Les maux changent de peau

Nuit du 31 mars au 1er avril 2007

Peggy avait quitté son dortoir dès qu'elle avait été sûre que toutes ses camarades avaient été endormies. Elle avait quelque chose d'important à faire cette nuit, de crucial même. C'était, à vrai dire, la seule raison de sa venue à Poudlard, sa mission depuis bientôt deux ans qui allait aboutir. Elle avait dû en faire, des sacrifices, pour parvenir jusqu'ici. Prendre l'apparence d'une fillette de 11 ans, risquer de se faire démasquer par le Choixpeau, passer deux horribles et longues années noyée au milieu des gens immatures de son âge, réapprendre tout ce qu'elle savait déjà, et se faire discrète pour ne pas être découverte. Et s'il y avait une chose que Peggy n'appréciait vraiment pas, c'était bien d'être discrète. Aussi n'avait-elle pas choisi n'importe quelle petite fille, seule concession faite à son amour propre, et s'était-elle permi de mettre le grappin sur la fille de Sirius Black. Ah, Sirius...

Avec un sourire au souvenir du jeune homme volcanique qu'elle avait connu, Peggy quitta la salle commune et rejoignit les cachots. Elle n'eut aucun mal à éviter le concierge, ce Silverster, qui, s'il s'avérait plus dangereux que Rusard, restait inoffensif pour quelqu'un de sa stature. Arrivée dans la plus sombre et reculée des salles de cours, la jeune fille murmura un enchantement pour verrouiler la porte, puis fit face à l'oeuvre qu'elle constituait patiemment depuis sa répartition. Un immense pentagramme décorait le sol de la classe, et en son centre se trouvait une potion qui mijotait depuis trois lunes.

Faisant attention à ne pas marcher sur les lignes de sel, Peggy s'avança vers son chaudron, et sortit de sa poche un élément extrêmement rare qu'elle avait volé à un autre professeur de Potion lors de l'un de ses voyages. Rogue était bien plus difficile à duper que cette sotte de Margot Adamson, si naïve qu'elle n'avait pas encore découvert les réelles intentions d'Ana Sorden à son égard. Peggy aurait pu l'aider, bien sûr. Elle sentait le devoir l'appeler, elle avait envie de hurler à la directrice-adjointe que les faits étaient flagrants. Elle avait du se retenir sec pour ne pas être trop héroïque et ne pas aller rassembler par elle-même les évidences contre l'horrible bonne femme.

Alors qu'elle versait le sang de dragon dans la potion, Peggy songea que tous les efforts qu'elle avait fait pour ne pas laisser sa véritable nature s'exprimer allaient enfin payer. Ces sots de directeurs de maison avaient cru pouvoir la contrer et l'empêcher de se mêler des affaires de leur précieuse école. Ils avaient réussis, un temps. Mais elle n'abandonnait jamais. Jamais. Sans elle, Poudlard était si ennuyeux. Elle ne s'était jamais autant ennuyée de sa longue vie. Elle avait besoin d'aventures, de découvertes, d'histoires de coeur tragiques, de côté obscur tentateur, de mage noir. Elle aimait être déchirée entre le bien et le mal, devoir faire des choix puis les assumer. Poudlard, aujourd'hui, n'offrait rien de toute cela. Les élèves étaient tous des moutons bien sages qui suivaient les cours, la plus grande infraction au règlement depuis la guerre étant une fugue pour aller assister à un concert. Le plus rebelle de l'école, O'Connor, était un imbécile de Serpentard qui croyait que ses mots allaient agir pour lui. Pathétique. On devenait animagi légalement, on se taisait contre un professeur injuste...

Devant tant d'inertie, Peggy avait bien failli céder et rejoindre le camp des mardoliens. Ana Sorden apportait une odeur de complots machiavéliques qu'elle avait toujours adoré. Son instinct de guerrière s'était réveillée et elle ne comptait plus les fois où elle avait suivi le professeur d'Arithmancie sans que celle-ci ne s'en aperçoive. Lorsqu'elle l'avait vu mettre, indirectement, le feu à la ferme de Pré-au-Lard, elle avait même transplané dans la maison pour sauver la fillette, mais c'était hélas trop tard. Seuls ses talents lui avaient permi d'éviter le même sort, et elle avait du se changer intégralement avant de regagner son dortoir en catimini. Comme du temps de Harry. Réalisant combien le camp des gentils était amorphe, Peggy avait considéré rejoindre les terroristes un temps. Là, elle aurait une chance de se faire un nom, d'être entendu et d'assouvir sa soif d'action. Elle le ferait probablement, par ailleurs, dès que sa revanche sur Mason, Hellsoft et Adamson serait assouvie.

Peggy touillait la potion, un sourire extatique aux lèvres. Celle-ci atteignit la parfaite couleur turquoise souhaitée, et elle ne tint plus en place. Sautant sur ses pieds, elle lança un charme de Ventléger, avant de monter la température du feu à tel point que la potion commença doucement à s'évaporer. Protégée des vapeurs par un talisman offert jadis par l'un des fondateurs lui-même, Peggy commença lentement à réciter la formule qui lui rendrait son apparence originelle et permettrait au charme d'opérer...

"We Gar-Dena in geardagum theodcyninga thrym gefrunon hut tha aethelingas Ellen fremedom! Sythan aerest wearth feasceaft funden. Hyran scold thara, ofer hronrade Poudlard, hyran scold. Hyran scolde thara, ofer hronrade Poudlard, hyran scolde."

Et comme elle prononçait ses mots, elle grandissait, ses cheveux se coloraient, ses yeux retrouvaient leur couleur originelle, et après quelques minutes, ce fut une magnifique jeune femme qui se tenait au centre du pentagramme. Avec un sourire énigmatique, elle regarda le sort physique qu'elle avait créé se répandre dans le château, contaminer chaque professeur, chaque élève, chaque humain présent dans l'enceinte de Poudlard... Ils allaient tous avoir une mauvaise surprise le lendemain matin en se réveillant...

"Vous saurez ainsi qu'on ne contredit pas Mary. Mary-Sue."

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