Histoire de dossier [Alastair & Lilly]

Lundi 23 avril 2007

Refermant d’un coup sec le dossier qu’elle avait passé une bonne partie de la nuit à préparer, Lilly se leva en baillant à s’en décrocher la mâchoire et s’étira, avant de se traîner sous la douche. Elle se frotta machinalement les yeux et resta plus longtemps que nécessaire sous le jet d’eau chaude, s’endormant quasiment debout, appuyée contre la paroi. S’arrachant finalement à contrecœur de sa douche, la jeune femme attrapa une serviette et s’enroula dedans, avant d’essuyer avec la paume de sa main la buée qui s’était formée sur le petit miroir de salle de bain afin de pouvoir contempler son reflet. Elle grimaça en découvrant ce dernier, et entreprit de se démêler et de se sécher les cheveux avant de passer un jean noir et un tee-shirt bleu. D’un pas traînant, elle retourna dans son salon – qui lui servait également de cuisine – et attrapa sa baguette magique, qui traînait sur le canapé. Grâce à quelques sorts, elle ordonna la pièce et rassembla en un tas les nombreuses feuilles éparpillées sur la table sur laquelle elle avait travaillé – elle les trierait plus tard. Levant la tête, elle jeta un coup d’œil à son horloge, et constata qu’il lui restait quelques minutes avant de partir. Elle ouvrit donc un placard et saisit un bout de brioche qu’elle entreprit de manger. Il fallait décidemment qu’elle fasse les courses, constata-t-elle en soupirant. Et, à tous les coups, elle n’aurait pas le temps de les faire ce soir, ce qui signifiait qu’elle allait devoir immigrer chez quelqu’un pour la soirée… Ses parents, peut-être, pour passer une fin de journée calme et pouvoir rentrer se coucher tôt.

Son petit-déjeuner avalé, la jeune femme se leva, saisit le dossier – ce stupide et malheureux dossier sur lequel elle avait travaillé des heures – et une fois sortie de son appartement, elle gagna un petit cagibi situé en bas de son immeuble, et transplana. Elle resta immobile quelques instants, le temps que les effets désagréables du transplanage disparaissent et se mit en marche en direction du Ministère. Une fois là-bas, elle rejoignit l’ascenseur, et balaya l’intérieur du regard dans l’espoir d’apercevoir Charlotte. Légèrement déçue de ne pas la trouver, elle adressa toutefois un sourire aimable à un Auror présent avant de descendre au premier étage. En quelques pas, elle se retrouva dans le quartier général des Oubliators et gagna son bureau, sur lequel elle déposa ses affaires avant d’enlever sa veste. Toujours fatiguée, elle étouffa un bâillement et jeta un regard meurtrier au dossier qu’elle venait de terminer.

« Toi, tu as la tête de quelqu’un qui n’a pas dormi de la nuit ! » s’exclama Daniel alors qu’il passait devait elle.
« Façon subtile de me dire que je ne ressemble à rien ? Pas mal… » le taquina-t-elle. « J’ai dormi trois heures. » ajouta la jeune femme avec une grimace.
« Soirée ? »
« Dossier. »
« Dur. »
« Je t’ai toujours dit qu’il fallait que tu apprennes à t’organiser, Lilly ! » lança Isy alors qu’elle rejoignait son propre bureau.
« Oui maman. » se moqua-t-elle en lui adressant un sourire. « Bon, je vais rendre cette chose, du coup. » conclut l’ancienne Gryffondor en saisissant son dossier avant de se diriger d’un bon pas vers le bureau d’Alastair Brennan, qui, elle l’espérait, se trouvait là.

Ce dernier avait spécifiquement précisé vouloir avoir son travail dès la première heure aujourd’hui, aussi, Lilly s’était acquittée à la tâche, soucieuse de ne plus faire d’erreurs lors de cette dernière ligne droite. Effectivement, si tout se passait bien, elle serait Oubliator à part entière à la fin de l’année. Et si elle appréciait son apprentissage, elle avait hâte de le terminer, quitte à ne quasiment pas dormir de la nuit pour monter un dossier correct à soumettre à Alastair... Car, une partie du travail des Oubliators concernait la recherche, et qu’elle devait donc être capable d’en mener une, seule et correctement. Trouvant l’Oubliator assit devant son bureau, elle s’avança.

« Je ne vous dérange pas ? » s’enquit-elle avant de lui tendre son dossier. « Dossier complet ! » s’exclama la jeune femme avant de rajouter avec un sourire malicieux : « A la première heure… »

Et si elle ne tombait pas raide morte de fatigue avant la fin de la journée, elle pouvait s’estimer comme miraculée. C’était fou comme passer sa nuit à travailler la fatiguait plus que de la passer à faire la fête – étonnement.

Alastair s'étira légèrement, le dos collé contre le dossier de son fauteuil, les yeux piquant de fatigue, il étouffa un bâillement et reporta son attention sur le dossier qu'il remplissait. Il aurait dû être dans son lit depuis deux heures déjà mais dans sa grande bêtise, il avait oublié qu'il était de garde cette nuit là et avait demandé à sa stagiaire Lilly Callaghan de lui remettre son rapport aujourd'hui. Il avait tout de même eut l'intelligence de lui demander à la première heure. Il n'avait donc plus beaucoup de temps à attendre, son lit devenant de plus en plus présent dans son esprit, alors que les heures défilaient. Cette nuit n'avait d'ailleurs pas été de tous repos, comme si des crétins avaient fait exprès de faire de la magie devant des moldus, rien que pour le faire se déplacer. Outre l'intervention, l'effacement des mémoires, il avait dû faire les rapports explicitant l'affaire. Ce qui était, il fallait bien le reconnaître l'une des parties les moins intéressantes de son travail. La recherche, l'aide à Ste Mangouste, les interventions sur le terrain, tout ceci le passionnait encore énormément et il ne se verrait pas changer de métier. S'il venait à perdre son emploi, il ne resterait pas grand chose de lui à la fin. Après les enfants, c'était tout ce qu'il lui restait et tant que le secret magique survivrait, son emploi était préservé. Même si, tout le travail de recherche et l'aide à la mémoire de victimes traumatisés seraient encore présents voir sûrement encore plus développé, il n'en resterait pas moins que le terme Oubliator ne serait plus significatif de leurs fonctions.

« Je ne vous dérange pas ? »

Alastair sursauta légèrement et releva la tête vivement pour faire face à Lilly. Il se détendit presque immédiatement et esquissa un léger sourire alors qu'elle lui tendait son dossier.

« Dossier complet ! » s’exclama la jeune femme avant de rajouter avec un sourire malicieux : « A la première heure… »

Se saisissant du dossier qu'elle lui présentait, il ne lâcha pas la jeune fille du regard, remarquant les cernes sous ses yeux, démontrant qu'elle n'avait pas dû beaucoup dormir la nuit dernière. Ils faisaient bien la paire, le maître et l'apprentie, autant fatigué l'un que l'autre. Ils n'allaient pas être très efficace, même si aujourd'hui Lilly ne devait pas passer sa journée avec lui mais avec Trevor Bird. Al n'appréciait pas Trevor plus que ça, le trouvant légèrement trop arrogant à son goût, il faisait souvent parti des cibles de ses piques, même s'il se demandait parfois si Trevor comprenait vraiment lorsqu'il le remettait à sa place. Il feuilleta rapidement le rapport et reporta son regard sur la jeune femme encore debout devant lui.

"Je vous en prie Lilly, asseyez-vous. Vous serez plus à l'aise et je n'aime pas trop me sentir... petit."

Il esquissa un sourire en coin et regarda sa jeune stagiaire s'installer. Il était certain que dans moins de trois mois la jeune femme ferait partie des leurs. Il était d'ailleurs plus que fier d'être son maître de stage depuis presque deux ans désormais, toujours prompte à réaliser la tâche qu'on lui confiait et souvent avec le sourire. Oui, c'était une très bonne recrue, tout comme Daniel avant elle. Ses poulains allaient devenir grand. Daniel était d'ailleurs très prometteur, beaucoup de ses collègues le voyaient un jour prendre la place de leur Chef.

"Greg, tu peux nous amener deux cafés s'il te plait ?"

Il venait de voir le jeune homme passer devant son bureau et semblait bien parti pour ravitailler tout le service en café, alors quitte à servir tout le monde autant qu'il fasse une demande polie et avec un peu de chance, ils seraient servis dans les premiers. Il reporta alors son attention sur Lilly.

"Bien, qu'avez vous retenu de vos recherches ? Je suis certain que ce rapport est très instructif mais si vous n'avez rien retenu, il ne sert à rien. Donc expliquez moi pour que je n'ai pas besoin de lire ça."

Il fit tourner le dossier entre ses mains et observa sa stagiaire lorsque que Greg apporta leurs cafés. Il remercia le jeune homme et but une gorgé brûlante du breuvage. Attendant une réponse de la jeune femme.

"En fait, logiquement après cet entretien, je ne vais même plus avoir besoin de ça."

Il balança alors le dossier dans sa corbeille à papier et avec un léger sourire aux lèvres reporta son attention sur sa malheureuse stagiaire essayant de déchiffrer un air outré sur son jolie visage.

"Je vous écoute Lilly, captivez-moi."

Lilly adressa un sourire fatigué à Alastair avant de s’assoir en face de lui, réprimant l’envie – ô combien tentatrice – de fermer les yeux. Observant donc à la place son maître de stage feuilleter son dossier, la jeune femme ne pu s’empêcher de se sentir fière d’elle. Elle l’avait fait. Elle y avait passé des heures, cette nuit, mais elle l’avait fait. Comme d’habitude, elle s’y était prise au dernier moment, et elle s’était une nouvelle fois rendue compte qu’elle travaillait beaucoup plus efficacement sous pression et dans le stress plutôt qu’en « s’organisant » comme lui préconisait Isy depuis le début de l’année. Il était vrai que parfois, cela lui portait préjudice, mais elle était comme ça, et elle n’y pouvait rien. Pourquoi faire le jour même quelque chose que l’on peut reporter au lendemain, quitte à ne pas dormir de la nuit pour le terminer à temps ? Et, si souvent elle se maudissait pour ça – le moment entre quatre heures et cinq heures du matin avait été particulièrement difficile à passer – elle ne pouvait pas s’empêcher de recommencer la fois d’après. Généralement, c’était sa mère qui se chargeait de lui faire la morale, lui reprochant son manque de sérieux, et lui rappelant dès qu’elle le pouvait qu’elle était adulte à présent, et qu’elle devait être apte à s’organiser, et non à agir comme une « adolescente avant un examen » pour citer ses paroles.

Remerciant Alastair d’un regard alors qu’il demandait à Greg qui passait devant le bureau de leur ramener deux cafés, Lilly plaignit intérieurement le pauvre homme qui allait revenir les mains chargées de gobelets. Le matin, il valait mieux ne pas se retrouver à traverser le quartier général pour se rendre à la machine à café, à moins de vouloir se retrouver solliciter par tous. Lors de ses débuts chez les Oubliators, elle était tombée dans ce piège quelques fois, avant que Daniel ne la prenne sous son aile et ne lui explique cette petite « tradition ». C’était au final devenu une sorte de jeu entre les Oubliators présents dès le matin – avec celui de maudire gentiment ceux qui étaient en déplacement – et c’était à celui qui craquerait le plus vite. Suivant des yeux le jeune homme qui s’en allait remplir des cafés – ah, comme cela lui rappelait ses débuts en tant qu’apprentie ! – Lilly finit par reporter son attention sur Alastair, un sourire amusé aux lèvres. Elle réprima cependant une mine étonnée lorsque ce dernier déclara qu’il souhaitait qu’elle lui explique ce que contenait le dossier. Baissant les yeux et masquant son visage quelques secondes avec ses cheveux blonds, elle tenta de se remémorer ce qu’elle avait fait, malgré son niveau de fatigue avancée. Bien que légèrement dans les vapes, ses recherches étaient encore présentes dans son esprit, si bien qu’elle finit par relever la tête et pianota quelques secondes sur la table, à la recherche d’une phrase introductive correcte. Elle fut cependant interrompue par l’arrivée de Greg, qui lui tendit un gobelet – et qu’elle accepta comme un cadeau de Merlin en personne avant de remercier le jeune homme.

Avalant une gorgée du liquide brûlant, elle s’apprêtait à prendre la parole lorsqu’Alastair, après lui avoir confirmé sur son rapport ne lui servirait à rien après cet entretient, jeta ce dernier à la poubelle, un sourire au coin des lèvres. Une moue outrée se forma instantanément sur son visage, tandis qu’un sentiment de déception s’emparait d’elle et qu’elle fronçait les sourcils. A la seconde phrase de son maître de stage, elle reprit ses esprits, et resta silencieuse quelques instants avant de planter son regard dans le sien et de commencer :

« Le modèle modale, comme vous le savez, divise la mémoire en trois sous-systèmes principaux. Le registre sensoriel, la mémoire à long terme, et la mémoire à court terme. C’est donc sur ce dernier sous-système que j’ai décidé d’axer mes recherches. La mémoire à court terme désigne en psychologie le type de mémoire qui permet de retenir et réutiliser une quantité limitée d’information durant un temps relativement court, c'est-à-dire une demi-minute. On parle aussi « d’antichambre vers la mémoire à long terme. » Les moldus ont fait de nombreuses expérimentations pour prouver l’existence de la mémoire à court terme, comme, par exemple, l’effet de récence qui désigne la facilité, ou non, à se rappeler des derniers éléments d’une liste de mots donnés. Lors des quinze premières secondes de la restitution, le sujet est généralement capable de se rappeler des derniers mots, or, après cela, seuls les éléments du début de la liste ont une forte probabilité de ressortir. Cela prouve donc l’existence d’une mémoire à court terme. Ainsi, le début de la liste ferait partie de la mémoire à long terme – notamment à cause de l’effet de primauté – et donc serait encore disponible après trente secondes, et, au contraire, la fin de la liste serait stockée en mémoire à court terme et disparaitrait rapidement après la présentation. » conclut-elle avec un léger sourire.

Cherchant vaguement comment elle pouvait parler du codage de la mémoire à court terme, de l’empan mnésique ou encore de la Neuropsychologie, Lilly resta silencieuse, en profitant pour reprendre son souffle. Finalement, elle décida d’entrer directement dans le vif du sujet :

« Cependant, ma véritable recherche concerne le fait de savoir si l’on peut passer outre la « barrière » de la mémoire à court terme. Rien n’est certain – et c’est d’ailleurs peut-être trop dangereux pour la santé mentale – mais j’ai pensé que c’était une piste de recherche intéressante, et qui, dans le meilleur des cas, pourrait se révéler utile dans le cadre des procédures de justice, lors des interrogatoires des Aurors, ou également à St Mangouste. »

Elle s’interrompit finalement, avec la désagréable impression de s’être lamentablement plantée. Elle reprit une gorgée de café et bénit intérieurement son cerveau d’avoir su restitué ces informations. Bon, le contraire aurait été inquiétant, puisqu’elle avait passé ses derniers heures dessus, mais tout de même. Cependant, jetant un regard à la poubelle elle la désigna d’un geste de main :

« J’ai passé la nuit de dessus. » fit-elle remarquer.

Puis, elle attendit la réaction d’Alastair, son gobelet dans une main. Elle aimait bien son apprentissage, oui. Elle préférait nettement être en déplacement.

Alastair posa son regard Lilly qui semblait profiter de l'arrivé de Greg pour rassembler ses idées. Il retint le sourire qui menaçait lorsqu'il entrevit son outrage. Elle ne s'attendait certainement pas à ce qu'il jette son travail à la poubelle. Il devait avouer qu'il avait été un peu sadique mais d'un autre côté, il ne voyait pas pourquoi il garderait un dossier dont il n'avait pas l'utilité, il préférait écouter Lilly lui faire part de son savoir. Il se cala donc confortablement dans son fauteuil, son gobelet de café fumant entre les mains, un léger sourire énigmatique aux lèvres et le regard fixement posé sur sa jeune stagiaire. Il l'écouta attentivement lui présenter son sujet de recherche. Comme il s'y attendait, elle commença par une rapide introduction mais à sa plus grande surprise, elle fit une pause. Il la soupçonna de rassembler ses idées avant de continuer.

Elle lui présenta alors en détail son sujet, il s'attendait à ce qu'elle enchaîne, il voulait entendre sa théorie sur la barrière, la question que lui même était la suivante, pouvait-on réellement considérer la mémoire à court terme comme une barrière ? Puisque lorsqu'il lançait un sortilège d'amnésie ce dernier agissait également sur la mémoire à long terme la plupart du temps. Même s'il arrivait qu'ils doivent effacer un souvenir de moins de trente secondes mais cela était très rare. Donc la question était de savoir si pour effacer des souvenirs, ils forçaient la mémoire à court terme et s'ils l'endommager. Il aurait voulu que Lilly lui explique cela, lui propose un protocole expérimentale en relation avec Sainte Mangouste pour découvrir ce mystère, il était réellement intéressé par la question et avait déjà quelques éléments de réponse mais il voulait avoir l'avis de Lilly sur la question.

Cependant cette dernière semblait plus préoccupée par son écrit que par son oral, pourtant cet entretien était la clé de toute sa recherche, il s'en moquait qu'elle soit capable d'écrire, il avait déjà pu profiter de ses talents lorsqu'elle réalisait des rapports d'enquête. Là ce qu'il l'intéressait réellement c'était qu'elle montre qu'elle était capable de suivre un raisonnement, Daniel était très doué pour ça. Lilly aussi, il en était certain et si elle ne s'arrêtait pas pour des futilités ce serait tellement mieux.

"Oh Miss Callaghan, j'en suis navré pour vous. Voyez vous j'ai passé la nuit ici et j'aimerais beaucoup retrouver mon lit. Voulez-vous continuer votre raisonnement s'il vous plait ?"

Il avait peut-être était un peu dur, mais la nuit aussi avait été dur et pour Lilly aussi certainement, néanmoins c'était de son fait, elle aurait pu s'y prendre avant pour faire son rapport, lui n'avait pas eu le choix. Veiller faisait également parti de leur travail, Lilly pouvait donc considérer qu'elle avait fait une sorte de cas pratique en veillant pour boucler son dossier.

"Expliquez moi donc cette barrière de la mémoire à court terme, en quoi agit-elle comme une barrière ? A votre avis, lorsqu'on lance un sortilège d'amnésie, ce dernier force cette barrière ou alors, le sortilège englobe les deux sortes de mémoire et les coupe du reste du système nerveux ? Quand pensez-vous ? Votre théorie m'intéresse. Avez-vous prévu un protocole expérimental pour un éventuel test permettant de vérifier vos théories ? Si oui, explicitez le moi s'il vous plait."

Il espérait qu'elle avait traité de ses questions dans son sujet. Mais il avait confiance en elle, elle était intelligente, il ne doutait pas de ses capacités et il n'était pas réellement dupe, souvent les jeunes fraîchement diplômés aidaient les stagiaires en mal d'inspiration même s'il était certain que Lilly n'avait pas eu besoin d'aide. Il se renfonça dans son fauteuil et la fixa attendant une réponse à ses questions.

(*)Comment ça utiliser le discours indirect c’est de la triche ? :mrgreen:

Alastair but une gorgée de café tout en écoutant Lilly lui exposer ses recherches. Elle semblait avoir besoin d'être un peu bousculée pour travailler, il avait remarqué ce léger détail chez sa jeune stagiaire. Il prenait donc un malin plaisir à lui poser quelques ultimatums afin de réveiller le cerveau endormi de la jeune fille. Il l'écouta attentivement, fronçant parfois les sourcils pour mieux se concentrer, hochant la tête en signe d'accord. Il se rapprocha de son bureau et se saisit d'une plume pour prendre quelques notes avant de se laisser retomber dans son fauteuil. Lorsqu'elle eut terminée, il la fixa un instant en silence, le visage impassible. Il réfléchit un instant à comment il allait lui faire part de ses impressions, il vida sa tasse de café et poussa un profond soupir.

"Merci Lilly pour ses informations. Comment vous êtes vous sentie pendant vos recherches ? Étiez-vous à l'aise ? Avez-vous compris votre sujet aussitôt où vous a-t-il fallu un peu de temps. vous êtes vous amusée lors de vos recherches ? Il arrive parfois que pour certaines thèses nous ressentions une certaine symbiose, une alchimie pour un thème. Une recherche qui prend toute une vie, que nous ne sommes même pas sûr de découvrir un jour et pourtant ça nous titille, nous ne pouvons nous empêcher d'être fasciné. Avez-vous ressenti ce dont je parle ? "

L'oubliator sonda un instant sa jeune stagiaire, lui c'était exactement ce qu'il ressentait face au mystère du cerveau. Tellement complexe, tellement petit et pourtant, il contrôlait absolument tout dans le corps humain. Il voulait savoir si Lilly partageait cette passion afin de l'inviter à le rejoindre dans ses recherches même s'il se doutait que la jeune fille était plus en quête d'action et préférait travailler sur le terrain. Mais arrivé à son âge, le terrain était devenu routinier, toujours les mêmes cas ou presque, toujours les mêmes dossiers. Alors oui, il n'aurait vu aucun inconvénient à tourner sa carrière uniquement vers la recherche et vers l'aide aux victimes à Sainte Mangouste même si le terrain lui manquerait un peu en fait.

"J'ai trouvé votre exposé très intéressant et je pense pouvoir dire sans trop m'avancer qu'il n'intéressera pas que moi. Je vais donc en référer à mes supérieurs. Ou plutôt non. Vous allez en parler au chef, ce sont vos recherches après tout, Alastair se perdit un instant dans ses pensées. Oui vous lui referez l'exposée que vous venez de me faire. Je suis sûr qu'il sera emballé par votre projet. Ensuite nous organiserons une réunion avec les différents services concernés. Oui, je pense que grâce à cela nous pouvons faire une bonne avancée dans nos recherches."

Il pointa alors sa baguette vers la poubelle et fit virevolter le rapport de Lilly jusqu'à lui, un léger sourire aux lèvres.

"Finalement nous allons avoir besoin de ceci. Ma chère Lilly, préparez-vous à parler. Je vous rends votre travail vous en aurez besoin pour préparer votre soutenance auprès du chef. Je pense que ça ne peut qu'être bénéfique pour vous. Vous allez pouvoir suivre un projet du début à la fin ainsi. Et vous en avez les capacités."

Le regard d'Alastair brilla légèrement, il ne formait que les meilleurs et encore une fois, son intuition ne l'avait pas trompé, Lilly était la meilleure de son année sans aucun doute. Et pour ne rien gâcher, elle était pleine de vie. Ce bureau en avait bien besoin.

"Avez-vous des questions ?"

Il avait bien conscience de lui en demander beaucoup mais elle en avait les moyens, il en était certain et puis, il serait là pour l'aider au besoin. N'était-il pas son maître de stage après tout ?

Alastair écouta Lilly lui affirmer qu'elle avait été passionnée parses recherches même si elle si était prise assez tard. Il sourit légèrement, lui aussi au début, lorsqu'il était encore jeune avait rendu des rapports à la dernière minute, il se rappelait des nuits blanches qu'il avait faites et Lucy qui le rouspétait gentiment en lui affirmant qu'il n'était pas raisonnable et qu'il aurait dû s'y prendre plus tôt. C'était la belle époque et elle lui manquait, Lucy lui manquait terriblement, après tant d'année, on aurait pu croire que la douleur était passée mais elle subsistait, durable et lancinante.

Il reporta son attention sur Lilly qui lui promettait que la prochaine fois, elle ne s'y prendrait pas au dernier moment. Il hocha la tête distraitement perdu dans ses pensées, il lui fit alors part du projet qu'il voulait entreprendre, les recherches de Lilly allait être fondamentale pour la suite de ses propres recherches et s'il voulait pouvoir les réutiliser et impliquer la jeune femme dans son projet, il allait falloir en faire part à leurs supérieurs. Lorsqu'il lui présenta ses conclusions, il vit son visage passer par différentes émotions et il put voir avec ravissement qu'elle semblait enchantée par son idée. Il esquissa un sourire devant sa mine ravie.

Il lui demanda pour la forme si elle avait des questions et comme il s'y attendait elle n'en avait pas, du moins pas sur le sujet de son rapport. Ce fut une question d'ordre pratique qu'elle lui posa. Il se laissa retomber contre le dossier de son fauteuil pour réfléchir un instant.

"Je ne peux pas vous donner de date précise. Il faut que je parle au chef, c'est lui qui fixera la date de la soutenance donc je vous la donnerait lorsque je l'aurais. Dans la semaine je pense. D'autres questions."

Il s'apprêtait à se lever pour pouvoir enfin aller se coucher lorsque Lilly lui demanda si elle aussi pouvait aller rejoindre son lit. Il la regarda un instant amusé avant qu'elle n'éclate de rire et assurer qu'elle plaisantait en redemander si elle était bien avec Bird pour la journée. Un sourire narquois étira ses lèvres à cette pensée. La pauvre, elle allait être morte de fatigue et en plus, elle était avec l'autre imbécile, vraiment pas de chance.

"En effet, vous passez la journée avec Bird. Et à votre place, je me méfierais éviter de vous endormir à côté de lui, ça pourrait être fort désagréable pour vos oreilles. Et l'excuse du rapport à rendre pour aujourd'hui ne passera pas."

Il esquissa un sourire moqueur alors qu'il se levait et attrapa sa veste.

"Sur ce Lilly, je vous souhaite une bonne journée. Pour ma part, je vais retrouver mon lit qui m'attend avec impatiente."

Il lui fit un léger clin d’œil et parti en sifflotant, cette journée avait très bien commencé même si pour lui, elle était déjà terminée à vrai dire.