Promenade nocturne [William]

8 janvier 2007


A peine avait-il fait un pas dans le couloir qu’il regrettait déjà. Quelle idée de sortir en pleine nuit ? Il n’y avait rien de plus dangereux que la nuit dans un lieu aussi étrange que Poudlard. Certes, lorsque, quelques années auparavant, Myrdhin avait pris la décision de revenir à Poudlard, c’était principalement parce qu’il connaissait très bien le château. Mais avec ses escaliers mouvants, s’y repérer la nuit en restant discret était une tout autre affaire. Pourtant, il n’y avait pas de véritable nécessité de rester discret. Le jeune homme avait simplement oublié la copie d’un de ses élèves dans sa salle de classe et désirait aller la chercher pour finir de corriger ce devoir dans la nuit. Il eut un petit sourire en coin. Il adorait corriger le jour même, pour pouvoir rendre le plus vite possible leurs mauvaises notes aux élèves. Quoique, ce devoir avait l’air d’être plutôt correct cette fois-ci. Même s’il doutait sincèrement que la copie de Mr Lloyd soit correcte, elle. Il regrettait parfois de ne pas mettre de notes négatives, –T se rapprochant probablement plus du réel niveau de cet élève. Il se reprocha intérieurement ce jugement trop sévère. Ce garçon avait probablement des qualités insoupçonnées, il ne pouvait pas se permettre de se faire une idée de lui basée uniquement sur ses notes et ce qu’il en voyait en cours. Même si lesdites qualités étaient visiblement très, très bien cachées.

*Bah, ça a l’air d’être un gentil garçon. Un peu simplet, mais gentil.*

Coupant court à cette inutile réflexion, Myrdhin se concentra à nouveau sur environnement, guettant le moindre bruit. Il sursauta légèrement en sentant Elfric lui frôler le mollet pour lui passer devant. Fichu chat, que faisait-il derrière lui ? Il était toujours quelques mètres devant, d’ordinaire, près à faire rapidement et silencieusement demi-tour pour prévenir son maitre au moindre danger. Mais cette nuit, le chat avait visiblement décidé de n’en faire qu’à sa tête, se mettant même à ronronner. Pestant silencieusement contre ce maudit chat, Myrdhin pressa le pas, se demandant quelle pouvait bien être la chose qui le mettait dans cet état d’imprudence stupide. Tournant à l’angle du couloir, il aperçu rapidement ce que c’était. La chose en question était William Silvester. Et Myrdhin comprit immédiatement pourquoi Elfric se comportait de cette manière. Le concierge avait une chouette. Et Elfric avait dû sentir son odeur.

*Pourquoi diable ce chat est-il normal ?!*

Myrdhin était contrarié. Il n’avait aucune envie de parler à qui que ce soit à cet instant, il était toujours de très mauvaise humeur, la nuit. Et puis il n’avait absolument pas prévu de croiser quelqu’un sur son chemin ! Maudissant son étourderie et Victor Lloyd, même si le pauvre n’y était pour rien, le professeur se résolu à saluer le concierge.

« Bonsoir William. »

Que dire ensuite ? Vite, meubler la conversation. Mais surtout, que des banalités, histoire que son collègue n’ait surtout pas envie de continuer une ennuyeuse conversation, et le laisse tranquillement aller chercher la copie qui lui manquait.

« Comment allez-vous ? »

Oui, décidemment, rien ne valait les bonnes vieilles formules de politesse, que l’on finissait par prononcer mécaniquement. Enfin, à condition que William réponde « Bien, merci, et vous ? », ce à quoi Myrdhin répondrait « Bien, merci. Je vous souhaite une bonne fin de soirée », et tout le monde s’en irait, et tout le monde serait content.

William faisait sa ronde du soir comme à son habitude. Tout était calme dans l'école, aucun élève n'avait décidé de quitter son lit, du moins William le pensait puisqu'il n'avait croisé personne. Les torches dans les couloirs éclairaient faiblement, rendant les couloirs encore plus mystérieux qu'ils ne l'étaient déjà. Will aimait parcourir le château endormi, tout semblait irréel et invitait aux rêves.

Bien sûr William avait passé l'âge, où chaque sortie dans le château silencieux était une aventure et où chaque couloir cachait d'hypothétique danger, comme un dragon (Rusard) ou un monstre poilu (Miss Teigne). Non aujourd'hui, il était l'un de ses monstres justement, à l'affut du moindre bruit qui trahirait un élève hors de son lit. D'ailleurs dans cette recherche Cocaïne l'aidait beaucoup, l'avertissant d'un bruissement d'aile lorsqu'elle entendait quelque chose d'inhabituel.

Soudain, la chouette étira ses longues ailes et lui pinça tendrement l'oreille signe qu'il y avait certainement quelqu'un à l'angle du prochain couloir. Le concierge tira sa baguette de sa poche et s'approcha en silence de l'intersection du couloir, il sortit alors de l'ombre et s'apprêtait à lançer un "Et bien que faites vous hors de votre lit ?"

Lorsqu'il se rendit compte que ce n'était pas un élève qui lui faisait face mais le professeur d'Histoire de la Magie, Myrdhin Schaffer. Will baissa donc sa baguette et prononça "lumos" pour avoir un peu plus de lumière. Pas qu'être dans le noir le dérangea plus que ça mais il aimait bien voir distinctement le visage des personnes à qui il parlait.

« Bonsoir William. Comment allez-vous ? »

Le jeune homme esquissa un sourire sur ses lèvres, un peu de compagnie ne se refusait pas et puis ça lui permettrait de connaître un plus ce professeur que
certains élèves s'amusaient à appeler le "professeur zarbi".

"Bonsoir Myrdhin. Très bien et vous même ?"

William tourna distraitement la tête vers Cocaïne qui nettoyait ses plumes, lorsqu'il continua sur un ton badin.

"Il fait frais ce soir, vous ne trouvez pas ? Enfin c'est supportable, je ne vais pas me plaindre les couloirs ne sont pas encore gelés."

Le jeune homme esquissa un léger sourire, puis reporta son attention sur Myrdhin.

"Qu'est-ce qui vous amène dans les couloirs à cette heure avancée de la nuit ? Si ce n'est pas trop indiscret."

La nuit avait longtemps été l’un des moments favoris de Myrdhin lorsqu’il était enfant. C’était une période mystérieuse, où tout semblait bien plus merveilleux que le jour. Il se rappelait sa petite enfance, arpentant les couloirs de leur grande maison, observant d’un œil parfois inquiet les meubles éclairés par la lune, dont la lueur filtrait par les longues et hautes fenêtre, et leurs gigantesques ombres. Dans ces moments-là, se souvenait-il, dans le lourd silence que seul venait briser le bruit de la comtoise de la salle à manger, qui résonnait dans toutes les pièces alentours, Myrdhin se sentait à la fois terriblement seul et terriblement puissant. Comme s’il était le maitre du monde, qui se résumait pour lui, à cette époque, à sa maison. Mais la nuit avait perdu tout attrait après le meurtre de son père, elle en était même devenue dangereuse et effrayante aux yeux du petit garçon. Cette nuit-là, Myrdhin s’était promené dans les couloirs de la demeure, comme d’habitude, il avait été explorer le passage secret qui reliait le salon, la chambre de ses parents et les caves. Mais il n’avait rien entendu. Son père s’était fait tué à quelques mètres de lui, juste à quelques mètres, et il n’en avait rien su. Personne ne s’était inquiété de l’absence de Zéphys, jusqu’à ce que la gouvernante se mette à hurler en sortant prendre le courrier, lorsqu’elle avait vu le cadavre. Il aurait suffit qu’il jette un coup d’œil dehors, cette nuit-là, comme il le faisait souvent les autres nuits, et il aurait su. Il aurait su qui était le salaud qui avait tué son père. Mais il ne l’avait pas fait, pas cette fois-là. Ainsi, l’ignorance et le doute quant à l’identité du tueur ne seraient sans doute jamais levés. Myrdhin ne perdait pourtant pas espoir, sacrifiant sans hésiter le peu d’heures de sommeil qu’il s’accordait pour analyser encore et encore de nouvelles théories, ce qui faisait qu’il avait souvent une tête de cadavre en décomposition déterré ces derniers temps. Il fallait vraiment qu’il se reprenne en main. Se promettant de prendre un somnifère cette nuit après avoir terminé de corriger ses copies, le professeur soupira lorsque sa réflexion fut interrompue par son chat, et indirectement par Silvester. Myrdhin soupira, pas véritablement ravi de tomber sur le concierge. Il aurait préféré être seul, cette nuit, et le rester.
Il s’obligea cependant à saluer William et à lui demander comment il allait, puisqu’il était important d’avoir et de maintenir de bonnes relations avec tout le monde. Enfin, avec tout le monde, sauf avec son beau-père. Lui, il ne se gênait pas pour lui hurler à la figure ce qu’il pensait de lui. Mais ce n’était pas une raison pour agir de même avec tout le reste de la population terrienne, puisque c’était une très mauvaise stratégie, s’il se conduisait ainsi avec Terrence, c’était simplement parce qu’il ne se sentait pas capable de se comporter autrement avec lui. Et aussi parce qu’il lui servait de défouloir, mais cela, jamais il n’aurait voulu l’admettre.

"Bonsoir Myrdhin. Très bien et vous même ?"

Il aurait adoré répondre qu’il allait parfaitement bien avant de le rencontrer dans ce fichu couloir, mais il ne le dit pas, tout d’abord parce que cela aurait été totalement impoli, et puis également parce que cela aurait été mentir. Il se força donc à esquisser un sourire et à répondre d’un ton plus qu’aimable, espérant que cela lui permettrait de se débarrasser de Silvester.

« Bien, merci. »

Après un cours instant de réflexion, il décida de se donner une excuse pour partir plus vite.

« Quoique, un peu fatigué. D’ailleurs, je… »

Mais il s’interrompit. Il avait vu à la tête de William que celui-ci allait parler.

*Et merde. Moi qui voulait aller rapidement chercher cette copie…*

"Il fait frais ce soir, vous ne trouvez pas ? Enfin c'est supportable, je ne vais pas me plaindre les couloirs ne sont pas encore gelés."

Et en plus, il parlait pour dire des choses sans intérêt. De mauvaise grâce, Myrdhin se força à répondre sur le même ton sympathique.

« En effet. »

Mais à vrai dire, il ne savait pas véritablement quoi dire au concierge. Il avait juste envie de se dépêcher d’aller chercher la copie qui lui manquait, de rentrer, de la corriger, et de se mettre bien au chaud dans une couverture, parce qu’il n’avait pas tort, le concierge, il faisait diablement froid dans les couloirs. Mais le froid ne semblait pas être suffisant pour William Silvester rentre chez lui, lui aussi.

"Qu'est-ce qui vous amène dans les couloirs à cette heure avancée de la nuit ? Si ce n'est pas trop indiscret."

« J’ai oublié la copie d’un id…élève dans la classe. Je suppose qu’il est inutile de vous retourner la question. »

Il s’était rapidement repris, en se rendant compte qu’il allait prononcer le mot « idiot » à la place du mot « élève ». Quoique parfois ces deux mots semblaient être des synonymes. Myrdhin sourit rapidement, priant pour que la conversation s’arrête là.

Myrdhin lui répondit qu'il allait bien, en même temps si ça avait été le contraire William doutait que l'enseignant lui en parle ce n'était pas comme s'il s'était vraiment parlé avant. D'ailleurs Will parlait un peu pour ne rien dire, parler du temps qu'il faisait n'était pas forcément une bonne façon d'engager la conversation.

Cependant le jeune homme en face de lui ne semblait lui en vouloir puisqu'il se montrait extrêmement courtois. Puis William aborda la raison de la présence du professeur dans les couloirs.

« J’ai oublié la copie d’un id…élève dans la classe. Je suppose qu’il est inutile de vous retourner la question. »

Will rendit son sourire à Myrdhin, malgré le fait qu'il devait faire des rondes dans les couloirs, lui n'avait pas de copies à corriger ce qui était un grand avantage par rapport à ses collègues enseignants. Lui ne se tirait pas les cheveux de dépit devant l'ignorance de certains élèves. C'était d'ailleurs peut-être pour ça que Myrdhin les gardait longs, pour éviter de plus en avoir à force de tirer dessus.

Le concierge se dit que sa pensée était peut-être partie un peu loin et qu'elle était un peu bizarre aussi.

"Et bien je vais vous accompagner jusqu'à votre bureau alors. Enfin si ça ne vous dérange pas. La compagnie se fait rare la nuit."

William décocha un nouveau sourire au professeur d'Histoire de la magie, ça faisait du bien d'être accompagné parfois. Et là, il avait de parler avec quelqu'un juste pour le plaisir de parler.

"Vous étiez élève à Poudlard ?"

Will essaya de deviner dans quelle maison il avait pu être, mais il savait tellement peu de chose de son collègue que finalement, il devrait attendre la réponse du jeune homme. Mais il ne pouvait pas non plus totalement combler sa curiosité puisqu'il passerait certainement pour une fouine après. Il était curieux certes mais il tenait tout de même à rester correct. Enfin c'était juste à titre personnel, il n'allait pas divulguer ce qu'il avait entendu. Il était peut-être concierge mais il n'était pas commère.

Ne jamais montrer ses pensées ou ses sentiments. Toujours agir le plus normalement et le plus agréablement possible pour les autres. C’était là les deux principales règles de vie de Myrdhin, et comme d’habitude, il allait s’y tenir. Cependant, à cette heure-ci, le professeur d’Histoire de la Magie commençait à fatiguer, et la fatigue poussait à bout sa patience et ses principes, aussi dû-t-il véritablement se forcer pour laisser apparaître un minuscule sourire à peu près crédible lorsque le concierge lui annonça qu’il comptait l’accompagner.

" Enfin si ça ne vous dérange pas. La compagnie se fait rare la nuit."

En effet, la compagnie était rarissime à cette heure-ci, d’ordinaire, ce qui faisait toujours hésiter Myrdhin chaque fois qu’il avait besoin de sortir la nuit. Devait-il sortir ou non ? S’il sortait et qu’on le voyait, on pourrait très bien croire qu’il sortait à cette heure-là pour éviter ladite compagnie, et donc le trouver bizarre. Mais s’il ne sortait pas, et que le lendemain, au moment de rendre les copies, il annonçai à Victor Lloyd qu’il avait tout corrigé sauf la sienne, là aussi cela paraitrait étrange, les élèves se demanderaient pourquoi il n’avait pas été cherché la copie, et penseraient peut-être qu’il voulait éviter de croiser des gens. Ou qu’il avait peur du noir. Et là aussi, cela semblerait étrange. Restait la solution de sortir plus tôt chercher la copie, mais le fait est que Myrdhin évitait bel et bien la compagnie. Il s’était donc résolu à sortir de chez lui, persuadé qu’il ne croiserait personne. Mais il s’était trompé, et il était à présent condamné à supporter Silvester.

« Très bien, si cela vous fait plaisir. Mais je ne veux surtout pas vous déranger, vous devez sûrement avoir des choses à faire. »

Mais le concierge semblait n’avoir rien à faire, puisqu’il resta avec lui. Myrdhin se résolu donc à faire le chemin jusqu’à son bureau avec lui, puisque trop insister pour qu’il parte paraitrait bizarre, le concierge pourrait s’imaginer qu’il avait des choses à cacher et vouloir l’espionner après pour savoir ce que c’était. Il fallait se méfier des concierges, certains étaient fidèles aux clichés les concernant. Priant pour que ce ne soit pas le cas de William, le professeur lui sourit poliment et reprit le chemin qui le mènerait à la copie de Victor Lloyd.
Logiquement, William Silvester ne tarderait pas à chercher à entamer la conversation. Par quoi pourrait-il bien commencer ? Myrdhin avait à peine commencé à chercher quelles réponses il pourrait donner à ses éventuelles questions que le concierge avait déjà posé la première.

"Vous étiez élève à Poudlard ?"

« Oui. A Serdaigle. »

Merlin, c’était il y a si longtemps, déjà. Vingt-trois ans. Le temps passait effroyablement vite. Quelqu’un d’autre aurait peut-être dit qu’il s’était passé tant de choses en vingt-trois ans que le temps semblait avoir passé plus rapidement que d’ordinaire, mais pour le professeur d’Histoire, c’était presque le contraire. Sa vie avait été d’une platitude déconcertante, mais il ne semblait pas s’en rendre au compte. Il pensait même avoir vécu jusque là, une vie trépidante et dangereuse. Et pensait bien que son futur le serait autant. Même si, il fallait honnête, quand son but ultime est de prouver à sa mère que la chiffe molle abrutie qui lui sert de mari est un meurtrier machiavélique, calculateur et sanguinaire, c’est certain, ça promet d’être pa-ssio-nant.

« Et vous ? »

Myrdhin avait beau fouiller a plus profond de sa mémoire, il ne se souvenait pas d’avoir côtoyé un William Silvester à Poudlard, même si, vu la jeunesse de William, s’ils y avaient cohabité, cela n’avait pas dû être pour très longtemps, et le concierge avait sûrement beaucoup changé depuis ce temps-là.

William se fit encore une fois la réflexion que Myrdhin n'était décidément pas très loquace. Mais ce n'était pas grave, il allait faire la conversation pour deux. Les deux hommes prirent donc la direction du bureau du professeur d'histoire après que celui-ci eut précisé qu'il ne voulait pas lui faire perdre son temps. Will esquissa un léger sourire alors qu'il affirmait,

"Ne vous inquiétez pas, je ne perds pas mon temps. Les élèves peuvent se trouver n'importe où. D'ailleurs peut-être que l'un d'entre eux et actuellement en train d'essayer d'ouvrir votre bureau pour récupérer un objet confisqué."

Il parlait en connaissance de cause, lui même avait tenté plus d'une fois d'entrer par effraction dans le bureau du professeur McGonagall pour récupérer les objets qu'elle lui avait confisqué lorsqu'il faisait le pitre pendant ses cours. Un léger sourire nostalgique apparut sur son visage et il ne put s'empêcher de penser que cette époque lui manquait, c'était le bon temps. Le temps de l'insouciance, des rires et des chants.

Puis plus pour alimenter la conversation que par pur intérêt, il demanda dans quelle maison avait été Myrdhin, il ne fut d'ailleurs que peu étonné quand ce dernier lui annonça avoir été à Serdaigle. La question lui fut alors retournée et William répondit avec un petit sourire aux coins des lèvres.

"J'ai également réparti à Serdaigle. Même si j'avoue n'avoir jamais compris pourquoi puisque j'ai toujours préféré faire le pitre au lieu d'étudier."

Will ou l'art de raconter sa vie en une phrase. En même temps, Myrdhin ne voulait pas parler, c'était pénible, il devait quand même bien un truc à raconter nan ? Tient c'était quoi le nom de son chat ? Il avait une copine ? Une amoureuse ? Mon pauvre Willy va falloir arrêter de penser comme les gosses ça devient grave là. Enfin, mieux valait se faire traiter de gamin que de vieux. En fait mieux valait rien du tout.

Un silence s'était installé entre les deux hommes, ce n'était pas vraiment désagréable mais Will n'aimait pas le silence. Le silence ça rappelait trop la mort. Quand on était mort tout était silencieux puisque incapable de faire le moindre bruit. Mais aucune question pertinente ne lui venait à l'esprit, il était donc condamné à laisser le silence perdurer. Il espérait juste que Myrdhin allait bientôt mettre fin à cette absence de bruit.

Le concierge avait l’air décidé à l’accompagner. Myrdhin eut beau tourner et retourner le problème dans sa tête, il n’y avait pas de solution. Alors il sourit brièvement à William lorsque celui-ci insista pour l’accompagner, arguant qu’un élève délinquant se trouverait peut-être sur leur chemin.

*Tu parles, tout ce que tu veux, c’est faire la commère.*

Et le meilleur moyen de calmer une commère, c’était de lui faire croire qu’on allait lui donner les informations désirées. Le Professeur d’Histoire, bien déterminer à se débarrasser au plus vite du concierge, répondit donc à la question de ce dernier concernant sa scolarité à Poudlard. Il avait d’ailleurs été plutôt content de retourner au château une fois ses études terminées. Certes, son choix s’était immédiatement porté sur Poudlard pour une question de sécurité, mais au fond, il était attaché à ce vieux château, qui abritait tant de souvenirs. Des bons comme des mauvais, d’ailleurs. C’était là qu’il avait appris le futur remariage de sa mère, en première année ; la mort de sa grand-mère, en quatrième année ; c’était là qu’il avait été victime de moqueries, qu’il avait été pris de pitié par certains professeur. Mais c’était là qu’il s’était construit, qu’il avait appris à devenir quelqu’un ; là qu’il avait embrassé une fille pour la première, en troisième année ; là qu’il s’était découvert une passion pour l’Histoire de la Magie, qu’il avait commencé à être l’homme qu’il était devenu. Et ces bons côtés compensaient largement les mauvais, tout comme le silence et la tranquillité la bibliothèque avaient compensé la surpopulation de la salle commune et le fait de devoir côtoyer des êtres humains tous les jours. Aujourd’hui, il s’était forgé une carapace et supportait bien mieux les contacts humains. Et, contrairement à ce à quoi on aurait pu s’attendre, enseigner à tout ces petits ignares la merveilleuse et fascinante histoire de la magie lui plaisait. De plus, ces gamins n’étaient pas tous ignares. Et certains étaient même un peu attachants. Mais juste un peu. Parce que ça pouvaient tout de même être de sacrés manipulateurs, ces gosses. Et il était bien placé pour le savoir, puisqu’à leur âge, il était passé par là.

"J'ai également réparti à Serdaigle. Même si j'avoue n'avoir jamais compris pourquoi puisque j'ai toujours préféré faire le pitre au lieu d'étudier."

A une autre personne, il aurait probablement répondu « L’intelligence naturelle, sûrement ! Le travail assidu, c’est pour les Poufsouffles ! » en plaisantant, histoire de flatter un peu. Mais le concierge ne lui paraissait pas briller par son intelligence naturelle. Sinon, il ne serait pas concierge, n’est-ce pas ?
Le silence tomba alors. Myrdhin sentait bien qu’il était censé combler ce silence. Retenant à grand peine un soupir, il décida donc de se lancer.

« Etonnant pour un ancien pitre de se retrouver concierge à Poudlard. Pourquoi avoir décidé de revenir ? »

Il accompagna cette question d’un regard légèrement interrogateur. Histoire de paraitre intéressé par la réponse, mais seulement un peu. Alors qu’en vérité, il était curieux. On disait beaucoup de choses, sur le concierge, surtout parmi les élèves bien évidemment, après tout ils étaient les premiers amateurs de ragots. Et Myrdhin avait bien envie de savoir à quel point ce que disait les élèves était vrai ou faux.

Le silence continuait de planer alors qu'ils parcouraient les couloirs du château désert, lorsque Myrdhin prit la parole. William s'empêcha de pousser un soupir de soulagement, le silence n'était décidément pas son truc préféré.

« Etonnant pour un ancien pitre de se retrouver concierge à Poudlard. Pourquoi avoir décidé de revenir ? »

Le jeune homme esquissa un sourire. Cette remarque lui avait souvent était faite lorsqu'il avait annoncé sa volonté de devenir concierge. Tout ceux qu'il connait été d'ailleurs surpris lorsqu'il annoncé son travail. Ça ressemblait si peu au William qu'ils avaient connu, lui, il trouvait ça drôle. Il avait persécuté le concierge pendant ses années collèges et aujourd'hui c'était lui qui se faisait embêter par les élèves. C'était assez drôle et puis l'avantage d'avoir était un pitre, c'était qu'il connaissait déjà beaucoup de bêtises puisqu'il en avait fait la plupart, il connaissait les cachettes stratégiques. C'était un grand avantage mais comme il ne pouvait pas être partout, il y avait forcément des moments où les élèves arrivaient quand même à faire des bêtises. Mais après tout c'était le jeu. Un perpétuel jeu de chat et de souris et c'était bien connu, lorsque le chat n'est pas là, les souris dansent.

"Je pense que c'est la nostalgie qui m'a fait revenir à Poudlard. Ma vie à l'extérieur de Poudlard n'a pas été un franc succès."

William n'avait pas vraiment envie de s’épancher sur ses petits malheurs, mais il avait bien conscience que la façon dont il énonçait les choses laissait penser que son état de pitre l'avait rattraper une fois hors de l'école. Mais, il s'en fichait, Myrdhin pouvait bien penser ce qu'il voulait. Il n'était pas dupe, pour la plupart des gens, les concierges n'étaient pas très fut fut, ils avaient un côté commère également. Will n'était pas ce genre de garçon et Rusard n'était peut-être pas un homme comme ça non plus mais les préjugés l'avait peut-être aigri. Il s'était promis de ne jamais devenir un vieux grincheux aigri, il se forçait donc à prendre les choses positivement. Et il trouvait que pour l'instant, il ne s'en sortait pas trop mal.

"Et vous ? Qu'est-ce qui vous a pousser à revenir à Poudlard ?"

Maintenant que l'heure des questions était engagée, il avait bien le droit de satisfaire sa curiosité sans passer pour une commère, ce qu'il n'était pas d'ailleurs. Il était juste très curieux de nature.

Myrdhin sourit lorsque William parla de nostalgie. Qui n’était pas nostalgique de Poudlard ? Ce lieu évoquait un nombre considérable de souvenirs pour tout sorcier qui y avait passé sa scolarité. Le château et ses habitants ne pouvaient pas laisser indifférent. Lui-même se rappelait presque de chacun des visages de ceux qu’il avait côtoyé durant ces sept années passées ici. Oui, de nombreuses personnes avaient marquées Myrdhin durant sa scolarité. Il en avait même revu quelques unes, des années plus tard. Comme Dan Sheppard, par exemple. Le sale gosse qui l’avait martyrisé en première année, qui avait passé sept ans à se vanter du fait qu’il deviendrait un grand joueur de Quidditch ou alors Ministre, était devenu un petit homme bouffi et inintéressant, qui passait ses journées à ronchonner. Myrdhin l’avait croisé dans le magasin où il travaillait à présent (magasin dans lequel il était passé en vitesse, contraint et forcé par un besoin de première nécessité) alors que Dan était en train de se faire hurler dessus par un client insatisfait. Le professeur n’avait pas pu s’empêcher d’esquisser un sourire amusé en passant devant lui. Il s’était senti…vengé. Ce gamin laid et prétentieux qui se prenait à l’époque pour le roi de Poudlard était maintenant bien moins fier de lui-même…mais tout aussi laid. Oui, vraiment, c’était très intéressant de croiser d’anciens camarades de classe. Cela permettait de tirer un trait sur le passé en voyant à quel point ces camarades étaient restés minables et insignifiants. Bon, rassurez-vous, Myrdhin ne se croyait pas non plus très important. Il avait juste une légère tendance à se croire le centre du monde, puisque le monde en question complotait pour lui nuire, le séquestrer, le couper en petit morceau et éparpiller les morceaux de son corps dans toute l’Angleterre. Sans exagérer aucunement, bien entendu.
Mais comme le concierge, sa vie à l’extérieur de Poudlard n’avait rien eu de grandiose. Il avait certes étudié des choses passionnantes et avait prévu plein de solutions de replis, mais ces dernières années avaient plutôt été marquées par de nombreuses disputes avec sa mère qui avait fini par le jeter dehors en lui hurlant de ne plus jamais revenir, et avec son beau-père lui-même qui commençait à en avoir marre du harcèlement constant dont il était victime. Même sa sœur s’était mise à lui faire des reproches, l’accusant « d’exagérer » lorsqu’il s’était mis à espionner le mari de leur mère. Alors Myrdhin avait postulé pour entrer à Poudlard comme enseignant, et s’était coupé peu à peu du monde extérieur, du moins autant qu’il l’avait pu.
Alors si William considérait que sa vie hors de Poudlard n’avait pas été « un franc succès », le mot « fiasco » correspondait peut-être bien à la sienne. Ou a son absence de vie, plutôt. Mais il était absolument hors de question de parler de cela au concierge. Après tout, il ne savait pas grand-chose de lui, mis à part quelques bruits de couloir…se promettant de remédier à cela, il réfléchit un instant avant de répondre à la question de son collègue.

« L’envie d’enseigner. De transmettre. De remplir de connaissance toutes ces petites têtes vides. Cela procure un certain sentiment de fierté, je trouve. »

Comme à son habitude, Myrdhin ne mentait pas. Absolument pas du tout. Il omettait simplement d’évoquer toutes les autres raisons qui l’avaient poussé à revenir au château.
Il prit alors un ton amical, chaleureux et esquissa un petit sourire.

« Mais enfin, William, je doute que votre vie ait été si décevante, tout de même…si j’en crois ce que j’ai entendu de certains élèves, vous n’avez pas l’air malheureux avec cette chère Rachelle… »

Maintenant était venu le temps de satisfaire sa curiosité. Et de récupérer aux passages quelques informations qui pourraient un jour peut-être se révéler utile. On n’en savait jamais trop.

La réponse de Myrdhin sonna comme une évidence. Il était là pour partager son savoir, pour l'amour de l'enseignement. C'était louable de sa part, lui même savait qu'il ne pouvait pas prétendre au titre de professeur malgré tout son bon vouloir, il n'avait pas les qualités requises pas qu'il soit plus bête qu'un autre. Juste parce qu'il n'avait pas fait les bons choix, parce qu'il s'était laissé aller dans son désarroi. Enfin, c'était le passé, pourquoi s'appesantir encore sur ça ? Il ne pouvait pas remonter le temps, il devait donc faire avec et assumer ses choix.

Le professeur d'histoire lui lança alors son premier vrai sourire. Le jeune concierge légèrement surpris répondit sans vraiment trop de conviction. Cet homme était un peu étrange quand même.

« Mais enfin, William, je doute que votre vie ait été si décevante, tout de même…si j’en crois ce que j’ai entendu de certains élèves, vous n’avez pas l’air malheureux avec cette chère Rachelle… »

Le jeune concierge devint écarlate, alors comme ça les élèves discutaient de ses histoires de coeurs dans les couloirs. C'était assez gênant de parler de ça avec un homme qu'il connaissait à peine, il devait bien l'avouer. Cependant il n'avait aucune honte à avoir, Rachelle était la femme avec laquelle il souhaitait passer sa vie, il en était certain. Il se voyait bien dans une petite maison de campagne avec elle quand ils seraient tous les deux usés par les années et par les élèves turbulents.

L'image de Rachelle dans une jolie robe fleurie, cueillant des fleurs sauvages dans un champ bien vert, le soleil se reflétant sur ses magnifiques cheveux, lui arracha un petit sourire niais. Il se tourna alors vers son collègue pour répondre, les joues légèrement rouges et le regard brillant.

"En effet, j'ai beaucoup de chance d'avoir Rachelle. Cependant, je n'ai pas toujours eu ma jolie infirmière pour penser les blessures de mon coeur. Je crains avoir fait énormément d'erreur dans ma jeunesse. Je regrette beaucoup de choses aujourd'hui, même si, il est vrai que la plupart de ses erreurs sont dû à des évènements que je n'avais pas prévu."

William ne souhaitait pas s'étendre plus avant sur ses soucis personnels, il ne savait pas vraiment s'il pouvait vraiment faire confiance à Myrdhin ou non. Après tout le personnage était assez mystérieux, un peu comme le puissant mage qui portait son prénom, il y a de cela fort longtemps, Merlin. Mais était-ce réellement la même signification au final ?

"Dites moi ! Myrdhin c'est bien la traduction galloise de Merlin, n'est-ce pas ?"

Will se mordit alors légèrement la lèvre, il n'aurait peut-être pas dû être aussi direct mais bon, tant pis. Et puis, au pire, il ne demandait qu'une signification de prénom donc si l'enseignant ne voulait pas répondre et bien tant pis, il n'en ferait pas un fromage.

"Excusez moi, si la question vous dérange, vous n'êtes pas obligé de répondre. C'est juste que j'ai beaucoup d'admiration pour Merlin et, enfin, je trouve ça original qu'on vous ai donné son nom gallois. Enfin, si j'ai raison bien évidemment."

Le jeune homme esquissa un léger sourire en direction de Myrdhin, il était sûr qu'ils pourraient devenir pote, c'était certain. Il fallait juste casser la glace.

Lorsque le concierge rougit alors qu’il venait d’évoquer la personne de Rachelle Bloomwood et la relation apparemment flagrante qui les unissait, Myrdhin aurait pu hausser un sourcil ou esquisser un petit sourire en coin. Mais il n’en fit rien, et se contenta de rester impassible malgré son amusement intérieur. Ainsi, les élèves disaient vrai. Et bien tant mieux pour lui. Myrdhin ne l’aurait jamais avoué, et ne s’en serait même jamais rendu compte de lui-même, mais il ressentit une légère pointe de jalousie au plus profond de lui-même. Voilà une chose qu’il ne se permettrait jamais. Il n’autorisait même pas sa propre famille à avoir une place dans sa vie, se contentant de débarquer à l’improviste pour rappeler qu’il n’était toujours pas mort, alors il osait à peine imaginer laisser une personne étrangère y entrer. Le sourire et le bonheur qui se lisaient presque sur le visage de William Silvester agacèrent donc passablement le professeur d’Histoire. Les gens étaient tellement imprudents, de nos jours, à fréquenter des gens juste pour le plaisir, alors que parfois, ils les connaissaient à peine ! Mais malgré ses grands mots et ses bonnes résolutions, malgré ses convictions inébranlables et l’impression d’agir correctement, il y avait bel et bien un peu d’envie derrière ce masque impassible. Parfois, lorsque la nuit devenait le matin, qu’il n’avait toujours pas fermé l’œil et que la fatigue le faisait s’aventurer à penser à des sujets auxquels il s’interdisait de penser d’ordinaire, Myrdhin songeait à ce qu’il aurait pu être. Si tout avait été différent, i son père n’avait pas été mort, si…que serait-il devenu ? Aurait-il été un de ces jeunes hommes naïfs et romantiques ? Quelqu’un de bon vivant, amusant, entouré d’amis ? Ou est-ce que cela n’aurait pas changé grand-chose, au final ? Il ne se rappelait pas vraiment de son père, en vérité. Zéphys avait été un homme certes charmant et fascinant, mais il n’avait pas été très présent à la maison. Il avait profité de la vie. De sa courte vie. Chose que son fils semblait incapable de jamais faire, tant son besoin de tout contrôler et sa peur des autres le rongeait de l’intérieur.
Il écoutait William dire qu’il regrettait certains de ses actes, et Myrdhin s’interrogea à son tour. Est-ce qu’il regrettait quelque chose, lui ? Il n’en avait pas l’impression. Bien sûr, il aurait aimé avoir une meilleure relation avec sa sœur, il aurait aimé ne pas se fâcher avec sa mère, il aurait aimé avoir été plus attentif le soir de la mort de son père, mais il n’y pouvait rien, à tout cela, n’est-ce pas ? Il n’y pouvait rien si sa sœur était agaçante et se mêlait sans cesse de ce qui ne la regardait pas, il n’y pouvait rien si sa mère s’était remarié avec un dangereux idiot, et il ne pouvait rien à la mort de son père. A y regarder de plus près, cela faisait beaucoup de regrets. Mais le professeur préférait ne pas s’y attarder. Il n’avait rien à regretter, il avait fait du mieux qu’il avait pu.
Il hocha discrètement la tête pour signifier à son collègue qu’il l’écoutait toujours et qu’il comprenait. Le concierge était quelqu’un de sympathique. Et cela ne plaisait pas vraiment à Myrdhin. Selon lui, la nature humaine était d’être méfiant. Les gens d’emblée sympathiques lui inspiraient donc une méfiance et une prudence sans égale tant cela lui paraissait louche.
William dû remarquer cette distance qu’il s’efforçait de mettre entre eux puisqu’il cessa de parler de choses personnelles et potentiellement embarrassantes pour lui poser une question qui fit rire Myrdhin.

"Dites moi ! Myrdhin c'est bien la traduction galloise de Merlin, n'est-ce pas ? "

Oui, Myrdhin avait rit. Cela lui arrivait rarement, et cela avait été un rire bref, un peu sec, comme s’il était resté coincé dans sa gorge, étouffé avant même d’être sorti, mais il avait rit tout de même. Par Morgane, les gens étaient franchement des créatures étranges ! C’était une question étrange, saugrenue, hors sujet, mais cela tombait à pic. Cela voulait peut-être même dire que son collègue n’avait plus grand-chose à dire, ce qui l’arrangerait bien. Il n’avait qu’une envie, fuir, avant que Silvester ne le trouve plus timide mais bizarre. Louche. Hors de question qu’on le trouve louche.
Le concierge parut subitement un peu gêné et se justifia.

« Oh, ne vous embêtez pas. Votre question n’a rien d’embarrassante. En effet, vous avez raison, c’est bien cela. »

A la réflexion, sa réplique lui parut un peu sèche. Il ne voulait pas être désagréable ou froid. Il voulait juste paraitre normal. Et c’était diablement difficile.

« Ma mère aurait préféré quelque chose de moins compliqué. Mais mon père était un original. »

Il détestait se confier, il avait peur que les bribes d’informations qu’il laissait si rarement échapper ne se retournent contre lui si elles tombaient dans l’oreille d’une personne mal intentionnée. Et il savait qu’il y en avait partout. Des gens dont il ne savait rien, des gens qu’il croyait connaitre, des menteurs, des hypocrites, des gens honnêtes et francs qui pourraient avoir un écart de conduite, des vicieux, des gentils contraints de lui faire du mal, des gens qu’il avait sous ses yeux, d’autres qui se cachaient, le suivaient, l’espionnaient, le surveillaient, le guettaient, prêts à agir, dans l’ombre ou dans la lumière. Personne ne pouvait savoir si William n’allait pas subitement décider de lui nuire, personne ne pouvait savoir s’il n’y avait pas quelqu’un tapit derrière une tapisserie, dans un recoin sombre, sous une cape d’invisibilité, prêt à bondir. Il détestait parler, parler de lui encore plus, de peur que cela vienne à lui nuire. Après tout, ne disait-on pas que les murs avaient des oreilles ? Ce proverbe était encore plus valable à Poudlard, où les portraits pouvaient facilement le trahir. Mais cette fois-ci, il avait fait exception à sa règle de prudence totale et absolue, comme cela lui arrivait parfois…pour des raisons de prudence, paradoxalement. Après cela, il se tut, jusqu’à ce qu’ils arrivent enfin à proximité de sa destination.

« Et bien mon cher collègue, ce fut bien gentil à vous de m’accompagner jusque là. Je ne vais pas vous ennuyer plus longtemps. Bonne nuit. »

Il avait employé un ton aimable, mais ferme. Hors de question que le concierge insiste pour rester en sa compagnie. Il se sentait fatigué, agacé et avait donc grandement besoin de repos, de calme et de solitude. Il salua son collègue d’un signe de tête et entra dans la pièce, refermant soigneusement la porte derrière lui. Il y resta adossé un moment. Peut-être avait-il un regret, finalement. Celui de ne jamais pouvoir se reposer un instant. Le professeur soupira, ramassa la copie oubliée, et, après avoir vérifié qu’il n’y avait personne en vue, quitta l’endroit pour enfin retrouver ses appartements.