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C'est la vie... (OS)

Jeremy Baker
Jeremy BakerJérémie Levain
Messages : 1226
Profil Académie Waverly
C'est la vie... (OS) Icon_minitimeMar 19 Fév 2013 - 23:56
28 mars 2007
Banlieue londonienne



"Tu diras à ton père que les papiers du divorce sont prêts."

Ces mots tournèrent en boucle dans sa tête, longtemps après que sa mère l'ait embrassé en lui disant qu'elle l'aimait et qu'elle soit partie. La discussion avait été longue et houleuse, mais c'était cette petite phrase qui était restée gravée au fer rouge dans la mémoire de Jeremy. Abasourdi, le jeune homme avait regardé en silence sa mère quitter la maison pour se rendre dans son appartement en pensant que la prochaine fois qu'il la verrait, elle ne porterait probablement plus le nom de Baker. Après avoir monté les escaliers quatre-à-quatre, Jeremy était allé s'allonger sur son lit en fermant la porte de sa chambre derrière lui.

Il ne comprenait pas. Par Merlin il ne comprenait toujours pas. Une heure d'explications, de cris, de pleurs maternels, une heure d'accusations et d'explosions assassines, une heure à tenter de comprendre, de garder l'esprit ouvert et tolérant, de se rappeler pourquoi il aimait cette femme. Et cela n'avait rien changé. Un immense fossé d'incompréhension s'était creusé entre la mère et son fils, et Jeremy avait peur qu'il ne se rebouche jamais. Quand il regardait sa mère, malgré tous ses efforts il ne voyait plus la même femme qu'avant, généreuse, altruiste et passionnée. Il ne voyait plus que la tromperie.

"Ton père et moi avons convenu qu'il obtiendrait la garde..."

Comment les choses avaient-elles pu dégénérer si vite ? Comment fignolait-on un divorce en trois petits mois ? Depuis combien de temps préparait-elle cela, au fond ? Depuis combien de temps pensait-elle à quitter son mari, sans oser l'avouer, que ce soit à elle ou à sa famille ? Elle s'était cachée derrière des excuses pitoyables pendant si longtemps, et son père n'y avait vu que du feu. Jeremy avait eu l'occasion de lui parler pendant ses vacances, à son père, il avait eu l'occasion de voir quels ravages cette histoire avait fait en lui. Même s'il tentait de ne pas le montrer, ce n'était plus le même homme, plus vraiment.

Par Godric ! Ce n'était pas comme si elle était follement et désespérément amoureuse de monsieur Wilson, non, ce n'était qu'une affaire sordide et misérable, quelque chose qui...

"...est arrivé comme ça, sans que je le prévois. C'est la vie."

C'est la vie, et Jeremy détestait maintenant sa mère au moins autant qu'il l'aimait. Mais ce n'était pas si grave, au fond, c'est la vie ! Un jour, il lui pardonnerait sans doute, mais il craignait ne plus jamais être proche d'elle. Quelque chose s'était brisé.

"Et ne t'en fais pas, tu pourras aller dans cette école, si tu es pris. C'est où déjà ? Southampton ? Ah, Bristol, voilà c'est ça !"

Jeremy se redressa légèrement et regarda autour de lui. Cette chambre, dans laquelle il avait vécu toute son enfance, ne lui ressemblait plus. Elle était celle d'un enfant qu'il n'était plus, quelqu'un de plus insouciant, quelqu'un de plus heureux aussi. Tout à coup, Jeremy eut hâte que l'année se termine, hâte que l'été passe, qu'il puisse enfin déménager et commencer une nouvelle vie. Toute une partie de lui était déchirée à l'idée de quitter Poudlard, mais il réalisait aussi à quel point il en avait besoin. Jeremy suivit du regard les oiseaux qui voletaient sur sa tapisserie couleur bleu ciel, avisa son balai qui trônait dans un coin de la chambre, et se jeta presque hors du lit. Il étouffait, il avait besoin de prendre l'air. Le jeune homme attrapa la veste moldue que lui avait offert son frère pour Noël, saisit ses clefs et descendit précipitamment les escaliers.

Une fois sorti dehors, il plissa les yeux, agressé par la lumière éclatante du soleil. C'était une journée magnifique, une de celles où il est interdit d'être malheureux. Fébrile, Jeremy fit quelques pas nerveux dans l'Allée du Vivet Doré, réfléchissant à une destination. Il avait besoin de partir d'ici, et de laisser éclater toutes les émotions contradictoires et passionnées qui l'agitaient. Après cette discussion profondément stérile et frustrante, il avait besoin d'être avec quelqu'un qui pourrait le comprendre.

"Tu connais sa fille, n'est-ce pas ? Je suis désolée, Jeremy."

Avant même d'avoir pris le temps de réfléchir à ce qu'il faisait, Jeremy se concentra sur sa destination et transplana. Il réapparut dans une autre allée pavillonnaire, tout aussi calme et banale que la sienne, face à la maison dans laquelle vivait sa meilleure amie. Là, tout de suite, elle était la seule personne qu'il ait envie de voir. Elle seule pourrait comprendre et partager sa frustration, sa tristesse, sa colère, sa confusion. Oui, Juliet saurait trouver les mots qu'il fallait, elle était toujours douée pour cela. Et quand bien même elle ne les trouvait pas, il savait qu'il se sentirait mieux, simplement en la prenant dans ses bras.

Jeremy s'avança sur le perron de la maison, leva le poing et s'apprêta à donner quelques coups secs sur la porte en bois quand il s'immobilisa, subitement interdit.

Qu'est-ce qu'il était en train de faire ? Ce n'était pas uniquement la maison de sa meilleure amie, c'était aussi celle de l'Autre. Et s'il tombait nez-à-nez avec monsieur Wilson, que ferait-il ? Jeremy n'avait pas la moindre idée de ce dont il serait capable s'il tombait sur l'amant de sa mère, cet homme qui avait détruit deux familles sans sourciller. De plus, même si Juliet lui avait fait promettre de venir la voir en cas de baisse de besoin, il doutait qu'elle apprécie s'il débarquait au beau milieu des vacances, sans prévenir, pour venir semer le trouble dans une famille déjà bien assez agitée. Sans oublier...

Sans oublier ce qui s'était passé la dernière fois qu'ils s'étaient trouvés dans ce genre de situation. Ce qu'il avait failli faire. A cette pensée, Jeremy s'éloigna brusquement de la porte et s'éloigna à la hâte. Avisant un banc un peu plus loin, il s'y assit et prit sa tête entre ses mains. Il ne savait plus où aller, il ne savait plus qui voir. Il n'avait envie de voir personne, à part Juliet, mais ce n'était pas possible et il se sentait à la fois très seul et en colère contre le monde entier. C'était trop, toute cette maudite année, c'était trop. Il ne voulait plus de tout ça. Plus d'enterrements, plus de divorces, plus de tromperie, plus de concours et plus d'études, plus de Quidditch, plus d'amitiés compliquées, plus de questionnements et de doutes à n'en plus finir. Il voulait juste dormir pendant des jours et des jours, et oublier le monde entier. Après avoir tenu tout le semestre, Jeremy craquait, se laissant brusquement submerger par les sentiments qu'il avait mis de côté pour rester concentré sur son avenir. Tout ce qu'il avait ignoré, sciemment ou pas, tout l'envahissait d'un coup et il sentit ses mains se mettre à trembler, ses yeux s'embuer. Avant qu'il ait eu le temps de comprendre ce qui lui arrivait, les larmes se mirent à couler sur ses joues, à couler et à couler encore, sans rien pour les retenir...

La voix de sa mère raisonnait encore dans ses oreilles. Elle y raisonnerait longtemps.

"Je sais que tu me détestes pour ce que j'ai fais. Un jour, Jeremy, je sais que tu comprendras."


C'est la vie... (OS) Batch_10