Comme une grande [Emma]

10 janvier 2007

Marianne était embêtée. Elle avait erré de rayonnage en rayonnage, se hissant sur la pointe de ses petits pieds pour regarder les livres qui se trouvaient sur les plus hautes étagères qu’elle pouvait atteindre, et lorsqu’enfin elle aperçu l’ouvrage qui l’intéressait, elle se rendit compte rapidement qu’il était hors d’atteinte pour une petite personne de sa taille. Elle regarda autour d’elle, cherchant quelqu’un qui pourrait l’aider. Il y avait bien quelques grands qui se trouvaient là, et n’auraient qu’à tendre la main en se mettant sur la pointe des pieds pour attraper ce fichu bouquin, mais elle n’osait pas aller les voir. Et s’ils se moquaient d’elle ? Et s’ils refusaient ? Et s’ils décidaient de l’embêter, ou lui demandaient quelque chose de difficile en échange ? Non, elle n’osait pas. Croisant les bras, le regard fixé sur le livre, la petite Poufsouffle analysait la situation. Comment faire descendre ce livre ? Il aurait fallu utiliser un sortilège. Un sortilège d’attraction pour faire venir le livre à elle, ou un sortilège d’élévation pour la faire venir au livre. Mais Marianne ne connaissait aucun de ces sortilèges. De plus, il lui semblait bien difficile de se jeter à soi-même un sort d’élévation. Restait le sortilège d’attraction. Elle ne savait pas le faire, tant pis, elle apprendre. Elle allait se débrouiller toute seule, comme une grande !
Après avoir mémorisé l’emplacement du livre qu’elle désirait, la petite blonde partit à la recherche d’un livre qui lui apprendrait à faire ce sortilège d’attraction. Cela devait se trouver dans les livres de cours de sortilèges. Mais de quelle année ? Elle était certaine que sa sœur aînée ne le connaissait pas, sinon, elle n’aurait pas été incapable de retrouver le collier qu’elle avait perdu durant les vacances. C’était donc d’un niveau supérieur à la deuxième année. Ce sort était pourtant répandu, et très utilisé, il ne devait pas être si difficile que cela, aussi décida-t-elle de chercher parmi les livres de troisième, quatrième et cinquième année, elle chercherait dans les autres si elle ne trouvait pas. Ce qui arriva : elle ne le trouva pas. Le livre des quatrième année manquait sur le rayonnage. Furetant dans une autre allée, regardant chaque livre qui lui tombait sous la main en espérant que ce sort se trouverait dans l’un d’eux, elle continuait à ne rien trouver. Découragée, elle retournait devant l’emplacement du livre dont elle avait besoin, lorsqu’elle aperçu le manuel manquant des quatrième année sur une table, à laquelle travaillait une jeune fille rousse. Marianne inspira lentement, pris son courage à deux mains et se dirigea vers la Serpentard. Elle lui tapota timidement l’épaule pour la faire se retourner.

« Euh, excuse-moi de te déranger, je…euh…est-ce que c’est dans ce livre qu’il y a comment apprendre le sortilège d’attraction ? »

Marianne considéra que sa demande pouvait paraitre un peu étrange, aussi décida-t-elle d’en expliquer la raison.

« C’est parce que je veux l’apprendre maintenant. Parce que j’en ai besoin pour… »

Soudain honteuse de ne pas oser demander de l’aide, elle rougit, et décida de ne pas l’avouer. Ahren ne voudrait pas qu’elle parle à une inconnue de ses faiblesses. Et même si le Serdaigle n’en aurait probablement jamais rien su, elle tenait avoir en permanence une conduite dont il pouvait être fier, même dans les moments où il ne la voyait pas.

« Je…j’en ai besoin. Tu crois que ça s’apprend vite ? »

Parce que si elle n’avait pas ce fichu bouquin avant demain, elle allait faire un malheur.

Emma travaillait tranquillement à la bibliothèque. Depuis qu'elle prenait la potion du professeur Sorden, ses nuits étaient devenues beaucoup plus paisible. Mis à part le rêve étrange qui l'avait mené à Swann, elle n'avait plus eu d'insomnies et ses résultats scolaires étaient remontés à son plus grand soulagement d'ailleurs. Ses parents n'auraient sûrement pas acceptés qu'elle ait des notes aussi médiocres tout au long de l'année. Une petite baisse de tension ça passait mais il faudrait qu'elle se reprenne et travail un peu plus pour rattraper tout ça. Même en partant du principe que logiquement elle travaillait pour son avenir, ses parents veillaient tout de même au grain et un redoublement à ce stade de sa scolarité n'aurait pas été permis.

Il fallait donc qu'elle travaille, malgré le fait qu'elle aurait adoré retourner au dortoir pour discuter et échanger les derniers potins du château avec Clara. C'est donc en poussant un profond soupir qu'elle se replongea dans son livre, à la recherche de la réponse de cette stupide question qui semblait ne pas avoir de réponses.

Emma sentit alors une petite main se poser sur son épaule, surprise elle se retourna et tomba nezà nez avec une cravate jaune, au début elle crut que c'était Beth qui venait lui dire bonjour, elle afficha donc un léger sourire sur ses lèvres et leva la tête vers le visage de la petite qui en fait n'était pas Beth. Enfin, elle était blonde aussi et elle avait l'air gentille aussi quoiqu'un peu moins bavarde.

« Euh, excuse-moi de te déranger, je…euh…est-ce
que c’est dans ce livre qu’il y a comment apprendre le sortilège
d’attraction ? »

La jeune fille regarda la petite avec un air interrogatif, logiquement en première année on avait pas de recherche à faire sur le sort d'attraction, c'était étrange. Enfin ce n'était pas ses affaires après tout la gamine pouvait bien faire ce qu'elle voulait. Enfin pas tout de suite parce que là, elle en avait besoin de son livre.

"Euh, oui. C'est dans ce livre."

Elle allait pas lui dire qu'elle en avait encore besoin besoin puisque le petite lui avait pas demandé de lui prêter le livre donc en fait, elle avait juste répondu à la question. Voilà, elle allait pas s'embêter à dire des trucs qui sortait de la question puisque en soit c'était inutile. Réponse simple et concise comme dans les devoirs. D'ailleurs, elle avait jamais compris ceux qui arrivaient à faire dix rouleaux de parchemin pour un devoir alors qu'elle même n'en utilisait que pas beaucoup et elle arrivait à avoir les mêmes notes que celui qui avait fait toute une tartine. Elle avait vraiment du mal à savoir ce qu'ils pouvaient bien mettre. Parce qu logiquement si on donne la réponse ben ça suffit, sauf quand il faut argumenter sa réponse mais sinon c'est inutile. C'est du gaspillage d'encre et de papier.

« C’est parce que je veux l’apprendre maintenant. Parce que j’en ai besoin pour… Je…j’en ai besoin. Tu crois que ça s’apprend vite ? »

Emma se fichait un peu de savoir pourquoi la petite en avait besoin mais bon elle semblait le vouloir ce livre, le problème c'est qu'elle aussi, elle en avait besoin du livre alors y allait avoir comme un soucis et elle avait franchement la flemme de se lever pour aller chercher son propre livre dans son dortoir juste pour faire plaisir à une première année qui n'avait peut-être pas vraiment un besoin urgent du livre parce que franchement, elle croyait sérieusement qu'elle allait réussir le sort d'attraction du premier coup ?

"Euh, ben en fait ça dépend. Je sais que je n'ai pas eu trop de mal à le maitriser mais bon j'avais pas onze ans alors pour toi ce sera peut-être plus long. Je sais vraiment pas. Mais là, je suis vraiment désolée parce que j'ai encore besoin de ce livre alors je veux bien te le prêter mais il va falloir que tu attendes que j'ai terminé. J'espère que ça ne te dérange pas."

Emma fit un petit sourire à la petite pour mieux faire passer ce qu'elle venait de dire et montrer qu'elle était sincèrement désolée. Alors qu'en fait... ben, elle s'en fichait un peu.

Toute sa petite vie, Marianne avait rêvé d’être indépendante et autonome. Quand sa nourrice lui donnait sa nourriture à la petite cuillère lorsqu’elle était bébé, elle n’avait qu’une envie : faire toute seule. Quand, à quatre ans, elle avait vu un de ses cousins voler sur un balai, elle avait tant souhaité pouvoir l’imiter qu’elle en avait rêvé la nuit. Quand, alors qu’elle avait neuf ans, les elfes de maison l’aidaient encore à mettre ses vêtements le matin, elle rouspétait et les envoyait promener, voulant prouver qu’elle était capable de le faire seule. Et aujourd’hui encore, quand sa mère lui répétait sans cesse les mêmes conseils, quand sa sœur la traitait comme un bébé, quand sa nourrice l’aidait à mettre son manteau, à chercher quelque chose, à se coiffer…elle n’avait qu’une envie : faire toute seule, et leur prouver à tous qu’elle n’était plus une petite fille. Elle était grande maintenant, elle était à Poudlard, c’étaient Eleanor et Jack, les bébés.
Elle avait donc pris son courage à deux mains et avait été demander à cette fille des renseignements sur le sortilège d’attraction, comme une grande. Mais la fille n’avait pas l’air convaincue du fait que Marianne était capable de ce qu’elle avançait.

"Euh, ben en fait ça dépend. Je sais que je n'ai pas eu trop de mal à le maitriser mais bon j'avais pas onze ans alors pour toi ce sera peut-être plus long. Je sais vraiment pas. Mais là, je suis vraiment désolée parce que j'ai encore besoin de ce livre alors je veux bien te le prêter mais il va falloir que tu attendes que j'ai terminé. J'espère que ça ne te dérange pas."

« Oh, c’est pas grave, je vais attendre ! »

Contournant la table, elle vint occuper la chaise en face de la jeune fille, en rougissant. Voilà, elle attendrait là, que cela plaise ou non à la Serpentard en face. Parce qu’elle avait besoin de ce livre, coûte que coûte, pour s’en sortir toute seule, sans l’aide de personne. Malgré tout, Marianne réfléchit aux paroles de la jeune fille rousse. Elle avait sûrement raison.

*Je mettrais peut-être des semaines, voire des mois, voire même des années avant d’y arriver !*

La Poufsouffle soupira d’un air attristée, résignée à demander de l’aide. Elle devint aussi rouge que le blason de Gryffondor lorsqu’elle se décida à relever la tête et à demander un service à la Serpentard.

« Ou alors…tu pourrais peut-être descendre le livre dont j’ai besoin, comme ça, tu peux garder ce livre-là, et je m’en irais. »

Elle esquissa un sourire et lui adressa un regard suppliant.

« Au fait, je m’appelle Marianne Wolf ! »

Malgré sa timidité, elle n’en oubliait pas ses bonnes manières et sa politesse quasi-innée (ou plutôt très bien acquise). Et on lui avait toujours dit qu’il fallait se présenter.

Emma avait sincèrement pensé que ses paroles allaient décourager la petite et qu'elle allait partir à la recherche d'un autre quatrième année à embêter pour un livre. Malheureusement ce ne fut pas le cas puisque la petite s'installa sur la chaise en face la sienne.

« Oh, c’est pas grave, je vais attendre ! »

Emma poussa un profond soupir en levant les yeux au ciel, puis haussant les épaules répliqua légèrement blasée,

"Comme tu veux, c'est toi qui attend c'est pas moi. Enfin je risque d'en avoir pour un petit moment quand même."

La jeune fille ne s'occupa plus de la gamine et replongea dans son devoir, c'était assez bizarre quand même de travailler avec quelqu'un qui vous fixe sans dire un mot, c'était même perturbant. La gamine ne disait pas un mot, ne faisait pas un geste se contentant juste de la fixer. Légèrement mal à l'aise d'être ainsi fixé, Emma jetait régulièrement des regards en coin à la Poufsouffle lorsque cette dernière ouvrit enfin la bouche, rompant ce silence qui commençait à devenir pesant.

« Ou alors…tu pourrais peut-être descendre le livre dont j’ai besoin, comme ça, tu peux garder ce livre-là, et je m’en irais.

La Serpentard fixa un instant la gamine, elle voulait apprendre le sort d'attraction simplement pour récupérer un livre trop haut pour elle ? Mais elle pouvait pas demander de l'aide dès le début non ?

« Au fait, je m’appelle Marianne Wolf ! »

Emma regarda donc Marianne en fronçant légèrement les sourcils. Elle ne voyait pas qu'elle était occupée là ? Pourquoi elle n'allait pas demander à quelqu'un d'autre ? Et puis elle non plus elle n'était pas très grande. Rah et puis pourquoi elle la regardait avec ses yeux là ? C'était franchement déstabilisant. Poussant un profond soupir, la jeune fille se leva et se dirigea vers le rayon qu'avait désigné Marianne.

"Bon, c'est quel livre qu'il te faut ? Ah et au fait moi c'est Emma Blackbonnes."

Il y avait beaucoup de livres et certains étaient vraiment haut, même elle ne pouvait pas les atteindre. Elle espérait qu'elle n'aurait pas besoin de sa baguette parce que si Madame Pince la surprenait à faire de la magie dans la bibliothèque, elle était quasiment certaine de se faire jeter dehors. Et elle n'en avait pas vraiment envie, surtout qu'elle n'avait pas fini son devoir et qu'elle serait bien embêtée avec un devoir non terminé sur les bras.

La jeune fille n’avait pas l’air très contente de voir que Marianne comptait bien camper là tant qu’elle n’aurait le livre qu’elle voulait. La timide Poufsouffle pouvait parfois se montrer bornée. Elle s’installa donc en face de la fille, et la fixa, tout simplement. Sa petite sœur Eleanor l’aurait probablement inondée de paroles et de supplications afin de la faire céder, mais Marianne était bien trop timide pour ça. Alors elle la ferait craquer autrement. Sans rien faire. Mais Marianne savait être très agaçante sans rien faire. Elle la regardait avec une mine lasse et attristée, ses jolis yeux fixés sur elle sans ciller. Le silence se fit entre elles, la Serpentard se contentait de lui jeter un coup d’œil de temps en temps, comme pour vérifier si elle était toujours là. Et en effet, elle ne bougeait pas d’un cil. Elle attendait juste, avec son regard suppliant, se demandant quand la jeune fille lui céderait le bouquin, parce qu’après tout, elle en avait un peu marre de rester là, comme ça. Elle avait beau être patiente, il y avait des limites. Et puis, ce n’était pas très gentil, ce qu’elle faisait là, non ?
Marianne rougit en pensant cela. Elle avait honte, cela faisait près de dix minutes qu’elle embêtait cette fille, et le pire, c’était qu’elle ne s’en était même pas rendu compte, alors que cela devait être très gênant pour la jeune fille de devoir travailler avec Marianne qui la fixait comme ça. Prise de remords, elle rougit encore plus. Non décidemment, c’était indigne d’elle d’agir de la sorte. Elle ne savait pas ce qui lui avait pris, elle ne faisait pas ça, d’ordinaire. D’habitude, elle était gentille et cherchait toujours à plaire aux gens. Alors pour se rattraper, Marianne rompit le silence la première, se résolvant enfin à demander de l’aide. Elle devint complètement écarlate devant l’air surpris de la Serpentard. Elle devait sûrement la trouver ridicule. Marianne en eut les larmes aux yeux. Elle essayait juste de se débrouiller toute seule, pour rendre Ahren fière d’elle, mais tout ce qu’elle parvenait à faire, c’était être ridicule. Elle se présenta en souriant timidement, espérant de tout cœur qu’elle accepterait de l’aider. La petite fille se renferma sur elle-même, baissant la tête, lorsqu’elle vit Emma froncer les sourcils.

« Désolée de t’embêter. Vraiment. Je t’assure, je suis vraiment, vraiment désolée de te déranger mais…j’ai besoin de ce livre. Tu veux bien m’aider ? S’il te plait ? »

Visiblement, Marianne ennuyait profondément la jeune fille. Mais elle accepta tout de même de l’aider et la petite fille lui fit un immense sourire.

« Viens, c’est là-bas, c’est le gros livre bleu qui est tout en haut ! »

"Ah et au fait moi c'est Emma Blackbonnes."

« Enchantée ! »

Elle lui fit un petit sourire et lui tendit la main, comme les grandes personnes faisaient quand elles se rencontraient. Elle lui indiqua l’ouvrage qu’elle convoitait depuis tout à l’heure, souriant toujours. Elle regardait le livre avec les yeux d’un petit moldu qui croit voir le Père Noël. La petite fille avait hâte de se glisser dans son lit ce soir, une fois le livre emprunté, et de dévorer les Contes de Beedle le Barde, que sa mère lui lisait toujours le soir, mais cette fois, elle les lirait toute seule comme une grande pour la première fois.

La gamine lui montra alors le livre qu'elle désirait et Emma retint à grand peine un soupir, elle allait être obligé de sortir sa baguette pour récupérer ce fichu bouquin puisqu'elle aussi était beaucoup trop petite pour l'atteindre. Elle jeta donc un rapide coup d’œil alentour pour vérifier que Madame Pince ne regardait pas d'en leur direction et effectua un sort d'attraction en priant pour que tous les livres ne lui tombent pas sur la tête.

Elle vit donc avec soulagement que seul le livre qu'elle souhaitait se dirigeait dans sa direction. La jeune fille s'accorda donc un léger sourire de fierté et de soulagement quand à sa réussite. Elle se tourna ensuite vers Marianne et lui tendit le bouquin un sourire aux lèvres, craquant légèrement devant la bouille toute mignonne de la petite blonde.

"C'était bien ce livre là que tu voulais ?"

Emma déchiffra la couverture du livre en question et son sourire s'agrandit. Elle les avait lu des centaines de fois ces contes et elle ne s'en lassait pas. Ça lui rappelait les fois, où petite, elle se glissait dans le lit de ses parents certain matin, le livre entre les mains et suppliait son père de lui lire une histoire. Ça lui rappelait également les histoires de soir avec sa mère. Elle était trop grande pour tout ça maintenant, même si elle aimait toujours autant les histoires et les câlins de sa maman. Mais ça, elle ne l'aurait avoué pour rien au monde, elle n'était plus un bébé. Et il fallait qu'elle arrête de se comporter comme une petite pour faire face à son destin.

"J'aime beaucoup ce livre et les contes qu'il contient. C'est un très bon choix, la fillette fit un petit clin d’œil à Marianne. Et la prochaine fois, n'hésite pas à demander de l'aide si tu as un problème. On ne va pas te manger tu sais. Et ça peut se révéler beaucoup moins pénible pour toi que d'attendre des heures à une table."

Emma rit légèrement à sa remarque avant de reporter son attention sur Marianne.

"Petite Marianne, ça a été un réel plaisir de faire ta connaissance mais j'ai encore beaucoup de travail et je dois malheureusement te laisser. A moins que tu ne veuilles t'installer à ma table pour lire ton livre. Ça ne me dérange pas du tout, au contraire."

La jeune Serpentard se dirigea alors vers sa table espérant que la petite Poufsouffle accepte son invitation. Ça lui ferait de la compagnie et elle dut reconnaitre qu'elle se surprenait à apprécier cette petite fille.

Marianne rougit comme une pivoine en entendant Emma soupirer. Elle se sentait gênée, de déranger cette pauvre fille qui ne demandait qu’à être tranquille. Elle s’excusa encore pour le dérangement. La Poufsouffle détestait devoir demander de l’aide. Elle avait toujours l’impression de déranger, et se sentait terriblement mal à l’aise, comme si elle n’était qu’une gêne pour les autres. Il n’y avait que Ahren qui réussissait à la faire se sentir importante. Mais la petite Serpentard, malgré l’ennui visible que cela semblait lui causer consenti à rendre service à Marianne, lui descendit le livre tant désiré et lui fit même un sourire.

"C'était bien ce livre là que tu voulais ?"

Marianne lui rendit son sourire, toute joyeuse.

« Oui, c’est celui-là ! Merci beaucoup ! »

La petite fille rougit et se promit de rendre service à cette fille si un jour elle en avait besoin. Être amie avec des grandes, cela pouvait toujours être utile. Et c’était plutôt flatteur. Et cela plairait sûrement à Ahren de savoir qu’elle avait fait connaissance de beaucoup de gens, comme il le lui avait demandé, même si elle n’avait jamais vraiment compris pourquoi, d’ailleurs. Ils pouvaient très bien mener leur révolution tous les deux, et ils seraient les maitres de l’univers, et tout le monde serait à leurs pieds, et Ahren serait fier d’elle, et il n’y aurait plus de moldus desquels avoir peur. Le paradis, quoi. Mais en attendant la révolution, Marianne ferait tout ce que son ami lui conseillerait de faire. Et s’il voulait qu’elle se fasse des amis, cela tombait très bien, puisque c’était ce qu’elle désirait aussi.
Elle prit donc Les Contes de Beedle le Barde en remerciant encore une fois sa « sauveuse ».

"J'aime beaucoup ce livre et les contes qu'il contient. C'est un très bon choix. La prochaine fois, n'hésite pas à demander de l'aide si tu as un problème. On ne va pas te manger tu sais. Et ça peut se révéler beaucoup moins pénible pour toi que d'attendre des heures à une table."

« Merci ! J'adore ces histoires aussi ! Elles me rappellent de chouettes souvenirs ! Je…oui, tu as raison mais…euh…je…j’aimerais bien savoir me débrouiller toute seule, parfois. »

Marianne rougit en disant cela, avec un petit sourire embarrassé. Elle avait l’impression d’être ridicule. Oui, c’était sûrement ridicule et puérile de dire ça. Ahren ne serait pas content d’entendre ça. Emma rit. Elle devait la prendre pour une gamine un peu cruche.

"Petite Marianne, ça a été un réel plaisir de faire ta connaissance mais j'ai encore beaucoup de travail et je dois malheureusement te laisser. A moins que tu ne veuilles t'installer à ma table pour lire ton livre. Ça ne me dérange pas du tout, au contraire."

L’appellation « petite Marianne » l’aurait probablement fait ronchonner quelques instants plutôt, mais les mots qui suivirent ravirent la petite fille.

« Avec plaisir ! »

Cela avait parfois des avantages de ne pas être une grande.