Dura lex sed lex [Gladys]

- Vous savez, Auror Meyer, avec le niveau que j'avais en métamorphose, devenir Animagus c'était pas vraiment à ma portée ! Demandez-donc au Professeur McGonagall, elle vous en dira de bonnes !

Charlie sourit vaguement au journaliste qui se trouvait devant elle, confortablement installé sur la chaise de leur plus petite salle de réunion. Depuis l'affaire Skeeter, qui avait fait grand-bruit auprès de la population, leur chef de Département, Richard Dalnox avait demandé à ce qu'on interroge tous les journalistes du monde magique au sujets de leurs méthodes d'espionnage. Tous les journalistes. Et comme c'était le plus souvent de simples conversations de routine, beaucoup n'ayant rien à cacher, les Aurors se relayaient. Et aujourd'hui, c'était son tour. Wilhem Fürschtein était le rédacteur en chef d'un vague magazine mensuel local, spécialisé dans les herbes médicinales. Ça se vendait plutôt bien. On arrivait en fin de liste et Charlotte allait mener les derniers entretiens avant de boucler définitivement cette affaire. Sur les cent-quatorze journalistes interrogés jusque là, seuls deux avaient pu être épinglés pour des méthodes louches, sans être Animagus. Il lui restait trois personnes et Charlie doutait fort de tomber sur un gros coup maintenant. Elle referma le fin dossier qu'elle avait sur Fürschtein et se leva.

- Et bien merci, Monsieur Fürschtein, tout est en ordre ! Pardonnez-nous pour le dérangement, je vous raccompagne.
- Oh, y'a pas de mal ! Vous faites votre boulot ! Faut bien que la profession garde un peu de crédit, avec tout ce qui s'est passé...

Charlie lui serra la main avant de le guider jusqu'à la sortie du QG, bruyant et animé. Il n'y avait que quatre binômes qui étaient en sortie, aussi le Bureau était-il rempli à ras-bord. Les Aurors s'interpellaient par dessus leurs boxs, des dossiers passaient à toute vitesse entre deux pièces, on entendait le commandant qui s'égosillait dans son bureau, une théière qui sifflait en salle de pause et des rires gras de temps à autre. Béni soit celui qui avait inventé les sortilèges d'insonorisation pour pouvoir espérer bosser dans le calme. Charlie se dirigea d'un pas vif vers leur petite salle d'attente et poussa la porte. On y voyait un gamin qui semblait tout juste sortir de Poudlard, une femme adulte et ses trois enfants - qui attendait son mari coincé pour trafic de Mandragore dans l'Allée des Embrumes - un membre des Sports Magiques qui voulait parler au commandant et une jeune femme qui devait sûrement être sa journaliste. Jetant un coup d'oeil à son parchemin, Charlie constata avec frustration qu'il n'y était écrit que "G. Bell - Chicaneur".

- Miss Bell, c'est à vous ! Suivez-moi, lança-t-elle, pour le plus grand désespoir de la bonne épouse qui avait espéré avoir des nouvelles de son mari. On va se mettre en salle de réunion.

Charlie lui fit traverser le QG pour la guider jusqu'à la petite salle où elle avait pris ses aises depuis le début de la journée. Les journalistes convoqués n'ayant officiellement rien à se reprocher, il aurait été malvenu de les parquer en salle d'interrogatoire, lieu tout de suite plus angoissant. La salle de réunion était un bon compromis. Quelqu'un y avait déposé un café, petite attention qui la mit tout de suite de très bonne humeur. Elle désigna une chaise pour Miss Bell afin qu'elle s'y assoit et attrapa le dossier du haut de la pile avant de s'assoir elle aussi sur sa chaise encore chaude. Gladys Bell, 24 ans, Journaliste au Chicaneur, ancienne Gryffondor... Relevant les yeux de son dossier, elle jeta un coup d’œil rapide à Gladys Bell. Son visage lui disait en effet quelque chose, vu qu'elles avaient dû être à Poudlard en même temps, même si pas dans la même année, selon le dossier. Elles n'avaient que deux ans de différence, après tout.

- Alors... Vous savez pourquoi vous êtes ici, le BDA - Bureau des Aurors - mène une grande enquête de fond sur les méthodes des journalistes suite à l'éclatement de l'affaire Skeeter. Nous cherchons des éléments qui pourraient nous indiquer la présence d'autres Animagus non-déclarés, pratique punie par la loi de notre pays.

C'était le petit discours habituel, qui avait toujours pour effet de stresser les interrogés. Mais ce n'était pas vraiment son genre de la jouer "vilain Auror" aussi adressa-t-elle un léger sourire à Miss Bell pour atténuer l'effet de ses mots.

- Mais ça reste une enquête de routine, vous n'êtes pas en état d'arrestation ni interrogée. Évidemment, vous pouvez refuser cet entretien et demander l'intervention d'un avocat mais nous serons obligés de lancer une enquête pour pouvoir finir par vous interroger tout de même.

Et cela serait du travail en plus qu'elle serait obligée de mener en plus du Dossier M et de ses affaires habituelles. Et elle n'en n'avait vraiment pas très envie.

- Je suis l'Auror Meyer et c'est moi qui mènerait cet entretien et ses éventuelles suites. Donc, Miss Bell, je commencerai simplement et efficacement : seriez-vous un Animagus non-déclaré au Ministère ?

Car c'était bien connu que dès qu'on leur posait la question, les contrevenants à la loi se précipitaient pour s'accuser de leurs crimes et il restait juste à les boucler, bien sûr. Mais elle était obligée de commencer par là. Savait-on jamais, les gens pouvaient avoir un relent d'honnêteté. Non ?

Charlotte ne put retenir un sourire devant la question de Miss Bell. Évidemment, personne ne se vendait comme cela. Le coupable commençait par s'offusquer, nier avant de tenter de s'en sortir par une explication un peu bancale et souvent remplie de mauvaise foi. Il fallait les mettre devant le fait accompli et montrer que vous n'étiez pas né de la dernière pluie si vous désiriez qu'ils avouent. C'était même un peu lassant, à force. Certes, si les coupables se présentaient à leur porte de leur plein gré il suffirait de laisser Donna à l'accueil avec des mandats pré-remplis pour Azkban. Et il n'y aurait sûrement pas le plaisir de voir un prévenu se décomposer au fur et à mesure que les preuves allaient contre lui le condamnant forcément à avouer.

- J'espère encore qu'un sursaut d'honnêteté parcourt un jour ce monde ! répliqua-t-elle en haussant légèrement les épaules.

Tandis que Miss Bell déblatérait contre les journalistes malhonnêtes, la plume enchantée de Charlie se mit en marche pour retranscrire chacune de ses paroles sur le procès-verbal. Elle rajouta de sa propre main, dans la marge, que la jeune femme parlait avec emphase. On notait toujours les gens qui en faisaient trop mais là, c'était plus un réflexe qu'autre chose : Miss Bell semblait honnête et sincère, même s'il fallait toujours se méfier des apparences. Son formateur, Stormborn, avait même établi des "critères de méfiance" : les gens trop gentils étaient louches, les gens trop parfaits étaient louches, les gens qui exagéraient étaient louches, les gens trop sûrs d'eux étaient louches, les gens avec une enfance difficile étaient louches, les gens qui souriaient trop étaient louches, les gens qui vous regardaient dans cesse dans les yeux étaient louches, ceux qui ne le faisaient jamais étaient louches et la plus importante : toute personne qui te semble louche est louche. Stormborn devait avoir une existence difficile au quotidien, songeait-elle souvent, mais il est vrai qu'être formé par Maugrey Fol-Oeil laissait forcément des traces. Quand elle venait de débarquer au Bureau, encore toute gamine du haut de ses dix-huit ans, Elbert s'amusait à lui lancer des sortilèges régulièrement dans le dos, afin qu'elle apprenne à se méfier de tout. "Qui te dit que je ne suis pas un criminel sous Polynectar, hein la bleue ? Qu'est-ce que tu ferais-là, à part te réfugier dans les jupes du Commandant ?" Traumatisant - et à l'origine de nombreux bleus - les premières années, elle était désormais capable d'entendre un sort venir dans son dos grâce à un léger sifflement reconnaissable. Elbert Stormborn exerçait toujours au Bureau mais formait de nouveau des Aspirants. Son expérience était reconnue partout et ses méthodes avaient fait ses preuves. Elle avait déjà sauvé la mise plusieurs fois à Seamus, qui était pourtant plus expérimenté qu'elle. Mais quatre ans avec Stormborn laissait des traces. Vigilance constante. Sortant de ses pensées, Charlotte coinça une mèche de ses cheveux derrière son oreille et tendit à Miss Bell un parchemin orné du sceau du Ministère.

- Nous avons une procédure concernant ce type de cas, il...

Charlie leva des yeux surpris vers la jeune femme qui lui faisait face à l'énonciation de sa maison. Elle pouvait concevoir que certaines personnes se baladaient avec le nom de leur maison gravé sur le front, Seamus par exemple, ou même Lilly. Mais elle n'avait jamais eut l'impression de se balader avec "Gryffondor" au dessus de sa tête. Elle avait même failli à Poufsouffle, d'ailleurs. C'était beaucoup moins marrant soudain. On trouvait peu de Poufsouffle pour aller se balader dans la Forêt Interdite le soir d'Halloween avec en prime une magnifique pleine lune. Lilly avait vraiment des idées étranges. Mais c'est vrai qu'après le coté "on va se faire dévorer par un loup-garou", c'était plutôt sympa comme sortie entre filles. Elle prêta plus attention au visage de Miss Bell. Elle l'avait peut-être déjà croisée quelque part, mais elle ne se rappelait plus vraiment. A Poudlard sûrement, surtout vu comment elle s'était rappelé de sa maison. Bell, Bell, Bell... Il y avait une Katie Bell à Gryffondor quand elle était entrée à Poudlard, qui était membre de l'équipe de Quiddith, elle s'en rappelait. Puis elle avait fini à l'infirmerie l'année suivante, allant même jusqu'à être hospitalisée à Sainte-Mangouste à cause d'un maléfice. C'était après l'annonce du retour de Voldemort, quand l'ambiance s'était assombrie dans le monde magique. C'était à ce moment-là qu'elle avait commencé à craindre pour sa sécurité, en tant que née-moldue. Mais il y avait encore Dumbledore à cette époque. Et Voldemort avait toujours eu peur de Dumbledore, tout le monde le disait. Puis Dumbledore était mort et les choses s'étaient enchainées. Soupirant légèrement, Charlotte adressa néanmoins un regard interrogateur à Miss Bell.

- C'est bien ça ! J'étais à Gryffondor, oui. On se connait ? ajouta-t-elle, intéressée. Je suis désolée, je n'ai pas vraiment la mémoire des noms ! ajouta-t-elle en riant. A moins que vous n'ayez un lien avec Katie Bell ?

Un coup retentit soudain à la porte et Seamus passa la tête dans l’entrebâillement, saluant Miss Bell d'un signe de tête en souriant comme s'il l'avait reconnue, avant de se tourner vers Charlotte.

- Y'a un appel sur l'affaire Remmington, le Commandant veut qu'on revoie le dossier, je peux te prendre tes notes dans ton tiroir du haut ?
- Oui, bien sûr, sers-toi ! Mais j'ai l'ancien bureau de Maugrey et on arrive toujours pas à désactiver l'enchantement donc... La poignée mord !
- Les risques du métier ! répliqua Seamus avec emphase en refermant la porte.

Charlotte retint un sourire et mit quelques secondes à se rappeler ce qu'elle était en train de faire. Elle était belle l'image du Bureau des Aurors ! Professionnalisme et sérieux ! Mais la première fois qu'elle avait essayé d'ouvrir ce tiroir, elle avait manqué d'y perdre trois doigts. Elle l'avait apprivoisée désormais et la poignée se contentait de grogner quand elle y allait un peu fort, c'était tout. Mais quand on prenait le temps de le connaître, c'était un bureau très sympathique bien qu'un peu grognon. Et très efficace pour garder les dossiers secrets, même si elle rajoutait des charmes par dessus, pour être vraiment sûre. Les dossiers sur les Mardoliens étaient plus que confidentiels à ce stade de l'enquête. Si ça tombait en de mauvaises mains... Elle ne préférait même pas l'imaginer.

- Alors, où est-ce qu'on en était ? Ah, le formulaire.

Charlotte fit glisser le parchemin vers Miss Bell.

- C'est un formulaire de consentement. On vous lancerait un sort de détection qui permettrait de vérifier si vous êtes vraiment un Animagus. Sans danger, sans douleur. Vous pouvez demander à ce qu'il soit lancé par un Médicomage qualifié si vous le désirez mais la procédure prendra un peu plus de temps. Sinon, je peux vous lancer le sort moi-même.

Elle y arriverait quasiment sans y penser désormais ! Elle avait passé son temps à appliquer ce sort pour tenter de débusquer les Animagus cachés.

- Et vous pourrez demander à vos collègues, ils sont sortis de cette salle en vie. Évidemment, vous pouvez refuser et dans ce cas nous serons dans l'obligation de lancer une procédure judiciaire... Je ne vais pas tout vous répéter, je pense que vous avez compris l'idée ! ajouta-t-elle en riant. De toute manière, tout est expliqué là, précisa-t-elle en tapotant un paragraphe avec son doigt.

Pendant que Miss Bell lisait, le geste de Seamus lui revint en mémoire. S'ils se connaissaient, c'était sûrement de Poudlard, comme à peu près tous les sorciers de Grande-Bretagne. Sauf que Miss Bell était un peu plus jeune que lui, alors peut-être qu'ils s'étaient croisés... L'illumination la frappa et elle se maudit de ne pas y avoir pensé avant. L'Armée de Dumbledore, les Résistants. C'est pour cela que son visage lui disait quelque chose ! Elle l'avait vue parmi les Résistants après la guerre ! Comment est-ce qu'elle avait pu mettre ça de coté ?

- Vous étiez dans l'AD, déclara-t-elle soudainement. Je viens juste de m'en rappeler. Gladys Bell, Gryffondor, l'amie de Luna Lovegood. J'aurai dû vous reconnaitre avant !

Elle n'avait pas vécu la guerre à Poudlard mais une fois qu'elle était revenue, les Résistants étaient portés aux nues. Ginny Weasley, Luna Lovegood, Neville Londubat, Seamus Finnigan, Michael Corner, Anthony Goldstein, Terry Boot, Susan Bones, Ernie McMillan, Hannah Abbott, Lavande Brown, Parvati Patil, Padma Patil, Demelza Robbins... Elle aurait pu en citer des dizaines de tête. Et elle n'avait pas reconnu Gladys Bell. Décidément, cette période s'éloignait de plus en plus...

Que serait-elle devenue si elle avait connu la guerre ? Est-ce qu'elle serait encore en vie, d'ailleurs ? Si elle n'avait pas été protégée par l'Ordre du Phénix, qu'aurait été sa vie désormais ? Elle aurait été traînée devant la Commission des Nés-Moldus, pour y être jugée par Ombrage, celle qui était son enseignante quelques mois auparavant. Alors certes, Ombrage n'était pas un modèle de professeur et elle avait fait des choses horribles, Charlotte l'avait toujours su, elle avait vu Lilly revenir avec ces mots gravés sur la main. Mais elle avait onze ans et elle pensait encore que même la plus horrible des professeurs ne pouvait pas aller jusqu'à ce point, jusqu'à condamner des enfants à qui elle avait enseigné. Évidemment, elle se serait trompée. Elle aurait été déclarée coupable de vol de magie et serait morte, à l'heure qu'il est. De nombreux nés-moldus avaient été assassinés, on le savait, même si on avait pas les chiffres précis. Elle non plus n'aurait pas survécu, ne serait jamais revenue dans sa famille, ne serait jamais devenue Auror, rien. Et si elle y avait échappé, par chance, ce n'était pas le cas de tout le monde. Elle se rappelait très bien du moment où le professeur McGonagall était arrivée chez elle, entourée de sorciers que Charlotte ne connaissait pas. Elle avait dit qu'ils étaient arrivés "trop tard" pour certains. Elle ne savait même pas qui étaient ces certains, elle ne connaissait pas leur nom, leur année, leur maison. Elle savait que Regulus Lestrange, de son année à Serpentard, était mort dans la Bataille, comme Colin Crivey, ou d'autres qu'elle ne connaissait que de nom, comme Fred Weasley, qui avait dans sa maison quelques mois avant qu'il ne quitte l'école avec son frère de manière magistrale, sous les yeux de toute l'école. C'était également le frère de l'Auror Weasley, même s'il n'en parlait jamais. Et il y avait évidemment tous les Aurors dont elle avait appris les noms des années après et des gens qu'elle ne connaissaient même pas, mais qui étaient les parents, le frère, la sœur, le cousin, la cousine d'un élève de l'école. Oui, elle était chanceuse, énormément.

- Je préfère me souvenir des noms des Résistants plutôt que de ceux des Mangemorts, à vrai dire, avoua-t-elle.

Sauf qu'elle n'oubliait aucun des deux. Certains Mangemorts avaient réussi à quitter le pays et avaient encore des dossiers en cours au BDA même si ils étaient peu nombreux et s'il y avait peu de chances qu'on les retrouve des années après. La magie permettait de se dissimuler plutôt bien et quitter le pays leur avait assuré une certaine sécurité. C'était dégoûtant de se dire qu'ils vivaient désormais tranquillement, comme si rien ne s'était passé, avaient peut-être une famille, des enfants, comme des gens normaux et honnêtes. Leur seul espoir était que la Marque des Ténèbres ne se dissimulait pas magiquement, même si elle s'atténuait avec le temps. C'était cette marque qui les ferait peut-être plonger un jour, c'était peut-être cette marque qui signerait leur fin comme elle avait signé le début de leur carrière de Mangemort. C'était à cette pensée que se raccrochaient beaucoup de gens. Heureusement que Voldemort aimait marquer ses hommes comme du bétail. Elle récupéra le formulaire que lui tendait Miss Bell, apposa sa propre signature dessus et sortit sa baguette magique qu'elle pointa vers la journaliste. Elle murmura la formule et attendit quelques secondes, sans effet.

- J'ai donc le plaisir de vous annoncer que vous n'êtes pas un Animagus non-déclaré traqué par le Ministère, toutes mes félicitations ! annonça-t-elle avec un sourire en coin en rangeant sa baguette à sa ceinture. Vous êtes libre, Miss Bell, veuillez nous excuser du dérangement.

Elle posa le dossier de Gladys Bell sur la pile des innocents après avoir glissé le formulaire à l'intérieur et tapota le tout de sa baguette pour le transférer aux archives, où tout cela serait rangé bien proprement. Le Ministère avait tendance à tout garder, ce qui n'était pas une mauvaise chose même si certains sorciers pestaient contre cette politique. C'était plutôt pratique pour les Aurors qui avaient des dossiers sur la moitié de la population magique, ce qui était toujours utile dans leurs enquêtes. Et cela donnait du travail aux archivistes, quand on voyait la taille de la pièce qui contenait des milliers et des milliers de dossiers, plus ou moins gros. Les Aurors avaient une pièce d'archives personnelle où d'autres dossiers trainaient, souvent en cours ou parce qu'ils avaient fait une demande pour qu'on leur remonte magiquement quelque chose. Cela leur évitait de devoir faire face aux archivistes en descendant, pas toujours très aimables. Seamus affirmait qu'ils ne devaient pas assez voir la lumière. Elle s'apprêtait à aller ouvrir la porte à Miss Bell pour la laisser partir quand une question lui traversa l'esprit. C'était plutôt indiscret mais elle avait toujours tendance à se questionner sur cette période, qu'elle avait vécu de loin. Lilly n'aimait pas particulièrement en parler et Seamus détestait : cela avait été très difficile pour lui, il se refermait dès qu'on mentionnait cette année.

- Je suis désolée de vous poser cette question indiscrète mais... C'est plus fort que moi. Je n'ose jamais aborder le sujet avec Seamus mais... Vous repensez souvent à l'Année des Ténèbres ? Vous n'êtes pas obligée de répondre, s'empressa d'ajouter Charlotte. J'ai pu être éloignée de l'Angleterre pendant les vacances d'été, un peu après la chute du Ministère. Je ne suis revenue qu'après la Bataille.