Auror & Prikaati [Charlotte & Mika]

- Charlotte !

Charlie releva les yeux du dossier dans lequel elle était plongée pour face à un Seamus à l'air contrarié, une tasse de café à la main. Haussant un sourcil, elle se demanda ce qui se passait encore. Cette semaine, c'était elle qui était de corvée de café dans son binôme. Bon, cela changeait du temps où elle était encore Aspirant et où elle était carrément obligée de le faire. C'était quasiment une partie de sa formation.

- Moi, quand je te le fais ton café, je le fais correctement, maugréa Seamus en s'asseyant en face d'elle et en attrapant une cuillère qui trainait là.

Ils n'étaient pas vraiment très organisés, mais s'y retrouvaient. A peu près. Moqueuse, Charlie se redressa pour faire face à son coéquipier, la mine faussement préoccupée et inquiète.

- Est-ce que tu penses que tu pourras me pardonner cet horrible affront, Seamus ?
- C'est ça, c'est ça, rigole. J'suis un héros de guerre, moi, Madame ! répliqua-t-il.

C'était un argument incontestable, tout le monde savait que Seamus avait fait partie des élèves qui avaient mené la fronde contre les Carrow, avec Neville Londubat, Luna Lovegood et Ginny Weasley. On retrouvait d'ailleurs beaucoup d'héros de guerre au bureau des Aurors et cela imposait forcément le respect quand ils intervenaient. Harry Potter et Ron Weasley étaient là aussi. Avec le recul, Charlie se disait souvent qu'elle aurait aimé en faire partie. Mais elle avait douze ans à l'époque et était en fuite à l'étranger. Et les Carrow auraient massacré sans hésiter une née-moldue de douze ans s'ils l'avaient eut sous la main. Quand à la Bataille, elle se serait sûrement faite tuer dès les premières minutes. Enfin, l'essentiel était ce qu'elle faisait maintenant.

- Tu sais pas ce que j'ai fait pendant la guerre, Finnigan, répondit-elle en se calant dans sa chaise.

Ce dernier fronça les sourcils, cherchant visiblement dans sa mémoire à se rappeler s'ils avaient déjà parler de leurs rôles respectifs durant la guerre. Ils ne l'avaient jamais fait. Charlie connaissait les exploits de Seamus durant la septième année par les récits de Lilly et par le culte qui a été voué aux élèves résistants les quelques années après la guerre. Cela semblait s'être apaisé désormais, on oubliait leur nom pour ne retenir que ceux de Potter, Granger et Weasley mais pour les enfants qui étaient à Poudlard juste après la guerre, c'était des visages et des noms qui étaient gravés dans leurs esprits. L'Armée de Dumledore. Aussi significatif dans son esprit que l'Ordre du Phénix. Et cela jusqu'à la fin de sa vie.

- Je te charrie Seamus, cherche pas, lança-t-elle en riant. J'avais douze ans.
- Demande donc à Harry ce qu'il fichait quand il avait douze ans, ricana Seamus, narquois. Hein Harry ? lança-t-il à travers la grande pièce qui composait le QG des Aurors.

Désireuse de ne pas se faire remarquer comme étant la fille qui dérangeait Harry Potter dans son travail, Charlie attrapa son dossier, sa tasse de café, fit un signe de la main à Seamus et enfila sa veste tant bien que mal pour descendre au Département des Transports. Elle salua Donna, la secrétaire, en passant devant elle et traversa le couloir qui desservait les différents services d'Ordre. Il y avait un sacré boucan du coté de la Police Magique, dont plusieurs agents étaient occupés à maitriser un sorcier corpulent visiblement très agité. La porte des Baguettes d'Elite était close tandis que deux membres des Oubliators se disputaient avec ferveur au sujet d'un sort raté visiblement. Charlotte passa discrètement à coté d'eux et se dirigea vers le petit hall du Département. Chaque couloir menait à une section, comme l'Usage Abusif de la Magie ou les Services Administratif du Mangenmagot. On racontait qu'on allait bientôt faire des travaux pour donner tout un couloir à l'Artisanat Moldu qui allait s'occuper de plus en plus de choses avec les réformes du MIM. Tant qu'on ne collait pas les Baguettes d'Elite avec la Police Magique, tout devrait bien se passer. Charlotte se dirigea vers l’ascenseur et huit notes de services s'engouffrèrent en même temps qu'elle tandis que les portes se refermaient. L'ascenseur se mit en marche, déclenchant les gémissement d'une petite sorcière au teint verdâtre. Une fois arrivée au Service des Transports, elle déclina son identité, fut obligée de montrer sa baguette avant d'être menée vers la pièce des Portoloins Internationaux.

Suite à l'accident des élèves de Poudlard en Laponie, les Lapons avait mené une enquête qui les concernaient directement et ils devaient en recevoir les conclusions cet après-midi. Charlotte s'était portée volontaire devant le manque d'enthousiasme de ses collègues, qui tenaient visiblement - ou du moins la plupart d'entre eux - les Prikaati Lapons pour responsables de l'incident. Il n'y avait pas de quoi selon elle, après tout, si c'était arrivé à Poudlard, ils n'auraient pas pu mieux faire. Aussi, on l'avait envoyée elle pour être le contact du Prikaati - elle jeta un coup d’œil à son dossier - Rosalden. Un craquement sourd retentit et elle se retrouva soudain face à un homme de son âge à peu près qui avait l'air très content d'être là au vu du sourire qu'il abordait.

- Auror Meyer, se présenta-elle, son badge en évidence sur sa ceinture. Je suis votre agent de liaison, ajouta-elle avec un sourire.

Deux agents des Transports Magiques se présentèrent pour contrôler le nouvel arrivant avant qu'on les laisse vagabonder dans le Ministère à leur guise. Charlotte sortit de la pièce et fit signe au Prikaati Rosalden de la suivre. Ils avaient rendez-vous avec le Commandant, les Lieutenants et le Ministre Kingsley à seize heures trente tapantes, pour une réunion dont elle n'avait pas encore tous les éléments. C'était Harry qui était chargé du dossier et pour l'instant, seul le commandant était au courant de son avancée. Ça serait une surprise pour elle aussi, un peu.

- C'est la première fois que vous venez en Angleterre ? s'enquit-elle auprès du Prikaati Rosalden. Parce que je dois dire que vous avez un Anglais sans défaut !

Elle-même avait passé près d'un an en France et pourtant, elle parlait encore le français avec un accent. Cela lui avait servi plusieurs fois dans des enquêtes avec la France, d'ailleurs, notamment sur un trafic de potions médicinales il y a deux ans. Les Aurors Français étaient incapable de comprendre l'accent Irlandais de Seamus, c'était assez amusant. Cela n'avait fait que le faire râler encore plus contre ces "mangeurs de grenouilles." Seamus était adorable, contrarié. Un garçon charmant. Mais elle l'aimait beaucoup tout de même. Elle aurait pu se retrouver avec l'Auror Zacharias Smith par exemple, cela lui aurait moins plu. Il n'avait à la bouche que des critiques, en permanence.

- Nous avons une réunion avec le reste du Bureau, sous la supervision de l'Auror Potter. Puis je m'occuperai de vous présenter au reste de mes collègues, vous aurez le droit à un charmant tour du Ministère - passage obligé désolée - et à une présentation de notre système judiciaire. Pas franchement amusant, mais c'est la coutume. Ensuite, pour les jours à venir, vous allez travaillez avec moi et un peu avec l'Auror Finnigan, l'Auror Williamson et l'Auror Spinett.

Elle s'engagea dans l'ascenseur, toujours suivie du Prikaati Rosalden et salua d'un signe de tête un membre de la Police Magique qui remontait lui-aussi.

- N'hésitez pas si vous avez des question, je devrai pouvoir y répondre, sur pas mal de sujet d'ailleurs. Vous connaissez un peu le monde moldu pour votre appartement ? demanda-t-elle aimablement.

Sinon, elle devrait se charger en plus de l'accompagner alors qu'elle avait rendez-vous avec Lilly - qui la tannait sans raison à propos d'Eliot Warlock depuis l'autre soir - pour prendre un verre. Mais un coup d’œil discret à ses vêtements lui indiqua qu'il était vêtu à la moldue, comme elle d'ailleurs. C'était toujours plus pratique dès qu'on devait passer d'un monde à l'autre, ce qui arrivait plus souvent qu'on ne le pensait. La plupart des jeunes Aurors faisaient de même, c'était surtout les plus anciens ou les plus traditionnels qui portaient la robe en permanence. Puis il n'y avait pas photo, pour courir, on était bien mieux en pantalon.

Charlie ne laissa rien paraître quand le Prikaati Rosalden affirma qu'ils devaient être capables de parler cinq langues étrangères. Impressionnant mais pas vraiment utile, à ses yeux. Le bon Auror devait être une bonne baguette avant tout, les langues étrangères n'étant qu'un plus. Et même si son français lui avait servi lors d'enquêtes, elle n'imaginait pas qu'on puisse se servir de cinq langues. Contrairement au monde moldu, l'enseignement des langues n'était pas en place à Poudlard. Alors, post-ASPICs, cela devenait compliqué de l'exiger. Et puis, il y avait des traducteurs pour les interrogatoires et se faire courser par deux Aurors furieux était généralement suffisant pour transmettre un message clair.

- Nous préférons nous concentrer sur des choses, disons, plus pratiques, souffla-t-elle, imperceptiblement moqueuse.

Oui, elle était fière d'appartenir aux Aurors. Autorité respectée, plus que la Police Magique, ils avaient un crédit indéniable à l'étranger avec la chute de Voldemort. Même si cette victoire ne leur appartenait pas, le Bureau ayant été sous le joug du Ministère durant toute la guerre. Les Aurors dissidents, qui refusaient d'arrêter les opposants politiques ou les Nés-Moldus étaient eux-même traqués et étaient entrés dans la clandestinité très rapidement. Certains avaient continué de travailler, en œuvrant discrètement pour la Résistance en "ratant" des arrestations ou en "perdant" des dossiers. Lorsque la Bataille avaient eut lieu, beaucoup d'entre eux étaient sous le coup d'une enquête interne qui aurait pu leur coûter cher. Mais il y avait évidemment des Aurors partisans, ravis de bosser pour le Ministère. Il y avait aussi des Mangemorts, qui avaient reçu un badge et une autorisation de tirer sur tout ce qui bougeait. Une ambiance assez sympathique, en somme. Quand la Bataille avait commencé, les Aurors s'y étaient précipités et s'étaient rapidement divisés en deux camps. Entre eux, les duels avaient été féroces et il y avait eut des morts. A leurs cotés, il y avait également la Police Magique et les Baguettes d'Elite, tout aussi divisés. Les meilleures baguettes du pays, s'affrontant sans merci. Des combats sanglants, qui s'étaient terminés par de nombreuses pertes. Les Aurors étaient sortis de la guerre détruits et avec une mauvaise image, ayant procédés à des arrestations. C'était l'arrivée de Potter dans leurs rangs qui avait changé la donne. Mais la guerre restait une période douloureuse pour le Bureau. Au mur, parmi les photographies de tous les Aurors tombés, on y voyait tout le monde sans distinction. Et on n'avait pas transmis aux plus jeunes qui avait fait quoi. Ce n'était pas un secret, vraiment. C'était pour préserver l'entente de la Brigade, pour leur rappeler qu'ils restaient des frères de baguette, jusqu'au bout. Et parce que malgré ce que certains avaient fait pendant la guerre, à un moment de leur vie, ils avaient été des Aurors qui avaient combattu pour les valeurs d'un pays et pas autre chose. Aussi, quand le Prikaati Rosalden lui révéla qu'il plaisantait, elle se contenta de sourire, amusée. C'était de bonne guerre.

Sourire qui s'agrandit en voyant que l’ascenseur déstabilisait son tout nouveau collègue. Petite nature, va. Même elle, quand elle était venue pour la première fois, c'était juste dit que c'était marrant. Un peu comme les manèges à sensations moldus, sur lesquels elle avait passé une partie de son enfance. Amusant de voir comme les sorciers les plus à l'aise pouvaient être déstabilisés hors de leur zone de confiance. D'un ton faussement candide qui ne trompait personne, elle lança :

- J'ai cru entendre dire qu'ils comprenaient le Swahili, que ça les calmait. Vous pourriez peut-être essayer, avec votre talent naturel pour les langues, Prikaati Rolsaden. Et vous pouvez m’appeler Charlie, comme tout le monde.

Comme tout le monde, sauf Seamus quand il était énervé parce qu'il n'y avait que deux sucres dans son café. Dans ce cas-là, c'était le menaçant Charlotte qui ressortait. Elle ne savait pas vraiment d'où était venu Charlie, d'ailleurs. Avant Poudlard, on l'avait toujours appelée par son prénom en entier. Puis ses camarades de Gryffondor en étaient venus à Charlie. C'était affectueux, gentil, plus dynamique aussi. Et finalement, tout le monde la connaissait sous Charlie Meyer, elle se présentait parfois aussi comme cela. C'était resté, Charlie. Les gens faisaient un mix, Charlie / Charlotte, quand ce n'était pas Meyer, tout simplement. Mais c'était plus rare. Seulement les Aurors plus âgés, qu'elle ne connaissait pas du tout, ou le commandant.

Et tandis qu'il lui demandait si elle connaissait des bonnes adresses avec un sourire sans équivoque sur les lèvres, Charlie coula machinalement un regard vers Seamus qui n'allait pas vraiment aimer l'idée du coq dans la basse-cour. Elle se mettait même à utiliser les même expressions que lui en plus. Évidemment, en bonne londonienne d'adoption, Charlie connaissait une liste de bars longue comme le bras suivi d'une baguette et autant de restaurants, à force de suivre Lilly partout. Mais elle avait bien remarqué les oeillades du Prikaati Rosalden à Donna et à la fille des transports, en moins de cinq minutes. Significatif. Ça, plus son sourire et la manière dont il venait de demander pour les restaurants. Il y avait écrit "alerte" en gros, rouge, gras et souligné. Lilly aurait foncé dans le tas, elle. Elle adorait flirter, tout le temps. Mais Charlie avait toujours été plus sage et posée que sa meilleure amie et si elle ne ratait jamais une occasion de se faire des films, elle n'était pas du genre à engager la conversation ainsi. Et puis ils allaient bosser ensemble et là, c'était juste éthiquement impossible. Et mine de rien, elle avait Eliott dans un coin de la tête, sans raison aucune, évidemment. Alors, elle désigna d'un léger coup de tête son collègue Liam qui travaillait à son bureau, objet qui semblait bien petit pour lui.

- L'Auror Stein est un féru de gastronomie. Je suis sûre qu'il sera d'excellent conseils, ajouta-t-elle en lui faisant un clin d’œil.

Avec un peu de chances, le message serait passé. Quoique, il n'avait pas vraiment l'air du genre à laisser tomber, le Prikaati Rosalden. Charlie le guida parmi le dédale de boxs jusqu'au sien, qui faisait face à celui de Seamus. Ils avaient retiré la cloison entre eux, pour pouvoir parler plus facilement, comme de nombreux Aurors. C'était toujours plus facile que de devoir faire le tour ou de se lever à chaque fois. Sur son bureau, on trouvait la Gazette avec plusieurs coups de plumes entourant des choses à noter, une liasse de parchemin, une note de service qui venait juste d'arriver, une tasse de café, plusieurs dossiers en pile, un encrier, quatre stylos moldus, une pince à cheveux et un paquet de gâteaux. Une feuille dépassait vaguement d'un de ses tiroirs, au dessous de celui fermé à clé magiquement et avec un cadenas (Dossier M) et on distinguait une carte de l'Angleterre Magique posée sur le bureau. Sa veste était sur sa chaise, ainsi que son bonnet et son écharpe. Au mur, on trouvait huit photos enchantées de Mangemorts toujours en fuite, une image de l'ensemble du Bureau prise en Septembre, avec la rentrée des Aspirants, une image d'elle et des Aspirants lors de leur titularisation, en robe officielle d'Auror, une photo de ses parents et de sa sœur Alison, trois avis de recherches, une note soulignée en rouge "passer dossier Smith" et une autre "cadeau de départ Brigadier Torn" ainsi qu'une photo de l’Équipe de Gryffondor lors de sa septième année, quand ils avaient gagné la Coupe. Et Lilly pouvait dire ce qu'elle voulait si elle passait ici, non, elle ne l'avait pas particulièrement affichée parce qu'Eliott était dessus. Juste parce qu'elle était une Gryffondor et qu'elle soutenait sa maison.

- Allez-y ! Personne n'y touchera ici. Excusez-moi pour le désordre, on est tous à l'étroit dans ces box. On espère être agrandis avec la modification du Département.

Tandis que le Prikaati Rosalden posait sa valise, Seamus vint se planter devant son bureau, quatre épais dossiers à la main. Sans vraiment relever les yeux, il farfouilla dans ses papiers, l'air préoccupé.

- Hé, Charlie, tu saurais pas où est passé le mandat pour Fitz ? Impossible de mettre la main dessus et Ron et Willa aimeraient bien l'épingler ce soir parce que...

Seamus releva les yeux pour faire face au Prikaati Rosalden, surpris et un méfiant.

- Seamus, voici le Prikaati Mika Rosalden, qui va bosser avec moi pour l'affaire de la Laponie. Il vient d'arriver.
- Auror Finnigan, enchanté, répliqua Seamus en lui tendant la main par dessus les bureaux. Ainsi, vous êtes ceux qui vous êtes occupés des gamins ? On a eut des blessés, vous savez, lança-t-il, légèrement hargneux.

Voilà entre autre pourquoi c'était elle qui s'occupait de Mika Rosalden. Certains de ses collègues avaient la réplique un peu facile. Désireuse d'éviter un conflit dès maintenant, elle connaissait trop bien Seamus, Charlie attrapa un parchemin tamponné du sceau du Ministère sur son bureau et le tendit à Seamus.

- Il est arrivé ce matin, j'ai pas eu le temps de te le donner. L'Auror Finnigan est mon partenaire depuis deux ans, précisa-t-elle à l'intention de son nouveau collègue. On se verra ce soir, conclut-elle en lançant un regard entendu à Seamus, du style "colle moi un accident diplomatique sur les bras et Lavande préparera bientôt ton enterrement et plus votre mariage, abruti". Message plutôt clair, étant donné que Seamus la salua d'un signe de tête, jeta un regard circonspect au Prikaati avant de s'éloigner vers le box de Ron Weasley. L'affaire a pas mal secoué le pays, expliqua Charlie. Mais mon collègue ne remettait pas en cause les capacités de votre service.

Si, il le faisait carrément. Mais il fallait bien arrondir les bords.

- L'Auror Finnigan est une excellente baguette et un Auror efficace qui tient beaucoup à garantir la sécurité de nos concitoyens. D'où sa réaction.

Cela sonnait tout de même mieux que "Seamus est un Gryffondor incapable de se contenir et qui aime bien la bagarre". C'était vrai, mais toute vérité n'était pas bonne à dire.

- J'ai bien peur que vous deviez faire face à pas mal de réactions de ce genre, les premiers temps.

Pour quelqu'un qui n'avait pas l’œil, rien n'avait changé. Le Bureau avait continué à tourner sans que le moindre changement se fasse ressentir. Mais au bout de six ans, Charlie connaissait cette ambiance parfaitement et savait interpréter la moindre variation d'ambiance, même les plus minimes. Les boxs autour d'eux étaient devenus moins bruyants, vu qu'on écoutait désormais leur conversation. Elle distinguait les coups d’œils qu'on lançait dans sa direction et croisa le regard de plusieurs collègues qui s'étaient levés pour apercevoir le Prikaati Rosalden. La rumeur s'était répandue dans le QG plutôt rapidement. Quelques Aurors passèrent derrière eux "par hasard" arrachant un soupir agacé à Charlotte. Parfois, ses collègues étaient pires qu'à Poudlard, où les rumeurs faisaient le tour d'une maison en moins d'une heure. Seamus avait dû le dire à Ron et Willa, qui l'avaient dit à Harry et Anthony, qui l'avait lui-même dit à sa coéquipière Angie qui prenait un café avec Zacharias et Michael et c'était parti. Sachant que le Prikaati Rosalden n'avait pas vraiment fait bonne impression auprès de Seamus - attaquer un ancien résistant sur tout ce qui concernait la Bataille était toujours plus que délicat - et les jours à venir n'allaient pas vraiment s'annoncer très faciles. D'accord, Seamus manquait de tact. Mais le Prikaati Rosalden aussi. Et le problème de l'esprit d'équipe était que les Aurors avaient toujours tendance à faire front face à l'adversité sans vraiment y réfléchir. Très Poufsouffle, il fallait l'avouer.

- Vous surestimez ma capacité à être impartiale, Prikaati Rosalden, répliqua-t-elle avec un sourire en coin.

Au Bureau, elle jouait souvent les médiatrices, il fallait l'avouer. Il y avait de forts caractères qui n'hésitaient pas à s'opposer assez violemment en réunion, à s'injectiver au dessus de la table. Elle avait failli être envoyée à Poufsouffle, après tout, et c'était une part importante de son caractère. Elle n'aimait pas les conflits et préférait une discussion plus constructive. Mais quand elle se sentait impliquée, elle se battait avec autant de ferveur, voire même plus, que les autres fortes têtes du bureau. Elle s'était fortement accrochée avec l'Auror King pour une histoire de maltraitance lors d'une arrestation. Elle exécrait la violence de l'autorité, elle en avait trop vu les dégâts à son retour à Poudlard, après la guerre. L'Auror Williamson était intervenu pour stopper le conflit et elle regrettait que cela soit allé aussi loin mais elle savait tenir tête à ses collègues quand il le fallait. Et même si les accusations de Seamus étaient injustes et manquaient d'objectivité, elle pouvait les comprendre. Quant au 2 Mai, elle y était aussi. Et rien n'aurait pu prévoir ce qui allait se passer. Tout comme les Prikaati n'avaient pas pu prévoir l'avalanche, elle le concevait.

Elle posa un regard surpris sur le Prikaati Rosalden quand il lui annonça avoir été à Serpentard. Même s'il lui avait dit avoir vécu en Angleterre, elle ne pensait pas que cela irait jusqu'à fréquenter Poudlard. Surtout que malgré leurs âges qui semblaient proches, elle n'avait pas souvenir de lui. Elle ne connaissait pas tout le monde là-bas, bien évidemment, et avait été une élève plutôt discrète mais avait des noms en tête. Amusée, elle croisa les bras sur sa poitrine et planta ses yeux dans ceux du Prikaati Rosalden, qui était malheureusement plus grand qu'elle. Elle n'avait déjà pas l'air très impressionnante au quotidien, mais si en plus tout le monde la dépassait, elle faisait pâle figure.

- Passionnée de Quidditch, je n'irai pas jusque là. Fière Gryffondor en revanche, sans hésitation. C'était justement après avoir écrasé Serpentard que cette photo a été prise, d'ailleurs, ajouta-t-elle de manière candide.

Les rapports entre les maisons avaient changé, évidemment. Et après Poudlard, ce n'était plus pareil, les clivages entre maisons s’effaçaient forcément. Les Aurors étaient issus de toutes les maisons et toutes étaient représentées. Plus personne ne s'arrêtait à cela après les ASPICS de toute manière. Elle avait elle-même était formée par un Serpentard et bossait avec un ancien Gryffondor sans que cela ait vraiment de l'importance. Mais elle faisait parti de cette génération d'élèves qui avait connu une vraie guerre des maisons, surtout entre Serpentard et Gryffondor. Et elle, petite née-moldue de Gryffondor qui débarquait dans l'ambiance juste avant la guerre... Très mauvais. Elle s'était opposée aux Serpentard, avait vécu ses premiers duels contre eux. En avait écrasé pas mal, car même si elle n'était pas très impressionnante, elle restait une bonne baguette. Et forcément, elle avait treize ans après la guerre. L'école pansait ses plaies mais elle faisait partie de la maisons des héros, elle, des vainqueurs. Pendant encore des années, on avait stigmatisé les Serpentard, qui étaient encore trop marqués par les élèves Mangemorts et par les soutiens des Carrow. Tout cela ne comptait plus vraiment désormais, mais cela restait tout de même un peu. Elle connaissait d'excellentes blagues sur toutes les autres maisons, du genre "Combien faut-il de Serpentard pour changer une ampoule ?". La chute était méchante mais faisait mouche à chaque fois. Les anciens élèves se charriaient gentiment, désormais. Après tout, ne disait-on pas "Foncer dans le tas comme un Gryffondor ?"

- J'espère que vous vous remettrez d'avoir à supporter une Gryffondor. Nous ne sommes pas vraiment méchants, vous savez, on se contente de foncer dans les murs et de se demander après pourquoi on a mal, lança-t-elle, sur un ton toujours innocent.

Lilly disait souvent qu'elle n'assumait pas ses petites méchancetés et préférait jouer les ingénues. Ce n'était pas faux, cela faisait toujours mieux passer la pilule que d'arriver avec de gros sabots. Comme Seamus, par exemple.

- Ainsi, vous êtes allé à Poudlard ? Vous n'avez pas fait vos études en Laponie ? Moi j'y suis entrée en 1995, l'année de Dolorès Ombrage, si vous connaissez.

Elle attrapa le dossier que lui tendait le Prikaati Rosalden et fronça les sourcils en découvrant la photographie de Crispin Dérébusor. Le BDA n'avait aucune raison de soupçonner les professeurs, qui avaient été exemplaires. Elle hocha la tête en réponse à la question de son nouveau collègue.

- Crispin Dérébusor, professeur d'Astronomie à Poudlard depuis 1999. Il était en sortie avec deux élèves pour voir les aurores boréales quand l'accident s'est produit. Un casier chez les moldus, pour avoir agressé un collègue au sujet d'une histoire de planète naine, rien chez nous, si ce n'est son effroyable caractère qui a marqué de nombreux élèves. Qu'est-ce qui vous fait penser qu'il a menti ?

Dérébusor avait été son enseignant et même s'il était insupportable, il n'était pas louche. Avisant Seamus qui lui faisait signe que la réunion allait commencer dans cinq minutes, elle lui fit signe d'attendre un peu. Si l'affaire était interne à Poudlard, ils étaient tous directement concernés et il faudrait déployer une enquête bien plus large.

Charlie éclata de rire en entendant le Prikaati Rosalden citer un des décrets de cette horrible bonne femme de tête. Au début, elle était juste insupportable mais cela pouvait aller, après tout, c'était une prof, elle n'était pas là pour qu'on l'aime. Mais au fur et à mesure de l'année, elle était devenue tout simplement tyrannique. Et Lilly, qui n'avait jamais su tenir sa langue, était revenue une fois avec la main ensanglantée parce qu'elle avait affirmé haut et fort devant tous les premières années qui attendait le début du cours dans le couloir que Harry Potter disait la vérité. Et qu'elle ait tenté de dissoudre leur équipe de Quidditch ! Charlotte avait été fière de voir sa maison, et les autres aussi, s'élever contre elle. Elle n'avait pas été un membre de l'AD, comme venait de le demander son nouveau collègue, elle était trop jeune à l'époque. Et puis, elle ne connaissait rien à l'affaire Harry Potter, comme tous les nés-moldus qui venaient de découvrir le monde magique. Elle avait déjà suffisamment à faire à l'époque sans se mêler de politique. Mais si elle avait pu, oui, elle serait entrée dans l'AD. Tout comme dans la Résistance si elle avait eut l'âge. Avec le recul, elle regrettait d'avoir été si jeune au moment des faits. Parce que faire parti de quelque chose de cette ampleur, se battre pour ses valeurs, elle aurait aimé le faire. Elle n'en n'était pas à souhaiter une nouvelle guerre mais oui, elle était sûrement passée à coté de quelques choses à quelques années près.

- Non, j'étais trop jeune, répondit-elle simplement.

Elle ne lui retourna pas la question. Ombrage avait clairement favorisé les Serpentard, peut-être en était-elle issue elle-même. Et puis c'était l'époque de la grande opposition Serpentard versus Gryffondor, les premiers n'allaient pas venir dans une organisation menée par Harry Potter lui-même. Elle se demanda l'espace d'un instant si elle avait affronté le Prikaati Rosalden durant leurs jeunes années. C'est en deuxième année qu'elle avait commencé à affronter les Serpentard, suite à plusieurs remarques sur ses origines moldues. Elle avait été très sage durant sa première année, avait su quant se taire face à Ombrage, mais face à ses camarades, ceux qui cherchaient à la provoquer, elle avait réagi au quart de tour. Et avait toujours été douée avec une baguette entre les doigts, pour le plus grands malheurs de certains jeunes Serpentard qui ne s'étaient pas risqués à recommencer leur petit manège d'insultes. Elle ne s'est jamais liée avec les Serpentard de son année, même après la guerre. Trop de rancœur.

- Ne blâmez pas trop Seamus, répondit-elle tranquillement suite à la remarque du Prikaati Rosalden. Il a peut-être tendance à s'emporter vite mais c'est quelqu'un de juste.

Au premier abord, il pouvait paraître bourru et buté, c'est vrai. Et buté, il pouvait l'être. Mais c'était surtout quelqu'un qui savait reconnaitre ses erreurs et revoir son jugement sur les gens et les choses quand il le fallait, sans mauvaise foi. Et c'était rare, cette qualité. Seamus s'était montré un peu brusque au début parce qu'il prenait l'affaire à cœur mais saurait revoir son jugement sur le Prikaati Rosalden s'il le fallait et si ce dernier le méritait. C'était aussi pour cela qu'il était apprécié au Bureau. Quoi qu'il en soit, Charlie ne doutait pas que les deux hommes sauraient repartir sur de bonnes bases si la durée de présence de Mika Rosalden devait s'allonger. Elle guida ce dernier jusqu'à leur plus grande salle de réunion, là où le Commandant les avait réuni avec en plus le Ministre Kingsley, ancien Auror de son état. Charlie passa la porte et s'assit à coté de Seamus qui se pencha vers elle pour lui signaler qu'ils allaient tous - au sens la plupart des Aurors les plus jeunes - prendre un verre ce soir après leur service. Elle hocha la tête et nota d'inviter le Prikaati Rosalden. Par souci de l'intégrer dans un premier lieu, c'était plus facile de faire connaissance avec les gens dans un cadre plus détendu et aussi parce qu'ils n'avaient pas terminé leur conversation de tout à l'heure. Peu importe ce que ses collègues avaient à en redire, au fur et à mesure des années, elle savait comment réagir avec chacun d'entre eux. Elle feuilleta rapidement le dossier posé devant elle avant de relever la tête quand le Prikaati Rolsaden prit la parole.

Le dossier était très bien monté, clair et travaillé. Au vu des regards que ses collègues échangeaient, elle voyait bien qu'ils étaient tous agréablement surpris. Après tout, tous les Bureau du monde étaient persuadés d'être les meilleurs et voir que les autres n'étaient pas mauvais non plus était toujours une surprise. Les Prikaati semblaient enquêter avec qualité ce qui faciliterait les relations qu'il pourra y avoir entre les deux Bureaux à l'avenir. Au mot Feudeymon, elle sentit Seamus se tendre à coté d'elle. Il y a deux ans, il avait été sur une enquête concernant un trafic de baguette qui avait mal tourné. Les criminels avaient mis le feu à leur entrepôt avec un Feudeymon avant de s'enfuir, quand les Aurors étaient dedans. Il y avait eut de nombreux blessés, dont le partenaire de Seamus de l'époque, Mario Dolce. Ce dernier avait succombé à ses blessures quelques jours plus tard à Sainte-Mangouste. C'était un évènement qui avait marqué tout le monde, mais surtout Seamus qui avait été formé par Mario quand il n'était encore qu'un Aspirant. Quand ils avait été placés ensemble, suite au décès de Mario, Seamus était encore méfiant face à toute forme de feu et évitait même de prendre la Cheminée si c'était possible. Cela allait mieux maintenant mais elle comprenait que l'évocation de ce sort puisse être très désagréable. Mauvais souvenirs. Il baissa d'ailleurs la tête quand le Prikaati Rosalden précisa qu'ils connaissaient tous les ravages et elle vit bien que les pensées de tous ses collègues étaient tournées vers Mario. Elle-même l'avait connu quelque peu et avait appris sa mort avec un choc. C'était la première fois qu'elle perdait un collègue depuis qu'elle était entrée au BDA.

Cette affaire prenait alors une toute autre ampleur, si elle devenait criminelle. Qui était visé ? Un élève en particulier, un professeur, les Lapons ou simplement le symboles qu'ils représentaient tous ? Pourquoi voulait-on s'en prendre à eux ? Allait-on recommencer ? Toutes ces questions tournaient dans la tête de Charlie et elle s'empressa de prendre des notes sur tous les éléments qu'on était en train de leur livrer. Le monde sorcier était sorti de la guerre depuis moins de dix ans, il y avait encore des rancœurs et de la colère chez certaines personnes. Attaquer Poudlard était plus difficile qu'attaquer Valtivaaraa mais vu que la première attaque semblait avoir échouée - il n'y avait pas de morts - tout était possible. Il faudrait mettre des Aurors en faction à l'école pendant un temps, pour protéger les élèves. Et les professeurs. Si Carrow-Virtanen était visé, on ne pouvait pas le laisser se faire assassiner, même s'il n'avait pas été innocenté par la Justice de son pays. Il faudrait d'ailleurs l'interroger sous cet angle-là. Décidément, cette enquête prenait une ampleur inattendue et toute une cellule allait sûrement être mise en place pour la résoudre. Et le professeur Dérébusor allait être au cœur de leurs investigations. Même si son ancien professeur n'avait jamais été très agréable, elle ne l'imaginait pas commettre quelque chose d'aussi grave, contre des enfants. A vrai dire, elle avait dû mal à comprendre qu'on puisse mettre ainsi en danger des gamins. L'élève la plus jeune n'avait que onze ans ! Et elle aurait pu mourir, dans le froid, si jeune et loin de ses parents. C'était tout simplement horrible. Il fallait être un monstre pour commettre un tel acte, un monstre sans cœur. On ne pouvait décemment pas être humain et faire quelque chose de cette ampleur de sang-froid. Charlie soupira et échangea un regard entendu avec Seamus, assis à coté d'elle. Celui-ci se racla la gorge et se tourna vers le Prikaati Rosalden.

- C'est un excellent dossier que vous avez monté-là, il nous sera très utile pour résoudre cette enquête. J'espère qu'en bossant tous ensemble, on pourra coincer ces ordures, lança-t-il d'un ton dur.

Un sourire naquit sur les lèvres de Charlie et elle lança un regard au Prikaati Rosalden, du genre "je vous l'avais dit". Seamus savait quand reconnaitre qu'il avait eut tort et attribuer le mérite qui leur revenait aux autres. Les autres Aurors présents acquiescèrent tandis que le Ministre avait l'air préoccupé. L'Auror McDougal, qui dirigeait la cellule M, se prit alors la parole après un rapide conciliabule avec le Commandant.

- Merci pour cet exposé, Prikaati Rosalden. Tout comme vous, nous n'excluons aucune piste pour expliquer cet évènement. Néos-Mangemorts ou au contraire, anciens Mangemorts qui se vengent, sorciers ayant souffert de la guerre, revendications politiques... Tout sera examiné et traité. Mais, dans le monde moldu, cet évènement serait catalogué comme un attentat. Vous avez entendu parler des évènements aux USA ? Les attentats contre le Secret Magique. Ici, ce n'est pas de ce genre, mais au vu de l'existence d'un groupe d'action magique, nous ne pouvons pas non plus exclure cette piste. Surtout que nous avons la preuve de l'existence de branche de ce groupe terroriste, les Mardoliens, en Angleterre. Et si c'est eux - encore une fois, ce n'est que supposition - cela signifie qu'ils sont aussi sur votre territoire et que cette histoire est encore plus grave que nous le soupçonnions...

Les Mardoliens étaient les nouveaux ennemis du Monde Magique Anglais, après les Mangemorts. Les Aurors savaient qu'ils étaient présents sur le territoire et très sûrement infiltrés au Ministère. Qui ? Pour l'instant, ce n'était que des soupçons. Peut-être même qu'il y en avait au Bureau des Aurors, c'était une possibilité. Le Commandant avait fait passé des entretiens à tous les Aurors qui participaient au groupe M, afin de les garder à l’œil. Il ne faudrait pas qu'il y ait d'espions dans leurs rangs. Mais c'était quelque chose de vicieux. Peut-être que le Commandant en était un lui-même, qu'en savait-on ? Tout le monde pouvait être soupçonné, comme au temps de la première guerre. Charlie avait pour règle de ne pas soupçonner les membres du Groupe M, sinon ils ne s'en sortiraient jamais. Si à chaque fois qu'ils faisaient des plans contre le groupe ils devaient se dire qu'un Mardolien les espionnait, ils n'avanceraient jamais. Charlie avait aussi une confiance aveugle en Seamus, comme c'était souvent le cas entre partenaires. Si on ne pouvait compter sur son partenaire en mission, on était plus qu'embêté. On confiait sa vie à l'autre dans les combats et on ne pouvait pas se permettre de se méfier.

- Nous n'avons pas de section spéciale pour le terrorisme, signala l'Auror Weasley. Mais on a une équipe qui bosse dessus, le Groupe M. Qui est assez bien documenté. Si c'est eux, on trouvera.
- Mais il faut tout de même ne laisser de coté aucune piste, tempéra Harry Potter. Je sais que les Mardoliens font figure de coupables idéaux mais y'a deux semaines, on a encore eut une affaire de crime contre le Sang, on ne peut pas négliger cette piste non plus.
- J'ai l'impression que ça serait trop gros, répliqua Seamus. Il n'y avait pas que des enfants Sang-Pur ou des gamins de Mangemorts, ni que des nés-moldus, là-bas. Rien de précis, que des élèves variés.
- Les tarés se fichent de ce genre de détails, grommela l'Auror James Stanfort.
- C'est pas des tarés, répliqua son binôme, l'Auror Angie Jones. C'était un crime organisé, méticuleux. On a affaire à quelqu'un, ou plusieurs personnes, organisées, c'est pas un acte impulsif.
- Pour tuer des enfants, c'est des tarés ! s'emporta l'Auror Willa Bohamson.

La réunion commença rapidement à se transformer en un brouhaha ou tout le monde parlait de plus en plus fort pour se faire entendre. Charlotte intervint à un moment pour corriger Willa quand elle affirma que c'était forcément les Mangemorts en rappelant qu'ils n'avaient pour le moment aucune preuve. C'est le Commandant qui mit fin à ces échanges en se levant pour prendre la parole.

- Nous sommes d'accord sur une chose, débuta-t-il calmement. Nous devons trouver les coupables avant qu'ils ne recommencent. Nous allons nous diviser en plusieurs groupes pour ne laisser de coté aucune piste. Mangemorts, extrémistes politiques des deux bords, acte de vengeance, Mardoliens... Tout sera examiné et traité. Prikaati Rosalden, vous travaillez sur le terrorisme en Laponie. Je pense qu'il serait judicieux que vous vous joignez au Groupe M. L'Auror Meyer en fait déjà parti, elle vous tiendra au courant de ce qui a déjà était fait. Vous allez pouvoir travailler avec tout le groupe, on va vous en présenter les membres. Je pense que votre expérience nous sera précieuse.

Le Commandant se mit à affecter les Aurors à différentes pistes et sans surprise, Charlie se retrouva donc sur celle des Mardoliens. Son supérieur reprit la parole en s'adressant cette fois ci au Prikaati Rosalden.

- Nous allons convoquer le professeur Dérébusor et vous pourrez l'interroger dès que possible. Auror Meyer, vous êtes avec lui sur ce coup-là.

Il abandonna quelques instants son masque de grand chef, qu'il prenait toujours en réunion en se tournant vers eux.

- Vous aviez des affaires en cours ?
- On a l'affaire du gosse maltraité avec de la magie noire qui passe demain au tribunal et quelques rapports à faire, mais on venait de boucler l'affaire des amulettes ensorcelées donc non.
- On a aussi un procès vendredi, ajouta Charlie. Et une audition lundi, une femme qui dit avoir des infos sur Boroski pour l'affaire de Magie Noire entre voisins, celle de l'année dernière. Et on devez prendre le dossier de la police Magique, qui soupçonne un Sectusempra sur une victime de cambriolage.

Le Commandant fronça les sourcils quelques instants, réfléchissant.

- Ok, vous terminez vos rapports avant la semaine prochaine et vous prenez l'audition de Boroski. Si l'affaire est ré-ouverte, Ron et Willa, c'est vous qui vous en chargez. Quant à l'affaire du Sectusempra, c'est pour James et Angie. Charlie, tu bosseras avec le Prikaati Rosalden tant qu'il sera là. Seamus, tu prends en charge l'Aspirante de Rogers dès qu'il part à la retraite. C'est la petite brune, Michelle Skinners. Bon élément même si elle manque encore d'assurance.

Charlie hocha la tête même si elle regrettait un peu cette décision. Elle aimait travailler avec Seamus, ils s'entendaient bien et formaient un bon binôme. Enfin, c'était temporaire de toute manière, normalement. Et puis le Prikaati Rosalden avait l'air d'être efficace. Seamus se pencha vers elle, un sourire moqueur aux lèvres.

- Je suis sûr qu'il ne fait pas les cafés aussi bien que moi, chuchota-t-il.

Charlie lui envoya un coup de coude dans les côtes tandis qu'il ricanait. Le Commandant lui jeta un regard qui le fit taire avant de reprendre la parole.

- Tout le monde est au point ? Des questions ? Sinon, au boulot tout le monde !

Charlotte se leva en même temps que tous ses collègues et se dirigea vers la sortie au milieu des éclats de voix et des rires, chacun savourant une légère pause avant de se replonger dans son travail, dans une atmosphère à peu près studieuse. Machinalement, elle se rapprocha de Seamus avant de se rappeler qu'ils ne bossaient plus ensemble. Jusqu'à présent, elle avait travaillé avec Elbert Stormborn, qui l'avait formée durant trois ans et l'avait ensuite eu comme partenaire pendant un an puis on l'avait placée avec Seamus à la suite du décès de son ancien binôme à lui, libérant ainsi Stormborn pour d'autres aspirants. Avec le premier, elle avait eu des rapports de professeur à élève, c'était différent. Même quand elle avait été titularisée, ils n'étaient pas à égalité et aujourd'hui encore, il l’appelait "La bleue" quand ils se croisaient. Avec Seamus, elle le connaissait un peu d'avant et tout s'était fait naturellement, ils s'étaient bien entendus et ils bossaient de la même manière. Mais elle ne connaissait pas du tout le Prikaati Rosalden et n'avait pas la moindre idée de ce que cela pouvait être de travailler avec lui, même si son dossier sur l'avalanche était parfait. Au Bureau, les binômes étaient faits par le Commandant et leurs anciens formateurs, jusqu'à trouver les bons assemblements qui duraient alors des années. Quand un binôme ne marchait pas, il était vite séparé. Mais étant donné que le Prikaati Rosalden était extérieur au Bureau, si ça coincait, elle était tout de même bloquée avec lui. Enfin, elle verrait bien.

- Tu ne veux pas me quitter, Charlie ? demanda Seamus en riant, tandis qu'il s'apercevait de sa présence à ses cotés.
- Mon cœur se brise à cette pensée ! répliqua-t-elle avec emphase.

Seamus éclata de rire en passant un bras autour de ses épaules.

- Il y a des épreuves dans la vie qu'on doit affronter seul et je pense que c'est l'une d'elle que nous allons traverser ! annonça-t-il sur le même ton.

Ce fut au tour de Charlie d'éclater de rire tandis qu'elle lui donnait un léger coup de coude pour qu'il la lâche. Ouais, travailler avec Seamus allait lui manquer tout de même. Ils se verraient tous les jours mais bon, ce n'était pas pareil que de piquer un sprint dans l'Allée des Embrumes pour mettre la main sur Mondingus Fletcher. Et il courait vite celui-là !

- J'amène Rosalden ce soir au Circée, annonça-t-elle à Seamus, d'un ton ferme.

Ce dernier haussa les épaules, résigné.

- La charité Poufsouffle te perdra, Meyer ! Mais bon, on verra bien ce qu'il en ressort ! D'ailleurs, quand on parle du Niffleur...

Tandis que Seamus s'éloignait vers les archives, Charlotte se retourna pour faire face au Prikaati Rosalden qui arriva justement. Elle répondit à son sourire tandis qu'ils prenaient la direction de son bureau.

- Oui, c'est vers l'accueil. Un peu dans les courants d'airs mais grâce à Donna, on est au courant de tous les potins du service. J'étais au neuf avant, précisa-t-elle en riant.

Tandis que le Prikaati Rosalden prenait sa valise, elle déverrouilla le tiroir qui contenait le dossier Mardoliens d'un coup de baguette magique et attrapa les nombreux feuillets qui le composait. Un soir, tard, très tard, où Seamus et elle enchainaient leur deuxième garde, soit pas de sommeil depuis plus de trente heures, ils s'étaient amusés à le peser. 4, 7 kilos, sans sortilège d'Allégement comme maintenant. Et encore, depuis, ils avaient rajouté des éléments. Elle salua l'Auror Stein en arrivant près du nouveau box du Prikaati Rosalden et s'appuya sur la cloison pendant qu'il rangeait ses affaires. Elle nota qu'il utilisait des stylos - ce qu'elle faisait de temps en temps - et des feuilles moldues. Ainsi, il avait été à Serpentard mais utilisait des affaires moldues... Ce qui indiquait qu'il n'était pas de Sang-Pur. Même si elle voulait bien concéder qu'il y avait des Sang-Purs très ouverts sur le monde des moldus - Eliott - rares étaient ceux qui allaient utiliser des stylos, tout simplement parce qu'ils ignoraient leur existence ou où en trouver.

- Avant de vous dire quoi que ce soit, je vous avertis que le dossier M est top-secret et vous ne pouvez qu'en parler aux membres habilités donc voici la liste - ajouta-t-elle en sortant un parchemin du dossier et en le lui tendant - toute discussion à ce sujet doit se faire dans un environnement protégé et sécurisé, enfin, vous connaissez les consignes pour les dossiers sensibles. La cellule se réunit souvent dans la salle de réu' deux, elle doit être libre à cette heure. Après vous ! lança-t-elle en lui indiquant le chemin d'un geste du bras.

En effet, la salle de réunion était bien vide. Charlotte tira une chaise avant de pousser son énorme dossier devant le Prikaati Rosalden.

- L'Auror McDougal vous en fournira une copie sous peu, annonça-t-elle. D'habitude les Aspirants s'en chargent, mais là, c'est trop délicat.

Machinalement, elle lança un sort d’Impassibilité contre la porte et croisa les bras sur sa poitrine.

- Nous n'avons pas encore de membres avérés des Mardoliens mais nous avons de forts soupçons sur une dizaine de personne, dans les Institutions importants du pays, notamment le Ministère même s'ils ne sont pas très hauts placés. Pour le moment, ils sont tous placés sous surveillance. Honnêtement, nous pensons qu'ils sont bien implantés ici et avec des plans bien précis. Rien de concrets pour le moment, mais nous gardons à l’œil tous les sympathisants moldus, au cas où. Leurs dossiers sont aux archives, on va pouvoir passer les prendre. En attendant....

Elle agita sa baguette magique et fit apparaître un formulaire de convocation qui étaient rangés dans son bureau, ainsi qu'un encrier et une plume. Elle avait déjà rempli des centaines de convocation mais cette fois-ci, c'était pour quelqu'un qu'elle connaissait. Elle trempa sa plume dans l'encre et écrivit en assez gros - il devait avoir des problèmes de vue à son âge - et d'une écriture appliquée pour qu'il ne hurle pas que les Aurors n'étaient que des sagouins.

- Dérébusor fut mon professeur à Poudlard, c'est assez étrange de le convoquer, révéla-t-elle en riant doucement.

C'était plutôt l'inverse normalement. La convocation rédigée, elle la transforma en note de service d'un coup de baguette et ouvrit la porte pour qu'elle file au bureau de Donna, qui se chargerait de la mettre sous enveloppe et de la mettre dans le chariot adéquat, qui sera récupéré dès ce soir par le service courrier. Ainsi, la convocation partirait demain matin très tôt et sera à Poudlard dans la journée. Elle plaignait les élèves qui auraient cours avec Dérébusor après qu'il ait appris cette mauvaise Noël. Cela allait être comique ! En espérant qu'il ne défenestre personne.

- Au fait, lança-t-elle en refermant la porte avant de revenir s'assoir. On va boire un verre avec les la plupart des collègues ce soir... Vous voulez venir ?

Le Circée était un bar du quartier Magique de Bristol, où les Aurors avaient coutume de transplaner après leur service. Il était équipé d'une cheminée ce qui permettait de repartir en ayant bu un petit peu, ce que le transplanage ne pardonnait pas. Le gérant était sympa et la présence d'une escouade d'Aurors quasiment tous les soirs lui permettait de garder une ambiance tranquille : rares étaient les idiots qui avaient envie de venir jouer les troubles-fêtes devant une vingtaine d'Aurors. Et quand ça arrivait, ça permettait de se dégourdir les jambes, une petite arrestation de sorcier soûl. La question était toujours de savoir qui allait avoir l'honneur de le ramener au QG après. Ça tombait souvent sur elle, d'ailleurs. Une fois sa réponse obtenue, elle ouvrit l'immense dossier qui contenait tous les secrets de cette enquête.

- Au travail ! lança-t-elle en souriant.

RP TERMINE