée. Une vision qui rasséréna le trafiquant, apte à lui faire presque oublier ses soucis récents, dans la Voie. Roy détacha son regard de l’eau pour le poser sur la rousse. Sa compagnie lui apportait une espèce de bonne humeur qu’il acceptait, sans réellement chercher à savoir pourquoi. Il avait juste envie de l’embêter, un peu, c’était drôle de l’embêter.

« Mais dis-moi, t’étais plus boulotte que ça, à Poudlard. Je croyais que tu te goinfrais moins, moi, du coup ! Je me suis trompé ? »


Roy Calder

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Emmène-moi, le long du canal [Roy/Shea] Icon_minitimeVen 15 Aoû 2014 - 0:05
Je dis toujours que je vois les gens. Que je perçois leur langage facilement. C'est le cas, en effet. Mais jamais quand je suis concernée. Je n'ai aucun recul, aucune objectivité. Pire que ça : je suis aveugle. Si j'avais pu m'imaginer qu'un jour Roy Calder me regardait comme il le faisait pendant que je scrutais ses étagères, étudiant inconsciemment qui il était par ce biais, j'aurais probablement creusé un trou pour disparaître. Je n'ai reporté mon regard sur lui qu'à sa question. Je haussai les sourcils pour l'écouter et puis je souris.

– Où ça ? – Je fis rebondir les épaules - Je ne sais pas trop. Edimbourg, je pense. C'est une très belle ville, j'y ai pas mal d'amis. Mais sûrement pas Londres, c'est trop loin. Et puis, je crois qu'il est temps que je sorte un peu de ma Cité !

Le sérieux, sur le visage de Roy était pour moi la traduction d'une moquerie piquante et je retins mon souffle en ce me demandant ce qui allait suivre. Je commençai ma phrase d'un "Je..." presque indigné et prête à rétorquer quand sa pichenette me fit tressauter de surprise et loucher sur son doigt une seconde. Je relevai les yeux sur lui et clignai des paupières. C'était une attitude pour le moins curieuse que je n'aurais pas imaginée venant de Roy, mais plutôt venant de mon propre frère. Je plissai les yeux à son argumentation pour le moins bancale et rapprochai mon index de lui, sur le ton de confidence.

– Peut-être. Mais en attendant, sur un balais, j'ai pas l'impression que mon corps peut être divisé en deux lors du voyage ! Imagine jusqu'où je pourrais me répandre ! C'est gerbant, tu trouves pas ? Franchement, moi ça me donne envie de vomir rien que d'y penser, j'en ai des hauts le coeur et tout !

Je grimaçai à nouveau à sa moquerie avant de le bousculer du coude. A Poudlard, sa remarque sur la nourriture m'aurait faite rougir et je me serais demandée, alors, s'il n'était pas intéressé par ma petite et triste personne. J'aurais eu tort. Aujourd'hui, ce n'était pour moi qu'une blague jetée à la va vite, facile et peu imprévisible. Du grand Roy Calder, Mesdames et Messieurs. Mais ce fut dans un immense sourire joyeux que je bondis sur mes pieds pour le suivre sans le faire attendre. J'en fus presque à lui sommer de se dépêcher. Je n'avais trouvé personne pour longer le canal au gré d'une petite promenade de santé. Celle que j'avais faite avec Klemens n'avait été que très courte et surtout de nuit. Fait étrange, je me sentais remarquablement bien avec Roy. Peut-être avais-je grandi, peut-être avais-je mûri, peut-être même avais-je compris que Roy n'était pas mon genre, encore moins celui que je cherchais, si tant est que je cherchasse quelqu'un. [Tiens, ça c'est fait.] En réalité, il me rappelait Lip. Même humour, même belles paroles, mêmes attentions. Néanmoins, ils possédaient deux charmes totalement différents. Roy s'entretenait avec une grande application là où Lip se contentait de rester naturel et confiant. Quand il m'interpela à nouveau après un silence durant lequel j'avais profité de la vue, je relevai les yeux sur lui. Puis je fus secouer d'un rire avant de le bousculer d'une épaule sans cesser de marcher.

– Tu dis ça parce que tu veux que je crois que tu savais que j'exigeais. Mais non. J'ai juste un peu grandi peut-être. J'ai toujours été comme ça. Toutefois, j'ai grossi ces derniers temps.

Je lui souris en relevant le menton vers lui, dans l'idée de lui rendre la moquerie de son gallion. Je ne pouvais penser à lui sans penser à Julianna depuis qu'elle m'en avait parlé quelques semaines plus tôt quand j'avais mentionné mon escapade avec un certain Klemens de Bristol. Et si elle même avait avoué ne pas savoir sur quel pied danser... C'était également mon cas.

– Ouah... Roy Calder, le soupirant de ces dames. Tu sais, je trouve que tu te ramollis. - Je plissai les yeux en relevant le menton vers lui, frustrée qu'il soit aussi grand - Ce serait pas un compliment que tu viens de me faire ?


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Roy Calder
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Emmène-moi, le long du canal [Roy/Shea] Icon_minitimeDim 31 Aoû 2014 - 22:39
Il répondit du même coup d’épaule à la légère bousculade de Shea. Elle ne paraissait plus vraiment lui en vouloir pour son incartade au collège. Elle aurait pu, il avait réellement été odieux avec elle en lui faisant comprendre qu’en effet, elle n’existait pas pour lui. Il n’attendait pas d’elle qu’elle oublie ou qu’elle s’imagine autre chose. Roy ne ressentait pas pour autant de regrets suffisamment profonds pour le faire s’excuser comme il le devrait. Il avait été une certaine personne, il était quelqu’un d’un peu différent aujourd’hui, voilà comment il résumait la situation. A quoi bon s’excuser treize ans plus tard ? Le temps s’était chargé de tasser les choses à sa place, il se reposait là-dessus, cela avait l’air de fonctionner.

La petite pique qu’elle lui retourna le fit sourire. Avait-elle réellement changé ? A l’époque aussi, elle s’était montrée suspicieuse en l’entendant la complimenter. Cette fois, elle avait tort de se méfier, cela ne faisait pas partie d’un calcul sournois pour la faire arriver là où il souhaitait. Enfin, pas complètement.

« Tu me connais mal, alors. J’ai toujours fait des compliments aux jolies filles. »

Le sous-entendu ne serait pas long à saisir. Est-ce qu’il la courtisait ? Un peu, au fond, Roy ne pouvait pas s’en empêcher. Mais c’était bon enfant, c’était un jeu pas vraiment méchant, un petit pari avec lui-même, de voir s’il allait encore faire rougir la jeune femme ou pas. A côté, une part de lui était sincère et trouvait Shea réellement ravissante. Rien que pour cela, il y avait une époque où Roy n’aurait pensé qu’à mettre sa langue dans sa bouche. Mais le temps de l’adolescence était loin. Il ne lui en voudrait même pas si elle le rembarrait. Quelque part, dans un coin de son cerveau, il avait noté « à Klemens » à propos de la jeune femme, et ça, en dépit des moments où il s’accordait de se montrer un peu enjôleur, Roy le respecterait.

Il se contentait donc de marcher avec Shea et de l’embêter un peu. Il ne savait pas vraiment comment lui dire qu’elle n’avait plus à se méfier de lui -en tout cas, pas pour les mêmes raisons qu’avant. Il n’était plus trop dans cet état d’esprit de traiter les femmes qui ne rentraient pas dans ses exigences comme de la bouse de Veracrasse. C’était ce que Shea devait suggérer en lui disant qu’il s’était ramolli. Puisqu’ils étaient lancés sur le sujet de la nourriture…

« Mais j’ai changé aussi, Shea. Un peu. Disons que j’ai arrêté de faire le tri entre la viande et les carottes. » ricana t-il.

Ce qui était déjà un progrès assez conséquent lorsqu’on avait connu le Roy Calder de Poudlard, mille fois plus arrogant et méprisant qu’à l’heure actuelle. Le genre de coup mesquin qu’il avait joué à Shea pour son simple plaisir, il ne l’aurait pas refait, à ce jour. Il avait mûri, il avait moins le temps, il avait d’autres choses à faire… Les explications possibles étaient nombreuses. Est-ce que le monde impitoyable de la pègre lui avait donné quelques leçons ? Certainement. Roy ne cessait pour autant pas de se laisser guider par ses caprices et de blesser une grande partie de ceux qui l’entouraient.

Alors qu’ils longeaient la promenade du littoral, leur regard s’échoua sur un édifice qui se voyait de loin, et Roy se tut un instant. Quatre jours plus tôt, il avait rencontré Mildred Magpie qui lui avait parlé de ce petit bijou en bord de mer. Des charmes protégeaient l’entrée des Folies Sorcières en travaux, mais on entendait et voyait les ouvriers s’y affairer, ce qui attirait régulièrement quelques curieux sur la place. Il avait accepté une affaire qui devait rester secrète bien sûr, Mildred n’avait pas besoin que le monde sorcier sache que les fonds qui permettaient à ces travaux de se poursuivre provenaient de l’argent sale des coffres de Roy. Il n’était qu’un habitant de Bristol qui faisait le curieux, comme tous les autres, se dit-il, alors qu’il passait un bras autour des épaules de Shea pour attirer son attention et pointait le doigt vers le cabaret.

« Tu connais cet endroit ? C’est l’ancien cabaret des Folies Sorcières. Ils sont en train de le réhabiliter, bientôt, il sera rouvert au public. Tu sais que c’était la meilleure affaire de tout Bristol, quand elle a commencé à tourner ? Imagine la folie, toutes les nuits, il s’y passait un truc, un spectacle, un ballet magique, un concert. Ici, en bord de mer… » Il tourna un sourire malicieux vers la jeune femme. « Je t’inviterai un de ces jours si tu nous fais une séance de yoga privée gratis avec Klem. J’ai jamais testé le tapis volant. »

Oh il n’espérait pas qu’on lui fournisse la méthode magique pour « canaliser son énergie » mais il n’était pas mauvais public, il voulait bien voir, par curiosité. Il était surtout bien curieux de voir ce que Shea valait en tant que professeur, de mémoire, elle était assez discrète, pas tellement autoritaire.


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Emmène-moi, le long du canal [Roy/Shea] Icon_minitimeMer 10 Sep 2014 - 8:45
C'était vrai, il avait changé. En sentant son bras autour de mes épaules, je souris un peu plus et tournai les yeux vers lui. Il avait un certain charme à vouloir me montrer Bristol avec ses yeux et je me laissai faire. J'avais déjà vu cet édifice, je savais tout juste ce que l'on en disait mais je ne m'y étais que très peu intéressée. Je suivis l'index de Roy pour observer le bord de mer et puis je ris.

– Es-tu véritablement en train de m'échanger une nuit de folie contre un cours de yoga ? Roy, Roy, Roy... Je coute plus cher que ça.

Malicieuse, j'éclatai même de rire. Imaginer Klem et Roy à 1m d'intervalles pour faire du yoga, je ne pus m'empêcher de trouver ça ironique. Je secouai la tête. A y réfléchir, je n'étais pas quelqu'un qui restait là sans rien faire, se contentant de sa petite vie. J'aimais sortir, m'amuser et je me surpris à désirer passer une soirée en compagnie de Roy, de Klem mais aussi de tous mes amis dans un endroit comme celui-ci. Ma drogue, c'était de rire, prendre la vie d'un côté inattendu et de m'en amuser. C'était une philosophie douce, empreinte d'un certain rêve mais qui m'avait aidée à garder l'équilibre au fil des années. Le problème étant qu'une fois à Poudlard, je serai fermée par le village à plusieurs heures de train de mes premiers amis proches. Je dévisageai Roy, attendrie en quelques sortes puis j'acquiesçai en me mordant une lèvre.

– Mais c'est d'accord. Tu verras, les tapis volants, c'est planant. C'est quelque chose que tu ne peux comprendre tant que tu ne l'as pas expérimenté dans ta vie ! Mais vous devrez faire ce que je vous dis ! Et sans discuter ! Le premier qui se moque, vous passerez une soirée dans vos folies à danser tous les deux sur les tables... Tout seuls !

Je lui désignai la taverne la plus proche du bord de mer pour garder une vue d'ensemble. Encore un peu de soleil et de mer, ce n'était pas un paysage que je reverrai avant un moment et je voulais en profiter. Je pris la main de Roy pour l'attirer avec moi et le fis asseoir à une table en posant mon sac sur la chaise d'à côté.

– Par contre, donne-moi une seconde, je n'en peux plus, depuis ce matin ! Une Bierraubeurre pour moi, s'il te plaît ! Au sirop d'érable s'ils ont !

J'abandonnai mon "ami" pour courir vers les toilettes, lui laissant la garde de mon sac duquel dépassait mon carnet où je notais toute ma vie et où je gardais... Toutes les lettres d'Alex pour les relire de temps en temps, comme une bonne dose de courage et pour combler l'ennui pendant les heures de train.

[Désolée c'est court et pas exceptionnel, j'ai un peu de mal pour celui-ci ! Emmène-moi, le long du canal [Roy/Shea] 1371890812 ]


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Emmène-moi, le long du canal [Roy/Shea] Icon_minitimeMer 10 Sep 2014 - 23:47
Roy eut un éclat de rire à la réponse de Shea, qu’il jugea plutôt gonflée :

« T’es dure en affaires ! Je trouve que c’est cher payé, déjà, protesta t-il, avant qu’elle ne finisse par accepter. On sera sages et obéissants comme des elfes, promis. Il n’allait pas avouer que son plan secret était d’essayer de la faire tourner en bourrique, au risque de le faire tomber à l’eau. Je t’inviterai à Noël, quand tes bambins de Poudlard te laisseront tranquille. Au fait, tu sais qu’ils vont organiser un concours de Miss Magique aux Folies Sorcières, pour le réveillon ? Tu devrais y participer. »

Sur ces bonnes paroles, Roy conclut en lui pinçant le nez, puis en retirant le bras autour de ses épaules. Il était certain que Shea allait refuser la proposition, et pourtant, c’était typiquement le genre d’expérience qu’il lui donnerait confiance en elle, jugeait-il, mais ça, il le gardait pour lui. Elle avait un charme dont elle ne semblait pas prendre conscience, un charme bien différent de ce à quoi Roy était habitué. Alors même qu’elle donnait l’impression d’être timide, elle avait une façon de laisser transparaître absolument toutes ses émotions, qui était à la fois risible et… attendrissante, quelque part, ce qui laissait Roy entre deux eaux : l’envie de la faire tourner en bourrique et celle de profiter simplement de toutes les petites mimiques mignonnes qu’elle lui adressait. Il se laissa finalement entraîner par la main vers une taverne proche de la plage, sans chercher à mener la danse. Il sentait qu’il n’en avait pas besoin avec Shea, elle contenait une espèce de spontanéité qui la faisait agir sans tergiverser, et c'était plutôt amusant de la voir prendre des initiatives.

Roy acquiesça quand elle lui passa sa commande, le temps qu’elle aille au petit coin. Après avoir demandé pour sa part une Gobière rafraîchissante, il se trouva seul et désoeuvré, dans l’attente que Shea revienne. Elle n’était pas différente de la plupart des femmes sur ce point-là, elle passait beaucoup trop de temps aux toilettes, songea t-il, alors que son regard se posait sur un carnet épais qui débordait du sac de la jeune femme. Roy lança un coup d’oeil aux alentours, dans le réflexe de celui qui allait faire une chose pour laquelle il préférait ne pas avoir de témoins. Après tout, satisfaire sa curiosité était une activité qui faisait passer le temps très efficacement…

Sans plus se poser de questions, Roy se laissa guider par son envie soudaine de regarder un peu dans ce carnet. Il n’aurait qu’à le reposer à sa place quand il verrait la jeune femme arriver, voilà tout. Ni vu ni connu. Il subtilisa donc l’objet et commença à le feuilleter, avec curiosité. Des papiers qui avaient tout l’air d’être des lettres lui glissèrent aussitôt sur les jambes, il les posa sur le comptoir, décidant qu’il allait regarder un peu le carnet avant de prêter attention au reste. Mais rapidement, Roy se rendit compte qu’il n’y avait pas grand-chose d’intéressant à y lire. Ses notes étaient surtout professionnelles, des rendez-vous, des schémas, des pense-bêtes…

Un peu déçu, il referma le cahier, le replaça dans le sac à main, puis se souvint qu’il avait laissé des lettres de côté. Un dernier coup d’oeil sur le côté pour vérifier que Shea n’arrivait pas encore. Il s’empara des papiers, commença à les parcourir en diagonale. C’était… beaucoup plus intéressant. Ce qui frappa Roy en premier fut le destinataire. C’était le même, sur chacune des lettres, comme si Shea ne correspondait qu’avec une seule personne, ou… que celle-ci revêtait une importance particulière, pour qu’elle les garde toutes sur elle. Il eut quelques secondes de doute. Ces lettres avaient tout l’air d’être personnelles, les lire seraient d’un grand manque de discrétion. Autrement dit, et plus simplement, ce n’était pas bien. Mais Roy décida bien vite que la curiosité l’emportait sur sa bonne conscience dont il s’était de toute façon débarrassé depuis un moment.

Il lut donc quelques passages, conclut assez vite que Shea et ce mystérieux Alex ne se connaissaient pas de visu, puisqu’ils avaient justement l’air de faire connaissance, ce qui étonna Roy. Une relation purement épistolaire ? Avec un inconnu ? Cela paraissait d’un temps passé, à Roy, sinon digne d’un roman. Il comprit ce qui s’était produit, en tombant sur une lettre du premier juillet. Shea aurait envoyé une lettre anonyme, dans une bouteille portée par les vagues de l’océan. Il lisait trop vite pour tout bien saisir, s’efforçant de ne retenir que l’essentiel, et quelques mots lui décrivaient une Shea torturée et perdue, sans qu’il ne puisse comprendre d’où cela venait. C’était compliqué de reconstituer les choses, il n’avait pas les lettres de Shea en main, seulement les réponses de son correspondant qui savait, lui, de quoi elle parlait.

A côté de ça, certaines phrases saisies à la volée marquèrent l’esprit du trafiquant. « Quand j'ai lu votre lettre, j'ai imaginé une jeune femme debout face à la mer, cherchant à dissoudre ses tourments au travers de l'épaisse atmosphère de l'Écosse. J'ai songé que vous deviez être une jeune Écossaise aux cheveux blonds », « La première n'était qu'une adolescente perdue là où la seconde semble être la femme épanouie que j’espérais », « Je peux dire que vous êtes une femme spontanée, c'est certain, mais je ne le vois pas comme un défaut, bien au contraire »... Que de poésie et de tendresse ! Roy se demanda un instant s’il n’avait pas sauté quelques lettres, étant donné la vitesse à laquelle cet écossais passait d’un « Chère Shoshannah » sobre à un bien plus affectueux « Ma très chère Shoshannah »… Tout ceci était bien intéressant, en tout cas, se disait-il, sans pouvoir empêcher un sourire en coin de fleurir sur ses lèvres.

Il n’eut pas l’occasion de satisfaire plus longtemps ses recherches de potins sur Shea, puisque la tête rousse de celle-ci sortait des cabinets. Il était trop tard pour que Roy remette les lettres dans le carnet, elle risquait de voir le geste qu’il ferait vers son sac, ce qui serait suspect. Il n’eut pas trente-six solutions. D’un geste prompt, il glissa les lettres sous sa jambe, décidant qu’il profiterait du premier dos tourné de Shea pour les remettre à leur place.

Roy aurait pu s’en tenir là. Faire semblant de n’avoir rien lu, continuer de discuter avec elle comme si de rien n’était. Mais il ne pouvait s’empêcher de laisser tourner dans son esprit ce qu’il venait de lire, alors qu’elle reprenait place et qu’il poussait sa Biéraubeurre vers elle. C’était plus fort que lui. Son côté joueur un peu mesquin reprenait le dessus. Il y avait de quoi chambrer Shea pour un bon moment, là-dedans. Mais il sentait que c’était sérieux, malgré tout. Le contenu des premières lettres avaient laissé entendre des choses sur lesquelles Shea ne se confierait probablement pas, pas à lui… Ils n’étaient pas vraiment amis, après tout. Pas encore, décida Roy, en se penchant vers la jeune femme.

« Alors, ma très chère Shoshannah, dis-moi… »

Il allait commencer par glisser des allusions, ça et là. Si elle comprenait, il attendrait de voir sa réaction avant de décider quelle posture adopter. Si elle ne saisissait rien, eh bien, le sujet serait classé et Roy remettrait discrètement les lettres à leur place. Mais c’était plus drôle si elle saisissait, et cela commençait dès la posture. La manière dont Roy, accoudé à la table, petit sourire aux lèvres, plongeait son regard dans celui de Shea était sensé faire passer le message… qu’il voulait faire passer un message.

« Prête à t’envoler pour l’Ecosse ? Jamais rien vu de ce pays, à part Poudlard. Ca m’a toujours paru mortellement ennuyeux comme coin… Tu connais des gens là-bas, tu me disais ? Un homme peut-être ? Roy agrandit son sourire, pour la mettre plus en confiance, sans paraître moqueur. Non, il devait prendre un air sérieux, ou en tout cas, l’air « mine de rien ». Je suis curieux, je me dis qu’après mon frère et Klemens, tu dois être le genre à aimer le type du mec venu d’ailleurs... Ca dépayse l’Ecosse mine de rien. Ca tombe pas si mal pour toi, à ce qu’on m’a dit, les gars de là-bas sont le genre à bien aimer les jeunes femmes aux cheveux blonds face à la mer… Ils sont poétiques, non ? »


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Emmène-moi, le long du canal [Roy/Shea] Icon_minitimeJeu 11 Sep 2014 - 8:17
J'avais bien éclaté de rire à la mention du concours. Lip aurait eu exactement la même remarque s'il avait su. Je ne refusais pas, je ne prenais simplement pas ça au sérieux du tout. Quoique si on me demandait directement, j'aurais dit non. J'avais même repoussé Roy d'une main sur le torse en soufflant un "N'importe quoi". Non, l'ancien Gryffondor n'avait rien de quelqu'un de sérieux, pas vrai ? Ca se saurait. D'ailleurs, s'il l'était, je n'aurais sûrement pas été si... volage avec lui. J'aurais probablement gardé des distances. Mais Roy n'était pas le genre romantique, mes gestes n'envoyaient aucun signal de tentative d'approche, pas plus que les siens. C'était sûrement pour ça que je me sentais plutôt bien : je n'avais aucune question à me poser. Je n'étais pas son genre, je ne l'avais jamais été, je n'avais donc aucun souci à me faire de côté-là. Et puis il n'aurait pas fait ça à Klemens... Pas vrai ?

Les lettres d'Alex. Je les trimballais partout. J'avais tant peur de les perdre, qu'on les trouve, qu'on les brûle, que je les gardais jalousement. Je doutais qu'il fasse de même mais ça m'était égal. Cette partie de ma vie, je voulais la garder pour moi. Le fait que Tobias et ma tante soient au courant ne changeaient rien, ils ne connaissaient pas le contenu des lettres et je ne prévoyais pas de leur raconter. Peut-être en disais-je un peu plus à mon frère mais quand Lip riait à l'anecdote, cela me confortait dans ma décision de ne parler d'Alex à personne. Cela revenait à parler de la raison pour laquelle il m'avait écrit. J'ignore pourquoi j'ai fait confiance à Roy, pourquoi je n'ai pas ressenti le besoin de mieux préserver mon sac et les lettres d'Alex. Roy était lui-même quelqu'un de confiant et de rassurant, ce qui était plutôt paradoxal. J'avais déjà oublié les "mises en garde" de Julianna, ma relation avec le Bristolien était totalement différente de la sienne. Nous n'étions que des connaissances, pas des amis et encore une fois, il ne tenterait rien avec moi. C'était un beau parleur, un flatteur. Mais c'était bien tout.

Alors je revins vers lui avec un grand sourire et je me hissai sur le tabouret à ses côtés en remerciant le barman pour le verre. Pas un instant, toujours en confiance, je n'imaginai que Roy avait pu fouiller dans mes affaires. Peut-être que si je l'avais mieux connu, je me serais méfiée. Mais j'étais parfois assez naïve lorsque j'avais décidé de ne voir que ce que je voulais voir. Je tournai les yeux vers Roy quand il reprit la parole et je clignai des paupières à la mention de mon prénom moldu. Voilà qui était bien curieux, je ne me souvenais pas lui avoir déjà dit. L'emploi soutenu de la salutation me rappela Alex et mon sourire s'effaça quelque peu pour laisser place à une moue curieuse. D'où sortait-il mon nom, tout à coup ? J'avais toujours des frissons à la lecture des lettres d'Alex. Moi aussi, je le trouvais bien affectueux pour quelqu'un qu'il ne connaissait pas, ce qui me donnait l'impression d'être spéciale, unique pour cette personne. L'important que je portais à Alex n'était pas raisonnée ni très rationnelle. C'était également pour ça que je ne disais rien à personne. Si je me brûlais les ailes, je ne voulais pas que qui que ce soit en soit témoin. Je pouffai de rire doucement en portant mon verre à mes lèvres.

– Depuis quand tu m'appelles comme ça ? T'es tombé sur la tête ?

Je bus une gorgée, promenant mon regard autour de nous avant de le reporter sur lui. Sa posture, sa stature me mis la puce à l'oreille sans que je ne puisse mettre le doigt dessus. Il se moquait, quelque chose le rendait taquin mais j'ignorai quoi. Je conservai mon sourire, avec une certaine réserve et haussai les épaules.

– J'ai des amis à Edimburgh, oui, dont quelques hommes, en effet. Que je vais voir dans deux semaines. Ma tante vit sur les côtes d'Ayr, aussi.

Quelque chose clochait. J'en étais certaine. L'attitude de Roy était différente. Mon sourire s'agrandit avec le sien. Son analyse n'était pas fausse. Tous les hommes que j'avais connu n'étaient pas... Vraiment d'ici. Mais je ne l'étais pas totalement non plus. La mention de l'océan et ces quelques mots, si proches de ceux que Alex avaient écrits, me fit perdre mon sourire, toutefois. Je fixai Roy sans rien dire, pendant de longues secondes. Qu'est-ce que ça voulait dire ? Je clignai à nouveau des paupières et vivement, je me retournai pour voir mon sac, l'ouvrant, à la recherche de mes lettres. Bizarrement, mon coeur rata un battement dans un moment de panique. Si je perdais ces lettres, j'aurais l'impression de le trahir, d'avoir failli. Il avait été là pour moi, même avec 10 ans de retard, je me devais de veiller sur ce cadeau. Je me redressai, aussi vivement et tendis la main vers Roy, l'air peu commode.

– Rends-moi mes lettres ! Roy, ce n'est pas drôle, rends-moi ces lettres ! Tu ne peux pas comprendre, je... - Je gonflai les joues et lui fit les gros yeux - Je te jure que je vais me venger si tu ne me les rends pas, où est-ce qu'elles sont ?! - Je me levai et commençai à faire le tour de lui, prête à en découdre. - Roy !


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Emmène-moi, le long du canal [Roy/Shea] Icon_minitimeDim 14 Sep 2014 - 0:16
Elle ne sembla se douter de rien, au début. Roy savoura les quelques minutes où Shea répondait tranquillement, il savoura de voir l'expression de son visage devenir hésitante, comme si elle sentait que quelque chose clochait, avant qu’il ne réponde lui-même à ses interrogations, avec des allusions plus appuyées. Là, ce ne fut plus un regard curieux qu’elle posa sur lui. Roy eut un léger mouvement de recul -instinct de survie- quand il la vit farfouiller dans son sac. Dans cinq secondes, elle allait comprendre. Etait-ce le moment où il devait s’excuser et lui rendre ses lettres ? Non. A quoi bon avoir fait tout ce manège s’il ne pouvait pas s’en amuser un peu ?

Ce fut plus fort que lui, il éclata de rire en la voyant gonfler les joues et tenter d’avoir de l’autorité. Elle ne savait pas à qui elle avait affaire. Roy extirpa les lettres de là où il les avait cachées, les retira de la portée de Shea en se levant, avant qu’elle ne puisse s’en saisir. Ce ne fut pas aisé de lire tout en repoussant d’une main la jeune femme pour qu’elle ne lui arrache pas les lettres, mais il avait plutôt une bonne poigne. Il finit par serrer son cou de son bras, pour l’empêcher de bouger. Elle pouvait toujours agiter ses bras à l’aveuglette pour récupérer son bien que Roy tenait à distance, ou même le marteler de ses petits poings si cela l’aidait à se défouler, il continuait tout de même à lire avec emphase :

« Ma très chère Shoshanna, en effet je pense que les courants marins sont à blâmer... Ou plutôt à remercier. Votre bouteille a probablement été portée de Ayr jusqu'aux Hébrides, est passée à travers jusqu'à faire le tour pour atteindre Inverness -Tu es sûre que c’est ta tante que tu vas voir à Ayr ?- J'espère que vous trouverez un moyen pour que nous restions en contact. En un sens, cet équilibre à propos duquel vous écrivez devient peu à peu aussi important pour moi que pour vous. -Oh attends et celle-là !- Et vous ? Parlez moi, peut-être, de vos propres défauts ? Je peux dire que vous êtes une femme spontanée, c'est certain, mais je ne le vois pas comme un défaut, bien au contraire. »

Il arrêta sa lecture ici, relâcha la rousse. Il aurait pu continuer de déplier d’autres lettres, mais ses relevés avaient été assez éloquents, et puis Shea devait sans doute en connaître le contenu par coeur pour avoir tout de suite reconnu ses citations, tout à l’heure. Un sourire hilare digne d’un adolescent de quinze ans s’étalait sur le visage de Roy. Shea ne pouvait rien nier, il n’avait plus qu’à la cuisiner proprement, à présent.

« Tu les as faites tomber tout à l'heure, en te levant, se dédouana t-il aussitôt, avant qu'elle ne l'accuse à juste titre. Tu les gardes toujours sur toi ? C’est carrément mignon. Je te les rends, je te les rends, t’énerve pas ! »

Il tendit le paquet vers Shea, pour qu’elle cesse de s’agiter, mais au dernier moment, il les retrancha à son emprise. Un peu comme le geste qu’elle avait eu avec lui et son croissant, un mois plus tôt. En toute innocence, bien sûr.

« Mais seulement si tu m’expliques qui est cet Alex. Je t’assure que je peux comprendre. En fait, je comprends déjà, c’est limpide. Soit ce mec fait ses exercices de prose sur toi, soit il en pince pour sa très chère Shoshannah. Mais bon, en général, quand un gars pense à l’anniversaire d’une femme, c’est qu’il y a Strangulot sous roche, si tu veux mon avis… Allez Shea, tire pas cette tronche, dis-moi plutôt qui me fait de la concurrence, comme ça. »

Il ponctua sa phrase d’un dernier sourire autant moqueur qu’enjôleur. Il espérait qu’elle ne lui en voudrait pas d’avoir fait le curieux en lisant ses lettres, tout comme il espérait qu’elle ne se braquerait pas et accepterait d’en parler, c’était dans ces deux objectifs qu’il essayait de dédramatiser la situation et de la charmer, un peu. Il n’y avait nul besoin qu’elle se venge, ce n’était pas comme s’il irait répéter ce qu’il avait lu. Il n’en voyait pas l’intérêt, si Shea lui confiait quelque chose, il le garderait pour lui. Parce que c’était mieux d’être le seul à savoir, parce que c’était dans tous les cas toujours plaisant d’être le « seul à ».


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Emmène-moi, le long du canal [Roy/Shea] Icon_minitimeDim 14 Sep 2014 - 10:40
– Tu as fouillé dans mes affaires ?! ROY !

Je me dressai sur la pointe des pieds, les bras tendus, pour essayer de récupérer mon bien mais assis sur on tabouret, Roy était plus haut, plus grand et aussi plus fort que moi. Son bras entoura mon cou, et je me retrouvai contre lui, les lèvres pincées en essayant d'attraper mes lèvres, auxquelles je tenais énormément.

– Ne les abîme pas ! ROY J'Y TIENS ! Tu ne sais pas ce que tu fais. Juste... - Je me mis à lui frapper le torse, cherchant à me défaire de lui, serrant sa main dans la mienne. - Bien sûr que c'est ma tante que je vais voir à Ayr !

Une fois libérée, je sautai pour récupérer les lettres mais Roy n'en avait pas fini avec moi. Je replaçai mon haut, tout détendu par la petite bagarre et lançai à Roy un regard noir. Aussi noir que possible à travers mes yeux bleus. Et il riait ! Boudeuse, je lui donnai un coup de poing dans l'épaule. J'étais un peu vexée. Et aussi blessée, peut-être. Roy était moqueur et dans mon souvenir, il n'était pas d'une moquerie très... "plaisante". Il avait manqué de discernement et se voulait plus facilement méchant que simplement taquin. Je ne pus réellement dire la différence à cet instant, je ne le connaissais pas suffisamment, je ne connaissais pas... Ce Roy-là. J'attendis qu'il baisse sa garder pour tendre le bras mais il me fit encore languir. A bout de souffle, je le dévisageai, toujours en train de rire. Quel plaisir pouvait-il en retirer ? Je restai méfiante quand il me tendit finalement les lettres. Je les regardai, puis lui et à nouveau mon bien. Bien sûr, quand je voulus les prendre, il les récupéra. Je pinçai les lèvres en voulant lui lancer un juron mais sa voix m'interrompit. Grognon, le nez plissé, je l'écoutai malgré moi.

– Ca ne te regarde pas. - Je secouai la tête, pas décidée à lui parler d'Alex. Ni à lui, ni à personne d'ailleurs. Je trouvais déjà que son temps de réponse était trop long et j'avais peur qu'il ne réponde plus du tout. - Cesse de dire des bêtises et tu n'as pas de concurrence ! Sinon, ça voudrait dire que tu fais partie des candidats, ce qui est carrément exclu ! Alex n'en pince pas pour moi, il est POLI ! Tu devrais essayer mais j'ai peur que ça ne t'aille pas au teint. Rends-les moi, maintenant, tu as bien joué, tu t'es bien moqué ?

Je tendis la main vers lui, attendant qu'il me rende mes lettres. Je refusai de parler d'Alex. Mais il ne fit aucun geste vers moi. Il attira même les lettres un peu plus vers lui pour m'empêcher de les récupérer. Je serrai les dents et étudiai la question.

– Si tu as lu, ce qui tu aurais pu t'empêcher sachant que ça ne te regardait pas, tu sais qui c'est, non ? - Bien sûr, ce n'était pas ce que Roy voulait savoir. Alors, je soupirai - T'es vraiment qu'une grosse Doxie. C'est un correspondant moldu. Il se trouve que j'en ai reçue une le jour de mon anniversaire, j'ai trouvé la coïncidence amusante, c'est tout. Je dois passer par ma tante pour recevoir son courrier. Tu sais ? Des lettres, des trucs qu'on écrit à la main. Ce que tu ne feras jamais, gros fainéant que tu es ! Tu es satisfait ? Rends-les moi, maintenant. S'il te plaît. Ca a beaucoup d'importance pour moi.

Ma voix baissa au fur et à mesure. Je n'étais pas suppliante, je voulus juste qu'il comprenne que sa petite blague avait assez duré, maintenant. J'aurais trouvé ça dommage qu'il soit toujours ce même gosse capricieux et détestable de Poudlard, quand bien même il me plaisait déjà à l'époque et encore aujourd'hui. Mais j'avais grandi, j'avais muri, j'étais adulte maintenant. Je savais faire la différence entre une relation raisonnable et un gouffre à problèmes comme Roy. De plus, Julianna m'en avait assez parlé pour que je m'en méfie de moi-même. Quoi qu'il en soit, Roy n'était pas un "prétendant". Je ne ferai pas deux fois l'erreur de croire que des garçons comme lui s'intéressaient à moi. Cependant, quelque chose me disait qu'il ne s'arrêterait pas à de si frêles confidences. Il aimait le croustillant, le secret et j'étais une cible parfaite, non ?
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Emmène-moi, le long du canal [Roy/Shea] Icon_minitimeDim 12 Oct 2014 - 0:30
« Je n’ai pas fouillé, je t’ai dit, elles sont tombées ! Pourquoi tu prends la mouche comme ça, Shea ? »

La façon dont elle se débattit amusa Roy un moment. C’était plus fort que lui. Il était facilement taquin, et Shea était une cible parfaite. Elle démarrait si vite au quart de tour ! Pour quelqu’un de moqueur comme Roy, elle était du pain béni. Il en profitait largement, quitte à devenir mesquin. Elle lui pardonnerait. Il comptait là-dessus pour pousser un peu sa petite blague. Elle lui pardonnerait parce qu’il avait déjà fait bien pire, et qu’il avait malgré tout réussi à l’amadouer. Il n’aurait qu’à recommencer, n’est-ce-pas ? Roy avait de la chance, Shea n’était pas une femme rancunière, et il le savait, c’était bien pour cela qu’il se permettait d’être si lourd.

Il tenait encore les lettres éloignées de sa portée quand Shea protesta qu’elle ne le considérait pas comme un candidat potentiel. La façon dont il haussa les sourcils et son rictus lui témoigna de tout son scepticisme. Malheureusement pour la rousse, Roy était un homme bien trop sûr de lui, bien trop conscient de l’effet qu’il pouvait faire aux femmes. Shea n’était pas indifférente, il en mettrait sa main à couper. Qu’elle le nie l’amusait plus qu’autre chose. Il avait cependant d’autres questions à régler, pour le moment, il pourrait toujours revenir sur ce mensonge -éhonté, cela va sans dire- plus tard. Quand il aurait besoin d’un autre sujet pour embêter la jeune femme, par exemple.

Pour Roy, c’était surtout de voir Shea s’agiter qui était drôle. Si elle se fermait, c’était moins amusant. Roy comprit à la façon dont son ton baissait que sa plaisanterie avait assez duré. Le bon sens aurait voulu qu’il arrête là. Le seul problème ? Sa curiosité n’était pas pleinement satisfaite. La jeune femme n’avait pas dit grand-chose, finalement, la seule chose que Roy venait d’apprendre était que ce fameux Alex était moldu. Rien de bien croustillant. A ce moment-là, face à Shea, l’image de leur dernière rencontre dans son appartement lui revint à l’esprit. Il avait l’impression de retrouver la même Shea contrariée et méfiante envers lui. Quelques secondes, il se contenta simplement de la regarder, avant de briser le silence.

« Ok, faisons du commerce équitable. » finit-il par se résigner, non sans un léger sourire au coin des lèvres.

De la même façon que la dernière fois, quand partager un croissant avait signé leur trêve, Roy coupa le petit paquet de lettres, en tendit une moitié à Shea, garda la seconde. Il n’était pas complètement de mauvaise foi, il voulait bien faire un effort… si Shea en faisait aussi. Il ne tenait qu’à elle qu’il lui rende le reste des lettres. Il ne comptait pas les garder pour le plaisir de le faire, de toute façon. Il voulait simplement obtenir une ou deux informations. Il attendit que la rousse se saisisse de ses quelques lettres, avant de reprendre d’un ton plus calme :

« J’ai vu que ça avait de l’importance pour toi. Enfin, je l’ai lu, plutôt. Je reconnais que je n’aurais pas dû m’immiscer mais… -il haussa brièvement les épaules- C’est fait, maintenant. Je n’ai pas tout compris, cela dit, puisqu’il me manquait ton point de vue. Mais ça, c’est une chose que je peux te demander directement, contrairement à cet Alex que je ne connais pas… Toi non plus, d’ailleurs, je me trompe ? Vous ne vous êtes jamais vus, pas vrai ? » C’était ce qu’il avait cru comprendre, à sa lecture. « Ca ne te dérange pas de ne pas pouvoir mettre un visage sur lui ? »

Une question comme une autre pour en savoir plus sur cet Alexandre, sur la manière dont elle le considérait, puisqu’il fallait la pousser pour qu’elle parle. Conscient qu’il forçait un peu les confidences, Roy voulut ajouter quelque chose, dans une tentative de décrisper la jeune femme et retrouver sa confiance, ou en tout cas, un semblant de confiance. Il n’était pas trop mauvais à ce jeu-là. D’abord, un soupçon d’humour…

« D’accord, je reconnais que je n’ai pas la prose de ce gars, mais tu me vexes, tu sais, je me suis toujours montré poli avec toi, non ? Puis le sourire contrit. Je pensais pas que tu t’énerverais comme ça. Tu ne laisses personne lire ces lettres, c’est ça ? Enfin, les mots rassurants. Tu sais, t’as pas besoin de te braquer, Shea, je ne dirais rien si tu préfères que je me taise. »

Il n’avait même pas menti, pour une fois.


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Shea Gruffydd
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Emmène-moi, le long du canal [Roy/Shea] Icon_minitimeJeu 16 Oct 2014 - 19:06
Du commerce équitable. Vous le croyez, vous ? Du commerce équitable. Sur mes lettres ! Sur mon courrier personnel ! J’accueillis son sourire par une mine passablement agacée et je haussai les sourcils. Une main libre tendue vers lui, je tins mon paquet de lettres déjà rendues dans l’autre, coincée sous mon bras et j’attendis en me tordant les lèvres. Je n’étais pas en colère. Je n’étais même pas énervée. Simplement un peu agacée de ces petits jeux et impatiente de retrouver le reste de mes biens. Je ne comprenais vraiment pas ce qu’il pouvait trouver de si intéressant là-dedans. Etait-il en train de chercher une raison pour me protéger ? Dans ce cas, pourquoi ne faisait-il pas de même avec Klemens ? Je ne comprenais pas pourquoi Roy faisait tout ça. Mais je ne dis rien.

Alors qu’il parlait, je le dévisageai sans rien dire mais je ne manquai pas un mot de ce qu’il me disait. La petite fille en moi, la jeune Gryffondor, avait toujours une oreille attentive à l’attention que me portait ce garçon-là. Traitez-moi de naïve si vous le voulez, je continuerai à penser que mon corps comportait des alertes. Si celles-ci ne hurlaient pas alors je ne modifiais pas mon parcours. Ici, croire à la sincérité et à l’amitié de Roy. Je pinçai les lèvres à la mention d’Alex. Je ne l’avais encore jamais vu, en effet, mais jusque là, ce point ne m’avait jamais véritablement effleurée. Après tout, j’aimais le mystère que nous entretenions et j’appréciais d’autant plus notre correspondance car j’apprenais à le découvrir, sans parasite, sans personne autour pour me dire « Mais tu sais, ce gars-là… » On m’avait dit de me méfier de Roy, j’ai aussi entendu des choses sur mon frère. Mais sur Alex ? Personne ne le connaissait et personne ne me connaissait ! C’était une liberté gonflée de luxe que j’aimais tout particulièrement.

Croyez-vous que j’aurais pu noter la petite machinerie de Roy à mon encontre ? Bien sûr que non. Il jouait tant et si bien que je soupirai à l’entente de mon prénom. D’un geste, je tentai de récupérer mes lettres, un peu rageusement. - Bien sûr que non ! - Pendant un instant, je gardai le silence. - Est-ce que tu fais lire ton courrier, toi ? Et bien moi non plus ! Tobias a lu la première que j’ai reçue parce qu’il était là quand j’ai rendu visite à ma tante. Et non, ça ne me dérange pas de ne pas savoir à quoi il ressemble, ce n’est pas le but de ces lettres ! Et je ne m’énerve pas, je n’aime simplement pas que l’on fouille dans ma vie privée sans que je ne l’ai autorisé ! C’est juste que…

J’inspirai profondément en levant le menton et j’agitai mes mains. Pourquoi Roy voulait-il savoir tout ça ? Voilà qui me dérangeait bien plus que le fait qu’il ait pu lire mes lettres. Je secouai la tête en laissant mes mains retomber le long de mon corps. Je gardai à nouveau le silence quelques secondes, pendant que je le contournais et je rangeai les lettres dans mon sac, à leur place.

– Pourquoi tu fais ça, Roy ? Je veux dire, ça ne t’apportera rien. Qu’est-ce que ça peut te faire que je l’ai déjà vu ou non ? Tu sais, nous ne sommes pas tous accro au physique des uns et des autres, nous n'en avons pas tous besoin pour s'apprécier... Puisqu'on en parle... Tu ne t’es pas toujours montré poli envers moi, non. - Je relevai les yeux sur lui, secouant la tête un peu plus pour lui rappeler que je n’avais pas oublié nos mésaventures d’adolescents. Ni son regard lubrique en me découvrant dans son salon au petit matin. Quoique cela pouvait être considéré comme de la politesse, après tout. Je ne pouvais le prendre que comme un compliment, non ? Mais je n’ajoutai rien. Je me réinstallai sur mon siège en me tournant vers lui et je haussai les épaules en ramenant des cheveux derrière mon oreille. - Voilà pourquoi ça ne peut pas marcher entre toi et moi ! - Je l’ai désigné d’un index avant de le reporter sur ma poitrine, les sourcils hauts de malice comme de sérieux. - Tu ne respectes déjà pas ma vie privée ! Alors…

Vous savez comment sont les filles ? Prêcher le faux pour obtenir le vrai ? Si vrai il y avait, comment savoir si Roy s’intéressait à moi ? Et si oui, de quelle manière ? J’eus envie de croire que son intérêt pour Alex cachait en réalité un intérêt plus important pour moi. Bien sûr, je me berçais d’illusions mais qui sait… L’espoir faisait vivre, non ? Je baissai les yeux en faisant mine de me sentir vexée. Ce que je n’étais pas. Mais que j’aimais qu’il pense.


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Emmène-moi, le long du canal [Roy/Shea] Icon_minitimeSam 25 Oct 2014 - 22:53
Non, il ne faisait pas lire ces lettres, mais il ne réagissait pas si violemment quand quelqu’un le faisait, songea t-il, non sans amusement. Shea devait les considérer sous un oeil particulier, leur accorder une certaine importance, il en était certain, la façon dont elle souhaitait lui faire croire que ce n’était pas le cas le poussait justement à s’en convaincre. Il la suivit des yeux sans mot dire quand elle le contourna pour ranger ses lettres. Il gardait toujours son petit paquet, dans l’attente qu’elle lui fournisse des réponses. Pourquoi faisait-il ça ? Parce que c’était drôle et qu’il était curieux, évidemment. Conscient que lui livrer une telle réponse ne le servirait pas, Roy garda le silence. Le sous-entendu sur leur adolescence était clairement passé et Roy se demanda un instant s’il ne s’était pas trompé d’approche… avant de comprendre que non, à la suite des paroles de la jeune femme. Ah, ils y revenaient. Un sourire lui passa sur les lèvres tandis qu’il se rasseyait en face de Shea. Il s’accouda au bar, volontairement plus proche d’elle que tout à l’heure, puis répliqua :

« Je croyais que je ne faisais pas partie des candidats potentiels, de toute façon ? »

On n’aurait su dire si son sourire était plus narquois que séducteur, il y avait sans doute un peu des deux là-dedans. Comme souvent, avec lui, on ne savait sur quel pied danser. Il en jouait très largement, de pouvoir faire tourner en bourrique son entourage. Parfois, c’était une façon de tester les autres, le plus souvent, simplement un moyen de s’amuser. L’ambiguïté qu’il y avait entre Shea et lui depuis le début, Roy en était conscient, il en était d’ailleurs le principal acteur, à la draguer sans réellement la draguer. De façon générale, il était difficile de savoir quand il était sérieux ou pas, cela lui avait d’ailleurs joué des tours, il avait tellement pris l’habitude de jouer avec les nerfs de ses proches que ceux-ci avaient tendance à ne pas le prendre au sérieux, ou à refuser de lui accorder leur confiance. Toutefois, Roy savait comme une femme pouvait se montrer susceptible, et il n’avait pas envie que Shea se braque complètement. Il n'avait pas fait de bourde, elle avait peut-être l’air vexée, mais le simple fait qu’elle lui ait répondu qu’elle n’était pas en colère et qu’elle lui demande à présent les raisons de son comportement le poussait à croire qu’il avait bien fait de l’amadouer, et qu’il n’avait qu’à poursuivre dans cette voie pour qu’elle s’ouvre à lui. Ce qu’il fit donc, après avoir attendu la réaction de Shea :

« Je fais ça parce que ça m’intéresse, tout simplement. Et je ne suis pas en train de te mentir pour te faire parler comme à Poudlard. Tu sais que j’ai changé depuis notre adolescence, sinon tu ne m’aurais pas invité ici. Et pourtant, tu te méfies toujours de moi, je me trompe ? Il laissa s’écouler un silence, pendant lequel il ne fit que jauger du regard la jeune femme. Ses doigts finirent par se poser sur le tas de lettres qu’il avait laissé sous son coude. Il les fit glisser jusqu’à elle, avant de retirer sa main. Je reconnais que je n’aurais pas du lire sans ton autorisation. Si tu ne veux vraiment pas en parler, je n’insiste plus. »

Il jouait sa dernière carte en se faisant passer pour bien plus bienveillant qu’il ne l’était réellement. Idéalement, Shea lui faisait confiance et se détendait, et il pourrait toujours la faire parler aujourd’hui ou plus tard... Idéalement. Mais Roy était un homme patient, lorsqu'il voulait quelque chose, il finissait toujours par l'obtenir, d'une façon ou d'une autre, il se faisait confiance pour y parvenir avec Shea aussi.


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Emmène-moi, le long du canal [Roy/Shea] Icon_minitimeLun 3 Nov 2014 - 11:16
Il avait changé, c’était vrai. J’en étais consciente. C’était une bonne chose. Enfin, je crois. En effet, je ne l’aurais pas invité ici sans ça. Ou bien était-ce lui qui me l’avait suggéré ? Est-ce que je me méfiais toujours de lui ? Les questions tournaient dans ma tête et j’aurais voulu répondre ce qu’il voulait entendre. Parce que c’était Roy. Parce que je voulais qu’il voit le bien en moi. J’avais du mal à croire qu’il voulait me faire parler simplement parce que… Tout ça l’intéressait. Non, ça n’avait pas de sens. Bien sûr qu’il faisait partie des candidats potentiels à l’amour de ma vie. Mais étrangement, je ne le ressentais pas comme tel. Disons plutôt que c’est ce que j’aurais voulu. Persuadée que Roy était le genre de garçon qu’il me fallait. Vous savez, comme quand vous voulez tomber amoureux, de façon si désespérée que le premier qui se présente à vous, vous vous attendez à ce que ce soit… Le cas. Bien qu’attirée, je n’ai pas voulu reconnaître tout de suite que Roy n’étais pas celui que je cherchais. Cependant, lui plaire, ça oui.

Alors, j’ai acquiescé. Tout simplement. Oui, je me méfiais toujours de lui. Mon instinct de survie, probablement. Mais à côté de ça, je ne fuyais pas. Parce que oui, je savais qu’il avait changé. Je me tordis les lèvres, hésitante, m’attendant à ce qu’il récupère mes lettres, et je posai ma main sur celles-ci avant de les attirer à moi pour les ranger dans mon sac. « Ce n’est pas… »

Je soupirai, un peu avec humeur, en levant les yeux au ciel et je laissai mon sac retomber sur le tabouret à côté, me tassant par la même sur moi-même. « Ce n’est pas que je ne veux pas en parler, c’est que je ne sais pas quoi dire ! » Je ramenai une mèche de cheveux derrière mon oreille et haussai les épaules. « Tu vois, c’est quelque chose d’intime, je veux dire, ce n’est pas quelque chose dont je parle aisément, je ne parle que rarement de moi, finalement. Je doute que tu me parlerais facilement des choses qui ont changé ta vie, qui ont vraiment compté, surtout si tu en tires un petit peu de honte ! Je ne dis pas que j’ai honte de ces lettres ! Je dis juste que je ne suis pas forcément très fière de comment elles sont arrivées là. C’est une réaction en chaîne, c’est… Ce type répond à une gamine et qui a pris 10 ans dans la vue. Je veux dire ! J’écris ma lettre à 18 ans pendant le chaos le plus total de ma vie et je ferme un chapitre ! J’ai une réponse, dix ans plus tard, tout a changé et le chaos revient ! Je ne sais juste pas quoi en penser, c’est tout. Il y a beaucoup de choses qui sont en train de changer je n’aime pas beaucoup ça. C’est comme Klemens ! Depuis quand est-ce que je… Tu vois ce que je veux dire ! Ce n’est pas comme si c’était dans mes habitudes ! » Il est fort probable que je commençais à m’énerver. Toute seule. Pour le plus grand plaisir de Roy. « Non, ce n’est pas mon genre de… Suivre des inconnus, comme ça, de me laisser embrasser comme ça, et plus si infinités ! » Ne me demandez pas de prononcer les mots, je vous excommunie. « Encore moins de me retrouver à moitié nue dans ton appartement, non, ça c’est véritablement pas mon genre. » Je soupirai en secouant la tête et regardai ailleurs. Tout ce temps, je n’avais pas quitté Roy des yeux. « Je n’aime pas qu’on chamboule ma vie, c’est tout. »

D’une certaine manière, Roy a joué un joué un rôle important dans la métamorphose de ma vie cette année-là. Il s’est passé tellement de choses alors que pendant près de dix ans, il ne s’était plus rien passé. Ni pour moi, mes frères ou mes parents… J’avais trouvé un équilibre et avec Alex, de concert avec Klemens, tout avait changé. J’aurais aisément pu me faire à ma nouvelle vie à Pouillard. Mais il y avait… tout à coup… Trois hommes dans ma vie.


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Emmène-moi, le long du canal [Roy/Shea] Icon_minitimeJeu 27 Nov 2014 - 19:03
Prétendre ne pas insister était souvent une façon d’obtenir ce que l’on souhaitait, Roy en manipulateur averti l’avait vite compris. La langue de Shea se délia enfin, pour lui faire les aveux qu’il attendait. Elle tirait donc une certaine honte de ces lettres ? C’était bien ce qu’il lui avait semblé. Elle avait réagi comme adolescente dont on avait découvert le journal intime : un peu trop embarrassée pour le contenu de ces lettres ne soit pas compromettant. Il ne s’était pas trompé à la lecture de sa première lettre, quand il avait eu l’impression que cet Alexandre répondait à une jeune fille en totale perdition. Shea avait vécu de malheureux évènements, à ses dix-huit ans. Lesquels ? Demander aurait été très indiscret, même Roy en était conscient et il n’allait pas pousser sa curiosité déjà assez déplacée jusque là. Cela avait peut-être un rapport avec la guerre des Ténèbres. Si Roy y avait échappé d’un cheveu, Shea, elle, était pile de la génération. Une génération traumatisée, d’une façon ou d’une autre, avec plus ou moins de dégâts, ils en avaient tous des exemples dans leur entourage. Roy allait se contenter de cette hypothèse.

Bien vite, le discours de Shea prit un ton plus nerveux et dériva vers d’autres révélations, auxquelles il prêta une oreille encore plus curieuse et attentive, car cette fois-ci, cela le concernait. Il écouta Shea lui avouer que sa rencontre avec Klemens et leurs retrouvailles avaient perturbé le cours normal de sa vie, certains mots faisant plus écho que d’autres. Et plus si affinités comme… coucher avec ? semblaient dire ses sourcils et le coin de ses lèvres haussés, un brin moqueur. Roy s’accouda au comptoir, vrillant son regard sur le visage de la jeune femme, puisqu’elle avait détourné le sien. Honteuse, certainement, de tous ces aveux. De son point de vue, Shea faisait tout un chaudron de ce qui n’en valait pas vraiment la peine. "Elle n’aimait pas que l’on chamboule sa vie" ?

« Tu n’aimes pas perdre le contrôle, surtout. Comme avec le transplanage. » conclut Roy d’un ton tranquille, rappelant la conversation qu’ils avaient eu dans son appartement.

C’était surtout cela, le problème, de ce qu’il comprenait de ce qu’elle voulait bien lui dire. Elle sentait sa vie se bouleverser mais était-ce un mal ? Pas forcément. Roy avait une philosophie de vie assez épicurienne, débauchée diront les mauvaises langues. Selon lui, elle se posait trop de questions, et surtout, les mauvaises questions. Ne pouvait-elle pas essayer de prendre le bon côté des choses ? Roy voulut lui livrer sa propre vision, et ce que lui se serait demandé s’il avait été à sa place.

« Ce n’est pas un mal en soi que ta vie se chamboule, c’est même le cours normal des choses, fit-il remarquer, haussant les sourcils. Mais est-ce qu’elle change en bien ? Est-ce que ça t’apporte quelque chose de positif d’écrire à ce mec ? Est-ce que tu as regretté ce qu’il s’était passé avec Klemens ? Est-ce que... Tu regrettes qu’on se soit retrouvés toi et moi, malgré les circonstances qui auraient pu être meilleures, je le reconnais ? »

Un petit rire lui échappa, tandis qu’il posait un regard mi-amusé, mi-sérieux sur Shea. Il voulait bien comprendre son embarras, quand il l’avait surprise dans son salon à moitié nue. Pour lui, ce n’était pas un mauvais souvenir, évidemment, mais ce n’était pas le moment de le préciser. Y avait-il besoin de toute manière ? Shea le connaissait, là-dessus. Souriant, Roy lui donna un petit coup dans la hanche, en même temps qu’il lui lançait une boutade :

« Allez, t’as gagné deux hommes canons auprès de toi, ça ne peut pas être un mauvais changement ! Ce serait chiant s’il n’y avait pas quelques surprises qui te tombaient dessus de temps en temps, non ? »

Epicurien et aimant vivre dangereusement, de façon générale. Tel était le train de vie de Roy Calder. Il ne se souciait que peu du lendemain, beaucoup le traiteraient d’irresponsable, mais par Merlin, il avait assez de soucis dans une même journée pour se prendre la tête sur les considérations existentielles de son avenir.


Roy Calder

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Shea Gruffydd
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Emmène-moi, le long du canal [Roy/Shea] Icon_minitimeJeu 27 Nov 2014 - 20:04
J’ai froncé les sourcils. Pourquoi Roy me regardait-il de cette manière ? Avec son sourire lubrique… Je n’ai pas relevé. Je n’ai même pas cherché à comprendre. J’ai roulé des yeux. Roy ? De la psymagie ? Vraiment ? Le fait qu’il ait raison me donna d’autant plus le vertige. Je n’aimais pas perdre le contrôle. C’était pour cette raison que je ne prenais jamais de risques. Pour cette raison que je n’avais eu que peu d’aventures et que Klemens restait une exception. Très sympathique, au demeurant, mais une exception. Et puis Roy ne s’est pas contenté de m’analyser, il s’est rendu plus curieux… Mais pas pour sa propre école.

Est-ce que ma vie changeait en bien ? Oui, c’était un fait. Mais là n’était pas le problème. « Bien sûr que ça m’apporte quelque chose de positif de lui écrire ! » J’ai roulé des yeux à la mention de Klemens et ensuite celle de Roy. « Et non, je ne regrette pas, ce n’est pas la question, Roy… Ce n’est pas ce que je veux dire ! »

J’ai pris sa main pour éviter qu’il ne s’amuse à me donner d’autres coups - ou d’éventuelles chatouilles qui me feraient bondir - tout en lui répondant, les bras levés. « Il n’est pas question de perdre ou de gagner quoi que ce soit, c’est juste que… » J’ai soupiré en lui rendant sa main. Je venais de m’apercevoir que je la tenais encore. J’ai plissé le nez dans une légère grimace, accoudée au comptoir. « C’est juste que… Tout change d’un coup, tu comprends ? Par Merlin, je n’arrive pas à croire que ce soit à toi que je dise ça… » J’ai bu une longue gorgée et j’ai secoué la tête, jouant de mes doigts autour de mon verre. « Dans moins d’un mois, je vais être de retour à Poudlard et je ne pense qu’à une chose, c’est… Combien de temps ça va durer ? Est-ce que j’ai fait le bon choix, est-ce que je vais y arriver ? Je viens d’une petite ville, je n’ai travaillé que dans une usine et j’en étais fière, c’était plus qu’un travail. Je n’ai pas grand chose d’intéressant ! »

Il fallait reconnaître que le regard que Roy avait posé sur moi une dizaine d’années plus tôt ne m’avait pas vraiment aidée à me voir sous un autre jour. Et si j’avais été si intéressante que ça, il m’aurait sans doute rappelée, non ? Il aurait probablement cherché plus. Pas que je l’aurais encouragé, non, bien sûr, mais là était la simple preuve que, sans être du genre de Roy, je n’étais pas plus associée à des relations de longue durée. J’ai dévisagé Roy une seconde, le regard inquiet.

« Je vais me retrouver face à des classes de gamins, lequel sera le prochain Harry Potter ? Je n’aime pas les surprises, Roy… Je ne suis pas une surprise, moi-même ! Rien n’a l’air de ne jamais t’inquiéter, on dirait que la vie est un jeu pour toi. Je ne suis juste pas certaine de pouvoir me permettre le luxe de penser ainsi. La vie n’est pas qu’un jeu de surprises, Calder. » J’ai baissé les yeux sur mon verre et j’ai relevé un index pour l’interrompre. « Et tu n’es pas canon… »

Cela restait discutable. D’accord, je mentais. A défaut d’être canon - et grand beau brun et fort - il était très à mon goût. Mais pour lui dire, il faudrait que je sois sous l’emprise d’une drogue très dure avec un sérum de vérité dans les veines.


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