Cette nuit-là, le sommeil d'Ana Sorden était particulièrement agité, elle ne cessait de se tourner et de se retourner dans son lit qui lui semblait pour le coup anormalement petit. L'arithmancienne subissait souvent la colère des fantômes de son passé qui venaient se venger de sa cruauté en torturant ses pensées nocturnes, mais cette fois-ci ce cauchemar surpassait tout ce qu'elle aurait pu imaginer auparavant.
* Ana Sorden se voyait plongée dans un marécage nauséabond, et s'enfonçait centimètre par centimètre dans ce qui semblait être rien de moins que des sables mouvants. A quelques mètres d'elle, sur la berge, elle remarqua cinq silhouettes dont la plupart d'entre elles lui était étonnamment familière. En effet, tels des spectres, Ana reconnue son ancienne amie Lidwige Fowley, son ex-mari Howard Galister, l'arithmancienne Septima Vector, la petite fille des Longwood, et une fillette aux cheveux blond détrempée qu'elle ne connaissait point mais qui la regardait tout aussi froidement. Se tenant les bras croisès et le visage grave, ses anciennes victimes la contemplaient en train de disparaitre à jamais dans la boue infecte des marais. Les yeux exorbités par le peur de mourir et poussant des cris horrifiés, l'arithmancienne avait beau tendre la main vers ses victimes, aucune d'entre elles ne bougeait le petit doigt. Alors que seul son visage haineux émergeait encore de la surface boueuse, l'arithmancienne tenta un dernier acte désespérée, en tendant sa main en direction de petite fille blonde inconnue, en la suppliant de lui venir en aide. Un éclair de malice traversa le regard de la fillette qui se pencha pour lui murmurer à l'oreille, une phrase énigmatique : "
les petits poissons nagent aussi bien que les gros...". Sentant sa mort toute proche, Ana Sorden ouvrit une bouche immense pour happer les dernières bouffées d'oxygène de sa misérable vie; c'est cet instant que choisit la jeune fille blonde pour lui ouvrir sa paume de main et lui révéler la présence au creux de celle-ci de l'infâme crapaud de Danny Sneals. La petite blondinette lui adressa alors une dernière parole énigmatique : "Je m’appelais Mary et jamais plus tu n'oublieras mon prénom...". Sans une once de pitié, la jeune fille déposa le crapaud plein de pustules dans la bouche horrifiée de l'arithmancienne, dont le visage ne tarda pas à être enseveli sous le couvert vaseux. La main de l'arithmancienne tenta de s'accrocher à la vie, mais elle finit par disparaitre dans une myriade de bulles. Les spectres applaudissant ce spectacle funeste...*
Ana se réveilla en sursaut, en poussant un cri étrange qui lui parut immédiatement inhabituel dans sa tessiture. La chambre était plongée dans l'obscurité, masquant encore à l'arithmancienne la terrible vérité sur sa nouvelle condition. Elle soupira longuement, et voulantt passer sa main dans sa chevelure dorée, elle n'attrapa que des petits épis en bataille aussi graisseux que terriblement court!
L'aritmancienne voulut alors exprimer sa terreur à l'idée de perdre sa somptueuse crinière, et une autre surprise désagréable l'attendait.
"
Qu'est-ce donc que ce sacrilège!? Mes cheveux! Ma voix! Mais que m'arrive-t-il?"
L'arithmancienne se découvrait une nouvelle voix, aussi nasillarde qu'un petit garçon, et si loin de sa voix suave et sensuelle! Elle n'eut pas le temps de faire d'autres découvertes atroces sur sa nouvelle apparence, qu'un oreiller expédier violemment de l'un des recoins obscur de la pièce l'ateignit en pleine tête!
"
Tu peux pas la fermer Donald, j'aimerai pouvoir faire la grasse mat' aujourd'hui!"
Qui osait s'incruster dans sa chambre? Était-ce un élève? Et pourquoi la surnommer Donald? Avait-elle couché avec un élève sans se souvenir des détails de la soirée? Elle n'avait point bu pourtant. Non c'était un intrus! Elle se racla la gorge pour retrouver sa voix claire et menaçante.
"
Qui que vous soyez, vous n'avez rien à faire ici alors veuillez quitter sur le champ ma chambre! Vous serez punis à la hauteur de votre préjudice! Je suis Ana Sorden et..."
Elle ne reconnaissait définitivement plus sa voix, et la sensation d'être sur un autre lit que le sien finit par s'imposer cruellement dans son esprit! Elle se trouvait dans un dortoir d'élève! Elle avait enfreint une règle élémentaire! Une autre voix venant d'un autre coté finit par la molester également.
"
Putain Donald, t'es chiant! Pourquoi tu nous parles de cette grosse pétasse de Sorden, on veut pas faire de cauchemar!"
Encore le sobriquet de Donald et des insultes... Puis elle réalisa tout à coup toute la portée du préjudice! Le visage qui n'était plus le sien se crispa d'horreur lorsqu'elle reconnut à qui appartenait cette voix affreuse qui jaillissait de sa gorge. C'était la même voix que cet impertinent petit Gryffondor qu'elle avait sévèrement punie, il y a des mois de cela, et qui s'appelait justement... Donald McWilde!
Le cœur de l'arithmancienne s'emballa à un tel point qu'elle frôla l'arrêt cardiaque! D'un geste machinal et voulant réfréner le galop de ses pulsations, elle porta une main à sa poitrine... qui n'y était plus! Son arme de séduction massive venait littéralement de disparaitre! Ses seins divinement rebondis et superbes laissait place à une triste plaine abandonnée. Elle avait une poitrine digne d'un nouveau né!
L'idée d'avoir passé autant de temps à sculpter son corps et de tout perdre du jour au lendemain l'acheva, ses yeux partir en arrière, et elle tomba du haut de son petit lit pour s'affaler sur le plancher...
Lorsqu'elle reprit ses esprits, et ne voulant point se faire remarquer sous cette affreuse apparence, elle rampa, telle une couleuvre, en direction d'une porte ou luisait un semblant de lumière. Poussant le battant de ce qui s'apparentait à une petite salle de bain, éclairée par une chandelle, Ana découvrit enfin toute l'horreur de la situation. Elle n'habitait plus son corps, mais celui d'un petit garçon vêtu d'un caleçon immonde et coloré et don les genoux était aussi cagneux que ragoutant! Pleurant doucement sur son malheur, et encore dans l'incompréhension, elle se dirigea vers un petit miroir pour y découvrir le visage infâme du petit batteur du groupe disparu des Dark Boursoufs. Elle avait beau se pincer, elle ne rêvait pas! Comme dans un mauvais conte de fée, la reine de beauté automnale s'était transformée en petit crapaud obèse et répugnant!
Très vite sa détresse se transforma en haine, alors que son cerveau tournait à plein régime pour découvrir les secrets de cette infamie! Cela ne pouvait être que l’œuvre de Margot Adamson, cette dernière lui ayant sans doute administrée une potion maléfique à son insu! Après tout, la directrice des Serpentards devait commencer à avoir certain doutes sur ses intentions, et peut être commençait-elle à vouloir lui rendre les coups. Si cela s'avérait vrai, sa mission était en danger et devait s'intensifier au plus vite, car il n'est point bon d'avancer démasquée sur un terrain ennemi. Mais pourquoi faire cela? Et user du corps immonde de Donald McWilde? Peut être pour l'humilier...
Le visage d’ordinaire si jovial du petit Gryffondor s'obscurcit d'un voile de haine des plus inquiétant.
Si Margot Adamson avait osé lui faire cette plaisanterie indigeste alors elle le paierai de sa vie! La déposséder de son apparence était sans doute le pire des châtiments qui soit pour l'arithmancienne. Une certaine crainte finit par l'envahir, lorsqu'elle pensa que cet échange de corps avait peut être pour but de pouvoir espionner ses quartiers, la nuit durant. Se elle ne s'était pas réveillée du fait de son cauchemar, peut être qu'elle ne se serait rendue compte de rien! Et que Margot Adamson aurait pu glaner certaines informations compromettante en toute quiétude...
Non! Quelque chose ne collait pas dans les hypothèses paranoïaque qui se bousculaient dans son esprit. Aussi serpentard qu'elle puisse être, Margot Adamson n'aurai jamais utilisé un de ses élèves pour mener à bien ses recherches. Cela ne lui ressemblait pas, elle était trop animé par des barrières morale qui l'en empêcherait. Il ne pouvait point s'agir d'elle! Alors qui?
La dernière solution était un acte isolé de petit Donald lui-même. Peut être voulait-il mettre la main sur les instruments confisqués des Dark Boursoufs et aurait usé de ce stratagème pour lui faire boire une potion à un moment donné? Ou lui jeter un maléfice? Étrange...
L'idée que se faisait l'arithmancienne de ce petit Gryffondor grassouillet est qu'il était à peu près aussi douer qu'une buse dans l'art de la magie. Mais il n'y avait guère d'autre alternatives.
Une évidence s'installa en elle, celle que quelqu'un se trouvait en ce moment même dans ses appartements et qu'elle devait agir au plus vite!
Jetant un dernier regard à ce corps grotesque en tout point, elle enfila des vêtements qui trainait à même le sol pour se précipiter vers l'étage de ses appartements. Montant les marches quatre à quatre, elle finit par arriver devant la porte de ses quartier, et murmura un mot de passe inaudible dans le creux de la serrure. La porte s'ouvrit alors dans un grincement singulier...
Son bureau était désert, la lumière de l'aube l'éclairant d'une lumière rassurante et hospitalière. S'emparant de sa baguette en bois d'ébène, Donaldana se dirigea vers la dernière pièce inexplorée, c'est à dire la chambre...
Elle poussa le loquet doré, mais la porte résista. L'arithmancienne avait pour habitude de fermer la porte de sa chambre durant son sommeil, et nul doute que l'usurpateur d'identité se trouvait encore dans sa chambre... enfermé!
Un sourire diabolique éclaira le visage sombre du petit Donald quand il murmura à nouveau le mot de passe secret. La porte finit par s'ouvrir sur un spectacle déstabilisant. Face à elle se tenait son propre reflet, enroulée dans SON peignoir, dans SA tunique en satin!
Des larmes de colère montèrent aux yeux du petit Donald qui trouvait ce vol proprement scandaleux! Comment pouvait-on profiter de sa beauté de la sorte? Alors qu'elle croupissait dans un corps biscornu! C'était insupportable!
Savoir que ce petit pervers de Donald se trouvait peut-être dans son corps lui donnait envie de vomir.
Elle braqua sa baguette en direction d'elle même, sachant que jamais elle ne pourrait écorné ne serait-ce que légèrement son corps sublime!
"
Qui êtes-vous??? Je vous ordonne de me rendre mon corps sur le champs! Je ne supporterai pas une seconde de plus de devoir supporter cette apparence! Alors vous allez sagement m'obéir et me dire la vérité sur vos intentions ou je vous le ferai regretter jusqu'à votre dernier souffle de vie!"
Toutefois l'assurance de l'arithmancienne vacilla quelque peu devant sa beauté qui l'avait désertée...