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Les Folies Sorcières [Pv Roy]

Mildred Magpie
Mildred MagpieLe loup garou bizarre
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Profil Académie Waverly
Les Folies Sorcières [Pv Roy] Icon_minitimeJeu 7 Aoû 2014 - 21:44
10 août 2008

En matière de projet pharaonique, il aurait été injuste de reprocher à Mildred Magpie de ne pas voir les choses en grand. Surtout depuis son retour dans sa terre natale de Bristol, où l'ancienne romancière ne manquait point d'imagination et d'idées. La réhabilitation du Cabaret maternel "Les Folies Sorcières" demeurait sans conteste sa lubie la plus extravagante. Héritée à la mort de son père, l'imposante bâtisse blanche en front de mer, souffrait quelque peu de l'abandon, et avait besoin d'un net rafraichissement pour retrouver ses lustres d'antan. Laissé trop longtemps inanimé, cet ancien carrefour névralgique des nuits bristoliennes se voyait offrir une seconde vie, sous l'impulsion de Mildred Magpie et de ses Galions. Il faut avouer que la rédactrice en chef de Multiplettes avait fait recette avec la tragédie du Chemin de Traverse. Ses journaux se vendaient comme des petits pains, et ses caisses seraient pleines à craquer si la sorcière ne se montrait pas si dépensière. Car Dame Mildred avait le syndrome "Marie-Antoinette" et le Galion qui lui brulait le bout des doigts! Alors qu'il aurait été plus sage de faire des économies, en prévision de lendemains moins enchanteurs; La reine du scandale préférait largement mieux satisfaire ses besoins de luxe et d'opulence, plutôt que de s'asseoir sur sa fortune naissante.

Telle une fourmilière en ébullition, le Casino-Cabaret "Les Folies Sorcières" s'ébrouait de toute part, du fait de l'activité incessante des ouvriers qui planchaient sur ce chantier faramineux. Emergeant de la Promenade des Marins, une foule de badauds curieux venaient observer l'avancée des travaux. L'établissement n'avait pas encore ouvert ses portes qu'il attirait déjà la curiosité de la communauté Bristolienne. Dans le grand hall d'entrée, Mildred Magpie pouvait se frotter les mains, nul doute que ce projet qui lui tenait tant à cœur finirait par faire recette dans un poche avenir. Mais pour l'heure, "les Folies Sorcières" s'apparentait plus à des folies dépensières! Et ce n'est pas le fidèle elfe de maison, Scribouillard, qui allait contredire cet état de fait. Le regard horrifié de la petite créature venait de se poser sur un message émanant de la banque de Gringotts. Expédié le matin même par Hiboux Grand Duc, la missive n'était pas de celles que l'on aime recevoir dans sa boite aux lettres. Les gobelins avaient l'art et la manière d'expédier des courriers aussi cinglant que des beuglantes, mais qui ne reposaient en vérité que sur des colonnes et des chiffres en négatif. Et pour le cas particulier de Mildred Magpie, le solde de son coffre venait de sombrer dans le rouge vif!

Les yeux du petit elfes de maison passèrent alors nerveusement du courrier à sa patronne dépensière, qui était en train de délivrer des consignes aux divers groupes d'ouvriers qui œuvraient, en ce moment même, à l'aménagement du grand hall. Encore dans l'ignorance du rappel à l'ordre de Gringotts, Mildred Magpie rayonnait, comme une petite fille à qui l'on venait de donner une maison de poupée.

"Oui, exactement! Veuillez suspendre ce lustre de cristal ici même, il doit s'accorder avec les chandeliers et les miroirs! Du cœurs voyons! Je veux donner des allures de château de Versailles à notre hall d'entrée! Cela sera tellement chic! "

En matière de décoration, l'ancienne romancière avait tout prévu. Du plus petit bibelot à la plus grande fresque murale, elle avait joué à merveille son rôle de chef d'orchestre. Selon les lieux et leurs utilisations, Mildred avait volontairement voulut varier les ambiances : Un décor plus baroque et flamboyant pour le Cabaret, un autre plus classique pour la partie Casino. Tout était fait pour que le joueur invétéré ou le fêtard se sentent à son aise. Cette règle fonctionnait pour le grand Hall qui devait imposer le respect et l'admiration. Tandis qu'un peu plus loin, une large porte en bois d'ébène cachait une allée pleine d'alcôves mystérieuses dans le pur style victorien. Mildred voulait faire de dernier endroit, une sorte de club privé élitiste, seulement accessible aux grands de ce monde. A l'étage se trouvait les bureaux de Multiplettes, et quelques dépendances qui servaient de salles d'archives aux employés du journal à scandale. Ceci n'était pour l'instant que provisoire, dans l'attente que le périodique puisse faire suffisamment recette pour acheter ses propres locaux. Car tout avait un prix et Mildred Magpie allait l'apprendre à ses dépends, quand son petit elfe Scribouillard, vint lui tirer timidement l'étoffe de sa robe pour attirer son attention.

En voyant le cachet de la lettre, l'exubérante rédactrice de Multiplettes ne mit guère de temps à en comprendre sa teneur. Il ne s'agissait rien d'autre qu'un ultimatum. Elle parcourut rapidement les lignes déficitaires, avant de lever un regard choqué sur son fidèle serviteur.

"Mais comment ma fortune peut-elle fondre aussi vite? Je pensais que les ventes du Bloody Sunday nous avaient mis à l'abri de pareilles déconvenues! C'est absolument incompréhensible! "

Scribouillard jeta un regard circonspect à l'immense lustre en cristal qui devait valoir dans les cinq milles galions, et qui dominerait bientôt le grand hall de marbre. La petite créature cherchait les mots justes pour expliquer à sa chef de lever sérieusement le pied sur les dépenses.

"Dame Mildred, je pense que la réhabilitation de votre Cabaret/Casino, cumulé aux frais engagés par Multiplettes... Tout ceci doit malheureusement excéder nos bénéfices. Peut-être devrions-nous revendre ou hypothéquer "Les folies sorcières", de manière à pouvoir nous concentrer exclusivement sur notre hebdomadaire. C'est une bonne idée, vous ne trouvez pas? "

Bien que conservant son sourire de façade, le regard de Mildred Magpie se durcit quelque peu.

"Multiplettes est l'enfant que je n'ai jamais eu, et ce Cabaret est le seul souvenir qu'il me reste de ma mère. Alors tu comprendras que pour rien au monde, je ne voudrai me débarrasser de l'un ou de l'autre. C'est au dessus de mes moyens... "

Mildred s'octroya une petite pause empreinte de mélancolie, alors qu'elle balayait des yeux l'espace environnant. Elle croyait presque entrapercevoir la silhouette longiligne de sa mère danser entre les colonnes de marbre du grand hall. Le fantôme de l'ancienne gérante habitait encore les lieux, à n'en pas douter. Son attention revint à Scribouillard pour mentionner un constat des plus réalistes.

"Nous devons trouver des partenaires. Je ne cesse de le répéter! "

Le petit elfe de maison poussa un long soupir avant de répondre de manière laconique au souhait de sa rédactrice.

"Je me tue à cette tâche, Dame Mildred. Le souci étant que nous souffrons de notre réputation. Personne ne veut s'associer à notre nom de peur d'être entaché par le vent de scandale que nous semons. Et cela, ni sur Bristol, ni ailleurs. Votre demi-frère Jacob et monsieur Marchebank tiennent également à conserver leurs distances. Après l'épisode du Bloody Sunday, ils ne veulent pas tremper ni de près, ni de loin, dans une affaire de clientélisme. Même si monsieur Dalhiatus nous a rassuré sur le fait que Leopold Marchebank serait remercier ses collaborateurs à hauteur de l'aide apporté, je ne pense pas qu'il dispose encore de suffisamment de garantie pour le faire. J'avoue ne pas savoir que faire, et je me sens dépassé par le montant de nos créances... "

Mildred Magpie savait pertinemment qu'il ne fallait pas plaisanter avec les banquiers gobelins, surtout lorsqu'il s'agissait d'argent. Cette missive était bien plus qu'un avertissement, au vue de la petite annotation sur le rebord inférieur qui indiquait de régler le solde débiteur dans les quarante-huit heures. Un compte à rebours menaçant ses activités venait de s'enclencher, et elle devait impérativement trouver une pirouette pour retomber sur ses pieds.  

La solution ne venait pas de Londres et du Ministère. Malgré ses articles élogieux à l'encontre de Leopold Marchebank et son rôle héroïque lors du Bloody Sunday, la sorcière n'avait pas encore eue la chance de le rencontrer directement. Pour le contacter, Mildred Magpie devait encore se contenter de passer par un intermédiaire, en la personne de son demi-frère Jacob Dalhiatus. Mais ceci prendrait beaucoup trop de temps, et justement c'est de temps que manquait la rédactrice de Multiplettes. Elle lorgna alors vers l'immense lustre comme si une réponse se trouvait dans les cristaux qui teintaient entre eux. Où trouver un associé qui ne serait pas effrayé par le vent du scandale? Et surtout qui serait prêt à débourser galions sur table ou user de méthode peu recommandable pour renflouer un commerce dans lequel tout restait encore à construire? Quelqu'un digne de confiance qui ne trahirait pas ses magouilles. L'ancienne romancière demeurait sans réponse, en panne totale d'imagination, comme au temps où elle se heurtait des nuits entières au syndrome de la page blanche. Puis tout à coup, une lueur d'espoir surgit du néant. Mildred Magpie retrouva son sourire étincelant alors qu'elle tapota gentiment l'épaule de son elfe de maison.

"Ne t'inquiètes pas mon Scribouillard. Je vais régler notre léger problème. C'est juste que nous n'avons pas frappé à la bonne porte. Cette nuit, je vais me rendre au seul endroit de ce monde magique, où les miracles sont encore possibles... "

Elle adressa un sourire énigmatique à son fidèle serviteur, avant de disparaitre à l'extérieur des "Folies Sorcières". Dans les bas-fonds du Bristol magique, un homme portait tous ses espoirs...

*****

La voie des Miracles!
Quelle étrange dénomination pour qualifier un lieu aussi éminemment dangereux, dans lequel grouillaient les pires raclures du monde magique. Emmitouflée dans une cape de velours noir, Mildred Magpie prit grand soin de n'être point repérée, à l'image des fois où en manque d'inspiration, elle venait s'approvisionner en potions illicites. Curieusement, elle ne se sentait pas étrangère à ce monde regorgeant de dangers, comme s'il n'eut fallut qu'un pas pour qu'elle passe de rédactrice d'un journal à scandale au grand banditisme. Mildred éprouva même un sentiment de nostalgie, lorsque se glissant dans le passage étroit de la vieille librairie; elle se remémora des instants de son adolescence perdue où flirtant avec l'interdit, elle échappait à la vigilance parentale pour rejoindre des virées nocturnes endiablées! Mais cette fois-ci, son escapade tardive n'avait rien du loisir, et cachait une motivation aussi primordiale que stratégique pour la suite de sa carrière.

Ignorant les regards inquisiteurs qui se braquaient sur son passage, la sorcière savait exactement où se rendre pour trouver celui qui enlèverait éventuellement une belle épine gobeline du pied. Du moins, c'est ce qu'elle espérait.  Lorsque la taverne du "Niffleur écarlate" se présenta face à elle, Mildred s'arrêta un instant devant la devanture. Celle-ci représentait bien un Niffleur, mais "écartelé" plutôt que "écarlate", signe que ce repère nocturne de la voie des Miracles n'était pas réputé pour sa convivialité. Mais que Diable! La rédactrice en chef de Multiplettes ne venait pas ici pour déguster un thé entre bonne copines, bien au contraire, elle recherchait la compagnie des malfrats, et plus particulièrement l'un d'entre eux.

Lorsque la porte du "Niffleur écarlate" s'ouvrit en long et puissant geignement, tous les regards convergèrent sur l'intruse. Qu'ils soient truands notoires, trafiquants ou maquereaux; Les piliers de comptoir qui peuplaient cette arène de beuverie avaient pour point commun d'être composés exclusivement d'hommes. Cela expliquait sans doute pourquoi les discussions cessèrent momentanément alors qu'une membre du sexe dit faible venait de faire son entrée. Mais Mildred Magpie ne fut nullement impressionnée par les relents de testostérones qui émanait des lieux, car elle connaissait certain d'entre eux. Le gros Louis Billfort, par exemple, avait pleuré comme une madeleine quand sa femme lui avait fait la lecture de "Bibou", l'histoire d'un petit phoque qui voulait devenir une sirène, mais qui était maltraité par son clan. Un livre pour enfant, pour un grand enfant. Il y avait aussi Slim Rizzer, ce dur à cuir, qui collectionnait en douce les papillons. Bref, rien de très impressionnant. Mildred alla s'asseoir dans un coin de la salle bondée, alors que les discussions finirent par reprendre de plus belles. En guise de commande, Mildred opta pour un whisky Pur-feu auprès du tavernier. Cela ne pouvait que lui donner un peu plus de courage, et la patience nécessaire pour attendre l'homme qu'elle recherchait si ardemment. Mais que fichait-il d'ailleurs? Elle restait persuadée de son arrivée, mais le doute commençait à s'emparer de ses certitudes. Soudain une voix aussi grasse qu'un carré de lard l'extirpa de sa méditation.

"Hey, ça te dit de monter à l'étage la greluche? On pourrai y faire connaissance! "

Mildred leva des yeux courroucés sur le lourdaud qui venait de s'exprimer de la sorte, et elle ne tarda point à l'identifier. Physionomiste dans l'âme, elle avait un dossier sur presque chacun des habitants de Bristol. Et il se trouve qu'elle connaissait bien Mitchel Trodmiche, du moins sa femme Helen, qui fréquentait souvent les assemblées de l'Offre. La pauvre féministe serait bien malheureuse de voir son porc de mari se comporter de la sorte. La réplique de la journaliste fut sans appel.

"Je pense que votre épouse, Helen, serait bien aise d'apprendre que son mari fait des propositions indécentes à de parfaites inconnues, tout en gaspillant l'argent familial difficilement accumulé, dans des bars insalubres. Cela vous plait-il tant que cela de n'être qu'un déchet sur jambes aux yeux de vos quatre enfants? "

L'homme resta un instant bouche bée, cloué sur place par l'insulte, et d'être aussi sévèrement mit face à ses responsabilités de père. Mais l'alcool aidant, le naturel aviné revint au galop!

"Mais d'quoi elle s'mêle la greluche? Et pis t'es qui d'abord? "

Tandis que l'une de ses mains se faufilait jusqu'à sa baguette, Mildred répondit à l'ivrogne avec un aplomb impressionnant.

"A toi de décider mon chou. Tu passes ton chemin, et je ne serai qu'une inconnue de plus dans cette taverne. Tu persistes dans ta bêtise et je serai celle qui te fera regretter amèrement ta vie d'alcoolique anonyme... "

Bien qu'elle apparaissait sûr d'elle, Mildred Magpie se laissait envahir par l'inquiétude et le pressentiment qu'elle venait peut être de commettre une erreur fatale. Si douée pour détruire une personne avec une plume et de l'encre, elle percevait tardivement le danger de la situation. Dans la voie des Miracles, seule la loi du plus fort importait, et certainement pas celle du bon mot ou du trait d'esprit. Et Mitchel Trodmiche semblait bien décidé à lui inculquer la règle des truands. La romancière se mit alors à espérer une fin dans laquelle le beau prince sur son blanc destrier vient secourir la demoiselle en détresse. Mais était-ce vraiment le lieu et l'heure pour espérer ce genre de miracle?


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Roy Calder
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Les Folies Sorcières [Pv Roy] Icon_minitimeVen 8 Aoû 2014 - 22:27
Les traits de trafiquant s’étaient durcis, au fur et à mesure qu’il écoutait son interlocuteur s’agiter dans un discours énervé, entrecoupé d’injures et d’exclamations vengeresses. La nuit était tombée depuis un moment sur la Voie des Miracles où Roy déambulait, lorsque lui était tombé dessus Fergus Avner, un filou reconnu comme passeur. Un allié indispensable pour tout trafiquant, puisqu’il fallait bien des sorciers comme lui, capables d’ensorceler des Portoloins et les rendre intraçables, pour faire parvenir sur le sol anglais des marchandises en toute illégalité. Mais si Avner était venu l’agresser de son discours mécontent, ce n’était pas pour un souci de contrat… Cela faisait quelques minutes que Roy l’écoutait expliquer avec force gestes ce qui était arrivé à Antonino Tessio, un autre passeur, sans qu’il ne puisse en placer une.

« … et ils nous sont tombés dessus à trois, les mecs, baguettes dégainées ! Des gars de Griggs, je les ai tous reconnus. Ils ont cru que c’était nous qu’avions fait le coup pour Finn, tu sais, leur gars qu’ils ont retrouvé mort près des décharges d’l’Allée des Embrumes ! J’ai essayé de calmer l’jeu, d’leur dire qu’on avait rien à voir là-d’dans, mais y avait pas moyen ! Alors Toni s’est énervé. Bon, il a fait l’con, lui aussi, il a pas pu s’empêcher d’les provoquer, ‘fin tu connais Toni, quoi, lui, dès qu’on insulte sa mère… Ils l’ont massacré, Roy. J’ai rien pu faire, y en avait un qui m’immobilisait, pendant que les deux autres le gavaient de Doloris ! J’ai cru qu’ils allaient finir par le tuer ! Mais on a entendu des mecs arriver, ils ont flippé de tomber sur la PM, alors ils nous ont laissés là comme des chiens, juste en disant qu’ils allaient revenir. »

Les glapissements de Fergus s’arrêtèrent net, estimant qu’il en avait suffisamment dit pour s’enquérir de ce qu’il était venu chercher : la réaction de Roy. Le trafiquant, qui n’avait pas cillé une seconde durant le discours, cadenassé derrière ses bras croisés et son regard inflexible, laissa finalement tomber son verdict, comme un couperet :

« Je ne rentrerai pas dans une guerre de gangs, Avner. »

Il était d’ailleurs assez présomptueux de considérer qu’il avait un « gang », Roy n’ayant pour le moment qu’un binôme en la personne de Jayce, et des partenaires, dont Avner et Tessio, et quelques autres. Les hommes dont il disposait pour vendre ses kilos de mandragore et de potions illicites étaient de pauvres  gars, des sous-mains qui n’effraieraient personne. Une bande, pouvait-il dire, au mieux.

« Ils ont failli avoir Toni, Roy. J’vais pas laisser passer ça !
-Et Griggs est un des plus gros fournisseurs de ce trou à rats, on bosse avec lui, tu piges, ça ? Au lieu de sortir ta baguette, tu devrais chercher à calmer le jeu, si tu veux pas finir à la rue demain. Ce mec est capable de te ruiner tes affaires, sans même faire bouger un poil de sa moustache !
-Sérieusement ? s’exclama le passeur, contrarié qu’il n’aille pas dans son sens. Tu t’laisses trop marcher sur les pieds, Roy. Tu vas finir par t’faire écraser. »

Le ton vindicatif de son partenaire commençait à irriter Roy, qui finit par perdre patience face à sa stupide témérité :

« Mais qu’est-ce que tu t’imagines ? Qu’on est assez puissants ? C’est toi qui oublies les règles, ici ! »

Roy avait vite grandi dans le commerce sans pitié de Bristol, preuve en étaient ses confortables revenus -dont la trace devenait de plus en plus compliqué à dissimuler, ceci étant un autre problème. Oui, il avait vite grandi en sept ans, mais pas au point de se vanter de pouvoir défier les gros poissons de la Voie, qui commençaient lentement, mais sûrement, à s’entre-déchirer. Roy préférait garder une distance avec ces conflits. Il ne laisserait ni Avner, ni personne d’autre détruire ses partenariats qu’il s’était échiné à obtenir. Il n’avait jamais été partisan de la manière forte, pas pour le commerce. La négociation était bien plus pertinente, à ses yeux. C’était l’argent qui régissait leur monde, pas la force brute, comme semblaient l’avoir oublié certains trafiquants de la Voie, ces derniers temps. Roy voyait d’un œil critique tous ces épanchements de violence, qui se multipliaient dans leur lieu secret, jusqu’à menacer son équilibre. Il n’y avait rien de pire pour des affaires que des conflits personnels qui s’y mélangent. Une vague de vengeances et de violences s’était répandue dans leur commerce, depuis l’affaire Chaudrillon qui avait porté un coup dur au monde magique, jusque dans ses confins illégaux les mieux cachés.  Le procès de Chaudrillon avait beau se tenir à l’heure actuelle, c’était trop tard. Des malfrats y avaient vu d’autres coupables, et dans la Voie des Miracles, on n’attendait pas que des procès se tiennent pour se faire justice. Pour l’instant, tout était encore contenu, plus ou moins tenu sous contrôle, mais le risque que l’affaire prennent une grande ampleur leur pendait au nez, et Roy ne voulait sûrement pas faire partie des laissés sur le trottoir.

Il donna un bref coup au torse de l’homme nerveux, autant pour le calmer que  pour mieux lui faire imprimer ce qu’il allait dire :

« Pas de représailles, compris ? J’irai parler à Griggs. Toi et Tessio, vous tenez votre langue et vous baissez les yeux, en attendant. »

Sur ces mots, Roy quitta le passeur en pestant mentalement. Il ne précisait pas, mais il était  évident qu’« aller parler à Griggs » signifiait aller lui graisser la patte pour lui assurer qu’il n’avait jamais cherché à le rouler, et qu’ils étaient toujours partenaires. Cela ne plaisait pas du tout au trafiquant. Il se serait bien passé de devoir faire le canard, pour une histoire avec laquelle il n’avait rien à voir. Sans compter que Griggs lui réclamerait certainement de trouver le véritable responsable de la mort de Finn, si ce n’était pas eux… Que de prises de tête inutiles en vue.

Avec l’espoir de se changer les idées avant ses prochaines embrouilles, Roy poussa la porte du Niffleur écarlate, l’un des bars les plus fréquentés de la Voie, et pour cause : on y faisait les meilleures affaires –et de bons whiskys, bien évidemment. Roy avait rencontré une bonne partie de sa clientèle ici, même si, passée une certaine heure, l’ambiance était assez lourdingue. Il fit à peine quelques pas qu’il se fit apostropher par la voix éraillée d’un des serveurs, un bon gars avec qui il avait eu quelques moments de franche rigolade.

« Eh Calder, y a ta rousse qui vient de passer le pas de cette porte, y a juste quelques secondes, ‘ttends que je te la retrouve…
- Ma rousse ? Laquelle ? rétorqua Roy, qui venait de retrouver toute son arrogance, d’un sourire.
-J’te parle pas d’une de tes catins, abruti, rigolait l’homme. Tu sais, celle qui marche comme si elle était la femme du ministre en personne… Ah, près du bar, la voilà ! »

Les sourcils légèrement froncés de curiosité, Roy s’approcha des tables qu’on lui désignait, et ne tarda pas à reconnaître une femme qu’il connaissait bien. Son sourire prit une mauvaise teinte, en voyant qui l’accompagnait, pas pour un échange courtois, de toute évidence. Il attrapa seulement les dernières phrases, mais ce fut suffisant pour qu’il pose sa main sur l’épaule du gros lard.

« Trodmiche ? Il attendit que l’homme se retourne, pour être certain d’avoir toute son attention. Bouge de là. »

Ce qui était avantageux, quand on était un trafiquant notoire, même sans être le plus puissant, c’est qu’on réussissait à facilement imposer le respect à des canailles comme Mitchell Trodmiche, qui ne fréquentaient la Voie que pour s’étaler un peu plus dans leur alcoolisme, et dans leur pathétisme. Roy récolta seulement un regard mauvais de sa part, auquel il répondit par un sourire parfaitement hypocrite. Une fois que l’homme se fut tout à fait éloigné, il se tourna vers Mildred Magpie, prêt à dire quelque chose, mais il fut interrompu : ce fut le moment où un verre de Whisky pur Feu fut déposé sur la table par un serveur, que Roy arrêta une seconde pour commander la même chose, avant de s’asseoir en face de sa fidèle cliente.

« Je m’invite, j’ose espérer que vous avoir sauvée de ce gros lourdaud m’autorise cette petite incorrection. »

Même avec une femme de dix-huit ans son aînée, Roy gardait ses manières de joli cœur et cela se voyait dans le sourire qu’il affichait. Mildred n’était pas une cliente tout à fait comme les autres, elle méritait bien d’être traitée avec quelques égards… Alors qu’il débutait encore, elle avait été l’une de ses premières affaires, et sans l’avoir calculé, certainement l’une des instigatrices de sa réussite. Roy ne savait quel mage il fallait remercier pour avoir posé sur son chemin une telle bourgeoise extravagante, mais il ne pouvait que lui être reconnaissant de l’avoir laissé la plumer. Qu’avait-il fallu pour cela ? Pas grand-chose, à cette époque, Mildred était malheureuse, en manque d’inspiration, prête à n’importe quoi pour s’en sortir. A partir de là, il n’était pas difficile de lui faire acheter tout ce qui pouvait lui donner de l’élan parmi ses produits hallucinogènes, se donnant par là de l’élan à lui-même, avec de très bons chiffres d’affaire. Il avait très nettement profité du fait qu’elle était dans une période déchéante de sa vie pour en tirer le plus de profits possible, et comble de la bonne fortune : Mildred lui en avait été reconnaissante. Roy, loin de cracher sur cette occasion en or de pouvoir la fidéliser, avait volontiers tenu le rôle du fournisseur compréhensif et à l’écoute. C’était là que Mildred se distinguait de ses autres clients, il ne gardait pas toujours une distance professionnelle avec elle, puisque jouer les confidents le rendait gagnant. Avec le temps, le jeu s’était même teinté d’honnêteté, il appréciait plutôt bien Mildred, une femme de caractère, avec son lot d’ambition et de cran. Ils se ressemblaient assez, en définitive… Alors la conversation vint assez naturellement à Roy :

« C’est un plaisir, autant qu’une surprise de vous revoir ! Comment allez-vous depuis la dernière fois, Mildred ? J’ai vu que vos affaires ne tournaient pas trop mal en ce moment ! Le Bloody Sunday hein ? cita t-il en souriant, en référence à l’expression désormais célèbre et utilisée par tous, dont elle avait été la première inspirée. Vous savez tirer parti même des pires évènements. »

Et c’était une qualité qu’il admirait. Roy était convaincu que l’opportunisme, loin d’être un défaut, était un talent, mais c’était sans doute le commerçant qui parlait. La journaliste, elle, était de la trempe de ceux qui ne reculaient devant aucune occasion pour parvenir à leurs fins. Loin de se laisser freiner par la crainte du scandale, Mildred en tirait au contraire tout son avantage. Elle avait compris que c’était ce qui faisait vendre, et il n’y avait pas mieux placé que Roy pour comprendre ce point de vue. Il reprit la parole, tout en la sondant du regard, sans perdre son ton badin :

« En tout cas, vous avez eu votre succès espéré avec Multiplettes… Je suis curieux de savoir ce qui vous amène ici de nouveau. »

Le trafiquant n’était pas mécontent de la trouver là, en quelque sorte, Mildred lui offrait la distraction qu’il espérait, après cette prise de bec avec son associé. Une distraction… et peut-être une nouvelle affaire, qui savait ?


Roy Calder

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Mildred MagpieLe loup garou bizarre
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Les Folies Sorcières [Pv Roy] Icon_minitimeDim 10 Aoû 2014 - 20:54
La rédactrice de Multiplettes sentit un souffle glacial lui parcourir l'échine alors que le dénommé Mitchel Trodmiche venait d'avancer d'un pas dans sa direction, le poing serré, signe qu'il voulait faire usage de la violence. L'homme aux joues rubicondes par sa consommation d'alcool, laissa sa colère empourprée son visage, à un tel point qu'il en devint presque plus rouge que l'enseigne du "Nifleur écarlate". Aussi bien chez les moldus que dans le monde magique, la moralité imposait qu'un homme ne frappe point une femme, mais malheureusement ce précepte salvateur semblait ne pas avoir franchit le seuil d'entrée de la voie des Miracles. Le temps sembla ralentir, alors que le pouls de la journaliste s'accélérait sous l'effet d'une montée d'adrénaline. Une pensée fugace traversa subitement l'esprit de la sorcière rousse, alors que les lignes manuscrites d'un fait divers terrible lui revenaient en mémoire. Le souvenir de Mary-Sue Galweather, une jeune femme intrépide qui s'était rendue dans la voie des miracles afin de fêter dignement son vingtième anniversaire; et que l'on avait retrouvé le lendemain matin, dans une poubelle, complètement désartibulée...

Comme elle, Mary-Sue se croyait apte à affronter les dangers de ce monde nocturne grouillant de malfrats. La pauvre enfant avait peut-être survécu à ce voyage d'un soir, mais toute sa vie elle devrait désormais apprendre à vivre avec les séquelles de cet horrible accident. Mildred était bien forcée d'admettre qu'elle avait pris un énorme plaisir dans l'écriture de cet article, ne lésinant sur aucun détail. Devait-elle éprouver pour autant un sentiment de culpabilité? Certainement pas! Car malheureusement dans ce bas monde, ce n'était pas la naissance d'un bébé poney qui allait faire exploser les ventes. A moins d'avoir de la guimauve à la place des yeux, ce que réclamaient avant tout les lecteurs, c'était du sordide, de l'infâme et de voir des viscères sanguinolentes au petit déjeuner, alors qu'ils s'apprêtaient à tremper leurs cookie dans leur tasse de thé. Les gens voulaient s'exclamer du malheur des autres! Et ce n'étaient pas les chiffres du Bloody Sunday qui allait contredire cette triste vérité. Elle eut une pensée émue pour Scribouillard qui, demain matin, écrirait peut être les lignes de l'article traitant de sa mort tragique. Quel pourrait en être le titre? Mildred Magpie retrouvée dans une poubelle? Non! Pour que le scoop soit plus percutant et que Multiplettes booste ses ventes, il valait mieux que l'on retrouve son corps dans deux poubelles distinctes plutôt qu'une. Cela frapperait plus durablement les esprits, à défaut d'avoir quelqu'un pour pleurer sa disparition.

Mais Mitchel Trodmiche, quant à lui, n'allait pas frapper que les esprits mais quelque chose de bien plus concret et fragile...

Mildred ferma ses paupières alors que l'ombre du poing de l'ivrogne recouvrait son visage blême de peur. Est-ce que cela allait faire mal? Combien de temps faudrait-il à cet alcoolique pour satisfaire sa soif de vengeance? Profondément douillette, grimaçant de douleur à la moindre éraflure; la sorcière craignait plus que tout la violence physique, enfin surtout lorsque celle-ci s'appliquait à sa personne. Elle réprima un petit cri étouffé, mais aucun coup ne s'abattit sur son tendre visage. Au contraire, c'est une voix calme mais bien déterminée qui annihila tout déferlement de brutalité contre sa personne. Mildred Magpie ouvrit alors lentement les yeux, et reconnut immédiatement son sauveur. C'était son Caldounet, son beau brun au teint halé, avec son regard ténébreux à vous faire papillonner le cœur! Ce dernier venait de déposer une main ferme sur l'épaule du malotru pour l'empêcher de nuire. Un sourire immense se figea béatement sur son visage, alors qu'elle dévorait des yeux son charismatique Caldounet, et que Mitchel Trodemiche se défilait lamentablement, la queue entre les jambes.

Mildred resta un instant sans voix, s'éventant le visage de ses mains, sa poitrine se soulevant au rythme de sa respiration alors qu'elle se remettait doucement de ses émotions. En complet gentleman, son dealer préféré lui laissa le temps de reprendre son souffle, et commanda également un whisky pur-feu auprès du serveur qui venait apporter à Mildred sa précédente commande. Tellement poli, Roy Calder s'excusa presque alors qu'il s'installait à sa table, ce qui permit à la sorcière rousse de retrouver quelque peu ses esprits. Ses pommettes encore rose, elle avait du mal a cacher ses émotions, après l'agression qu'elle venait d'éviter de justesse. A moins que ce ne soit le fait d'avoir été secouru par un beau et galant jeune homme qui la mettait dans tous ses états. Elle tenta de remettre un peu d'ordre dans sa chevelure de feu ébouriffée, reprit son sourire pincé, avant d'inviter gracieusement son sauveur à sa table. Elle retrouvait peu à peu de sa verve journalistique.

"Mais où sont passées mes manières? Bien entendu que vous pouvez vous installer. Je vous offre votre verre, c'est la moindre des choses. " Mildred saisit fébrilement le pied de son verre, avant de plonger son regard clair dans les yeux noir de son héros. "Veuillez m'excuser. Je ne savais comment vous remercier pour ce que vous venez de faire. Sans votre intervention, c'est peut être moi qui aurait fait les gros titres de mon propre journal. Vous parlez d'une ironie. J'étais à deux doigts de balancer un sortilège interdit à cet affreux goujat... "

La journaliste esquissa un sourire gêné. Elle venait réellement d'avoir une trouille sans nom, mais il lui était difficile de l'admettre et d'avouer ses faiblesses. Dans le monde terrible de la presse, il fallait savoir sauver les apparences en toute circonstance, au risque de se faire dévorer par plus requin que soi. Mais auprès de Roy Calder, la scandaleuse journaliste retrouvait un souffle d'humanité perdue qui lui faisait parfois cruellement défaut. Aussi étrange que cela puisse paraitre, après avoir détruit des familles entières par des mensonges éhontés, elle appréciait pouvoir se confier à quelqu'un. Roy était un exutoire, un mauvais garçon au cœur tendre, et elle adorait sa présence. Il savait écouter, il la comprenait. Une simple discussion suffisait pour qu'elle dévoile un peu de la femme fragile qui se cachait derrière l'immonde carapace de journaliste sans cœur et sans scrupule. Plus qu'une séance de psychothérapie, ces rencontres avec Roy Calder l'aidait à mieux comprendre et apprivoiser les deux facettes de sa personnalité.

Ses réflexions furent interrompues par les questions de Roy. Cette fois-ci, il s'adressait à la journaliste insensible au cœur de pierre, celle que l'on avait affublé du surnom de "méduse" tant elle brulait toutes les personnes qu'elle approchait. Oui, elle avait fortune sur une tragédie, et elle en éprouvait une sorte de fierté. Le monde avait besoin de personnes comme elle, qui témoigne froidement de toute l'atrocité dont est capable le monde. Qui le ferait, sinon? Dans le courrier des lecteurs, elle avait supprimer des témoignages qui l'accusait de voyeurisme. Cela la faisait doucement rire, de voir les mêmes gens qui achetaient ses journaux en quête de sensationnalisme et d'images fortes, et qui la taxaient ensuite de faire du voyeurisme. Le monde ne tourne pas rond? Mais à qui la faute? Sans ses milliers de lecteurs, Mildred Magpie et Multiplettes n'existeraient pas. Cette pensée suffisait à la terrifier, et à la ramener à ses moutons ou plutôt à son malfrat préféré. Elle hocha de la tête, heureuse également de ses retrouvailles.

"Même si elle est le fruit d'une pure coïncidence. Le plaisir de vous revoir est doublement partagé. Car en plus de sauver la vie des demoiselles en détresses, vous êtes d'une compagnie des plus agréables. Vous m'avez manqué... "

Elle trempa les lèvres dans son whisky Pur-feu avant de répondre aux remarques sur ses articles.

"Malheureusement, toutes les bonnes choses ont une fin. Le Bloody Sunday n'est plus aussi vendeur et nos ventes commencent à s'essouffler ostensiblement. Que voulez-vous, c'est ainsi. Les lecteurs veulent de la nouveauté. Je prie chaque nuit pour qu'un tueur psychopathe se décident enfin à passer à l'acte et éviscèrent une demi douzaine de jeune filles fraiches et innocentes. Depuis l'affaire du vengeur masqué, et la lune sanglante, les crimes sont devenus d'un ennui mortel, sans imagination. Même pas une histoire d'adultère croustillante. Rien! Heureusement que le Bloody Sunday est là pour relever le niveau ... "

Mildred leva son verre pour trinquer à la mémoire du massacre. Mais son regard demeurait triste, comme si un souci plus grand la rongeait. Elle connaissait le talent d'observateur de Roy Calder, et il savait détecter lorsqu'elle était dans une mauvaise passe. Il l'interrogea sur les raisons de sa présence. D'un geste du regard, elle désigna tristement son verre.  

"Il y a des soirs où l'on veut simplement oublier. Noyer sa détresse au fond d'une bouteille. Ne vous arrive-t-il point de vous interroger sur le sens de votre vie? Je suis arrivée au stade où je dois faire un bilan. Mon travail est de dénigrer le monde qui m'entoure. Je suis vieille, sans conjoint, sans enfant. Et le pire de tout, je viens de réaliser que je ne pourrai jamais réaliser l'un des mes rêves qui m'était le plus précieux.... " Elle marqua une seconde de silence. "Je dois vous semblez ridicule, mais je... "

Mildred jouait fébrilement avec une carte du bar qui trônait sur la table, elle était devenue pale comme un linge, alors que ses yeux embués fuyaient désespérément le regard de Roy Calder. Au sommet de son art, Mildred prononça alors un verdict terrible sur sa vie d'une voie empreinte d'émotion.

"Je me sens si seule, parfois... "

Fort heureusement pour elle, Roy ne connaissait pas encore Mildred la menteuse, celle qui était capable de jouer une divine comédie pour arriver à ses fins. En ce moment même, elle faisait étalage de tous son talent d'actrice, et dans l'art d'amener un homme à sa cause. Elle fit mine de se ressaisir, comme si elle était saisie d'un éclair de lucidité alors qu'elle s'épanchait auprès de Roy.

"Je suis désolée, je ne parle que de moi... Et vous? Comment vont vos affaires? "

Un jeu du chat et de la souris venait de débuter entre le malfrat et la journaliste. Chacun voulant amener l'autre là où il trouvait son intérêt...


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Les Folies Sorcières [Pv Roy] Icon_minitimeLun 25 Aoû 2014 - 20:46
Ne venait-il pas de sauver une demoiselle en détresse sans la moindre difficulté, comme un parfait prince charmant ? A voir le regard que posait Mildred Magpie sur lui, Roy avait tout du héros de conte, et s’il n’allait pas voler un baiser à une femme de vingt ans son aînée –tout de même-, il n’en tirait pas moins de quoi nourrir son orgueil. Il était si facile de réveiller l’ego de cet homme qui avait appris à décoder la gestuelle féminine dès qu’elle empruntait le langage de la séduction. Il n’était pas aveugle, Mildred était séduite, et il comptait bien s’asseoir confortablement sur cet état de fait, en jouant d’un sourire ou d’un regard si la nécessité s’en présentait. En homme averti, Roy décela le léger embarras de la rousse lorsqu’elle évoqua son altercation avec Trodmiche. Il agita la main comme pour chasser cette gêne qui n’avait pas lieu d’être, usant volontiers de dédramatisation et de flatterie pour mettre à l’aise sa vieille cliente :

« Oh vous auriez dû, il l’aurait bien mérité. Et vous vous en seriez sans doute sortie, ce goujat, comme vous dites, ne fait pas le poids face à une baguette agile. »

Ces politesses passées, Roy s’enquit assez vite de ce qui amenait la journaliste dans la Voie. Alors qu’il l’écoutait parler de ses articles, il ne pouvait s’empêcher de détailler son interlocutrice du regard et de laisser ses pensées vagabonder. Il était toujours édifiant de constater comme une femme d’apparence si propre sur elle pouvait se retrouver dans un endroit sordide comme la Voie des Miracles, et tenir des propos si crus. Elle n’éprouvait visiblement aucune gêne de parler d’horreurs, pire, elle en faisait son profit et n’avait pas honte de l’affirmer. Mildred Magpie était une femme à la personnalité pleine de contradictions que Roy croyait connaître mais qu’il ne faisait en réalité qu’effleurer. Il ne connaissait pas les éléments les plus retors de la personnalité de la journaliste, il devinait simplement qu’elle cachait encore beaucoup de choses derrière son apparence impeccable et irréprochable. Il l’avait vue à son état le plus lamentable, lorsqu’elle était assez désespérée pour se jeter sur de la drogue, assez au fond du gouffre pour se confier à lui, un inconnu à l’époque, sur ses malheurs personnels. Et il la voyait maintenant, toute pimpante, ne lésinant pas sur les signes de sa richesse et de sa réussite. Que s’était-il passé entre temps ? Ce n’était pas à un trafiquant qui savait ce que se salir les mains signifiait et surtout, pouvait apporter, qu’on allait faire croire à la blancheur de l’innocence. Elle avait certainement usé de moyens peu louables pour parvenir au succès si vite, et cela n’étonnait même pas Roy. Il était persuadé que Mildred était le genre de femme à ne reculer devant rien pour parvenir à ses fins. Il fallait bien n’avoir aucune pitié lorsqu’on tenait un tel chiffon à scandales comme Multiplettes, qui avait certainement détruit bon nombre de réputations.

Pourtant, la journaliste ne conserva pas longtemps son image de femme impitoyable. Roy la suivit pour trinquer, dès qu’elle évoqua le Bloody Sunday avec une mine peinée. Peut-être avait-elle perdu quelqu’un lors de ce terrible dimanche ? Il en faisait l’hypothèse, car elle se hâtait de lui tenir un discours que souvent avaient ceux qui se trouvaient confrontés à un évènement assez traumatisant pour bousculer ce que l’on croyait acquis, comme la mort d’un proche. Est-ce qu’il lui arrivait de s’interroger sur le sens de sa vie ? demandait la journaliste. Eh bien, comme tout le monde, mais c’était le genre de questions que Roy chassait bien vite de son esprit, peu enclin à remettre en cause les choix qu’il avait pu faire. C’était une carapace de déni qu’il s’était forgé, en réponse aux blâmes que la plupart de ses proches lui infligeaient. Roy se contentait d’avancer dans la vie qu’il avait choisi de mener, sans se poser de questions existentielles sur le sens qu’elle prenait. Il verrait bien, voilà tout, il avait toujours préféré vivre du jour au lendemain. Il avait beau être à un pas de la trentaine, il ne ressentait nullement le besoin de se poser et de construire quelque chose d’un peu plus essentiel que ses trafics illégaux. La contrebande était une activité qui lui prenait déjà la majeure partie de son temps, les restes, il les consacrait à ses amis, à ses amours d’une nuit. Il avait tellement bien pris le rythme qu’il était devenu obtus à toute forme de remise en cause. Pour faire quoi d’autre ? Il n’avait pas le temps !

Et c’était après le temps qu’ils couraient tous. Bien sûr qu’il n’enviait pas la situation d’impasse où Mildred disait se trouver, mais comme un adolescent en réaction aux avertissements de ses parents, Roy s’imaginait qu’il serait différent, que sa vie ne suivrait pas les schémas établis par des milliers avant lui. Ce qu’il ferait à cinquante ans ? La même chose, tout simplement. Il y avait de vieux loubards qui traînaient dans la Voie, la plupart miséreux, quelques uns, les plus gros requins. Il se disait qu’il ferait partie du dernier groupe, et cela suffisait à le rassurer sur son avenir. De toute manière, il n’y était pas encore, et Roy n’avait jamais été le genre à planifier ce qui lui paraissait trop loin, l’improvisation lui allait beaucoup mieux.

Le trafiquant se passait une main pensive sur la barbichette qu’il n’avait plus, sans quitter la journaliste du regard, alors qu’elle détournait le sien, humide. Ressentait-il de la compassion face aux malheurs personnels de cette femme ? Venant d’un homme égoïste comme Roy Calder, il ne fallait pas trop en espérer. La complaisance, en revanche, il pouvait la jouer, et entre les deux, il n’y avait finalement qu’une bonne dose d’hypocrisie de différence.

Il s’apprêtait à avoir un mot de commisération pour la malheureuse, mais elle s’empressa de se ressaisir. Etait-ce réellement une gêne de s’être laissée aller dans ce moment de faiblesse, ou n’était-ce qu’un de ces petits numéros de fausse résignation que certaines jouaient pour que l’on compatisse un peu plus à leur sort ? Il était difficile de trancher. Pour le moment, Roy fit le choix de rester courtois et de répondre aux questions qu’on lui posait.

« Disons que l’affaire Chaudrillon a eu quelques conséquences néfastes, même ici. C’est le genre de scandale sanitaire qui sème la méfiance partout. Avec le client, avec le négociant… Enfin, je ne m’en sors pas si mal, j’aurais pu perdre beaucoup plus. J’avais misé sur le bon cheval, conclut-il, avant d’avaler une bonne lampée de son whisky, puis de hausser les épaules. Le problème maintenant, c’est qu’on doit montrer patte blanche pour avoir une affaire, mais elle est plutôt rouge, ces derniers temps… Je ne peux que vous déconseiller de revenir ici, surtout la nuit, mais vous qui cherchiez des histoires de massacre, vous devriez ouvrir l’oeil. »

Il lâchait l’information sur un ton badin, parce que Roy espérait bien, au fond, que Mildred revienne dans la Voie. Elle avait été l’une de ses clientes les plus rentables, mais depuis quelques années, il n’avait plus vraiment eu de nouvelle d’elle. A présent qu’il la revoyait dans une autre peau, celle d’une rédactrice en chef d’un journal en vogue, le trafiquant était bien tenté de chercher de quoi la plumer de nouveau. Il ne s’était pas assis à cette table pour sécher les larmes d’une cinquantenaire désespérée, mais il le ferait si cela lui assurait une nouvelle affaire derrière, or, quelque chose lui soufflait que Mildred n’avait pas tout dit. Oh, l’idée que son chagrin n’était qu’une comédie ne lui effleura pas l’esprit, après tout, la menteuse était convaincante, et le mensonge, plausible. Mais cela n’empêchait pas Roy de se poser des questions, et pour commencer, il trouvait étrange qu’elle ait jeté son dévolu sur la Voie, pour noyer ce chagrin. Qu’espérait-elle trouver comme réconfort dans un endroit si bruyant et sale, au milieu d’hommes qui avaient bien failli l’agresser ? Ce n’était pas un bar à gigolos sorciers, ici, il n’y avait nulle forme de consolation pour une femme éplorée. Elle était certainement venue chercher quelque chose de plus qu’un simple verre de Whisky pur Feu qu’elle pouvait avoir sans prendre de risques, dans n’importe quel autre bar de l’avenue des Douze Chênes. Pour l’instant, elle ne laissait rien filtrer, mais tout n’était qu’une question de patience… Il suffisait juste de la faire parler un peu plus. Il n’avait qu’à la mettre suffisamment à l’aise et en confiance pour qu’elle dévoile ses véritables intentions. Roy revêtit donc son masque de confident à l’écoute, qu’il avait bien peaufiné auprès de sa fidèle cliente.

« Les temps sont difficiles pour tout le monde, je comprends que vous vous sentiez dépassée. Il ne tient qu’à vous de vous sentir moins seule, en saisissant les mains que l’on vous tend… Vous savez bien que je suis toujours prêt à vous écouter, Mildred. »

Il apposa ses coudes sur la table, pour se pencher légèrement vers la journaliste, signifiant par là que la conversation allait prendre un tournant plus personnel. Ce fut le moment où Roy fit mine d’hésiter. C’était les deux petites secondes de silence calculées pour le faire passer pour un homme réceptif, qui ne souhaitait pas brusquer une femme dans des confidences qu’elle préférait peut-être garder pour elle… mais qu’il comptait bien obtenir, en vérité. Puisqu’il fallait bien commencer quelque part, Roy revint sur les paroles qu’elle avait prononcées plus tôt :

« Vous me parliez d’un rêve précieux que vous n’arrivez pas à réaliser, tout à l’heure, commença t-il, la voix calme. Qu’est-ce qui vous rend si défaitiste ? »


Roy Calder

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Les Folies Sorcières [Pv Roy] Icon_minitimeVen 5 Sep 2014 - 11:16
Les Folies Sorcières [Pv Roy] 011

"Par Merlin! Vous pensez réellement ce que vous dîtes? Un massacre, ici même à Bristol? Comme c'est ignoble... "

Le visage de Mildred Magpie se mua dans une expression où s'entremêlait à la fois, une émulation malsaine et une forme de curiosité perverse, alors qu'elle écoutait attentivement Roy Calder parler de ses affaires et de l'insécurité qui s'emparait de la Voie des Miracles. Apparemment si les choses continuaient à s'envenimer de la sorte, nul doute que le sang allait être versé sur le bitume des gangs! La hyène journalistique qui sommeillait en Mildred Magpie pourrait alors se délecter de cette actualité brulante, située à deux pas du siège de Multiplettes. Tant que les gangsters réglaient leurs comptes dans la voie des Miracles, cette situation chaotique et localisée ne la dérangeait point. Mais avec la probable ouverture des Folies Sorcières, la sorcière rousse ne souhaitait pas voir ce climat d'insécurité s'étendre sur la ville entière. La peur n'était pas bonne pour les affaires, surtout quand elle touchait une clientèle de noctambules. De son coté, les activités de son gangster préféré semblaient avoir souffert des répercussions du scandale du Chaudrillon, du fait de la méfiance qui s'était instaurée dans l'esprit de ses clients quant à l'utilisation des potions non-officielles. Nul doute que cet épisode allait relancer la natalité, mais de nombreuses sorcières avaient vécu cela comme l'une des plus grandes trahisons sanitaires de ce dernier siècle...

Mildred Magpie était quant à elle passée entre les mailles du filet, et ce malgré une sexualité au combien épanouie pour une femme de son âge. "Avoir un polichinelle dans le tiroir" aurait été la pire des catastrophes pour une carriériste de son envergure. La scandaleuse journaliste n'avait jamais éprouvé le besoin ni l'envie de faire des enfants, faisant toujours passer son travail avant la conception. Dépourvue du moindre instinct maternel, on pouvait même dire quelle détestait ouvertement ces derniers, et les percevaient comme un frein au bonheur personnel. Sauf quand il s'agissait de les utiliser à des fins personnelles comme ce fut le cas avec ces pauvres petits orphelins de Bristol.Mais voilà. Peut-être était-ce de l'égoïsme, mais elle ne comprenait pas pourquoi elle se gâcherait la vie, avec des êtres miniatures aussi braillards que ingrats qui dégagaient la plupart du temps une odeur pestilentielle!? Rien que l'idée de devoir changer une couche nauséabonde la liquéfiait littéralement sur place. D'ailleurs la rédactrice Multiplettes avait manqué défaillir, lorsqu'une de ses consœurs romancière, lui avait bêtement proposée de prendre son nourrisson dans ses bras. Quel cadeau empoisonné! Pourquoi toutes les mères du monde voulaient toujours vous confier leurs satanés mioches? Comme si cela pouvait procurer un quelconque bonheur que de devoir serrer entre ses bras un petit être répugnant sur le point de dégurgiter! En effet, dans son for intérieur, Mildred percevaient les bébés comme une sorte de bombe à retardement qui, si vous n'y preniez garde, viendrait vomir sur votre chemisier préféré...

Trop coquète pour bercer un chérubin dans ses bras, elle laissait ce calvaire à d'autres folles inconscientes du danger; la sorcière rousse se demandait même parfois quelle forme de bonheur trouvaient les jeunes mère dans la possession d'un petit être criard dont la seule fonction valide était celle de vous pourrir la vie. Mais c'est bien connu, la plupart des femmes sont de grandes masochistes, qui se complaisent dans la lamentation! C'est pourquoi, malgré ses maigres chances de concevoir, Mildred n'ayant encore point atteint l'âge de la ménopause, elle se protégeait efficacement, usant de contraceptif magique et moldu selon les occasions. Elle n'avait jamais osé demander de potions contraceptives à Roy Calder, sans doute du fait qu'elle éprouvait un léger béguin pour ce méchant garçon au teint hâlé, avec qui elle jugeait plus décent de ne point aborder le sujet de la contraception. Surtout lorsque le couperet impitoyable de la ménopause était tout proche...

Mildred Magpie aimait tout particulièrement les mauvais garçons, et elle ne voulait point passer pour une vieille peau insipide auprès de son Caldounet. Elle cherchait notamment à paraitre plus jeune qu'elle n'était, aux yeux de celui-ci, restant toujours évasive sur son âge. Mais elle était loin de se douter que Roy Calder connaissait autant ses clients que les membres de sa propre famille, et qu'il avait probablement dû mener sa petite enquête. En tout cas, pour l'heure et malgré son air badin, Roy paraissait préoccupé par la tournure des évènements, et notamment la montée de la violence au sein de la Voie des Miracles. Un bain de sang était-il à prévoir? En tout cas, cela embrasa immédiatement le radar à scoop de la journaliste à scandale, qui s'empressa de rebondir sur le sujet...

"Si je ne dois plus venir dans la Voie des Miracles; Comment ferai-je pour revoir mon voyou préféré? Vous avez été si adorable dans les moments les plus difficiles de mon existence que je ne peux me passer de vos services. Alors massacre ou pas, je prends le risque. Et puis n'êtes-vous pas toujours là pour me secourir? Vous venez encore ce soir d'en faire la preuve... "

Mildred se demandait si Roy Calder avait des informations liées aux esclandres entre groupes mafieux de la voie des Miracles. En effet, des rumeurs laissaient entrevoir la possibilité de règlements de compte entre gangs rivaux, et Multiplettes ne pouvait passer à côté de ce genre d'actualité. Cela sonnait comme un bon vieux polar, et les lecteurs étaient friands de ce genre d'histoire. Quand la violence ne touche pas d'innocents civils, ces derniers en sont les premiers consommateurs! Mildred Magpie aurait voulu en savoir davantage, mais elle préféra se taire pour le moment, et laisser Roy Calder s'exprimer. Tout en douceur, elle devait le convaincre qu'il était primordial de lui venir en aide. Mais comme elle, Roy Calder était un homme d'affaire qui ne placera aucun galion sur une affaire bancale, et d'ailleurs il n'était pas en mesure de le faire. Car la dette contractée par Mildred Magpie dans la reconstruction des "Folies Sorcières" était absolument énorme : les gobelins de Gringotts lui réclamant près de cent-vingt milles galions, soit une véritable fortune dont ne pouvait disposer un petit revendeur de potions interdites de la Voie des Miracles. Mais à vrai dire, ce n'est pas cela que Mildred Magpie avait en tête. Ce qu'elle recherchait n'était rien d'autre qu'un intermédiaire qui puisse l'extirper de l'une de ses combine dont elle avait le secret.

Lorsque Roy apposa ses coudes sur la table, et donna une dimension plus intime à leur entrevue; Mildred sentit une bouffée de chaleur l'envahir. Son regard noir et profond était des plus envouteurs, et ses lèvres charnues absolument irrésistibles, si bien que la sorcière rousse éprouva toutes les difficultés du monde à se ressaisir. Même si elle se serait damnée pour avoir vingt ans de moins et avoir une chance avec le malfrat, Mildred retrouva vite son sens des priorités. Et celui-ci allait dans le sens des propos de Roy Calder, à qui elle pensait pouvoir confier son rêve de remettre sur pieds les Folies Sorcières. Une sorte d'alchimie magique semblait naitre entre le trafiquant et la journaliste, comme si chacun d'entre eux étaient aptes à deviner le besoin de l'autre. Dans son carquois de manipulation, Mildred Magpie possédait une flèche parfaite pour chaque situation. Et cette fois-ci, elle allait jouer du violon; la rédactrice de Multiplettes n'ayant pas son pareil pour générer la pitié! Sa maitrise parfaite de la biche au regard éperdu, méritait un Oscar magique, tant elle savait générer de fausses émotions. Se mordillant la lèvre inférieure, elle se lança dans cet exercice larmoyant, au combien utile dans certaine circonstance.

Les Folies Sorcières [Pv Roy] 211

"Si vous saviez, Roy... Je me suis mise dans un tel embarras, que je ne vois plus la moindre lueur d'espoir à l'horizon. Je dois avouer que je préférerai parfois être morte, plutôt que de devoir continuer à vivre sous le joug des créanciers sans cœurs de Gringotts. Comment ne pas avoir pitié d'une femme comme moi? Ces maudits gobelins veulent me saigner, et m'enlever la seule chance qu'il me reste de mettre sur pieds le rêve de ma vie... "

Baissant les yeux en signe de consternation, Mildred s'arrêta un instant dans ses explications, tandis que sa main caressait fébrilement le pied de son verre. Nul doute qu'elle cherchait la meilleure manière d'enjoliver ses pulsions dépensières.

"Ce que je vais vous raconter, je ne l'ai dit encore à personne. Alors, je compte sur votre entière discrétion. Quand ma mère était au crépuscule de sa vie, elle m'a délivrée ses dernières volontés dont celle de prendre sa relève et de devenir la nouvelle gérante des Folies Sorcières. Je lui ai donné ma parole, même si à l'époque, ma famille et moi-même étions ruinés. Le cabaret maternel tombait en désuétude et s'apparentait plus à un gouffre financier. Pourtant je me suis battue, car vous pouvez me croire, je suis une femme de parole! Au fil des décennies j'ai tenté de grimper les échelons, et de romancière à rédactrice de Multiplettes, j'ai accumulé suffisamment de galions pour effleurer ce rêve... "

Mildred poussa un long soupir.

"Mais peut-être que mes ambitions ont dépassé ma raison, en tout cas j'ai investit beaucoup plus que je n'avais en réalité dans sa rénovation. J'ai contracté une dette astronomique auprès de la Banque de Gringotts, à hauteur de cent-vingt mille Galions, sans que je puisse en rembourser la moindre noise. Ironie du sort, à l'heure actuelle je dispose d'un joyau qui pourrait éclairer les nuits du Bristol Magique, et me rendre prodigieusement riche, mais dont on me refuse catégoriquement la mise en service. Ces odieux gobelins de Gringotts me réclament le remboursement intégral de ma dette, dans les quarante-huit heures, sans quoi mon bien sera hypothéqué et redistribué à la ville. Ce n'est rien de moins qu'un vol scandaleux! Ils ne m'ont laissés guère le choix, et j'ai alors commis un acte odieux, qui va sans doute me condamner aux flammes de l'enfer! "

Des larmes scintillaient dans le regard désespéré de la sorcière opportuniste, alors quelle s'apprêtait à raconter sa forfaiture à Roy Calder.

"Je vous en prie, ne me jugez pas. Mais pas plus tard que hier, j'ai organisé une immense collecte de fonds dont le but louable était de construire un orphelinat aux pauvres enfants esseulés de notre bonne vieille ville. Peut-être en avez-vous entendu parler? Je ne pensais que cette œuvre de charité remporterait un tel succès, mais une fois celle-ci achevée, je me suis retrouvée responsable d'une somme colossale. J'avais ces galions qui me tendaient les bras, et le souvenir de ma mère qui surgissait du néant, et que dieu me pardonne, j'ai craqué... " Dans un réflexe coupable, Mildred se mordilla une nouvelle fois la lèvre inférieure. "J'ai minimisé la somme accumulée lors de cette journée caritative et détourné une grande partie de celle-ci. Désormais, je dispose de quoi rembourser ma dette, mais je crains de n'éveiller les soupçons des gobelins de Gringotts si je venais à remettre en main propre ces galions détournés. Je suis dans une impasse! Si vous saviez comme j'ai honte et comme je regrette mon geste. Même si j'ai beau me justifier en me disant que ce ne sont pas ces galions qui vont rendre leurs parents à ces pauvres orphelins, cela me crève littéralement le cœur. Mais je ne peux plus reculer, et je ne veux point passer à coté de mon rêve. Ai-je d'autres choix, Roy? Que feriez-vous à ma place? "

Sanglotant lentement, Mildred venait d'achever cette longue confession au combien malhonnête. Car à aucune seconde, elle n'avait éprouvé de la pitié pour les jeunes orphelins de Bristol. Acte prémédité, cette journée de soutien n'avait eu qu'un seul but, celui de lui octroyer les moyens de mettre sur pieds son rêve de Cabaret/Casino à Bristol. Avec les galions honteusement détourné, Mildred la dépensière en avait même profité pour s'acheter une robe grandiloquente dont l'acquisition l'obnubilait depuis si longtemps. Maintenant pour que son plan soit parfait, il lui fallait trouver un intermédiaire qu'elle récompenserait grassement, et en en qui elle puisse placer sa confiance. Un investisseur anonyme qui viendrait déposer la somme frauduleuse à Gringotts, et sauverait son affaire. En s'adressant à Roy Calder, la sorcière sans scrupule avait-elle fait le bon choix? Le malfrat allait-il se contenter de la crème Chantilly alors qu'il pouvait aisément se partager la cerise sur le gâteau avec Mildred Magpie?


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Les Folies Sorcières [Pv Roy] Icon_minitimeSam 20 Sep 2014 - 12:48
L’expression du visage de Mildred lorsque Roy évoqua les conflits dans la Voie ne laissait place à aucun doute : il avait réussi à éveiller la journaliste avide d’actualités croustillantes qui sommeillait en elle. Il eut un léger sourire en l’entendant parler de lui comme de son sauveur, haussa les épaules comme si tout ceci n’était que bagatelles.

« Vous avez eu de la chance en tombant sur moi, ça ne sera pas toujours le cas. Je vous mets simplement en garde. »

Sa petite démonstration de modestie faite, Roy voulut savoir ce que Mildred était venue chercher dans la Voie, et pour cela, il n’eut qu’à la pousser à lui faire des confidences. Il lui suffit de lui assurer sa volonté de l’aider pour que la langue de la sorcière se délie. Les confidences étaient lancées. Roy connaissait la propension de Mildred à parler beaucoup, il savait qu’il aurait droit à un long discours larmoyant, comme elle lui en avait déjà fait à l’époque où il lui vendait des drogues pour qu’elle se sente mieux. Il ponctua de quelques brefs mots de réconfort les premières paroles de la journaliste, quand elle s’interrompait pour détourner le regard ou soupirer. C’était une manière de faire croire qu’il se sentait impliqué, comme quand il assura « Bien évidemment » lorsqu’elle appela à son entière discrétion. Mildred était partie pour vider son sac, il savait qu’il n’avait rien à dire de plus pour l’y pousser, et que le mieux à faire était par conséquent d’attendre qu’elle ait terminé.

C’était en effet de la pitié que Mildred Magpie lui inspirait, mais c’était une pitié bien différente de celle que la comédienne espérait générer. Ni sa voix tremblotante, ni son regard embué ne parvenaient à attendrir le coeur du trafiquant. Il l’avait toujours connue en train de se lamenter sur son sort, comme si sa vie n’était qu’un long tissu de malheurs. L’écouter de nouveau s’épancher sur sa mauvaise fortune éveillait en lui une pitié davantage proche du mépris que de la commisération. Roy n’avait jamais aimé les pleurnichards. S’il avait réellement voulu aider Mildred, il aurait plutôt cherché à la secouer, de la même façon qu’il distribuait quelques claques à Klemens de temps en temps, pour le faire réagir. S’il avait réellement été l’ami de Mildred, il n’aurait pas eu cet air affable, ni tenu de discours consensuel, comme pour la conforter dans l’idée qu’elle était à plaindre. S’il avait réellement été l’espèce de sauveur que Mildred voyait en lui, il ne serait pas assis à cette table, à essayer de tirer profit de sa détresse. Car derrière son air faussement compatissant, c’étaient ses méninges qui travaillaient, pour faire le tri dans ce que la journaliste lui révélait et tenter de déceler ses intentions.

Alors il laissait les récits d’une mère mourante lui confiant ses dernières volontés à ceux qui s’en laissaient émouvoir. Mildred avait beau emprunter les quatre chemins, elle avait déjà annoncé la couleur au début de son discours. C’était de problèmes d’argent qu’elle voulait lui parler. Ce qui n’arrangeait pas du tout le trafiquant. L’équation était simple : si Mildred était endettée et sans le sou pour s’en sortir, elle n’était de toute évidence pas une cliente potentielle. Ou alors, elle serait une cliente qui payerait mal et en retard. Elle n’était plus dans la même situation qu’à l’époque où ils faisaient affaire tous les deux, quand elle avait un joli paquet de gallions à claquer, et que Roy avait eu la bonne fortune de se trouver sur son chemin.

La déception du trafiquant s’effaça cependant bien vite, pour laisser place à une espèce de curiosité avide au fur et à mesure que Mildred avançait dans son discours. Il y avait des mots qui faisaient mouche chez l’homme vénal qu’il était. Une affaire qui la rendrait prodigieusement riche ? Tiens donc. Il avait déjà entendu parler des Folies Sorcières, comme tout bon habitant de Bristol, mais il n’était pas arrivé assez tôt dans cette ville pour voir le cabaret tourner. Pour lui, ce n’était qu’un bâtiment vétuste derrière sa rue, aux relents d’une grandeur passée. Elle effleura à peine le sujet, au grand regret de Roy, qui dût l’écouter jeter la pierre à ses créanciers gobelins, avant de retrouver se remettre à s’auto-flageller. « Bien sûr que non, parlez sans crainte » qu’il lui dit pour l’encourager à poursuivre, quand elle lui demanda de ne pas la juger. S’ensuivit un récit qui tira Roy de son écoute apathique. La reine des scandales prise à son propre jeu ? Elle avait tout intérêt à ce qu’une telle histoire ne tombe pas à l’oreille de ses concurrents, il n’y avait rien de pire qu’un scandale financier pour briser une réputation, surtout dans un contexte d’après-guerre où l’économie peinait à se relancer. Pour faire grossier, Mildred Magpie n’était vraiment pas gênée de voler l’argent de contribuables dans une telle situation de crise, envers et contre toute morale.

Malgré ce qu’elle tentait de faire croire, elle n’avait ressenti aucun scrupule à détourner de l’argent d’oeuvres caritatives à des fins personnelles. Roy n’en ressentait pas non plus à chercher un moyen de tirer profit d’elle. C’était à un joli jeu de menteurs qu’ils se livraient. Il s’agissait pour chacun de distiller leurs intentions réelles dans un discours sensé mieux faire passer la pillule, ou dans un jeu de comédien qui les faisaient passer pour ce qu’ils n’étaient pas. Roy commençait à percevoir où Mildred souhaitait en venir, ou en tout cas, où il en serait venu s’il avait été à sa place.

Elle lui posa justement la question, ce à quoi il se laissa quelques secondes pour réfléchir. C’était tout de même de cent-vingt mille gallions que Mildred lui parlait. Cent-vingt mille ! Une somme qui dépassait le demi-million de livres sterling, pour les plus moldus d’entre eux. Roy n’avait jamais disposé d’une telle somme, pas même en vendant de la drogue, et ses gains étaient déjà suffisamment difficiles à masquer aux gobelins. Ces satanées créatures avaient des accords avec le Ministère pour coincer des comptes qui leur paraissaient suspects et démasquer des malfrats. On ne ramenait pas cinquante mille gallions à Gringotts sans faire l’objet d’un interrogatoire, alors le double ? Il n’osait imaginer.

Entre filous, ils avaient leurs techniques pour passer au travers des mailles des filets et ne pas se faire prendre avec des sommes d’argent suspectes. Mais Mildred en était peut-être ignorante. Roy ne pouvait s’empêcher de sourire en voyant quelles précautions elle prenait à demander sa clémence, comme si c’était lui qui allait la juger sur la droiture de ses actions. Avait t-elle oublié le lieu dans lequel elle se trouvait ? La fin justifiait les moyens, c’était leur credo à tous. « J’avais besoin de cet argent », justification acceptée, point barre. Détourner des fonds était si gentillet et banal dans un milieu où l’on était prêt à tuer pour obtenir quelque chose.

Roy ne se doutait pas que la journaliste ne regrettait en rien son geste en réalité, mais qu’il le sache n’aurait pas changé grand-chose. C’était sur les faits qu’il s’était concentré depuis le début. Mildred s’était endettée pour un projet, elle avait trouvé un moyen malhonnête d’obtenir de l’argent, elle cherchait à présent comment acquitter sa dette sans que cela ne se retourne contre elle. Voilà tout. Elle aurait pu lui livrer ces informations cash qu’il n’aurait pas bronché, mais les femmes avaient cette fâcheuse tendance à préférer piailler inutilement. Le visage de Roy au moment où il prit la parole fut le visage indéchiffrable qu’il arborait quand il avait intérêt à ne pas laisser voir ses réelles pensées.

« En quarante-huit heures, à moins de gagner à la loterie, vous n’auriez eu aucune chance de trouver vos cent-vingt mille gallions. A votre place, j’aurai fait la même chose que vous : passer par des voies frauduleuses pour m’en sortir. »

C’était pour la suite que Mildred lui posait la question, il l’avait compris bien sûr. Mais il n’était pas stupide. Elle avait déjà une idée de ce qu’elle allait faire pour se tirer de ce mauvais pas, sinon elle ne serait pas ici, attablée à un bar de trafiquants, tout simplement. Elle avait choisi la solution illégale, il était logique qu’elle poursuive dans ce sens. Cependant, il n’allait pas attendre que la journaliste daigne exprimer le fond de ses pensées. Elle s’était trompée sur un point, ce n’était pas en apitoyant Roy qu’elle obtiendrait gain de cause avec lui. Il ne lui rendrait pas service s’il n’avait rien à en tirer. Ce serait donnant-donnant, ou rien, il était un négociant après tout. Puisque Mildred semblait l’avoir oublié, Roy se devait de le lui rappeler…

« Et c’est ce que vous êtes toujours en train de faire actuellement, reprit t-il d’un ton qui tenait davantage de l’affirmation que de la question. Un léger sourire sur ses lèvres démentait toute forme d’autorité que sa déclaration aurait pu prendre, toutefois. Caresser la journaliste dans le sens du poil et faire le joli coeur était une stratégie qui avait fait ses preuves, après tout. Je suis un commerçant, Mildred. Je le sais quand on essaye de me vendre quelque chose. Vous n’êtes pas venue dans la Voie des Miracles par hasard, à un moment où vous êtes dans une impasse, n’est-ce-pas ? »

Sa question s’éteint sur le même ton doucereux qu’il avait pris tout à l’heure pour donner un caractère plus privé à leur conversation, mais cette fois, c’était pour la clore, car il détacha ses coudes de la table pour aller contre le dossier de la chaise, en croisant les bras. Par ce recul, il appréciait mieux les réactions de Mildred, qu’il jaugeait à présent du regard, sans se départir de son sourire.  

« Parlez franchement ! Ce n’est pas moi qui vais vous condamner pour des entorses à la morale, ce serait Sainte Mangouste qui se fout de la charité, vous ne croyez pas ? rit t-il, alors qu’il ne parlait pas franchement non plus puisqu’il aurait voulu dire que c’était de ses états d’âmes que lui se foutait bien. Il finit par balayer le sujet d’un geste de la main. Oublions pour le moment tous ces orphelins dont vous aurez tout le temps de vous occuper quand vous vous serez sortie de votre galère. Si on résume, vous avez obtenu une grosse somme d’argent qui doit vous servir à rembourser votre dette, mais vous craignez qu’elle n’éveille les soupçons. C’est vrai que ce serait une trop belle coïncidence que vous disposiez de tant de gallions après avoir monté votre oeuvre de charité… Donc maintenant, vous n’avez plus le choix, vous devez trouver un moyen de déposer votre somme autrement. Par le biais d’un intermédiaire, par exemple. J’ai bien suivi ? »

Il revint s’appuyer sur la table, face à la journaliste. Il n’oubliait pas le rôle de confident qu’il tenait auprès de sa fidèle cliente tout comme il n’oubliait pas ses propres intérêts. C’était à un jeu de dosage que Roy se livrait. Il était capable de se vêtir de plusieurs attitudes, en l’occurrence, il lui fallait trouver le juste équilibre entre le trafiquant en quête d’une affaire juteuse et l’homme prêt à aider sa malheureuse amie, car les deux allaient dans le même sens, finalement. Roy poussa même le vice jusqu’à poser sa main sur celle de la femme éplorée, qu’il savait loin d’être indifférente à ses charmes.

« Jamais je ne jugerai négativement une femme qui se bat pour ses projets, Mildred. Ce cabaret vous tient à coeur, je le vois, ne le laissez pas tomber alors que vous êtes si proche du but. Vous n’êtes peut-être pas fière de ce que vous avez fait, et c’est normal, mais vous savez quoi ? Je trouve votre implication admirable, peu d’entrepreneurs auraient osé se mettre dans de telles difficultés pour sauver leur affaire. C’est en prenant de gros risques que naissent les grands projets, non ? »

Il lui fit un dernier sourire réconfortant, avant de relâcher la main de la journaliste, pour prendre un air plus grave, nécessaire à la comédie qu’il était en train de jouer.

« Cela dit, je ne vous rendrais pas service si je m’arrêtais là. Ce sont sans doute des choses que vous savez déjà, mais je me dois de vous avertir… Le coup de la collecte magistrale de fonds ne marchera pas deux fois. Je pourrais être votre intermédiaire, si je ne craignais pas que ce projet ne vous entraîne dans une spirale de dettes, dont vous ne pourrez plus vous sortir. Quand vous aurez remboursé votre dette actuelle, qu’est-ce qu’il vous restera pour poursuivre les travaux dans votre cabaret et le lancer ? Vous connaissez les gobelins, ce sont des créatures méfiantes et rancunières. Ils seront très réticents à vous prêter à nouveau de l’argent. Comprenez, le but n’est pas de vous retrouver dans deux mois dans une situation de crise pire que celle où vous êtes maintenant. »

Il présentait les choses de façon à avoir le beau rôle, bien sûr, mais la vérité était triviale. D’une, il ne souhaitait pas prendre de risques pour une affaire qui n’en valait pas la peine, de deux, s’il ne pouvait pas tirer un peu la couverture sur lui, ce n’était pas la peine non plus… Tout dépendrait de ce que Mildred aurait à lui offrir. Sa reconnaissance, qui avait le défaut d’être immatérielle et plutôt inutile, ne comptait pas. Il voulait une affaire tangible où il serait gagnant lui aussi. Pour commencer, il voulait en savoir plus sur ces Folies Sorcières que Mildred cherchait absolument à rebâtir, il voulait savoir ce qui la rendait si certaine de son succès. Il était temps de l’amener là où il le souhaitait, à présent.

« Si vous me donniez l’assurance que le cabaret de votre mère n’est plus le gouffre financier qu’il a été… Nous pourrions trouver une solution ensemble. »


Roy Calder

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Les Folies Sorcières [Pv Roy] Icon_minitimeMer 1 Oct 2014 - 11:06
Les lamentations éhontées de Mildred, laissèrent rapidement place à un vif intérêt tandis que Roy Calder semblait enfin mordre à l'appât lancé. Dans l'art de la manipulation, la sorcière sans scrupule n'avait pas son pareil, mais cette fois-ci, elle avait quelque peu sous-estimée sa prise : Roy Calder n'avait rien d'un petit poisson, bien au contraire, le malfrat avait un appétit de requin! Plutôt que de se restreindre à ne tremper qu'un doigt dans la crème chantilly, le trafiquant voulait sa part du gâteau, cerise comprise! Il ne s'engagerait nullement dans une affaire qui présentait des risques, et surtout à laquelle, il ne pourrait en retirer aucun bénéfice. En homme d'affaire avisé et intelligent, il voulait entendre parler de profit, et se souciait peu des états d'âme de la sorcière rousse. D'ordinaire si efficaces, les larmoiements de Mildred ne fonctionneraient pas cette fois-ci avec cet habitué de la Voie des Miracles, dont les activités illégales poussaient à la plus grande méfiance et à une forme de paranoïa constante dans le genre humain. Roy n'était pas né de la première pluie, et aucune larme factice de la rédactrice de Multiplettes n'arriverait à le corrompre dans ses jugements. Comprenant quelque part qu'elle venait de faire fausse route, Mildred ne tarda point à révéler son vrai visage, celui d'une femme stratège et profondément vénale, prête à commettre les pires exactions pour satisfaire ses ambitions. Relevant son menton avec orgueil, elle se décida enfin à jouer franc-jeu avec Roy Calder. L'heure n'était plus à l'émotion, mais au froid calcul!

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"Vous avez parfaitement raison, monsieur Calder. Cessons ce jeu de dupe entre nous, nous valons l'un et l'autre, mieux que cela. Vous devez pardonner ma méfiance, mais je ne suis pas une habituée sur le chemin de l'illégalité, et je préfère encore davantage avancer masquée, plutôt que de me compromettre bêtement. Vous ne me connaissez que trop bien, je suis une femme d'affaire, et je ne veux en aucun cas être mêlée à un affreux scandale. Je tiens trop à mon image, et c'est pourquoi j'ai besoin d'une personne extérieure pour accomplir dans l'ombre certain méfait. Ma présence ici-même n'est donc pas le fruit du hasard; Et j'avoue que j'avais dans l'espoir de vous rencontrer, car vous êtes la seule personne qui puisse m'extirper de la situation compliquée dans laquelle je me retrouve plongée... "

Mildred balaya de sa main blanche la surface de la table.

"A vrai dire, je me fiche pas bien du mal du sort des orphelins de Bristol; Et si cela ne tenait qu'à moi, je les aurai d'ores et déjà expédié dans les eaux sombres du port afin de ne plus avoir à supporter leurs geignements ridicules! Je Hais les enfants! " Mildred secoua la tête avec dégout, avant de se ressaisir et poursuivre sur le ton de la vérité. "Ma seule préoccupation réside dans le fait de pouvoir remettre sur pieds le cabaret familial des "Folies Sorcières", et vous savez, rien ne pourrai me faire reculer dans cette noble entreprise! C'est le rêve de toute une vie! Alors si je dois détourner des galions pour que ce dernier se réalise, et bien je le ferai! Mais je ne suis point suicidaire, je sais que je suis dans une impasse, et que j'ai besoin de l'aide d'un complice. D'un partenaire... "

Les pensées de Mildred Magpie se bousculaient entre elles, alors qu'elle cherchait un moyen de convaincre son beau voyou de lui venir en aide. Devait-elle l'associer dans cette entreprise titanesque? N'était-ce point risquée d'avoir un malfrat comme partenaire? Ne cherchait-il pas un moyen de mettre la main sur ses affaires? Derrière ce sourire irrésistible ne se cachait-il pas de cruelles intentions? Autant de risques que la sorcière se devait d'assumer dans les quarante-huit prochaines heures , si elle ne voulait pas que ses folies dépensières la conduisent à sa perte.  Elle se mordilla la lèvre inférieure, puis saisissant son verre, elle en but intégralement le contenu, de manière à obtenir le courage nécessaire pour prendre cette décision au combien difficile.

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Posant son verre vide devant elle, Mildred s'apprêtait à se lancer dans une aventure nouvelle qui défiait toutes ses logiques égoïstes. Car la sorcière rousse n'avait pas le sens du partage, et se montrait particulièrement pingre quand il s'agissait de sa fortune. Elle ne se montrait dépensière que lorsqu'il s'agissait de satisfaire ses exigences personnelles; Mais un homme pouvait mourir de faim à ses pieds, qu'elle ne lui délivrait pas l'ombre d'une noise. La pie n'était pas partageuse, même si aujourd'hui elle se sentait condamnée à devoir faire une exception. Elle hésita, puis finit par lancer un premier cordage à la mer, afin d'entrainer à son bord le beau gangster Calder.  

"Vous voulez des garanties financières, n'est-ce pas? Et bien vous pouvez me croire que lorsque mon Cabaret/Casino sera en mesure d'ouvrir ses portes, les gains seront si élevés que je pourrai allègrement vous rembourser votre contribution. Je vais vendre tellement de rêves aux habitants de Bristol, que ceux-ci viendront en masse pour dépenser leur fortune! C'est indéniable, cette ville a besoin de se divertir! Chaque habitant souhaite oublier son quotidien morose! Moi Mildred Magpie, je vais leur offrir ce luxe salutaire. Croyez-vous qu'ils seront nombreux à vouloir refuser ce privilège? "

Mildred arqua un sourcil interrogateur à l'intention du malfrat. Une sombre idée venait de s'immiscer dans l'esprit de la sorcière rousse.

"Maintenant, laissez-moi vous expliquer la situation. Celle-ci est des plus simples. Que vous le vouliez ou non, nous sommes liés de manière indéfectible par nos secrets. Nos mensonges. Je connais les vôtres, vous connaissez les miens. Si je le voulais, par le biais d'un seul article, je pourrai démanteler bon nombre de trafics qui sévissent sur la voie des Miracles, y comprit le vôtre et pourtant je ne ferai rien. Et vous savez pourquoi? Tout simplement parce que je vois en vous un associé, et une manière d'accroitre considérablement mes revenus...  " Mildred leva alors les yeux sur le serveur de passage. "Tavernier! Auriez-vous l'amabilité de nous en servir un autre? "

"Yep m'dame! "

L'ambitieuse journaliste à scandale fit une pause, alors que le tavernier lui remplissait à nouveau son verre. Elle désigna la coupe de son éventuel associé, puis une fois que l'aubergiste s'éloigna, la pie bavarde s'empressa de poursuivre son récital. Son sourire se fit complice, comme si elle souhaitait séduire Roy Calder pour l'entrainer dans son projet.

"Voici comment je vois les choses : Si vous acceptiez de me venir en aide, et de porter cette sommes honteusement récoltée auprès de ces maudits gobelins de Gringotts, alors je ferai de vous mon associé à part égale dans mon projet de Cabaret/Casino! Nous partagerons équitablement les recettes, cinquante-cinquante! Ainsi nous en serions les deux heureux propriétaires. Ne craignez aucun naufrage financier, il se trouve que j'ai une petite idée pour faire fructifier de manière considérables nos éventuels bénéfices... "

Le sourire de Mildred Magpie se fit alors calculateur, alors qu'un tiroir caisse venait de tinter dans son esprit éprit de profit.

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"Vous savez combien je tiens à conserver une image de femme intègre. Pourtant, il y a une chose à laquelle j'accorde encore plus de crédit, c'est celle de m'enrichir! Je ne veux pas commettre les mêmes erreur que ma mère, et cantonner "les Folies Sorcières" aux seules activités légales. Non! Je veux maximiser les profits en offrant à mes clients privilégiés de quoi braver les interdits, et ce en toute clandestinité. Vous voyez où je veux en venir? Derrière le cadre légal de notre établissement de divertissement, nous pourrions dissimuler toutes sortes de trafics plus ou moins obscure et au combien rentable! Malheureusement, je ne m'y connais guère en la matière, et c'est pourquoi j'ai besoin de l'aide d'un habitué de la voie des Miracles. Vous ne trouvez pas que cela serait une association magnifique et lucrative? Je préserverai ma réputation de femme irréprochable, tandis que vous pourriez trouver le cadre idéal pour blanchir vos trafics. Ensemble, nous deviendrons immensément riches... "

Sans prévenir, à l'ombre des regards, la pointe de la chaussure de la femme cougar vint subitement taquiner de manière sensuelle la cheville du jeune Roy Calder.

"Et puis, en nous associant, nous pourrions aussi joindre l'utile à l'agréable, n'est-ce-pas? "

Pour mieux ponctuer sa demande, Mildred Magpie adressa un clin d'œil complice à son beau voyou préféré...


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Les Folies Sorcières [Pv Roy] Icon_minitimeDim 26 Oct 2014 - 12:33
Un sourire satisfait orna les lèvres de Roy, lorsque Mildred déclara qu’elle cessait sa comédie. Il ne demandait pas mieux que de discuter clairement, d’homme à femme d’affaires. La journaliste ôtait enfin son masque, confirmant ainsi les intuitions du trafiquant. Mildred Magpie était une femme ambitieuse, vénale et manipulatrice. Bien plus qu’il ne l’aurait imaginé au premier abord. Roy l’écouta sans sourciller déclarer qu’elle jetterait bien les pauvres orphelins de Bristol, en pâture pour les poissons du port. Toute sa petite manoeuvre avait été calculée. Elle n’avait pas cédé à la tentation de détourner de l’argent caritatif, une fois qu’il avait été en sa possession, non, Mildred avait prévu de le faire. Voilà qui changeait la donne, cela faisait d’elle une jolie menteuse, en plus d’une femme sans scrupules. Il fallait bien l’avouer, si Roy ne s’était pas laissé apitoyer par les larmes de la journaliste, il avait néanmoins cru à ses histoires de regrets. Il était averti désormais : rien ne comptait plus pour Mildred Magpie que la réussite de ses projets, et peu lui importaient les sacrifices ou la morale.

Dès lors qu’il évoqua un « partenaire », l’oreille de Roy redoubla d’attention. Enfin ils en venaient au fond de l’histoire ! Du regard, il semblait encourager la journaliste à poursuivre. Roy l’écouta lui vanter les mérites de son cabaret. Il ne doutait pas de la possibilité des Folies Sorcières à rencontrer du succès, après tout, elles avaient longtemps été un lieu incontournable de Bristol. Le seule problème ? C’était à une autre époque. Aujourd’hui, le temps était à la crise, les gens étaient méfiants, comment savoir si l’affaire n’allait pas couler une seconde fois, par manque de clientèle ? C’était énormément d’argent à investir pour le lancer, si les choses marchaient, comme le disait Mildred, effectivement, il y avait moyen de devenir sacrément riche. Si les choses ne marchaient pas en revanche, ce serait une perte colossale…

Roy en était là de ses calculs quand le discours de la journaliste prit la tournure de menaces, qu’elle voila à peine. Les sourcils du trafiquant se froncèrent, un peu piqué de la façon dont Mildred présentait les choses. Etait-ce par le chantage qu’elle espérait le convaincre ? Il but silencieusement son verre, le regard vrillé dans celui de la journaliste qui lui proposait enfin de participer à son affaire. Pour le moment, il restait sceptique… Mais la suite eut le don de titiller son attention, et surtout, l’homme avide de profit qui sommeillait en lui. Mildred était en train de lui tenir un langage qui lui parlait bien plus que ses lamentations, bien plus que ses éloges aveugles sur son cabaret.  S’il résumait la situation, il n’avait qu’à déposer une somme frauduleuse pour elle à la banque, et il obtenait une place aux Folies à parts égales, en plus d’une occasion de blanchir son argent et de le faire fructifier dans de nouvelles affaires illégales. Enfin, « qu’à »… Il lui faudrait tout de même trouver un moyen de le faire, et ce, dans les quarante-huit heures s’il avait bien compris. Cela restait largement avantageux pour lui, à première vue.

Ses réflexions furent interrompues par le geste aussi discret que vif que Mildred effectua vers sa cheville, sous la table. Levant les yeux vers elle, il ne manqua pas son clin d’oeil qui le fit hausser les sourcils d’une certaine stupeur mêlée… d’amusement. C’était ce qu’on appelait faire la totale. Il fut partagé entre l’envie d’éclater de rire et celle de retirer sa jambe loin de la chaussure vernie de cette espèce de cougar vénale et calculatrice. Oh, il n’était pas en train de déprécier Mildred pour son geste osé qui l’amusait plus qu’autre chose. Il ne s’imaginait simplement pas une seconde qu’elle était sérieuse, c’était bien trop gonflé. N’était-ce pas un personnage exubérant qu’elle jouait constamment ? Il avait simplement en face de lui une femme qui ne lésinait pas sur les façons de le persuader.  

« Vous ne manquez décidément pas de culot, Miss Magpie. »

Sur ces mots, il écarta sa jambe et revint s’accouder sur la table, bien en face de la sorcière. Son début de rire s’évanouit, pour laisser place à une mine plus sérieuse. La seule chose qu’il souhaitait obtenir d’elle étaient des affaires, pas des extras. Il revint bien rapidement à leurs moutons :

« Je vais être honnête avec vous, je n’ai qu’une exigence pointue quand je fais des affaires avec quelqu’un, c’est sur la gestion de l’argent. Pour que vous vous soyez retrouvée avec une dette de cent vingt mille gallions, c’est soit que vous avez été mal conseillée sur la façon de dépenser votre budget -ou plutôt qu’elle était une femme dépensière, mais il ne s’agissait pas de la vexer-, soit que votre cabaret demande des sommes colossales à n’en plus finir pour pouvoir se lancer. Dans les deux cas, je prends des risques à accepter de vous aider, puisque la faillite nous pend au nez. »

Il laissa s’égrainer quelques secondes de silence, avant que sa mine grave ne soit éclairée d’un sourire en coin.

« Mais… Je ne serais pas digne de fréquenter la Voie si je n’aimais pas prendre de risques. Vous êtes presque aussi cupide que nous, Mildred, on devrait réussir à s’entendre parfaitement. »

Passer de revendeur de potions et de drogues à gérant de casino ? Roy serait stupide de laisser filer une telle occasion, après tout, peu importait les risques que cela comprenait. Il n’en avait pas peur, c’était typiquement le genre de situation qui lui fournissait l’adrénaline qu’il chérissait tant, qui le faisait vivre à un rythme hors de toute morale. Il la sentait, cette délicieuse adrénaline lui courir dans les veines, depuis que Mildred lui avait proposé d’être son associé, et qu’il réfléchissait à une manière de monter solidement leur coup.

« Les Folies serait le lieu parfait pour abriter des paris clandestins, ou une maison close, j’imagine… » commença t-il, pensif.

Il se voyait déjà mettre en place des duels magiques sur lesquels il pourrait prendre des paris, il savait comme ce genre d’entreprise pouvait rapporter gros. Pas autant que la possibilité d’engager des filles de joie, cela dit, voilà ce qui serait le véritable luxe, selon lui. Le proxénétisme était à peu près aussi décrié que couru et lucratif, ce n’était pas peu dire. Mais il s’embarquait à peu trop dans ses rêveries, il n’avait même pas encore posé un pied aux Folies Sorcières. Il fallait monter le projet avant de songer à l’agrandir.

« Mais il faut d’abord régler le problème de votre dette. Vous pourriez faire une fausse déclaration sur vos revenus entre Multiplettes et vos bouquins, mais le problème, c’est que cent vingt mille Gallions est une somme réellement conséquente, elle risque d’éveiller les soupçons, surtout s’ils s’aperçoivent qu’elle correspond à ce que votre association caritative a perçu. En fait, il faudrait fractionner les dépôts, tout en brouillant les pistes… Il prit quelques secondes pour réfléchir à comment il allait présenter son idée. Donc voilà ce que je vous propose, vous allez commencer par déclarer à Gringotts une somme inférieure à celle que votre association a réellement perçue. Disons cinquante mille Gallions, cela fera l’affaire. Ils contrôleront bien sûr, mais ils ne saisiront pas la somme, puisqu’elle est destinée à être redistribuée. Vous déposerez ensuite une somme qui vous paraît correspondre à ce que vous gagnez entre votre journal et vos livres, mettons vingt mille, pour régler une partie de votre dette. Il vous restera cent mille à payer. Pour celle-là, vous enverrez aux gobelins une copie d’un faux contrat que vous avez souscrit avec un entrepreneur prêt à investir pour les Folies Sorcières. Normalement, avec un premier paiement, et avec cette assurance, ils devraient vous laisser quelques jours de répit pour régler le reste de la dette, mais même s’ils ne le font pas, ce n’est pas très grave. Dans tous les cas, vous aurez laissé de côté cent mille gallions qui sera la somme que déposera pour vous cet entrepreneur. Roy illustra ses paroles suivantes en levant trois doigts face à la journaliste. Trois sommes différentes, trois acteurs différents, ils ne devraient pas réussir à faire le lien. »

Il laissa à Mildred le temps d’assimiler ces premières informations, puis ajouta :

« Je vous fournirai le faux contrat, et la fausse identité de l’entrepreneur. Je ferai tout pour vous l’obtenir avant les quarante huit heures, mais cela ne devrait pas poser de problème, les faussaires, ce n’est pas ce qui manque, ici. »

L’action ne serait pas gratuite pour lui, bien sûr, mais ce serait son premier investissement personnel pour cette affaire. Il précisa d’ailleurs, en retrouvant son sourire en coin :

« Puisque je payerai ce faux contrat, je nous considère déjà comme associés, Mildred. Je me servirai de cette fausse identité à mon compte, car j’imagine que vous préférez que mon nom ne figure pas sur les papiers officiels, pour garder votre image intacte. Mais cela ne nous empêche pas de souscrire un contrat magique, juste entre nous… »

Sur ces mots, Roy sortit sa baguette et fit apparaître un parchemin qui glissa dans un vol léger juste devant la sorcière. Une plume apparut, puis se mit à écrire en même temps qu’il parlait.

« Notons les conditions. Un partage cinquante/cinquante des gains, donc. Je veux avoir un droit de regard sur les dépenses, aussi. Bien sûr, j’y participerai à parts égales, s’il y a des investissements à faire. Sur la gestion en elle-même, il faut simplement qu’on se mette d’accord sur nos rôles. Je peux m’occuper de gérer les trafics, puisque c’est ce que vous attendez de moi… Je vous laisse toutes les mondanités et l’événementiel avec grand plaisir, c’est votre monde à vous, après tout, ajouta t-il sur le ton de la plaisanterie. Il se laissa un petit instant de réflexion, avant de conclure. J'ai une dernière demande, par rapport aux employés. Vous en avez peut-être déjà, bien sûr, il serait préférable qu'on engage les suivants ensemble. Mais j'aimerais que vous me laissiez les associés avec qui j'ai l'habitude de travailler, je vous les présenterai quand nous en aurons l'occasion. Je vous garantis que ce sont des hommes de confiance, sans qui je ne me vois pas travailler. Hum... Quoi d’autre ? Vous voyez autre chose ? »

Il posa sur elle son regard sombre, où brillait toutefois toujours cette petite lueur d’excitation et d’avidité.


Roy Calder

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Mildred Magpie
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Les Folies Sorcières [Pv Roy] Icon_minitimeDim 2 Nov 2014 - 18:14
Le beau voyou ne sembla point s'offusquer du geste déplacé de Mildred Magpie; Bien au contraire, il laissa même entrevoir un sourire amusé, signe qu'il n'était pas réticent aux avances de la sorcière rousse. Du moins c'est ce que la torride cougar se plaisait à imaginer, tout en le dévorant longuement du regard. Mais le jeune coquin se libéra finalement de son emprise sensuelle, lorsqu'il choisit d'éloigner ses jambes et de s'accouder à la table avec à propos. Sans doute pour garder la tête froide et les idées claires, tant l'homme pouvait se montrer faible et esclave de ses pulsions. Il eut beau prétexter et se cacher derrière le culot de la sorcière rousse, celle-ci n'était point dupe. Elle fit alors l'innocente ingénue malgré ses presque cinquante années.

"Qui? Moi? Culottée vraiment? Voyons monsieur Calder... Je pencherai plutôt à dire que c'est vous qui êtes timide, en me faisant languir de la sorte, et en ne me précisant point si vous souhaitez faire affaire avec moi... "

Ses lèvres fines et pincée esquissèrent alors un sourire fugace, qui fut bien vite balayé par la tournure sérieuse de la discussion. Avec tact et diplomatie, Roy Calder était en train de lui dire, ni plus ni moins, qu'elle était une fieffée dépensière, doublée d'une mauvaise gestionnaire tant elle avait sous estimée le coût des travaux nécessaire à la réhabilitation des Folies Sorcières. Certes, il n'avait pas tort, mais une citation célèbre disait que si "l'homme était un roseau pensant, la femme était quant à elle un roseau dépensant"; Cela ferait peut être hurler les membre de l'OFFRE, mais dans le cas de Mildred, cela se vérifiait pleinement: En effet, elle dépensait sans raison, le galion lui brulant les doigt aussi rapidement que fondait la neige au soleil. La rédactrice de Multiplettes se contenta de soupirer laconiquement face aux craintes justifiés du trafiquant.

"Certes, monsieur Calder, cette situation vous expose financièrement... Mais la vie n'est-elle pas trop courte pour la passer à regretter tout ce que on a pas eu le courage de tenter? Je suis de celle qui pense que la fortune est plus belle, là ou le risque est le plus grand. Partagez-vous cet avis Monsieur Calder? Aimez-vous vivre dangereusement? "

Sans doute piqué dans son orgueil, Roy Calder ne sembla plus aussi indifférent au fait de se lancer dans cette entreprise, au combien dangereuse au demeurant. Il avait parfaitement discerné le coté cupide et intéressé de la personnalité de Mildred et cela ne semblait point le déranger, bien au contraire. Après tout, la cupidité était une denrée appréciée et récurrente dans la voie des Miracles. Signe qu'il voulait de cette association de malfaiteurs, Roy Calder se lançait même déjà dans un exercice de projection, en mentionnant ce que le Cabaret des Folies Sorcières pourrait éventuellement devenir : Un lieu de débauche où se côtoieraient jeux d'argents illégaux et luxure. Bref le paradis sur terre dont Mildred avait tant rêvé! Elle poussa un long soupir empreint d'admiration...

"Une maison close... Cela va vous paraitre insensé, mais lorsque j'étais petite fille, je jouais déjà avec mes poupées, comme si j'étais la tenancière d'un bordel de luxe. A l'époque j'étais déjà une maquerelle impitoyable, qui coupais la tête de celles qui ne voulaient point m'obéir et faire ma fortune. Je débordais déjà d'imagination! Cette aspiration me vient probablement du fait que j'ai grandi dans les coulisses d'un cabaret. Ma mère dirigeait d'une main de fer ses danseuses, et je peux affirmer que j'ai vu plus de femmes dénudées que habillées durant mon enfance. Que de nostalgie... "

La pie s'arrêta brusquement dans son récital nostalgique, lorsqu'elle s'aperçu que Roy ne l'écoutait plus, préférant divaguer lui aussi dans ses rêveries et ses projets liés aux folie sorcières. Mais très vite, il raccrocha le wagon de la réalité avec une alléchante magouille financière, qui ne pouvait que capter définitivement l'attention de Mildred Magpie. Encore peu experte dans l'art de maquiller la provenance d'argent sale, la sorcière ne pouvait que s'extasier du plan du trafiquant. Trois sommes séparées entre trois intermédiaires, et le tour serait joué. L'argent frauduleusement acquit serait totalement blanchie! Mildred afficha un sourire éclatant de prédatrice, même si elle s'interrogeait encore quelque peu sur la réalisabilité de ce projet, surtout d'un point de vue du timing en moins de quarante-huit heures. Mais Roy ne tarda pas à la rassurer sur la rapidité d'exécution de ce vil projet, et sur le fait qu'il se considérait déjà comme son associé. En signe d'assentiment, le verre de la rédactrice en chef de Multiplettes ne tarda pas à venir teinté contre celui du trafiquant.

"A la bonheur, soyons associés! Vous feriez un excellent conseiller financier! Mais j'imagine qu'une telle offre a un prix... Quelles sont vos exigences monsieur Calder? "

Ce dernier ne tarda pas à faire glisser un parchemin magique devant les yeux de la sorcière rousse, sur lequel s'activa une plume rédigeant toutes les grandes lignes d'un futur contrat. Bien que la sorcière aurait préféré disposé d'un pourcentage plus conséquent sur la marge des bénéfices, elle ne chercha point à se soustraire de cette association providentielle. Ce serait sur la base d'un partage équitable, cinquante-cinquante. Les trafics pour l'un, et l'événementiel pour l'autre. Mais également un partage dans l'intégration de nouveaux employés. Mildred ne pouvait que hocher la tête. Son sourire de façade cachait d'intense réflexion de femme d'affaire qui ne voulait point se faire entuber. Il est vrai qu'elle se voyait déposséder d'une moitié de son casino, et se pliait à des exigences qui la dirigeait vers un droit de propriété bicéphale. Mais avait-elle le choix? Sans Roy Calder, elle n'aurait plus rien! Le cabaret des Folies Sorcières tomberaient entre les griffes des gobelins de Gringotts! Elle marqua une seconde, se mordillant la lèvre inférieure en signe d'hésitation, puis se munit à son tour de sa plume à papote. Après un sourire délicieux, elle finit par lever le faux suspense.

"Je ne vois aucun inconvénients aux termes de cet accord, qui sera effectif dès l'instant où vous aurez réglé mon problème d'endettement. Je suis très heureuse d'être votre associée, et de pouvoir monter cette affaire en or! Je n'ai rien à ajouter, si ce n'est une clause non négociable, qui interviendra uniquement dans la légation de ce bien à ma mort... "

Un sourire exquis aux lèvres, Mildred Magpie activa sa plume magique sur le parchemin afin de rédiger cette clause qui ne visait qu'à la protéger dans cette association.

"En d'autre terme, si je venais à mourir, le Cabaret des folies sorcières devra revenir dans son intégralité à un membre direct de la famille Magpie; Dans le cas ou cette exigence ne s'avérerait point réalisable : L'entière propriété de ce bien reviendra alors à la ligue protectrice des Boursoufs. " La plume de à papote de Mildred finit par planter un point, juste après y avoir apposé cette signature. Mildred releva un regard empreint de joie à l'idée de pouvoir collaborer avec son doux voyou. Puis, elle glissa une dernière remarque qui ne se voulait pas aussi innocente qu'elle le paraissait :
"Vous comprenez, c'est une manière de pouvoir protéger cet héritage familial, et d'avoir une bonne assurance vie me permettant d'envisager l'avenir plus sereinement. En somme, tant que je serai vivante, vous pourrez bénéficier des avantages de mon cabaret magique. J'imagine que cela vous motivera également à assurer ma protection, dans le cas où quelqu'un aurait l'idée saugrenue de me faire du mal. Pour obtenir la jouissance totale des Folies Sorcières, une solution plus pratique pour vous serait de me demander en mariage. Mais je conçois qu'une telle décision nécessite du temps, et d'apprendre à mieux se connaitre... "  

Mildred pouffa comme une adolescente à cette dernière remarque, puis elle finit par se lever prestement.

"Je vous remercie pour votre aide monsieur Calder. Sachez que c'était un plaisir de faire affaire avec vous! J'attends impatiemment de vos nouvelles, mon cher associé... "

Puis elle finit par s'éclipser, délivrant au passage une dernière caresse complice sur l'épaule de Roy Calder...

[Fin de Rp]


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