En sortant de l'école, nous avons rencontré... [Famille McNeil]

Samedi 24 novembre 2007

Dire qu'Aidan traînait des pieds était, hum, un euphémisme. Nous étions le 24 novembre, jour de sortie à Pré-au-lard, et un entité familiale inconnue (mais Aidan misait sur sa mère Gloria, qui n'allait d'ailleurs pas fort ces temps-ci) avait décidé qu'il était temps de réunir tout le monde. Elle avait sommé toute la famille de se retrouver à treize heures pour un repas dans une salle réservée des Trois Balais. Et il fallait bien une salle pour accueillir tous les McNeil! Entre le couple parental, les trois enfants, la belle-fille, la presque-belle-fille et les quatre petits-enfants, il y avait de quoi faire. Treize heures, c'était trop tard pour manger, mais il avait cru comprendre qu'Eileen avait des obligations à son nouveau travail dans la matinée.

Aidan avait bien essayé de se défiler, mais hélas, Gloria était le genre de femme que l'on ne contrariait pas. Aux yeux du faussaire, il n'y avait rien de plus contrariant que ces journées, à tous les niveaux. Contrariant parce qu'il ne pouvait pas aller passer son samedi au bar, au travail, chez une jolie jeune femme, enfin, où il voulait. Contrariant parce qu'il savait qu'il allait finir contrarié. A coup sûr, son père lui ferait des reproches. Pfff. C'était exactement le genre de journée qu'il détestait et qui le rendait propre à bouder comme un gamin. En plus, il était sûr et certain qu'il n'était pas le seul à trouver cela rébarbatif. Qui avait envie, à l'adolescence, de perdre une précieuse journée dans ce village ma...gique? Heureusement que Tamara n'était pas là. Comme Lila n'avait pas encore l'âge de se rendre à Pré-au-Lard, il n'avait pas été obligé de l'inviter. Il savait que la prochaine fois qu'il irait la voir, elle le lui reprocherait, encore. Elle le fatiguait, à toujours exiger plus et plus de lui. Ca n'était pas comme s'ils étaient un vrai couple non plus, par Merlin!

Cependant, Aidan, en bon Serpentard, Aidan dissimulait sa mauvaise humeur. Il n'aimait pas ce rituel, certes, mais la famille, c'était sacré, et il ne voulait pas être celui qui commencerait les hostilités. Il n'avait pas vu Hayden et Juliana depuis longtemps, c'était l'occasion de rattraper. Il arriva ainsi presqu'à l'heure au petit salon des Trois Balais, ou la plupart des adultes se trouvaient déjà. Les enfants étaient encore absents, à l'exception de Louise.

"Bonjour tout l'monde!" salua-t-il en distribuant un baiser à sa mère, une accolade à son frère, une poignée de main à son père, une bise à Eileen et en faisant tourner la petite Louise dans les airs. Il serra ensuite Juliana dans ses bras dans une étreinte très fraternelle. "Comment va ma soeur préférée? Et les autres, évidemment."

" Maman, je trouve pas mon manteau! "
" Il est là où tu l'as posé en rentrant de chez Penny, ma puce. "
" Mais naaaan! "

Eileen soupira un bon coup, refusant de s'énerver. Louise avait une capacité à perdre les objets au moment exact où elle en avait besoin qu'Eileen n'avait jamais réussi à comprendre. Elle se releva, referma la porte de l'armoire où elle avait récupéré un de ses pulls avant de descendre l'escalier et de rejoindre sa fille, plantée devant la penderie de l'entrée. Et, bien entendu, le manteau ne s'y trouvait pas. Il était juste posé sur la rambarde de l'escalier, environ cinq mètres plus loin.
Eileen leva les yeux au ciel, avant de s'agenouiller face à sa fille et de lui passer le manteau. Et, par la même occasion, d'observer les ravages que le vent avait fait sur ses cheveux. Elle attrapa le peigne qui trainait sur la commode derrière elle, et commença à démêler les cheveux de la fillette, sous ses récriminations.

" Tu sais où on va, Louise? "
" On va voir les garçons et Oncle Aidan et Tante Julia, et Papy et Mamie à Pré-Au-Lard. Maman, arrête! "
" Alors, une jeune fille bien élevée comme toi doit avoir l'air présentable pour revoir ses grands frères, non? Ou alors, c'est que tu es toujours un bébé. "

Elle eut un léger sourire, sachant pertinemment que cet argument allait vaincre toutes les réticences de sa fille. Une des choses que Louise détestait le plus au monde, mis à part les épinards et les choux de Bruxelles, c'était qu'on la traite de bébé. Elle avait cinq ans, elle était une grande!

" Je suis pas un bébé! "

Eileen rit légèrement alors que la fillette se refrognait visiblement. Au moins, elle avait arrêté de gigoter et ne râlait plus tandis que le peigne défaisait les derniers nœuds présents dans ses cheveux noirs. De ses quatre enfants, Louise était la seule qui ait hérité de ses cheveux, crépus et bouclés, et surtout une calamité à coiffer. Mais, du point de vue d'Eileen, c'était la plus belle petite fille du monde. Parce que c'était sa petite dernière, sa petite fille et sa petite chérie, et que, en toute objectivité, sa fille était vraiment magnifique, non?
Elle l'embrassa sur le front, avant de se relever, et appela Hayden qui faisait elle ne savait quoi à l'étage. C'était à cause d'elle, qui avait cours à Aberystwyth le matin que le déjeuner familial avait du commencer plus tard, ils n'allaient tout de même pas être en retard, non?

Un sourire monta sur ses lèvres sans qu'elle puisse réellement s'en empêcher lorsqu'ils transplanèrent tous les trois vers Pré-Au-Lard. Elle allait revoir ses fils, ses trois garçons, les trois "grands". Ils n'avaient plus besoin d'eux, ils étaient indépendants, responsables – enfin, plus ou moins en fonction duquel on parlait… - mais… C'était ses trois garçons. Et elle avait toujours cette petite pointe de tristesse à l'idée que même si c'était normal, ils grandissaient loin d'eux, à Poudlard. Elle était ravie que Gloria ait insisté pour qu'ils se retrouvent tous pour déjeuner ensemble.
Autour d'eux, les élèves avaient déjà commencé à investir les lieux. Elle avait peu fréquenté Pré-au-Lard après sa sortie de Poudlard, mais elle savait bien que peu avait changé. Rosmerta était une jeune femme de vingt ans lorsqu'elle et Charles fréquentait les Trois Balais, mais le salon de thé de Mme Piedodu était déjà connu et vu comme une place terrifiante par la plupart des garçons de l'école.  Elle était un peu nostalgique en revoyant tout cela. Elle se voyait elle-même, à seize ans, en train de rire comme une idiote avec Charles, et parfois Amber et Liane. Elle était jeune, à l'époque. Et elle n'avait jamais pensé que sa vie tournerait comme elle l'avait fait.
Elle se tourna vers lui, lui dit en riant légèrement:

" Est-ce que toi aussi, ça te fais penser à ce qu'on a fait à Poudlard? "

Elle se rappelait d'une bataille de boule de neige mémorable, durant sa cinquième année. Elle se rappelait de la Bièraubeurre aux Trois Balais, les cheveux mouillés par la pluie. Elle se rappelait de Charles essayant désespérément d'échapper à Maggie Jackson qui avait jeté son dévolu sur lui. Elle n'avait jamais tellement attiré les garçons, à Poudlard, elle n'avait jamais été invitée à passer un week-end à Pré-au-Lard. Cela ne lui avait pas manqué, même si elle se demandait parfois ce qui se serait passé, si jamais ils s'étaient rencontrés plus tôt.
Elle ne connaissait pas Hayden, à l'époque, mis à part de nom. Elle n'était même pas sûre qu'elle l'aurait reconnu si elle s'était retrouvée face à lui. Il était dans la classe inférieure, il était à Serpentard lorsqu'elle était à Gryffondor.
Elle n'était pas quelqu'un de nostalgique, habituellement.

Ils n'étaient que les deuxièmes à arriver aux Trois Balais, après John et Gloria. Elle embrassa Gloria sur les deux joues, adressa une salutation la plus cordiale possible à John, et aida Louise à se débarrasser de son manteau avant de la laisser aller sauter sur son grand-père. Elle s'assit autour de la table, discuta avec Gloria quelques minutes, attendant que le reste de la famille n'arrive.
Elle fit la bise à Juliana puis Aidan lorsqu'ils arrivèrent, souriant lorsqu'Aidan attrapa sa fille pour la faire tourner dans les airs tandis qu'elle riait aux éclats. Aidan était vraiment le genre d'oncle que tous les enfants adoraient, qui arrivait souvent des cadeaux plein les poches et qui riait de tout avec tout le monde, sans vraiment prendre grand-chose au sérieux. Les quatre enfants l'adoraient tous, c'était visible. L'une des rares choses qu'elle lui reprochait, c'était qu'il se comportait exactement de la même manière avec sa fille. Oh, ce n'était pas ses oignons, elle le savait, et préférait éviter dans parler. Mais elle était amie avec Tamara, et elle savait à quel point c'était dur pour elle d'élever sa fille seule, surtout qu'Aidan avait été celui qui l'avait poussée à garder son bébé.
Enfin, elle n'allait pas s'immiscer dans leurs affaires, ce qui n'était absolument pas le cas de John. Elle avait bien senti, les quelques fois où les deux jeunes femmes avaient été invités ensemble chez les parents McNeil, à quel point John lui préférait largement Tamara et aurait été ravi qu'Aidan l'épouse. Elle n'était pas jalouse, loin de là, mais elle savait comment la discussion allait terminer si Aidan et John commençaient à partir sur ce sujet-là.

" J'ai parlé à Tamara il n'y a pas longtemps, elle ne pouvait pas venir. Elle avait des… obligations pour la journée. "

Et un coup d'œil significatif pour Aidan pour lui demander de ne pas démentir, ni même questionner ce qu'elle racontait. Elle avait effectivement vu Tamara récemment, mais elle n'allait pas rapporter ce qu'elles s'étaient dit, qui était de très loin différent… et beaucoup moins flatteur pour Aidan.
Mais l'arrivée des garçons changea le centre de l'attention familiale, et Eileen fut dans les premières à se lever pour aller tour à tour les serrer tous les trois dans ses bras. Elle recula de quelques pas, un grand sourire aux lèvres.

" Je suis sûre que vous avez encore grandis, tous les trois. Comment s'est passé le premier trimestre? Vous allez bien? "