[Soirée de fin d'année] Four colours, four words (A partir de la 4ème année)

Le jeune homme avait grimpé quatre à quatre les marches jusqu’au septième étage, où se trouvait le lieu de la fête. Lorsque Jeremy lui avait parlé de cet endroit, Ashley avait cru rêver. Evidemment, qu’il avait entendu parler de la Salle sur Demande ! Tout le monde avait dû en entendre parler. Mais à ses yeux, cela n’avait été qu’une légende, créée pour enjoliver un peu l’histoire peu réjouissante de la dernière guerre. On lui avait raconté moult détail sur cette mystérieuse salle, tous plus ou moins tirés par les cheveux. Sa tante Cassandra, par exemple, lorsqu’elle le gardait quand il était enfant, n’hésitait pas à lui affirmer que chaque maison ancienne avait une salle qui apparaissait sur demande, et que s’il n’était pas sage, elle demanderait à la pièce de l’enfermer. Autant dire que le petit Ashley s’était tenu à carreaux et avait cherché cette pièce sans relâche, tout du moins jusqu’à ce qu’il comprenne que ce n’était qu’un vil stratagème de sa tante. Il y avait bien une autre pièce dans la maison que son cousin plus âgé avait surnommé ironiquement « la Pièce-Va-et-Vient », mais il avait rapidement compris que l’usage qu’en faisait son oncle n’avait rien à voir avec la mystérieuse salle de Poudlard. Tout cela pour dire que la Salle sur Demande et ses dérivés légendaires l’avaient intrigué enfant, et que sa joie d’apprendre sa réelle existence s’était trouvée décuplée par l’excitation de pouvoir l’utiliser.
Bien évidemment, cela avait paru immédiatement être le lieu idéal pour la soirée de fin d’année, et Ashley s’était précipité sur James pour lui en parler. Ils étaient rapidement tombés d’accord sur le fait que cela devrait rester secret, pour conserver le côté magique et mystérieux de la salle… et puis aussi parce que c’était trop la classe de connaitre un endroit presque inconnu et introuvable de tous. Le Gryffondor n’avait, malgré ça, pas pu résister à la tentation de mettre Sean au courant, mais le jeune homme était certain que son petit-ami saurait garder l’information confidentielle. Comme à chaque fois qu’il pensait à Sean, il eut un immense sourire niais. Lui qui s’était souvent moqué, quand il était petit, des « zamoureux », se montrait à présent plus que niais que tous les couples de Poudlard réunis.
Après avoir appris l’existence de la Salle sur Demande, Ashley s’était amusé, par la suite, à faire quelques essais, afin de découvrir l’infinité des possibilités qu’offrait cette pièce, riant comme un gamin en imaginant les choses les plus improbables qui lui venaient à l’esprit. Et une fois qu’elle fut définitivement choisie pour être le lieu de la soirée qu’ils organisaient, James et lui durent s’attaquer ensuite à trouver un thème rigolo pour la fête. Ce n’étaient pas les idées qui manquaient aux deux compères, et l’immense marge de manœuvre que leur laissait l’endroit les rendit encore plus prolifiques. Ils finirent donc par faire le tri parmi la foule de propositions que leur offrait leur imagination débordante, et par se décider pour ce qui leur paraissait le plus amusant. Ashley était donc plutôt satisfait de leur travail, et pas peu fier, lorsqu’il rejoignit le jour J son meilleur ami au septième étage devant la tapisserie.
Il salua le Poufsouffle avec encore plus d’enthousiasme que d’habitude – si, si, c’est possible – et lui demanda s’il avait passé une bonne journée. Il baissa les yeux sur les vêtements de James et ne put pas s’empêcher de lui faire partager en riant sa pensée à voix haute.
 
« Héhé, tu ressembles à un canari, mec ! Ou à un poussin ! Hein, mon p’tit poussin ? »

Son rire repartit de plus belle. Certes, Ashley riait tout le temps, pour un peu tout et n’importe quoi, et il avait passé une excellente journée, le sourire aux lèvres, mais chaque rire lui permettait de décompresser un peu, repoussant le plus loin possible le désagréable souvenir des BUSEs. Le jeune homme avait été passablement préoccupé par ces examens mais déjà tout cela paraissait oublié, peu à peu chassé par l’idée prometteuse de la fête, dont ils n’étaient à présent plus séparés que par des minutes. A l’approche des BUSEs, Ashley s’était joint à James dans ses révisions, avec un peu de mauvaise volonté tout de même, et en continuant de le taquiner de temps en temps, histoire qu’il n’oublie pas qu’il n’était pas un Serdaigle, bien que le jeune homme ait considérablement diminué l’emploi de ce mot comme taquinerie depuis qu’il avait fait la connaissance de Sean. Il avait d’ailleurs une partie de la journée en sa compagnie, ce qui n’avait fait qu’accentuer encore la bonne humeur du Gryffondor, qui, un grand sourire aux lèvres, était bien décider à faire reprendre à James son état normal à présent que les examens étaient terminés. Et quoi de mieux que la fête de fin d’année pour cela, hein ? Ils y avaient passé tellement de temps qu’Ashley était sûr et certain que cela ne pouvait être que génial. Malgré leur très clair manque d’organisation, ce que le Gryffondor admettait volontiers en riant, ils avaient réussi à préparer l’évènement en détail, de la couleur des serviettes motifs phosphorescents des murs aux Dragées Surprises.
Ashley se mit donc à passe et repasser devant la tapisserie comme il l’avait fait déjà plusieurs fois auparavant, tout en témoignant à James son enthousiasme.
 
« C’est quand même un truc incroyable, cette salle ! A croire que les fondateurs de Poudlard avaient pensé à nous ! En tout cas, c’est vraiment l’endroit parfait. »
 
Le Gryffondor était ravi à l’idée d’avoir connaissance d’un des nombreux secrets du château. N’était-ce pas excitant de savoir que très très peu de personnes savaient que cette salle était réelle ? D’avoir une salle incroyable à portée de main ? C’était tout bonnement génial !
La porte apparu, et, après avoir jeté un coup d’œil autour de lui, Ashley l’ouvrit et les deux garçons se dépêchèrent d’y entrer, refermant soigneusement la porte derrière eux.

Théo rajusta sa cravate jaune poussin d'un geste habile, passa rapidement la main dans ses cheveux courts et jeta un dernier coup d'oeil à son reflet. Il rayonnait littéralement, de jaune vêtu des pieds jusqu'au cou. Il était si lumineux que c'en était éblouissant... Il ne fallait pas s'attarder sur son visage, en revanche, qui était bien loin d'irradier. Malgré tous ses efforts, Théo ne parvenait pas à quitter son air sombre et renfrogné, accentué par ses traits tirés par la fatigue. Il était temps que les ASPIC se terminent, songea-t-il en se détournant de son reflet, pour quitter la salle de bain. Sans un regard pour ses camarades, il quitta le dortoir avec empressement et fit de même avec la salle commune, emplie de personnes bien trop jaunes pour leur propre bien. Une fois parvenu dans les sous-sols calmes et frais de l'école, il se sentit tout de suite mieux et prit une grande inspiration avant de se diriger vers les escaliers. 

Théo esquissa un rictus amer en réalisant qu'il était mal parti pour passer une bonne soirée s'il avait déjà du mal à supporter le monde. C'était à croire qu'il devenait claustrophobe, vu les difficultés qu'il éprouvait à rester parmi de gros groupes de personnes dans des endroits confinés, et son instinct qui le poussait à l'extérieur dès que possible. Enfin, pour ce soir il ferait un effort. D'ordinaire, Théo ne goûtait guère aux joies des soirées bruyantes et alcoolisées qu'organisaient ses camarades. L'an passé, il avait certainement battu tous les records en étant le premier de sa promotion à quitter la soirée Mousse et Mandragore, à une heure telle qu'il ne pouvait mettre son départ sur le compte de la fatigue. Non, en réalité, Théo ne se sentait pas du tout à son aise dans ce genre d'évènements, où il se sentait emprunté et peinait à trouver sa place. Les fêtes de fin d'année des Gryffondor étaient bien loin de son idéal d'une soirée réussie, mais ce soir, c'était différent. Parce que c'était la dernière. Et parce qu'il n'avait pas envie d'être seul.

Il était en avance, réalisa-t-il alors qu'il jetait un coup d'oeil à la montre jaune d'oeuf qui ornait son poignet. Peu étonnant, sachant qu'il était absolument hors de question qu'il reste dans le dortoir à éviter par tous les moyens de croiser le regard de la personne qui dormait sur le lit d'à-côté. Ses quelques rencontres malencontreuses avec Samaël avaient été suffisamment gênantes et douloureuses pour qu'il n'ait pas envie de prolonger l'expérience, or son ex-petit-ami devait probablement se préparer avec Jack et Damien. Etant donné qu'ils s'étaient disputé, Théo avait envisagé de ne pas se rendre à la soirée mais avait fini par se décider à y aller. Samaël n'était pas la seule personne avec laquelle il avait envie de passer du temps pour profiter de la fin de Poudlard, après tout. Il pouvait tout de même s'amuser, pas vrai ? Il pouvait tout du moins essayer d'oublier pour quelques heures le jeune homme qui lui manquait terriblement. Et puis on ne savait jamais... Ce serait peut-être l'occasion pour eux d'avoir une discussion, de refermer cette page ou au contraire... Non, il ne voulait pas y penser. Mieux valait ne pas se donner de faux espoirs.

Il en était là dans ses pensées quand il tourna à l'embranchement qui menait au couloir de la salle de la fête, et se heurta à quelque chose. Baissant la tête, il avisa une petite chose bleue qui venait de basculer au sol sous l'effet de l'impact. C'était une fillette revêtue aux couleurs de sa maison, qu'il aida à relever tout en s'excusant.

"Oh, désolé... Aby ? Mais qu'est-ce que tu fais là ?", questionna-t-il, les yeux ronds.

C'était la petite Scavo, dont il avait fini par retenir le prénom quand elle était venu l'interroger sur un sujet ou un autre pour la troisième fois, en début d'année. La Serdaigle avait du finir par comprendre qu'elle s'adressait à la mauvaise personne si elle voulait obtenir des commérages, Théo ne s'intéressant pas particulièrement aux ragots, puisqu'elle n'était pas venue lui parler depuis bien longtemps. On aurait même pu penser qu'elle se désintéressait des rumeurs, mais à en juger par sa tenue qui correspondait au dress-code de la soirée, c'était faux. Aby essayait visiblement de trouver un moyen de s'incruster dans la soirée, du haut de ses onze ans...

"Je...Ben...Dis, Théo, tu voudrais pas m'emmener ? T'es fort en magie non, tu peux pas me vieillir ?"

Théo posa un regard mi-incrédule, mi-sévère sur la jeune fille qui l'observait d'un air plein d'espoir.

"Où ça ? A la soirée ? Ca va pas la tête ? T'es en première année, Aby. Ce n'est pas un endroit pour toi."

"Mais... "

La petite adopta alors un air si triste que Théo se radoucit instantanément, incapable de résister à ses mimiques. Attendri, il pensa furtivement qu'il avait hâte d'avoir une fille, adorable et curieuse comme Aby, qui l'embobinerait avec ses grands yeux et ses sourires...

"Allez, on fait un pacte", proposa-t-il finalement. "Ce soir, tu vas dormir. Et demain...Non, demain je risque d'être légèrement fatigué. Après-demain, on va se balader au lac et je te raconte tout, d'accord ? Tout ce qui s'est passé, en détail."

*Tout ce dont je me souviens*, rectifia-t-il intérieurement, tandis que l'image rédemptrice d'une bouteille de Whisky Pur Feu apparaissait devant ses yeux. Théo n'avait jamais vraiment bu plus que de raison, et se demandait si ce que l'on disait était vrai. L'oubli par l'alcool...c'était exactement ce dont il avait besoin.

Il put voir Aby réfléchir à sa proposition, puis son visage s'éclaira et elle s'exclama :

"D'accord !"

Un éclair rouge apparut alors dans le coin de vision de Théo, suivi par une exclamation enthousiaste d'Aby :

"Jeremyyyy !"


"Jeremy ! Jeremy ! Je peux te prêter mon appareil photo ? Fais-en plein !"

"Doucement Aby", coupa Théo, "tu ne veux pas que les profs nous entendent, crois-moi."

Se tournant vers le nouveau venu, Théo salua Jeremy d'un hochement de tête, le détaillant ouvertement. Il était encore plus rouge que lui-même n'était jaune, songea Théo avec un haussement de sourcils incrédules. Baker s'était visiblement pris au jeu, et tous ses vêtements étaient écarlate, mais également ses accessoires : ceinture, chaussures, montre, cravate, chapeau... Il n'avait rien négligé, si bien que Théo se demandait à quoi il ressemblerait à la fin de la soirée. S'il était encore vivant bien sûr, il était évident que Baker aimait beaucoup plus faire la fête que lui. Mais ce soir, Théo allait peut-être lui faire de la concurrence.

Pendant qu'il l'observait, Jeremy accepta de jouer le rôle de photographe pour la petite Serdaigle, qui les remercia d'un câlin chacun, les joues de Théo prenant une teinte proche du t-shirt de Jeremy. Puis Aby s'éloigna, laissant les deux garçons seuls dans un silence inconfortable. Ils avaient beau avoir partagé un certain nombre de cours cette année et avoir quelques connaissances et amis en commun, ils n'avaient jamais du échanger plus de trois phrases à la suite de toute leur scolarité.

"Bon ben c'est parti ! Prêt à faire la fête ?", le questionna Jeremy tandis qu'ils reprenaient leur route.

"Plus que jamais", répondit-il d'une voix basse. "J'en ai bien besoin..."

Il aperçut du coin de l'oeil Baker qui lui lançait un regard intrigué, avant de répondre sur le même ton :

"A qui le dis-tu... L'année a été longue, entre les ASPIC et tout le reste. Tu fais quoi, l'année prochaine ?"

"Un stage au Ministère, peut-être chez les Oubliators... Et toi, de la métamorphose c'est ça ?"

Tout en discutant, ils parvinrent à la porte de la salle, en même temps que plusieurs autres personnes. Ils étaient visiblement les premiers, se trouvant parmi quelques élèves impatients de découvrir la salle. Théo entra à la suite de Jeremy et avisa la pièce plongée dans la pénombre, aux murs phosphorescents. Il fallait reconnaître que c'était original et qu'il y avait de l'idée, songea-t-il tandis que d'autres exprimaient leur avis de façon plus extravertie.

"WAAAAH ! C'est super les gars, j'adore !"

Tandis que Baker fonçait sur les organisateurs de la soirée pour les abreuver de compliments, Théo, lui, décida de s'abreuver tout court.

Serpentard

Il ne lui fallut pas longtemps pour aviser l'endroit où se trouvaient les boissons. Il tendit la main pour attraper la première bouteille qui passait par là, mais quelqu'un fut plus rapide que lui. Théo tourna un regard indigné vers une jeune fille d'une quinzaine d'année à l'air aussi sombre que lui, et dont les vêtements évoquaient la forêt ou un joueur d'une vile équipe de foot.

"J'en ai plus besoin que toi", commenta-t-elle avec une pointe d'amusement.

"J'en doute... Que cherches-tu donc à oublier dans l'alcool ?"

Elle sembla hésiter un instant avant de répondre avec amertume :

"Un coeur brisé."

Théo laissa échapper un petit rire et servit deux verres, avant d'en tendre un à l'adolescente et de trinquer :

"Egalité, dans ce cas ! Aux coeurs brisés !"

"Merci... On se retrouvera plus tard ici, j'imagine. Bonne soirée !"

Théo la salua en levant légèrement son verre puis la regarda s'éloigner pour rejoindre un garçon de sa maison. S'appuyant légèrement contre la table, il sirota son verre un moment en observant ses camarades qui arrivaient ponctuellement et qui évoluaient dans la salle. Il n'était pas si mal, là, à picoler tout en observant le monde et en écoutant de la musique...

Il n'était pas si mal, mais quand son regard tomba sur Samaël qui venait d'arriver à son tour, il sentit son coeur faire une embardée. Théo se dépêcha de détourner les yeux. Puis il se servit un second verre.


HRP : Mes trois personnages sont donc arrivés, vous pouvez venir leur parler si vous le souhaitez

Une fois son vernis sec, Cassandre se releva pour se planter devant le miroir. Cela lui faisait étrange d'être habillée ainsi, de manière aussi moldue, mais Lisa lui avait assuré qu'elle était très jolie. Elle avait ses chaussures avec un petit talon rouges cerises, cadeau de sa grand-mère Helen, un collant sans pied tout aussi rouge, un joli short en jean, elle devait le reconnaître, qui lui tombait au genou, un premier débardeur rouge et un t-shirt beaucoup plus lâche qui l'embêtait un peu plus, vu qu'il était bien décidé à découvrir forcément l'une de ses épaules alors qu'elle aurait aimé qu'il reste en place. On avait beau lui dire que c'était fait exprès, cela lui faisait étrange. Elle rectifia le t-shirt encore une fois, mais il retomba, laissant à nu son épaule gauche. Elle laissait tomber. Sa tenue se complétait avec une tresse dans lequel elle avait glissé un ruban en soie rouge, un serre-tête qui retenait quelques boucles qui s'étaient détachées ainsi qu'un long collier et un bracelet rouge, et un joli maquillage, réalisé par Lisa, encore et toujours, sûrement celle avec qui elle s'entendait le mieux. Et même si les vêtements moldus aussi "à la mode" lui fait étrange, elle se trouvait plutôt jolie dans ces vêtements. Surtout avec ce qu'avait fait Lisa à ses yeux, qui faisait ressortir le bleu.

- Tu peux m'aider ? interrogea justement cette dernière en s'approchant d'elle pour qu'elle ferme la fermeture de sa robe dans le dos.

Cassie la remonta d'un coup sec, en faisant attention à ne pas pincer la peau, afin que Lisa puisse s'admirer.

- T'es au courant qu'il va falloir échanger des vêtements, non ?
- Bien sûr ! répondit sa camarade, en remontant ses cheveux en un chignon. Je ne vois pas en quoi...
- Tu portes une robe, explicita Cassandre. Tu penses vraiment l'échanger ?
- Et pourquoi pas ? répliqua Lisa avec un sourire que Cassie n'identifia pas.

Devant l'air mystérieux de sa camarade, Cassandre préféra abandonner le sujet. Elle ne préférait pas savoir, finalement. Mais tout de même, elles n'avaient que quinze ans. Elles étaient jeunes, oui, mais il fallait quand même garder un peu de retenue. Enfin, c'était peut-être les bonnes leçons de sa mère qui ressortaient, là. Elle jeta un dernier coup d’œil à son reflet tandis que Lisa lançait à la cantonade qu'elles y allaient, avant de l'attraper par le bras. Surprise, Cassie se laissa entrainer dans les escaliers où les deux filles retrouvèrent des camarades toutes aussi rouges qu'elles.

- L'assemblée des petits Chaperons Rouge ! annonça Mary Coldwater, amusée.

Au moins, ils ne juraient pas avec la Salle Commune put constater Cassandre en jetant un coup d'oeil autour. Les plus jeunes les regardèrent passer, avec une pointe de jalousie dans les yeux. Le couvre-feu étant bientôt passé, il s'agissait d'être discrets pour éviter de se faire prendre par un professeur. Et une bande de filles de Gryffondor pouffant et riant à voix basse sous les regards désapprobateurs des portraits n'était pas des plus discrets. N'ayant pas l'intention de se faire prendre avant d'être arrivée, Cassandre attrapa le bras de Lisa et vira soudainement sur la droite, sans que leurs camarades ne les remarque.

- On ira plus vite par là, expliqua-t-elle.

Et on se fera pas prendre par les professeurs, aussi. Elles finirent par arriver à la porte de la salle sans dommages et pénètrent à l'intérieur. Elle n'avait pas idée de là où elle était, mais Cassie se doutait bien que la décoration n'était pas naturelle. Et c'était plutôt sympa. Elle promena son regard sur les élèves déjà arrivés quand Lisa pressa subitement son bras, désignant un septième année vêtu d'un bleu électrique.

- Lui, je veux bien lui prêter ma robe, souffla-t-elle.

Cassandre lui jeta un regard surpris. Mark Cory, le directeur musical du Club des Supporters de Serdaigle, n'était pas désagréable à regarder mais il était bien plus âgé, tout de même.

- Il a dix-huit ans ! répondit Cassandre. Et tout le monde sait qu'il craque sur Harrington depuis des années. Enfin, tout le monde sauf elle, quoi.
- Et Harrington n'est pas là ! lança Lisa, ravie. Donc je t'abandonne, désolée Cassandre !

Cassie observa sa camarade s'éloigner et aborder Mark, un grand sourire aux lèvres. C'était bien une Gryffondor, tiens. Et si en temps normal cela ne la dérangeait pas de rester seule, elle avait envie de rester avec des gens ce soir, surtout que les autres commençaient à arriver. Elle aperçu Nora mais elle était avec Irving et elle n'avait pas très envie de les déranger. L'une des premières choses qu'elle avait remarqué chez Nora, c'est qu'elle craquait sur Irving. Et elle était persuadée que c'était réciproque chez son ami, malgré cette passade Samantha Miller. Passade terminée, d'ailleurs, et tant mieux. Et s'ils pouvaient se retrouver en tête à tête, elle n'allait certainement pas aller les déranger. Un autre ensemble jaune poussin attira son regard et elle se dirigea vers Théo Nott, tout seul dans son coin, l'air visiblement prêt à faire la fête jusqu'au bout de la nuit.

- L'enthousiasme qui se dégage de toi est transcendant, Théo, lança-t-elle un peu narquoise.

Elle jeta un coup d'oeil aux bouteilles mais elle n'avait pas très envie de consommer de l'alcool. Elle n'en n'avait jamais bu - la Bierraubeurre ne comptant pas - et n'avait pas très envie de commencer maintenant. Elle tenait à garder les idées claires, ne savait-on jamais. La soirée de l'année dernière avait eu quelques dérapages et elle préférait être au mieux de sa forme au cas où. Et sachant ce qu'elle était capable de dire sobre, elle n'imaginait pas le résultat alcoolisé.

- Ça ne va pas ? Tu ressembles pourtant à un petit soleil rayonnant de joie et de bonheur, c'est presque mignon, ajouta-t-elle en désignant sa tenue.

Son surnom de Poussin -avec lequel Irving adorait l’embêter- n'avait jamais été aussi approprié, songea Nora en se regardant une dernière fois dans le miroir avant de quitter la salle commune. Elle était jaune des pieds à la tête à un point que cela faisait presque mal aux yeux. Elle irradiait littéralement de luminosité, impression qui n'était que renforcée par ses longs cheveux clairs. Elle avait du user d'un peu de magie pour teindre quelques-uns de ses vêtements car si elle n'avait eu aucun mal à trouver un débardeur jaune canari, il avait été bien plus difficile de se procurer un short et des ballerines de cette couleur. Mais il avait suffit de quelques coups de baguette pour que Nora se retrouve avec une panoplie complètement jaune, des boucles d'oreille à la ceinture.

Elle ne tarda pas à sortir du dortoir en compagnie d'Artémis et de Jane et sourit en découvrant une salle commune entièrement peuplée de poussins. Elles prirent le septième étage et passèrent tout le trajet à se demander où la soirée allait avoir lieu, Nora ne se souvenait pas d'une salle de classe assez grand pour accueillir tout le monde, sans doute Ashley et James avaient-ils utilisé un sortilège d’agrandissement. Quelle ne fut pas sa surprise quand John, un sixième année, les invita à entrer dans une pièce qu'elle n'avait jamais vu auparavant. Elle nota mentalement l'emplacement du lieu de la soirée, sans penser au fait qu'elle serait incapable de s'en souvenir le lendemain. Ses yeux s'arrondirent se surprise quand elle découvrit l'intérieur de la pièce. Les murs, aux couleurs des quatre maisons, étaient la seule source de lumière et donnait à l'endroit une atmosphère spéciale. La couleur des vêtements ressortait, bien qu'ils soient quasiment plongés dans l'obscurité, c'était une idée de génie.

Nora aperçut une silhouette toute jaune qu'elle identifia comme étant James et elle se dirigea vers lui pour le féliciter, abandonnant Artémis et Jane derrière elle. Elle s'était promis de garder un œil sur la première, au cas où elle lui découvrirait des fréquentations qui pourraient expliquer ses récents changements de personnalité, mais elle pourrait tout à fait la surveiller de loin, discrétion serait le maitre mot. Une table sur laquelle était posées des bieraubeurres croisa sa route et elle en attrapa une. Elle fut surprise de croiser Lauren McGowan parmi la foule, et baissa les yeux quand celle-ci lui jeta un regard féroce. Elle fut encore plus étonnée de tomber sur Sean Fitcher, qui était réputé pour être assez...solitaire, mais elle lui sourit et lui proposa d’échanger sa ceinture jaune contre sa cravate bleue.Incapable de l'attacher correctement, elle noua la dite cravate autour de sa taille et reprit sa route. Elle ne parvint toutefois jamais jusqu'à James, qu'elle perdit de vue plusieurs fois, mais finit par retrouver Irving qui lui tendit un verre de whisky-pur-feu en affirmant que c'était un crime que de se contenter de bieraubeurre toute la soirée. Elle éclata de rire, attrappa le verre et le vida cul-sec, sous les encouragements de son meilleur ami. Ça brûlait la gorge, et ce n'était pas très bon, mais c'était drôle, et ça mettait tout le monde de bonne humeur, alors elle accepta un second verre.

Elle vida ce deuxième verre pour fêter la fin des BUSE, puis un Poufsouffle vint trinquer avec elle et elle vida un troisième verre pour leur victoire à la coupe de Quidditch. Elle but aussi à la retraire de Dérébusor, aux vacances, à l'anniversaire d'elle ne savait plus trop qui, et ainsi de suite. Il y en avait, des choses à fêter. Quelques minutes s'écoulèrent, ou quelques heures, elle ne savait pas trop, et elle se retrouva vite d'excellente humeur. De trop bonne humeur. Elle n'avait bu que deux ou trois verre de Whisly pourtant, mais il fallait croire qu'elle n'avait pas une très bonne résistance à l'alcool. Elle riait à toutes les blagues nulles d'Irving, et même quand il ne faisait pas de blague. Même quand il ne parlait pas à vrai dire. Elle avait un serre-tête vert sur les cheveux mais ne parvenait pas à se souvenir de comment il était arrivé là, bien qu'elle ait un vague souvenir d'une jeune fille brune qui le lui aurait prit en échange d'une ballerine. Quoiqu'il en soit elle se retrouvait à moitié pieds-nus, et essayait tant bien que mal de tenir en équilibre sur un pied, en vain. Alors qu'elle s'effondrait une nouvelle fois contre le mur bleu en riant, Irving la releva en l'attrapant par le bras et la jaugea du regard avant de faire remarquer qu'il lui manquait quelques chose de rouge. 

"Passe moi ton t-shirt ! s'exclama-t-elle sans cesser de rire comme une idiote. Moi j'te passe le miens, t'as pas de jaune." 

Si elle avait été moins euphorique, elle serait devenue écarlate en réalisant ce qu'elle venait de dire, et de toute façon elle ne l'aurait jamais dit. Elle lui aurait proposer son bracelet ou quelque chose du genre. Au lieu de quoi elle aida le Gryffondor à se débarrasser de son t-shirt dans lequel il était empêtré. Sans une once d'hésitation, elle ôta le sien, révélant un soutient-gorge jaune pâle, en enfila aussitôt celui d'Irving, trois fois trop grand pour elle. Elle marmonna quelque chose à propos du fait que cela lui faisait comme une robe, avant de relever les yeux vers son ami qui fixait son débardeur jaune d'un regard vide. Il fallut environ trente secondes de réflexion à Nora pour réaliser que ce dernier était beaucoup trop petit pour son camarade, ce qui provoqua un nouvel éclat de rire. 

"Attends, ordonna-t-elle en se rapprochant de lui d'une démarche mal assurée. Elle s'empara du débardeur et entreprit de le nouer autours du bras du Gryffondor. Quand elle y parvint enfin, après trois vaines tentatives, il la remercia d'un sourire et l'observa longuement. Ils passèrent quelques secondes à se regarder sans rien dire et Nora sentit ses mains devenir moites sans qu'elle ne sache pourquoi. T'as pas de vert non plus, lâcha-t-elle finalement. Je te mets au défi de piquer un truc à McGowan !" ajouta-t-elle en éclatant de rire.

Elle ne comprit pas l'air déçu qui passa momentanément sur le visage de son ami et fronça les sourcils en le voyant s'éloigner, sans doute à la recherche de quelques chose de vert. Elle finit par hausser les épaules et crut se souvenir qu'elle avait parlé de surveiller Artémis, or elle n'avait pas revu cette dernière depuis le début de la soirée. Nora se lança alors dans une mission de la plus haute importante : retrouver Artémis, et retrouver sa chaussure gauche. Elle se fraya un chemin parmi la foule, demandant à quelque personne qu'elle connaissait si elles n'avaient pas vu l'un ou l'autre de ses objectifs. Elle finit par s'arrêter à coté de quelqu'un qui portait déjà plusieurs couleurs sur lui et lui adressa un signe de la main pour le saluer.

"Salut, lança-t-elle avec un sourire. Ça va ? Elle était loin d'être si extravertie d'habitude, mais l'alcool la rendait étrangement téméraire. D'un autre coté, elle préférait ça plutôt que de se mettre à déprimer après quelques verres de whisky, comme cela semblait être le cas de Kelsey Lorgan qui n'avait pas l'air au mieux de sa forme. Moi j'ai perdu ma meilleure amie...Et ma chaussure aussi. Elles vont m'en vouloir tu penses ?"

Clara se regarda dans le miroir, très satisfaite de sa tenue. Lorsqu'elle avait lu le thème de la soirée de fin d'année, son premier réflexe avait été d'aller trouver James pour lui hurler dessus. S'habiller en une seule couleur, quelle idée! Le ton sur ton était une faute de goût impardonnable, et Clara refusait tout net d'être une horreur ambulante. Elle avait beau ne pas adorer la mode, elle avait l'habitude d'être bien habillée et préférait largement qu'on admire sa façon d'être plutôt qu'on se moque de sa tenue. Puis la jeune Serpentard avait réfléchit deux minutes et envoyé un hibou à Stefan pour lui commander trois tenues pour cet évènement. Son aîné avait accepté de garder leur petit secret jusqu'à l'été, aussi Clara était-elle moins méfiante à son encontre. Et puisqu'il aimait la mode, autant en profiter! Elle lui avait succintement expliqué le principe pour qu'il crée ses tenues. Succintement, car elle soupçonnait Stefan d'être comme tous les grands frères et qu'il n'aurait pas apprécié que sa soeur échange ses vêtements dans une salle remplie de garçons, d'alcool et de mandragore. Aussi Clara avait-elle juste dit qu'elle voulait trois tenues pour Emma, elle-même et Amely entièrement aux couleurs de leurs maisons respectives. (James avait été exclu de l'offre. Il avait eu cette idée saugrenue, qu'il assume!)

Lorsqu'elle avait reçu les croquis de son frère, elle avait apporté quelques légères modifications. Celle d'Emma avait un tel décolleté à la base qu'elle savait que sa camarade ne le mettrait jamais, et elle doutait que la très propre Amely accepte de se ballader avec des manches à l'effet déchiré. Puis la jeune Serpentard s'était rendue à la salle des arts pour réaliser les tenues. Ca, elle savait faire. C'était l'imagination qui lui faisait défaut, pas la technique. La seule imagination qu'elle avait était cachée sous son lit, dans des carnets de croquis remplis des merveilleux bâtiments qu'elle avait vu à Milan. De cette expérience, Clara avait imaginé une montagne de constructions toutes aussi fantasques les unes que les autres. Elle n'en avait parlé à personne. C'était son secret, sa nouvelle passion, une passion qui ne verrait hélas jamais le jour.

Mais le moment n'était pas à l'amertume. La jeune fille se regarda dans le miroir, admirant la façon dont les différents tons de vert se mariaient sur elle. Elle portait des chaussures vertes vif avec de petits talons compensés, un petit serre-tête dans les mêmes tons, ainsi que des bracelets un peu plus sombres. Elle avait un haut vert clair, un peu transparent et ample, aux manches mi-longues. Quant à sa jupe, elle était tout aussi aérienne bien que plus foncée. Clara avait multiplié les accessoires car, si échanger ses vêtements ne la dérangeait pas, elle savait qu'elle ne refuserait pas un échange qu'on lui demanderait et n'avait pas envie de se retrouver en soutien-gorge devant n'importe quel garçon libineux de septième année bis. 

"Emma, c'est bon, tu es prête?!" demanda-t-elle en toquant à la porte de la salle de bain. "Oh, ça te va à ravir! Viens, on prend une photo!" Elle avait sorti son appareil avant que la jeune Blackonnes ait pu protester, et fit quelques clichés. "Autant prendre des souvenirs pendant qu'on est présentables..."

Clara entraîna ensuite Emma hors de leur dortoir. Elle se fichait bien que Cécilya vienne ou non à la soirée, et comptait rejoindre Amely avant de se rendre au mystérieux lieu de rendez-vous. Elle embarqua son appareil, qu'elle avait miniaturisé en pendentif d'un collier argenté - et donc qu'on ne lui demanderait probablement pas d'échanger! Les deux Serpentards arrivèrent à l'étage indiqué et patientèrent. Heureusement, la jeune Serdaigle ne tarda pas elle aussi.

"Ca te va très bien!" s'exclama Clara avec enthousiasme, mitraillant la pauvre Amely à son tour. "Bien, maintenant on y va! On est les amies de l'organisateur, il s'agirait de ne pas le faire attendre!"

Et, toute sautillante, elle traîna ses deux amies à l'entrée de la salle. John les laissa rapidement entrer, et Clara oublia presqu'instantanément qu'elle était accompagnée. La décoration de la salle n'était pas classe, mais l'ambiance très boîte de nuit était parfaitement adaptée au thème comme à l'ambiance. Elle se noya dans la foule, sans avoir l'intention de perdre Amely et Emma, mais ne fit pas vraiment attention à ce qu'elles devenaient. Car le but de Clara était clair: James. Il fallait qu'elle le trouve. Elle voulait avoir l'honneur d'échanger la première un vêtement avec le premier Poufsouffle co-organisateur de la soirée!

Clara songea qu'il se trouvait probablement du côté des boissons et joua des coudes pour se frayer un chemin dans cette direction. Alors qu'elle parvenait enfin à destination, un éclat jaune vif lui fit mal aux yeux et elle se tourna vers sa gauche pour découvrir Jordan Nimbus de Pompadour illuminer la pièce avec son mètre quatre vingt habillé de jaune poussin. Le jeune homme tenait une bouteille à la main et se dirigeait vers Samantha Miller. Clara tendit l'oreille malgré elle et entendit leur conversation, comme elle se servait à boire - un verre de Whisky Pur-Feu, et un autre pour son disciple favori, Irving Whitaker, puis pour Emma et Amely... Bon, elle prendrait toute la bouteille, ça irait plus vite.

"Je venais t'apporter à boire mais je vois que tu as trouvé avant moi... Tu me laisses être un gentleman quand même?"

Le jeune homme semblait être concerné par l'état de l'attrapeuse de Serpentard, et Clara se demanda s'il n'y avait pas Strangulot sous roche. Chacun savait que Samantha avait été dévastée par sa rupture avec Irving, et elle soupçonnait l'héritier Nimbus de vouloir profiter de la situation. Mais ce n'était pas ses affaires, elle avait ses propres histoires de coeur à s'occuper. Il fallait donc trouver James. Tandis que JNDP demandait à Miller "comment ça allait", Clara partit donc en quête. Elle évita une gamine de Gryffondor hyper maquillée qui se trémoussait éhontément devant son copain, en répétant sans cesse que son Sirius Black de père était un vrai fêtard. Elle croisa aussi Aaron Finnigan et son inimitable air grognon qui lorgnait Swann Twilfit, mais se détourna pour aller trouver Jeremy Baker. Le Serdaigle portait une tenue bleue sombre qui lui allait très bien, et avait choisi d'être provocateur puisqu'il avait déjà la chemise ouverte. Etrange.

"Hey, Jeremy! Passe moi un truc rouge. J'aurai bien voulu ton short mais je crois qu'il y a d'autres personnes plus intéressées. Et je voudrais pas les avoir aux trousses!"

Clara se détourna, car elle ne faisait pas partie des personnes intéressées par les sous-vêtements de Baker. Cherchant James, elle manqua de renverser Dunkan Yell. Elle s'excusa rapidement, mais le batteur avait apparemment un autre but puisqu'il arriva vers Artémis Nott. Celle-ci était d'ailleurs étrangement habillée. Coincée dans son cheminement par un groupe de personnes, Clara eu tout le loisir de détailler les multiples couches de vêtements que la Poufsouffle portait. Au moins deux hauts différents et deux jupes, le tout surplombant une robe légère qui lui tombait jusqu'aux pieds. En voilà une qui n'avait pas aimé l'idée de James! 

"Salut Artémis! Ca va?" demandait le Serdaigle.
"Salut Dunkan... T'aurais pas vu Nora?"
"Je crois qu'elle est avec un Gryffondor bouclé, j'ai oublié son nom..."
A ces mots, la Poufsouffle se décomposa. Evidemment, songea Clara, elle ne pouvait pas empêcher Irving de flirter avec son âme soeur.
"Ah, bon, je vais aller retrouver Jane alors..."
"Attends! Tu ne voudrais pas échanger un truc avec moi?" 
La jeune Poufsouffle blêmit à ces mots, et Clara la trouva franchement ridicule. Elle n'avait pas du boire assez, celle-ci, pour être aussi coincée.
"Juste ton bracelet!" rajouta le jeune homme, ayant visiblement vu la confusion de sa camarade. 
"Offre lui un verre et redemande-lui après!" s'emporta Clara, fatiguée de ne pas pouvoir avancer. "Et fait de la place!"

Elle n'écouta pas les protestations et bouscula les empêcheurs de chercher en rond pour poursuivre son chemin, repérant enfin son ami à l'autre bout de la salle. Après quelques autres aventures au milieu de la foule, la jeune Serpentard arriva enfin à destination. James était bien entouré, et elle bu une longue gorgée de Whiksy Pur-Feu avant d'écarter les importuns d'autorité.

"Hé, James! Super soirée!" dit-elle avec un grand sourire. "T'en veux?" Elle montra la bouteille mais ne la lâcha pas. "Par contre, il me faut un vêtement jaune en échange. Je crois que ta chemise ira très bien avec ma jupe!"

Heureusement qu'elle avait croisé Irving avant d'arriver jusqu'à James et bu un verre avec lui, sinon sa sortie lui aurait paru beaucoup moins... naturelle. Elle espérait que James accepte, ainsi elle n'aurait plus qu'à retrouver Irving et Amely pour échanger quelque chose. Elle voulait le chapeau d'Irving, il était vraiment très chouette.


[HRP: Aaron et Artémis peuvent être dérangés à tout moment donc n'hésitez pas à aller leur parler^^ Clara aussi mais... elle risque d'être grognon  (cela dit Emma et amely vous avez pu être avec elle depuis le début!]

« Eva ? Bouge-toi, ça fait une heure que t’es dans la salle de bain ! J’comprends que tu veuilles plaire à Horace, mais à ce rythme là, la soirée sera terminée lorsque tu sortiras… » déclara Juliet en haussant la voix pour se faire entendre, alors qu’elle passait plusieurs bracelets de différents tons de rouges à ses poignets. Un sourire s’étira sur ses lèvres alors que sa camarade grognait derrière la porte. L’attirance du commentateur pour la jolie Gryffondor n’était un secret pour personne, et la jeune fille soupçonnait même quelques élèves de faire des paris sur eux… Pourtant, du côté d’Eva, rien ne trahissait si elle s’intéressait ou non à Horace, et il fallait dire qu’elle n’abordait que très peu le sujet. Comprenant que visiblement son amie ne comptait pas sortir de la salle de bain avant plusieurs minutes, Juliet se mit dos à ses autres camarades de dortoir – déjà habillées – retira son tee-shirt blanc pour en enfiler un rouge – large – avec l’inscription « Gryffindor rules the universe » sur le devant. Celui là, elle devait impérativement le donner à quelqu’un. S’emparant d’un serre-tête – toujours rouge – elle le positionna dans ses cheveux, et s’assit sur son lit pour mettre des chaussures rouges à talons compensés. Se relevant, elle tourna la tête vers Eva, qui venait de sortir de la salle de bain habillée d’un long tee-shirt difforme, et se dirigeait vers ses vêtements, posés sur un lit à baldaquin. Elle avait débarqué dans son dortoir un peu plus tôt dans la journée, alors que Juliet sortait à peine de la douche, et l’avait supplié de lui laisser utiliser sa salle de bain, puisqu’une de ses camarades monopolisait la leur. Aussi, sans faire de difficultés, la jeune fille avait accepté, ainsi qu’Olivia et Rebecca – bien que cette dernière avait décrétée vouloir passer avant, revendiquant le droit d’ainesse. Dès sa sortie de la salle de bain, Eva s’était donc précipitée à l’intérieur, leur promettant d’être "rapide". Enfin, Juliet s’en fichait un peu, et n’était pas du genre à râler contre ses amis pour des choses si infimes – sauf sur Olivia, mais c’était plus pour la forme qu’autre chose, elle se plaisait à taquiner sa meilleure amie.
Se dirigeant donc vers la salle de bain, elle essuya d’un geste de bain la buée qui s’était formée sur le miroir, ouvrit sa trousse de toilette et entreprit de se maquiller. Cette activité terminée, elle quitta rapidement la salle d’eau, et complimenta son amie sur sa tenue, qui malgré sa couleur unique lui allait comme un gant.

« Merci ! Dans le genre rouge, je dois avouer que tu n’es pas trop mal non plus… » sourit Eva.

Tournant sa tête vers le miroir, Juliet observa son reflet. C’était… Rouge. Très rouge. De son tee-shirt, au débardeur qu’elle portait en dessous, jusqu’à son short, son collant, ses chaussures, et ses accessoires – bracelets et serre-tête – le résultat était… Lumineux. Pas forcément horrible – elle avait réussi à superposer plusieurs teintes de rouges – mais elle avait hâte de récupérer d’autres couleurs. Il fallait dire qu’elle avait été emballée par le thème de la soirée. C’était sympa, comme idée, et original. Passant une main dans ses cheveux pour éliminer les éventuels nœuds, elle hocha la tête en signe d’approbation au « On y va ? » d’Eva, et dévala avec elles les escaliers qui menaient à la salle commune, qu’elles traversèrent rapidement sous le regard courroucé des plus jeunes, qui n’avaient pas encore l’âge de participer à la célèbre soirée de fin d’année et devaient regarder leurs aînés s’y rendre. Longeant les murs de Poudlard, et s’attirant les murmures désapprobateurs de différents tableaux, les deux jeunes filles montèrent les escaliers pour arriver au septième étage où un Poufsouffle, plus jeune qu’elles, leur souhaitèrent de passer une bonne soirée avant de s’effacer pour les laisser passer la porte. Clignant des yeux pour s’habituer à la lumière – ou au manque de lumière, d’ailleurs – Juliet éclata de rire avant de tirer Eva par la main pour l’entraîner un peu plus loin dans la salle. Une fois ses yeux accoutumés à l’obscurité, la jeune fille balaya la salle du regard afin d’y trouver un visage familier, alors que son amie la quittait avec un vague « J’vais retrouver quelqu’un, j’reviens. ». Juliet tenta de la suivre du regard, mais la perdit de vue bien rapidement. Attrapant donc un verre, elle fit quelques pas et avisa Théo Nott, qui semblait discuter avec Cassandre Harper. Se dirigeant vers elle les salua avec un grand sourire, avant de s’adresser au Poufsouffle.

« Théo ? Tu me files un truc jaune ? » demanda-t-elle avant de réfléchir à ce qu’elle pourrait bien lui donner de rouge, en échange.

Elle esquissa un sourire malicieux avant de porter ses mains à sa tête, de saisir son serre-tête, libérant ainsi ses cheveux, et finit par le poser sur la tête de son ami.

« Ça te va à ravir ! » déclara-t-elle avant d’éclater de rire.

Elle noua la cravate jaune que lui tendait Théo autour de son cou, avant de la desserrer un maximum – il commençait déjà à faire chaud. Elle remercia le jeune homme, jura de repasser le voir dans la soirée, et recula.

« Désolée du dérangement, je vous laisse ! » s’excusa-t-elle avant de s’éclipser.

Se rapprochant du bar, elle posa le verre, désormais vide, qu’elle avait dans la main, et en saisit un autre, avant d’observer un peu les alentours. A quelques pas d’elle, à peine, l’un des organisateurs de la soirée – James Carter – se trouvait en compagnie d’une Serpentard qu’elle connaissait parce qu’elle était présente au réveillon chez Irving, à savoir Clara Guipure.

« Salut Clara ! Merci ! » s’exclama-t-il avant de porter un regard intéressé sur la bouteille qu’elle avait dans la main. Pour finir, il la dévisagea longuement, avec un sourire amusé. « Ma chemise… ? » demanda le jeune homme en faisant mine de réfléchir. Finissant d’une traite le verre qu’il avait dans la main, il le reposa en riant. « C’est toi l’experte en mode ! Si tu me dis que le jaune et le vert vont bien ensemble, je te crois… »

Il entreprit alors de défaire un à un les boutons de sa chemise, afin de la lui tendre, restant torse-nu devant elle, la regardant enfiler son vêtement.

« Bon, je ne dis pas non à la bouteille, mais j’ai besoin de vert ! T’as quoi à me proposer ? » questionna le Poufsouffle en se rapprochant de Clara pour entendre sa réponse.

S’éloignant des deux adolescents, Juliet finit par trouver un visage bien agréable : celui de son petit-ami, qui était en compagnie d’Aaron, tout vêtu de bleu. Posant sa main sur l’épaule de Jeremy elle salua les deux garçons, avant de se pencher vers le Gryffondor pour l’embrasser. Se tournant ensuite vers le Serdaigle, elle lui adressa un sourire avant de lui demander :

« Hé, Aaron, tu me passes un vêtement bleu ? En échange j’ai…. Pleins de trucs rouges. » fit-elle en baissant les yeux sur sa tenue qui était uniquement composée de rouge, excepté la petite touche de jaune qu’apportait la cravate de Théo.

S’appuyant contre l’épaule de Jeremy, elle observa le jeune homme, attendant sa réponse.

Théo était occupé à siroter son verre, l'air sombre, quand la voix familière de Cassandre parvint à ses oreilles. Un petit rire le secoua à ses propos, conscient qu'il ne devait effectivement pas dégager une aura de joie et de bonne humeur, avant de redresser la tête. Le regard du Poufsouffle s'attarda quelques instants sur la jeune fille, surpris de la voir si différente des jours d'école où elle portait son uniforme. Elle était très jolie, toute de rouge vêtue, bien maquillée et les cheveux nattés, et lui semblait plus vieille ainsi. Les vêtements jaunes de Théo avaient aussi attiré l'attention de sa camarade puisqu'elle commenta qu'il ressemblait à un petit soleil rayonnant de joie et de bonheur, ce qui eut le don de le faire rire à nouveau. Il était heureux que Cassandre ait l'âge requis pour assister à la soirée, et qu'elle soit venue lui tenir compagnie. Depuis leur première discussion dans le couloir de sortilèges, Théo lui parlait toujours avec plaisir, et il aurait bien besoin de sa conversation ce soir, pour se dérider.

"J'ai connu mieux, c'est vrai. Je me suis disputé avec quelqu'un..."

Théo haussa les épaules suite à cette réponse sibylline, puis s'empressa de détourner la conversation. 

Mais presque mignon, c'est un bon début", répondit-il d'un ton amusé, avant de commenter sa tenue. "Tu es très mignonne toi-même, même si je dois reconnaître que ta tenue est un peu...moldue à mon goût."

Il allait ajouter que le rouge lui seyait bien, pour atténuer la remarque sur l'origine moldue de ses vêtements, quand ils furent interrompus par Juliet. Théo répondit à son grand sourire par un hochement de tête, toujours heureux de croiser la poursuiveuse pleine d'entrain des Gryffondor. Juliet était une jeune fille agréable et facile à vivre, qui ne s'était jamais arrêtée à son nom ou à l'image taciturne qu'il pouvait renvoyer parfois, et ne lui en avait pas voulu non plus pour sa rupture avec Olivia. Théo espérait qu'ils parviendraient à garder contact après Poudlard, même s'il avait conscience que Juliet avait probablement plein d'autres amis plus proches avec qui elle préférerait passer du temps. Néanmoins, l'université magique aurait au moins cet avantage de tous les rassembler quelques heures par semaine, et il était assuré de la croiser de temps à autre.

"Avec plaisir", répondit-il quand elle lui demanda de lui échanger un vêtement.

Après un instant de réflexion, il posa son verre sur la table et entreprit de décrocher sa cravate, avant de sentir quelque chose se poser sur sa tête. Quand il comprit que Juliet venait de lui poser un serre-tête, objet décoratif purement féminin sur la tête, il fit une drôle de tête et faillit s'offusquer. L'expression mourut néanmoins sur ses lèvres quand il vit Paige tenter d'enfiler un bracelet vert au poignet de Damien. Théo ne serait probablement pas le seul garçon à porter des attributs féminins, ce soir, et ce n'était pas en râlant pour si peu qu'il allait réussir à s'intégrer et à s'amuser... De toute façon, l'alcool qui commençait déjà à couler dans ses veines l'aiderait vite à oublier le serre-tête dans ses cheveux.

"Bonne soirée !", lança-t-il à Juliet avant qu'elle ne s'éloigne.

Reportant son attention sur Cassandre, il lui adressa un demi-sourire et lança :

"Sans commentaires."

Puis il voulut reprendre son verre et vit que son interlocutrice avait les mains vides, ce qui était proprement inacceptable. Théo se demanda quoi lui proposer, ne sachant pas si la jeune fille se laisserait tenter par un verre d'alcool à son âge. La Serpentard qui venait de le quitter n'avait pas l'air plus vieille, cela dit, mais Cassandre n'avait pas de coeur brisé à guérir, elle...

"Je te sers quelque chose ? Jus de citrouille, biéraubeurre... Ou quelque chose de plus fort ?"

Une fois qu'elle lui eut répondu, il s'occupa des boissons puis relança la conversation.

"Alors...Hum...Tu m'échangerais un truc moldu ? Je me sens d'humeur à porter du rouge Gryffondor, ce soir, fait exceptionnel je dois dire. Une dose de témérité ne me ferait pas de mal, parait-il."

Tout en la questionnant du regard, il réalisa qu'il avait manqué à la plus élémentaire des règles de politesse en omettant de prendre de ses nouvelles, et ajouta :

"Et toi, comment vas-tu, au fait ?"

Campée devant le miroir, Amely observait d'un œil sceptique ses cheveux blonds détachés, épars sur ses épaules, disciplinés par deux fines tresses en couronne nouées par un nœud bleu. Elle posa ensuite son regard sur le haut plutôt large et assez long qu'elle portait, à rayures bleues et bleues-grises, cintré par une ceinture d'un bleu beaucoup plus sombre. La jupe bleue foncée, elle, s'arrêtait au dessus du genou et était relativement serrée, tandis que ses ballerines étaient du même ton que sa ceinture et le nœud de ses cheveux. Par sécurité, Amely avait ajouté à sa tenue quelques breloques inutiles comme des bracelets bleu ciel et s'était attaché autour du cou une écharpe-foulard bleue pâle, légère et presque transparente. Si ça n'avait tenu qu'à elle, elle aurait enfilé sans état d'âme les vêtements au couleur de la maison, le souci de l'esthétique exempt de son esprit : de toute manière, elle aurait fini la soirée dans les habits des autres ! Mais elle devait ce bel agencement de teintes à Clara qui avait fourni à Emma et elle ces tenues si travaillées. Amely devait d'ailleurs les rejoindre devant l'entrée de la fête, et la ponctualité étant son maître-mot, elle se hâta de sortir de la salle de bains pour ne pas être en retard. Précédée de Violet et de Pilli, elle quitta sa salle commune et grimpa au septième étage.

« Salut les filles ! s'exclama-t-elle en accostant les deux Serpentard, Vous êtes très jolies en vert ! »

Clara lui renvoya le compliment et la mitrailla à l'aide de son appareil-photo magique, puis déclara qu'elles ne devaient pas faire attendre le co-organisateur de la soirée et les entraîna à l'intérieur. Pour ne pas la perdre, Amely lui attrapa la main au moment où un Poufsouffle dont elle ne connaissait pas le nom les faisait entrer dans une pièce étrange. Les couleurs des quatre maisons étaient présentes partout où on pouvait poser les yeux et une lumière tamisée émanait des murs, éclairant la salle inconnue et les élèves bariolés. Ashley et James avaient fait du bon travail, il fallait qu'Amely aille le leur dire, mais où les trouver ? Elle avait déjà perdu de vue Emma et Clara se fondit dans la foule, disparaissant de son champ de vision. Amely se fraya un passage au milieu des élèves, évita de justesse la Bièraubeurre qu'un cinquième année de sa maison, Alfred Cattermole, renversa accidentellement sur elle et arriva enfin dans un coin plus calme. Elle aperçut non loin de là Ashley et renonça à aller le féliciter au moment où Violet Reynolds déboulait dans l'intention d'aborder son cousin. Ne tenant pas plus que ça à écouter les invectives sa camarade de classe, Amely abandonna le pauvre Gryffondor aux griffes du dragon et se dirigea vers les boissons. La majorité de celles-ci étaient alcoolisées si bien qu'elle leur jeta un regard plein d'animosité.

En plus d'être illégale, la soirée de fin d'année prenait soin de transgresser presque toutes les règles de cette école, ce que la Serdaigle désapprouvait grandement. Elle avait bien sûr entendu parler des débordements de celle de l'année précédente, et contrairement aux autres troisième année regrettant de n'avoir pas eu le droit de s'y rendre, elle avait été ravie d'avoir une excuse de béton pour s'y soustraire. Cette année cependant, c'était James qui l'organisait et tous ses amis s'y rendaient, elle s'était donc sentie obligée d'y aller. D'autant plus que c'était un bon moyen de passer du bon temps maintenant que les examens étaient terminés, et apparemment, le reste de l'école avait raisonné de la sorte. Excepté la préfète Harrington, quasiment tous les Serdaigle étaient présents ce soir-là, des plus solitaires comme Sean Fitcher aux plus bougons, comme Aaron Finnigan. Amely vit même la Capitaine de l'équipe de Serpentard, seule, accoudée au bar, ruminant sûrement ses défaites. Elle était vêtue d'un béret vert foncé lui retombant sur l'oreille, un chemisier vert très pâle, sa cravate lâche aux couleurs de sa maison, une jupe bien plus foncée, des collants fins et des bottines. Au vu des guêtres et des mitaines qu'elle portait, elle aussi avait pris ses précautions, mais aucune tâche de couleur ne venait égayer sa tenue vert vomi, ni ses yeux sombres.

James était torse-nu, Clara enfilait une chemise jaune poussin, Emma se servait un verre de Whisky-Pur-Feu. Amely les aperçut enfin et un sourire rayonnant illumina son visage, se transformant en rire devant la grimace de la rouquine. Elle se lança dans la cohue pour les rejoindre, se faufilant entre les élèves comme lors des matchs de rugby. Sans surprise, elle sentit son nœud bleu se défaire mais rester attaché à sa place, libérant une des deux tresses qui s'emmêla avec le reste de sa chevelure. Lorsqu'elle atteignit ses amis, ses joues pâles étaient rosies par l'agitation. Elle arriva à côté d'Emma et lui passa machinalement un bras par dessus l'épaule.

« Hé Emma, tu me passes un habit vert ? »

Puis elle dit à Clara avec un sourire sincère :

« Le jaune te va très bien ! »

Pour finir, elle s'adressa à James :

« Vous avez fait du super boulot, félicitations ! »

Elle remarqua la bouteille de Whisky qui se trouvait entre ses deux meilleurs amis et ajouta :

« Mais ne comptez pas sur moi pour avaler une seule goutte d'alcool ce soir, même sous la torture ! »

Après avoir salué Nott, Samantha s'éloigna de quelques mètres, son verre en main. Elle n'avait aucune envie d'être sociable ni de se dévergonder ce soir, et se contenterait très bien d'une soirée calme en compagnie de Dave dans un coin de la salle. Elle l'écouterait parler finances et actualité politique d'une oreille tout en observant ses camarades de l'autre, jusqu'au moment où il attirerait son attention en disant quelque chose de révoltant qu'elle ne pourrait pas laisser passer. Un débat endiablé s'engagerait alors, peut-être ponctué par quelques grognements de Lauren si son amie montrait le bout de son nez. Sam n'était pas persuadée qu'elle serait très emballée par la perspective d'échanger des vêtements avec des Gryffondor et autres Poufsouffles éméchés, contrairement à Dave qui y voyait là une occasion unique et rêvée d'approcher quelques unes des créatures populaires de leur année. Quoi qu'il en soit, pour l'instant, aucun de ses deux camarades n'avait daigné l'illuminer de sa présence. Contrairement à Jordan Nimbus de Pompadour, qui venait de se matérialiser devant elle, tout de jaune vêtu... 

"Je venais t'apporter à boire mais je vois que tu as trouvé avant moi... Tu me laisses être un gentleman quand même?"

Samantha lança un regard morose au jeune homme, claquant la langue contre son palais avec agacement. Par Merlin, il était toujours là quand il ne le fallait pas, celui-là ! Ne voyait-il pas qu'elle avait l'air aussi enthousiaste qu'un condamné au baiser du détraqueur et qu'elle n'aspirait qu'à une chose, la tranquillité ? Samantha ne se sentait pas d'assez bonne humeur pour l'une de leurs joutes verbales, ce soir. Sa vie avait été suffisamment mouvementée ces derniers temps, entre sa cuisante défaite au Quidditch, sa douloureuse rupture avec Irving, sa mésaventure avec Jayden et ses épreuves de BUSEs... Ce soir, rien que ce soir, elle souhaitait oublier un peu tout ce qui avait tourné de travers dans sa vie ces derniers mois, et quelque chose lui disait que Jordan ne l'aiderait en rien. Oh, certes, l'héritier Nimbus était toujours très gentleman avec elle, mais elle n'était pas dupe. Ils n'avaient strictement aucuns points communs et vivaient dans deux mondes très différents. Essayait-il vraiment de lui faire croire qu'il s'intéressait sincèrement à elle ? Non, il était comme les autres, il voulait simplement jouer avec elle.

Dommage, songea-t-elle un instant en l'évaluant du regard, critiquant intérieurement sa tenue pour ne pas reconnaître qu'elle lui allait plutôt bien, et qu'il était tout de même plutôt mignon, au fond. Sam ne pouvait pas se laisser aller à ce genre de pensées. Une fois passait, mais deux, c'était déjà trop... Alors elle ne se ferait pas avoir trois fois. Il était temps qu'elle cesse d'être naïve, songea-t-elle avec une once de colère. Elle n'était pas une bonne poire de Poufsouffle, par Salazar ! Elle aussi pouvait jouer... Mue par une soudaine impulsion, elle s'abstint d'envoyer Jordan sur les roses et descendit la fin de son verre d'un trait, avant de saisir celui qu'il lui avait apporté.

"Merci, mon verre était vide", répondit-elle avec un sourire ironique. 

Jordan prit alors de ses nouvelles et Samantha haussa les épaules avec fatalité, avant de répondre :

"Ça pourrait aller mieux, j'imagine. Cette soirée va me faire du bien. Et toi, comment ça va ?"

Tout en l'écoutant, elle sirota son verre en grimaçant légèrement tandis que l'alcool amer emplissait son palais. Ce n'était peut-être pas l'idée du siècle, tout cet alcool. Elle était restée très sage l'an passé, lors de la soirée mousse et mandragore, et n'avait rien consommé d'illicite. Sa seule réelle expérience alcoolisée se limitait au réveillon de nouvel an chez Irving, et elle n'avait pas abusé. Ce soir, en revanche, Sam se sentait d'humeur à tester quelque chose de nouveau, et à voir si l'état d'ivresse la rendrait réellement euphorique. Elle n'avait pas été euphorique depuis trop longtemps...

"Tu m'échanges quelque chose ?", demanda-t-elle en l'observant avec un air de défi. "Je suis sure que le vert Serpentard t'ira à ravir. Je me passerais bien du jaune Poufsouffle, en revanche, mais c'est le jeu..."

Son regard tomba par inadvertance sur Nora et Irving un peu plus loin et son visage se ferma instinctivement. Après quelques secondes d'absence, Sam s'obligea à reporter son attention sur son interlocuteur, qui tombait plutôt bien, tout compte fait. L'adolescence n'avait pas envie d'être toute seule pendant que le garçon qu'elle aimait lui infligeait le spectacle pathétique de son flirt avec Weaver... 

"Alors ?", lança-t-elle d'un ton enjôleur. "Elle vient, cette chemise ?"

Puis elle ôta le t-shirt ample et un peu transparent, à paillettes, qu'elle portait par dessus un débardeur émeraude, avant de le tendre au jeune homme. Si avec ça, Jordan n'attirait pas l'attention !

C'était le pauvre Samaël Smith qui allait devoir subir les réflexions alcoolisées de Nora, heureusement celui-ci ne l'envoya pas balader, allant même jusqu'à lui répondre que sa chaussure ne lui en voudrait surement pas de l'avoir abandonnée. La jeune fille hocha lentement la tête. Oui, c'était ce qui était bien avec les chaussures, ce n'était pas trop susceptible. Sans doute parce que ça ne pouvait pas penser, une chaussure, étant donné que c'était un objet. Mais il fallait toujours se méfier des objets, une armure lui avait flanqué une peur bleue un jour, alors qu'elle rentrait à sa salle commune un peu après le couvre feu. Bref. En tout cas, celle qui risquait de lui en vouloir, c'était Artémis, cette dernière n'avait pas parut emballée par le thème de la soirée et Nora lui avait assuré qu'elle resterait avec elle, sans lui préciser que c'était en partie pour la surveiller. Il faudrait absolument qu'elle retrouve son amie pour passer au moins un moment en sa compagnie.

Samaël semblait dans la même situation qu'elle puisqu'il affirma avoir perdu son copain lui aussi, et se demandait s'il lui en voudrait. Nora haussa les épaules. Elle ne savait pas qui était ce copain en question et ne pouvait donc pas savoir s'il lui en voudrait. Si c'était Anton Smith, il allait certainement lui en vouloir, si c'était Jeremy Baker, il serait sans doute plus conciliant. Tout dépendait de s'il s'agissait de quelqu'un de rancunier ou pas, comme une chaussure.

"Je sais pas...C'est qui ton copain ?"

Alors qu'elle posait la question, elle s'interrogea sur le sens du mot copain. Est-ce que Samaël faisait référence à un ami, ou à un petit-ami ? Nora se souvenait parfaitement du coming-out de son batteur préféré lors du réveillon chez Irving, alors il était tout à fait possible qu'il s'agisse d'un copain au sens romantique du terme. Elle était contente qu'il ait trouvé quelqu'un, Samaël était vraiment un garçon gentil, elle l'aimait bien. C'était dommage qu'il ait perdu cette personne par contre. D'ailleurs le mot "perdre" prenait soudainement un autre sens lui aussi. Pourquoi tous les mots voulaient-ils dire plein de choses différentes ? C'était tellement compliqué. Samaël avait-il perdu son copain comme elle avait égaré sa chaussure, ou l'avait-il perdu pour de vrai, après une dispute ou quelque chose du genre ? Il fallut quelques secondes à Nora pour ordonner un peu ses pensées décousues, et quelques seconde supplémentaire pour formuler toutes les questions qui lui venaient à l'esprit.

"C'est un copain-copain ? demanda-t-elle finalement. T'as de la chance, moi j'ai pas d'copain... soupira-t-elle, inconsciente du fait qu'elle n'aurait jamais eu de telles réflexions si elle n'avait pas un peu trop bu. T'es pas obligée de répondre, ajouta-t-elle précipitamment en se rendant compte, enfin, qu'elle était un peu indiscrète. Beaucoup même. Je suis trop curieuse, c'est de sa faute, affirma-t-elle en levant son verre. Je peux t'aider à le retrouver dans la foule si tu veux...Mais je dois sauter à cloche-pied, et je vais tomber. On tient pas bien debout ici, je trouve. Et si tu l'as perdu pour de vrai...Je peux essayer de t'aider aussi, mais je promets rien, je suis pas très douée pour les copains je crois."

Elle se faisait rapidement des amis pourtant, elle n'était pas quelqu'un de particulièrement timide, bien qu'un peu réservée avec les gens qu'elle ne connaissait pas. Elle s'entendait bien avec tout le monde, en général. Mais elle ne savait pas comment s'y prendre pour qu'on la voit comme une petite amie potentielle plutôt que comme une amie. Pour qu'il la voit comme ça, plutôt.  Nora promena son regard parmi la foule à la recherche d'Irving, sans parvenir à le trouver. Maintenant elle avait perdu son meilleur ami, sa meilleure amie, et sa chaussure. Et la raison, aussi, un peu. Et la vue, apparemment, parce qu'elle avait du mal à reconnaitre les gens qui se trouvaient au fond de la pièce. Ils n'arrêtaient pas de bouger, et ça les rendait...flous. Étrange.

Elle aperçut toutefois McGowan qui lui jeta un regard noir. La batteuse était adossée contre un mur, une bière à la main, et semblait vaguement écouter Dave Machebank qui monologuait à ses cotés. Nora remarqua que Lauren ne portait encore que du vert. Un pantalon de camouflage -comme les soldats dans les livres d'Histoire moldue que leur montrait le professeur Mason- et un t-shirt vert foncé par dessus lequel elle avait enfilé une veste en jean kaki dont les manches semblait avoir été arrachées. Nora se promit d'aller échanger quelque chose avec elle plus tard dans la soirée, c'était triste les gens qui n'avaient qu'une couleur, ça lui faisait de la peine. C'était le genre de promesse qu'elle n'aurait jamais faite en étant sobre, demander à McGowan d'enlever un de ses vêtements c'était comme exiger de Dérébusor qu'il reconnaisse que Pluton n'était pas une planète, suicidaire. Mais elle se sentait pousser des ailes ce soir. Elle allait retrouver le copain de Samaël, les réconcilier, retrouver Artémis, retrouver Irving, lui demander d'être son copain, retrouver sa chaussure, et échanger quelque chose avec Lauren. Sacré programme.

Nous étions le 23 juin et Emily MacDougal avait officiellement le droit de se rendre à la soirée de fin d'année. Non pas que cela l'arrêtait les années précédentes. Elle avait plusieurs fois tenté de s'incruster discrètement, ce qui n'avait pas véritablement fonctionné... Cette année, pas besoin de stratagème. Il lui suffisait de s'habiller aux couleurs de sa maison et de se présenter à la porte de la salle. L'adolescente observa son reflet dans le miroir. Le rouge lui allait plutôt bien d'habitude, mais trop de rouge ... Non, ce n'était définitivement pas bon pour les yeux et elle avait hâte d'échanger ses vêtements avec ceux des autres maisons.

Emily avait opté pour un robe rouge qui lui arrivé au dessus des genoux. Elle se souvenait que ce bout de tissu lui avait couté une fortune, mais ce n'était rien pour le porte monnaie des MacDougal. Pas totalement stupide non plus, elle avait prévu de multiples accessoires qu'elle pourrait échanger. Parce qu'elle comptait bien garder sa robe sur elle ! La rouge et or enfila un petit gilet, des chaussures à talons et plusieurs bijoux, tous de la même couleur. Un petit nœud rouge (pour changer !) vint parfaire sa tenue en se glissant dans ses cheveux bruns ondulés. Elle tourna sur elle-même devant la glace puis, s'estimant satisfaite, Emily décida qu'il était temps pour elle de se rendre à la fête.

Comme elle mettait toujours des années lumières à se préparer, toutes les filles de son dortoir étaient déjà parties et elle ne trouva personne pour l'accompagner. Tant pis. Elle traversa seule la salle commune, faisant rêver au passage quelques premières années, et entama son périple à travers les couloirs du château. La brunette était tellement excitée qu'elle ne pensa même pas à ne pas se faire attraper. Par chance, elle ne croisa personne d'autres que des élèves se rendant eux aussi à la soirée.

Elle pénétra à l'intérieur de la salle emménagée pour l'occasion en même temps qu'un groupe d'élève et s'arrêta sur le seuil. L'endroit était décoré de manière...originale et colorée. C'est le moins que l'on puisse dire. Ce n'était pas vraiment à son goût. Il y avait trop de couleur. Mais on ne pouvait pas dire que cela ne respectait pas le thème. C'était tout de même du beau boulot. Emily penserait à féliciter les organisateurs, fière de sa maison, si elle les croisait. Pour l'instant, elle ne voulait pas paraître impressionnée et releva le menton, se frayant un chemin parmi la foule. La pénombre l'empêchait de distinguer les personnes trop éloignées et elle ne trouva pas ses amis tout de suite. Elle remarqua pas mal de personnes qu'elle connaissait de vue.

Là, au milieu de la foule, la chaleur commençait à se faire ressentir. Il valait mieux pour elle qu'elle se débarrasse rapidement de son gilet. Miss MacDougal n'était pas du genre à se laisser abattre. Elle se dirigea vers les boissons. Un petit rafraichissement ne serait pas de refus et cela lui permettrait de prendre ses repères. Elle commença raisonnablement par une bierraubeurre. Il valait mieux y aller progressivement. Après tout, elle avait une image à respecter ! Une fois servie, elle se balada parmi la foule avec son verre. Elle commençait vraiment à avoir chaud et il était temps pour elle de s'amuser. Pas question de garder cette tenue rouge unie toute la soirée. Elle repéra deux poussins... deux Poufsouffle un peu plus loin. Samaël Smith et Nora Weaver. Elle ne les connaissait pas plus que ça, d'autant plus qu'ils étaient plus âgés qu'elle. De plus, le fille MacDougal avait beau être sociable, elle n'aimait pas trop faire le premier pas. Tant pis. Cette soirée était exceptionnelle et puis, si elle en jugeait par le rire alcoolisé de la jeune fille, elle ne s'en souviendrait plus le lendemain. Emily se lança donc, faisant un pas en avant.

"Désolé si j'interromps une discussion sérieuse (elle avait entendu le mot "copain", ce qui n'était absolument pas ses affaires), mais j'ai besoin de jaune. Du rouge ça vous dit ?" Demanda-t-elle avec un sourire que les gens qu'elle ne connaissait pas n'avaient pas l'habitude de voir.

Très honnêtement, Cassandre ne savait pas ce que c'était de se disputer avec quelqu'un. Avec quelqu'un que l'on appréciait, plutôt. Parce que des disputes et des joutes verbales, elle en avait eut. C'était elle qui gagnait le plus souvent, d'ailleurs. Mais se disputer avec quelqu'un qu'elle aimait, ce serait une nouvelle expérience quand cela arriverait. Ses parents avaient du mal à lui refuser quelque chose et elle ne s'était pour le moment pas disputée avec Irving et Nora, ce qui lui ferait sûrement un peu étrange si cela devait arriver. Elle les aimait bien, finalement, et avoir quelques contacts sociaux était loin d'être désagréable. Elle pouvait comprendre que Théo ne soit pas très bien s'il s'était disputé avec quelqu'un même si son coté profondément égoïste songeait que ce qui comptait avant tout, c'était soi-même et qu'il ne fallait pas se faire de souci comme cela pour quelqu'un d'autre, surtout si cela affectait notre humeur. Mais elle avait toujours une conception différente des relations, par rapport à la plupart des gens, si bien-pensants. Devant la brève réponse de Théo, elle comprit qu'il n'avait pas envie de s'aventurer sur ce terrain et elle fit le choix de ne pas s’appesantir plus sur cela.

- J'espère que les choses s'arrangeront, lança-t-elle en s'adossant au bar, à coté de son camarade.

Elle se mordit la langue lorsqu'il affirma qu'elle était très mignonne aussi, se détestant. Elle ne savait pas ce qui lui arrivait en ce moment mais elle détestait cela et elle s’efforçait de limiter les dégâts. Elle avait intérêt à se reprendre très vite. Heureusement qu'elle avait un minimum de maitrise d'elle-même, tout de même, c'était mieux pour sa dignité. Elle n'avait pas bougé un muscle. Il ne manquerait plus que Théo se rende compte de... De quoi, elle ne savait pas, mais qu'il se rende compte de quelque chose. Pour retrouver une contenance, Cassandre se réfugia derrière ce qu'elle maitrisait le mieux : l'ironie.

- Et tu arrives à trouver mignon quelque chose qui soit moldu ? Le Professeur Mason serait tellement fière de toi, ricana-t-elle. Je me suis dis que je pouvais bien essayer ce soir, ajouta-t-elle en haussant les épaules. Mon père ne fera pas de crise cardiaque s'il ne me voit pas.

En réalité, son père ferait une crise cardiaque s'il la savait dans ce genre de soirées. C'est sûr que ça changeait des soirées mondaines, constata-t-elle en apercevant quelques élèves déjà bien imbibés. Elle détesterait perdre le contrôle d'elle-même, ce devait être une situation absolument désagréable. Et vu les rumeurs qui avaient circulé l'année dernière, rien de ce qui ne se passait ici ne resterait confidentiel. Alors autant faire attention à soi. Elle s'apprêtait à reprendre la parole quand Juliet Wilson les interrompit en leur adressant un sourire, auquel Cassandre répondit par un signe de tête. Quand on parlait de rumeurs... Wilson en avait fait les frais cette année et elle avait désormais une sacrée réputation, avec des qualificatifs que Cassie ne se risquerait pas à employer. Elle ne savait pas vraiment ce qu'il en était réellement mais c'était plutôt divertissant à écouter, surtout quand on savait que la mésentente dans l'équipe de Quidditch avait contribué à leur défaite. Et s'il y en avait bien une qui ferait une crise cardiaque en apprenant les bruits qui couraient sur sa petite-fille, c'était bien Mrs Flint. Oh, ça pourrait être intéressant à voir, enfin quelque chose de nouveau dans le monde très fermé des Sang-Pur. Monde parfois un peu ennuyant, il fallait le reconnaître même si elle était heureuse d'y appartenir.

- Parce que tu penses que c'est mon genre de faire des commentaires ? demanda-t-elle en haussant un sourcil, pince-sans-rire, après que Wilson ait abandonné Théo avec un serre-tête rouge dans les cheveux. C'est très seyant, ça va avec tes yeux, ne put-elle s'empêcher d'ajouter sur un ton que Katy Scott lui aurait envié.

C'était étrange, quand même, ce thème. Même si certains appréciaient, mine de rien, remarqua Cassie quand ses yeux se posèrent sur Lisa, qui portait un grand t-shirt bleu plutôt que sa robe rouge de toute à l'heure. C'était... court. Aussitôt, elle chercha Mark Cory du regard et finit par le trouver en grande conversation avec Wendy Mason, la grande amie de Perséphone Harrington, qui était là, contrairement à la préfète. Un autre double se trouvait avec eux, mais Cassandre n'arrivait pas à savoir si c'était Jane Mason ou Beth Mason. Quoi qu'il en soit, Mark Cory ne portait pas de robe rouge moulante mais n'avait plus de t-shirt non plus, seulement une cravate verte autour du cou. C'était indécent, d'ailleurs. Mais outre ses manières, Cassie se demandait très sérieusement qui avait hérité de la robe de Lisa. C'était quelque chose à savoir, ça. Et si Mark n'avait rien de rouge visible sur lui, contre quoi avait-il échangé son t-shirt avec Lisa ? Hum, finalement, elle ne préférait pas le savoir.

- Une Bierraubeurre, s'il te plaît.

Elle ne boirait pas ce soir, et serait sûrement l'une des seules, mais elle n'avait pas envie pour autant de rester au jus de citrouille. Le seul avantage à cela était de savoir qu'elle se rappellerait de tout ce qui pourrait se passer ce soir contrairement aux autres. Elle aurait dû prendre un appareil photo. Elle savait qu'une petite Serdaigle de première année avait une sacrée réputation de commère : puisque Swann partait, le réseau était à prendre et Cassie avait dans l'idée qu'il serait utile d'en connaître l'une des têtes, on ne savait jamais. Cela pouvait toujours servir.

- Toi avec un truc moldu ?

Elle ne put s'empêcher de rire franchement.

- J'espère sincèrement que tu ne te rappelleras pas de cette soirée, Théo, lança-t-elle avec un sourire sincère en retirant son grand t-shirt qui n'arrêtait pas de glisser.

Elle serait bien plus à l'aise sans de toute manière et Théo avait des chances de rentrer dedans, même si ce serait un peu juste. Cassandre était grande, la plus grande de son dortoir et le t-shirt était lâche. C'est juste qu'on avait l'impression qu'il avait été lavé par des Elfes de Maison incompétents, voilà tout.

- Je veux bien quelque chose en échange d'ailleurs, le jaune Poufsouffle sied parfaitement à ma sociabilité naturelle.

Elle n'était pas très en l'aise en simple débardeur en public, elle avait l'habitude d'être bien plus habillée et c'était désagréable comme sensation. Et en plus, elle avait peur d'avoir froid.

- Ta chemise, tiens.

Elle avait sérieusement dit ça ? Elle venait sérieusement de dire ça ? Non, elle n'avait pas pu faire ça, ce n'était pas son genre. Non, décidément non. Elle ne l'avait pas fait. Non. Si. Oh Morgane. Stupide Gryffondor. Penser avant d'agir, Cassandre, réfléchir. Ne pas sortir des choses comme ça ! Si elle pouvait, elle aurait transplané. Loin. En Laponie. Ou au Zimbabwe. Loin. Et sans la chemise de Théo Nott.

- Et ça va très bien, s'empressa-t-elle d'ajouter pour changer de sujet et faire oublier ce qu'elle venait de dire. J'ai bien réussi mes BUSES, je suis confiante, c'était facile. J'espère avoir plusieurs E et jamais en dessous de A. A, c'est déjà limite. Et je pars en France pendant les vacances, ainsi qu'en Hollande. Mon père a encore des contacts, là-bas. Et toi, tes ASPICS ?

Ne parlons plus de chemise. Elle allait assassiner les organisateurs. Et dire qu'elle n'avait même pas bu lorsqu'elle avait sorti cela.

"Merci de l'avertissement Steven, je ferai attention ! Bonne soirée !", s'exclama Théo en rigolant. C'était étrange, non, des ballerines jaunes ? Il n'avait aucune raison d'être au contact de ballerines jaunes, de toute façon. Tandis que son cadet s'éloignait, Théo reporta son attention sur Cassandre pour lui tendre une biéraubeurre, avant de lui demander l'un de ses vêtements. A sa réaction, Théo comprit que l'alcool devait déjà commencer à faire effet puisqu'il était réellement très étrange qu'il veuille porter quelque chose de moldu. L'alcool désinhibait les jeunes filles, dont certaines au prénom commençant par K qui commençaient déjà à aborder des tenues peu appropriées, mais il désinhibait aussi les sangs-purs en leur faisant perdre leur répugnance naturelle envers le monde moldue... Intéressant, nota Théo en son for intérieur, sans s'en formaliser pour autant. Il n'y aurait probablement que Cassandre et lui pour remarquer cette incongruité, et peut-être Artémis si elle était observatrice. Théo devrait bien s'habituer au contact avec le monde moldu s'il devait étudier à cette stupide université galloise, de toute façon...  

Un bref éclat de rire franchit ses lèvres quand Cassandre lui souhaita d'oublier cette soirée, avant de retirer son large t-shirt pour le lui donner. Théo attrapa le tissu tout en laissant brièvement son regard courir sur son interlocutrice. Qu'avait-elle dit, déjà ? Que son père ne ferait pas de crise cardiaque en la voyant ? Buvant de la biéraubeurre dans une soirée clandestine, en simple débardeur, et parlant à un garçon plus âgé ? Il avait un léger doute... Tournant légèrement la tête, il avisa un garçon de cinquième année de Serpentard qui observait Cassandre en salivant d'une façon éhontée qu'il espérait probablement discrète, complètement oublieux de la batteuse de sa maison qui tentait de communiquer. Théo le fixa jusqu'à capter son regard et fronça les sourcils jusqu'à ce que le garçon, mal à l'aise, détourne les yeux. Non mais ! Il n'aimait pas du tout ses manières, à celui-là ! C'était comme Sneals autour d'Artémis, ça, il n'aimait pas.

"Il y a des chances", répondit-il avec un sourire mince, avant de finir son verre d'un trait. "Merci ! Je me sens déjà plus courageux !"

Théo avisa alors Samaël qui discutait avec Nora un peu plus loin. Courageux, vraiment ? S'il était courageux, il ne serait pas en train de discuter avec l'une des seules personnes de Poudlard avec qui il se sentait à l'aise. Non, s'il l'était vraiment, il s'obligerait à sortir de sa zone de confort pour rencontrer d'autres personnes, et surtout pour tenter de reconquérir son amant. Enfin, la soirée était encore jeune.... Pour l'instant, il allait se servir un nouveau verre. Et donner sa chemise à Cassandre, semblait-il ! Comme la jeune fille s'empressait d'enchaîner, Théo eut l'impression qu'elle était légèrement mal à l'aise et il haussa les sourcils avec amusement, se retenant à grand peine de la taquiner. Voir Cassandre Harper gênée, si tant est qu'elle l'était réellement, était un spectacle rare qui devait s'apprécier à sa juste mesure... Ne voulant pas l'embarrasser d'avantage, cependant, Théo continua la discussion comme si de rien n'était, tout en déboutonnant sa chemise. 

"Bravo pour tes BUSE ! Je ne me faisais pas trop d'inquiétudes pour toi, de toute façon. Envoie-moi quand même un hibou pendant les vacances pour me dire tes résultats ! Mes ASPIC se sont bien passés aussi, je suis bien plus confiant que l'an passé, du moins. Je me trompe peut-être mais j'ai l'impression que je n'aurai pas de problèmes à obtenir ce stage au Ministère.'

Théo n'avait pas envie de s'attarder sur le sujet des cours et de l'avenir, pour une fois. Ils étaient là pour s'amuser et pour un oublier un peu le travail passé et à venir... Il décida donc de rebondir sur les projets de vacances de Cassandre, qui s'apprêtait à passer un été de voyages.

"La France et la Hollande, quelle chance !", commenta-t-il avec une pointe d'envie. "J'adorerais aller aux Pays-Bas. Je pourrais peut-être me programmer des vacances d'ailleurs, vu que je n'aurai rien à faire jusqu'en septembre... Je ne crois pas que ma mère ait prévu quoi que ce soit mais quand bien même, je ne tiens pas spécialement à partir en famille."

Des vacances ! Il avait été si préoccupé ces derniers temps, dans sa petite bulle, qu'il n'avait même pas réfléchi à ce qu'il allait faire de son été. Les ASPIC passés, il serait peut-être temps de s'en préoccuper... L'idée de partir quelque part avec Samaël, rien que tous les deux, dans un autre pays où personne ne pourrait les reconnaître fit jour dans son esprit, et il sentit un mélange de culpabilité et d'espoir l'envahir. Il avait tout gâché... Mais peut-être qu'il était encore temps de se rattraper. Il irait le voir plus tard, se promit-il tout en ôtant sa chemise, qu'il tendit à Cassandre.

"Voilà pour ta sociabilité naturelle", commenta-t-il, ses lèvres frémissant en un sourire contenu. Ils avaient l'air fins, tous les deux, songea-t-il en enfilant le t-shirt qui n'avait décidément rien pour lui : rouge, moldu et féminin, et en plus il était un peu trop petit et le serrait. Pour oublier ce désagrément, Théo se servit un nouveau verre avant de s'accouder contre le bar, son regard parcourant la salle un moment avant de se reporter sur Cassandre, portant désormais une touche de jaune.

"Très seyant", reprit-il avec amusement, avant de relancer la conversation. "Tu pars seulement avec tes parents alors ?"

- Tu recherches un stage dans quel domaine ? interrogea-t-elle, intriguée.

C'était toujours intéressant de voir vers quoi s'orientait les gens après Poudlard et puis c'était également pratique pour savoir vers qui se tourner au cas où. Son père appelait cela avoir un réseau. Cassandre n'irait pas jusqu'à utiliser le terme réseau, mais elle voyait le principe et le cautionnait. Enfin, ce n'était pas comme si elle allait en avoir besoin pour le moment, elle n'avait que quinze ans et allait rentrer en cinquième année, elle n'en n'était pas encore au niveau de Théo. Et puis de toute manière, son appartenance à la bonne société lui fournissait déjà un réseau. Il était de coutume de s'aider entre les différentes familles, surtout depuis qu'ils étaient un peu méprisés par le reste du monde magique. C'était comme cela que son père avait pu retrouver un travail chez Nimbus, parce qu'ils avaient des liens familiaux. Toutes ces alliances entre les familles servaient également à assurer leur sécurité et leur prospérité, c'est pour cela qu'elles étaient importantes. Les mariages forcés n'existaient plus, ou alors n'étaient que de rares exceptions de nos jours, mais il y avait tout de même des pressions des familles pour encourager leur progéniture vers un ou une prétendante ou vers quelqu'un du même milieu en général. Cela permettait également de garder des héritiers Sang-Purs, ce qui était très important encore pour beaucoup de familles. Honnêtement, elle n'avait rien contre les nés-moldus et se fichait des moldus. Elle ne demandait pas leur statut du sang au gens qu'elle rencontrait. Mais elle savait très bien qu'elle épouserait quelqu'un de Sang-Pur pas par envie particulière mais pour épouser quelqu'un du même milieu qui comprenne les codes et le fonctionnement des familles de Sang-Pur. Et aussi pour préserver la situation des Harper, à tout prix. Il y avait beaucoup de choses que Cassie pouvait critiquer dans la bonne société magique, mais elle savait également ce qu'elle lui devait, ce qu'elle devait à sa famille. C'était normal d'agir en faveur de sa famille, pour protéger leur nom, leur position, ce qu'on pouvait penser d'eux, même si c'était au détriment d'un peu de son confort personnel.

- Mon père veut rendre visite à des... Le terme ami n'est pas des plus adéquat, mais disons des appuis politiques. Il est en Slovaquie, en ce moment. Il a adoré le petit scandale quand les Slovaques ont décidé de ne plus coopérer avec Fiennes, c'était un régal pour le SPAM. Warlock se représentera bien évidemment et toutes les occasions sont bonnes pour enfoncer le MIM. Honnêtement, je ne sais pas pour qui je voterai. Mon cœur va traditionnellement au SPAM mais j'ai entendu Weasley l'autre jour sur la RITM et l'APPEL a de bonnes idées, aussi.  

L'année dernière, Cassandre s'était incrustée à la soirée, il n'y avait pas d'autres mots pour expliquer la manière dont elle était rentrée alors qu'elle n'était qu'en troisième année. Pourquoi ? Par provocation. Pour montrer qu'elle en était capable. Parce qu'elle s'ennuyait dans son dortoir en entendant les plus grandes se préparer. Pour être la première troisième année à aller à la soirée de fin d'année, aussi. C'était quelque chose que les gens avaient retenu et elle n'en n'était pas peu fière, à vrai dire. Elle n'y était pas restée longtemps, elle s'était éclipsée avant que cela ne dégénère, non sans récolter quelques potins bien utiles qui s'étaient comme par hasard répandus dans l'école le lendemain. Son coté un peu peste, sûrement. Swann Twilfit était de sa famille, après tout, autant faire honneur à ce gène là. Mais cette année, elle était venue de manière légale et s'était promis de partir comme l'année dernière, avant les débordements. Elle n'avait jamais aimé ce genre de choses, cette perte de contrôle totale, elle trouvait cela méprisable et pitoyable. Il faut dire évidemment que pour elle qui avait été élevée toute en retenue, ce n'était pas très facile d'assister à de tels relâchements, elle ressentait alors un mélange de condescendance et de gêne. Elle s'était donc fait la promesse de partir avant de se retrouver gênée. Et si elle suivait cette promesse, elle était censé partir dès maintenant, dès que Théo avait touché à son premier bouton de chemise. Mais Merlin, Godric, Morgane, Circée, qu'est-ce qui lui été passé par la tête ? Elle avait agi sans réfléchir - pourquoi est-ce qu'elle n'avait pas fini à Serpentard, hein ? - et son comportement avait été digne d'une K-Girl. Elle se serait appelée Kassandre que personne n'aurait fait la différence.

Elle détourna le regard et le posa sur Lisa qui avait visiblement laissé tomber Mark pour un Serpentard de cinquième année et elle était très proche de lui, dirons-nous. Son père ferait une crise cardiaque, un AVC, une embolie pulmonaire s'il la voyait. C'était juste complètement gênant et carrément indécent, ses parents la tueraient. Elle même envisageait une DBD, là. Elle ne savait pas pourquoi elle avait demandé sa chemise, c'était sorti tout seul sans qu'elle pense à la portée de ses paroles. Elle allait assassiner Reynolds et Carter pour ce thème, elle le jurait. Ils allaient rencontrer sa baguette rapidement, ces deux-là. Sérieusement, pourquoi elle avait dit ça ? Elle se serait auto-stupéfixée si elle avait pu. C'était abominablement gênant, horriblement et elle n'avait qu'une envie, c'est que rien ne se soit jamais passé. C'était la dernière fois qu'elle allait à une ête, elle le jurait. La dernière fois. Surtout quand Théo Nott était là. Non, ça n'avait rien à voir avec Théo Nott, il fallait qu'elle arrête. Pas de Théo Nott, ne pas penser à Théo Nott, ne pas mentionner Théo Nott. Un peu de tenue, jeune fille. Elle ne savait pas pourquoi elle réagissait comme cela, elle ne savait pas ce que c'était "cela" mais c'était très désagréable, vraiment très désagréable et elle ne s'était jamais sentie aussi mal à l'aise de sa vie. Peut-être qu'elle pourrait partir ? Trouver une excuse, ou prétendre qu'un ami l'appelait ? Sauf qu'elle n'avait pas d'amis qui l'appelait et les quelques personnes susceptibles de l'appeler étaient déjà bien occupées. Elle pourrait peut-être lui jeter un sort ? Un Oubliette ? C'était une bonne idée, ça, l'Oubliette. Parce qu'elle n'allait plus pouvoir regarder Théo en face, après. Pourquoi est-ce qu'elle avait fait ça, Godric ? On aurait dit une de ses camarades de dortoir, qui perdait soudainement toute retenue ou qui arrêtaient de se servir de leurs quelques neurones quand elles étaient... Non, elle se refusait à penser à cette possibilité. Elle n'était pas ce genre de midinette, elle était bien plus sérieuse. Elle n'était pas amoureuse de Théo Nott, n'importe quoi, quelle idée, il devait y avoir de l'alcool finalement dans sa boisson, ce n'était pas possible. Non, elle refusait. Elle allait écarter cette pensée de son cerveau et ne plus jamais y penser, faire comme s'il n'y avait absolument rien. Elle aimait bien Théo, c'était tout, parce que c'était l'une des rares personnes de cette école à avoir un cerveau qui fonctionnait bien, voilà tout. C'était juste ça. Il n'y avait rien d'autre. Elle assassinerait la prochaine personne qui osait émettre une théorie contraire. Elle allait faire comme si de rien n'était, décida-t-elle en enfilant sa chemise sur son débardeur, remontant les manches et la laissant ouverte. Se réfugier derrière le sarcasme, c'était bien le sarcasme, elle maitrisait, c'était utile, elle adorait le sarcasme, elle pourrait garder contenance comme ça et oh, Merlin, Cassie, respire, un peu de calme, tu es tout à fait ridicule. Respire. La tête froide. Tout va bien.

- Je pense que Katy Scott va être foncièrement jalouse, je crois qu'elle tuerait pour avoir quelque chose de la nouvelle collection. Rends-moi un service, si elle vient te demander le t-shirt, refuse, je n'ai pas très envie qu'il traine du coté de Jack Maxwell.

Que la bonne société soit bénie pour sa formation à l'hypocrisie, rien ne transparaissait dans sa voix, son ton était tout à fait égal, sa voix la même que lorsqu'elle sortait ses ironies habituelles. Au moins, l'honneur était sauf de ce coté là. Heureusement pour sa santé mentale, ou pour celle de Théo car elle était tout à fait capable de lui jeter un sort si elle continuait à tergiverser ainsi dans son esprit - c'était radical au moins - ils s'engagèrent sur un sujet beaucoup moins glissant. Les vacances, c'était bien, tout à fait neutre et sans potentiel de panique. Elle se détestait là, il allait falloir qu'elle mette les choses au point avec elle-même. Elle était ridicule mais heureusement, elle était la seule à s'en rendre compte.

- Oui, seulement avec eux, répondit-elle en haussant les épaules. Je ne vois pas avec qui je pourrai partir sinon et même si c'était le cas, je n'aurai pas l'autorisation.

Irving partait en France et elle s'était déjà promis de faire un détour par chez lui lors de son séjour avec ses parents. Sinon, à part lui, elle ne se voyait pas partir avec Nora, elles étaient encore bien jeunes. Elle allait voir sa famille et profiter des petites réceptions mondaines qui se tenaient pendant l'été. Sa grande-tante Helen organisait tout l'été des petits thés qui étaient tout à fait courus par toutes les femmes de la Haute. Se faire inviter était toujours un honneur et on était sûr de repartir avec de nombreux petits potins. Il était amusant de voir l'emprise que les Harris avaient encore sur le monde, alors qu'ils n'étaient pas une puissante famille politique ou autre chose. Ils étaient juste fortunés et respectable, sans qu'on puisse leur reprocher quoi que ce soit. Alors se faire bien voir d'Helen Harris était une chose importante. Et une autre chose était sûre. Lorsqu'elle décéderait, sa place serait à prendre. Et lorsque la famille Harris s'éteindra, par faute de véritable héritier masculin, leur place sera également à prendre. Cela promettait d'être amusant, tiens.

- Et toi ? Pourquoi ne pars-tu pas avec des amis ? Ce n'est pas une question d'autorisation, non ?

Elle savait qu'il était très ami avec le batteur de Poufsouffle, dont elle avait oublié le nom. Smith, peut-être. Des vacances entre amis, cela devait être sympathique, non ? Elle ne savait pas vraiment. Mais sûrement.

Visiblement, la soirée était appréciée. A peine arrivé, Jeremy Baker fit preuve d’un grand enthousiasme et vint les complimenter. Ashley devait avouer qu’il n’était pas peu fier d’eux-mêmes. Ils avaient travaillé dur pour en arriver là, ils avaient réfléchit longuement – avec des pauses, tout de même, hein. Le résultat final était à ses yeux plus que satisfaisant, et il était ravi de voir que cela plaisait aux autres également. Il avait craint de ne pas être à la hauteur, puisque, après tout, Jeremy avait placé la barre très haut, étant donné que la soirée mousse de l’année précédente avait un été un véritable succès. Les deux cinquième années avaient donc décidé d’essayer une ambiance un peu différente, ainsi ils n’auraient pas trop à souffrir de la comparaison, et avaient misé sur un thème plus léger et bon enfant, mais qui laissait tout de même une assez large marge de manœuvre pour les…hum…rapprochements en tout genres.

« Ravi que ça te plaise, Jerem ! Pas facile de rivaliser avec la fête de l’année dernière, tu nous as mis la pression ! » lui lança-t-il en riant après l’avoir salué avec un grand sourire.

La salle s’était rapidement remplie d’élèves aux couleurs des maisons de Poudlard, et le résultat était assez amusant. Si certains avaient réussi à combiner différentes teintes et dégradés de la même couleur, d’autre ressemblaient tout bonnement à des poussins, à des schtroumpfs, à des sapins et à…des choses rouges, très rouges, dont faisait partie Ashley. Tout le monde avait joué le jeu, et tout le monde était…sauf Harrington, mais cela ne l’étonnait pas une seule seconde. La préfète était une coincée et une rabat-joie, c’était un fait connu et reconnu. Le Gryffondor pensait que sa vie devait être horriblement triste et monotone, que ce n’était pas comme ça qu’elle allait se faire des amis et se demandait comment on pouvait vivre avec une vie sociale proche du néant. Mais bon, si elle en avait décidé ainsi, tant mieux pour elle, personne ne regrettait vraiment sa présence. Ses amis à lui étaient là, et c’était tout ce qui comptait. D’ailleurs, le jeune homme venait d’apercevoir Samantha, un peu plus loin, et se dirigea vers elle après avoir souhaité à Jeremy de passer une soirée. Il se glissa discrètement derrière la jeune fille.

« BOOOOUH ! »

Cela eut l’effet surprise escompté, ce qui fit rire Ashley. Il mettait tout en œuvre pour faire retrouver sa bonne humeur à son amie, depuis sa peine de cœur avec Irving, même si c’était loin d’être toujours efficace, mais c’était l’intention qui comptait, n’est-ce pas ? Les fêtes servaient à se changer les idées et à oublier ses ennuis, il n’y avait donc plus qu’à espérer que cela marcherait pour la Serpentard. Irving aussi était là, ce soir…qui sait, peut-être ces deux-là parviendraient-ils à se réconcilier ? On ne pouvait ne plus vouloir de Samantha, pensait Ashley, ou alors il fallait être très bizarre.

« Tu me passes du vert ? Je te donne…euh…n’importe quoi en échange ! Enfin, pas trop n’importe quoi, hein ! »

Certains vêtements étaient réservés à une seule et unique personne…qui se trouvait un peu plus loin. Le Gryffondor adressa un grand sourire à Sean lorsqu’il croisa son regard, puis se tourna à nouveau son regard vers Samantha. Comme il en avait convenu avec le Serdaigle, ils restaient discrets, et malheureusement, il y avait bien trop de monde à cette soirée pour se permettre un petit écart de conduite…quoique, vers la fin, peut-être, lorsque tout le monde aurait bu assez pour ne pas se souvenir très clairement de ce qu’ils verraient ? Il sourit avant de chasser ces pensées de son esprit.  Il retira son foulard rouge pour le donner à Sam, et éclata de rire en voyant ce rouge à côté du vert des vêtements de la jeune fille.

« Regarde-moi ça, on va ressembler à deux jolis petits lutins de Noël ! »

A peine avait-il terminé sa phrase qu’il vit sa cousine dans la salle, qui arrivait droit vers lui. Il soupira, et regarda autour de lui, cherchant quelqu’un derrière qui se cacher le temps que Violet se lasse de le chercher. Hors de question que cette peste lui gâche la soirée. Il adressa un sourire désolé à Samantha.

« Alerte rouge, cousine détestable en approche ! Je m’échappe, je te retrouve plus tard, d’accord ? Et…un conseil : fuis pendant qu’il en est encore temps ! »

Il s’éloigna rapidement, se demandant si la Salle sur Demande avait la capacité de faire disparaitre Violet s’il le souhaitait, au moins le temps de la fête… Il était plongé dans sa réflexion et ricanait bêtement à cette éventualité, lorsque Lorena vint le surprendre exactement de la même manière qu’il avait surpris Samantha quelques minutes auparavant. Il sursauta avant d’éclater de rire et de prendre le verre qu’elle lui tendait. Le Gryffondor sourit encore plus lorsqu’elle le félicita pour le travail que James et lui avaient fourni pour cette soirée.

« Merci ! Content que ça te plaise ! Entre nous, heureusement que James était là, parce que, franchement, tu me connais, l’organisation et moi, ça fait…euh…beaucoup trop ! »

Il observa Lorena un instant, et, malgré la pénombre, remarqua qu’elle avait une trace bizarre sur la joue. Il fronça les sourcils avant de lui lancer un sourire moqueur.

« Bah alors, t’as du rouge à lèvres sur la joue ? Tu me cacherais pas quelque chose, Lorena ? » plaisanta-t-il.

Il était heureux que Lorena ne lui tienne pas rigueur de son comportement plus que malhonnête avec elle au début de l’année, il appréciait beaucoup la jeune fille, et rigoler ainsi avec elle lui avait fait oublié la présence menaçante de Violet, qu’il avait complètement perdue de vue. Après tout peut-être que la Salle avait exaucé ses vœux et l’avait véritablement fait disparaitre.

Houhou, James déboutonnait sa chemise... Clara, qui commençait à sentir l'alcool monter, le fixa bêtement quelques secondes alors que des pensées pas très catholiques lui passaient par la tête. Son père, très protecteur malgré sa flemmardise naturelle, aurait probablement avada kedavrisé James sur le moment s'il avait été legilimens. Clara sentit ses joues chauffer, signe qu'elle rougissait. Ca n'allait pas du tout! La jeune fille, qui allait sur ses 15 ans, ne pensait pas sérieusement aux garçons depuis longtemps, et même si elle vivait dans une famille où ces sujets n'étaient pas exactement tabous, elle n'était pas tout à fait à l'aise non plus avec les nouveaux signaux que son corps lui envoyait. Elle était trop habituée à tout maîtriser, à tout cacher, et la situation lui échappait un peu... Les pectoraux de James étaient... très... intéressants à regarder. Et ses mains qui s'affairaient sur la chemise... Clara y aurait bien jointes les siennes. Réussissant enfin à détacher les yeux du Poufsouffle, Clara bu une longue gorgée de whisky Pur-Feu, espérant qu'il était trop éméché pour remarquer son manège.

La gorgée fut en fait particulièrement longue, jusqu'à ce que James lui tende la chemise. Spontanément, Clara lui présenta la bouteille et, de son autre main, attrapa le précieux tissu. La chemise sentait bon l'odeur du garçon, et Clara s'empressa de l'enfiler par dessus son propre haut. Comme elle allait se saisir de la seconde manche, James lui fit très justement remarquer qu'il lui fallait un truc vert en échange. Oups! Bah, elle allait lui donner le haut. Heureusement qu'elle était à l'aise dans son corps, sans quoi montrer un bout de soutien gorge à la moitié de l'école l'aurait gênée. Mais elle était Clara guipure, une fille populaire qui ose tout - même si elle se déteste après - et elle venait de s'enfiler la moitié d'une bouteille de Whisky Pur-Feu. Donc, allons-y!

Clara pris tout de même soin de se mettre face à un mur et, retirant la chemise, défit le lacet qui retenait son haut. Il tomba par l'avant, révélant une lingerie verte pomme très jeune fille. Elle jeta le haut à James, et réenfila rapidement la chemise jaune.

"Tiens!" lança-t-elle assez fort pour qu'il l'entende par dessus le bruit. D'ailleurs, il était près, très près... Et torse nu, avec ça! Elle posa une main sur son torse avec un sourire, trouvant ses joues à lui très rouges, et ses lèvres très attirantes. Sans trop y penser, elle approcha son visage du sien. La musique lui semblait lointaine, assourdie, et elle pouvait sentir leurs deux souffles qui se mélangeaient. Elle dépassa ses lèvres et se retrouva collée contre lui, son autre main posée sur sa nuque pour garder l'équilibre, tendit qu'elle lui murmurait... bon, qu'elle lui criait à l'oreille:

"Essaye de l'enfiler sans l'abîmer, sinon, je te rends pas ta chemise demain!"

Et, dans un éclat de rire, elle s'écarta, ne sachant pas elle-même si elle avait remarqué ou non l'ambiguité de la situation. Emma arriva alors, félicitant James à son tour. Clara lui en voulu d'être arrivée à ce moment là, mais elle était de bonne humeur - plus que d'habitude, et elle remarqua qu'Emma portait déjà du jaune. Parfait, elle n'aurait rien à échanger avec James! Par contre, Amely arrivait et elle n'avait pas de jaune...

"Eh, et si on allait chercher du rouge?" Parfait, une chasse au rouge, ça allait leur changer les idées. Et puis, il y avait trop de fille, Clara avait envie d'être admirée par une bande de garçons. "Je crois que Victor en a plein, du rouge d'ailleurs, on va le chercher?" Hum, elle aurait pu trouver d'autres garçons. Tant pis. Elle attrapa James par le coude, puisqu'Amely tenait Emma, et les entraîna à la recherche de Victor.

"Et une fois qu'on a du rouge, on fait boire Amely!" dit-elle enfin en tirant la langue à son amie.

Elle était trop sage pour son propre bien, il fallait la dévergonder! Le jeune Lloyd entra à ce moment là dans son champ de vision, et l'esprit Serpentard de Clara ourdit un plan machiavélique (ou pas).

"Victor! Eh, Victor! Tu nous passe du rouge? On a du jaune, du vert et du bleu! Tiens, commence avec Amy, elle va être en retard de couleurs, sinon."

Espérant avoir réussi à divertir la Serdaigle, Clara se rapprocha de James (huhu) pour arracher son verre à Emma, qui était de l'autre côté. Il ne restait qu'un fond de Whisky, parfait. A regret, la jeune Guipure se détacha de James pour sortir sa baguette de sa jupe et murmurer "Aguamenti". Le verre se remplit d'eau. Il ne restait plus qu'à prier pour qu'Amely ne soit pas trop regardante sur la couleur, ou que la luminosité la tromperait. Elle fourra ensuite le verre dans les mains de James et se retourna vers Amely. La Serdaigle ne se méfierait jamais d'un verre offert par James! C'était un Poufsouffle, après tout!

"Hé, Amely, même si tu ne bois pas, tu trinques avec nous? James t'as pris un verre de... truc normal. Hein James?"



A quelques mètres, Aaron, toujours sobre - ce qui était exceptionnel quand on connaissait son état du lendemain matin - contemplait Juliet et Jeremy, flamboyants dans leurs tenues rouges vives.

"Choisir va être difficile, là."

Il ôta son t-shirt, son bracelet, et tendit le premier au garçon et le second à la jeune fille.

"Voilà, maintenant je veux... Tiens, ta chemise, Jeremy. Histoire que tu te donnes en spectacle!"

La demande n'était pas tout à fait innocente. Il déboutonna un peu sa propre chemise, ravi de pouvoir respirer, et vit Swann en train d'échanger ses talons aiguilles contre les tongs d'un garçon qui l'approchait d'un peu trop près. Il n'aimait pas ça. Alors autant s'amuser à entendre les hurlements de groupies de Jeremy plutôt que de se gâcher la soirée en ruminant après son ex petite-amie. Sauf qu'ils se rapprochaient, ces deux bougres. Le Serdaigle n'avait pas envie de perdre son calme et décida d'un repli stratégique, quittant le couple de Gryffondor aussi vite qu'il le put, en marmonnant une vague excuse. Il fallait qu'il trouve le bar. Au lieu de ça, il trouva Nora. Et une fille de Gryffondor qu'il ne connaissait pas. McDouquelquechose, il croyait. Mais il lui était quasiment tombé dessus.

"Décidément, les Gryffondor m'en veulent, ce soir." grommela-t-il en rattrapant l'inconnue par le bras. "Désolé!"



Artémis n'arrivait pas à se débarasser de Dunkan. Il voulait absolument lui échanger quelque chose, et elle n'avait rien contre le principe en théorie... mais la pratique... Elle avait perdu Nora, et Jane, et il y avait ce garçon certes très gentil, mais il voulait la déshabiller, on n'avait pas idée! Lorsqu'elle avait appris le thème de la soirée, elle avait failli faire une attaque et des images terrifiantes d'orgie vestimentaires lui avaient traversé l'esprit. A sa décharge, il fallait reconnaître que certains n'en étaient pas loin. Une fille vêtue d'un t-shirt bleue collait outrageusement un garçon vêtu de vert, et certaines filles avaient carrément enlevé leurs hauts pour montrer leur soutien-gorges. Artémis avait choisi une tenue quelque peu encombrante, qui superposait différents vêtements pour éviter de se retrouver dans cette situation, et n'osait pas en céder un de peur que d'autres malotrus viennent la dépouiller du reste.

"Non mais Dunkan, il y a plein d'autres filles qui ont des... trucs à échanger."
"Artémis, je veux juste ton bracelet en tissu, c'est tout. En échange de ma cravate!"
"Mais..."
"Eh, ne sois pas si timide, sinon tu ne vas jamais réussir à avoir quatre couleurs sur toi. Tiens, si tu veux je te trouve un copain pour te donner une chemise en échange de ton bandeau, comme ça on ne verra rien si tu veux donner ton gilet. D'accord?!"

Elle sentit l'énervement la gagner et finit par arracher le verre de boisson qu'il lui avait proposé tout à l'heure et qu'elle avait refusé. Bon, elle avait dit au nouvel an qu'elle ne boirait plus jamais, mais cela faisait longtemps et puis Merlin la mettait à l'épreuve, aussi, en lui infligeant un pareil pot-de-colle. Dans le fond, Artémis était très touchée par son insistance, mais d'un autre côté, c'était inconvenant, elle était timide et devait lutter pour ne pas lui envoyer le dernier sort qu'Ulrich lui avait appris. La soirée l'agressait. Déjà l'année dernière, elle avait détesté l'ambiance.

Comme elle fuyait Dunkan, elle aperçu Danny et se décida d'aller lui parler. C'était l'une des dernières fois qu'elle voyait son camarade, et cela l'attristait. En effet, il lui avait fait part de son souhait de retourner vivre chez les moldus - drôle d'idée - après ses BUSEs, quelque part en Cornouaille, pour vendre des "ceurphes", une planche pour flotter sur l'eau. Artémis était déçue de son départ, car elle avait fini par vraiment l'apprécier, voir un peu plus, depuis la Laponie. Danny restait Danny, bien évidemment, mais il était sympathique et touchant et... et voilà. Elle était Artémis Nott.

"Je suis désolée que tu partes, Danny. Tu m'enverras des hiboux?"

Elle serra le jeune homme contre elle tandis qu'il répondait de façon un peu trainante, incohérente et pleine de pointillés, comme à son habitude. Levant les yeux par dessus son épaule, elle aperçu Théo qui la fixait cru-t-elle, et s'écarta rapidement du Poufsouffle.

"Je reviens!"

Se dirigeant vers son frère, elle détailla sa tenue avec étonnement. Non, mais il ne pouvait pas... Il avait l'air ridicule, dans cet étrange habit trop petit, avec ce serre-tête! Elle n'aurait jamais cru que son frère céderait à cette soirée. A qui appartenait ce vêtement? Trop petit pour être celui de Samaël, assurément. Arrivant à la hauteur de son frère, Artémis découvrit Cassandre Harper. Elle fronça brièvement les sourcils et la salua d'un geste de tête neutre, puis retourna à ses oignons.

"Théo, c'est à qui ce truc?" dit-elle d'un ton sec, parce que personne n'avait le droit de piquer les vêtements de son frère sauf son futur mari officieux. Elle espérait qu'il avait compris le sous-entendu! Parce qu'elle-même devinait qu'il avait échangé cela avec la jeune Gryffondor, et elle en avait marre que son frère jette son dévolu sur des petites pestes. Elle n'avait pas viré Cécilya avec pertes et fracas pour se retrouver avec Harper sur le dos. Parce qu'autant Richardson était stupide, autant la Gryffondor était dangereuse.



Ah, Samantha avait sa tête des mauvais jours, constata Jordan en la voyant boire son verre cul sec pour qu'il la resserve - ce qu'il fit sans hésiter avant de faire pareil avec son propre verre. Il réfléchit brièvement sur la réponse à son "ça va" et décida de ne pas l'embêter avec ses problèmes. Elle allait déjà moyennement bien et ça ne l'aiderait pas de l'entendre pleurer sur son sort - ce qui n'était absolument pas son genre, d'ailleurs. Elle ne se gênerait pas pour l'envoyer balader et Jordan n'avait pas envie d'entendre ses piques, mais plutôt de passer une bonne soirée.

"Ca va plutôt bien, ma foi."

Il leva son verre à son intention et en bu une gorgée.

"Tout me va à ravir, voyons!" dit-il comme elle lui proposait d'échanger quelque chose. "Et j'ai mis un jaune très seyant, pas comme Sneals." Ledit garçon passait près d'eux, de la mandragore à la main, et sa tenue scintillante faisait mal aux yeux. Jordan se demanda comment la jeune Nott, qui l'enlaçait justement, pouvait supporter sa proximité sans devenir aveugle. Le temps qu'il revienne à Samantha, celle-ci tirait une tête de six pieds de long. Il suivit son regard et découvrit Irving Whitaker en plein flirt avec Nora Weaver. Cela le contraria de voir que la Serpentard pensait encore à ce gueux, et il décida qu'il lui ferait oublier vite et bien. Non mais, on n'avait pas idée de s'amouracher de ce maladroit qui n'en pinçait que pour sa blondinette, quand on fréquentait des gens comme lui! Elle du se faire la même réflexion, car elle détourna le regard et lui adressa la parole d'un ton beaucoup plus amical qu'à l'accoutumée.

"Je te trouve bien impérieuse!"

Jordan ne se fit cependant pas prier et dégrafa sa chemise sans trop de problèmes. Il n'avait pas à rougir de son physique, et de toute façon, l'idée ne lui aurait même pas traversé l'esprit. Il évita de trop lorgner sur son débardeur mais resta perplexe lorsqu'elle lui tendit son haut à paillette. Outre le fait qu'il n'allait pas mettre des paillettes - eh, tout de même - il ne rentrerait pas dedans à coup sûr. Le dilemne ne dura cependant pas longtemps puisqu'il décida de porter le haut en brassard sur son bras gauche. Il le noua rapidement à son bras et regarda Sam enfiler sa chemise, trop grande.

"Attends, je vais t'aider pour les manches."

Quel idiot il avait été, de mettre des boutons de manchette, aussi. L'habitude avait pris le dessus sur le pratique, fait assez rare pour être signalé. Il pris la main de la jeune fille et enleva délicatement l'objet, avant de replier la manche pour qu'elle tombe pile sur son poignet. Pendant qu'il oeuvrait, il lança la conversation:

"Quelles sont tes intentions pour ce soir? Echanger tes vêtements, boire le plus possible, rester un peu lucide pour pouvoir te moquer des autres demain matin...?"



Peggy en avait marre, de Brian. Ce garçon, alors! Elle avait été très heureuse avec lui les premiers temps, mais il était un vrai pot de colle. Il avait perdu toute vie sociale, et il venait de lui faire une scène parce qu'elle avait échangé son top avec le marcel de Marc Rory. Elle était heureuse de faire plus que son âge, d'abord, et d'avoir pu rentrer dans cette soirée sans que personne ne se doute de rien. De toute façon, elle n'aurait toléré aucun refus. Brian aussi était content qu'elle fasse plus que son âge, et il ralait quand elle se comportait comme telle. Il fallait savoir!

Elle l'avait donc largué proprement et allait finir sa soirée avec quelqu'un d'autre. Déambulant dans la foule, elle jeta son dévolu sur un Poufsouffle de cinquième année entouré de filles, qui portait un haut vert très féminin. Elle ne savait pas quelle fille lui avait donné, mais était certaine que dès qu'elle arriverait, il préférerait voir le sien!

"Bonjour James" dit-elle d'une voix suave. "Tu m'échanges quelque chose?"

"Chez les oubliators", répondit Théo avec un sourire un peu hésitant. "J'ai toujours voulu travailler au Ministère après Poudlard, et au départ je pensais postuler au Département des Mystères pour devenir langue-de-plomb, mais...Je crois que je ne suis pas fais pour garder des secrets, tout compte fait. J'ai eu un refus de la Justice Magique, ce qui ne m'étonne qu'à moitié et ne m'attriste pas vraiment, j'avais surtout postulé pour le prestige de la fonction. Cela aurait fait plaisir à mes parents."

Théo lança un sourire entendu à son interlocutrice, qui devait probablement savoir ce que c'était que de sentir les attentes de ses parents reposer sur ses épaules.

"Mais je crois que j'avais un handicap de départ, vu la famille dont je viens, et puis je ne suis pas sur que cela m'aurait vraiment correspondu, de toute façon. Alors me voilà chez les oubliators ! Travailler sur la mémoire, protéger le secret magique, un travail varié et intéressant... Je pense que c'est pour moi. Enfin, j'espère. J'attends encore la réponse, elle devrait arriver en juillet."

La conversation dériva alors sur les vacances à venir et Cassandre mentionna son départ prochain en Slovaquie. Drôle de destination, songea Théo tout en sirotant son énième verre - il avait déjà perdu le compte. C'était cela, d'avoir un père haut placé en politique, Cassandre devait probablement avoir un drôle de quotidien quand elle se trouvait parmi sa famille. Peu étonnant, dans ces conditions, qu'elle sache déjà si bien se tenir et se comporter en société, et qu'elle ait de la réflexion, du répondant. C'était nécessaire pour survivre dans un tel milieu... Il écouta avec attention ce qu'elle disait sur le SPAM et approuva d'un hochement de tête.

"Je comprends ce que tu veux dire. Pour ma part, je suis assez déçu des dernières interventions du SPAM, j'ai l'impression de ne pas y trouver mon compte. A force de recycler de vieilles idées sans faire évoluer sa position, ce parti perd tout son électorat et on se retrouve avec le MIM au pouvoir... Le problème, c'est que je ne me retrouve pas non plus dans le discours de l'APPEL."

Théo haussa les épaules, peu désireux d'argumenter politique alors qu'il commençait à sentir les effets de l'alcool se faire sentir. Il avait chaud, trop chaud, et il se sentait d'une humeur bien trop légère pour qu'elle soit normale. Voilà pourquoi il n'hésita pas à échanger de vêtements avec Cassandre, et accepta d'avoir l'air ridicule dans son haut à paillettes sans trop sourciller. Il trouvait même cela amusant, tout comme il trouva amusante sa remarque sur Katy Scott.

"Oh, pense bien à venir récupérer ton haut à la fin de la soirée, alors. Je te rappelle que je suis dans le même dortoir que ce bon vieux Jack... Le Choixpeau a dû trouver ça drôle, de me torturer huit ans en m'envoyant dans la même maison que lui !"

Il la questionna à nouveau sur ses vacances à venir, et elle lui répondit qu'elle n'aurait pas la permission de partir sans sa famille. Théo se rappela alors qu'elle n'était pas plus âgée que Cécilya, fait qu'il avait tendance à oublier tant elle lui paraissait plus mature que son âge.

"C'est vrai que tu es encore toute jeune. J'oubliais", commenta-t-il en la dévisageant, un petit sourire aux lèvres. Il s'apprêtait à répondre à la question de la jeune fille quand ils furent rejoins par une silhouette jaune. Théo accueillit Artémis d'un sourire un peu trop large, qui se fada légèrement à ses propos. Artémis aurait-elle quelque chose à redire contre Cassandre, maintenant ? Il n'espérait pas, car il était hors de question qu'il modifie à nouveau ses fréquentations pour faire plaisir à sa soeur. Cécilya, il y avait une raison, mais Cassandre n'avait rien fait à Artémis, du moins le pensait-il... Les deux jeunes filles pourraient même s'entendre, si ça se trouve ! Oui, il aimait cette idée. Il allait en faire des amies, voilà.

"C'est à Cassandre, c'est joli non ? Pourquoi, tu le veux ? Je te l'échange si tu veux, contre un autre truc jaune. Ca me donnera une excuse pour aller piquer la chemise bleue de Finnigan..."

Il jeta un coup d'oeil à l'endroit où se trouvaient Finnigan, Baker et Juliet quelques secondes auparavant et constata que le Serdaigle avait filé à l'anglaise. Haussant les épaules avec amusement, il rectifia :

"...euh, de Baker, tiens, pour une fois qu'il est habillé avec goût. Je la trouve élégante. Sympa, ce thème des couleurs, en tout cas, bien mieux que la soirée mousse. Au moins personne ne risque de se noyer."

A moins de se noyer dans l'alcool, murmura sa conscience dans un coin de son cerveau comme il se servait un nouveau verre. D'ailleurs, Théo avait l'impression diffuse qu'il était un peu trop bavard par rapport à sa retenue habituelle, mais il n'y prêta pas attention. C'était hors de question qu'il passe la soirée seul dans son coin à ressasser sa rupture. Son regard tomba alors sur Samaël un peu plus loin et il réalisa que la remarque d'Artémis était peut-être liée au Poufsouffle, et non à Cassandre. Cela dit, Artémis savait pertinemment que Samaël et lui ne se parlaient plus. Sa soeur n'escomptait tout de même pas qu'il reste sans vie sociale jusqu'à ce que Sam daigne se rappeler de son existence ? Car il se faisait désirer, tout de même... Tout en maugréant intérieurement, Théo sirota son verre un instant avant de poser un regard entendu sur sa cadette.

"J'aurais bien été échanger quelque chose avec Samaël mais on s'est disputé..."

Se tournant vers Cassandre, il ajouta :

"Voilà pourquoi je ne peux pas partir en vacances avec lui, d'ailleurs. Et à part mon meilleur ami il n'y a pas grand monde qui serait intéressé, je pense. Je crois que j'ai tendance à me lier d'amitié avec des personnes qui ont encore besoin de demander la permission."

Il adressa un petit clin d'oeil à la jeune fille et, prit d'une bouffée d'affection à son égard aussi soudaine qu'inattendue, il passa un bras autour des épaules de chacune des deux adolescentes pour les serrer brièvement, avant de s'exclamer d'un ton joyeux :

"Heureusement que vous êtes là, toutes les deux."

"Ooh..." souffla-t-elle en entendant la réponse de Samaël.

Il s'agissait donc d'un vrai copain, et il l'avait vraiment perdu, pas juste dans la foule. Il avait de la chance. Enfin, pas d'avoir perdu son copain, mais d'avoir un copain à perdre. Elle chercha machinalement Irving des yeux parmi la foule, sans parvenir à le trouver. Elle en profita pour se demander qui pouvait bien être le copain de Samaël. Il n'avait pas l'air de vouloir le lui dire, et il aurait peut-être été impoli de lui demander, mais elle avait envie de savoir. Et l'alcool semblait lui ôter toute retenue, elle était de plus en plus convaincue qu'une telle question n'aurait rien d'indiscret. Elle sourit quand il la remercia et s’apprêtait à l'interroger sur l'identité de ce fameux copain quand Emily MacDougal s'approcha d'eux, évitant à Nora de commettre une impolitesse supplémentaire.

La jeune Gryffondor leur demanda s'il avait du jaune à lui prêter. Nora baissa les yeux pour examiner sa tenue. Elle avait encore son short jaune poussin, la cravate bleue de Sean Fitcher nouée à la taille, le t-shirt rouge d'Irving, beaucoup trop large pour elle, qui lui tombait de l'épaule, il lui restait également quelques bracelets jaunes, et une ballerine. Samaël en revanche n'avait plus que son pantalon de jaune et n'avait visiblement pas particulièrement envie de l'échanger avec quelqu'un. Sauf peut-être avec son copain perdu, évidement. Il s'exclama alors que Nora avait une réserve de jaune, puisque c'était la couleur de ses cheveux. Cette dernière fronça les sourcils et attrappa une mèche de ses cheveux pour la placer devant son visage et l'observer avec attention.

"C'est pas vraiment jaune-jaune....répondit-elle en relâchant sa mèche de cheveux. Mais c'est vrai que ça se rapproche !"

Elle avait vu Katy Scott échangé un top doré à paillettes avec Kelly Murdoch. Si on considérait le doré comme du jaune, le blond devait être du jaune aussi, non ? Les limites des couleurs semblaient avoir été un peu élargie ce soir, ce qui causait évidement d'importants problèmes. Le chemisier de Wendy Mason était-il bleu-vert ou vert-bleu ? Le mystère restait entier. C'était là des réflexions très intéressantes, mais Nora avait trop bu pour se pencher sur un problème aussi complexe que la différence entre des nuances de couleurs si proches. Elle devait donner du jaune à Emily, en plus. C'est en relevant les yeux vers la jeune fille que Nora remarqua que Samaël leur avait faussé compagnie. Il était perdu maintenant, comme son copain. Vu qu'ils étaient tous les deux perdus, ils devaient être au même endroit, non ? Nul part, ou partout, encore un vaste débat.

"Je peux pas te donner mes cheveux...expliqua-t-elle très sérieusement à la Gryffondor, comme s'il ne s'agissait pas d'une évidence. Tu veux ma dernière ballerine ? Ou un bracelet ? Elle ôta un bracelet en plastique qu'elle portait au poignet gauche et le tendit à sa camarade. Tu peux garder ton rouge, j'en ai déjà. J'aime le rouge. J'aime les gens qui porte du rouge...Une personne en particulier d'ailleurs. Me faut du vert..."

Steven apparut alors dans son champ de vision, et la salua, avant d'échanger à son tour un bracelet avec Emily. Celui-ci portait un foulard bleu du meilleur goût, mais pas de vert. Elle le lui aurait piquer sinon, mais visiblement elle allait devoir se rabattre sur Lauren McGowan. Pas le choix le plus prudent. Mieux valait s'armer de courage avant de s'approcher de celle que l'on surnommait très justement le Bouledogue. Et par s'armer de courage elle entendait bien évidement boire un nouveau verre, elle était de plus en plus téméraire à chaque boisson, peut-être qu'un verre de plus lui permettrait d'affronter McGowan sans trembler.

"Je vais prendre un verre, à plus tard les bracelets...euh...les amis..." lança-t-elle à Emily et Steven avec un vague signe de la main avant de se rapprocher du bar.

Elle fut bien heureuse de croiser Artémis sur son chemin. Elle s'imaginait déjà devoir la chercher parmi la foule et devoir jouer des coudes pendant une demi-heure. Elle fut forcée de remarquer que son amie ne portait pas encore beaucoup de couleurs, pourtant elle avait prévu le coup en superposant plusieurs couches de vêtements. Elle devait mourir de chaud, mais au moins cela lui éviterait d'avoir à se retrouver en soutient-gorge, elle. Artémis semblait en pleine conversation avec Théo et Cassandre -ou plutôt en plein câlin puisque le Poufsouffle avait ses bras autours des épaules des deux jeunes filles. C'était trois personnes que Nora aimait bien, aussi cette dernière n'hésita pas à les rejoindre.

"Salut ! claironna-t-elle en arrivant, un peu trop joyeuse. Désolée de t'avoir perdu Artémis, mais j'avais plus qu'une chaussure, fallait que je retrouve l'autre, et je voulais du rouge. Du rouge d'une personne en particulier. Et puis y avait Samaël qui avait perdu son copain, et puis les deux bracelets aussi...C'était compliqué. C'étaient là des propos parfaitement cohérents, évidement. Vous allez bien ? demanda-t-elle ensuite aux deux autres personnes présentes. Oh, je vous dérange peut-être ? demanda-t-elle soudainement, mortifiée. Il n'était pas trop tôt pour le remarquer. Si vous voulez je disparais, enfin pas disparaitre-disparaitre, mais un peu."

Samantha n'avait peut-être pas eu l'idée du siècle en demandant sa chemise à Jordan, songea la jeune fille tandis que son camarade prenait sa main pour l'aider avec ses boutons de manchette. Le regard de Sam s'attarda un instant sur et elle se hâta de détourner le regard, les joues en feu. L'alcool, probablement. Jordan lança alors la conversation et Sam réfléchit un instant à la réponse. Qu'avait-elle prévu, pour ce soir ? Boire et ronchonner dans son coin, auprès de Lauren et de Dave, si ce dernier ne partait pas dans une quête désespérée pour se trouver enfin une petite copine. Jordan bousculait légèrement ses plans, mais elle ne doutait pas qu'il finirait par se trouver un autre interlocuteur, plus riche et de meilleure famille. Cassandre Harper, par exemple, qu'elle voyait entourée de la fratrie Nott. Ces gens-là ne se mélangeaient pas à la basse populace née-moldue et sans le sou... Et si Jordan le faisait, elle n'avait jamais pu déterminer si c'était simplement par défi et amusement ou s'il éprouvait une réelle sympathie à son égard. C'était peut-être l'occasion de le découvrir, d'ailleurs. Reportant son attention sur le jeune homme, elle répondit :

"Échanger mes vêtements, oui. Boire, également. Rester lucide... On verra", acheva-t-elle en un souffle.

Elle avait l'impression de ne pas avoir été lucide depuis plusieurs mois et cette soirée n'était probablement pas l'endroit idéal pour la retrouver... Autant achever cette année comme elle s'était déroulée, n'importe comment. Elle aurait deux mois pour panser ses blessures et retrouver toute sa tête.

"Et toi, cher Jordan, quelles sont tes intentions ? Te ridiculiser pour que je puisse me moquer de toi demain ? Ça serait gentil, j'ai besoin de rire !"

Une chanson fort connue de Voldy, Kidnap My Heart, débuta alors et Samantha aperçut Jeremy Baker qui invitait Juliet Wilson à danser. Aussitôt, Sam avisa Dave qui tentait d'en faire autant avec une petite poule écervelée de Gryffondor de leur année, qui l'envoya paître sans cérémonie. Sam retint un petit rire amusé et adressa un regard compatissant à son ami, qui lui répondit par un petit signe, désabusé. C'était bien fait pour lui, il n'avait qu'à inviter des filles intelligentes à danser, comme Lauren par exemple... L'image de Lauren en train de danser un slow avec garçon était cependant si risible qu'elle laissa échapper un petit rire.

"Cela dit, je ne vais peut-être pas avoir besoin de toi pour cela, commenta Sam avec amusement. Qu'est-ce que tu as prévu de beau pour cet été ? Rester à la Cité pour me tenir compagnie, partir en vacances dans un endroit luxueux et tape-à-l'oeil...?"

Taquiner Jordan sur sa richesse, c'était facile et éculé, elle pouvait faire mieux que cela. Il fallait dire que Jordan tendait le bâton pour se faire battre... Des boutons de manchette, franchement !

La soirée battait son plein et Emily portait toujours une tenue aussi rouge que lorsqu'elle était arrivée. Cela ne pouvait pas continuer ainsi. Il en allait de l'honneur des MacDougal, pensa-t-elle, amusée. Elle exagérait, évidemment. Néanmoins, la jeune fille ne tenait pas du tout à être celle qui terminerait la soirée sans avoir réussi le chalenge. C'était hors de question ! C'est ce qui l'avait poussé à se diriger vers deux poussins et à leur demander gentiment de lui échanger quelque chose. Elle aurait dû faire plus attention avant de les aborder. Ces deux là devaient déjà être là depuis pas mal de temps, car il ne leur restait plus grand chose. Samaël lui fit remarquer avec un regard d'excuse qu'il ne possédait plus que son pantalon de couleur jaune.

"Aucun problème. Je ne tiens pas particulièrement à ce que tu le quittes." Répondit-elle en riant.

Avant de les laisser et de se fondre dans la foule, le jeune homme fit remarquer à Nora que la couleur de ses cheveux était assortie à sa tenue. La blonde attrapa une de ses mèches et l'observa longuement. Emily se mordillait la lèvre pour ne pas éclater de rire. L'alcool ne semblait vraiment pas convenir à Nora. Elle entreprit ensuite de lui expliquer pourquoi elle ne pouvait pas lui échanger ses cheveux. Emily hocha la tête en souriant, signe qu'elle avait compris.  Son interlocutrice lui proposa alors -quelle idée saugrenue !- sa ballerine. La gryffondor haussa un sourcil en constata qu'il lui en manquait effectivement déjà une. Elle ne savait pas vraiment si elle devait accepter ou pas. D'un côté, elle ne voulait pas obliger Nora à marcher pied nu. D'un autre, il devait être très désagréable de marcher avec une seule chaussure. Finalement, elle opta pour le bracelet. Après tout, les deux adolescentes ne devaient certainement pas faire la même pointure et elle n'avait pas envie de s'embêter. Emily accepta donc un bracelet jaune qu'elle enfila à son poignet, juste à côté des siens.

C'est à ce moment là qu'un autre quatrième année, de poufsouffle cette fois, les rejoignit. Il semblait connaître Nora. En même temps, qui ne la connaissait pas ? Steven eut à peine le temps de la saluer, que celle-ci partait déjà se perdre dans la foule en titubant. Emily ne put retenir un rire de franchir ses lèvres. Elle se tourna vers le jeune homme qui lui réclamait un bracelet et lui en donna un en perle rouge.

"Il te va bien." plaisanta-t-elle.

En échange, il lui proposa sa chemise. Certes, elle avait déjà le bracelet de Nora, mais cette petite touche jaune ne se voyait pas beaucoup dans sa tenue écarlate. Emily accepta et enfila son nouveau vêtement.

"Je crois que je vais suivre son exemple. A plus. " Dit-elle en se dirigeant vers le bar.

Emily avait l'intention de se frayer un chemin parmi la foule jusqu'au bar, afin de se servir un verre de whisky pur feu. Boire quelque chose d'un peu plus fort ne lui ferait pas de mal du moment qu'elle n'en abusait pas. Il était hors de question pour elle de se ridiculiser ou de se conduire de manière inappropriée. Elle s'imaginait déjà dégustant son verre, le liquide cuivrer coulant dans sa gorge. Néanmoins, elle n'eut pas l'occasion d'atteindre son but. Une chose bleue qu'elle n'identifia pas tout de suite lui tomba pratiquement dessus. C'est un miracle si Emily ne perdit pas l'équilibre. C'est d'ailleurs probablement la seule fois dans sa vie où elle remercia mentalement les longues heures durant lesquelles sa mère l'avait obligé à apprendre à marcher élégamment sur des talons.

"Hey ! Tu ne peux pas faire attention." fut la première chose qui lui vint à l'esprit.

Elle allait continuer sa route, la tête haute et les yeux lançant des éclairs, lorsque l'inconnu en bleu (elle ne pensait pas trop se tromper en affirmant qu'il s'agissait d'un serdaigle) la rattrapa par le bras pour s'excuser. Emily se retourna. Il avait l'air sincère. Il ne semblait pas faire ça juste pour fanfaronner.

"C'est bon. Il n'y a pas de mal. J'aurai pas du m'emporter comme ça non plus. On est tous un peu bousculé." répondit-elle en lui offrant également un sourire d'excuse.

Miss MacDougal avait beau être une riche héritière avec tout ce que cela comporte comme attitude froide et légèrement hautaine, elle ne mordait pas pour autant. Il suffisait de faire le premier pas pour qu'elle vous accueille avec un grand sourire.

"Tu sais, il me manque toujours quelque chose de bleu. Tu n'aurais pas un truc à m'échanger ?"