Le chocolat adoucit les moeurs [Kat & Gil]

La salle commune des blaireaux avait beau être chaleureuse, Kathrina appréciait aussi le silence de son dortoir, à un moment où elle savait qu’aucune de ses colocataires ne monterait perturber l’atmosphère. Parfois, elle ressentait ce besoin de s’isoler pour méditer en paix sans être forcée de porter un masque de bonne humeur sensé rassurer tout le monde. Ces moments n’étaient pas toujours synonymes de déprime ou de ressassement de mauvaises pensées pour autant. C’était simplement son moment à elle où elle n’avait plus à se soucier de porter ce continuel sourire qui ne lui convenait pas toujours, et où elle pouvait faire des choses plus personnelles…

Comme écrire à ce fameux correspondant dont elle avait appris l’existence deux jours plus tôt. George Meadows. Kathrina fixait depuis quelques minutes son parchemin, une mine ennuyée sur le visage. Non pas qu’elle trouvait que l’idée de leur nouvelle directrice soit mauvaise, mais elle avait du mal à savoir quoi écrire pour cette première lettre. Pourtant, Kathrina n’était pas comme ceux qui avaient aussitôt râlé à l’annonce du projet, comme s’il s’agissait d’un devoir scolaire barbant. Non, elle avait envie de s’investir dans cette relation épistolaire, et elle en avait été la première surprise. Elle qui avait du mal à se dévoiler aux gens, la voilà qui trouvait l’idée de correspondre avec un inconnu tout à fait plaisante. Peut-être parce qu’il y avait justement moins de risques à parler de soi à quelqu’un qui ne vous jugerait pas, qu’à ceux qui vous étaient chers.

L’inspiration commençait tout juste à venir quand Gillian débarqua en trombe dans leur dortoir. Kathrina ne sursauta même pas, elle avait fini par prendre l’habitude de ses apparitions brusques. En revanche, beaucoup moins qu’elle ne lui lance pas un joyeux « Salut ! » et qu’elle conserve une mine obstinément fermée. Allons donc, l’entraînement s’était mal passé ?
Avec une pointe de regrets, elle délaissa pour le moment la lettre qu’elle avait commencé à écrire, sans quitter son lit, et observa tout son manège avec ses vêtements tellement trempés qu’ils laissaient des flaques sur le sol. La pluie battait contre les carreaux depuis si longtemps qu’elle avait fini par l’oublier. A présent, elle comprenait un peu mieux la mine morose de son amie. Soit l’entraînement avait été très désagréable sous la pluie, soit il avait été annulé et vu le peu de temps qu’elle avait passé dehors, Kathrina penchait plus pour la seconde option.

Leurs regards se croisèrent enfin silencieusement et le léger sourire qu’arbora Gillian la fit froncer les sourcils. Soit elle avait quelque chose derrière la tête, soit elle ne connaissait pas sa meilleure amie… Elle ne fut donc qu’à moitié surprise quand elle la força à se lever :

" J'ai quelque chose que je veux te montrer, tu peux venir? "


Avait-elle vraiment le choix ? Visiblement non, puisque Gillian l’entraîna à sa suite sans même attendre sa réponse, ce qui la fit lever les yeux au ciel. Elle ne résista pas à son emprise, mais demanda toutefois, alors qu’elles traversaient la salle commune :

« Attends ! Tu peux me dire où on va, au moins ? »

Sans surprise, sa question tomba dans l’oreille d’une sourde. Elle aperçut Jeremy en un éclair, qui semblait vouloir leur parler, et lui adressa un sourire désolé en réponse. Gillian ne l’avait pas entendu, visiblement, quoique Kathrina la soupçonnait d’avoir plutôt fait semblant de ne pas l’entendre. Il faudrait qu’elles discutent un jour plus sérieusement du cas Jeremy. Depuis l’année dernière, leur relation semblait se dégrader lentement mais sûrement, et Kathrina s’inquiétait pour eux, sans savoir comment leur en parler. Ils étaient tellement bornés tous les deux ! C’était difficile d’évoquer le sujet sans les braquer.

Leur course s’arrêta enfin et suspendit en même temps le cours de pensées de Kathrina. Trop essoufflée pour demander des explications à Gillian, elle la regarda chatouiller un des nombreux tableaux sans rien dire, avec une expression pas moins incrédule. Ce ne fut toutefois rien comparée à la tête qu’elle fit quand une poignée apparut comme par magie, mais était-ce si surprenant dans leur monde ?

« Mais qu’est-ce que… Eh, attends ! »

Gillian s’était déjà engouffrée dans le passage avant même qu’elle n’ait eu le temps de cligner des yeux. Il faudrait qu’elle lui demande un jour comment elle faisait pour ne jamais s’arrêter plus de deux secondes. Heureusement pour elle, la curiosité l’emporta sur son indignation. Kathrina suivit son amie jusqu’à une gigantesque salle, tellement énorme qu’elle se demanda un instant comment elle avait fait pour ne jamais se douter de son existence. C’était simple, c’était au moins aussi grand, sinon plus, que leur Grande Salle. Vous imaginez, vous, cacher la Grande Salle dans un coin de mur ?

Ebahie, elle ne savait plus où poser les yeux ni les pieds entre les elfes qui filaient partout, les cheminées imposantes, les tables longues à ne plus en percevoir le bout, et… par Merlin, toute cette nourriture et toutes ces odeurs ! Elle entendit à peine Gillian demander deux chocolats que trois secondes plus tard, elle se faisait traîner jusqu’à une table. Toute excitée par cette découverte, elle s’écria :

« Bon sang Gillian, mais comment tu as fait pour trouver les cuisines ? C’est sensé être une salle interdite aux élèves ! »

Quoiqu’elle ne doutait pas que son amie faisait moins cas du règlement qu’elle, mais tout de même, combien pouvaient se vanter d’en connaître l’accès ?

" C'est mon père qui m'en a parlé, à la rentrée. Je n'avais pas encore eu le temps de venir voir, mais ça vaut le détour, non? T'en penses quoi? "


Kathrina ne put s’empêcher de rire à la pensée d’une version masculine de Gillian parcourant avec la même intrépidité les passages secrets de Poudlard. Ce devait être génétique, ces choses-là. Elle jeta un dernier regard aux alentours, avant de se décider à tremper ses lèvres dans son chocolat.

« C’est génial ! Je n’ai jamais vu autant de nourriture dans un même lieu, et pourtant, j’en ai connu des banquets ! » rigola t-elle.

L’avantage d’être un Sang-Pur, quoique, ça tournait souvent vite à l’ennui le plus mortel. Ca n’avait pas la même magie, la même atmosphère que ce lieu caché et en même temps tellement foisonnant d’activité.

« C’est dingue de se dire qu’ils arrivent à préparer tout ça, tous les jours, plusieurs fois dans la journée… » souffla t-elle, comme si elle prenait brusquement conscience de tous les rouages de la machine humaine qu’était Poudlard.

Elle était tellement habituée à ce que les elfes se chargent docilement de toutes les tâches qu’elle n’avait jamais réfléchi à quel point cela pouvait prendre des proportions inimaginables quand il s’agissait d’un château aussi vaste que leur école. Elle en avait presque de la peine pour ces petites créatures, quoiqu’elles semblaient très bien s’en sortir…
 
Kathrina aurait bien continué à s’extasier comme une enfant mais Gillian l’interrompit dans son élan par une question qui manqua de la faire avaler son chocolat de travers. Elle toussota à peine, et parvint à reprendre une gorgée d’une façon presque naturelle. Une Keller ne perdait pas si médiocrement son contrôle, surtout quand on parlait de… ça.

« Je… Que veux-tu dire ? Il ne se passe rien du tout, enfin… Rien à signaler. Je n’ai rien à expliquer du tout. »

Une Keller ne balbutiait pas non plus, en temps normal, mais il fallait croire que Kathrina n’était pas tout à fait au point. Par Merlin, pourquoi n’osait-elle plus croiser le regard de Gil ? C’était encore plus louche !

« Qu’est-ce que tu t’imagines, au juste ? » demanda t-elle d’un ton qu’elle voulait détaché.


Elle était elle aussi curieuse de connaître l’avis de son amie. D’accord, peut-être que Paul lui plaisait un peu plus que Jeremy ou qu’un autre garçon de sa connaissance… Mais elle avait droit de bien aimer un garçon plus qu’un autre, ça ne voulait rien dire de plus, si ?

Ne saisissant pas tout de suite où Gillian voulait en venir, Kathrina écouta néanmoins toute sa réponse en sirotant son chocolat. Ca, pour être « absolument pas pareilles », elle pouvait le dire. C’était presque à se demander comment elles pouvaient si bien s’entendre. Elles n’avaient pas les mêmes centres d’intérêts, Kathrina se réfugiant dans des activités calmes et créatives, Gillian préférant le sport. Elles n’avaient pas les mêmes qualités, pas les mêmes ambitions, une façon quasi-opposée d’aborder les gens, de parler ou de se vêtir. Finalement, seule Helga les réunissait. Ce qui était déjà pas mal, après réflexion.

" Et… On se comporte de la même manière avec Paul. "


Tiens, étrangement, Kathrina commençait un peu mieux à comprendre ce que sous-entendait Gillian. C’était en fait aussi simple qu’une kouétion. Quassion. Equa… Bref, cette chose moldue de calculs. Kathrina était réservée, Gillian expansive. Sachant qu’elles avaient exactement les mêmes gestes envers Paul, et qu’il existe une règle affirmant que rien ne se perdait mais tout se transformait, cela voulait sans doute dire qu’il fallait rajouter quelque chose quelque part à Kathrina. On pouvait également voir le problème avec une balance à équilibrer. La timidité ne faisait pas le poids face à la exubérance. En revanche, si l’on rajoutait un soupçon de sentiments, cela pouvait faire basculer la…

« Stoooooop ! Doucement, la madame ! Comment ça, des sentiments, des sentiments de quoi ?  
-Fais pas comme si tu savais pas, même moi j’ai compris. Y a qu’à t’entendre niaiser dans ton cerveau sur ce Paul ou j’sais pas quoi à chaque fois que tu le vois. Bon sang, pourquoi les filles se sentent toujours obligées de faire comme si elles comprenaient rien ?
-Attends une seconde… Comment tu sais que je niaise intérieurement ? 
-On partage le même cerveau, idiote !
-Cerveau qui est aussi le mien, soit en dit en passant, donc taisez-vous, vous me donnez un mal de crâne pas possible !
- …
-Kathrina. Désolée, je voulais pas te brusquer. Mais il va falloir un jour ou l’autre que tu te l’avoues à toi-même, tu comprends ?
-Mais… Qu’est-ce que je suis sensée dire à Gil, moi ?   
-Je sais pas, la vérité ?
-Noah, reste discret et silencieux comme tu sais si bien le faire. <<
- Ah non, j’avais justement une réclamation !
-Non mais c’est pas le moment, là, Noah, je m’occupe de Kath pour l’instant.
- Mais…
- Plus tard, j’ai dit ! Allez Kath, on reprend.
 
Un peu déstabilisée, la jeune Poufsouffle réussit cette fois à ancrer son regard dans celui de sa meilleure amie. De bonnes raisons ? Sans doute. Il y en avait toujours. En l’occurrence, c’était surtout une bonne question.
 
« C’est parce que… Paul est un peu comme moi, du coup… Je sais pas, le feeling est différent. Je me vois pas faire ça avec Jeremy parce que… »


-Parce que t’en es pas amoureuse, dis-le, dis-le !
-Oh ferme-la, moi aussi je peux te sortir les plans prévus avec toi et Maeva !
-… Quels plans ? Hé ! Pourquoi je suis pas au courant, moi ?
-Mais taisez-vous raaaaah ! Vous étiez très sages jusque là, qu’est-ce qui vous prend ?
-Pourquoi je suis pas au courant ?
-Parce que tu deviendrais insupportable sinon ! Continue de la voir comme ton amie, ça m’arrange ! Le jour où je déciderai que t’as assez grandi dans ta tête, tu me feras le plaisir de remarquer qu’elle a des beaux yeux ! Maintenant, on reprend. »
 

« Parce que je suis un peu moins proche de lui, c’est tout. » termina Kathrina, d’une voix hésitante.
 
Est-ce qu’elle cherchait des excuses ? Peut-être. Elle reprit tout de même en essayant de se donner un peu plus d’assurance :
 
« Toi aussi, tu apprécies plus Jeremy que Paul, ça se voit aussi dans ta façon d’agir. Même si la différence était vraiment minime. Franchement, il n’y a rien à conclure de plus. »
 
Elle reprit une gorgée de chocolat chaud, attendant la réponse de son amie, et cherchant frénétiquement comment glisser la conversation vers un autre sujet moins glissant pour elle…
 
 
-Jolie pirouette, mais tu ne t’en sortiras pas toujours.
-Oh ça va, tu ne vas pas t’y mettre non plus !
-Mouais, disons qu’on s’en est à peu près bien sorti. Bon, tu voulais me dire quoi tout à l’heure, Noah ?
-Juste qu’un truc dans ton cerveau me turlupine.
-Quoi donc ?
-C’est qui ce Ythel dont tout le monde me rebat les oreilles ? 

Kathrina prit une mine boudeuse à la réponse de Gillian, consciente d’être ridicule avec ses explications bancales. Elle n’avait pas vraiment envie de s’enfoncer, raison pour laquelle elle ne répondit pas, se contentant de hausser les épaules de son air embarrassé. Ce n'était pas gentil de se moquer ! Elle fut soulagée que Gillian change de sujet, même si son petit résumé la fit sourire.

« Je ne sais pas pourquoi, je devine que tu n’es pas totalement convaincue… »

Et le plus ironique était que Kathrina ne l’était pas non plus. Au fond d’elle, elle le savait. Elle n’était pas stupide, elle était capable de se poser quelques minutes, de mettre bout à bout les choses et trouver que un et un faisaient deux. Oui, elle s’entendait particulièrement bien avec Paul. Oui, elle le préférait d’une certaine manière à Jeremy, ou à tous les autres garçons qu’elle côtoyait. Oui, elle se permettait des gestes d’affection avec lui, qui, même si elle refusait d’avouer ce qu’ils signifiaient, signifiaient forcément quelque chose. Oui, elle souriait bêtement, rougissait ou cherchait à attirer son intérêt lorsqu’il était dans les parages. Autant de signes qu’elle connaissait pour les avoir maintes fois lus dans des romans et qui la conduisaient à penser qu’elle était peut-être amoureuse. Et c’était un constat qui la mettait étrangement mal à l’aise, comme si elle en craignait les conséquences. Au fond d’elle, Kathrina ne sentait pas prête à se livrer dans une relation si proche avec un garçon, avec quiconque, en vérité. Même avec celle qu’elle considérait comme sa meilleure amie, la jeune Keller conservait une certaine distance. Il y avait trop de secrets, trop de cadavres dans les placards, trop de non-dits qu'elle masquait derrière une personnalité douce et appréciée de tous pour qu’elle puisse se dévoiler entièrement. Tout comme Kathrina ne disait pas tout à sa meilleure amie, elle refusait de franchir un pas dans sa relation avec Paul, incertaine du résultat, et surtout trop effrayée que quelque chose ne change. Quoi ? Elle ne savait pas. Ses repères, le regard qu’on lui portait, les relations qu’elle avait avec ses amis. Elle-même, peut-être.

Kathrina, encore une fois, s’accrocha au sourire de Gillian pour balayer ses incessants questionnements intérieurs. Elle parvint à recomposer son sourire elle aussi, et effacer sa gêne, surtout lorsque Gil lui proposa de reprendre en mains la conversation. Sautant aussitôt sur l’occasion, elle s’exclama :

« Ah enfin un peu de justice ! Il n’y a pas de raison qu’il n’y ait que moi qu’on passe en interrogatoire ! Et toi alors, ma petite Gillian ? Un garçon te plaît ? Se rendant compte qu’elle venait d’avouer implicitement que Paul lui plaisait, elle s’éclaircit la gorge, reprenant mine de rien. Voyons… Jeremy ? Tu le connais depuis tellement longtemps, et puis je suis sûre qu’il n’est pas indifférent lui, ricana t-elle, en se souvenant de certaines scènes entre les deux amis d’enfance. Ou sinon… Andrew ? Vous avez l’air de bien vous entendre. Ou mon frère, peut-être ? Tu dois être l’une des rares filles qu’il laisse s’approcher sans mordre, c’est louche. » dit-elle, mi-amusée, mi-intriguée.


Quoiqu’en y réfléchissant bien, l’entourage d’Ahren était essentiellement composé de filles, Gillian était là parmi d’autres. Mais depuis quelques temps, et surtout depuis leur sortie tous les trois au Chemin de Traverse, pendant les vacances d’été, Kathrina essayait de comprendre ce qui les avait attirés l’un à l’autre tous les deux, tant ils paraissaient antagonistes, à première vue.

Kathrina leva les yeux au ciel à la première réaction de sa camarade. Oui, Gillian était bien loin d’être le genre de fille qui discutait potins et garçons à longueur de journée, et qui n’avait comme unique objectif sérieux dans la vie de se trouver un petit ami. A vrai dire, elle était proche de l’extrême inverse. Plutôt garçon manqué, la majorité de ses discussions tournaient autour du sport –pour ne pas dire le mot Quidditch-, la plupart de ses activités consistaient à chercher l’aventure quelque part dans un coin de Poudlard. Kathrina aurait presque trouvé étrange qu’elle vienne un jour lui avouer, même à demi-mot, qu’elle avait des vues sur un garçon, tant ce sujet ne semblait pas faire partie de son tourbillon de vie. Mais ça… C’était pour l’instant. Ils n’avaient que douze ans, après tout.

« Je ne doute pas qu’un jour, cet intérêt te vienne, ma petite Gillian. Sache que je serai toujours présente pour t’écouter à ce moment-là » répliqua t-elle, le ton sage, mais le sourire malicieux.

La suite fut moins amusante à entendre. Kathrina n’était pas ignorante des tensions entre ses deux amis, depuis l’an dernier. La trêve semblait signée, mais elle n’était pas dupe, les crispations étaient toujours présentes, et Gillian ne se comportait plus tout à fait de la même façon qu’avant. Elle posait peu à peu des distances entre elle et Jeremy. Si Kathrina pouvait comprendre cette réaction, elle la trouvait tout de même un peu dure. Elle répondit d’un ton hésitant, cherchant comme à son habitude des mots clairs, mais prudents :

« Tu es un peu dure avec lui, je trouve… Essaye de te mettre à sa place, il en pince pour sa meilleure amie, sa presque sœur, et ce n’est pas réciproque. N’importe qui serait désemparé. Il doit avoir peur de te perdre à chaque instant, d’où ses réactions parfois excessives. Et… Je pense qu’en t’éloignant de lui un peu plus chaque jour, tu ne fais que confirmer ses craintes. »


Ce n’était pas vraiment une solution, en somme, du moins du point de vue de Kathrina. Elle arborait une mine désolée, parce qu’elle ne connaissait pas la réponse miracle à ce problème entre ses deux amis, elle comptait à vrai dire sur le temps, sur le fait qu’un jour Jeremy accepterait la situation et s’intéresserait à d’autres filles, et elle espérait naïvement en bonne petite Poufsouffle que cela n’affecterait en rien son amitié avec Gillian. Elle n'aimait pas voir une amitié de si longue date gâchée de la sorte.

Lorsqu’ils évoquèrent Andrew et Ahren –décidément, l’un n’allait pas sans l’autre- Kathrina fut partagée entre le rire moqueur et le soupir las.

« Tu fais bien de rajouter cette précision. Tu as de la chance de savoir le prendre par le bon bout, moi je ne sais plus »

 Mais elle ne souhaitait pas s’éterniser sur le sujet Ahren, après tout, elles étaient venues se détendre autour d’un bon chocolat chaud, Kathrina ne comptait pas repartir avec plus de soucis en tête. Aussi rit-elle de bon cœur à sa conclusion sur son interrogatoire :

« Oh tu dis ça, mais ça va t’arriver un jour ou l’autre et tu n’auras pas ton avis à donner ! Un instant de réflexion, tout de même. Attends, est-ce que j’ai un jour agi comme ça, moi ? C’est plutôt effrayant. Fais-moi un signe si jamais tu vois que ça m’arrive, genre une grimace, un truc, n’importe quoi. »


Elle ne tenait pas à passer pour une idiote non plus, une Keller avait une réputation à tenir.