Il faut qu'on parle ! [Ulrich & Ahren]

1er mai 2007

Ahren regagnait son dortoir, Marianne avait encore promis de travailler avec des filles de son dortoir. Il espérait qu'elle n'était pas amie avec cette Forest-Witaker. Elle pervertissait déjà suffisamment Kathrina. Pourtant au fond, il s'en fichait, il était surtout affecté parce qu'il avait l'impression que Marianne s'éloignait de lui depuis qu'elle avait travaillé avec Dubois. Il repensait sans cesse à sa conversation avec Perséphone aussi, elle lui avait affirmé qu'il ne pouvait pas y avoir de demi mesure qu'il fallait qu'il accepte totalement les moldus s'il voulait continuer à la fréquenter. Mais pourquoi ne pouvait-elle pas se contenter de savoir qu'il ne la considérait pas comme une inférieure que pour lui, elle était spéciale et différente. Pourquoi ne pas passer outre ce point ? Il faisait des efforts pour ne pas dire ce qu'il pensait réellement, ne relevait plus les piques de Benson, il hésitait d'ailleurs encore à aller s'excuser des paroles qu'il avait prononçait dans la Chambre des Secrets à Théo Nott. Il savait qu'il avait eu tort de le juger puisque lui même comprenait désormais qu'on pouvait parfaitement ses idéaux de côté pour une seule personne. Mais, il n'avait aucune certitude avec Perséphone, resterait-elle réellement son amie même avec tous les efforts qu'il faisait ? Reviendrait-elle ? Lui pardonnerait-elle ? Il n'en était pas certain du tout et n'était pas certain de le vouloir non plus. Il avait peur de trop s'attacher, de trop la considérer comme une grande soeur de substitution et d'être complètement détruit le jour où elle déciderait qu'il n'était rien pour elle et qu'il n'était qu'un moucheron encombrant. Il avait déjà vécu ça avec Alexander et ne voulait pas retenter l'expérience avec Perséphone.

Cependant, un autre problème retenait son esprit, Kathrina avait décidé de venir lui parler après sa dispute avec Gillian et lui avait confié son inquiétude pour Ulrich. Le Serdaigle avait fait semblant de ne pas écouter, il fallait toujours qu'elle vienne pour lui parler de leur frère, toujours, elle ne pouvait donc pas se préoccuper d'elle un peu ? Les seules fois où elle s'inquiétait pour elle même c'était lorsqu'elle l'évitait et envoyait ses amis lui poser des questions sans queues ni têtes qui finissaient en moment très désagréable. Il commençait à en avoir assez de ce Dubois aussi, qui s'occupait de tout ce qui ne le regardait pas. Bientôt, il aurait voir Kathrina pour la charmer et lui faire raconter toute son histoire familiale, il la retournerait alors un peu plus contre lui et alors, il aurait complètement perdu sa jumelle même s'il devait avouer qu'il l'aurait bien cherché. Du moins quand sa sœur ne s'inquiéterait plus pour Ulrich et le fait qu'il avait tué des gens pendant les vacances de Noël et sur le fait qu'il avait repris ses entraînements pendant les vacances de Pâques.

Le jeune garçon continuait tranquillement son chemin, perdu dans ses pensées lorsqu'il aperçut son frère à l'angle de son couloir. Il se dit que c'était certainement le moment idéal pour lui parler et s'élança dans le couloir afin de rattraper son aîné. Arrivé à sa hauteur légèrement essoufflé, il posa sa main sur son bras pour lui demander de s'arrêter.

"Attend Ulrich, il faut que je te parle."

Il fixa un instant son frère aîné, toujours parfait en toute circonstance, une légère vague de haine et de dégoût s'empara de lui et il retint à grand peine la colère de déformer la quiétude apparente sur son visage. Il allait falloir qu'il garde son calme, il ne savait pas vraiment pourquoi il lui avait demandé de s'arrêter au final. Qu'allait-il lui dire ? De ne plus tuer des Mangemorts ? Non, son frère en était incapable désormais, trop rongé par son esprit de vengeance.

"Kathrina sait tout. Je ne lui ai rien dit pour le meurtre des O'Connors mais elle l'a découvert toute seule. Et, elle m'a dit t'avoir entendu t’entraîner pendant les vacances. Je dois dire que c'était difficile de ne pas t'entendre. Mais moi je m'en fiche, tu fais ce que tu veux, tu dois sûrement savoir ce que tu fais. Mais fait le en silence. Il est hors de question que Kathrina s'inquiète pour toi et souffre pour toi. Je lui épargne déjà ma présence pour qu'elle ait un minimum une vie normale alors fait de même. Cache toi, tue-toi, tout ce que tu veux mais je t'interdit de mêler ma jumelle à ça ! C'est compris ?"

Ahren planta son regard dans celui de son frère et cette fois, il ne put empêcher un éclat de haine parcourir ses yeux. Il était parfois bien trop expressif pour son propre bien.

La bibliothèque ... Endroit de culture qui dans le cas présent portait très mal son nom. Ulrich avait du y passer une partie de la fin de son après-midi pour terminer son devoir d'arithmancie. Cette matière ne l'intéressait que très peu et il avait bien du mal à supporter l'enseignante qui donnait cette matière. Sournoise et hypocrite, le professeur Sorden ne l'inspirait rien qui vaille. Cependant, cela ne le concernait pas tant que la sorcière ne venait pas fourrer son nez de trop prêt dans ses affaires. Même s'il se devait de fréquenter la bibliothèque pour son devoir puisqu'il n'avait, exceptionnellement, aucune prédisposition dans ce domaine. Depuis le décès de Susan, le Serpentard s'était entrainé sans relâche, s'infligeant notamment les pires tortures pour parvenir à ses fins, s'endurcir et toujours s'améliorer dans des matières comme la défense contre les forces du mal, les sortilèges, les potions ou la métamorphose. Des dons qu'il avait toujours caché, par prudence. Inutile qu'un enseignant sache qu'il maitrisait les trois impardonnables d'une main de maître, qu'il était capable en cas de nécessité de se transformer en un loup argent, qu'il confectionnait des poisons ou même encore, qu'il pouvait supporter nombres de douleurs sans vraiment y prêter attention. Mais l'arithmancie ne figurait pas dans ce programme non. Et la bibliothèque était le seul endroit où il puisse trouver les réponses à ce devoir ennuyeux sans possibilité de distraction. Car si le Préfet-en-chef pouvait s'occuper et penser à plusieurs choses à la fois, il lui était difficile de trouver justement une occupation moins rébarbative que son travail scolaire lorsque les livres auxquels il avait accès étaient complètement inintéressants et insipides. Bien sûr, il aurait pu amener l'un de ses propres bouquins mais en dehors de son baldaquin ou même de certains endroits particuliers, Ulrich évitait de se promener en possession d'éléments compromettants. Il aurait toujours trouvé de quoi s'en sortir, il en était plus que certain mais trop présumer de ses talents ne pourraient lui apporter que des ennuis fâcheux.

Après plusieurs heures à plancher sur son parchemin, le jeune homme était enfin parvenu à mettre un point final à son devoir. Sans prendre la peine de se relire, il roula la feuille qu'il rangea avec sa plume et son encrier dans son sac avant de quitter les lieux. La plupart de ses condisciples devaient sans doute être en train de s'apprêter à souper s'ils n'étaient pas déjà en pleine action. A dire vrai, il n'était pas certain d'avoir envie de les rejoindre. Les gens de son âge étaient tellement insouciants, ennuyeux, immatures. C'était parfois une plaie de devoir endosser son rôle du parfait et gentil gentleman d'Ulrich Keller. Il aurait cependant à porter ce masque jusqu'à la fin de ses jours... Mais ce soir, il n'avait définitivement pas envie d'avoir à forcer le trait en descendant rejoindre cette masse d'imbéciles décérébrés incapables d'effectuer le moindre sort complexe. Quant il pensait qu'une fille comme Lorgan était incapable de lancer le moindre sort utile alors qu'elle était en septième année... Parfois il était tenté de montrer une partie de son vrai visage pour lâcher un peu de lest et être un peu lui-même. Ne pas se forcer à être une âme complètement opposée à celle qu'il était vraiment. Un peu comme ce crétin de Baker qui avait montré un visage bien moins séduisant dernièrement en trompant la Harpie de sa maison avec sa meilleure amie après lui avoir assuré, quelques temps plus tôt, ne ressentir parfaitement rien d'autre que de l'amitié à son égard.

Baker.... En y pensant, il faudrait qu'il aille voir le Gryffondor un de ses jours. Depuis qu'Ulrich avait effacé une partie de la mémoire d'Adamson pour couper court à toute méfiance et éviter de propager celle-ci, le jeune homme n'avait eu de cesse de réfléchir aux personnes qui avaient remonté sa directrice de maison contre lui. Il y avait sans aucun doute Twilfit et O'Connor mais leur seul témoignage n'auraient pas suffi à ce que cette vieille folle récupère autant d'informations. Et il ne voyait que Baker capable de souligner le comportement soit-disant infect qu'il avait vis-à-vis de son frère. Il avait certainement dû finir par l'espionner un soir pour savoir ce qu'il en était vraiment des rapports entre Ahren et lui.

En parlant d'Ahren justement, le Préfet-en-chef le vit débouler et le retenir par le bras en lui demandant de s'arrêter. Fronçant les sourcils en se dégageant avec élégance et délicatesse de la main de son cadet posée sur son avant-bras. Inutile d'ouvrir d'entrée de jeu les hostilités alors qu'ils étaient dernièrement parvenu à une sorte de traité de non-agression. De plus, le fait qu'ils puissent à nouveau être vu était un élément non négligeable à prendre en compte. L'espace d'un instant le visage du Serdaigle parut sur le point de se déformer sous le coup d'un sentiment apparemment bien trop difficile à contenir pour lui tout seul. Petit joueur... Il n'était définitivement pas un bon acteur celui-là. Pensait-il vraiment pouvoir avoir autant de maitrise que lui ? Néanmoins, vraiment lasse ce soir et guère patient, le Serpentard préféra jouer la carte de celui qui n'avait rien vu en soupirant légèrement.

- "Si tu as quelque chose à me dire de très important, par pitié, va-y, je t'écoute. Si ce n'est pas d'une extrême urgence alors sois gentil et reviens demain, je ne suis pas d'humeur, Ahren. "

Guettant une réaction de la part de son cadet, Ulrich s'apprêtait à partir, peu convaincu d'une quelconque importance du message que pourrait avoir à lui faire passer le Serdaigle.

- "Kathrina sait tout. Je ne lui ai rien dit pour le meurtre des O'Connors mais elle l'a découvert toute seule. Et, elle m'a dit t'avoir entendu t’entraîner pendant les vacances. Je dois dire que c'était difficile de ne pas t'entendre. Mais moi je m'en fiche, tu fais ce que tu veux, tu dois sûrement savoir ce que tu fais. Mais fait le en silence. Il est hors de question que Kathrina s'inquiète pour toi et souffre pour toi. Je lui épargne déjà ma présence pour qu'elle ait un minimum une vie normale alors fait de même. Cache toi, tue-toi, tout ce que tu veux mais je t'interdit de mêler ma jumelle à ça ! C'est compris ?"

Plantant son regard dans le sien, une lueur de colère et de dégoût passa dans les yeux du gamin. Ainsi il était furieux que Kathrina s'inquiète pour lui? Il était venu le déranger pour cette vieille jalousie ? Quelle pitié !
Quant à Kathrina, il s'attendait effectivement à ce qu'elle le découvre. Il suffisait d'avoir une paire d'yeux en état de marche et de ne pas vouloir faire l'autruche ou même d'être encore présente sainement et entièrement pour voir qu'il avait commencé à mettre en marche son plan. Sa jeune soeur était intelligente et bien qu'il eut espéré qu'elle fasse la sourde oreille quelques temps, c'était quelque peu normal qu'elle s'en soit rendu compte. Pas comme leur mère qui continuait définitivement à errer dans sa chambre ne bougeant de son lit que jusqu'au fauteuil à haut dossier de feu son époux et inversement. Une épave ... rien de plus, rien de moins. Un être qu'il n'hésiterait pas à sacrifier en première ligne. Que pouvait-elle encore espérer de la vie si ce n'est de rejoindre Wilhem ? Elle serait bien mieux dans la crypte.
Qu'Ahren se mêle, par contre, de ce qui se passait sous son toit. Pire qu'il pense pouvoir lui donner le moindre ordre avait le don de réveiller un début de colère.

- " Bien sûr qu'elle l'a découvert. Penses-tu donc qu'elle est stupide? Quelle importance qu'elle le sache ou pas ? Kathrina ne me trahira jamais quoiqu'il arrive. C'est mon élément le plus fidèle.", lui fit-il avec un rictus, " Ne pense pas pouvoir me donner des ordres sous mon toit, Ahren. Je ne te le permettrai tout simplement pas et ne te laisserai pas l'occasion de t'y réessayer. Je tiens certes à garder ma soeur en vie mais ça s'arrête là. Ne t'ai-je pas déjà dit que je n'hésiterai pas à l'utiliser comme tous les autres ? Ne t'ai-je pas dit qu'elle le savait parfaitement ? Accepte-le."

Tournant autour de son cadet, le jeune homme soupira ironiquement comme pour lui montrer à quel point il le trouvait idiot.

- "Penses-tu réellement naïvement que l'éloigner de moi la rendra plus heureuse ? Pathétique... Tu montes sur tes grands chevaux pour celle que tu appelles subitement "ta jumelle" et tu la connais si mal. Kathrina se mettra en bien plus grand danger si je m'éloigne d'elle. Elle souffrira et s'inquiètera davantage si je ne suis pas à ses côtés. Et elle mourra un jour lorsque je lui demanderai de le faire pour moi ... et pour Susan. Alors arrête avec tes excuses stupides pour te voiler la face. Tu ne le fais pas pour elle, tu le fais pour toi. Juste parce que tu veux récupérer cette soeur que tu as perdue par ton comportement abjecte et ton idolâtrie pour Alexander. C'est toi qui a peur de souffrir et rien d'autre. "

Dépassant son cadet, Ulrich le bouscula légèrement avant de s'arrêter pour le jauger méchamment.

- " Quant à mourir, je regrette, je ne compte pas gagner la crypte pour l'instant. De plus, tu regretterais fortement de vouloir me voir mort, petit frère. Ne comprends-tu pas ? Si je meurs, penses-tu que notre chère soeur ne tombera pas avant moi ? ", lui murmura-t-il froidement.

Ahren aurait dû s'attendre à ne recevoir que mépris de la part d'Ulrich, il aurait dû savoir que lui parler de Katherina et de son comportement ne changerait rien qu'il continuerait à agir égoïstement. Il se sentit bouillir de haine lorsque Ulrich lâcha que sa sœur était son élément le plus fidèle. Il lui aurait arraché les yeux, il l'aurait secouer pour lui faire comprendre que ce n'était pas un jeu que Kathrina et lui n'étaient pas des pions. Mais ça n'aurait servi à rien parce que son frère le savait déjà, il avait parfaitement conscience de ce qu'il faisait et lui, il était totalement impuissant. Que pouvait-il bien faire contre son aîné, il était deux fois plus grand et plus fort que lui. Et il avait raison, il n'avait pas d'ordre à lui donner et le plus dur dans tout ça c'était que sa jumelle avait conscience du sacrifice qu'elle s'engageait à faire pour leur frère. Mais il ne l'acceptait pas et ne l'accepterait jamais.

"Comment je pourrais l'accepter ? Comment ? Hein ? Toi, tu t'en moques mais pas moi, c'est ma soeur aussi j'te rappelle."

Envolé le Ahren sûr de lui, il avait laissé place au gamin de onze ans qu'il aurait pu être, au gamin qu'il aurait dû être surtout lorsque les mots d'Ulrich percèrent le silence du couloir. Il avait conscience qu'il ne pouvait pas éloigner Kathrina d'Ulrich qu'elle s'inquiéterait et qu'elle le faisait déjà d'après les paroles de Gillian dans la bibliothèque. Il ne pouvait rien contre ça, son frère avait l'amour et la confiance de sa soeur, c'était un fait. Il ne pouvait rien contre ça. Les mots qui suivirent furent encore plus criant de vérité. Les accusations de son aîné de faire tout ça pour lui même, pour sa conscience après s'être rendu compte de ce qu'Alexander était capable de faire. La fin de ses illusions lui avait fait prendre conscience de tellement de choses et oui, il avait peur de souffrir alors il baissa la tête devant le regard inquisiteur de son frère, alors qu'il lui tournait autour comme un rapace en continuant de parler alors que son sang se glaçait dans ses veines en entendant la mort qui attendait sa soeur.

"Tu as peut-être raison, peut-être que j'essaye de me racheter. Peut-être, peut-être pas. Tu dis que je souhaites ta mort mais c'est faux, n'inverse pas les rôles grand-frère, celui qui souhaite la mort de l'autre ici, c'est toi."

Il redressa alors complètement la tête et plongea son regard dans celui d'Ulrich.

"En fait, non, je ne cherche pas à me racheter, j'ai toujours aimé ma jumelle et l'ai toujours considéré comme tel même si je ne le montre pas souvent voire pas du tout à vrai dire. Tu dis qu'elle se sacrifiera pour toi lorsque tu le lui demanderas et je pense que tu as raison. Je pense également qu'elle sera encore plus malheureuse si tu t'éloignes d'elle mais je dois te dire qu'elle est énormément inquiète en ce moment à ton sujet. Donc je ne t'ordonne rien mais si tu pouvais juste aller la voir et la rassurer, je doute que ça te coûte un immense effort et ça la rassurera."

Il détourna légèrement les yeux, une idée venait de lui traverser l'esprit mais il n'était pas sûr de bien saisir toutes les conséquences de la future proposition qu'il allait faire. Il n'était pas certain de la marche à suivre et doutait qu'Ulrich accepte un tel marché en réalité. Il avait beaucoup de doute mais qui ne tentait rien n'avait rien.

"Ulrich..., son ton se fit plus hésitant. Je... J'aimerais prendre la place de Kathrina. Laisse moi me sacrifier à sa place. Je ferais tout ce que tu me demandes mais laisse là en dehors de ça s'il te plait. Je sais que..., je sais bien qu'elle ne voudra pas s'écarter et je ne te demande pas de l'écarter, juste de ne pas lui demander de se sacrifier, je le ferais à sa place. Je te couvrirais et prendrait sa place dans tes plans le moment venu. Si tu ne crois pas en ma bonne foi, on peut refaire le sort de Décembre. Je ne te trahirais pas, tout comme je ne t'ai pas trahi la dernière fois."

Il tendit son bras droit vers son frère, il avait conscience de ce qu'il était en train de faire. Il savait qu'Ulrich hésiterait beaucoup à le sacrifier lui plutôt que Kathrina, il savait qu'il n'avait aucune chance de sortir vivant de toute cette histoire lorsqu'elle serait terminée mais il prenait le risque pour sa soeur, pour la seule famille qui lui restait et celle qui méritait le plus d'avoir une vie heureuse.

- "Comment je pourrais l'accepter ? Comment ? Hein ? Toi, tu t'en moques mais pas moi, c'est ma soeur aussi j'te rappelle."

Depuis l'affaire personnelle durant laquelle ils avaient du s'allier pour sauver Kathrina, Ahren avait changé. Même Ulrich avait été forcé de reconnaitre qu'il s'agissait d'une vrai modification dans le comportement du gamin. Ce n'était pas du cinéma à première vue même si le Serpentard continuait de se méfier. Cependant l'attitude qu'il adopta face aux paroles que le Préfet-en-chef fut celle d'un enfant, de l'enfant qu'il était et aurait toujours été s'il n'avait pas été manipulé par Alexander et si Ulrich ne l'avait pas si souvent battu ou maltraité du fait de son idolâtrie et de son comportement si proche de l’ainé qui avait lâchement assassiné la soeur qu'il chérissait tant. Un garnement qui avait peur de perdre peut-être l'unique parente qui lui accordait encore son amour malgré ses mauvais choix, la seule qu'il semblait encore reconnaitre comme un membre de sa famille d'ailleurs. Si la vie avait été plus clémente envers les différentes enfants de la famille Keller, alors cette scène n'aurait jamais eu lieu. Le Serpentard n'aurait certainement pas été au bord du gouffre qu'était celui duquel il s'approchait toujours plus, Ahren et lui se seraient sans doute mieux compris et auraient été capable de tolérance l'un avec l'autre. Peut-être y aurait-il eu une chance qu'ils s'apprécient, qui sait ? Dans une telle situation, l'aîné aurait eu pitié de son cadet et se serait voulu rassurant. Cependant, il y avait plusieurs années que l'être qui occupait le corps du dénommé Ulrich Keller n'était plus le gamin amical et adorable qu'il avait pu être dans son enfance malgré ses petites crises de colère. Sa rage l'avait complètement consumé et un monstre s'était emparé de la carapace vide du maigrelet gamin.

- "Tu as peut-être raison, peut-être que j'essaye de me racheter. Peut-être, peut-être pas. Tu dis que je souhaites ta mort mais c'est faux, n'inverse pas les rôles grand-frère, celui qui souhaite la mort de l'autre ici, c'est toi."

Son cadet avait baissé la tête, c'était rare de le voir dans un tel abattement. Mais alors qu'il aurait du ressentir de la tristesse c'était plutôt une certaine forme d'amusement qui s'empara du Préfet-en-chef. Même si le Serdaigle semblait avoir renié Alexander, à ses yeux, parvenir à toucher Ahren revenait à évacuer une partie du ressentiment qu'il éprouvait à l'égard du prisonnier. Grand-frère ? Cela faisait longtemps qu'il ne l'avait plus vraiment appelé avec ce ton de voix et ça sonnait tellement étrange qu'Ulrich ne put retenir une grimace de dégoût car toujours il voyait les traits d'Alexander se superposer sur ceux du gamin.

- " Tu me connais si mal, petit frère... Tu ressembles tant à Alexander. Ce n'est dès lors pas difficile pour moi de te haïr puisque je ne vois que lui à travers tes manières et ton attitude. On ne pourra pas dire que je n'ai pas essayé de te changer avant qu'il ne soit trop tard... "

Même si dès le départ, Ulrich avait marqué une préférence pour Kathrina et une certaine répugnance pour son jumeau, le jeune homme avait, pour le bien de sa cadette, longtemps essayé de remettre sur un semblant de bon chemin le jeune Ahren. Les réprimandes avaient cédés la place en quelques instants aux menaces mais bien vite à celles-ci avaient succédé les coups et les sortilèges.

- "En fait, non, je ne cherche pas à me racheter, j'ai toujours aimé ma jumelle et l'ai toujours considéré comme tel même si je ne le montre pas souvent voire pas du tout à vrai dire. Tu dis qu'elle se sacrifiera pour toi lorsque tu le lui demanderas et je pense que tu as raison. Je pense également qu'elle sera encore plus malheureuse si tu t'éloignes d'elle mais je dois te dire qu'elle est énormément inquiète en ce moment à ton sujet. Donc je ne t'ordonne rien mais si tu pouvais juste aller la voir et la rassurer, je doute que ça te coûte un immense effort et ça la rassurera."

Si Ahren avait lors de sa tirade relevé le regard pour le planter dans celui sombre d'Ulrich, il venait de rebaisser la tête à nouveau. Le gamin semblait fortement cogiter. A l'évidence quelque chose venait de lui passer par l'esprit. Avait-il compris quelque chose soudainement ? Ou bien manigançait-il quoique ce soit contre lui ?
D'office sur ses gardes, Ulrich plongea la main dans sa robe de sorcier pour empoigner sa baguette en bois de cerisier. Inutile de commencer à le menacer au beau milieu d'un couloir où un professeur aurait pu le surprendre. La volière était isolée et il y avait peu de chance qu'un enseignant ne les découvre, ce n'était pas le même cas de figure qui se présentait pour l'instant même si en cas de besoin, le Serpentard trouverait bien de quoi trainer son cadet dans un lieu plus propice aux cachotteries et tortures en tout genre.

"Ulrich..., son ton se fit plus hésitant. Je... J'aimerais prendre la place de Kathrina. Laisse moi me sacrifier à sa place. Je ferais tout ce que tu me demandes mais laisse là en dehors de ça s'il te plait. Je sais que..., je sais bien qu'elle ne voudra pas s'écarter et je ne te demande pas de l'écarter, juste de ne pas lui demander de se sacrifier, je le ferais à sa place. Je te couvrirais et prendrait sa place dans tes plans le moment venu. Si tu ne crois pas en ma bonne foi, on peut refaire le sort de Décembre. Je ne te trahirais pas, tout comme je ne t'ai pas trahi la dernière fois."

Visiblement déterminé, Ahren lui tendit alors le bras comme pour lui signifier qu'il était prêt à se relier à lui.
S'il soupira dans un premier temps, un rictus mauvais finit par apparaitre sur les lèvres d'Ulrich. Décidément le choixpeau s'était lourdement trompé sur la répartition d'Ahren. Ce gamin était vraiment trop stupide.

- " Tu souhaiterais que nous soyons à nouveau liés toi et moi ? Mais qui te dit que j'ai la moindre envie d'être lié à toi ? " lui murmura-il avant de le bousculer de telle manière que tout autre personne aurait cru que c'était un accident, " Es-tu certain d'avoir réellement ta place à Serdaigle ? Non seulement tu es sourd mais de surcroit tu as une très mauvaise mémoire ! J'ai perdu une soeur. Penses-tu vraiment que j'aie négligé le moindre détail permettant à ce drame de se reproduire ? Kathrina sait se défendre, très bien même. Bien sûr, elle ne saurait certainement pas rivalisé avec moi mais il s'agit de ma soeur, la seule qui me reste alors j'espère que le moment venu si j'ai à la sacrifier, elle aurait assez de courage pur m'affronter et me défaire. Je lui ai donné une carte maitresse pour le faire et je n'ai eu de cesse de la manipuler pour parvenir à lui faire intégrer l'idée qu'en dernier recours si je venais à être malencontreusement capturé et que mon plan en pareille situation échouait, la mort serait la meilleure chose qu'elle puisse m'offrir. Elle sait donc parfaitement qu'elle ne doit me tuer que dans ce cas de figure. "

Ses derniers mots, Ulrich les avait prononcé avec une certaine mélancolie et une certaine résolution. Reprenant vite son masque pourtant, il adressa un sourire cruel à son cadet et plongea son regard dans le sien.

- " Cela dit, il y a plus de chance qu'elle meurt... C'est certain mais je lui ai laissé une chance et je ne me laisserai pas abattre si facilement. Quant à ta proposition... Es-tu à ce point naïf, petit frère ? "

S'approchant d'Ahren, Ulrich s'abaissa à son niveau.

- " Tu as toujours été et seras toujours mon pion que tu le veuilles ou non. Depuis ta naissance, je t'ai bougé sur mon échiquier. Tu seras donc sacrifié également, n'aies crainte. "

Se détournant de son cadet, le Serpentard s'éloigna avant de s'arrêter pour faire face à nouveau à Ahren.

- " Avec moi, il n'y a aucune place à prendre Ahren. Je pensais que tu le savais. Vous n'êtes que des pions que je bouge selon mon bon vouloir et que je sacrifie quand le moment est le plus propice à mes affaires. Et fort heureusement, j'ai un nombre assez inépuisable je dois dire de pions de réserve pour remplacer celles qui tombent ou que je sacrifie pour mes intérêts personnels à mes ennemis."

Ahren serra les poings lorsque son frère laissa entendre qu'il ressemblait à Alexander, il ne voulait pas montrer que la comparaison l'avait affecté après tout, avant Noël, il aurait pris la remarque d'Ulrich pour un compliment. Mais aujourd'hui les choses avaient changé, il n'était plus le même, il avait changé, s'il n'avait pas été influencé bien malgré lui par Prséphone, s'il ne s'était pas un peu attaché à Gillian, s'il n'avait pas essayé de faire son rôle de frère auprès de Kathrina, alors peut-être qu'il serait resté le même adorateur d'Alexander mais ce n'était plus le cas et son aîné ne semblait pas l'avoir encore compris.

Alors il fit comme s'il n'avait pas entendu, il continua comme si de rien était la résolution qu'il avait prise, protéger coûte que coûte sa jumelle, ou au moins essayer. Il savait pertinemment qu'Ulrich n'allait sûrement pas vouloir de lui, qu'il avait déjà certainement un plan et ses craintes furent confirmées lorsqu'il lui cracha à la figure qu'il avait déjà tout prévu, il lui dit que Kathrina savait parfaitement se défendre toute seule. Oui sûrement qu'elle savait le faire, ça n'expliquait pas pourquoi, elle continuait à trembler de peur quand elle pensait être seule. Ça ne justifiait rien du tout, Ulrich utilisait Kathrina comme il se servait de tout le monde et il avait beau dire qu'il ne voulait pas perdre encore une soeur, il n'en restait pas moins qu'il comptait la sacrifier pour venger la mort d'une soeur dont il était certain qu'il se rappeler à peine les traits et cette vengeance ne la ferait pas revenir non plus.

Il frissonna légèrement lorsque Ulrich s'approcha de lui et lui assura que son tour viendrait et qu'il ne fallait pas qu'il ait peur, lui aussi serait sacrifié car lui aussi été un pion. La colère l'envahit, une colère froide et destructrice, il le tuerait un jour, il tuerait ce malade de ses propres mains un jour lorsqu'il serait plus âgé et s'il n'était pas encore mort, il tuerait ce salopard de ses propres mains. Il semblait si sûr de lui, tellement fier de ce qu'il devenait, un être abjecte et méprisable. Lui même n'était pas très recommandable mais tant qu'il resterait une pourriture, personne ne l'approcherait et ceux qui ne l'approchaient pas ne deviendraient pas de pions d'Ulrich à leur tour. Et s'il s'attendrissait, il se ferait manger tout cru par son frère et ça il en était hors de question. Il serait donc détesté et il aurait un coeur de pierre mais c'était pour le plus grand bien.

"Tu te crois intelligent hein ? T'es complètement taré oui. Tu crois sérieusement que Susan aurait voulu que tu la venges comme ça ? Tu crois peut-être que ça la ramènera ? Je suis même persuadé que tu ne te rappelles pas du son de sa voix, des traits de son visages. Avoue le Ulrich, tu venges un souvenir qui disparaît et un mirage. Tu es pathétique. Alors peut-être que je suis comme Alexander, tu as sans doute raison. Et tu sais quoi, tu me fais un sacré compliment en disant ça. Parce que moi au moins, j'ai la certitude que je ne deviendrais jamais aussi taré que toi. Moi au moins, je suis sûr d'être sain d'esprit. Moi, je ne cours pas après des chimères. Tu perds ton temps. J'imagine que ça t'amuse de tuer des gens hein ? Ça t'amuse de détruire notre famille. Tu dis que tu tiens à Kathrina mais si vraiment tu tenais à elle, tu arrêterais ta vengeance et tu t'occuperais de son avenir, de son bonheur, tu m'obligerais à devenir quelqu'un de bien. Tu te comporterais comme un vrai frère au lieu de te bercer de l'illusion que c'est ce qu'attend de toi une pauvre folle morte depuis dix ans. Arrête de vivre dans le passé."

Il plongea son regard polaire dans celui d'Ulrich et un léger sourire narquois aux lèvres, il susurra d'un ton méprisant :

"Et tu sais quoi, le sale rat méprisable et répugnant ici c'est toi. Tu avais raison, je ne me lierais jamais à toi, j'aurais trop peur d'être contaminé. Tu es pathétique Ulrich."

Ahren inspira profondément, un sourire malfaisant aux lèvres et cracha au visage de son frère. Il savait que son geste était complètement stupide et inconsidéré mais il s'en moquait, il voulait que son frère se sente sale comme lui même l'était depuis qu'il avait pris conscience qu'il n'était qu'un sale gamin désobligeant mais qu'il n'avait pas le choix, il devait le rester.

L'insinuation concernant sa ressemblance frappante avec Alexander parut déplaire au Serdaigle qui serra les poings mais là où son aîné s'attendait à le voir exploser contre l'idée ou bien s'en enorgueillir, il n'y eut rien. Absolument rien. Ahren prenait sur lui. Comme c'était amusant. Ce serait davantage amusant par la suite lors de leurs échanges qui étaient devenus ces derniers temps pour le moins ennuyeux comme si Ulrich était enfin parvenu à définitivement briser le gamin faible qui lui faisait face.

Lorsqu'il le frôla, le Serpentard sentit son cadet frissonné. Comme c'était pathétique et ennuyeux à nouveau !  Combien de fois n'avait-il pas ressentit le malaise voir la crainte que pouvait éprouvé le Serdaigle face à lui.
Mais alors qu'il se détournait pour s'en retourner vaquer à ses occupations insipides, Ahren eut comme un sursaut de vanité et lui fit face faisant apparaitre sur les lèvres d'Ulrich un rictus amusé. Ainsi donc il y avait encore de la ressource chez son petit frère. Très bien, ça le rendait encore divertissant.

"Tu te crois intelligent hein ? T'es complètement taré oui. Tu crois sérieusement que Susan aurait voulu que tu la venges comme ça ? Tu crois peut-être que ça la ramènera ? Je suis même persuadé que tu ne te rappelles pas du son de sa voix, des traits de son visages. Avoue le Ulrich, tu venges un souvenir qui disparaît et un mirage. Tu es pathétique. Alors peut-être que je suis comme Alexander, tu as sans doute raison. Et tu sais quoi, tu me fais un sacré compliment en disant ça. Parce que moi au moins, j'ai la certitude que je ne deviendrais jamais aussi taré que toi. Moi au moins, je suis sûr d'être sain d'esprit. Moi, je ne cours pas après des chimères. Tu perds ton temps. J'imagine que ça t'amuse de tuer des gens hein ? Ça t'amuse de détruire notre famille. Tu dis que tu tiens à Kathrina mais si vraiment tu tenais à elle, tu arrêterais ta vengeance et tu t'occuperais de son avenir, de son bonheur, tu m'obligerais à devenir quelqu'un de bien. Tu te comporterais comme un vrai frère au lieu de te bercer de l'illusion que c'est ce qu'attend de toi une pauvre folle morte depuis dix ans. Arrête de vivre dans le passé."

Poussant le vice jusqu'à plonger son regard bleuté dans celui encre d'Ulrich, le garnement ajouta un sourire méprisant sur le visage que c'était lui finalement qui ne souhaitait pas être lié à son aîné qui selon lui était le rat répugnant et pathétique.
Pathétique, lui ? Que c'était naïf de la part de ce petit rat de croire le blesser ou l'agacer avec des paroles pareilles !  Visiblement amusé, Ulrich sourit tandis qu'un éclat de rire secouait faiblement ses épaules et s'élevait dans les airs.

- " C'est tout ce que tu as ? Rien de mieux en stock ? Je ne sais pas moi ... Quelque chose d'original... De nouveau... De surprenant... Que dis-je ? De di-ver-ti-ssant !", s'exclama-t-il toujours aussi amusé en s'approchant de son cadet.

Arrivé devant Ahren, Ulrich s'abaissa pour planter ses deux prunelles sombres dans celle de son cadet, une lueur dans le regard.

- " Un taré ? Un monstre sans aucun doute... Mais un taré je ne pense pas. Ce genre d'imbéciles n'a pas assez de présence d'esprit ni assez de patience voir de contrôle pour être maître de soi. Ce n'est pas mon cas... Après tout, n'ai-je pas dupé mon monde depuis tant d'années maintenant ?", lui murmura-t-il calmement avant que son ton ne se fasse plus orgueilleux et plus méprisant à son tour, " Oublier Susan ? Tu étais jeune quand elle est décédée, petit frère. J'avais 9 ans quand ça s'est produit et je me souviens parfaitement du ton clair et cristallin de sa voix comme de la douceur de ses cheveux miel...".

Absorbé par ses souvenirs, les yeux du jeune homme se fermèrent quelques instants. Son visage se fit serein et apaisé comme ça avait été rarement le cas depuis fort longtemps et ses muscles se détendirent paisiblement.  Derrière ses paupières défilaient tant de moments passés qu'il avait grandement apprécié, ce passé heureux où il n'avait pas la moindre goût de sang et pas la moindre mort sur la conscience, l'époque insouciante où Ulrich Keller était encore un gamin naïf et plein de candeur riant aux éclats face à des chatouilles ou applaudissant sans la moindre arrière-pensée les petites illusions créées par son père. L'enfant simple et adorable bien que parfois colérique qui ne connaissait ni la cruauté, ni la douleur, ni la magie noire. Celui-là même qui adorait passé ses doigts dans les soyeux cheveux blonds de Susan, qui se faisait disputer pour être monté au sommet d'un arbre dans le but de lui cueillir la plus belle grappe de lilas du jardin en risquant de s'y rompre le cou... Peut-être aurait-il mieux fallu sur le fond ? Il ne l'aurait pas vu tomber et n'aurait pas été plongé au plus profond des abysses qui avaient été durant longtemps son quotidien.

- " Tu as raison sur le fond en fait, petit frère...", lui dit-il faiblement avant d'ouvrir les yeux, la mine grave, " Ces meurtres ne ramèneront pas ma soeur, pas plus qu'ils n'apaiseront la douleur que je ressens ou les horreurs qui peuplent mes nuits à chaque fois que je parviens à trouver le sommeil...

Un rictus mauvais apparut sur les lèvres du Serpentard qui toisa froidement son cadet.

- " Mais encore une fois, tu es tellement sourd et abruti que je te conseilles vivement de consulter Miss Bloomwood. Ne t'ai-je pas dit que je n'en avais que faire de ramener Susan ? Le mal est fait et je ne récupèrerai jamais ma soeur. Je suis même persuadé que la vraie Susan dans pareille situation n'aurait rien voulu avoir à faire avec moi. ".

Tournant le dos à Ahren, le jeune homme laissa son regard se promener sur l'extérieur que montrait la fenêtre à proximité. Tout semblait si calme, si agréable. Poudlard ne se doutait absolument pas du monstre qui se tapissait en son sein.

- " Quand tu dis que ça m'amuse de tuer, tu es loin du compte...", commença-t-il distraitement avant de planter son regard dans celui du première année, " Ca m'amuse effectivement mais j'aime également ça. Tuer procure un étrange plaisir et même si ses effets ne durent pas bien longtemps, je me sens à nouveau vivant pendant quelques petites secondes. Ca n'a pas de prix. Parfois ça me permet même de dormir quelques heures. Alors oui, j'aime ça tuer et je ne compte pas m'arrêter ni parce que tu espères secrètement et naïvement avoir assez de pouvoir un jour pour m'arrêter ni pour faire plaisir à Kathrina. Mais ça ... Et bien, comme tu le sais, elle ne l'espère plus depuis longtemps parce qu'arrêter de tuer signifierait mourir pour moi. Et je me divertis trop de ces massacres pour penser à m'arrêter de suite. "

Se penchant sur le Serdaigle, le Serpentard l'attrapa brutalement par les épaules avec un sourire meurtrier aux lèvres.

- " Alors mets-toi ça une bonne fois pour toutes dans la cervelle que tu ne seras JAMAIS en mesure de m'arrêter. Ce ne sera le cas que lorsque je l'aurai décidé. Est-ce bien clair cette fois ? Si tu as cru jusqu'à récemment que tu avais encore à faire au frère certes destructeur mais pour le moins magnanime d'autrefois, je t'apprends qu'il est désormais mort en même temps que les O'Connor. Je m'en suis chargé personnellement."

Un jeu, un stupide jeu voilà tout ce que c'était pour Ulrich, rien de plus, il s'amusait avec la vie humaine. Un éclair de haine passa dans les yeux d'Ahren, il ne se laisserait pas faire, il refusait d'être un pion pour ce monstre. Mais avait-il le choix ? Non, il ne pouvait rien faire pas à onze ans et puis dénoncer son frère ne lui donnait aucune certitude quand à son avenir, il n'était pas certain d'être cru et il n'était pas certain que ça protégerait sa jumelle. Ulrich pouvait très bien avoir encore un tour dans sa manche et le vendre pourrait avoir l'effet inverse, mettre son aîné au pied du mur et le forcer à utiliser son dernier pion. Il ne pouvait pas se permettre de jouer la vie de sa soeur.

Il garda donc sa haine pour lui en se promettant qu'un jour, il lui ferait ravaler ce sourire amusé, cet air arrogant et si sûr de lui. Il se promettait de faire perdre sa superbe à Ulrich, un jour, il ne serait plus rien qu'un chien se traînant à ses pieds. Enfin, l'espoir faisait vivre et ce jour n'était visiblement pas prêt d'arriver. Lorsque le visage du Serpentard se fit plus songeur, il parla alors de Susan et pendant un instant, Ahren crut qu'il avait gagné qu'il revenait sur ses positions qu'il comprenait, il avoua lui même qu'il ne pourrait pas la ramener mais il vit ses espoirs partirent en poussière tout aussi vite que l'espoir était apparu.

Ulrich était perdu, définitivement et complètement perdu, rien ne le ferait revenir en arrière, il prenait du plaisir à tuer, il s'était transformé en monstre, un jour, il allait laisser tomber son masque et tout le monde le verrait tel qu'il était réellement, tel que lui même le voyait depuis des années. Il n'eut pas le temps de reculer que son frère le saisissait brutalement par les épaules, il serra les dents, il commençait à avoir l'habitude des sautes d'humeur de son frère et il devenait endurant à la douleur à force. Il esquissa un léger sourire ironique alors que le mot magnanime sortait de la bouche de son aîné.

"Laisse moi rire Ulrich, magnanime, tu te vois réellement comme ça ? Alors lorsque tu me torturais avec le Doloris, tu étais magnanime ? Et bien je suis heureux de l'apprendre. Mais il faut croire que je ne m'adresse plus à cet Ulrich là ! Donc auquel je parle aujourd'hui ? Hein Monsieur le bipolaire ? A qui ai-je l'honneur de m'adresser ? Ce n'est pas trop dur d'être plusieurs dans ta tête ? Je te plains sincèrement, crois moi."

Son sourire narquois s'agrandit, il avait cru, à tort, que s'il faisait des efforts avec Ulrich, s'il n'était plus le gamin infecte, il pourrait garder une certaine grâce à ses yeux du moins pour Kathrina mais tout ceci était inutile. Il ne ferait plus de cadeau et pour se protéger, il fallait qu'il retrouve sa carapace du vilain petit canard.

"Et bien moi, je n'ai pas changé, je suis le même. Tout le monde n'est pas dérangé comme toi, il faut croire. Ton mal n'est donc pas héréditaire, je suis soulagé. Bien, maintenant, j'ai autre chose à faire que contempler ton incroyable arrogance et ta trop grande confiance en toi. Tu n'es qu'un idiot Ulrich Keller, je me dois de te prévenir en tant que frère."

Il esquissa un nouveau sourire narquois avant de se libérer de la poigne de son frère et de lui tourner le dos. Il agirait comme il avait toujours agit et il s'en porterait aussi bien. Il avait eu tort d'écouter Gillian, tort de croire que le changement était possible. Rien ne pourrait jamais changer tant que leur grand frère serait en vie. Et Kathrina ne semblait malheureusement pas décidé à le voir mort.

Le sourire d'Ahren ne lui avait pas échappé... Comme l'aurait-il pu d'ailleurs ? Ce gamin avait visiblement des griefs à lui reprocher concernant son côté magnanime. Et bien qu'il explique donc ce qu'il voulait !  Ahren avait clairement été gâté jusqu'à présent malgré le rejet et les coups voire les sortilèges. Mais c'était mieux ainsi au final, n'est-ce pas ? Depuis leur alliance précédente, le Serpentard avait pu voir son cadet changer. Etait-ce le comportement d'Alexander ou bien la trahison de ce dernier qui l'avait touché à ce point pour qu'enfin il évolue ? Mais les modifications dans son attitude étaient frappantes et pour le mieux même s'il aurait préféré que son cadet évite de tomber dans la mièvrerie. Le jour où il disparaitrait... Et bien, il n'y aurait éventuellement plus que lui pour veiller sur Kathrina.

 "Laisse moi rire Ulrich, magnanime, tu te vois réellement comme ça ? Alors lorsque tu me torturais avec le Doloris, tu étais magnanime ? Et bien je suis heureux de l'apprendre. Mais il faut croire que je ne m'adresse plus à cet Ulrich là ! Donc auquel je parle aujourd'hui ? Hein Monsieur le bipolaire ? A qui ai-je l'honneur de m'adresser ? Ce n'est pas trop dur d'être plusieurs dans ta tête ? Je te plains sincèrement, crois moi. Et bien moi, je n'ai pas changé, je suis le même. Tout le monde n'est pas dérangé comme toi, il faut croire. Ton mal n'est donc pas héréditaire, je suis soulagé. Bien, maintenant, j'ai autre chose à faire que contempler ton incroyable arrogance et ta trop grande confiance en toi. Tu n'es qu'un idiot Ulrich Keller, je me dois de te prévenir en tant que frère."

Avec un sourire narquois, le Serdaigle tenta de se dégager de sa poigne et l’ainé qu'il était le laissa filer. Tandis qu'il s'en allait en lui tournant le dos, un rictus apparut sur le visage du Serpentard. Il pensait vraiment s'en être aller dans la dignité et avoir pris le dessus... Il se tromperait décidément jusqu'à son dernier souffle à ce sujet. Mais il n'était pas perdu ... Pas comme lui. Ahren prétendait ne pas avoir changé mais il mentait éhontément. Il aurait fallu être aveugle pour ne pas le remarquer ! Et il n'était justement pas aveugle.

- " Mon mal héréditaire ? Bien sûr que non, je l'emporterai dans ma tombe sauf si Kathrina en est infectée, petit frère.", lui cria-t-il avec mépris avant de poursuivre en murmurant de manière quasi inaudible, " Un idiot ? Peut-être... Mais c'est bien mieux ainsi. Tu n'aurais pas été capable de soutenir notre soeur lors de ma mort si je t'avais permis de t'attacher à moi et de m'aimer. Oui... C'est bien mieux ainsi."

Se détournant à son tour, les pas du jeune homme résonnèrent dans le couloir. Sa ronde l'attendait.