Trick of the trade [Adonis]

Le bar de l'escalier n'est même pas un bar sorcier. C'est juste un tripot infâme rempli de soûlards, de la lie de la lie de Bristol. Aucune personne saine d'esprit n'y mettrait les pieds. C'est donc, le jeune Danseur imagine, l'endroit rêvé pour discuter sans embêter personne et sans éveiller un soupçon. Ne sachant pas trop qui il va rencontrer, et où, et s'étant vaguement renseigné sur l'adresse avant de venir -adresse reçue par hibou, chose qu'il n'aurait pas cru possible et qui l'a beaucoup surpris- il est habillé de façon très passe-partout, ayant sorti le hoodie à capuche cachant une partie de sa gueule de jeune garçon et essayant ainsi d'éviter de se faire prendre à parti avant même qu'il puisse s'asseoir là où on lui a indiqué.

C'est que le jeune danseur, à sa grande surprise, a été convoqué. Ici, dans ce bar miteux, par quelqu'un qui serait prétendument intéressé par ce qu'il a à offrir, dans le rayon "intel à propos du ministère". Il n'a aucune idée de comment un tel entretien va se passer, et se sent excessivement nerveux. Il n'a quasiment pas dormi la nuit dernière, a simplement somnolé, n'a parlé à personne de cette excursion, même pas - surtout pas !- à Klem qui a bien noté son trouble, néanmoins. Mais il est resté évasif, a prétexté la fatigue, sa... Son dérangement de ces derniers temps qui l'épuise et l'a mis en arrêt maladie à la fin du mois de janvier pour quelques jours. Le temps qu'il récupère de son sommeil. Il va un peu mieux, et a refusé tout médicomage, et tente de cacher ses soucis à son meilleur ami comme il peut... Mais là cela servait sa cause. Et bien qu'il ai à présent des remords... C'est fait, à présent, le mensonge est implanté. Il est officiellement en repos ce soir et a demandé à Klem, gentiment, d'aller squatter ailleurs s'il le veut bien. S'est préparé, a mordu l'intérieur de ses lèvres, et puis à transplané non loin de l'endroit. Quelques rues décrépies plus tard, il appréhendait la devanture sale et jaune de l'établissement, et y entrait le dos courbe, les mains dans les poches de son sweat. Tendu. Anxieux. Regrettant parfaitement sa présence en cet endroit, mais il allait jouer la comédie, aller avec la mascarade. La table du fond près de la fenêtre, on lui a indiqué, et il comprend aisément pourquoi. Elle est en retrait, en recul, coincé derrière une énorme cheminée ronflante et noircie de suie. Il faut presque la chercher pour la déceler. Peut-être qu'il y a un peu de magie là-dessous, en plus, se dit-il. Un petit charme de dissimulation. Son contact est déjà là, à moitié plongé dans l'ombre de l'énorme manteau de cheminée. Il s'en approche avec méfiance, et glisse sur une chaise non loin silencieusement. L'autre a une capuche aussi. C'est probablement que Val fait les choses comme il faut, donc.

Il n'ose pas avancer une main pour se présenter, et fait donc un simple signe de tête pour indiquer qu'il ne s'est pas installé là par hasard. Ayant décidé qu'il était dans son intérêt de montrer excessivement patte blanche, il abaisse sa propre capuche, laissant la lueur des flammes éclairer son visage de gosse et ses cheveux blonds qu'il a négligé un peu ces derniers temps et commencent à lui retomber dans les yeux. Etude silencieuse, il considère que ce n'est pas à lui de faire spécialement la discussion, pour l'instant.

- Salut.

Petit sourire qui fait semblant d'être à l'aise.

Petit instant de panique. Le danseur est persuadé de reconnaitre un gars du ministère. Il l'a déjà croisé, et il lui a même déjà trouvé une sale gueule antipathique, tiens. Après tout le ministère n'est pas SI grand que ça. Il ne saurait néanmoins pas le replacer dans un répartement, ou retrouver son nom. C'est ce dont il avait peur, d'un côté, Val. Qu'on le grille tout de suite et que le ministère vienne cueillir l'imbécile qui pense pouvoir vendre des informations aisément. Des informations à propos du département le plus sécurisé du ministère, rien que ça. Mais.. Non. Roy a dit que ce contact était sûr. Et après tout, certaines branches du ministère n'ont pas plus accès que le grand public aux inestimables ressources du Département. S'il ne sait pas de quelle branche dépend le jeune homme en face de lui, il est certain que ce n'est pas un Auror. Cela se confirme lorsqu'Adonis parle, d'ailleurs.
L’appréhension, la peur certaine qui pouvait animer Valery recèdent, pour laisser place à un certain agacement. Bien entendu, on se fie encore à sa tête de gamin. Dire qu'on lui demande encore sa carte d'identité pour aller voir des films d'horreur au cinéma, quoi. Il se remémore les paroles écrites du trafiquant. Ai l'air sûr de toi : c'était mort. Ai l'ai imposant : .... Il y était jamais arrivé. Il ne restait plus qu'une solution : Avancer ses dires.

- Bon. Non, y'a pas erreur, blabla, j'ai une tête de gamin, okay. Néanmoins je bosse quand même au département des mystères et j'ai quand même des infos à revendre éventuellement, donc si on pouvait écourter le blabla, ça m'arrangerait. Ou je peux aller chercher un des gars qui bossent pour l'autre sang-pur bizarre, là, Uncle ou shépa ce que c'est son nom et lui refiler.

Poser ses arguments sur la table, donc. Rappeler ce dont Roy a pu lui parler, les petites intrigues et rumeurs de pouvoir. Donner un poids à sa balance. Ainsi que tout le self control dont il est capable dans un hoodie trop grand pour lui. Il ne se sent pas bien disposé envers cet individu. S'il est amené à bosser avec lui, ou pour lui, il pressent qu'il va devoir faire un effort. Ou peut-être qu'il n'aura pas à en faire. Après tout si c'est vraiment un gars du ministère, et qu'il bosse véritablement dans la pègre, il a autant à perdre que Valery. Un fin sourire lacère le plein de ses lèvres à cette pensée.

- Enfin un travail de main d'oeuvre peut se négocier... j'ai toujours été bon avec mes mains.

Petite voix flirty et sourire suggestif. Et main proche de sa baguette, serait-il amené à s'en servir contre un mafieux offensé dans sa virilité.
La prochaine fois il fera le jeu de mot avec "langue-de-plomb".