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Aiguille & Cuir de Dragon | Swann

Alexandre M. MacFusty
Alexandre M. MacFustyMoldu
Messages : 61
Profil Académie Waverly
Aiguille & Cuir de Dragon | Swann  Icon_minitimeDim 11 Mai 2014 - 18:09
Lundi 19 Mai 2008

D'un mouvement parfaitement coordonné, les sorciers lancent leur sortilège pour maintenir l'imposante créature en place. Le dragon gronde en réponse, mais ne peut pas résister plus longtemps à la magie des Écossais qui l'entourent. Allongé sur le sol, museau sur les pattes, il ne peut plus bouger. Alors seulement les soigneurs s'approchent-ils pour examiner la vilaine plaie suintante visible au niveau du cou de la bête.
Les écailles ne couvrent plus la peau, la chair est à vif ; les informations s'échangent entre les hommes qui ne mettent pas longtemps à comprendre que tout cela n'est que le résultat d'un combat entre deux mâles, sans doute pour les faveurs d'une femelle. On voit distinctement la marque des crocs acérés dans le cou du jeune dragon, remis à sa place par un dominant plus expérimenté.
On lève l'enchantement qui maintient l'animal une fois un baume apaisant appliqué ; la douleur n'énerve plus la bête, et les sorciers peuvent désormais travailler en toute quiétude.
Baguette à la main, Alexandre reste à l'écart de l'agitation, tout en restant sur le qui-vive au besoin. Il est de l'autre côté de la clôture magique, attentif, veillant au bon déroulement des choses. Aucun homme n'a été blessé dans le déplacement de la créature depuis son nid, chose assez exceptionnelle ; il n'y a qu'à espérer que ça continue de la sorte. Il écoute d'une oreille un peu distraite Dougal lui raconter l'expédition qu'ils ont menée, les difficultés, les mises à jour sur le recensement de la population de dragons de l'archipel, le nombre qui ont migré vers le nid situé sur l'île de Lewis.
Cette dernière information retient l'intention d'un chef qui se tourne vers son bras droit :
« An deach sibh neartaich an buaile ?
- Gun teagamh. »
Les têtes se hochent. Le chef de clan, assuré que tout ait été fait selon leurs règles et sans débordement, s'écarte de la barrière, salue son beau-père, et transplane sans attendre vers une autre île de l'archipel pour aller poursuivre ses inspections du jour.
Le plus vite ce sera fait, le plus vite il pourra retourner au château. Et il a encore un rendez-vous à honorer, avec une petite anglaise voulant parler commerce.
Un entretien dont il ne sait pas trop penser.

***

« Vous êtes qui ?1 »
Les yeux bleu sombre sondent la jeune femme qui attend dans le hall du château. La mine malicieuse qu'ils éclairent s'efforce de rester sérieuse alors que l'enfant tente d'être aussi imposant que possible. Il n'est pas aidé par son kilt taché de terre ou sa chemise élimée qui a du souffrir de ses jeux ; ses taches de rousseur lui donne un air absolument adorable qui donne davantage envie de le croquer que de le traiter comme l'adulte qu'il tente d'être, du haut de ses sept ans.
Il refuse pourtant d'être mis de côté dans les affaires du château et, s'il n'est pas dans les pattes de son père dans l'immédiat, il essaie de fourrer son nez dans ce qui ne regarde pas son esprit enfantin.
C'est qu'il a l’œil !
Les cheveux sombres et la peau pâle de leur invitée pourrait tromper, mais il a su reconnaître la sassenach à sa tenue, à sa façon de se tenir, et tout simplement au fait qu'il ne l'a jamais vue auparavant. Et puis, elle ne s'habille pas du tout comme les femmes d'ici.
« Vous êtes ici pour voir mon Papa ? C'est qu'il est très occupé, mon père, vous savez,2 » poursuit-il tout à fait spontanément, avec son innocence de petit garçon. Il s'assied sur une des chaises alignées sur le mur à destination de ces pauvres invités que le chef de clan fait souvent attendre, indifférent à ses pieds qui ne touchent pas le sol. Au contraire :  il s'amuse à balancer ses pieds dans le vide, le visage tourné vers son interlocutrice improvisée.
Aucun fantôme, aucune grand-mère, personne ne saura l'empêcher de parler avec la jolie sassenach.
« Pourquoi vous êtes ici ? Vous êtes beaucoup plus jolie que les gens qui viennent voir mon père d'habitude... Enfin, à part cette fille, l'autre jour, mais elle avait pas l'air très gentille et ...
- Lúcas, bonhomme, n'embête pas nos invités, veux-tu ? 3»
La voix grave fait bondir le susnommé de sa chaise et le voici qui court sur les trois mètres qui le séparent de son père, déjà prêt à réclamer à rester avec lui pour son entretien.
« Chan eil mi a' smaoineachadh cho, balach. Teich, fág sinn, » anticipe l'adulte. Lúcas fait une moue contrariée mais suit les instructions données par son père, disparaissant derrière la haute silhouette d'un Écossais au kilt écarlate.
Ce dernier, débarrassé de son plaid en raison des beaux jours, tend une main calleuse à la jeune fille, la serre d'une poigne ferme. Un sourire poli vient se dessiner sur le visage anguleux, et il lui désigne les escaliers, au beau milieu de cette immense pièce.
« Alexandre MacFusty, chef du clan. Enchanté de faire votre connaissance, Miss Twilfit. Laissez-moi vous montrer le chemin jusqu'à mon bureau pour que nous puissions discuter des raisons de votre visite.4 »
L'homme, conformément à sa parole, guide la jeune fille dans les couloirs du château, aussi indifférent aux spectres qui passent et font parfois des commentaires d'une décence discutable que l'a été son fils, jusqu'à arriver à une lourde porte en bois massif, rongée par le temps. Il la pousse, la laisse galamment entrer avant lui dans la grande pièce, dans laquelle trône un bureau aux pieds sculptés. Derrière ce dernier, un fauteuil sans doute fait de bois et de cuir de dragon ; contre les murs, deux larges bibliothèques débordant de parchemins et de grimoires aux couvertures usées par le temps – sans doute de vieux textes du clan, des lois, des traditions. Une unique ouverture est faite dans le mur de pierre, juste derrière le siège, laissant entrer la lumière que le jour veut bien leur offrir, perçant les nuages.
« Je vous en prie, installez-vous, Miss,5 » fait-il, laissant la porte ouverte derrière eux. Il contourne le bureau, tire son fauteuil, s'installe à son tour. Il passe une main sur son visage déjà fatigué par son début de journée, démarrée sur les chapeaux de roue.
« Donc, j'ai cru comprendre que vous travaillez pour Twilfit et Tatting ? En quoi puis-je vous aider ?6 »
_____________
1Who are ye ?
2Are ye here tae see me Dad ? He's verra busy, is me Dad, y'ken.
3How are ye herrre ? Ye'rrre way prettier than the people who usually come tae see me Dad... Weel, aparrrt frrrom that lass, the other day, but she didna seem verra nice and … (ndla : how en anglais écossais est utilisé pour why)
- Lúcas, laddie, dinna annoy our guests, will ye ?
4Alexandre MacFusty, head o' the clan. 'Tis verra nice tae meet ye, Miss Twilfit.. Let me see ye tae my office so we can discuss the reasons o' yer visit.
5Make yerself comfortable, Miss.
6So, I understand ye're workin' for Twilfit and Tatting ? What can I help ye with ?


“He told me that a man must be responsible for any see he sows, for it's his duty to take care of a woman and protect her. And if I wasna prepared to do that, then I'd no right to burden a woman with the consequences of my own actions.”
Diana Gabaldon, Outlander.
Swann Twilfit
Swann TwilfitPersonnage décédé
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Aiguille & Cuir de Dragon | Swann  Icon_minitimeMar 13 Mai 2014 - 21:57
Swann attendait dans le hall du château des MacFusty en observant d’un œil distrait les rares sculptures médiévales qui décoraient l’endroit. L’ambiance qui se dégageait de ce lieu ancestral n’était pas sans lui rappeler Poudlard . Elle avait passé sept ans dans cette école qui ressemblait tant à ce château, et le moins que l’on puisse dire, c’est que les vieilles pierres écossaises ne lui manquaient pas du tout. Quant on avait gouté à la « Dolce Vita » italienne ou aux nombreux plaisirs qu’offraient des villes comme Londres ou Milan, Swann ne pouvait pas comprendre que l’on puisse vivre dans un cadre aussi austère, perdu dans des contrées dépeuplées. A moins d’y être obligé, bien sûr. Elle se demanda un instant si le dernier chef du clan MacFusty restait dans les Hébrides par obligation ou par réelle conviction. D’après ce qu’elle connaissait du système clanique, on était chef de père en fils, et ce cher Alexandre –comme se prénommait son rendez vous du jour- avait donc été promis à ce poste depuis sa naissance.  

Enchainer aux Hébrides, à leurs dragons et à leurs habitants.  

Alors que la jeune femme frissonnait d’horreur face à cette perspective peu réjouissante, un petit garçon crotteux apparut dans le hall. Il ne devait pas avoir plus de sept ou huit ans songea Swann en espérant que cette mignonne frimousse devançait sa mère de quelques mètres. Elle n’était pas contre l’idée de bavarder un peu avec quelqu’un en attendant son entretien. En effet, elle ne connaissait rien sur ce fameux chef qui semblait particulièrement allergique aux diners mondains londoniens (puisqu’elle ne l’y avait jamais vu) et cela ne faisait que renforcer davantage  la curiosité de notre jeune commère. Une petite conversation avec un proche  d’Alexandre MacFusty lui permettrait sans nul doute de mieux cerner le personnage avant d’y être confronté. Mais, aucun adulte  ne rejoignît le petit rouquin et l’ex-préfète-en-chef dû donc  se contenter de lui.

« Je m’appelle Swann. » répondit-elle avec un sourire poli sans toutefois lui retourner la question. Discuter avec un membre du clan, oui, se retrouver avec un mioche collant sur les bras, non.

Mais contre toute attente, le petit rouquin ne se formalisa pas de ce comportement et s’installa à ses côtés sur l’une des chaises destinées aux visiteurs. Swann tira vers elle un pan de sa lourde cape de voyage afin qu’il ne la froisse pas en s’asseyant dessus. Merlin, depuis quant sa chemise n’avait pas-elle pas vu un sort de nettoyage ? Songea la jeune femme sans toutefois se départir de son sourire.

L’enfant se présenta alors comme étant le fils du chef de clan…. Subitement les événements prenaient une tournure intéressante ! Swann se tourna donc avec intérêt en direction de son nouvel interlocuteur tout en posant ses mains gantées sur ses genoux.

« Je n’en doute pas une seule seconde, répondit-elle lorsqu’il lui révéla que son papa était très occupé, avec tous les dragons dont-il a la charge… » ajouta-t-elle en hochant doucement le tête.

Si le petit était du genre bavard, il allait surement finir par lui raconter toute la vie de son paternel !

« Pourquoi vous êtes ici ? demanda-t-il alors, Vous êtes beaucoup plus jolie que les gens qui viennent voir mon père d'habitude... Enfin, à part cette fille, l'autre jour, mais elle avait pas l'air très gentille et ... »
Malheureusement, l’enfant fut interrompu par une voix grave juste avant d’avoir la possibilité d’évoquer le genre de détails croustillants dont Swann était si friande.

Un brin frustrée mais résolue à ne pas le montrer, l’ex-préfète se leva de son siège et rejoignit en quelques pas le père du petit rouquin. Les deux garçons se ressemblaient tellement qu’il ne pouvait pas en être autrement, songea-t-elle en restant un instant en retrait, le temps que le petit soit gentiment congédié. Dès que ce fut fait, elle lui adressa un petit signe accompagné d’un charmant « Au revoir Lùcas ! » avant d’ôter ses gants en cuir de Pansedefer ukrainien et de tendre une main fine en direction de l'écossais.

« Bonjour. Je suis Swann Twilfit,
lança-t-elle en répondant à la poigne d’Alexandre avec la même fermeté, nous avons rendez-vous cet après-midi. »

Alexandre se présenta à son tour et l’invita à le suivre jusqu’à son bureau. Swann hocha la tête et suivit silencieusement le jeune homme dans les couloirs du château. Durant tout le trajet elle feignit l’indifférence face aux diverses remarques des fantômes, mais en réalité, elle n’en perdit pas une miette. Elle avait appris à Poudlard que les spectres étaient de véritables mines d’or pour toute commère qui se respecte et elle écouta donc les propos des morts avec attention. Mais final, ils ne révélèrent rien de bien intéressant et elle se retrouva assise dans le bureau de son interlocuteur sans en avoir appris davantage sur lui. Seule sa petite analyse visuelle lui permit d’émettre quelques hypothèses à l’encontre d’Alexandre MacFusty: Il était du genre particulièrement attaché aux traditions écossaises –ça ce n’était pas le plus difficile à deviner- , il appréciait sans nul doute la compagnie des livres et des vieux grimoires et il semblait être un travailleur acharné, puisqu’il paraissait déjà las de sa journée.

*Poufsouffle ou Serdaigle * paria-t-elle tandis qu’il lui demandait la raison de sa visite.

Instantanément, Swann mit de côté toutes ces suppositions et ces futilités pour se concentrer sur ce qu’elle avait à dire. Les affaires étaient une chose sérieuse et ce n’était pas le moment de se demander si Alexandre portait des sous-vêtements sous son kilt… Bon, ça c’était trop tard, elle y avait déjà pensé, mais bref… La jeune femme s’appuya légèrement sur la table et entrecroisa ses doigts avant de plonger son regard bleuté dans celui du chef de clan.

« M. MacFlusty, tout d’abord je voudrais vous remercier d’avoir accepté de me recevoir. Je sais que vous avez beaucoup de choses à gérer et je vous sais gré de m’accorder ce rendez-vous. »

Le petit Lùcas avait dit que son papa était très occupé, c’était l’occasion d’y faire référence et de montrer qu’elle avait conscience que dans le monde des travailleurs acharnés, chaque minute compte.  Ça, elle était bien placée pour le savoir, elle venait de perdre une bonne demi-heure à poireauter dans le hall glacial de ce château et son planning de la journée se voyait chamboulé à cause de ce contretemps. Toutefois, malgré cette déconvenue, elle accorda un sourire reconnaissant à son vis-à-vis. Elle voulait travailler avec le clan MacFusty et elle était prête à mettre son ego de côté pour que cette transaction aboutisse. Décidée et déterminée à réussir, elle se racla la gorge et se décida à entrer dans le vif du sujet :

« J’ai sollicité cet entretien auprès de vous car je souhaiterai développer un partenariat économique avec votre clan. »
Elle n’avait ni le temps ni l’envie d’y aller par quatre cheminettes.
«  Comme vous le savez peut-être chez Twilfit & Tatting, nous avons toujours eu à cœur de fabriquer des produits durables et de qualité à travers nos différentes collections. Notre entreprise est particulièrement jeune sur le marché du prêt-à-porter mais nos clients ne s’y sont pas trompés. Ils savent que nous accordons une grande importance à nos créations que ce soit de la finition au choix de la matière première… Et c’est justement sur ce point que j’aimerai que nous convenions d’un accord. »

Elle décroisa les doigts et lissa une mèche de cheveux derrière son oreille.

« Vous n’êtes pas sans savoir que le marché est actuellement inondé par la contrefaçon de peaux de dragon. Il est de plus en plus difficile pour nous d’avoir à faire à des fournisseurs fiables et j’imagine que pour vous aussi la situation n’est pas aisée. Personnellement j’exige toujours des certificats qualité lors de l’achat de nouveaux cuirs mais les contrebandiers sont passés maîtres dans l’art  de la falsification de document, d’où ma volonté de me fournir à la source.»

Swann marqua une petite pause avant de poursuivre :

« Je sais que vous avez déjà des contrats avec des potionnistes et des soigneurs mais pourquoi ne pas étendre votre réseau économique au prêt-à-porter…avec une entreprise comme T&T par exemple. » souffla-t-elle en s'autorisant enfin un léger sourire mutin.


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Alexandre M. MacFusty
Alexandre M. MacFustyMoldu
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Aiguille & Cuir de Dragon | Swann  Icon_minitimeMer 14 Mai 2014 - 19:02
En sa qualité d'homme très occupé, Alexandre apprécie toujours assez peu les mondanités, les présentations qui n'en finissent plus, les formules de politesses d'un vide exaspérant, et toutes ces fioritures qui lui font perdre son temps. Une appréciation des plus surprenantes lorsqu'on le sait très attaché aux traditions et à l'étiquette.
Les détours, voici ce qui a tendance à l'agacer.
Par chance, la jeune fille n'en fait qu'un léger qui a le mérite d'être court. Il n'a que le temps de penser qu'on n'a pas besoin de lui rappeler ses responsabilités qu'elle entre déjà dans le vif du sujet.
Bien, bon point pour l'ambitieuse demoiselle qui a sans doute parfaitement conscience de la bonne idée qu'elle a de ne pas faire remarquer son retard au chef de clan. Car s'il a d'évidents côtés Serdaigle, ou des tendances Poufsouffle certaines, elle n'a sans doute pas envie de se retrouver face à une malice des plus Serpentard ou une agressivité tout à fait Gryffondor.
Il l'écoute donc avec attention, ses traits ne montrant tout au plus qu'un intérêt poli et une mine concentrée. Le soufflé est vite retombé, ceci dit. Il a l'impression qu'on lui sert un discours bien préparé, sans spontanéité, et qu'on le voit comme un client de plus.
Comme s'il avait une tête à aller s'habiller dans un prêt-à-porter sorcier.
Un relent de flatterie glisse le long de son nez droit, il retient de justesse un froissement de narines montrant son avis sur la question.
Mais, une fois encore, la jeune fille a su tirer sur la bonne corde, et un léger son s'élève de la gorge de l'homme, un grognement tout ce qu'il y a de plus écossais, traduisant particulièrement bien sa pensée. La contrefaçon. Un commerce des plus douteux, qui, au delà du seul coup que cela pouvait flanquer aux marchands plus modestes, pouvait se montrer dangereux.

Le présentation se termine, les arguments sont sensés. Le chef de clan pèse les mots au fur et à mesure qu'il les entend, sent sans mal le travail qu'ils ont dû demander pour ne pas être trop pompeux, trop impérieux, trop désespérés. Obtenir du cuir de dragon d'origine britannique a toujours été compliqué ; deux espèces seulement sont établies sur ces îles de la Mer du Nord, et l'une des deux est farouchement protégée par des Écossais un rien irascibles.
Oh ça, il a parfaitement conscience de l'avantage commercial que ce serait pour la jeune fille : un cuir de dragon estampillé MacFusty, c'était une promesse de qualité, et d'une rareté suffisante pour valoir une petite fortune, apportant ainsi une réelle plus-value à son enseigne.
La question se posant ensuite était : qu'est-ce qu'eux y gagnaient ?
Le commerce de produits finis permet de recycler les peaux en trop, et ils en ont l'usage eux-mêmes. Le prêt-à-porter lui semble être une façon bien futile de disposer de la dépouille d'un si noble animal.
Il n'est vraiment pas convaincu.
« Vous avez conscience que nous avons très peu de stock pour couvrir une telle initiative, je suppose ?1 » s'enquiert-il avant toute chose. Il ne a jamais semblé que Twilfit & Tatting ait jamais été une grosse entreprise, mais sait-on jamais ; il n'a certainement pas matière à fournir un magasin qui aurait de gros besoins de matière première.
Et il est hors de question qu'un élevage se mette en place sur son archipel pour ce besoin. Lui vivant, jamais.
« Sans compter que je peine à voir comment cela pourrait être d'un avantage quelconque nous concernant. Quelques gallions supplémentaires ne feraient pas une grande différence. Je peux clairement y voir vos avantages, cela dis. 2»
On pourrait penser à un reproche.
Mais non. C'est une demande à être convaincu, une occasion en or qu'il lui sert sur un plateau.
C'est le moment où jamais d'exposer clairement son idée et de développer en quoi elle serait une opportunité pour le clan MacFusty qui, qu'on se le dise, a toujours à cœur de garder une influence certaine en terre anglaise.
______________
1Ye understand that we ha' verra little supply for such an enterprise, I suppose ?
2And I ha' troubles seeing how this could be o' any advantage for us. Only a few extra galleons wouldna make any real difference. I clearly see yer advantages though. 


“He told me that a man must be responsible for any see he sows, for it's his duty to take care of a woman and protect her. And if I wasna prepared to do that, then I'd no right to burden a woman with the consequences of my own actions.”
Diana Gabaldon, Outlander.
Swann Twilfit
Swann TwilfitPersonnage décédé
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Aiguille & Cuir de Dragon | Swann  Icon_minitimeLun 26 Mai 2014 - 19:15
En matière de commerce, Swann Twilfit préférait mille fois des conversations enveloppées de sourires mielleux plutôt que des échanges abrupts. Malheureusement pour elle,  son interlocuteur du jour semblait plutôt coutumier du second cas de figure. Il était clair qu’Alexandre MacFusty n’était pas du genre à tourner autour du pot. Avec lui, pas de langue de bois ni de bavardages inutiles. Il vous parlait sans détours et en toute franchise. Pour Swann, cette situation était un peu déstabilisante. Elle se sentait toujours plus forte cachée derrière son sourire charmeur qui faisait aussi bien office d’appât que de rempart, mais aujourd’hui,  l’ex-préfète n’avait pas d’autre choix que de s’adapter pour atteindre son  objectif.  C’était son challenge et elle ne voulait pas prendre le risque de perdre le marché pour ne pas avoir su adopter un discours et une attitude adéquats.  MacFusty ne lui avait pas opposé un « non » catégorique et attendait manifestement d’être convaincu. C’était sa chance. Elle devait donc trouver les arguments qui feraient mouche auprès du leader. Mais lesquels ?

Swann scruta son vis-à-vis pendant quelques secondes  en l’évaluant du regard. Elle devait se mettre à sa place. Deviner ses préoccupations, ses souhaits, ses craintes. Pointer du doigt ses faiblesses et montrer à quel point elle pouvait y palier. Il suffisait juste de ne pas se tromper dans le diagnostic de base. Que pouvait bien vouloir un homme tel que lui ? Le pouvoir ? La renommée ? La richesse ? Quel était son but ?
La jeune femme se donna un instant de réflexion avant de poser ses mains légèrement moites sur le bureau. Elle avait conscience que certains arguments qu’elle s’apprêtait à avancer n’étaient pas très conventionnels mais elle avait l’intime conviction qu’elle devait jouer franc jeu avec MacFusty.
Au pire, il l’enverrait balader et lui demanderait de quitter son château. Se faire remercier de la sorte froisserait sans nul doute l’ego de l’ex-préfète mais elle estima que toutes les expériences étaient bonnes à prendre. Même les pires.
Elle prit donc une profonde inspiration pour se donner du courage et commença à dérouler le fil de sa pensée :  


« Vous êtes un homme d’affaire M. MacFusty et si vous ne m’avez pas encore congédié s’est uniquement parce que vous savez qu’un partenariat avec T&T peut vous être bénéfique. »

Swann n’était pas aussi sûre et certaine de ce qu’elle avançait mais elle ne laissa rien paraitre :

«  Vous êtes à la tête d’une structure qui fait vivre tous les membres de votre clan. Ils sont plus que des employés pour vous, c’est votre famille, vos amis. Vous savez que vous n’avez pas le droit à l’erreur dans la conduite de votre entreprise. Vous devez faire les bons accords, au bon moment, avec les bonnes personnes parce que ces îles et leurs dragons, c’est votre vie. Vous pensez avoir misé sur des partenaires stables mais en êtes vous sûr ? Les potionnistes avec lesquels vous travaillés sont-ils aussi fiables que vous le pensez ?

Elle haussa légèrement les sourcils pour accentuer ses interrogations et poursuivit :

Vous avez forcément entendu parler des récentes crises sanitaires dues aux potions frelatées. Les élixirs de chez Nimbus tenus pour responsables de la Consumeuse ou encore le fiasco de Chaudrillon qui a conduit le pays à la Pleine Lune Sanglante. L’industrie des potions n’a clairement pas le vent en poupe en ce moment. Hors, en élargissant votre secteur d’activité à  l’industrie du Textile, vous aurez toujours la possibilité d’écouler votre marchandise même si la Crise des Potions  venait à s’intensifier. Ainsi vous ne mettrez pas en péril votre affaire et assurerez une situation solide à tous les membres de votre clan.

Anticipant une éventuelle remarque, elle se pencha légèrement en avant pour surenchérir.

« Mais vous allez me dire, pourquoi engager un partenariat avec une jeune structure comme T&T et non pas avec une autre enseigne implantée depuis plus longtemps sur le territoire ? »

Elle laissa planer un petit silence et poursuivit :

« Justement parce que nous sommes une jeune entreprise, qui véhicule une image dynamique et actuelle. Nous avons ouvert une filiale à Milan et nous nous apprêtons à lancer une boutique à Salem. Nous sommes dans l’air du temps, nous créons les tendances alors que vous avez misé sur une image plus traditionnelle et intemporelle. Nous sommes donc parfaitement complémentaires. Un partenariat avec nous vous permettrait de toucher de nouvelles cibles et de rallier de nouvelles personnes à votre cause. Vous pourrez sensibiliser davantage de sorciers à la sauvegarde et à la protection des dragons, par exemple, ou aux dangers de la contrefaçon.  Vous élargirez votre champ d’action, c’est indéniable. »

La jeune femme hocha la tête avant de poser son regard sur ses mains jointes. Elle avait bien encore un dernier argument mais elle hésitait à le formuler. Macfusty ne semblait pas particulièrement sensible à la notion de réseau d’influence mais elle décida de jouer carte sur table. Il attendait manifestement d’elle qu’elle soit aussi sincère qu’il l’avait été alors elle leva les yeux dans sa direction et demanda:

« Vous n’êtes pas vraiment attiré par les soirées mondaines, je me trompe ? Personnellement je n’en rate aucune. »

Elle s’était refusée à sourire jusque là pour donner plus de crédit à ses propos mais un petit rictus vint fleurir au coin de ses lèvres tandis qu’elle imaginait sans peine ce que devait penser Alexandre MacFusty à cet instant.
Le parfait stéréotype de la  jeune femme futile et superficielle, railla-t-elle, consciente de l’image que l’on se faisait d’elle la plupart du temps, mais  vous seriez étonné du nombre de marchés qui peuvent se sceller ou s’amorcer  lors de ces cérémonies. C’est là-bas que les réseaux se font et se défont et j’estime judicieux d’être présente pour défendre mes intérêts. »

Elle soutint le regard d’Alexandre et ajouta :

«  Après, il ne tient qu’à vous pour que mes intérêts deviennent nos intérêts. »


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Alexandre M. MacFusty
Alexandre M. MacFustyMoldu
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Aiguille & Cuir de Dragon | Swann  Icon_minitimeVen 30 Mai 2014 - 18:18
Les yeux bleus se plissent, alors que la lumière pour le moins tamisée des lieux les rend pratiquement noirs. Il n'est pas sûr de comprendre la stratégie de la jeune fille quand elle commence son petit argumentaire. Silencieux, il analyse les mots, cherche la logique.
Elle lui offre des affirmations, quelques banalités. Il grince à peine des dents face à la façon qu'elle a de tenter de le ramener à son rôle... Sans percevoir les choses. Il ne la reprend toutefois pas sur sa perception de l'organisme que peut être le clan MacFusty, concentré sur autre chose.
Il n'est pas intéressé par les banalités, n'attend pas d'une sassenach qu'elle comprenne.
Une fois l'introduction qu'il estime maladroite – mais ingénieuse, cette petite ira peut-être plus loin que beaucoup doivent l'imaginer – terminée, la voici qui entre dans le vif du sujet. Il n'est pas convaincu par le premier argument, peu pertinent, étant donné que le commerce des potions n'est qu'accessoire vis à vis du commerce de cuir de dragons. Encore une fois, il la laisse terminer : il veut savoir où elle va, quels arguments elle a encore en réserve. Parce que l'entreprise du textile ne lui semble pas assurer la stabilité qu'il peut chercher en matière d'affaires.
D'autant plus avec une entreprise aussi jeune.
Elle anticipe le doute, la question qu'il pourrait poser. L'homme hausse un sourcil, intéressé par cette façon qu'elle a de réfléchir. Qu'on ne s'y trompe pas : pour lui, les arguments sont aussi importants que la personnalité de son interlocutrice. En matière de commerce – et de politique – cela peut pencher dans la balance bien plus que les fluctuations économiques.
L'ingéniosité, l'audace, l'assurance.
Trois qualités plus qu'utiles.
Sa décision est à moitié prise. Maintenant, tout est question de négociation : jusqu'où est-elle prête à aller pour obtenir un partenariat sans précédent, et probablement unique en son genre ? C'est qu'Alexandre a conscience de la publicité que cela peut lui faire et qu'il compte bien y trouver son compte.
Il est plus dur en affaires qu'il n'y paraît.
Il ne bronche pas, se passe à peine la langue sur les lèvres lorsque la contrefaçon est mentionnée. Il imagine déjà la petite étiquette parcheminée indiquant qu'un certain pourcentage de chaque achat sera reversé pour participer à la sauvegarde d'espèces dragonnières rares.
Influence commercial, de leurs jours, signifie influence politique. Quelque chose qui est toujours à prendre en compte, surtout en des temps incertains comme une après-guerre.

L'attitude de la jeune fille chance. Instinctivement, Alexandre redresse le dos, écarte à peine plus les épaules, sensible au changement qu'elle amène.
Les soirées mondaines.
Holy Dragon.
S'il a pu participer à plusieurs d'entre elles dans sa jeunesse, il les évite autant que possible. Il n'aime pas le ballet d'hypocrisie qui s'y déroule, les sourires faux, les tentatives d'arrangements – politiques, commerciaux ou pire : matrimoniaux – les rires forcés.
Autant dire qu'y avoir un pied sans avoir à s'y rendre en personne serait un avantage indéniable. Même si d'un point de vue politique, Swann ne lui serait d'aucune aide – pour le moment, mais qui c'est de quoi le futur est fait ? – cela serait l'occasion d'étendre son réseau d'informations en plus d'avoir un accès commercial.
« Vous êtes culottée. Ca me plaît. »
En effet, il est du genre à jouer la carte de la franchise. Il sait être plus fin au besoin, mais là, la situation ne l'exige pas particulièrement. Il n'est dans les jeux de pouvoir, après tout.
« Culottée, futée, ingénieuse,1 » reprend-il sans la quitter des yeux, les pensées se bousculant sous sa tignasse auburn.
Après quelques secondes, il se redresse une fois de plus, appuie son dos contre le dossier de bois de son siège. Les mains se joignent sur le bureau devant lui, le regard se détourne un instant pour revenir à la jeune fille.
« Partons du principe que je suis prêt à accepter votre accord. J'imagine que ce serait un contrat commercial exclusif entre nos deux... entreprises, dirons-nous, mais en quels termes ? Attendriez-vous des réductions de notre part ? Quel pourcentage nous serait reversé ?2 »
Évidemment, les états de faits plus terre à terre entrent en compte dans sa décision. Et c'est là qu'on peut voir l'homme dans toute sa splendeur : il ne lâchera pas l'affaire tant qu'il n'aura pas obtenu un accord satisfaisant. On peut voir dans son regard la détermination, la volonté d'obtenir le meilleur de cet échange.
« Et de quelle façon représenteriez vous nos intérêts ? Je serais curieux d'en savoir un petit peu plus sur le sujet.3 »
L'affaire est pratiquement dans la poche.
À voir s'ils parviendront à s'entendre sur les coûts... et les détails annexes.
___________________
1Ye're darrrin'. I like it. Darin', sly, crafty.
2Let's say I am ready tae accept yer agreement. I assume it'd be an exclusive trade agreement between both our... companies, shall we say, bu' on what terms ? Would ye assume a discount from us ? What percentage would we get back ?
3And on what level exactly would ye represent our interests ? I'd be curious tae ken a wee bit morrre 'boot that.


“He told me that a man must be responsible for any see he sows, for it's his duty to take care of a woman and protect her. And if I wasna prepared to do that, then I'd no right to burden a woman with the consequences of my own actions.”
Diana Gabaldon, Outlander.
Swann Twilfit
Swann TwilfitPersonnage décédé
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Aiguille & Cuir de Dragon | Swann  Icon_minitimeMer 4 Juin 2014 - 20:15
Swann laissa échapper un léger rire lorsqu'Alexandre la qualifia de jeune femme intelligente. Elle avait elle-même assez pratiqué cette technique pour ne pas accorder trop d'importance aux flatteries mais elle devait avouer que c'était toujours agréable d'entendre des compliments à son sujet. Toutefois, elle ne devait pas se laisser endormir ni se déconcentrer. Le marché était plutôt bien engagé et ce n'était pas le moment de le laisser filer. Fidèle à la ligne de conduite qu'elle s'était fixée pour cet entretien, la jeune jeune décida donc de poursuivre sur la voie de la franchise qui semblait porter ses fruits. Aussi lorsque Le chef de clan lui demanda comment elle envisageait le partenariat entre leurs deux entreprises la jeune femme lui répondit sans détour:

"Bien sûr, pour nous, l'exclusivité du contrat est primordiale mais j'ai besoin d'en savoir plus avant d'avancer des chiffres. Tout dépendra de ce que vous êtes prêt à me proposer M. MacFusty."


Elle avait mené la conversation jusqu'ici mais c'était maintenant à Alexandre de dévoiler ses cartes: Les conditions du contrat ne seraient pas les mêmes suivant la qualité et la quantité du cuir. Comme Il l'avait souligné au début de leur échange, T&T arrivait en dernière place dans la liste des partenaires à honorer et il était fort probable que la petite entreprise familiale ne dispose pas d'une matière d'oeuvre de premier choix. Il y avait une grande différence entre négocier un contrat pour plusieurs mètres de peau de ventre de dragon tendre et flexible et des morceaux disparates de cuir de queue ou de pattes.
La jeune femme s'était bien évidemment documenté sur le cour du cuir en vigueur et elle était bien décidée à ne pas se faire enfler. Comme elle manquait d'expérience en la matière, elle avait parfaitement préparé son entretien et elle savait que, sur ce point, c'était à M. MacFusty de dévoiler l'étendue de ce qu'il était prêt à mettre sur le tapis.

Toutefois, le sorcier ne semblait pas vouloir abattre son jeu immédiatement puisqu'il fit dériver la conversation vers le fameux réseau que T&T s'était construit au fil des ans. Apparemment Swann avait fait mouche en évoquant les soirées mondaines aussi l'ex-préfète se félicita intérieurement d'avoir osé avancer cet argument même si ce n'était pas le genre de procédés acté dans un contrat.

"Vous vous doutez que c'est assez compliqué à expliquer et à quantifier. Tout est affaire de relationnel. Cela s'entretient bien sûr,  et je fais personnellement partie de plusieurs groupes comme l'association des commerçants du chemin de Traverse, ou encore l'amicale des anciens Prefet-en-chef de Poudlard, pour justement élargir ce champ d'action, expliqua-t-elle, mais il suffit parfois d'être simplement là, au bon endroit, au bon moment. Si l'occasion m'est donnée, je peux tout à fait sensibiliser des investisseurs,ou des politiques à certaines problématiques qui mettraient à mal notre commerce. Par exemple la contrefaçon ou l'importation illégale de peaux de dragon étrangères."

Swann se tut quelques secondes tout en réfléchissant aux personnes influentes qu'elle pouvait tenter de rallier à sa cause, hormis son futur mari bien sûr:

"Je pourrais éventuellement évoquer ce sujet avec M.Marchebank. Je le croise assez régulièrement lors des dîners de gala. J'imagine que vous l'avez surement déjà contacté à propos de ces différents problèmes mais nous ne serons pas trop de deux à oeuvrer dans ce sens. Ne pensez-vous pas ?"


A vrai dire elle ne connaissait pas (encore) personnellement le Directeur du Département de contrôle et de régulation des créatures magiques mais elle l'avait croisé à plusieurs reprises, au réveillon et au récent gala du MiM entre autre. Il semblait être un homme tout à fait charmant  et Jacob le tenait visiblement en haute estime (Fait assez rare pour que cela soit souligné) aussi Swann se promit de l'aborder dès que l'occasion se présenterait.
Quelques rumeurs courraient sur son compte, homme à femme, incorrigible charmeur, mais rien qui n'effraya Swann plus que de raison.
La jeune femme se contenta donc d'un léger sourire pour sceller cet engagement auprès d'Alexandre.
Pourtant elle avait bien une autre personne influente dans son entourage mais elle décida de ne pas évoquer son lien avec Jacob. Elle ne voulait pas être connue comme "la femme de"  et préférait œuvrer de son propre chef sans devoir quoique ce soit à son futur mari. Elle savait bien que c'était un brin illusoire puisque son statut de "fiancée de Dalhiatus" l'aiderait sans doute à approcher Leopold Marchebank, puisque les deux hommes participaient au même gouvernement, mais elle ne voulait pas que son futur mari intercède en sa faveur pour quoi que ce soit. Son honneur était en jeu.

Elle se tut donc et attendit patiemment qu'Alexandre MacFusty lui dévoile enfin ce qu'il avait à offrir en contre-partie...


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Alexandre M. MacFusty
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Aiguille & Cuir de Dragon | Swann  Icon_minitimeMer 18 Juin 2014 - 23:22
Le sourire point mais ne se déploie pas. Le coin des lèvres tressaillit de façon imperceptible. Le chef de clan apprécie le jeu et la finesse de son interlocutrice. S'il l'a fait remarqué tantôt, cela n'est qu'en demi-teinte si on le compare à la façon que son esprit a de décortiquer chacun des mouvements de la toute jeune entrepreneuse. Sa demande n'est pas passée inaperçue ; pour le MacFusty, c'est une manière plutôt risquée de jouer la carte de l'échange, comme pour remettre en question l'intégrité d'un clan pour qui le marché avec la Grande-Bretagne est essentiel.
Essaierait-elle de lui faire croire qu'elle peut trouver du cuir de dragon d'une qualité équivalente à la leur ailleurs, tout en pouvant l'estampiller d'un pedigree tout britannique ? La fierté de l'Écossais se refuse à l'envisager et il préfère penser à une manœuvre pour l'encourager à voir l'offre comme exceptionnelle pour son clan.
Et il n'est pas dupe.
Sans doute est-ce la raison pour laquelle il poursuit sur les avantages qu'il peut tirer d'une collaboration, remettant à plus tard ses propres engagements. Ou peut-être est-ce simplement par méthode, afin de tout traiter en son temps et de ne rien laisser au hasard.
Allons savoir.
Quoi qu'il en soit, il ne regrette pas son choix : on lui expose un réseau informatif déjà bien étendu, surtout par rapport à l'âge de la demoiselle, avance des mots qu'il connaît et des arguments auxquels il est difficile de rester insensible.
Après tout, n'a-t-il pas lui-même saisi – à sa façon – un carton de marchandise contrefaite à peine une semaine auparavant ?
À un détail près : on lui évoque bien l'importation de peaux étrangères. Une maladresse de l'anglaise, ou une lecture entre les lignes trop enthousiaste d'un homme habitué aux subtilités et aux détails ? Qu'importe, mais il l'interprète comme une volonté de commercialiser des produits britanniques sous une enseigne britannique.
Auquel cas, ses seuls concurrents sont les gardiens de Verts Gallois, soit un cuir d'une qualité moindre – mauvaise foi ? Sans doute – et un accès bien plus restreint à la marchandise – réglementée par le ministère de la magie, chose à laquelle échappe le clan – en grande partie du moins.
Il a clairement l'avantage et il le sait.
« En effet. »
Concis. Comme toujours. Il ponctue à peine le tout d'un hochement de tête, cherchant tout de même si ce petit bout de jeune fille saurait faire poids dans ce genre de revendications.

Les épaules se tendent, le dos se redresse et s'appuie contre le dossier. Les mains se croisent sur le bureau alors que les yeux bleus se plantent directement dans leurs homologues. Il ne cille pas et de sa posture semble se dégager peut-être un peu plus de présence. Cette fois, il ne se pose plus comme homme à convaincre, mais comme parti d'un marché.
Il veut savoir jusqu'où elle est prête à aller.
Et pour cela, il doit poser quelques cartes sur la table.
« Vous n'êtes pas sans savoir que nous sommes les premiers producteurs de cuir de dragon et produits dérivés dans les îles britanniques. Nous ne tuons pas les bêtes mais travaillons la peau de ceux morts de causes naturelles. La quantité peut donc varier... Mais jamais la qualité. Quoi qu'il advienne, le cuir est toujours traité de la même façon, que ce soit  pour du matériel scientifique, magique ou dans votre cas des pièces de couture. On ne plaisante pas quand il s'agit de qualité. 1 »
Sans doute même leur réglémentation est-elle plus stricte que sur les restes des îles britanniques.
« En ce qui concerne l'exclusivité, nous n'avons pas eu d'autre offre du secteur de la mode. Vous seriez notre premier partenaire dans le domaine, donc ne travailler qu'avec vous n'est pas un problème.2 »
L'homme se redresse, les paupières se plissent. Le regard se fait plus perçant alors que le chef de clan revient, d'un ton plus ferme, aux affaires qui l'intéressent.
« Maintenant, les chiffres peuvent toujours tout changer.3 »
Parce que sans chiffre, faire des promesses sur le plan économique ne rime à rien.
Autant parler paix avec le Seigneur des Ténèbres.
_________________
1Ye already ken we are the first producers o' dragon leather and by-products in the British Isles. We dinna kill the beasts bu' work on the skin o' the ones who die o' natural causes. The quantity can therefore vary... Bu' never can the quality. Whatever happens, the leather is always trrreated in the same way, be it for scientific, magic orrr in yer case fashion purposes. We dinna kid wi' quality.
2As far as exclusivity is concerned, we havena had any other offer on a fashion level. Ye'd be the first partner we'd ha' in that area, therefore havin' ye only wouldna be a concern.
3Now, the figures can still change everrrythin'.



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Swann Twilfit
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Aiguille & Cuir de Dragon | Swann  Icon_minitimeMar 24 Juin 2014 - 11:18
A en juger par ses dires, Alexandre MacFusty accordait une grande importance à la qualité de son cuir. Cela lui faisait au moins un point commun avec Swann qui visait l’excellence dans ses créations et qui ne tolérait pas d’avoir une matière première médiocre. Ils semblaient donc tous les deux sur la même longueur d’ondes  de ce point de vue, ce qui rassurait quelque peu l’ex-préfète.
 
 Toutefois ils devaient maintenant établir concrètement les termes du contrat et, le moins que l’on puisse dire, c’est qu’Alexandre restait particulièrement évasif sur ce point.  Il n’avançait aucun chiffre, ni aucune quantité, ce qui était plutôt étrange pour un homme qui paraissait pourtant  si pragmatique. Certes, Swann avait sollicité le rendez-vous mais elle ne pouvait pas tout évaluer toute seule. Ils étaient deux dans ce marché et elle avait besoin des lumières du chef de clan pour pouvoir avancer ses cartes. Depuis le temps que les MacFusty s’occupaient des Noir des Hébrides ils avaient bien dû établir des statistiques sur le taux de mortalité des dragons et Alexandre devait donc avoir une idée du nombre minimum de peaux que le clan était prêt à lui fournir. Dans ce cas, pourquoi ne lui disait-il pas tout simplement ?  
Ils avaient pourtant engagé une conversation franche et directe et MacFusty semblait faire machine arrière en demeurant si vague alors que Swann était tout à fait prête à collaborer. Etait-il le genre d’homme qui souhaite garder l’ascendant sur son interlocuteur en préférant lui laisser avancer ses pions en premier ?  C’était probable, mais parfaitement inutile aux yeux de l’ex-préfète. Ils perdaient juste quelques minutes de leur temps précieux, voilà tout. T&T allait forcément s’aligner sur les quantités donc elle ne comprenait pas les réticences d’Alexandre. Peut-être n’y avait-il rien à comprendre d’ailleurs, songea-t-elle. MacFusty était juste un homme comme tant d’autres : Soucieux d’asseoir sa domination et de garder le contrôle dans une situation ou une relation de confiance mutuelle aurait-été nettement plus profitable.
 
Soit ! Dans les affaires, il fallait savoir s’adapter. Swann allait donc faire une proposition, même s’il était fort probable qu’elle  se trompe dans l’évaluation des quantités. Quoiqu’il en soit, le chef de clan se ferait surement un plaisir de rectifier ses propos, songea-t-elle en masquant parfaitement le sourire que cela lui inspirait.
 
« M. MacFusty, Pensez-vous que vous seriez en mesure de me fournir, sur un an, dix peaux adultes d’une qualité optimale ? demanda-t-elle alors. Elle fit un rapide calcul et poursuivit :
 
« Ce qui nous  donnerait un contrat estimé à  970 Gallions, si l’on se fie au cours actuel en vigueur pour la peau de Noir des hébrides*. Payable à la livraison avec acompte de 30 % versé à la signature.»
 
Elle interrogea le chef de clan du regard et poursuivit :
 
« En ce qui concerne l’exclusivité, je m’engage à mettre l’étiquette de votre choix sur les pièces en cuir. Cette étiquette ne pourra toutefois pas dépasser 50/50 mm. Le label MacFusty sera également présent sur les différents supports publicitaires de la marque et vous serez cordialement inviter à envoyer un représentant de votre choix lors des différentes manifestations promotionnelles que j’organiserai pour promouvoir T&T. »
 
Elle pensait justement à l’inauguration de la nouvelle boutique prévue à l’automne prochain mais pour l’heure, elle devait se concentrer sur les points plus généraux :
 
« Nous pouvons établir un accord sur trois ans, renégociable à l’issue de cette période. Voyez-vous d’autres clauses à ajouter ? » interrogea-t-elle en posant ses deux mains sur la table.
 
 Les termes du contrat étaient presque fixés, sauf revirement du fournisseur. Le temps était donc venu pour Swann d’évoquer son ultime requête. Elle se pencha légèrement au dessus du bureau et finit par dire : "Vous comprendrez bien sûr que je souhaite voir vos différents spécimens avant de signer quoique ce soit. Vous pouvez bien évidemment compter sur mon entière discrétion à ce sujet. » S’empressa-t-elle d’ajouter consciente que le Clan ne laissait pas entrer n’importe qui sur ses terres.
 
 
En tant que parfaite femme d’affaire, elle voulait juger de la qualité de la marchandise sur pied mais c’était aussi la jeune fille curieuse et passionnée qui parlait : En effet, qui n’avait pas rêvé de voir évoluer, un jour, des dragons en liberté ?


* Basé sur le calcul de WikiDaisy soit 97 gallions la peau de dragon adulte Aiguille & Cuir de Dragon | Swann  2222602150 ::


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Alexandre M. MacFusty
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Aiguille & Cuir de Dragon | Swann  Icon_minitimeDim 6 Juil 2014 - 14:34
Un sourcil se hausse sur le visage d'un homme qui se retient de corriger sa future partenaire sur des détails. Ayant le monopole sur le Noir des Hébrides, il est relativement libre d'en fixer le cours. De la même façon, il trouve qu'elle manque de précision. Si lui évite d'avancer des chiffres pour se laisser la marge de négociation, elle évite de parler de peaux brutes ou traitées.
Ce qui change la donne, suivant la qualité du traitement et surtout celui requis en rapport à l'usage. Un cuir de mode ne subira pas les mêmes traitements qu'un cuir à utilité purement professionnelle, cela va de soi.
Il ne dit rien toutefois, curieux de laisser son interlocuteur finir... Et se laissant ainsi le temps de choisir ses mots. C'est aussi l'opportunité rêvée pour lui de pouvoir jauger la naïveté de son invitée.
« Vous plaisantez ? 1» relève-t-il lorsqu'elle évoque la volonté de voir un specimen.
Sauf qu'à l'évidence, Mademoiselle ne plaisante pas du tout. Le chef de clan secoue la tête d'un air quelque peu désabusé.
« Vous devez comprendre qu'on ne laisse aucune personne non-qualifiée approcher les bêtes dans nos enclos. Il s'agit tout de même de dragons sauvages, et c'est l'une des plus grosses espèces d'Europe. C'est une question de sécurité. » À moins que le minois délicat de la demoiselle ait une qualification spécialisée dans le domaine, c'était tout à fait hors de question. « En ce qui concerne les bêtes en liberté, je ne peux rien pour vous. Nous sommes encore en plein dans la période de reproduction, ils sont d'une agressivité à faire peur. Il y a bien des endroits où on peut transplaner pour les observer, mais pas à cette période de l'année. Votre seule chance est de lever les yeux au ciel, mademoiselle.2 »
La fermeté dont il fait preuve est catégorique. On ressent dans son ton et sa stature qu'il n'est pas chef pour rien : il sait s'imposer, et pas seulement par ses arguments.
« Cela dit, je peux vous emmener voir des produits finis pour que vous puissiez juger de la qualité. Vous pourriez éventuellement voir une partie de notre processus de traitement, mais comprenez que, partenaire ou pas, je ne peux pas vous dévoiler l'entièreté de notre entreprise. »
Ce qu'il ne dit pas, c'est qu'une bête avait été retrouvée la veille, un mâle décédé d'une bataille féroce pour les faveurs d'une femelle et qu'elle pourrait voir l'animal avant qu'on récupère toute sa magie.
Excepté le sang.
Celui là a été recueilli bien avant.
« Venez, je vais vous emmener. Nous pourrons discuter d'autres détails en cours de route.3 »
Le bras est tendu. Alexandre ne prend aucun risque et opte pour le transplanage d'escorte afin de ne pas dévoiler n'importe quel pan de ses terres à la jeune femme. L'archipel est grand, mais la tentation que les secrets d'un clan séculaire renferment est trop grande pour qu'il prenne le moindre risque.
Et dès que le contact est établi, le chef amorce le processus et, dans un pop retentissant, les deux futurs-associés disparaissent.

« Je ne peux pas vous garantir le nombre de peaux, » explique l'homme, sans regard pour la puissance du vent du nord. « Nous ne tuons pas les bêtes. Dix me paraît un nombre raisonnable, mais je peux très bien pouvoir vous en fournir que huit une année, mais douze l'année suivante. Je suis sûr qu'à terme, nous pouvons négocier une clause de rééquilibrage.4 »
Les pieds se sont posés dans l'herbe drue, s'enfonçant à peine dans la tourbe qui recouvre les terres. Alexandre n'a pas attendu pour se mettre en route et reprendre ses négociations. Il reste indifférent à la caresse de la brume sur les vagues, ou à l'ambiance électrique de l'atmosphère. Une tempête se prépare, il le sait, mais ne s'en inquiète pas outre mesure.
« Quant à votre estimation, je partirais plus sur une base de mille gallions par an. Le traitement pour que le cuir soit parfaitement hypoallergénique est légèrement différent de celui dont nous usons de coutume, et je préfère que nous nous en occupions plutôt que vous fassiez appel à une société extérieure. » Après tout, c'est la réputation de leurs produits de qualité qui serait en jeu. « À trois gallions par peau, nous y serions tous gagnants.5 »
Le chemin de terre serpente, contourne la pointe d'une falaise, et les fait entrer dans la roche. La baguette de cèdre glisse de la manche du chef qui, d'une formule murmurée dans sa langue natale, fait apparaître une multitude de boules de feu roulant de sa baguette jusqu'au sol, avant d'aller se disperser tout au long d'un chemin qui s'enfonce dans la terre.
Des escaliers ont été taillés dans la roche. Il les emprunte sans hésitation, veillant à être suivi. La pierre est taillé de façon brute, mais l'ouverture est assez large pour laisser passer une bête d'une taille imposante.
On devine toutefois les enchantements qui suintent des murs et empêchent toute intrusion non-désirée.
Plus ils avancent dans les entrailles de l'île, plus les éclats de voix et d'outils de travail se font entendre. Et lorsqu'ils arrivent dans la cavité principale, c'est tout un réseau de tunnels qui s'ouvrent à eux, reliant des appareils à l'aspect brut, des bocaux de toutes formes et remplis de liquides de couleurs et de textures variées. Si tout cela tient encore et fonctionne bien, c'est grâce à la magie qui huile les mécanismes.
Mais le plus impressionnant est au pied de l'escalier de pierre : un Noir des Hébrides adulte, étalé de tout son long, autour duquel s'affairent une bonne dizaine de personnes. Une femme aux cheveux roux tressés défait les griffes d'une patte, déchirant régulièrement ses jupons ou son corset ; un homme lui ressemblant étrangement, son frère sans nul doute, est occupé quant à lui à réparer un kilt qui a subi le même sort.
D'autres sont occupés à retirer les crocs, d'autres encore les écailles. Le corps est traité avec le plus grand respect, même si les MacFusty sauront en tirer profit jusqu'à l'os.
Et une litanie s'élève en continu, un brouhaha aux oreilles de l'étranger, mais une mélodie aux paroles bien connues aux oreilles de l'Écossais. Ils parlent tous en gaélique et, s'ils ont jeté un œil vers la jeune femme au teint pâle, ils ne s'en soucient déjà plus, tous à leur tâche, alors que deux hommes s'occupent de faire tourner la machinerie du bout de leurs baguettes.
Le cuir ne va pas se tanner tout seul.
_____________________
1Ye kiddin' ?
2 You ha' tae understand that no unqualified person is allowed tae get close tae the beast in the pens. They are still wild dragons, an' one o' the biggest species in Europe. 'Tis a matter o' security. An' as far as the beast in the wilderness, I cannae do naught for ye. We are still in the middle o' the mating process, they are far too agressive. There are a few places where we can apparate tae observe'em, bu' nae at this time o' year. Yer only chance is tae look up, Miss.
3That being said, I can take ye tae see the finished products for ye tae be able tae apprehend the quality o' our work. Ye could potentially see part o' our treatment process, but ye ha' tae understand that, partner or nae, I canna unveil the whole o' our work.
Come, I'm goin' tae take ye there. We'll be able tae discuss other details on our way.
4I canna guarantee the number o' skins. We dinna kill the beasts. Ten seems reasonnable tae me, bu' I may be able tae get ye only eight one year, bu' twelve the year after. I am sure that, on a long-term scale, we'd manage a balance clause.
5Now, 'boot ye estimation, I'd rather start wi' a thousand-galleon-a-year base. The treatment for the leather tae be hypoallergenic is slightly different from the one we usually use an' I'd rather have it done by ourselves than another society. Three galleons a skin, 'tis a win-win agreement.



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Swann Twilfit
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Aiguille & Cuir de Dragon | Swann  Icon_minitimeJeu 7 Aoû 2014 - 13:54
Hors jeu:

A en croire son interlocuteur il suffisait de lever les yeux pour observer la colonie de Noirs qui peuplait les Hébrides. Swann esquissa un léger sourire pincée en entendant cette déclaration : la brume recouvrait tout dans cette région si bien qu’un dragon aurait très bien pu voler à quelques mètres au dessus de sa tête sans qu’elle s’en aperçoive ! Alexandre le savait très bien mais il se plaisait surement à taquiner la petite citadine qu’elle était. Toutefois la déception de ne pas pouvoir observer le vol de ces créatures magiques fut de courte durée puisque MacFusty lui proposa un lot de consolation particulièrement attrayant : la visite de son centre de traitement.

« Avec plaisir ! » souffla Swann, ravie à l’idée de pouvoir découvrir la tannerie de l’archipel.

Comme Alexandre se levait, elle l’imita et saisit son bras tendu. Selon toute vraisemblance, ils allaient transplaner directement dans les ateliers songea Swann en refermant sa main pale sur l’avant-bras de son hôte si bien qu’elle ne fut absolument pas préparée à la puissante bourrasque qui lui fouetta le visage lorsqu’ils arrivèrent à destination.
Swann n’aurait su dire s’ils étaient toujours sur la même île ou s’ils avaient rejoint une autre contrée de l’archipel. Le ciel semblait nettement plus capricieux par ici et le vent plus incisif mais les insulaires savaient à quel point le climat océanique était changeant. L’Ex-préfète boutonna donc sa longue cape et se félicita silencieusement d’avoir chaussée ses hautes bottes en cuir. Elle fit quelques pas rapides dans l’herbe humide afin de rejoindre Alexandre qui s’était déjà mis en route et l’écouta préciser les termes de leur futur contrat.
« La clause de rééquilibrage me semble être une bonne chose. »
acquiesça-t-elle en ramenant sa chevelure d’ébène en une queue de cheval. Concernant les 1000 gallions, elle attendait de voir leurs techniques de travail et leurs infrastructures avant de se prononcer.

D’ailleurs, elle regardait autour d’elle, cherchant en vain un village qui abriterait le centre de traitement, niché au milieu de cette lande désertique. Ils auraient dû s’enfoncer dans les terres, mais pourtant, c’est vers la mer agitée qu’ils se dirigeaient. Ils contournèrent une falaise fouettée, à sa base, par des vagues déchainées et s’engouffrèrent finalement dans des escaliers de pierres taillés à même la roche. A vrai dire, l’endroit était un peu inquiétant et une appréhension irraisonnée s’empara de Swann durant quelques secondes. Elle n’avait pas particulièrement  l’habitude de se rendre dans des grottes humides lors de ses rendez-vous professionnels. Elle jeta un regard à Alexandre qui semblait quant à lui parfaitement serein. A bien y réfléchir, c’était le lieu idéal pour une fabrique sorcière. L’endroit était totalement invisible de la surface et il n’était pas sans lui rappeler les chambres fortes de Gringotts. Alexandre MacFusty appartenait à un clan très ancien, nul doute que ses ancêtres avaient soigneusement choisi l’emplacement de leur centre de traitement et que la nouvelle génération perpétuait simplement la tradition.

Les déductions de Swann furent vite confirmées lorsqu’elle entendit des voix émaner du fond de la grotte. Impatiente elle accéléra le pas et déboucha dans une haute salle de pierre qui abritait, en son sein, une pure merveille. En découvrant le corps mort du Noir des Hébrides, Swann retint une exclamation et gratifia Alexandre d’un regard mi-amusé mi-surpris, comme s’il était un incorrigible cachotier.
Bien sûr elle aurait pu identifier entre mille la teinte caractéristique de la robe de l’animal mais la réalité dépassait tout ce qu’elle avait pu voir dans les encyclopédies magiques ou chez ses autres fournisseurs de peaux. Pour la première fois de sa vie, elle voyait un véritable dragon –mort certes- mais tout de même ! Elle salua d’un mouvement de tête les travailleurs qui se tournèrent dans sa direction et s’approcha  silencieusement du Noir pour l’observer plus en détail. Elle scruta chaque parcelle de la créature pendant plusieurs minutes, subjuguée par sa taille et l’impression de toute puissance qui émanait malgré tout de sa dépouille. En passant devant ses naseaux, elle frémit à l’idée qu’il se réveille subitement et qu’il les anéantisse tous dans un grand jet de flammes. Elle savait que ce scénario catastrophe était tout bonnement impossible puisque les artisans avaient commencés à dépasser l’animal et à la vider de ses entrailles mais cette vision lui arracha un léger frisson. Swann s’arrêta ensuite pour observer le travail minutieux d’une femme qui récoltait, une à une, les griffes de dragons et elle sut immédiatement qu’elle allait accepter sans négocier le contrat à mille gallions. Sans échanger le moindre mot avec cette dame, elle savait qu’elles avaient en commun le gout du travail bien fait et du respect de la matière. Il suffisait de la regarder s’évertuer à détacher les griffes sans abimer la peau autour pour en être convaincue.

L’ex-préfète rejoignit enfin les tanneurs pour asseoir ses impressions. Elle ne pouvait pas comprendre les sortilèges en gaélique qui actionnaient la lourde machinerie nécessaire au tannage de la peau mais Swann resta là, jusqu’à saisir parfaitement chaque étape et chaque opération. Elle s’efforça de ne pas les déranger et resta à distance respectable de leur poste de travail. Le cuir ne serait tanné que dans trois ou quatre jours puisque d’après « Le secret des peaux de dragon » que Swann avait dévoré, il fallait plusieurs heures pour que le tanin agisse efficacement. Sauf si, bien sûr, le clan MacFusty possédait un secret de fabrication qui accélérait le processus ! Quoiqu’il en soit Swann avait très envie de découvrir le produit fini. Elle regarda autour d’elle, cherchant Alexandre MacFusty qu’elle avait quelque peu délaissé, puis elle le rejoignit en souriant.

« Vous utilisez un tanin végétal ? » demanda-t-elle en percevant comme une odeur d’écorce dans le fond de l’air.

Elle croisa ses mains dans son dos et observa d’un air appréciateur le ballet des travailleurs.

« Je comprends que vous ayez envie de préserver tout cela. » souffla-t-elle au bout de plusieurs minutes. Elle se garda d’ajouter qu’elle trouvait le lieu fantastique de peur que MacFusty ne l’interprète que comme un compliment visant à conclure le marché, dénué de toute sincérité. Elle préférait sourire légèrement en observant l’ouvrière rousse qui triait les écailles devant eux.

« Quels sont vos tarifs pour des écailles de 10 cm environ ? » ajouta-t-elle alors que son esprit créatif se mettait en branle, du moins, si elles sont à vendre, demanda-t-elle en arquant un sourcil interrogateur. Elle avait déjà dans l’idée d’en placer quelques une sur le plastron d’une robe de soirée qu’elle avait dessiné quelques jours plus tôt.

Elle se tourna alors franchement vers MacFusty et demanda finalement :

« Serait-il possible de  voir vos peaux prêtes à la commercialisation ? »


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Alexandre M. MacFusty
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Aiguille & Cuir de Dragon | Swann  Icon_minitimeSam 9 Aoû 2014 - 21:14
« Ciamar a tha thu ? Gabh do naidheachd ? »
La voix grave du chef de clan, dont les yeux ne quittent pas la silhouette étrangère aux locaux, s'adresse calmement aux hommes faisant fonctionner la machinerie. Ces deux derniers échangent un regard, et, un hochement de tête plus tard, l'un prend le temps de se détacher brièvement du travail pour discuter avec le chef de clan, le renseigner. Il l'informe sur l'état de leur boulot, l'avancée, les éventuels retards et difficultés.
« Dòigheil, » répond Alexandre, visiblement satisfait de ce qu'il entend. Mais l'autre ne s'en soucie pas, suivant du regard la jeune fille occupée à examiner le dragon. Un léger sourire flotte sur ses lèvres, et n'échappe pas à l'homme qui fronce à peine les sourcils, anticipant le commentaire.
« Nighean gasda, a tòiseach. Faodaidh mi... fo a h-iochdar... »
Il ne finit pas sa phrase. Il a relevé les yeux, soucieux de répondre poliment, et le regard durci de son laird ne l'encourage pas à poursuivre sa pensée. Ce dernier n'a pas besoin de la préciser pour qu'on comprenne le message implicite. Ils restent silencieux un moment, côte à côte, l'un reprend ensuite son travail, alors que notre protagoniste ne quitte pas sa future associée d'une seule regard.
Il sait que tout le procédé de fabrication ne se déroule pas ici et que donc tous les secrets ne seront pas révélés à la jeune femme. Hors de question, après tout. Certains produits, certaines méthodes sont jalousement gardés par les MacFusty.
Le chef de clan ne bouge qu'en voyant la sassenach tourner sur elle-même, le cherchant. Il pose une lourde patte sur l'épaule de l'homme avec qui il parlait plus tôt, juste avant de la rejoindre.
« Dèan do dhìcheall. Buidheachas, mo charaid. »

Les pas s'allongent, il est à hauteur de la curieuse demoiselle en deux secondes à peine. Il faut dire qu'elle aussi est venue jusqu'à lui, facilitant donc la tâche.
La question le surprend mais il n'en montre rien. Elle s'est informée, et est suffisamment sensible pour relever des détails pour le moins techniques, remarque-t-il. Il hoche simplement la tête, sans se mouiller davantage, peu désireux d'aller dans cette direction. Elle n'a pas besoin de savoir la façon dont ils travaillent ; pas en détail, du moins. Silencieux, il laisse les minutes s'écouler, conscient de la fascination que sa contemplation peut contenir.
Tout le monde n'a pas la chance de voir un dragon, mort ou vivant, dans sa vie. Encore moins de venir au cœur de l'archipel MacFusty. Il s'efforce donc d'être compréhensif et de faire preuve de patience.
Un effort assez peu fourni, connaissant le bestiau. À peine un second hochement de tête vient-il accueillir la remarque de la demoiselle, alors qu'il écoute ses travailleurs, les observe avec attention.
Puis, enfin, à une question plus directe, il se décide à répondre enfin :
« Nous vendons tout. Du sang aux griffes, » fait-il d'une voix posée. « Cinq gallions pour une écaille. Si vous avez besoin de haute qualité, taillée et avec la forme de votre choix, ça peut monter jusqu'à dix.1 »
Suite à cela, encore un hochement de tête accueillera la demande de la jeune femme. Il esquisse un simple mouvement de la main, l'invitant à le suivre encore dans les entrailles de l'île, alors qu'il rejoint un chemin fait d'escaliers et de sentiers sinueux, de passages ouverts dans la roche. L'obscurité qui règne est identique, contrée par les mêmes enchantements. Ils passent dans d'autres salles, sans s'y arrêter, jusqu'à arriver à la dernière.
Elle est aussi grande que les autres. Au fond, une ouverture laisse filtrer la lumière du jour. On entend le bruit de la mer, des vagues qui se brisent contre la falaise et devine, ainsi, que la sortie se fera par là-bas.
La forte odeur de cuir se mêle à celle du tannin. Une seule femme ici, à l'épaisse chevelure blonde, approchant probablement la cinquantaine, s'occupe d'étaler les peaux, de les veiller, de leur faire subir la dernière étape du traitement. Ces dernières sont pendues, étendues, puis pliées soigneusement dans l'attente d'être acheminée.
« Ciamar a tha thu, Eilidh?
- Tha gu math, a tòiseach. Cò i?
- Ar n-aoigh. Gnothach. »
Eilidh hoche la tête et retourne à son travail, laissant le chef libre de se tourner vers son invitée. Il lui fait à nouveau signe de le suivre et l'amène près des peaux pliées, les cheveux se pliant légèrement sous la brise qui s'infiltre jusqu'à eux.
D'où l'importance du plaid sur ses épaules.
« Voici le cuir, prêt à l'emploi. Nous ne gardons jamais les peaux en une seule pièce, et avons différentes tailles selon l'usage qu'on veut en faire. Vous devriez nous donnez vos indications, bien sûr, avant que nous commencions à vous les préparer. Si nous travaillons ensemble, j'entends.2»
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1We sell everything. Blood to claws. Five galleons for a scale. If ye need a high-quality one, sharpened and shaped tae yer will, it can go up tae ten.
2Here is the leather, ready for use. We never keep the skin in one piece, and ha' differrrent sizes tae offer, according tae what ye intend tae do wi' it. Ye'd ha' tae give it tae us, o' course, before we begin tae work wi' ye. If we dae.


“He told me that a man must be responsible for any see he sows, for it's his duty to take care of a woman and protect her. And if I wasna prepared to do that, then I'd no right to burden a woman with the consequences of my own actions.”
Diana Gabaldon, Outlander.
Swann Twilfit
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Aiguille & Cuir de Dragon | Swann  Icon_minitimeJeu 14 Aoû 2014 - 9:52
Sa demande fut acceptée par le chef de clan qui l’invita à le suivre d’un simple geste de la main. Swann prit donc le pas d’Alexandre en direction des autres salles voisines, également creusées dans les entrailles de l’île. Elle n’essaya même pas de faire la conversation à son guide, il n’en avait clairement pas envie, et se contenta d’observer attentivement chaque endroit qu’ils traversèrent. Le centre de traitement était si sombre qu’elle se demanda comment les travailleurs pouvaient supporter de passer le plus clair de leur temps dans la pénombre. Certes,  des enchantements apportaient un peu de clarté mais Swann ne se voyait pas travailler dans de telles conditions. Elle avait besoin de lumière ! D’ailleurs  son nouvel atelier  sur le Chemin de Traverse serait au second étage afin de gagner en luminosité, exposé au nord, l’orientation idéale pour les créatifs.

Ils déambulèrent dans un dédale de pièces pendant plusieurs minutes et débouchèrent enfin dans une salle où la lumière du jour filtrait à travers la roche. La femme qui travaillait ici faisait figure de privilégiée aux yeux de l’ex-préfète. Un peu de lumière et de l’air frais ! Quelle chance !

Toutefois Swann se désintéressa bien vite de son sort lorsqu’elle découvrit les peaux étendues dans un coin de la grande pièce. L’odeur du cuir se rappela à elle, et elle sourit. Elle était dans son élément ici. Elle avait toujours vécue au milieu des peaux et des rouleaux de tissus aussi loin qu’elle se souvienne. Elle serpenta longuement entre les grands étendages en prenant bien garde de ne pas toucher le cuir fraichement graissé et s’arrêta finalement devant les peaux prêtes à la commercialisation.
Là, –non sans avoir demandé la permission à M.MacFusty-, elle déplia une peau d’un coup de baguette pour la faire léviter devant elle. Elle se rapprocha de la lumière naturelle de la fissure et fit onduler lentement le cuir afin d’observer sa souplesse et sa teinte. Enfin elle l’étendît sur une table et rangea sa baguette dans la poche de sa cape prévue à cet effet. Après l’examen visuel, il était temps de passer au toucher. Ce cuir allait être porté après tout et elle devait être assurée de son confort. Elle passa donc plusieurs minutes à le manipuler, le soupeser et même le sentir pour s’assurer que son odeur n’était pas trop entêtante. Certes elle pouvait l’enchanter pour faire disparaitre son parfum mais elle voulait vraiment conserver l’aspect brut et naturel dans sa prochaine collection.

Finalement elle reprit sa baguette et replia la peau exactement comme elle l’avait trouvé. Elle sourit brièvement à la femme qui travaillait là et reporta son attention sur Alexandre. Il était temps de dévoiler le fond de sa pensée :

« M.MacFusty, je vous remercie pour cette visite fort instructive, commença-t-elle, cela m’a conforté dans mon envie de travailler avec vous. J’espère d’ailleurs que c’est réciproque, ajouta-t-elle avec un petit rire.

Elle regarda sa montre, consciente que leur entrevue avait largement dépassée le temps qui lui était impartie mais elle tenta tout de même :

« Avez-vous quelques minutes afin que nous fixions par écrit les termes de notre collaboration future ? demanda-t-elle sans toutefois entrer dans les détails des prix et des quantités. Elle n’était pas sûre que MacFusty veuille aborder ces questions devant ses employés, Bien sûr, si vous n’êtes pas disponible immédiatement nous pouvons bien évidemment convenir d’une entrevue plus  tard dans la semaine… » Conclut-elle, prête à sortir son carnet de rendez-vous.

Même s’il lui proposait une rencontre à 22h au milieu d’une prairie douchée par une pluie écossaise elle savait qu’elle accepterait sans broncher. Il n’y avait plus à tergiverser. Swann voulait du cuir MacFusty et elle l’aurait.


[Fin pour Swanny !]


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