Alzheimer chez les Aurors... [Interrogatoire Crispin - Mika - Charlotte]

Samedi 17 février, milieu d'après midi, dans une salle d'interrogatoire des Aurors.

Crispin Dérébusor détestait quitter sa tour d'Astronomie, et quoi de pire que de devoir quitter son ciel étoilé pour les bureaux insipides attribués au département des Aurors! Répondant à une convocation des ces derniers, qui souhaitaient l'interroger à nouveau sur les circonstances exactes de l'avalanche mystérieuse de Valtivaara, l'astronome furibard fit une arrivée aussi tonitruante que bruyante...

"Sacrebleu! Me faire perdre mon temps, avec une histoire vieille de plusieurs mois! Quelle bande d'impotents vous formez!!! J'ai déjà tout dis au sujet de cette foutue avalanche! Vous penser pouvoir déranger un professeur de Poudlard quand l'envie vous chante!??? Et bien vous allez m'entendre!!! Car je compte bien me plaindre pour cet odieux dérangement!!! Qui va me rembourser le déplacement d'ailleurs, bande de truandaille!!!"

Le personnel présent indiqua alors, au vieux ronchon, la direction d'un bureau dans lequel attendre son interrogatoire. Crispin s'assit alors sur la chaise en grommelant, et il ne se passa guère une minute avant que se voix puissante tambourine à nouveau les murs du départements des Aurors.

"Combien de temps allez-vous me faire perdre encore avec vos flagorneries!!!???"

La porte de la salle d'interrogatoire s'ouvrit enfin...

Mika guettait l’arrivée de Charlotte devant la porte de la salle d’interrogatoire. Elle avait été désignée pour cuisiner les journalistes au sujet de leurs méthodes d’investigations et elle n’avait donc pas pu être disponible, aujourd’hui, pour bosser sur l’Affaire Vaaltivara avec lui. Néanmoins, Mika avait décidé de l’attendre pour auditionner le vieil astronome qui était devenu, depuis la veille, un sérieux suspect.
Avisant sa collègue qui arrivait vers lui, il lui décrocha un sourire charmeur avant de lui demander :

« Alors, ai-je vu juste avec mon cappuccino sucré ? »

En effet, il avait déposé une tasse de café à son intention durant ses auditions de chroniqueurs.

« Bon, notre homme semble bien mûr, ajouta-t-il en désignant d’un geste de la main la porte close dans son dos d’où émanait les vociférations de Crispin, On y va ? Je vous laisse même l’honneur de la première question… » précisa-t-il avec un air mutin qui disparut instantanément lorsqu’il pénétra dans la pièce en arborant une mine sévère.

« Bonjour Mr. Dérébusor, je suis le Prikaati Roselden, ma collègue et moi-même avons quelques questions à vous poser… »

Charlie déposa ses dossiers sur son bureau en soupirant, sous le regard un peu amusé de Seamus qui travaillait en sirotant son café. Elle venait juste de terminer les auditions et même si cela avait pu être assez sympa de temps en temps, quand elle croisait quelqu'un d'aimable comme aujourd'hui. Elle lui adressa un sourire en coin avant d'attraper de nouveau un dossier posé bien sagement sous son encrier et de repartir en direction d'une des salles d'interrogatoire. Ces derniers jours, elle enchainait les affaires. Ce n'était pas pour lui déplaire, elle aimait varier les tâches, mais parfois cela faisait du bien de se poser à son bureau avec un bon gros dossier à traiter. Une bonne histoire de voisinage, un peu sanglante, c'était parfois efficace. Fronçant légèrement le nez à cette idée - ce job vous faisait réagir vraiment étrangement parfois - elle échangea un regard entendu avec sa collègue Angie en entendant les beuglements du vieux Crispin Dérébusor. Interroger son ancien professeur, qui avait toujours été impressionnant, allait définitivement être étrange. Elle adressa un sourire au Prikaati Rosalden, qui lui avait demandé de l’appeler par son prénom, agréablement surprise par l'histoire du café. C'était définitivement plus que sympa.

- Tout à fait juste, merci ! répondit-elle en poussant la porte, tout en adressant un sourire réjoui à son collègue.

Sourire qui disparu immédiatement de ses lèvres quand elle fit face à son ancien enseignant. Elle ne savait pas s'il se rappelait d'elle, petite Gryffondor plutôt en retrait, mais en tout cas, elle, elle ne l'avait pas oublié, loin de là. Elle déposa son dossier sur la table dans un claquement sonore et s'assit face au prévenu, les bras croisés sur sa poitrine. Pour connaître un peu son ancien enseignant, elle savait qu'il fallait être direct.

- Vous nous avez menti, Professeur Dérébusor. Et ne mettez pas ça sur le compte des "cerveaux en orbite des Gryffondor". Ce que nous voulons désormais, c'est la vérité. Que s'est-il passé le soir de l'accident ?

Crispin scruta de ses yeux hagards et presque fous les deux Aurors qui venaient de s'inviter dans la salle d'interrogatoire. L'astronome marmonna son incompréhension et son mécontentement de voir débarquer deux jeune chiots, qui n'avaient rien de la conception qu'il se faisait de la police d'élite du ministère. Le vieillard les dévisagea longuement l'un et l'autre, et devint rouge sang lorsque cette impertinente donzelle lui déclara qu'il avait mentit lors de sa déposition.
Cette vérité heurta de plein fouet les mensonges de Crispin Dérébusor, mais celui-ci ne se démonta pas et usa de son arme favorite. Sa grande gueule...

"Et vous m'avez fais venir juste pour cela! Que voulez vous que je vous dise? Bigre de bougre! Que l'avalanche est tombée de bas en haut pour satisfaire les besoins de vos élucubrations? Vous mouchiez encore du lait dans les jupons de votre mère que j'étudiais déjà la troisième lune de Saturne! Alors un peu de respect! Un menteur! Moi? Nom d'une pipe en terre!"

Il marqua une courte pause et rajouta en fulminant!

"Rien de ce que j'ai dis n'est faux et je n'ai rien à ajouter! Cette avalanche n'est pas mon problème!!! Sur ce fait, puis-je partir?"

Il croisa alors les bras d'un air boudeur.

Alors que Charlotte prenait le parti de s’asseoir face au prévenu, Mika resta debout, dans le fond de la salle, les bras croisés. Il s’agissait de choisir la méthode d’interrogatoire la plus adaptée pour ce vieux brailleur. Essayer de crier plus fort que lui ne servirait surement à rien, du moins dans un premier temps, aussi Mika ne répondit pas au propos irrespectueux du vieil homme à leur encontre. Cependant le jeune homme sortit finalement de son mutisme dès que l’astronome leur demanda s’il pouvait partir.

« Mais biensûr monsieur Dérébusor, souffla-t-il posément en laissant fleurir un sourire mauvais au coin de ses lèvres, vous allez partir directement pour Azkaban. Et je dois avouer que l’idée n’est pas pour me déplaire. Vous ne voulez pas avouer ? Soit. Avec ce qui pèse contre vous, on a de quoi vous garder biiiien au chaud, trèèèès longtemps… » termina-t-il en arborant toujours une mine réjouie.

Puis se tournant vers sa collègue, comme si Crispin était déjà en train de croupir au fond d’une cellule, Mika ajouta :

« Tu veux que je commande une pizza ? On la mangera en rédigeant le PV… J’prends comme d’hab’ ? Sans hanchois ? » demanda-t-il en rejoignant la porte d’entrée.

Alors qu’il s’apprêtait à quitter la salle, il adressa un dernier regard au vieux fou, priant intérieurement pour que son plan fonctionne…

L'angoissante idée de ne pouvoir contempler qu'un plafond de pierre terne pour le restant de ses jours commença à faire son petit chemin dans l'esprit ronchon de l'astronome. Son regard incrédule, où reluisait désormais la crainte de finir à Azkaban, passa de l'un à l'autre des deux enquêteurs qui se désintéressaient impitoyablement de sa situation personnelle pour parler de mal-bouffe.
Le visage angélique de la jeune Auror avait ce quelque chose de familier dont il ne trouvait plus l'origine. Mais ou diable avait-il bien pu la croiser? Était-ce une ancienne élève?
Mais à vrai dire la préoccupation actuelle du vieux professeur n'était point de mettre un nom sur un visage, mais de s'extirper de cette situation où il risquait de payer le prix fort pour une simple catastrophe. A moins que celle-ci ne soit d'origine criminelle, alors dans ce cas...
Il valait mieux dire la vérité!

"Hum... J'avoue avoir peut être omis certains détails dans ma déposition... Mais vous savez à mon âge, ma mémoire n'est plus aussi infaillible qu'autrefois... Il est donc naturel de commettre certaines erreurs. Mais entre nous, rien qui ne puisse justifier une incarcération à Azkaban. Bougre de dieu!"

L'astronome fut alors saisit d'un quinte de toux qui ne servait en réalité qu'à cacher le trouble qui l'envahissait. Dire qu'il avait outrepassé ses droits en conduisant ses élèves au sommet du mont Haalti risquait de lui coûter sa place. Il tenta de désarmer cette piste dangereuse pour sa carrière de manière fort peu adroite.

"Les élèves placés sous ma direction ne couraient en aucun cas le moindre danger... J'ai respecté la procédure à la lettre... et j'affirme que je ne suis responsable en rien de cette avalanche!"

Crispin Dérébusor tapota alors la surface de la table nerveusement...

Alors que Mika allait sortir de la salle d’interrogatoire, Dérébusor admit qu’il avait peut-être fait quelques omissions dans sa déposition. Le prikaati retint un sourire et feignit l’étonnement en se retournant en direction du prévenu.

« Vraiment ? » souffla-t-il, sans toutefois lâcher la poignée de la porte. Ce vieux grincheux avait quelque chose à se reprocher et Mika mettait sa main à couper qu’il était lié, de près ou de loin, à la catastrophe. Après tout, les preuves contre lui étaient accablantes et maintenant que le poisson était ferré, il s’agissait juste de ne pas le laisser filer. Pour cela, il fallait trouver le bon dosage et savoir maintenir la pression tout en créant un climat de confiance propice aux confidences de l’astronome. Mika pouvait très bien jouer la carte de la suspicion pour que Dérébusor se sente obligé d’avouer auprès d’une oreille plus attentive, Charlotte par exemple…

« Mouai..." lança-t-il donc, faussement dubitatif, avant de reporter son attention sur sa collègue…

Ainsi donc, le Prikaati Rosalden était un adepte du gentil et du méchant. Quoique, cela pouvait marcher. Immédiatement, Charlotte fit mine de froncer les sourcils devant sa suspicion et elle reporta son attention sur son ancien Professeur avec un sourire. C'est toujours elle qu'on envoyait pour les situations délicates, car elle savait mettre les gens en confiance. Elle ne faisait pas très impressionnante et n'avait pas vraiment le physique ou l'attitude du méchant Auror sans cœur. Bien au contraire. Il suffisait de se montrer gentille et compréhensive et on lui racontait tout sans se méfier.

- Le Professeur Dérébusor a fait une erreur en nous mentant la première fois, mais je pense qu'il a compris maintenant et qu'il va tout nous raconter. Cesse donc de voir le mal partout ! lança-t-elle sur un ton de reproche à son collègue.

Elle décroisa les bras de sa poitrine et posa les mains sur la table, toujours souriante. L'idéal serait que Dérébusor ne se méfie pas et ne voit pas en elle une menace, afin de ne pas se braquer. Mais la présence, plus impressionnante de Mika, le pousserait aussi à parler.

- Je ne sais pas si vous vous souvenez de moi, Professeur, Charlotte Meyer, Gryffondor. J'étais amie avec Lilly Callaghan.

La voir comme une ancienne élève détendrait Dérébusor. Et s'il pouvait avoir oublié l'élève discrète qu'elle était, il se souvenait forcément de Lilly qu'il avait menacé un jour de balancer par la fenêtre en s'approchant vraiment d'elle. C'était Jensen qui était intervenu, même si leur professeur n'aurait sûrement jamais exécuté ses menaces. Enfin, si on voyait de quoi il était soupçonné désormais - attentat contre ses élèves - on pouvait sérieusement se poser des questions.

- Enfin, quoi qu'il en soit, il faut que vous soyez honnête, professeur. Après tout, il vaut mieux avouer une petite faute plutôt que d'être condamné pour tentative de meurtre sur des mineurs, non ?

Plus l'interrogatoire avançait et plus Crispin Dérébusor se sentait poussé dans ses retranchements. Ce Prikaati Roselden paraissait plus intéressé à l'idée de pouvoir déguster une pizza en compagnie de sa collègue et de clore rapidement cette affaire, que de bien vouloir croire en son innocence. De quel crime était-il accusé? D'avoir préféré et emmener ses élèves observer les aurores boréales au dessus des nuages plutôt qu'en dessous? Cet interrogatoire n'avait pas de sens! Mais de quelles preuves accablantes disposaient-ils pour se montrer aussi désobligeant! Crispin pria intérieurement pour qu'un météorite vienne s'écraser à l'instant même sur la tête pleine de certitudes de ce maudit Prikaati! Mais rien ne vint...
Sa bonne étoile prit l'apparence de son ancienne élève, la jeune Auror n'étant autre que la dénommée Charlotte Meyer. Lorsqu'elle mentionna son nom, ainsi que celui de son amie, Crispin Dérébusor se souvint immédiatement de la Gryffondor!

"Oh je me souviens de vous Mademoiselle Meyer! Une jeune fille extrêmement douée, mais que se reposait trop sur ses acquis à mon gout. Mais vous étiez sage, ce qui n'était pas le cas de votre amie! Je me souviens avoir attribué le sobriquet de "pipelette du siècle", à Miss Callaghan! Toujours à bavasser et perturber le cours! Elle avait le don de m’énerver celle-la! J'espère que vous surveillez mieux vos fréquentations!"

Mais les vibrants souvenirs de Poudlard furent interrompus brutalement par des conseils sous forme de menace, et la formule bien sentie "tentative de meurtre sur ds mineurs" résonna longtemps dans la tête du professeur! Lui un criminel! Tout devenait clair et limpide dans son esprit, il était sur le point d'être victime d'une erreur judiciaire, tout cela provenant du fait qu'il avait voulu enjoliver la réalité. Nerveux à l'idée d'avoir été confondu, et de savoir que cette affaire prenait des proportion dangereuse, il s'élança dans des aveux spontanés.

"Quoi? Moi? Tentative de meurtre sur des mineurs!? Je ne ferai pas de mal à une mouche, vous le savez bien!" Il hésita une seconde, puis poursuivit. "Vous savez à mon âge, ma mémoire me fait souvent défaut. Il se peut que j'ai quelque peu omis certain détail dans ma déposition. Il se trouve que j'ai décidé en mon âme et conscience d'emmener les enfants au sommet du mont Halti, pour des questions de meilleure visibilité! Mais croyez-moi, il n'y avait aucune forme de danger, les enfants peuvent en témoigner! Je ne vois pas en quoi ce petit oubli pourrait faire de moi un criminel!"

Crispin fixa à tour de rôle les deux enquêteurs. Mais que c'était-il donc réellement passé à Valtivaara?

Charlotte décida de jouer la carte de la proximité en se rappelant au bon souvenir de l’astronome. Si cela permettait d’instaurer un climat de confiance avec le suspect, Mika n’était pas contre ce procédé même s’il pouvait s’avérer dangereux pour la jeune Auror. Ce n’était jamais très judicieux d’en dire trop sur sa vie personnelle à un prévenu soupçonné de tentative de meurtre. Mais si cela permettait d’obtenir des aveux… Pourquoi pas !
D’ailleurs Crispin Dérébusor semblait plus enclin à se confier puisqu’il révéla, enfin, qu’il était bien monté jusqu’au somment du mont Halti avec ses élèves.
D’un coup de baguette, Mika ensorcela une plume à papote afin de prendre en note la déposition de l’Astronome. Toujours en retrait derrière Charlotte, il s’appuya contre le mur, croisa les bras sur son torse et arbora volontairement une expression dure et fermée.

« Ou étiez-vous, exactement, au moment où l’avalanche s’est déclenchée ? » souffla-t-il sans quitter des yeux Dérébusor. Et ne nous dites pas que vous étiez avec les deux gamins car ils sont formels : Vous les avez quitté quelques minutes avant la catastrophe… »

Ma mémoire me fait souvent défaut... Mais bien sûr ! Le nombre de suspects qui, soudainement, avaient des trous de mémoire une mémoire défaillante lors des déposition devrait intéresser Sainte-Mangouste ! C'était une véritable épidémie, semblait-il. Et puis de toute manière, elle connaissait le professeur Dérébusor et savait très bien qu'il avait une excellente mémoire. La preuve, il se souvenait très bien de Lilly, sans qu'elle n'ait à insister. Elle attrapa sa propre plume et griffonna ça rapidement sur un bout de parchemin pour l'inclure au dossier, au cas où Dérébusor retenterait le coup de la mémoire défaillante.

- Les versions de ces deux élèves ont été complètement vérifiées par mes collègues Prikaatis, Professeur Dérébusor, ils ont dit la stricte vérité, ajouta-t-elle pour contrer une quelqu'onque protestations aux affirmations de Mika. A votre tour, désormais.

Honnêtement, en son for intérieur, elle avait du mal à imaginer le professeur Dérébusor coupable d'une chose pareille. Certes, ce n'était pas le plus aimable des enseignants, certes, il avait manqué de passer sa meilleure amie par une fenêtre à trente mètres du sol, mais elle avait du mal à l'imaginer fomentant un tel plan, pour tuer autant de personnes. Il n'avait même de pas de mobile ! Son appartenance aux Mardoliens n'était pas prouvée. Et puis même, il n'était pas assez horrible pour faire une chose pareille. Elle avait du mal à imaginer quelqu'un d'assez monstrueux pour tenter de tuer des enfants de toute manière mais, en six ans de métier, elle avait dû faire face à des choses bien pires et bien plus sordides. Mais elle s'entêtait à croire, encore et toujours, que de tels monstres n'étaient pas monnaie courante.

Le piège à loup venait de se refermer sur lui! En effet, il s'était absenter pour répondre à un besoin très très naturel. Mais le simple fait de vouloir soulager sa vessie, le condamnait apparemment au rang de coupable idéal dans cette affaire. L'astronome s'enlisait dans ses mensonges, et il lui était impossible de compromettre les déclarations de Nora et de Irving. Les deux seuls élèves à bien vouloir le suivre dans cette expédition ne méritaient point un tel coup bas venant de sa part. Crispin ne s'enfoncerait pas dans un conflit sans fin ou la parole de l'un s'oppose à celle de l'autre. Il retomba lourdement sur son dossier de sa chaise, et dévisageant les deux aurors, il se repassa les images précédant la catastrophe.

"J'avoue! Foutrebleu! Je me suis bien absenté, et diantre je n'avais pas à le faire! C'est une faute professionnelle qui va me radier de Poudlard à coup sûr! Mais voila! J'avais une envie irrépressible de faire pipi..." Crispin se racla la gorge comme pour cacher sa gène de devoir utiliser un terme aussi enfantin et de parler de sa vie privée. "Je me suis isolé sur l'autre versant afin de faire ma petite besogne. J'ai longtemps tâtonner pour trouver mon p'tit oiseau, avec le froid vous savez ce que c'est, monsieur Roselden. C'est là que j'ai entendu et vu des choses pas normales. Je vous jure sur le coup, j'en ai pisser sur mes godasses, tellement cela m'est apparu singulier. Crénom d'une pipe, j'avais complètement oublier ces détails! Je me suis tellement focalisé sur l'avalanche et les conséquences qu'elle pouvait avoir sur mes mômes, que j'ai oublié de le préciser dans ma déposition!"

Crispin jeta un regard fou sur les deux enquêteurs, comme s'il venait d'avoir une illumination.

Visiblement, Dérébusor compris enfin qu’il avait fort à perdre en niant la vérité puisqu’il se lança immédiatement dans des révélations, admettant qu’il s’était absenté pour satisfaire un besoin naturel. Il précisa même que son absence avait duré plus longtemps que prévu en invoquant une excuse particulièrement originale. S’il n’avait pas été en plein interrogatoire, Mika aurait surement éclaté de rire d’ailleurs, sauf que le vieux fou était actuellement leur suspect numéro 1. L’astronome était donc soit inconscient, soit il se foutait vraiment de leur figure.

« Monsieur Dérébusor, je crains de perdre patience si vous ne rentrez pas immédiatement dans le vif du sujet. » souffla le prikaati en se rapprochant pour poser ses deux mains, à plat, sur la table d’interrogatoire.

Il n’avait pas envie de se laisser mener en bateau par un suspect qui cherchait manifestement à gagner du temps. Scrutant le visage du vieil homme, il vit soudainement son regard s’illuminer d’un éclat démentiel en révélant avoir oublié quelque chose d’important dans sa déposition. Incapable de savoir si l’homme simulait ce comportement étrange pour se créer, d’hors et déjà, une ligne de défense en plaidant la folie, Mika préféra se taire et s’en remettre à Charlotte qui connaissait davantage les réactions de l’Astronome…

Le Professeur Dérébusor était d'une élégance insoupçonnée. Impassible, elle ne laissa rien paraître et continua d'afficher un visage neutre mais intérieurement, ou du moins mentalement, elle avait levé les yeux au ciel. C'était la première fois qu'elle regrettait d'être soumise au secret professionnel, parce qu'elle aurait bien raconté cette entrevue avec leur ancien professeur à Jensen et Lilly. Et peut-être Eliott, aussi. Elle ne montra non plus aucune forme de surprise quand Dérébusor se lança dans l'une de ses "illuminations mystiques", comme ils disaient à l'époque chez les Gryffondor. Cela lui arrivait, parfois. Ce devait être l'âge. Ou il avait toujours été comme ça. Rien que l'idée d'imaginer un bébé Dérébusor lui donna envie de rire et elle se cala dans sa chaise, les bras croisés sur sa poitrine, pour rester stoïque.

- Nous sommes tout ouïe, professeur Dérébusor.

L'astronome chercha à regrouper tous les souvenirs qui avaient précédé l'avalanche, car il lui semblait que de sa réponse dépendait sa libération. Sa tour d'astronomie lui manquait considérablement, et avouer les quelques indices dont il disposait, lui permettrait sans doute de revenir à Poudlard avant la nuit. Une comète devait frôler la troisième lune de Saturne, et il ne voulait point louper ce spectacle. Crispin fronça les sourcils et libéra sa vérité, et la part d'étrangeté qui avait précédé l'avalanche de Valtivaara.
Relevant le menton et d'une voix solennelle, il espérait apporter une autre lecture de ce drame aux enquêteurs.

"Alors que j'étais sur l'autre versant, j'ai vu une chose, pas banale du tout... Je vous le jure sur les treize lunes de Neptune! En face de moi, à une cinquantaine de mètre tout au plus, se tenait un loup. Mais pas n'importe quel loup! Juché sur un piton rocheux, il m'observait d'un regard que je ne pourrai jamais oublier. Il avait quelque chose d'humain d'en sa manière de me fixer, du moins j'en avais l'intime conviction. Je ne me souviens que de son regard et pas de la couleur de son pelage. Et puis, lorsque la bête s'est mise à hurler à la lune, j'ai vu comme une lueur jaillir des entrailles de la montagne! Je vous dirai alors que je ne me suis pas attardé et j'ai vite rejoins aux pas de course mes deux élèves dont j'avais la charge. Ils peuvent en témoigner! Je suis blanc comme neige dans cette histoire d'avalanche!"

Crispin ignorait si ces détails allaient le libérer de cet interrogatoire, mais il tenta tout de même une nouvelle tentative d'esquive.

"Je peux m'en aller maintenant?"

Crispin fit un leger geste du menton en direction de la porte de sortie.

Un loup avec un regard humain ? Mika resta de marbre face à cette révélation. Même si Crispin Dérébusor semblait en proie à une sorte de crise de démence, le prikaati se devait de ratisser toutes les pistes possibles et imaginables. Loup-garou ? Animagus ? Dès cette audition terminée, Mika commencerait par vérifier l’état de lune le soir de la catastrophe. S’il s’agissait effectivement d’une pleine lune, il se renseignerait immédiatement auprès de ses collègues lapons pour obtenir la liste des Loups-Garous recensés sur leur territoire aux moments des faits. Ensuite, il consulterait le registre des animagus déclarés avant de contacter quelques indics lapons. Il était de notoriété publique que la grande majorité des sorciers ayant la capacité de se transformer en animal n’était pas répertoriée. De nombreux malfaiteurs avaient d’ailleurs réussi à se tirer de mauvais pas grâce à ces facultés magiques. Fort heureusement, les prikaatis et les aurors disposaient d’un bon réseau d’indicateurs qui leur donnait des infos sur ces gens là en échange de certains arrangements.

Le prikaati nota d’ailleurs le nom de l’un de ses contacts à Helsinki qui était généralement bien au fait sur le sujet tout en répondant à l’ultime question de Crispin sans même lever la tête de ses documents:

« Vous ne bougez pas d’ici tant que nous ne vous en donnons pas l’autorisation, monsieur Dérébusor. »

Il finit par griffonner quelques lignes sur ses notes et se tourna finalement en direction de sa collègue afin d’écouter son éventuelle question.

Un café à la main, Seamus tourna une nouvelle page du dossier qu'il traitait en ce moment - une histoire confuse d'agression au Doloris dans un bar de l'allée des Embrumes - quand Harry vint se planter devant lui, d'épais cernes sous les yeux.

- Tu sais Harry, quand il fait tout noir dehors, il faut rentrer dormir, lança-t-il, narquois.
- Tu parles comme Ginny, marmonna son ancien camarade en guise de réponse et se frottant les yeux, épuisé. On a une affaire de maltraitance avec le type de son dossier qui nous vient d'être déclarée par Sainte-Mangouste. Son gosse vient d'arriver, les Médico' ont repéré des traces de magie noire.
- Mais dans mon dossier, c'est lui, l'agressé.
- Ouais, bah là, on le soupçonne d'être l'agresseur. T'y vas ? Le cas est arrivé sur mon bureau mais quand j'ai vu le nom, je me suis dis que ça t'intéresserait. Peut-être qu'il y a un rapport.
- T'as bien fait ! Je prends, déclara Seamus en posant sa tasse sur son bureau et en attrapant sa cape. Willa est à la Justice Magique, elle prend un cours de je ne sais plus quoi avec les autres aspirants. Tu penses que je peux partir avec Charlie ?
- Le Prikaati m'a l'air compétent, il devrait se débrouiller je pense. De toute manière, tu peux pas partir seul et tout le monde est soit dehors, soit en audience soit bien occupé. Ou dans mon cas, sur le point d'aller dormir après 48 heures de garde, soupira Harry. Je vois pas mes gosses, en ce moment.

Seamus donna tapota le bras d'Harry - de manière très virile, évidemment - avant se diriger d'un pas rapide vers les salles d'interrogatoire, saluant Ron qui était en train de partir étant donné qu'il avait fait sa garde avec Harry. Il tapa à la porte avant de passer sa tête dans l’entrebâillement.

- Excusez-moi de vous déranger, lança-t-il en jetant un coup d'oeil au prévenu. Mais j'ai besoin de ton aide Charlie, Willa est pas là et on a un cas de maltraitance sur les bras, les Médicos nous veulent maintenant.


Charlotte glissa un mot au Prikaati Rosalden avant de le rejoindre en fermant la porte derrière elle.

- Maltraitance ? Et bien, le clou de la journée ! soupira-t-elle. Je ne comprendrais jamais comment des parents peuvent ça à leur enfant. Mais bon... J'arrive, je vais chercher ma veste.

RP TERMINE