Les bonnes résolutions [PV William]

31 Décembre 2006

Rachelle avait sagement attendu le couvre-feu avant de quitter l'infirmerie. Maintenant qu'elle était sûre que les élèves restés au château pour les vacances étaient bien au chaud dans leur lit, ou plutôt en train de faire la fête dans leur salle commune -ne nous faisons pas d'illusion- elle pouvait abandonner son poste quelques heures. La jeune femme ôta sa blouse en dessous de laquelle elle portait déjà une robe qu'elle avait soigneusement choisi un peu plus tôt dans la soirée. En vérité elle portait surtout la seule robe de soirée de sa garde robe qui ne soit pas noire. Elle n'avait acheté presque que des vêtements sombres pendant des années et elle commençait à le regretter.

L'infirmière se mit alors à la recherche d'un parchemin et d'une plume afin de laisser un message sur la porte. Mieux valait ne pas déserter l'infirmerie sans donner aux élèves un moyen de la trouver, Merlin seul savait ce que des adolescents pouvaient bien inventer pour s'amuser un 31 Décembre. Elle inscrivit donc que tout élève ayant un problème n'aurait qu'à frapper à la salle des professeur ou au bureau des concierge. Elle hésita à souligner le mot "frapper" trois fois mais crut se souvenir que Whitaker n'était pas resté au château pour les vacances. Un sourire amusé se dessina sur ses lèvres au souvenir de l'incident qui s'était produit quelques semaines plus tôt et elle rougit rien que d'y repenser.

C'était il y a moins d'un mois et pourtant elle avait l'impression que c'était il y a une éternité. William avait tellement changé depuis. Il était constamment de mauvaises humeur, faisait la tête pour un rien et passait son temps à râler. Rachelle avait tout supporté sans rien dire, elle avait compris que les fêtes étaient une période difficile pour le jeune homme, mais elle commençait à en avoir sérieusement marre. Pour elle aussi la fin d'année était difficile. Voir tous les autres chérir les êtres qu'ils aimaient le plus était toujours douloureux quand on avait perdu quelqu'un. Mais elle avait toujours donné le change, elle avait fait des efforts pour sa famille, pour Chris, qui n'était qu'un ado à l'époque, et pour tous les autres. On n'imposait pas sa tristesse aux autres au moment de noël. Et elle aurait bien aimé que Will fasse un peu d'efforts aussi.

C'est donc avec un léger soupir que Rachelle attrapa la bouteille de vin qu'elle avait mis de coté quelques jours plus tôt. Elle ne devrait pas penser à ça. Les fêtes étaient terminées, ils allaient pouvoir passer un bon moment. Elle sortit de l'infirmerie, colla sa pancarte à la porte et prit le chemin du bureau du concierge. Une fois devant la porte elle réajusta quelques mèches de son chignon et inspira un coup et priant pour que le William qui lui ouvrirait serait l'homme attentionné et enjoué qu'elle avait connu quelques mois plus tôt, puis elle frappa.

Il lui ouvrit et elle entra après avoir déposé un baiser sur ses lèvres.

"J'ai pris du vin, lança-t-elle avec un sourire en lui tendant la bouteille. En échange j'aurais peut-être droit à un sourire, cette fois."

Son sourire n'avait pas disparu mais elle n'avait pas réussi à dissimuler un ton de reproche. Elle soupira. Sa première résolution de 2007 serrait d'écouter un peu plus sa tête. Elle savait qu'elle n'aurait pas du parler de la récente mauvaise humeur de son amant ce soir, elle s'était d'ailleurs promit de ne pas aborder le sujet, de ne rien lui reprocher mais voilà, elle en avait marre et il avait fallu que ça sorte.

William faisait les cents pas depuis plus d'une demi-heure, il attendait Rachelle avec impatience, ils devaient passer le réveillon du nouvel an ensemble et tout semblait montrer que ce serait parfait. Il avait demandé à Tobby de l'aider à préparer quelque chose de bon pour l'occasion et il avait bien fait d'ailleurs car Rachelle n'aurait peut-être pas survécu à sa cuisine plus que douteuse. Il s'était donc occupé de choisir avec soin les bouteilles qu'ils ne manqueraient pas de vider lors du dîner.

Le jeune homme avait ensuite enfilé le smoking moldu qu'il avait acheté tout spécialement pour l'occasion. Il voulait montrer à la jeune femme que lui aussi pouvait soigner son apparence et qu'il ne mettait pas en toute occasion ses robes noires de sorcier. Et d'un autre côté, il voulait séduire Rachelle, il avait bien conscience que ça n'avait pas dû être facile pour l'infirmière de subir ses sautes d'humeur. Il avait eu beau faire tout les efforts du monde, il n'avait pas pu endiguer complètement sa colère et sa tristesse.

Malgré un Noël plutôt paisible, Edward n'avait fait aucune remarque désobligeante, Tom était présent et Anna l'avait même félicité pour son poste à Poudlard en ajoutant que travailler à Poudlard ça apportait quand même une situation plus stable que barman. De plus, aucun sujet fâcheux n'avait été abordé. Personne n'avait parlé de papa, maman ou Josh, ce qui était très bien d'ailleurs. Comme ça, Will n'avait pas pensé à la libération très proche de son ainé et aux inquiétudes qui l'assaillaient à chaque fois qu'il y pensait. Mais l'absence de sa mère s'était quand même faite sentir, il avait beau se dire que c'était la dernière année qu'il se laissait aller à la mauvaise humeur, chaque année, il recommençait le même manège. C'était plus fort que lui.

Il fut tiré de ses pensées par un léger coup porté à la porte. William se recoiffa rapidement et afficha un sourire heureux sur son visage. Il devait faire des efforts pour Rachelle et puis maintenant que les fêtes étaient passées tout rentrerait dans l'ordre et il retrouverait son enjouement habituel comme si rien n'avait jamais eu lieu. Il ouvrit alors la porte pour accueillir une Rachelle resplendissante dans sa robe rose, elle était décidément bien jolie son infirmière. Elle l'embrassa légèrement sur les lèvres, Will lui rendit son baiser puis se décala légèrement pour la laisser entrer.

"J'ai pris du vin, lança-t-elle avec un sourire en lui tendant la bouteille. En échange j'aurais peut-être droit à un sourire, cette fois."

Le jeune homme repéra aussitôt le ton de reproche dans la voix de Rachelle, il fronça légèrement les sourcils en s'éloignant de la jeune femme.

"C'est un reproche ? demanda-t-il acide. Si tu n'es pas satisfaite, la porte est grande ouverte. Je ne te retiens pas."

William désigna la porte encore ouverte de la tête, il savait que Rachelle avait des raisons de lui en vouloir après son comportement lors du mois qui venait de s'écouler mais il ne supportait pas les reproches et comme à chaque fois qu'on lui en faisait un, il démarrait au quart de tour. Alors, oui, si elle n'était pas contente, elle n'avait qu'à partir. Il ne la retiendrait pas puisqu'il semblait qu'il n'était plus une compagnie plaisante.

Rachelle avait regretté sa remarque à la seconde où elle était sortie de sa bouche, et la réaction de William ne fit que confirmer ses craintes. Elle avait conscience que ce n'était pas la meilleure façon de démarrer la soirée et reconnaissait sa part de torts mais ce n'était pas une raison pour réagir de la sorte. Jamais elle n'aurait pensé qu'il s'énerverait si vite. Il se comportait comme si elle l'avait littéralement agressé alors qu'il ne s'agissait que d'une petite remarque de rien du tout. Elle afficha une expression littéralement scandalisée quand il l'invita à s'en aller si elle n'était pas satisfaite. Elle lui faisait un minuscule reproche et il la fichait dehors ? Elle n'en revenait pas.

"Alors c'est ça ? Je te fais une remarque et tu t'énerves ? Tu ne t'attends quand même pas à ce que je supporte tes sautes d'humeur à longueur de journée sans rien dire ? s'emporta-t-elle. Parce que si c'est le cas je préfère m'en aller en effet."

Voilà qu'elle agissait exactement comme lui, à s'énerver pour rien. Cela ne lui ressemblait pas. Elle se força à soupirer un grand coup pour se calmer. Elle commençait sérieusement à considérer l'invitation de William à quitter les lieux, elle sentait que cette conversation ne pouvait que mal finir, mais elle ne voulait pas le laisser là dessus et ressentait le besoin de mettre les choses à plat. D'un autre coté passer la soirée à lire tranquillement près d'un feu de cheminée lui paraissait un projet bien plus attrayant que de se disputer avec William pour des broutilles. Mais elle n'allait pas fermer l’œil de la nuit et elle s'en voudrait trop si elle partait maintenant. Et puis ce serait ridicule de commencer l'année fâchés. Ils étaient adultes, ils pouvaient très bien régler leur différend calmement. Elle inspira doucement avant de reprendre sur un ton plus maitrisé.

"Je suis désolée. Je voulais pas m'énerver, c'est juste que...ça a été un peu pesant ces derniers-temps et j'attendais de cette soirée qu'elle soit plus agréable. Tu as changé Simon, je ne te reconnais plus..."

Simon ? Est-ce qu'elle venait vraiment d'appeler William par le prénom de son ex fiancé ? Bravo Rachelle. La jeune femme plaqua une main contre sa bouche en se rendant compte de sa bêtise. Ce n'était vraiment pas le meilleur moyen d'apaiser les tensions entre eux, au contraire. Pourtant ça ne voulait rien dire, c'était sorti comme ça, peut-être à cause de l'émotion, ou de la fatigue, peu importe. C'était inconscient et elle voulait se persuader que ça ne signifiait rien du tout. C'était une simple étourderie.

"C'est pas ce que je voulais dire, ce...c'est sorti comme ça, je comprends pas."

Rachelle dut lutter contre elle même pour ne pas agir en psycomage avec son propre cerveau et attrapa sa tête entre ses mains. Ce n'était pas arrivé par hasard, elle le savait bien. Ce n'était pas une coïncidence que Simon revienne exactement au moment où elle se disputait avec William, où elle lui reprochait de ne pas être celui qu'elle attendait. Mais elle refusait de reconnaitre la vérité que ce lapsus dévoilait. Elle préférait accuser le hasard, le destin, sa joueuse, mais refusait de voir là un message qui était pourtant clair.

Non, elle n'était pas cette fille horrible et triste à mourir qui cherchait désespérément son défunt fiancé chez un autre homme. Elle ne voulait pas être cette femme là, elle trouvait ça ridicule, méchant, et stupide. Et elle ne souhaitait surtout pas que William la voit comme ça, qu'il interprète tout de travers et accorde à cette petite erreur une importance qu'elle ne méritait pas. C'était le hasard. C'était juste un coup du hasard. Elle avait oublié Simon, il faisait partie de son passé maintenant. Il lui vait fallu neuf ans, elle ne faiblirait pas à nouveau. Complètement désemparée, elle posa finalement un regard inquiet sur William, priant pour qu'il se soit calmé.

William vit le visage de Rachelle prendre un air scandalisé quand il l'invita à prendre la porte si elle n'était pas contente. Le jeune homme se mordit la lèvre et se traita d'idiot, pourquoi avait-il fallut qu'il s'emporte de la sorte pour une toute petite remarque de rien du tout ? En plus ce n'était même pas méchant, ça aurait même pu être taquin. La colère de Rachelle était donc tout à fait justifiée.

"Alors c'est ça ? Je te fais une remarque
et tu t'énerves ? Tu ne t'attends quand même pas à ce que je supporte
tes sautes d'humeur à longueur de journée sans rien dire ? s'emporta-t-elle. Parce que si c'est le cas je préfère m'en aller en effet."

Will se fit la réflexion qu'elle marquait un point, elle avait dû supporter sa mauvaise humeur un mois durant, ça n'avait pas dû être facile, il s'était vraiment comporté comme un imbécile avec elle. Et dire qu'il disait l'aimer et voilà comment il la traitait. William baissa la tête penaud.

"Je suis désolé Rachelle. Je n'aurais pas dû te faire subir mes sautes d'humeur, je n'aurais pas dû m'emporter contre toi. Je ne sais pas quoi faire pour me rattraper. Tu me pardonnes ?"

Will releva la tête vers Rachelle, il esquissa un sourire gêné et ferma la porte de la pièce. Tout le monde n'avait pas forcément besoin de voir ce qui allait se passer au cours de la soirée. Il s'approcha alors de Rachelle pour la prendre dans ses bras quand l'infirmière pris la parole.

"Je suis désolée. Je voulais pas m'énerver, c'est
juste que...ça a été un peu pesant ces derniers-temps et j'attendais de
cette soirée qu'elle soit plus agréable. Tu as changé Simon, je ne te
reconnais plus..."

William se figea aussitôt. Simon ? L'avait-elle vraiment appelé Simon ? La colère que le jeune homme avait ressentit un peu plus tôt revint aussitôt. Il voulait bien admettre ses erreurs mais qu'elle l'appelle avec le prénom d'un autre ça en disait long sur ce qu'elle ressentait réellement.

"Simon ? souffla William. Tu as bien dit Simon hein ? Je suis pas encore complètement sourd hein ? Rassure moi, dis moi que j'ai mal compris Rachelle."

Will planta son regard flamboyant de colère dans celui de la jeune femme, il ne remarqua pas son trouble, trop occupé qu'il était à la maudire intérieurement.

"C'est pas ce que je voulais dire, ce...c'est sorti comme ça, je comprends pas."

Le concierge laissa échapper un rire sans joie avant de parler d'un ton calme et posé seulement guidé par la rage.

"Au contraire, je crois que tu sais parfaitement pourquoi tu as dit ça ! Hein Rachelle ? Quand tu as accepté cette relation tu t'es dit que tu pourrais peut-être sauver Willy de ses démons intérieurs hein ! Avoue-le ! Et puis au passage, ce serait tellement bien qu'il devienne comme Simon. Il te manques tellement, tu ne l'as pas oublié, hein Rachelle ? Tu t'es dit que ce serait bien que je devienne comme lui, un Simon de remplacement ! Alors j'attends, je t'écoute détrompe moi !"

William défiait ouvertement la jeune femme qui lui faisait face, alors oui il aavit des tords dans l'histoire même beaucoup mais ce qu'elle venait de faire c'était inhumain. La douleur que le jeune homme ressentait dans la poitrine était horrible mais il ne pouvait pas la laisser exploser. Pas encore, pas tant que Rachelle serait encore là. Pour l'instant, il devait simplement se concentrer sur la colère qu'il ressentait pour ne pas s'effondrer. Pour ne pas se rendre compte que tout ce qu'il croyait sur leur relation n'était en fait que mensonge et illusion.

Rachelle ne put soutenir le regard flamboyant de colère de William et détourna les yeux. Elle comprenait qu'il s'énerve et pourtant elle voulait se convaincre elle-même qu'il n'avait aucune raison d'agir ainsi, qu'il n'avait pas à lui en vouloir. Elle voulait croire que c'était une erreur sans importance. Mais ça en avait, de l'importance, et Will l'avait bien compris. Comment elle avait pu faire une chose pareille ? Elle n'avait jamais voulu ça, elle ne s'en était même pas rendu compte jusqu'au moment où elle avait entendu sa propre voix. Est-ce qu'elle avait vraiment fait ce dont William l'accusait ? Avait-elle cherché à le changer en Simon ? Non, impossible, elle n'était pas comme ça. Comment aurait-elle pu agir de la sorte sans même s'en rendre compte ?

La jeune femme repensa alors à leur relation, elle revit chacun des moments qu'ils avaient vécu ensembles à la recherche de signes qui trahirait une telle intention. Mais non, elle n'avait jamais cherché à retrouver Simon en William, les deux jeunes hommes étaient radicalement différents de toute façon. Rachelle fut légèrement rassurée, elle n'était pas un monstre. Mais alors pourquoi ce lapsus ? Cela voulait bien dire quelque chose, même si elle voulait se convaincre du contraire.

"Je t'assure que c'était pas intentionnel ce...Je m'excuse."

Elle était complètement désemparée et ne savait pas ce qu'elle pouvait dire ou faire pour apaiser la colère de William. Et quelque part elle lui en voulait de lui compliquer la tâche. Était-il obligé de crier de la sorte et d'exiger si brutalement des explications, il n'avait plus qu'à lui coller un couteau sous la gorge. C'était difficile pour elle aussi. Difficile parce que ça la faisait douter de tout, y compris d'elle-même, et qu'elle était complètement perdue. Pourquoi c'était sorti maintenant ? Elle se serait bien passée de ça, la situation était déjà tendue avant. Soudain, elle crut comprendre. C'était sorti maintenant parce qu'elle avait eu le sentiment que sa relation avec William battait de l'aile. Et le seul homme qu'elle avait jamais perdu était Simon. Elle avait associé le désespoir de vouloir sauver une relation au nom de son défunt fiancé, le seul homme pour lequel elle se soit jamais battue. Ça semblait logique.

"Non, je ne l'ai pas oublié. Elle ne l'oublierait jamais, autant qu'il le sache. Rachelle fit une courte pause avant de reprendre, ravalant les larmes qui lui montaient aux yeux. Mais jamais je n'ai cherché à le retrouver en toi. Tout ce que je voulais c'était vivre à nouveau une aussi belle histoire, je voulais aimer encore, et être aimée. Sa voix faiblissait à mesure que ses yeux s'humidifiaient. Mais tu devenais différent, je ne te reconnaissais plus, et je refuse de perdre l'homme que j'aime une nouvelle fois. Alors oui, j'ai fait l'amalgame, mais seulement parce que je ne veux pas te perdre toi aussi."

C'était bancale comme justification, mais c'était ce qu'elle avait sur le cœur et elle ne voyait pas d'autres façon de l'expliquer. Mais elle n'était pas dupe, cela n'allait pas calmer William, il semblait dans un tel état de colère qu'elle ne pouvait sans doute rien faire pour sauver la situation. Et elle n'avait pas envie de l'affronter. Elle n'avait pas à subir sa colère, elle avait déjà donné. Elle avait supporté sa mauvaise humeur pendant un mois, elle pouvait bien fuir cette fois-ci. Elle n'avait pas envie de se battre pour ce William là.

"Mais visiblement c'est déjà trop tard..." souffla-t-elle finalement.

Toujours sans oser croiser le regard du jeune homme, elle passa précipitamment devant lui et quitta la pièce aussi rapidement que possible. A peine avait-elle refermer la porte derrière elle qu'elle éclata en sanglots. Elle avait crut qu'elle était débarrassée de son amour pour Simon pour de bon. Elle avait eu presque dix ans pour faire son deuil, c'était plus que nécessaire. Mais le souvenir de Simon continuait de l'étouffer, de lui gâcher la vie, et elle se demandait si elle en serait libérée un jour où si elle trainerait ce fardeau toute sa vie.

Oui, une petite partie d'elle continuerait d'aimer son ex-fiancé jusqu'à la fin de sa vie. Il le méritait après tout. Mais pour autant était-elle incapable d'aimer quelqu'un d'autre ? Elle s'était crut capable de chérir le souvenir de Simon tout en étant amoureuse de William mais visiblement elle en était incapable. Sauf qu'elle était également incapable de tourner définitivement la page de son amour avec Simon. Elle avait beau essayer, il était toujours là, il la hantait et la hanterait toujours. Alors c'était ainsi, elle était condamnée à ne vivre que de cette relation passée sans jamais pouvoir connaitre à nouveau l'amour ? Elle avait enterré tout espoir d'une relation amoureuse en même temps que son défunt fiancé. Elle était vouée à une existence solitaire. Quelques mois plus tôt elle s'en serait accommodée mais maintenant qu'elle avait rencontré William, elle avait envie d'être encore amoureuse. Sauf qu'elle était visiblement incapable de rendre un homme heureux. Elle ferait toujours des faux-pas.

La jeune femme s'adossa au mur, juste à coté de la porte qu'elle venait de claquer, et se força à respirer calmement. Elle essuya ses larmes et essaya de se reprendre. Elle n'avait pas à s’apitoyer sur son sort, c'était elle la coupable, la responsable de son malheur. Elle n'avait qu'à accepter sa situation, elle était seule et resterait seule. Elle s'y ferait. Tant pis pour l'amour, tant pis pour le bonheur, ça en faisait plus pour les autres.

Pour William la culpabilité de Rachelle ne faisait aucun doute, le fait qu'elle n'arrive pas à supporter son regard en disait déjà long. Elle l'avait trahi, lui avait fait miroiter des sentiments qui n'avaient jamais existé. Depuis le début, elle avait voulu le faire devenir un autre homme. Mais il s'en apercevait trop tard, Rachelle avait déjà capturer son cœur et ça faisait mal de s'apercevoir que tout était faux.

"Je t'assure que c'était pas intentionnel ce...Je m'excuse."

William baissa la tête, il n'arrivait même plus à être en colère, la douleur commençait à s'insinuer en lui, le rongeant de l'intérieur. Des excuses ne suffiraient pas, elle n'était même pas capable de lui dire à haute voix, ce qu'elle ressentait, ni pourquoi, elle avait dit ça. Will releva la tête et demanda d'une vois sourde.

"Pourquoi ?"

Il sentait la colère revenir, oui qu'elle lui dise pourquoi, elle avait accepté leur relation. Ou alors s'il y avait une autre explication. Pourquoi donc l'avait-elle appelé Simon ?

"Non, je ne l'ai pas oublié."

Ça, il l'avait deviné. Pour qu'elle l'appelle par son prénom c'est qu'elle ne l'avait pas oublié. Rachelle semblait retenir ses larmes mais il ne voyait pas pourquoi elle pleurerait, elle n'en avait pas le droit. Elle l'avait dupé.

"Mais jamais je n'ai cherché à le retrouver
en toi. Tout ce que je voulais c'était vivre à nouveau une aussi belle
histoire, je voulais aimer encore, et être aimée. Sa voix faiblissait à mesure que ses yeux s'humidifiaient. Mais
tu devenais différent, je ne te reconnaissais plus, et je refuse de
perdre l'homme que j'aime une nouvelle fois. Alors oui, j'ai fait
l'amalgame, mais seulement parce que je ne veux pas te perdre toi aussi."

William se raidit à l'entente de ses mots. Peur de le perdre ? Mais pourquoi ? Oui, il avait eu un mois difficile, oui, il n'avait pas forcément été de bonne compagnie mais il l'aimait. Jamais, il n'avait imaginé que Rachelle puisse en douter. Il avait agit comme un crétin gardant tout pour lui, préférant s'enfermer dans le silence quitte à avoir une attitude désagréable. Mais il avait toujours eu l'impression d'avoir fait des efforts avec Rachelle. Il fallait croire que non.

"Mais visiblement c'est déjà trop tard..." souffla-t-elle finalement

Mais il n'avait pas changer, il allait redevenir le William de d'habitude maintenant que les fêtes étaient passées, il fallait juste qu'il se reprenne. Mais qu'est-ce qu'il avait fait ? Alors qu'il regardait Rachelle partir les larmes aux yeux, il s'en voulut parce que tout était de sa faute. S'il lui avait parlé, peut-être que tout ceci n'aurait jamais eu lieu. Leur histoire ne pouvait pas finir comme ça, il l'aimait de trop.

Will ouvrit la porte de son bureau pour rattraper Rachelle mais il n'eut pas besoin de courir, la jeune femme était adossée contre le mur à côté de la porte, elle avait visiblement pleuré et William s'en voulut. Il n'était donc bon qu'à ça ? Faire pleurer les femmes !

Il s'avança dans le couloir, il ne savait pas vraiment quoi dire, il avait peur de l'avoir perdu pour de bon. Il inspira profondément pour se donner du courage.

"Rachelle, je suis désolé. Je n'aurais pas dû m'énerver pour ça. Enfin je veux dire, si. Enfin non. Mais tu comprends, je... j'ai cru que..., le jeune homme baissa la tête honteux. J'ai cru que tu avais joué avec moi. Ce... C'était stupide je sais. Et puis pour mon comportement dernier, j'aurais dû te parler. T'expliquer, je... je suis qu'un crétin. Excuse moi Rachelle."

William ne savait pas si après ça, elle voudrait encore le voir, si elle avait besoin de temps pour réfléchir. Il décida donc de rejoindre son bureau en s'excusant encore une fois. Une fois, dans la pièce, il s'avança près de la fenêtre et posa la tête contre la vitre. Ce réveillon était un désastre et c'était entièrement sa faute.

Toujours appuyée contre le mur de pierre froide, Rachelle se demandait ce qu'elle faisait encore ici. Elle devrait retourner à l'infirmerie, il ne manquerait plus qu'elle croise un élève alors qu'elle avait les yeux rougis et les joues trempées de larmes, ou même un collègue. Pourtant elle restait là, parce qu'au fond elle n'avait aucune envie de partir. Parce que si elle s'éloignait, la discussion en resterait là et elle ne voulait pas que ça se termine comme ça. Elle ne voulait pas rester avec fâchée avec William, ne serait-ce que parce que c'était le 31 Décembre et qu'une nouvelle année commençait dans quelques heures.

Elle hésitait à retourner dans le bureau, ne sachant trop ce qu'elle pourrait faire pour arranger la situation. Elle ne saurait pas quoi dire, à part s'excuser, encore et encore. Elle s'en voulait tellement ! Et, égoïstement, elle en voulait presque à Simon. D'être parti sans l'etre vraiment, de ne plus être là mais de continuer de détenir une partie de son cœur, de lui faire dire des erreurs, de l'empêcher d'avoir une vie amoureuse normale. Honteuse de penser une telle chose, elle secoua faiblement la tête pour ôter ces horreurs de son esprits. Elle entendit alors la porte s'ouvrir et se retourna soudainement pour faire face à William. Ce dernier inspira longuement et elle retint sa respiration, inquiète.

Le jeune homme s'excusa et lui expliqua qu'il avait cru qu'elle jouait avec lui. Rachelle hocha doucement la tête, elle pouvait comprendre qu'il se soit sentit trahi étant donné qu'elle-même s'était sentie trompée, dupée par ses propres émotions. Mais elle ne doutait plus de ses sentiments à présent. Maintenant que William se tenait devant elle, que son cœur battait la chamade et qu'elle s'empêchait de respirer en priant pour qu'il la pardonne, elle savait. Elle était sûre d'être amoureuse de lui. Il s'excusa encore, pour son récent comportement, et elle lui sourit faiblement. Ce n'était pas à lui de s'excuser.

Elle n'eut pas le temps de formuler cette remarque à voix haute car déjà William retournait dans son bureau. Bien décidée à s'excuser elle aussi et à sauver la soirée, Rachelle essuya prestement ses joues et inspira à son tour un grand coup avant de s'approcher de la porte qu'elle poussa doucement. Celle-ci s'ouvrit silencieusement et l'infirmière pénétra dans le bureau où elle trouva William, la tête posée contre la vitre de la fenêtre. Elle s'approcha lentement de lui et se pressa contre son dos, enroulant ses bras autours de sa taille.

"Tu n'as pas à t'excuser, tu as plus de choses à me reprocher que l'inverse..."

La jeune femme se hissa sur la pointe des pieds pour poser son menton sur l'épaule de son compagnon. Elle était bien là. Pourtant il faisait un peu froid, les fenêtres de Poudlard n'avait jamais été bien isolées, et leur dispute l'avait réellement éprouvé, mais elle était heureuse. Ici, maintenant, avec lui.

"Je t'aime" souffla-t-elle.

Elle voulait le lui dire, encore et encore, pour qu'il n'en doute plus jamais. Au lieu de quoi elle le fit se retourner et posa ses lèvres contre les siennes. Elle ne se sépara de lui qu'après un long baiser et lui adressa un sourire mutin. Se hissant de nouveau sur la pointe des pieds, elle se pencha vers l'oreille du jeune homme.

"J'ai quelques idées sur la façon dont je pourrais me faire pardonner..." chuchota-t-elle en laissant une de ses mains se promener sur le torse de son amant.



[Je te laisse conclure, à moins que tu ne veuilles refaire un tour ]

William avait eu beau s'excuser auprès de Rachelle, le doute subsistait néanmoins. Lui était certain des sentiments qu'il éprouvait pour la jeune femme mais il n'avait aucune certitude sur ceux qu'elle nourrissait à son égard. Il ne s'était donc pas excusé parce qu'il croyait s'être emporté pour rien mais parce qu'il n'avait pas pu supporter les larmes dans ses yeux. Il s'en était voulu énormément et sur le fond, elle n'avait pas tort, il avait changé le mois dernier. Cette dispute n'aurait jamais eu lieu s'il avait été capable de gérer son humeur. Maintenant, il était dans l'incapacité de dire si la jeune femme voudrait continuer à le voir ou non.

Le jeune homme, le front toujours posé sur la vitre, fixait l'obscurité. Ce spectacle était plutôt apaisant, lui faisant presque oublier qu'il avait gâché un réveillon avec Rachelle. Il ferma les yeux quelques instants, lorsqu'il sentit une pression contre son dos et deux bras l'enlacer.

Le cœur de William fit un bond dans sa poitrine, elle était là contre lui, elle était revenue, elle ne lui en voulait plus, elle alla même jusqu'à s'excuser. Cependant Will ne fit pas un geste, savourant cet instant, ne voulant pas rompre ce moment magique du pardon. Elle posa alors sa tête sur son épaule et murmura "Je t'aime".

Si le jeune homme avait douté des sentiments de Rachelle à son égard, désormais, il savait ce qu'il en était. Une immense joie et un certain soulagement s'empara de lui, s'il était certain que la jeune femme ne pourrait jamais oublier Simon, il était également sûr qu'elle l'aimait.

Elle l'obligea alors à se tourner vers elle et l'embrassa, il n'y avait à présent plus de place pour le doute, William lui rendit son étreinte passionnée avant de lui sourire à son tour alors qu'elle lui laissait entrevoir la suite de la soirée. Will s'éloigna quelque peu de son amante.

"Ne bouge pas, je reviens."

En guise d'explication, il se dirigea vers la porte, la ferma et prit bien soin de la verrouiller. Hors de question qu'ils soient à nouveau interrompu. Le jeune homme captura les lèvres de la jeune femme tout en essayant d'ouvrir la fermeture de sa robe d'une main. C'était franchement pas pratique ces trucs. Lorsqu'il lâcha les lèvres de son amante, il glissa tendrement au creux de l'oreille.

"Je t'aime Rachelle"