L'aveu [Georgiana & Jeremy]

La métamorphose... Georgiana appréciait moyennement cette matière. Moyennement parce que ce qu'on y voyait actuellement la passionnait tout aussi moyennement. Autant l'idée de la métamorphose humaine pouvait l'intéresser à tel point qu'elle en aurait délaissé ses bouquins traitant des créatures magiques, autant tout ce qui était métamorphose d'objet la laissait très peu encline à déchainer les foules à ce sujet.
Outre cela la métamorphose lui rappelait toujours son petit-ami. Jeremy adorait cette matière où il excellait d'ailleurs. Ca la faisait toujours sourire depuis...

En parlant de petit-ami d'ailleurs, elle l'avait trouvé vraiment très étrange dernièrement. Avant les vacances d'avril, ils avaient eu une discussion où elle avait exposé ses doutes au jeune homme. La rousse avait bien cru qu'elle allait d'ailleurs le perdre ce jour-là à cause des soupçons qu'elle avait émis. Mais au contraire, contre toutes attentes, Jeremy s'était montré rassurant. Il lui avait expliqué qu'il n'était qu'ami avec Juliet et que s'il était si bizarre ces derniers temps c'était principalement à cause d'une épreuve importante qu'il avait à passer en métamorphose pour son avenir ainsi que sa situation familiale. Il avait promis que tout irait mieux après les vacances d'avril. Or ces dernières étaient passées et l'attitude du capitaine de sa maison n'avait pas changé que du contraire, elle avait plutôt l'impression que tout avait empiré. Jeremy semblait plus secret, plus hésitant à son égard. Et définitivement Georgiana ne pouvait s'empêcher de penser qu'il se tramait quelque chose avec Juliet. La jeune fille n'aurait pas été jusqu'à dire que tous les deux la trompaient dans son dos parce que c'était tellement peu dans leurs habitudes à tous les deux mais il était évident que quelque chose les liait. Peut-être était-ce du au fait de leur situation familiale compliquée et liée ?

Sortant de la salle de cours, le regard de Georgiana fut attiré par son petit ami justement qui s'avançait vers elle en la saluant de la main. Que faisait-il là ? N'avait-il pas cours ? Peut-être venait-il voir le professeur Nolan ?

Arrivé devant elle, Jeremy prit une grande inspiration avant de poser son regard sur elle, un regard dur et grave presque froid. Ce genre de regard qui n'annonce généralement rien de bon. Lui était-il arrivé quelque chose ? Avait-il de rater ce pour quoi il s'entrainait ses derniers temps ? Avait-il commis une erreur grave ou sa famille connaissait-elle un revers ?

"Salut Georgiana. Ça va ? Ecoute, est-ce que tu as un moment ? Je voudrais te parler "

A son ton, définitivement, aucune des précédentes hypothèses qu'elle avait émises n'était concernée. Il venait la trouver pour autre chose de plus grave au vu de son attitude. Quelque chose qui la concernait sans doute.

* Qui nous concerne... *

Peut-être apprendrait-elle pourquoi son comportement était-il si secret, si étrange, si distant la concernant alors qu'il semblait si proche de Juliet?
Sortant de ses réflexions, Georgiana releva le regard vers Jeremy auquel elle adressa un mince sourire.

" Oui, oui.. Bien sûr. J'ai un trou qu'une heure avant mon prochain cours. Y a-t-il un problème, Jeremy ?"

Alors même qu'elle lui répondait, la rousse replongea dans ses pensées. C'était étrange, trop étrange ce qui la mettait irrémédiablement sur ses gardes.

Il ne l'avait pas détrompée... Elle venait de lui demander si tout allait bien, s'il y avait un problème et lui qui était toujours si prompt à la rassurer et à lui assurer aussi vite que l'éclair que tout allait bien dans le meilleur des mondes, ne l'avait pas fait.
Esquissant un mouvement vers le jeune homme inquiète, l'attitude générale de son petit ami l'arrêta net. Quelque chose était étrange. Il paraissait ... plutôt mal à l'aise et avait un peu de mal à sortir ce pour quoi il était venu la trouver. Parce qu'à n'en pas douter, Jeremy n'était venu à elle que pour lui annoncer un événement. Ou une rupture... leur rupture peut-être.

- "Voilà, Georgia, je...ce que je veux te dire, c'est que...", commença-t-il avant que sa voix ne se brise et qu'il ne baisse le regard sur ses pieds, "Je suis désolé, je...on... Ce n'est plus possible entre nous.".

Le doute et l'espoir que Georgiana éprouvaient quand à une possible meilleure annonce s'effondrèrent. Une boule se forma dans la gorge de la jeune femme tandis qu'elle baissait les yeux en espérant parvenir à garder son sang-froid. Elle ne devait pas pleurer... pas maintenant. Que penseraient-ils tous d'elle ? Elle était la Harpie des Gryffondors, peut-être la fille ayant le plus de caractère avec Frost au sein des Gryffondors. L'attrapeuse ne pouvait pas se permettre de flancher et humilier de la sorte le jeune homme au milieu du couloir en fondant en larmes. Leurs condisciples ne manqueraient pas de se poser des questions.
Qu'avait-elle fait de mal ? Elle ne comprenait vraiment pas pourquoi tout le monde finissait par l'abandonner ou la trahir. Seuls ses parents étaient toujours restés à ses côtés. Toujours. Mais ses grands-parents l'avaient trahies éhontément, les rares amis qu'elle s'était fait avait fini par la laisser tomber aussi. Elle avait vraiment cru que depuis sa rencontre avec Whitaker tout s'était amélioré. Elle avait même commencé à s'ouvrir aux autres, assez pour tomber amoureuse de "ce crétin de blondin de capitaine" de sa maison.

- " Pour... Je ne ... veux pas t'ennuyer mais... je peux savoir... Pourquoi ?", murmura-t-elle faiblement en évitant de relever les yeux vers lui ce qui n'aurait pas manquer de déclencher les larmes qu'elle tentait péniblement de contenir.

La jeune femme était plus forte que ça. Ce n'était pas la première fois qu'elle était abandonnée. Il ne l'avait au moins pas trahi et puis ... ils pouvaient toujours rester amis n'est-ce pas ? Aucune loi n'interdisait deux ex-amoureux de devenir des amis après tout !

- "Je suis vraiment, vraiment désolé", répéta-t-il, "Je n'ai jamais voulu ça, je te le jure. J'ai toujours essayé d'être sincère avec toi. Et même ce que j'ai dis avant les vacances, je le pensais, sur le coup. Quand je disais que tout irait bien, que j'avais juste besoin d'un peu de temps... Mais je me mentais à moi-même, c'est toi qui avait raison. La réalité, c'est que... Ce que j'éprouve pour Juliet, c'est plus que de l'amitié."

Les derniers mots prononcés par Jeremy ne l'auraient pas mieux heurté si le jeune homme l'avait giflée. Juliet ? Wilson ? Il la quittait parce qu'il avait fricoté avec cette trainée ? Celle-là même qui avait écarté les cuisses face à Gray en plein milieu du parc ? C'était une blague ? Il ne l'avait tout de même pas trahi comme ses grands-parents par le passé ?
Laissant couler les larmes qu'elle avait retenues mais qu'elle regrettait désormais amèrement, la jeune femme foudroya son ex petit-ami du regard. Comment avait-il pu la trahir de la sorte ? Qu'il la quitte parce qu'il ne l'aimait plus était tout à fait normal mais qu'il la quitte parce qu'il avait été fricoté ailleurs dans les bras d'une fille aux moeurs plus que légères la mettait dans une colère noire !

- " Cette trainée ? ", murmura-t-elle en serrant les poings et les dents.

Se détournant et le plantant là, Georgiana commença à s'éloigner. La colère qu'elle ressentait risquait d'exploser et elle ne souhaitait clairement pas perdre sa place de préfète juste parce qu'elle s'était emportée et avait blessé un stupide blond incapable de contrôler ses hormones. Non, il fallait qu'elle s'éloigne et vite. Avec un peu de chance, elle croiserait Valentyne sur le chemin et lui demanderait un tuyau sur un lieu tranquille où exploser des objets pour passer ses nerfs. Il devait bien connaitre quelque chose celui-là à moins qu'il ne soit encore en train, lui aussi, de fricoter avec une crétine qu'il finirait par abandonner comme une vieille chaussette moisie, un peu comme Jeremy venait de le faire.
Après plusieurs enjambées, la jeune femme s'arrêta net. Lorsque son père avait appris sa relation avec Bryan, il lui avait montré quelques sorts plus ou moins utiles en lui faisant promettre de ne jamais se laisser maltraiter par un homme. Ce que venait de faire Jeremy valait autant qu'une engueulade. Et elle était certaine que ses parents comprendraient... Son père comprendrait. Sa mère serait surement attristée mais elle la soutiendrait tout de même. Quant à sa place de préfète...

- " Au diable, ce poste de préfète ! ", s'énerva-t-elle pour elle-même.

Se retournant pour faire face à Baker, Georgiana sortit promptement sa baguette qu'elle dirigea vers le traitre. De plusieurs mouvements du poignet la jeune femme lui lança un récurvite en direction de sa bouche.

- " Tu es désolé, dis-tu ? C'est moi qui le suis pour avoir été aussi stupide pour me laisser berner par un coureur de jupons incapable de contrôler ses hormones ! Que te fait donc cette petite trainée de Wilson pour que tu sois aller voir ailleurs dis-moi ?", s'écria-t-elle en lui lançant un cuisant, " Je présume qu'elle a du te sortir le grand jeu connaissant ses manières de fille de petite vertu. Un peu comme elle l'a fait pour Gray hein. Dans le parc. Pitoyable..."

Tournant à nouveau sa baguette, un sortilège de chauffe-furie s'échappa en direction du jeune homme.

- " Si tu crois que je vais en rester là tu te trompes. Passe encore que tu ne m'aimes plus mais je n'en resterai plus jamais là quand on me trahit. Or c'est exactement ce que tu viens de faire même si tu te donnes de grand air, Baker."

Se détournant elle remit en place ses cheveux tout en lançant "Ca vaut autant pour toi que pour l'autre trainée...".
Les gens autour d'eux s'étaient approchés pour comprendre la raison de la colère de la célèbre Harpie. Voyant Bryan dans les personnes assemblées, elle se dirigea vers lui. Autant faire d'une pierre deux coups.

- " Si tu cherches de quoi t'exercer, Bryan, Wilson se fera un plaisir de t'aider. Le trottoir c'est un peu son truc.", lui fit-elle avec un sourire chaleureux assez fort pour que les personnes autour puissent l'entendre.

Déposant un baiser sur la joue de son condisciple, la jeune femme s'éloigna.

Il n'avait pas réagi. Ahuri et crétin comme toujours, ce blondin était resté là à subir ses foudres sans tenter le moindre geste, sans lancer ne serait-ce qu'un protego. Il avait subi.
Y perdait-elle vraiment quelque chose au final ? Georgiana voulait quelqu'un capable de l'aimer mais aussi de lui tenir tête sans se laisser faire de la sorte. Comment pourrait-il les protéger comme son père l'avait fait avec sa mère et elle-même s'il n'était déjà pas capable de lui faire face ? Un lâche... et une andouille, c'était tout ce qu'était Baker !  Au final, il allait parfaitement avec l'autre trainée de Wilson. Qu'elle l'approche celle-là et elle allait se faire un plaisir de la remettre où était sa vraie place. 
Alors qu'elle s'en allait, le jeune homme l'attrapa par le bras avant de lui bloquer le passage.

- "Prend-toi en à moi autant que tu veux, lance-moi tous les sorts que tu veux, insulte-moi de toutes les façons qui te plaisent. Mais ce n'est pas la faute de Juliet, et elle n'a rien d'une traînée. Elle n'a pas ouvert les cuisses, je suis tombé amoureux d'elle."

Wilson n'était pas une trainée ? Oh vraiment ? Et comment appelait-il exactement le genre d'actes qu'elle avait commis avec Gray dans le pacte un peu avant de sortir avec ce dernier ? Quand à ouvrir les cuisses, était-ce réellement mieux de s'approprier le petit ami d'une autre sans la moindre gêne? Wilson était et resterait, elle se faisait un poing d'honneur à ne pas l'aider à ce sujet, une fille avec bien peu de vertu.

- " Ne me touche pas, Baker.", cracha-t-elle en se dégageant brutalement de la poigne du jeune homme, " Je penses avoir été souillée par toi et ta trainée. Parce que c'est ce qu'elle est. Qu'importe que tu la défendes ou non, tu sais, les autres n'ont pas besoin que je me décarcasses énormément à lancer des rumeurs à ce sujet. Penses-tu vraiment que l'histoire de l'année passée où elle a ouvert les cuisses pour Gray comme une fille de petite vertu qu'elle, est oublié ? Je n'aurais même rien à faire. "

Le contournant, elle s'arrêta à sa hauteur pour murmurer un dernier : " Et arrête de prétendre vouloir jouer les preux chevaliers. Tu n'es rien qu'un minable petit lionceau incapable de se défendre, un lâche rien de plus dont on peut s'offrir l'amour comme on s'offre ta petite amie au détour du parc."

Passant son chemin définitivement, Georgiana regagna son dortoir.