Il squatte un peu trop le salon de Roy, ces temps-ci. Pour chercher du réconfort, surtout, à défaut de trouver Klemens. Vingt-deux jours qu’ils brassent dans le vide. Long soupir. Il ne sait plus quoi faire, toute cette histoire l’use franchement. Fatigué de chercher à l’aveuglette, furieux Klem se soit barré sans le moindre mot. Pour le coup, Valery se serait même contenté de la technique du lâche qui part en laissant un mot griffonné sur la table de chevet derrière lui, si ça pouvait lui donner un indice, un point d’accroche. Un truc, n’importe quoi qui l’empêcherait de couler tout à fait.

Alors il s’accroche un peu à Roy, en ce moment. Il n’espère pas grand-chose de leurs investigations. C’était pas comme si Klem pouvait actuellement être en train de squatter le canapé d’un inconnu dans n’importe quel pays lointain, hein. Au lieu de squatter le sien, de canapé. Alors il squatte celui de Roy, pour pas être seul. Parfois, il gratouille pour avoir un câlin, mais Roy est pas aussi docile que Klem quand on lui gratte la nuque, c’pas drôle. Parfois il ne dit plus rien, il ferme les yeux et il ressasse juste sa colère. Malade de ne pas savoir où Klem est, ce qu’il fait.
Ca fait un moment qu’il écoute plus vraiment Roy lui parler, ailleurs qu’il est. Mais bizarrement, le petit crac qu’il croit entendre dans la pièce à côté, ça, il ne l’a pas raté.

- ‘ttends, t’as rien entendu, là ?

Il se redresse un peu pour voir. Il se rappelle qu’il a dit un jour à Klem que ça lui irait bien les cheveux longs. Tiens, c’est pile ce qu’il a devant lui. Intense bug. Il a jamais autant bloqué qu’à cet instant-là. La tête de con qu’il doit avoir, mais il s’en fiche, Klemens est là. Tout beau, tout frais avec sa tronche de gars qui revient de vacances… qu’il a envie d’exploser contre un mur, là, tout de suite. L’est tout pâle, Val. De surprise, d’affolement. Il a déjà frôlé la syncope quand il a lu l’article de la Gazette trois semaines plus tôt, il la frôle encore, mais il trouve quand même la force de se dépatouiller avec ses jambes pour arriver à hauteur de Klem. La gifle qu’il lui met est plus que retentissante. Même, bien méritée.

- Sérieusement mais…comment tu peux, tu…

Pas finie, la phase bug, en fait. Il en est à rien des larmes, c’est d’ailleurs pour ça qu’il finit par exploser en sanglots sur le torse de Klem. Le martèle un peu de ses poings, renifle, finit par articuler en chouinant :

-J’ai cru que t’étais mort, gros con, on t’a cherché partout, tu sais, ça ? T’as pas juste une idée de comment j’étais inquiet ? T’aurais pas pu laisser un indice, nan, que jme retrouve pas à chercher là où t’étais pas ? J’ai vu Roy A POIL à cause de toi et toi tu viens genre coucou comment ça va les gars, mais mais… Mais OU t’étais passé ?

La respiration de Valery se régule assez vite dès lors que son amant l’enserre de ses bras. Il se blottit un peu plus contre le corps de Klem, ferme les yeux. Le bisoute un peu, pour être sûr qu’il est vraiment là. Oh, sa colère n’a pas disparu, elle est juste étouffée par ce sentiment de manque qui l’a rongé pendant trop longtemps. Il proteste quand même, faiblement, parce que Klem n’a vraiment rien compris, encore une fois.

« T’espérais pas nous inquiéter en te barrant sans prévenir ? Refais plus jamais ça, crétiiin. »

La remarque suivante, il l’a bien plus mauvaise. Le ton plus que la remarque, d’ailleurs. Il est sensible à ce genre de petits détails, Val, encore plus quand il est sur les nerfs. Rester dans les bras de Klem lui paraît tout à coup moins nécessaire. Recul défensif. Il le connaît bien trop pour ne pas remarquer que son sourire sonne faux, qu’il sous-entend des choses… fortement déplaisantes, à ses yeux.

« Attends, tu débarques comme une fleur et tout de suite tu fais ton jaloux ? T’as pas autre chose de plus important à nous dire, nan ? Genre pourquoi t’es parti, qu’est-ce t’as foutu tout ce temps ? Puis il rajoute quand même, parce qu’il est vexé, il aime pas qu’on remue le sujet Roy dans la plaie. C’tait pas une expérience plaisante non plus, hein. »

Val nie, refuse, écarte toute éventualité que peut-être, non non c’est hors de question. Il a déjà débattu de ça avec sa propre personne. Ils se sont pas mis d’accord, d’ailleurs, mais… Bref. Cette ironie du sort. Lui-même s’était senti écarté de la relation qu’avaient l’air d’entretenir le loup et le trafiquant. Est-ce qu’il y avait quelqu’un dans cette pièce qui n’était pas jaloux de l’autre pour une quelconque raison ?

Valery ne met pas son poing dans la figure des gens parce qu'il n'a pas envie de les envoyer à st-mangouste. Voila pourquoi il colle des claques, à la place. Claques qui ressemblent néanmoins à la sensation supposée de se faire heurter par un train de marchandise lancé à pleine puissance. C'est précisé pour sauver un peu l'honneur de Valery Aster, danseur professionnel, 80 kilos de muscles, qui est un peu mis à mal dans vos rp, les filles.
Anyway.
Ledit danseur laisse ses émotions refluer et sa tête arrêter de tourner de colère et de toutes les émotions qui se tiraillent chez lui depuis ces deux semaines ou Klem joue la fille de l'air. Il n'apprécie pas la jalousie de Klem, et ce dernier semble l'avoir compris, car il change d'angle d'excuse. Il laisse parler Roy, et espère un peu, secrètement, qu'il va le lui coller, ce poing. De sa part. Valery reste un peu dans son coin les bras croisés et réfléchit à la situation car quelque chose le fait tiquer depuis l'arrivée de Klemens, outre son comportement limite vexant. C'est s'appuyer les reins contre une commode qui ne lui appartient pas qui déverse la lumière dans son esprit. Klemens a eu l'air surpris de le voir chez Roy. Surpris et jaloux, certes, mais c'est l'étonnement qui semblait primer. Vu l'heure et le jour, Val n'aurait pu être que chez lui, tranquille, ou chez un/une amante - peu probable, c'est une badinerie dont il a perdu un peu l'habitude ces derniers temps. Ainsi si Klemens était passé chez lui, la conclusion aurait été facile à tirer : il est probablement chez Roy, en train de raler contre moi.
Mais Klemens a eu l'air surpris.
La vexation qui grandit en lui est d'une violence qui le fait presque suffoquer. Il devient rouge, terriblement blessé dans... son... Amitié ?

- .....T'es pas encore passé à mon appart, n'est-ce pas ?

C'est dit très calmement. Très possément. Il a envie de se barrer. Des les laisser s'engueuler. De s'en foutre. Il se sent spolié. C'est pas... Tout à fait justifié, lorsqu'il y réfléchit, après tout Klemens ne sait pas à quel point il a pu s'inquiéter... Oh attends. Il lui a clairement dit, le mois dernier, qu'un éventuel départ lui briserait le coeur. C'est plus ou moin exactement ce qui s'est passé. Mais Klement a jugé bon d'aller voir Roy en premier. Pourquoi ça ? En quel honneur ?
Valery, à cet instant, est trop aveuglé par sa blessure, sa jalousie, pour se souvenir de qui fournit les potions défectueuses au loup-garou. Il se détache de sa commode, frotte ses mains ensemble, l'air tout sauf ravi.

- C'est... Cool. C'est bien. Jvais... Jvais vous laisser, hein. Vous avez manifestement plein de choses importantes à vous dire tous les deux. t'auras qu'a passer chez moi quand tu te souviendras du fait que je suis pas un robot qui attend sagement ton retour avec un sourire, Klem... et tu verras si j'accepte de te voir ou si tu peux aller te faire foutre.

Regard vers Roy. C'est pas cool de se tirer de chez lui comme ça alors qu'il l'a soutenu et supporté. Il hésite un peu, à cause de ça. Il aurait déjà transplané, sinon.

Roy essaie de le convaincre de l’empêcher de partir. Puis Klem. Valery n'a envie de n'écouter ni l'un ni l'autre, laisser parler son amertume - sentiment prédominant ces derniers temps. Il ne e rappelle même plus d'un temps où il n'avait pas un petit pli au coin des lèvres avec régularité à cause de l'un ou l'autre de ses meilleurs amis. Ou de sa santé. A rai dire, surtout la santé, mais ces émotions-là, il n'a aucune envie de les partager avec eux. Il sait que les masques tomberons bien assez tôt, il le sent dans la brûlure de ses os, dans les aléas de sa magie. Il préfère les sauvegarder encore un peu et s'épargner leur tristesse et leur inquiétude. La majorité de leur inquiétude, corrige-il mentalement en croisant le regard soucieux de Roy, qui est plus étonné de ne pas l'entendre gueuler que l'inverse. C'est vrai que ces derniers temps il s'est lâché sur les gueulantes. C'est quelque chose qu'il ne veut plus faire. Il est las des coups d'éclat, des cris. Des siens, surtout - ceux de Roy ont des vertus thérapeutiques. C'est pour ça. Qu'ils se débrouillent entre eux. Valery esquive la main qui cherche à prendre la sienne en la repliant contre lui, éternelle posture défensive aux bras croisés.

- Non, c'est bon, Roy, j'ai rien à lui dire.

Il reste uniquement parce qu'il croise l'expression de Klemens et n'a pas le cœur, malgré toute sa déception, à se barrer comme ça. Alors il l'écoute. S'adoucit à mesure, un peu, desserre les bras, puis bientôt les lèvres, qu'il gardait pincées. D'une certaine manière ces excuses sont un peu trop intimes pour qu'il soit tout à fait à l'aise avec le fait qu'il lest partage avec Roy, qui doit commencer à ne pas savoir où se mettre, lorsque Klemens lui saisit le visage. Valery n'a jamais trop su ce que pouvait bien penser Roy des démonstrations publiques d'affection entre ses deux meilleurs potes, mais probablement que ce n'est pas le sujet avec lequel il est le plus à l'aise. Avant de céder à Klemens et laisser son regard capturer le sien pour faciliter l'intromission des excuses dans son crâne, le jeune Langue-de-Plomb, il n'arrive pas à s'empêcher de regarder le trafiquant un instant, entre deux mèches de cheveux que Klem fait pleuvoir sur son visage. Pour l'impliquer d'une certaine façon. C'est probablement légèrement malsain de donner à Roy une ouverture sur leur proximité, leur intimité... Il a envie à cet instant de le mettre vaguement mal à l'aise. Lui faire comprendre qu'il est dans le même bateau qu'eux et qu'il ne peut pas prétexter un traitement différent parce qu'il n'est que leur pote, lui. Puis se tourne vers Klem et lui saisit la nuque gentiment, geste expressément intime. Son ton est doux, même s'il est toujours teinté d'un peu du rouge de sa vexation.

- On aurait pu t'aider, Klem. T'étais pas obligé de subir ça tout seul. De t'exiler. De faire.. J'sais pas quoi j'sais pas où. T'étais où, déjà, hein ? Ta réaction quand il se passe un truc comme ça devrait pas être la fuite éperdue dans un autre pays. Ca va mal finir, un jour, ces conneries là. Tu devrais venir nous voir. Demander notre aide. Pas nous laisser nous inquiéter pendant que tu regardes tes plaies en priant pour qu'elles s'infectent pas.

Ses ongles s'enfoncent un peu méchamment dans la chair du cou de Klemens alors qu'il se durcit, fronce les sourcils.

- Et jamais tu nous refait une crise de jalousie dans une telle situation. Genre. Comment tu oses. Oui, on s'est rapproché pendant ton absence. Parce qu'on te cherchait. Parce que Roy se demandait à quel point il avait merdé et combien de gueules il allait devoir péter pour obtenir des réponses au sujet de la potion qu'on lui a refilé. Parce que je me suis dit que si t'étais pas mort, tu reviendrais jamais. Tu comprends ça ? J'ai. Cru. Que. Tu. Reviendrais. Jamais.

Il ponctue ses derniers mots en lui enfonçant un doigt dans le torse en cadence, l'expression encore bien vexée. Il n'est pas le temps à la rigolade, il veut des promesses, il veut que Klemens comprenne la portée de son acte. Que Val n'est pas en train de criser juste parce qu'il a eu peur et qu'il s'est imaginé des trucs. Il avait des raisons valables de penser tout ça, et le loup-garou aurait très bien pu faire une croix sur cette vie comme sur toutes celles d'avant. Qu'est-ce qui aurait pu lui assurer du contraire ? Pas les trois pauvres pulls laissé derrière Klemens, parti comme un voleur.

- Donc oui, je suis allé voir Roy. J'ai chialé chez Roy et j'ai même DORMI chez Roy misérablement parce que je supportais pas le silence de mon propre appart' et la vue de ton savon dans ma douche. Okay ? Donc merde. T'as aucun droit de faire ton jaloux.

Et si Val s'écarte de lui, et croise les bras à nouveau, il s'est calmé pour de bon.

- Et tu m'as manqué aussi. Espèce de noob. Et t'as plutôt intérêt à pas me refaire ça. Ou je demande une dérogation au ministère pour aller te chercher là où tu te sera planqué et faire une descente de lit avec ta sale peau de loup, okay ? Parce que j'en ai marre de pleurer pour vos sales gueules.

Regard vers Roy. Oui, bon, d'accord. Il avec peut-être des choses à lui dire après tout.

Klem tout à ses aveux ne surprit pas les regard de Valery en direction de Roy, paut-être que si il les avait surpris sa réaction aurait été tout autre, peut-être que ses confidences auraient été moins profondes ou peut-être qu'il n'aurait rien changé à son comportement, peut-être qu'il n'en aurait pas fait cas et qu'il aurait continué d'essayer de réparer ses erreurs. De se réconcilier complètement avec ses potes. Il poussa un léger soupir alors que Val expose tous les avantages qu'auraient pu lui apporter des confessions directes. Le fait de ne pas fuir lui aurait-il vraiment apporté le soutien dont il aurait eu besoin ? Mais il n'avait pas vraiment tort au fond, Valery, il avait juste mis ses problèmes dans un coin de sa tête, avait joué les insouciants sans s'inquiéter des conséquences et ça ne l'avait pas vraiment aidé. C'était même plutôt le contraire. Sa culpabilité l'étouffait presque désormais. Il grimaça lorsque les ongles de Valery s'enfoncèrent dans son cou. Il avait cru que sa colère était passée, visiblement, il s'était trompé. Le doigt dans sa poitrine eu pour effet de faire comprendre à Klemens à quel point Val ne plaisantait pas.

Il ne devrait plus jamais partir comme ça à moins de ne pas revenir. Mais envisager la douleur que cela pourrait provoquer à Val rendait la chose impossible à faire. Il se passa une main dans le cou pour le masser et effacer la douleur encore présente et provoquée par les ongles du danseur. Il baissa les yeux lorsqu'il entendit que son ami avait pleuré à cause de lui. Il était sans doute la première personne à pleurer pour lui. Il posa son regard sur lui, un regard étrangement impressionné, doux et en même temps reconnaissant. Il avait enfin trouvé son foyer, sa place. Ce qu'il recherchait depuis toujours sans vraiment le savoir. Un léger sourire étira ses lèvres alors que la colère de Val semblait enfin retomber et qu'il avouait aussi qu'il lui avait manqué. Il allait se précipiter vers son amant pour lui faire un câlin et pourquoi pas un petit bisou dans le cou pour l'empêcher de bouder lorsque la voix de Roy retentit à son tour dans la pièce. Lui rappelant sa présence et le retenant dans son élan. Il avait sans aucun doute mis mal à l'aise le trafiquant avec sa petite démonstration pas la peine d'en rajouter d'avantage. Il hocha la tête suite à la tirade de son ami et un sourire amusé s'étira sur ses lèvres.

"Oui, maman."

Il répondait sur le ton de la plaisanterie parce que la tirade de Roy s'y prêtait vraiment bien mais il était certain de ne plus jamais recommencer. Il n'allait plus partir sans réfléchir aux conséquences que cela pourrait avoir sur ses proches. Parce que désormais, il avait des gens sur qui il était sûr de pouvoir compter et qu'il ne voulait pas blesser.

"Je suis content d'être rentré quand même. Malgré les gifles et les coups de poings. Et promis j'arrête de faire mon jaloux et promis, je m'en vais plus jamais comme ça sans donner de nouvelles. Ou alors c'est parce que je suis mort."

Son sourire démentit l'air dramatique de ses dernières paroles. Il n'avait pas l'intention de mourir tout de suite. Un bâillement s'échappa de son corps endolori et il s'étira légèrement. Il n'avait pas remarqué à quel point cette discussion l'avait fatigué. Il était temps pour lui de rentrer chez lui. Il n'était pas certain que Val veuille de lui cette nuit dans son appart et dormir chez Roy lui semblait un peu dangereux. Ils seraient évidemment amenés à rediscuter tous les deux. Il avait fait semblant de ne pas entendre la remarque du danseur quant au fait que le trafiquant avait dû tabasser deux-trois de ses fournisseurs pour comprendre ce qui c'était passé avec la potion et il lui en était reconnaissant mais il n'avait pas envie de parler de ça maintenant.

"Bon, je vais pas vous embêter plus longtemps maintenant. Plus la peine de s'inquiéter, je suis rentré. On se revoit bientôt promis."

Il esquissa un léger clin d'oeil à l'intention de Roy, se permit un petit bisou sur la joue de Valery et se dirigea vers la porte pour sortir. Une fois sur le palier, il transplana directement devant son lit et s'affala dessus pour s'endormir. Du moins, pour essayer de trouver le sommeil. Il fut réveillé plusieurs fois cette nuit là. Les cauchemars ne faisaient pas encore parti de son passé malheureusement.