Le Nimbus Furtif [PV Darren & Irving]

Dimanche 1 janvier 2006

Irving ouvrit un œil et la clarté qui émanait de la fenêtre du dortoir l’éblouit. Il rabattit le drap sur son visage en poussant un grognement. C’était le dernier jour des vacances et il détestait ça. Il avait décidé de profiter au maximum de sa dernière grasse matinée en trainant au lit mais il dut vite se rendre à l’évidence : La matinée semblait déjà bien avancée, il devait donc se lever car il risquait de manquer les horaires du petit déjeuner.
Il s’assit dans son lit, s’étira et attrapa sa paire de lunettes posée sur sa table de nuit. Il les mit sur son nez et il put observer que les baldaquins de ses camarades étaient vides. C’était le moment idéal pour tenir sa première résolution de 2006 : Se sculpter un corps d’athlète.
Irving chassa ses couvertures avec ses pieds et sauta du lit. Il allait faire une petite séance de sport avant de descendre dans la Grande-Salle. Il ouvrit sa malle à la recherche d’objets lourds qui pourraient faire office d’altère. Il finit par sortir deux énormes livres du coffre qu’il saisit dans chaque main.

* Finalement, ils vont me servir à quelque chose ces bouquins de potions !*

Irving commença ses exercices physiques en ramenant les livres vers ses épaules puis en tendant les bras.

* Un…deux…trois….Putain mais c’est super lourd le savoir !*

Irving parcourut le dortoir des yeux et vit deux exemplaires de « Balai-Magazine » posés sur la table de nuit de son voisin. Il lâcha les deux gros manuels et attrapa les journaux de son camarade.

* Il ne faut pas commencer par quelque chose de trop difficile, sinon ça va me dégouter du sport !*

Irving leva vingt fois les magazines puis, très fier de lui, il s’habilla afin de descendre déjeuner.



Vêtu de son plus beau tee-shirt des Bizarr’Sisters (-Le noir avec une tête de dragon-), il déboula dans le hall de l’école. Il passa à côté d’un groupe de Serpentard et entra dans la Grande Salle qui était vide à cette heure tardive. Immédiatement, un paquet allongé posé sur la table des Gryffondor, attira son regard. Le courrier avait dû passer alors que le destinataire de l’envoi n’était pas encore levé. Les chouettes l’avaient surement abandonné ici faute de temps devant elles.

* Ces hiboux font vraiment leur boulot n’importe comment !*

Curieux, il s’approcha du colis abandonné sur lequel était attachée une enveloppe. Il se pencha et reconnut instantanément l’écriture de sa mère.

« Irving Whitaker, Grande Salle de Poudlard, Ecosse. »

En général, lorsque Vivianne lui écrivait, c’était pour lui envoyer une beuglante suite à ses résultats scolaires catastrophiques. Mais cette fois, ce courrier ne ressemblait pas du tout à une énième remontrance, non, cela ressemblait davantage à un cadeau. Peut-être que ces parents lui envoyaient un présent du Pérou : En effet, Les Whitaker étaient actuellement de l’autre côté du globe. Ils avaient été tirés au sort pour un voyage en Amérique du Sud organisé par Nimbus, l’entreprise pour laquelle les parents d’Irving travaillaient tous les deux.
Fébrile, Irving décacheta la missive afin de lire le courrier.

« Mon petit Vingounet,…

Il roula des yeux se demandant quant sa mère arrêterait de l’appeler par ce sobriquet ridicule.

« Notre périple au Pérou se déroule à merveille !
Nous avons visité de nombreux sites de sorciers incas dont la cité Sorcière Patcha-Kamchou perchée à 3000 mètres d’altitude…. »

Irving décida de sauter tout le passage sur Patcha-Kamchou et il alla directement au dernier paragraphe écrit par sa mère.

« …Chaque famille participant au voyage a reçu, en avant-première, le dernier balais confectionné par la filiale : « Le Nimbus Furtif »
Avec papa, on a décidé de te l’offrir puisque tu as passé Noël seul à Poudlard cette année. On espère que cela te fait plaisir !
Je laisse la plume à ton père, il va t’expliquer les dernières innovations techniques pour ce balai qui est un vrai petit bijou !
Je t’embrasse fort mon Vingounet !

Maman. »

Le Nimbus Furtif ! Irving n’en croyait pas ses yeux ! Ses parents travaillaient sur la réalisation de ce balai depuis plus d’un an. Les ouvriers de chez Nimbus avaient même signé une close de confidentialité afin de ne pas révéler les dernières trouvailles techniques liées à la fabrication de cette merveille. Son père lui avait même dit que le Furtif serait une révolution dans l’industrie du balai magique.

* Les membres de l’équipe de quidditch vont être trop jaloux ! Prenez ça dans les dents les sportifs ! Irving Whitaker a un meilleur balai que vous !*

Irving arracha le kraft du paquet afin de découvrir le joyau. Lorsqu’il le vit, il resta interdit de nombreuses secondes : Le balai ne ressemblait pas du tout à ce qu’il avait imaginé.
Fronçant les sourcils, il reprit la lettre des ses parents et parcourut la partie rédigée par son père.

« Mon fils,

Tu tiens entre tes mains le meilleur balai jamais conçu (et je ne dis pas ça car j’ai participé à sa fabrication !) Son manche profilé est taillé dans du bois d’Azobé, très résistant face au choc et à l’humidité. Cette essence issue des forêts équatoriales donne au balai sa délicate teinte rouge foncée… »

Irving reporta son attention sur le balai du paquet. Le manche était taillé vulgairement et recouvert de crasse brune loin du « rouge délicat » annoncé par son père.

« …Il a été traité avec une potion (dont les ingrédients doivent rester secrets !) qui accroit l’aérodynamisme du balai. La brosse est également une véritable prouesse technologique : Chaque fibre est fixée une à une par un sortilège de glue perpétuelle et chaque branchette a été préalablement immunisée grâce à de nombreux enchantements. La forme carénée de la brosse permet une excellente pénétration dans l’air et l’on passe de 0 à 300 km/h en dix secondes ! (Oui, tu as bien lu ! On a battu le record détenu par l’Eclair de Feu !) …

Irving leva de nouveau les yeux de sa lettre pour observer la brosse de son balai. Les branchettes partaient dans tous les sens et certaines étaient cassées ou tordues. Des bourres composées de cheveux, de poils d’animaux et de plein d’autres choses qu’Irving n’avait pas vraiment envie d’identifier, étaient coincées entre les fibres.

« … Les équipes de Quidditch d’Irlande et de Bulgarie sont actuellement en pourparler avec Nimbus pour équiper leurs joueurs avec le Furtif ! … »

Irving attrapa le balai afin de le soupeser, il était atrocement lourd. Au même moment quelqu’un entra dans la grande salle et s’écria :

« Je te tiens petit voleur ! »

Irving se retourna pour voir Rusard, le concierge débouler dans sa direction.

« Un Gryffondor ! J’aurais dû m’en douter ! Vous aimez me persécuter ! Attendez de voir, je vais prévenir le professeur Hellsoft que les élèves de sa maison sont des chapardeurs ! »

Rusard s’approcha d’Irving et lui tira l’oreille.

« Aïe ! Arrêtez ! Vous me faites mal ! Je ne vous ai rien pris ! »

« Et ça ? C’est quoi ! » Lança le concierge en montrant le balai d’Irving du doigt.

« Euh… C’est le nouveau Furtif de Nimbus… » risqua Irving hésitant.

Rusard furibard attrapa le balai et fusilla le Gryffondor du regard.

« Cela t’amuses de te payer ma tête ? Très bien ! On va voir si tu tiens le même discours à la directrice de ta maison ! »
Le concierge fit volte-face afin de quitter la Grande-Salle. Irving lui emboita le pas en le suppliant :

« S’il vous plait monsieur Rusard, je vous jure que je ne me moquais pas de vous ! J’ai reçu ce balai aujourd’hui ! Mes parents ont surement voulu me faire une blague, je sais pas ! S’il vous plait ne prévenez pas Madame Hellsoft sinon je vais me faire tuer par ma mère ! Je vous en priiie, s’il vous plait ! »

Irving le suivit jusque dans le hall mais Rusard, déterminé, grimpa l’escalier de marbre. Le Gryffondor, dans un ultime geste d’énervement, donna un coup de pied dans la porte de la Grande Salle et les Serpentard qui discutaient encore dans le hall se turent. Irving leur jeta un regard furieux mais quelque chose attira son attention.

« Ou as-tu eu ce balai ? » dit-il en montrant du doigt Darren O’Connor et son nouveau balai rouge sombre.

Alors que les premières lueurs de l'aube commençaient à peine de balayer de leurs rayons les toits du château de Poudlard, Darren O'Connor était levé depuis déjà deux bonnes heures. Il tournait en rond dans la salle commune des Serpentard, un livre à la main, se murmurant à voix basse certains écrits, comme pour mieux les imprimer dans son cerveau. Le jeune homme avait pour habitude de se contenter de quelques heures de sommeil, afin de jouir au maximum du sentiment de liberté que pouvait lui offrir le monde nocturne. En effet, la nuit balayait dans son sillage les contraintes d'emplois du temps et évitait toutes sortes d'interférences avec des éléments extérieurs pouvant troubler ses recherches. Loin des regards, Darren fomentait peu à peu sa vengeance. Il cherchait dans les livres de la bibliothèque, une réponse à toute ses interrogations, préférant satisfaire ses ambitions vengeresses, au détriment d'une quelconque nuit de festivité auprès des autres Serpentards. De plus Harmonie Fernoys, la seule personne digne d'intérêt dans cette maudite école de magie, était au abonnée absente depuis leurs retours des vacances de Noël qu'ils avaient passé ensemble. Certaines rumeurs de couloir lui prêtait une liaison secrète avec un élève de la maison Serdaigle, un dénommé Sean Fitcher. Darren savait qu'il allait devoir tirer les choses au clair avec son amie, car elle ne pouvait point se permettre de trahir ses origines pures dans une relation avec un être inférieur.
Les couloirs de Poudlard commençait peu à peu à s'animer. Premiers signes d'une nouvelle matinée, les élèves dévalaient les marches pour aller déjeuner et chercher le courrier familial et leurs cartes de bonne année qui devaient s'étaler à perte de vue dans la grande salle de Poudlard. Nul doute que les hiboux messager n'allaient point chômer en cette journée. Darren, quand à lui, n'attendait rien de particulier de cette journée, et il préféra prendre son temps pour descendre afin d'arriver après le petit déjeuner...
Le jeune serpentard avait coupé les ponts avec sa mère et une bonne partie de sa famille, et il ne voyait guère que son oncle pour lui écrire une lettre assommante et déprimante dont il se passerait bien de la lecture. C'est pourquoi, il ne se montrait pas particulièrement pressé à descendre dans la grande salle. La remise de courrier était un moment ou il se retrouvait particulièrement isolé. Et pourtant, aussi étrange que cela puisse paraitre, Darren finit par se diriger vers les escaliers conduisant vers le lieu qu'il devrait fuir à grandes enjambées. Il allait surement comme chaque fois vivre une véritable désillusion et ne trouver aucun courrier. Lutter pour soigner les apparences et ne faire cas de rien. Toujours ne délivrer aucun sentiment qui puisse mettre à mal son honneur et sa fierté. Nul doute que l'absence familial le rongeait intérieurement, mais il ne devait en aucun cas se montrer faible! Les sentiments et l'émotion étant réservés aux êtres faibles.
Lorsqu'il arriva dans le hall jouxtant la grande salle, il reconnut des camarades serpentards qui le saluèrent à son passage. Darren fit juste un petit hochement de tête en guise de salutation et rentra directement dans le lieu ou les hiboux avaient pour habitude de délivrer le courrier des élèves après le petit déjeuner. La grande salle avait été dévalisé! Les apprentis sorciers avaient déjà fini de déjeuner et de récolter leurs courriers. Darren soupira à la recherche d'un messager venue lui délivrer une quelconque lettre, et ses yeux se posèrent sur les derniers occupants des lieux. Une bande de hiboux regroupés en cercle autour d'un même et unique colis. Piqué par la curiosité, Darren s'approcha doucement afin de voir qui était l'heureux propriétaire de cet envoi aussi volumineux qu'intriguant. Sans surprise, ce n'était point son nom qui y figurait mais celui d'un certain "Irving Whitaker". Darren passa une bonne minute à tenter de mettre un visage sur ce nom. Il lui semblait qu'un Gryffondor binoclard aussi discret qu’insignifiant répondait à ce nom, mais il n'en était point certain. Le paquet était d'une forme assez spéciale, profilé et tout en longueur. Certainement un cadeau de fin d'année offert à un fiston pourri-gâté qui ne connaissait même pas sa chance. Envahi par un sentiment de jalousie, Darren voulut expédier par terre le colis avant de répartir, mais une autre idée lui traversa l'esprit.
Pourquoi ne pas jeter un œil sur le contenu d'un tel envoi?
Après tout l'heureux propriétaire n'était point encore entrer dans la place, et apparemment peut enclin à venir le chercher. Darren ne voyait aucun mal à subtiliser un objet abandonné. Mais pour cela il devait contourner la vigilance des hiboux gardiens! Au nombre de trois, ces derniers pouvaient donner de violent coups de becs. Mais cela n'était pas un problème pour un élève de septième année. Darren brandit sa baguette en direction des volatiles, avant de prononcer une rapide et brève formule magique :

"Confundo!"

Les hiboux furent alors frappés par un sortilège de confusion, si bien que chacun d'entre eux finirent par oublier les raisons de leurs présence en ces lieux. Darren esquissa un léger sourire en voyant leurs grands yeux ronds déconfits tourner dans toutes les directions pour dénicher le moindre indice. Les rapaces nocturnes finirent par s'envoler à tour de rôle, en zigzaguant vers d'autres cieux. Darren n'avait plus une seconde à perdre, et il commença à déchira sans ménagement l'emballage du colis. Il jeta nonchalamment une lettre au sol sans même y jeter un regard, afin de découvrir rapidement l'exact contenu du paquet. Et celui-ci finit par se révéler sous les grand yeux ébahis de Darren. Ce dernier ne pu s'empêcher de pousser un sifflement d'admiration avant de dire à voix basse :

"Nom d'un Boursouf en plume! Mais qui peut se permettre le luxe de posséder un tel objet!!?"

Un balai au design magnifique trônait sur la table de la grande salle! Passionné de Quidditch, Darren savait qu'il devait s'agir d'un balai dernière génération de chez Nimbus et il s'empressa de récupérer la lettre qui gisait au sol pour en apprendre un peu plus. Ce qu'il y découvrit le fit frissonner de plaisir! Il s'agissait d'un modèle encore jamais édité et ultra performant, répondant au nom évocateur de "Nimbus Furtif". Darren découvrit avec stupeur que ce même balai allait dans un futur relativement proche équipé les équipes nationales de Bulgarie et surtout de sa contrée natale d'Irlande! Mais rapidement l'excitation de la découverte d'un tel objet fit place à un sentiment de méfiance et de doute. En effet, Darren savait que le détenteur d'un tel objet aurait un avantage certain dans les prochaines parties de Quidditch, et le jeune serpentard voyait d'un très mauvais œil le fait de savoir que cet objet pourrait tomber au main d'une école adverse. Si tel était le cas, ce joueur mystérieux répondant au nom d'Irving Whitaker possédait la clef du succès! Et il ne faudrait en aucun cas que ce Nimbus Furtif tombe entre les mains d'une attrapeuse comme Geogiana Wright! Darren connaissait l'intégralité des sportifs, et ce nom ne lui disait rien. Il avait juste une vague vision passagère d'un binoclard trébuchant dans les escaliers de Poudlard, provoquant du même coup l'hilarité générale. Bref un gringalet qui n'avait de sportif que le fait d'avoir des parents travaillant pour Nimbus. Si Darren avait une ambition, c'était celle de remporter un maximum de match de Quidditch et de devenir un grand champion pouvant espérer remporter un jour la coupe des quatre maisons. Ce n'est pas la présence de ce Nimbus Furtif qui allait ruiner ses projets. Son sang ne fit qu'un tour et il décida de subtiliser le balai dernier cri et de jouer un mauvais tour à son propriétaire, le fameux et terrifiant "Vingounet" comme le surnommait si bien sa maman adorée. Ce débile allait bientôt regretté d'avoir croisé sa route. Darren vit dans le coin de la grande salle le balai miteux d'Argus Rusard et décida de le remplacer contre le Nimbus Furtif.
*Si cela se trouve... Ce Vingounet n'y verra que du feu!* pensa-t-il
Il glissa le balai du concierge dans l'emballage et prononça une brève incantation en le pointant de sa baguette :

" Reparo!"

L'emballage finit par enserrait le balai miteux de Rusard et la lettre pour retrouver sa forme initiale. Darren quitta la grande salle, le Nimbus Furtif sous le bras, pour rejoindre la bande serpentard qui discutaient dans le hall. Darren s'introduisit dans le cercle et présenta la merveille de balai aux élèves qui poussèrent de vives exclamations admiratives.

"Jamais rien vue de tel!" dit l'un deux!

"Dis nous vite Darren! Comment as tu obtenu un balais aussi puissant???" demanda un autre!

Darren leva la main pour calmer l'empressement de ses confrères serpentards, avant de prendre la parole de manière posée et charismatique :

"Ce que vous voyez la, c'est le Nimbus Furtif, le dernier modèle sortit en version limitée de chez Nimbus! Sous ses traits et sa coupe harmonieuse se dessine la future victoire pour la maison serpentard! C'est ma mère en guise de cadeau qui vient de me l'offrir! Nous avons en nos mains le futur balai de l'équipe nationale d'Irlande!"

Pour ponctuer ses propos, Darren brandit en l'air, le balai pourpre dans un geste de victoire, ce qui eut pour mérite d'attiser encore plus l'admiration de ses confrères serpentards. C'est à cet instant que Darren vit débarquer le jeune binoclard, dont il pensait être justement Irving Whitaker. Lorsqu'il vit ce dernier entrer dans la grande salle, Darren ne pu s'empêcher d'éclater de rire à l'idée de son mauvais tour.

"C'est maintenant que nous allons bien nous amuser..."

Darren ne pensait pas aussi bien dire car Argus Rusard finit par sortir de la grande salle, en empoignant le jeune Irving pour lui signifier qu'il n'avait en aucun cas le droit de lui subtiliser son balai. Le concierge monta les étages pour se plaindre sans doute auprès de la directrice de maison, et Darren regarda à nouveau le jeune Irving qui nageait en pleine détresse, avec son tee-shirt ringard des bizaar'sisters. Le jeune gryffondor finit par remarquer le Nimbus Furtif que Darren tentait de dissimuler derrière son dos et Darren s'amusa de la voir venir plein de fougue se dresser devant lui! Le jeune binoclard se permit même de l'apostropher sans ménagement.
Darren quitta alors le groupe de serpentard pour dominer de toute sa taille le petit apprenti sorcier...

"Qui es-tu pour oser me parler sur ce ton? Sache que si tu continues à me parler de la sorte, tu vas regretter le jour ou tu es venues au monde, face de ragondin! Ta scène de ménage avec le concierge ne m'intéresse pas, alors tu devrais tracer ton chemin. Ce balai est le mien et je n'ai rien d'autre à ajouter! C'est mon balai de compétition, et je ne veux pas te le prêter pour nettoyer ta chambre de gosse attardé! Maintenant tu me laisses tranquille avant que je ne décide une fois pour toutes de te flanquer une bonne correction! C'est bien clair?"

Darren plaça sa main sur sa baguette de saule noir, dans un geste menaçant...

Le Serpentard, tout en proférant ses menaces, s’était approché tout près. Irving savait que c’était pour l’intimider mais il était bien décidé à ne pas se laisser faire.
Généralement, il évitait soigneusement O’Connor : Jusqu’à maintenant Darren ne s’en était d’ailleurs jamais pris à lui, mais la réputation du Serpentard l’avait précédée. Déjà c’était un sportif m’as-tu-vu mais en plus il dégageait une espèce d’aura malsaine qui déplaisait beaucoup au Gryffondor. En temps normal, Irving aurait fait profil bas, mais il était tellement énervé après les remontrances injustes de Rusard qu’il répondit d’une voix forte:

« Non ! C’est pas clair DU TOUT ! Explique-moi comment tu as obtenu le Nimbus Furtif alors qu’il n’est même pas encore sortit ! »

Tremblant, Irving croisa les bras et lança un regard déterminé au Serpentard. Bien sûr, il ne faisait pas le poids face à O’Connor et il le savait. Il avait toujours été nul en magie et il était à peine plus musclé qu’un elfe de maison, mais il voulait absolument tirer les choses au clair. Quelqu’un à Poudlard lui avait fait une blague de très mauvais gout et ça ressemblait à du O’Connor tout craché !
Humilier les autres, les mépriser, c’était le genre de passe-temps qu’avait l’attrapeur des verts et argent.

Soudain le Serpentard esquissa un geste en direction de sa baguette.

Irving, prit au dépourvu, tâtonna les multiples poches de son Jean’s avant de mettre la main sur la sienne. Dans un geste brusque, il la brandit devant lui tout en réfléchissant aux différents sortilèges de défenses qu’il avait étudiés avec Harris.

*Je savais bien que j’aurais dû être plus attentif dans ce putain de cours !*

Il avait du mal à croire que c’était lui, ce garçon dans le hall du château de Poudlard, prêt à se battre en duel avec Darren O’Connor. Dans son existence, il avait toujours tout fait pour éviter les conflits. Bien sûr, ça lui arrivait de jeter des sorts sur des camarades (surtout sur Josef et Jared) mais ce n’était pas animé d’une mauvaise intention, et ce n’était jamais dans le but de faire du mal ou de nuire vraiment.
Irving déglutit difficilement, il était sur le qui-vive, prêt à riposter si le Serpentard brandissait sa baguette.

« Tu ne me fais pas peur ! » ajouta-il plus pour se rassurer lui-même que pour effrayer son opposant.

Darren O'Connor n'était guère habitué à voir des personnes lui offrir un quelconque mouvement de résistance. Et pourtant ce ridicule petit bout de sorcier de rien du tout, venait d'oser brandir sa baguette tremblotante dans sa direction. Bien que surprit dans un premier temps de ne point le voir tourner les talons, Darren afficha très rapidement un sourire moqueur à l'égard du jeune Gryffondor. Signe d'une probable échauffourée, les autres serpentards présents dans le hall reculèrent de plusieurs pas pour laisser les deux protagonistes s'expliquer entre eux...
Dans la maison verte et argent, tout le monde connaissait le tempérament de feu de Darren O'Connor et nul doute qu'il n'allait pas laisser passer un tel affront de la part du jeune Gryffondor. Malgré son courage, Irving Whitaker venait de commettre une grave erreur, car il ne faisait sans doute pas le poids contre un élève chevronné de septième année. Cette malencontreuse rencontre risquait de très vite tourner en une cinglante correction.
Darren ignora complètement la menace que représentait la baguette brandit, et avança d'un pas assuré en direction d'Irving Whitaker. Il s’arrêta à moins d'un mètre de sa cible qui paraissait comme tétanisé par cette confrontation.

"Lâche cette baguette Whitaker!
Tu va finir par te blesser à jouer les sorciers émérites! On sait pertinemment aussi bien l'un que l'autre, que tu ne vas pas en faire usage! Tu ne fais pas le poids face à moi et ce n'est surement pas dans tes gênes de jouer les héros! Alors tu vas me faire le plaisir de ranger ta brindille, avant que je finisse par m’énerver pour de bon!"

Darren ponctua sa phrase d'un regard sombre et inquiétant, comme pour mieux souligner à quel point son exaspération risquait de s'avérer dangereuse si Irving persistait dans sa folie téméraire. Malgré toutes ces menaces, Irving ne bougea pas d'un pouce, s'obstinant à lui faire front, la baguette tendue. Même si son corps tremblait comme une feuille, le regard d'Irving était habité par la volonté de ne point reculer. Nul doute que le jeune Gryffondor attendait une explication sur la disparition de son balai et qu'il ne lâcherai pas l'affaire sans une obtenir une réponse de la part du serpentard. Darren décida d'user de la ruse pour déconcentrer son adversaire et pouvoir contre-attaquer. Il décida d'installer le doute dans l'esprit de son adversaire, afin de pouvoir saisir sa baguette et prendre l'avantage sur celui-ci.
Il transperça de son regard d'acier le jeune Irving et se lança dans une tentative d'explication :

"Espèce de petite morve sans cervelle! Je suis certainement plus à même de posséder un tel balai que toi! Car tu ne devrais point ignorer le fait que je suis le capitaine de l'équipe de Quidditch de serpentard, et sans doute le meilleur attrapeur de cette maudite école! Alors que toi, tu n'es qu'un gamin inconscient qui se prend pour un dieu, juste parce que tu portes le dernier tee-shirt de ton groupe fétiche!
Poses les pieds sur terre, idiot! Ce balai est le mien et un loser comme toi ne sera jamais digne de posséder un tel objet!"

Irving restait toujours stoïque, comme si il était en train d'essayer de se remémorer un banal sortilège. Darren décida de semer encore plus la confusion en dévoilant sa meilleure carte du jeu :

"Encore une chose! Ma mère n'est autre que la capitaine de l'équipe nationale d'Irlande! Et c'est elle qui m'a offert ce balai pour Noël! J'ai toute les preuves de son acquisition, alors tu vas me faire le plaisir de dégager!"

Irving fut comme saisit d'un doute affreux car il baissa l'espace d'une seconde les yeux, et c'est cet instant que choisit le serpentard pour frapper. Aussi rapide qu'une vipère frappant sa proie, il dégaina sa baguette et prononça une formule simple et clair :

"Expelliarmus!"

La baguette d'Irving s'envola de sa main pour finir sa course contre le mur opposé du grand hall! Dès lors, Darren braqua sa baguette en saule sur le jeune Gryffondor désarmé. Les autres serpentards s'empressèrent alors d'encourager Darren afin qu'il donne la correction que méritait le pauvre inconscient. Ils crièrent à l'unisson d'obscurs conseils :

"Vas-y Darren! Il faut lui donner une bonne leçon! Qu'il crache des limaces le binoclard!"
"Il faut se débarrasser de ce bâtard de Gryffondor!"
"Qu'il crève!"

Darren leva sa main libre pour calmer l'enthousiasme de ses camarades, et prit la parole d'un ton calme et assuré :

"Non, c'est dans ma nature de me montrer clément avec les jeunes inconscients...
Alors je n'userai point de la magie s'il décide à venir me faire des excuses à la hauteur de son affront!"

Darren se tourna vers Irving, et tendit son pied dans sa direction. Une lueur malsaine brillait dans le regard du serpentard à l'idée d''humilier le jeune élève de l'école Gryffondor.

"Tu vas faire ce dont tu es le mieux apte à faire! C'est à dire que tu vas ramper comme un lombric jusqu'à moi et venir me lécher le pied pour nettoyer la boue de mes chaussures, alors peut être je pourrai te pardonner! Et je te conseille de te dépêcher à agir, car sinon ta maman chérie risque de ne pas reconnaitre son petit "Vingounet" adoré!"

Le serpentard avait bien insister sur le petit sobriquet ridicule de Vingounet, ce qui provoqua l'hilarité générale au sein du groupe de serpentards. Darren éclata lui aussi d'un rire moqueur à l'idée de voir un gryffondor à ses pieds! Et d'un geste du menton, il signifia au jeune Irving de s'empresser à agir...

O’Connor essaya de le déstabiliser mais Irving tint bon. Ce n’était pas les épaules du Serpentard (deux fois plus larges que les siennes) et son regard noir (terriblement menaçant) qui allait l’ébranler. De plus, Irving avait toujours l’avantage sur son adversaire puisque sa baguette était déjà sortie. Le Gryffondor essayait d’ailleurs de se remémorer ses cours de Défenses Contre les Forces du Mal afin de trouver un sortilège pour contrer une éventuelle attaque de l’attrapeur.

Irving aurait tellement voulu que Josef Moses soit là ! Son ami était naturellement doué pour lancer des sortilèges d’attaque ou de défense. Si les jumeaux avaient encore été à Poudlard, ils auraient aidé Irving. Au lieu de ça, il se retrouvait seul, entouré par une horde de Serpentard avide de lynchage. Au fond de lui, le Gryffondor espérait que quelqu’un vienne l’aider : Il pensa à Nora, depuis leur escapade sur le lac, elle était devenue sa seule amie mais elle n’était qu’en quatrième année. Si elle avait voulu donner un coup de main à Irving (ce dont il ne doutait pas) O’Connor n’aurait fait qu’une bouchée de la Poufsouffle. Peut-être que si Georgiana avait été dans les parages, nul doute qu’avec son tempérament de feu, elle aurait infligé une sacrée correction au capitaine des vert et argent. C’était bien connu à Poudlard, O’Connor et Wright étaient en guerre ouverte depuis que cette dernière avait été nommée au poste d’attrapeur des rouge et or. Malheureusement la Harpie devait être occupée ailleurs et Irving admit qu’il était tombé bien bas lorsqu’il se surprit à espérer l’intervention de Ben-Le-Boulet qui aurait pu surgir de nulle part, sauter tel un félin en direction de Darren, voler sa baguette et quitter le hall dans un grand éclat de rire.
Subitement, les paroles du Serpentard le sortirent de ses pensées.

"Encore une chose! Ma mère n'est autre que la capitaine de l'équipe nationale d'Irlande! Et c'est elle qui m'a offert ce balai pour Noël! J'ai toutes les preuves de son acquisition, alors tu vas me faire le plaisir de dégager!"

Un terrible doute l’assaillit : Irving avait complètement oublié ce détail. La mère d’O’Connor jouait pour l’équipe d’Irlande et comme le disait la lettre de son père, Nimbus était en pourparler avec cette formation afin d’équiper les joueurs avec le Furtif. Mme O’Connor avait surement pu obtenir ce balai dernière génération en avant-première elle aussi.
Soudain, sans avoir compris ce qui se passait, la baguette d’Irving lui sauta des mains et voltigea à travers le hall. Darren avait profité d’un moment d'inattention pour le désarmer.
Les Serpentards acclamèrent leur capitaine mais O’Connor les fit taire d’un geste de la main puis il ordonna à Irving :

"Tu vas faire ce dont tu es le mieux apte à faire! C'est à dire que tu vas ramper comme un lombric jusqu'à moi et venir me lécher le pied pour nettoyer la boue de mes chaussures, alors peut être je pourrai te pardonner! Et je te conseille de te dépêcher à agir, car sinon ta maman chérie risque de ne pas reconnaitre son petit "Vingounet" adoré!"

Lorsqu’il entendit son surnom, Irving comprit qu’il n’y avait plus aucun doute possible : C’était bien O’Connor qui lui avait dérobé son balai et en plus il avait osé lire sa lettre.
Bouillonnant de rage, il se jeta en direction du Serpentard…

Darren comprit trop tard que le fait de mentionner le petit surnom ridicule d'Irving Whitaker n'était peut être pas une idée des plus judicieuses...
Car l'adolescent frêle se métamorphosa littéralement en un fauve enragé! En effet, Darren tourna la tête juste à temps pour voir "Vingounet" bondir sur lui, le visage déformé par la colère. Dans un réflexe conditionné, Darren tenta instinctivement d'user d'un sortilège de défense que l'on lui avait enseigné la pratique en cinquième année d'étude. Sa baguette en saule décrivit un large cercle devant lui, et il prononça une formule avec empressement :

"Protego!"

Un bouclier magique se forma devant le Serpentard, sur lequel le jeune Irving vint s’écraser durement tête première. Darren poussa un soupir de soulagement, en voyant le jeune Gryffondor retombé en arrière sur le sol, ses lunettes valdinguant sous le choc juste à coté de son corps étendu. Nul doute que le bruit de leur rixe allait bientôt ameuté une foule de curieux. Il ne faisait pas bon de s'éterniser ici, et le groupe de serpentard présent commençait d'ailleurs à montrer des signes de fébrilité. Darren entendit un bruit de pas martelant les marches du grand escalier et venant dans leur direction. Un serpentard finit par crier un avertissement à l'attention de Darren, avant de s'enfuir avec le reste de sa cohorte :

"Darren, il faut se tirer vite d'ici! Il y a la Hellsoft qui se ramène! On va dérouiller!"

Darren savait qu'il risquait d'en prendre pour son grade si la directrice de maison des Gryffondor s’apercevait qu'il venait de mettre à mal l'un de ses élèves. Le serpentard s'approcha doucement d'Irving resté allongé au sol. Il prit d'ailleurs un malin plaisir à marcher sur les lunettes du jeune Gryffondor. Un craquement jubilatoire de verre brisé résonna dans le hall. Darren se pencha vers sa victime, pour l'empoigner par ses cheveux bouclés et lui murmurer d'obscurs conseils.

"Écoutes moi Whitaker...
Tu vas dire à la Hellsoft que tu viens de te péter maladroitement la figure dans l'escalier! Si tu parles ou divulgue un mot de cette histoire, je te promets que ta vie va devenir un véritable enfer sur terre! J’espère avoir été bien clair cette fois-ci!"

Darren finit par libérer sans ménagement la chevelure du jeune Irving, tout en lui lançant un dernier regard transperçant. Puis il disparut comme une ombre en direction de la salle commune des serpentards, en prenant soin d'emporter avec lui le Nimbus Furtif...

Irving rentra de plein fouet dans un mur invisible et retomba en arrière. Le charme du bouclier portait bien son nom. Légèrement sonné par le choc, il cligna des yeux et se massa le front.
Subitement des bruits de pas retentirent dans les étages et Irving regarda en direction de l’escalier de marbre. Tout était flou. C’est alors qu’il se rendit compte que ses lunettes, qui servaient habituellement à corriger une terrible myopie, avaient voltigé lors de sa chute. Il tâtonna le sol à leurs recherche mais un bruit de verre pilé lui indiqua qu’O’Connor venait tout juste de les écraser.
C’est alors que celui-ci l’attrapa sans ménagement par les cheveux et lui ordonna de mentir à la directrice de Gryffondor. S’il n’obéissait pas, Darren le sanctionnerait sévèrement.
Le Serpentard relâcha sa prise, au plus grand soulagement d’Irving, et prit la direction des cachots. Au même moment une silhouette floue apparue en haut du grand escalier.

Le Gryffondor devait réfléchir vite malgré sa colère. Qu’était-il préférable de faire ?

S’il balançait tout à Hellsoft, certes O’Connor ferait perdre quelques points à sa maison mais cela n’irait pas plus loin. Darren expliquerait qu’il avait juste voulu faire une blague à Irving et il s’en sortirait, au pire, avec un sermon d’Adamson , au mieux, avec une ou deux heures de colle.
Par contre Irving, lui, deviendrait la risée de certains Serpentards et celui-ci n’avait aucune envie d’être prit en grippe par O’Connor et sa bande. Il les voyait agir avec Doigts-de-fée, le persécutant, l’humiliant, le frappant même au détour d’un couloir et le Gryffondor ne voulait pas le moins du monde se retrouver dans cette situation.
Il devait donc régler le problème tout seul et en même temps, filer une bonne correction à O’Connor ! Si Irving arrivait à récupérer son balai sans l’aide des professeurs, il passait du statut de victime à celui de héros et ce scénario lui plaisait davantage ! Il devait résister et ne pas se laisser marcher dessus !

Irving se leva précipitamment tout en ramassant sa baguette et ce qui restait de ses lunettes. Enfin, il vint à la rencontre de la silhouette qui arrivait au bas des marches. Fronçant les yeux pour distinguer l’identité de son interlocuteur il lâcha:

« Bonjour professeur ! »