Idéologies & Idioties [Perséphone x Ahren]

12 Décembre 2006

Tout en étouffant un bâillement, Perséphone monta d'un pas vif les marches qui menaient au quatrième étage, la semelle de ses chaussures claquant sur le marbre. Elle avait passé une longue journée et la perspective de travailler encore un peu ne l'enchantait pas plus que ça. Évidemment, elle aimait travailler, le sentiment du dur labeur, des notes méritées et attendues avec impatience. De plus, l'ambiance de Noël qui commençait à envahir le château - le buste de Rowena Serdaigle portait maintenant un chapeau de Père Noël - ne poussait pas vraiment au travail. Elle ne rentrait pas chez elle cette année, un choix, mais savourait déjà le calme dont elle bénéficierai, les heures de lecture et de travail blottie dans la Salle Commune, près de la cheminée. Le dortoir pour elle toute seule, à dormir jusqu'à l'heure qu'elle veut... Le rêve. Elle savait évidemment qu'elle serait un peu déprimée le soir de Noël, mais s'était prévu un gros bouquin de Runes à traduire pour passer le temps. Et toute objectivité, cela s'annonçait passionnant.
Elle poussa la porte de la bibliothèque avant de passer la tête dans l’entrebâillement. Le lieu était bondé. Certains élèves travaillent même assis par terre, entre les rayonnages. Elle soupira avant d'avancer précautionneusement à la recherche d'une place. Elle avait trop de travail pour se permettre de procrastiner. A cette heure-ci, la Salle Commune serait sûrement trop bruyante, le dortoir occupé, la Grande Salle aussi... La bibliothèque était son seul lieu de repli. Elle se refusait à travailler par terre, dans un couloir, de manière inconfortable. Nous étions dans une école, Bon Dieu, elle devait pouvoir travailler quand elle le souhaitait. Mais visiblement, Dieu était d'accord avec elle ce soir, vu qu'elle aperçut une place libre. Un véritable miracle.

Slalomant entre les différentes tables et veillant à ne pas envoyer son sac en bandoulière dans la tête de quelqu'un, elle arriva finalement à la place bénie, soulagée. Une cape était jetée négligemment sur la chaise d'en face, quelques livres, un parchemin et un pot d'encre était installés sur la table. Son occupant ou occupante devait être parti chercher un livre. Visiblement, au vu de l'écusson, c'était un Serdaigle, elle ne voyait donc pas pourquoi personne ne s'était emparé de cette place et avait préféré s'assoir par terre. Soigneusement, elle sortit son propre matériel avant de s'assoir en déposant délicatement sa cape sur le dossier pour ne pas la froisser. A moins que ce soit Linnett Sneals. Les gens avaient raison de fuir dans ce cas-là. Discrètement, elle se pencha, retenant ses longs cheveux dans un chignon rapide, afin de lire le nom griffonné sur le parchemin. Ahren Keller. Elle le connaissait celui-là, sa réputation avait fait le tour de la Tour voire de l'école. Loin d'être aussi normal que son frère, il prônait des idées un peu rétro. Même si Perséphone s'accordait sur le fait qu'il fallait préserver les traditions sorcières, elle était loin d'être d'accord sur la pureté du sang. Née-de-moldus, elle était pourtant une très bonne élève. Sûrement plus que certains sorciers de sang. Elle ne voyait pas en quoi ses parents influenceraient dans sa capacité à faire de la magie. Mais bon. C(était un grand débat qui ne serait sûrement jamais réglé. Mais elle comprenait désormais pourquoi les gens fuyaient cette table. Il n'était pas toujours agréable de partager la compagnie de quelqu'un qui pensait à l'opposé de nous. Malheureusement, elle avait trop besoin de travailler pour se permettre de faire la difficile.

Attrapant un élastique dans sa trousse, elle noua ses cheveux, trempa sa plume dans l'encre et reprit sa dissertation de potions. Le professeur Adamson mettait rarement des O, mais elle visait au moins un E. Elle avait bien compris son sujet et avait fait beaucoup de recherches, elle méritait une bonne note. Enfin, elle espérait mériter une bonne note. Quelques minutes après, un bruit de pas lui fit lever la tête. Le petit Keller se tenait face à elle, un livre à la main. Posant délicatement sa plume sur son parchemin, elle leva les yeux vers lui. S'engager dans un conflit était la dernière chose qu'elle souhaitait. Après tout, elle n'allait pas l'épouser, juste partager sa table. Il pourrait sûrement s'en remettre.

- Bonsoir Ahren, lança-t-elle. Je me suis permise de m'installer. C'est la seule place de libre. J'espère que cela ne te dérange pas.

C'était plus une affirmation qu'une question, en fait. Mais il n'allait tout de même pas lui faire une scène parce qu'elle s'était installée à sa table, si ? Il fallait bien un peu de solidarité entre Serdaigle. Adressant un léger sourire à son camarade, elle saisit sa plume, la tapota du bout du doigt pour faire tomber une goutte d'encre et reprit son écriture. Elle descendrait dîner vers dix-neuf heures, d'ici là, elle aurait le temps de finir.

Ahren avait réussi à se trouver une table vide dans la bibliothèque bondée, ce n'était pas le cas de tout le monde puisque certains c'étaient installés sur le sol. Il devait sûrement faire peur car personne n'avait osé se mettre à sa table. Ce n'était pas pour lui déplaire, il préférait être seul plutôt qu'un Sang-de-bourbe ne vienne polluer son air.

Alors qu'il commençait à rédiger son devoir de Métamorphose, il se rendit compte qu'il n'avait pas suffisamment d'information dans son livre de cours pour réaliser correctement son devoir. Poussant un soupir, il se leva donc pour partir à la recherche d'un livre traitant sur le sortilège Avifors. Il slaloma entre les élèves au sol en leur lançant au passage un regard désapprobateur. Non mais franchement, on n'avait pas idée de se mettre dans le passage comme ça, ils pourraient très bien faire tomber quelqu'un et personne ne leur dirait rien.

Il se dirigea tant bien que mal jusqu'au rayon métamorphose, il examina quelques instants les livres qui s'étendaient devant lui, en prit un, lu le sommaire et décréta qu'il ferait l'affaire. Il regagna alors tant bien que mal sa place, lorsqu'il remarqua que quelqu'un c'était installé sur la chaise qu'il avait laissé vide.

Il examina la jeune fille penchée sur un parchemin, il reconnut Perséphone Harrington, une Serdaigle de cinquième année. Il ne savait pas grand chose d'elle à part son nom, nom qui ne faisait pas parti des plus grandes familles de Sang-pures. Mais il n'avait pas envie de se battre se soir, il veillerait juste à ne pas laisser ses affaires toucher la jeune fille. Il ne fallait pas qu'ils soient contaminés par une impures. Alors qu'il allait s'assoir, Perséphone releva la tête et le fixa.

"Bonsoir Ahren, lança-t-elle. Je me suis permise de m'installer. C'est la seule place de libre. J'espère que cela ne te dérange pas."

Ahren tira sa chaise vers lui et s'assit avant de répondre en cachant sa moue dégoutée.

"Tu peux rester, de toute façon il n'y a plus d'autre place."

Le jeune Serdaigle posa son livre sur la table, rapprocha légèrement ses affaires vers lui, la nuisible penserait sûrement qu'il faisait ça pour lui laisser plus de place mais tant pis, il était hors de question que ses livres ne touchent le moindre bout de Née de Moldus. Il prit ensuite sa plume et se replongea dans son devoir de Métamorphose, occultant complètement l’existante de sa camarade de maison.

Au bout d'un moment, cependant, il releva la tête et fixa la jeune fille qui lui faisait face, elle semblait également plongée dans son devoir. Il se demanda alors si tous les Sang-de-bourbes rentraient chez eux pour les fêtes. Il n'avait clairement pas envie de passer ses fêtes de fin d'année avec des impurs. Il resterait au château pour les fêtes, ce serait la première fois qu'il ne passerait pas Noël avec sa mère et Krato, ça ne le dérangeait pas vraiment, la présence du vieil elfe n'était pas la meilleure des compagnies et sa mère, et bien, elle ferait comme les autres années, c'est-à-dire rien. Elle resterait sûrement prostrée dans sa chambre toute la journée. Donc passer Noël ici serait sûrement mieux, il ne savait pas si Ulrich et Kathrina rentraient et il s'en fichait.

"Tu rentres chez toi pour les fêtes ?" demanda enfin le jeune garçon.

Il suffisait de poser la question pour avoir une réponse, si la réponse était négative, il allait falloir qu'il prenne sur lui pour assister au banquet ou alors peut-être qu'il y avait encore possibilité de changer d'avis. Il pourrait peut-être dire que, finalement, il voulait rentrer cher lui.

Retenant un soupir désabusé lorsque Ahren écarta ses affaires loin d'elle - on ne savait jamais, c'était peut-être contagieux l'ascendance moldue - elle se concentra sur son parchemin. L'avis d'un enfant de onze ans sur ses parents lui importait peu. En tout honnêteté, l'avis d'un enfant de onze ans lui importait peu tout court. Puis de toute manière, il n'avait pas piqué de crise lorsqu'il l'avait vu installée et s'était contenté de faire avec. C'était déjà un grand progrès.
Trempant de nouveau sa plume dans son encrier, elle se remit à griffonner avec ferveur. La potion doit alors mijoter pendant trente-et-une minutes exactement sans omettre de mélanger quatre fois dans le sens contraire des aiguilles d'une montre à la vingt-et-unième minute. Si cette étape est manquée, l'ongle de botruc risque de surchauffer et d'entrer en réaction avec le... Surprise d'entendre la voix d'Ahren, elle releva la tête, un peu intriguée. Était-ce un semblant de conversation qu'il souhaitait ici démarrer ? Elle avait pourtant entendu dire qu'il n'était pas des plus social et qu'il allait jusqu'à se battre dans les couloirs avec les gens de son année. Mais personne ne s'étant approché discrètement de leur table, c'était bien à elle qu'il parlait. Un peu méfiante tout de même - ce petit faisait un petit peu Serpentard sur les bords - elle haussa un sourcil.

- Non, je ne rentre pas.

Elle aurait pu se contenter de cette affirmation brève mais ressentit le besoin de se justifier. Elle n'avait pas vraiment envie qu'on croit qu'elle était forcée de rester ici pour une raison ou une autre, comme les orphelins de guerre. C'était un choix délibéré qu'elle faisait et pas une situation subite. A ses yeux, c'était important de faire la différence. Elle n'était pas à plaindre.

- Je ne souhaite pas voir ma famille. Je préfère rester dans le monde magique.

Tapotant sa plume du bout du doigt, elle reprit son écriture, penchée sur sa copie. C'était tout de même intriguant, comme question. Derrière ces mots banals, il devait y avoir un sens caché, c'était évident. Ce n'était pas de la simple politesse, Ahren Keller en étant dépourvu. Cessant soudain de penser à son devoir de potion, Perséphone entreprit de faire la liste des raisons qui pourraient pousser son camarade à se questionner sur sa présence au château durant les vacances. Peut-être voulait-il savoir si la Tour de Serdaigle serait libre, afin de pouvoir tenter quelques sorts. Ou faire sa fête à un jeune né-moldu. Dans son année, elle savait qu'il y avait la petite Sasha Kiteny. Après, il semblait un peu jeune pour fomenter des plans diaboliques. Quoique, on ne savait jamais. Lentement, elle déposa sa plume et releva la tête.

- Deux questions. La première : pourquoi désires-tu savoir cela ? La deuxième : et toi ? Tu restes ici pendant les vacances ?

La première question était complétement intéressée. Elle était trop lancée sur le sujet désormais pour abandonner, Keller l'avait intriguée. La deuxième était par pure politesse. Elle mettait un point d'honneur à ne pas être désagréable avec les gens qui ne lui avait rien fait, même si elle ne partageait pas leurs idées et leurs idéaux. D'ailleurs, elle était rarement désagréable volontairement. Elle trouvait que cela dénotait une forte immaturité, si nous n'étions pas capable de mettre nos sentiments de coté pour avoir des discussions posées et argumentées. C'était comme cela que l'on pouvait arriver à ses fins selon elle. La logique prévalait sur tout. Elle était prête à accepter beaucoup de choses, tant qu'elles étaient justifiée. On ne pouvait réfuter quelque chose de logique. Il fallait alors composer avec dans sa vision du monde. C'est d'ailleurs pour ça qu'elle refusait d'admettre la suprématie des Sang-Purs : elle ne se reposait pas sur des arguments solides. Nous n'avions jamais pu réellement prouver qu'un né-de-moldus serait moins puissant qu'un sorcier de sang. La seule chose que les Sang-Purs avaient réussi à prouver, c'était que la consanguinité faisait vraiment des ravages.

Ahren attendit la réponse de sa camarade en silence, il se contenta juste de la fixer.

- Non, je ne rentre pas.

Ces quelques mots horrifièrent le jeune garçon, il allait devoir partager sa table de Noël avec des Sang-de-bourbes. Rien que l'idée le dégoûtait, il ne voulait pas de cette fille à sa table, sa simple présence, son amour des Moldus et de la non magie allait gâcher son Noël, lui qui se faisait une joie de son premier Noël loin du manoir et de son ambiance déprimante.

- Je ne souhaite pas voir ma famille. Je préfère rester dans le monde magique.

Ahren fut étonné de cette réponse, une Née-Moldue qui affirmait préférer le monde magique c'était peu ordinaire. Habituellement, ils étaient heureux de connaitre la magie mais voulaient la polluer avec des idées impures. Lui ne pouvait accepter ça, pourtant cette fille semblait différente. Il hocha donc la tête pour signifier qu'il avait compris et reprit son travail en silence. Le silence fut cependant rompu par la voix de Perséphone.

- Deux questions. La première : pourquoi désires-tu savoir cela ? La deuxième : et toi ? Tu restes ici pendant les vacances ?

Le Serdaigle hocha les épaules, comme pour signifier que sa question n'avait que peu d'importance, il n'allait quand même pas lui avouer que c'était pour savoir s'il allait devoir rester dans son dortoir à Noël pour ne pas avoir à respirer le même air que des inférieurs.

"C'était juste pour savoir qui restait au château à Noël, poussant un gros soupir, il ajouta. Oui, je reste aussi au château."

Il reprit sa plume et continua son devoir, il ne savait pas vraiment pourquoi mais Perséphone l'avait intrigué avec son histoire. Pourquoi donc ne voulait-elle pas voir sa famille ? Il devait y avoir une raison liée à la magie. Peut-être était-elle l'exception qui confirmait la règle, la Née-Moldue qui voulait conserver la pureté du monde sorcier.

"J'imagine que tu as du être heureuse d'apprendre que l'étude des Moldus avait été rendu obligatoire. Je suppose que tu apprécies l'intégration des Moldus à notre société."

Il avait volontairement été agressif, il voulait savoir ce qu'elle pensait de tout ça et s'il avait raison de la croire différente. Il voulait que l'action anti-Moldue se répande et s'il y avait des Né-Moldus à ses côtés ce serait encore mieux. Même si c'était vraiment étrange de leur part de ne pas vouloir intégrer leur famille à leur monde. Mais après tout, toute famille n'était pas bonne à garder. La sienne était bien pourrie de l'intérieur, peut-être que pour Harrington s'était la même chose.

Perséphone haussa les sourcils devant le ton d'Ahren. Ce n'était vraiment pas la peine d'être agressif, surtout pour des choses aussi futiles. Décidément le petit Keller ne maitrisait pas vraiment les bases de la socialisation normale. Ce n'était pas vraiment étonnant après si tout le monde le critiquait et ne l'appréciait pas. Pour sa part, elle s'était faite toute petite lors de ses premiers mois à Poudlard afin de ne pas s'attirer d'ennuis et afin de se faire des amies. D'ailleurs, tous les premières années - en général - utilisaient cette technique. Il n'y avait pas de quoi jouer les fiers face à des adolescents de dix-sept ans quand on sortait à peine de l'école primaire. Mais le bon sens n'était pas partagé par tous. Lentement, elle baissa les yeux sur Ahren et fit claquer sa langue sur son palais, dans un geste méprisant.

- Je te prierai de ne pas me parler sur ce ton, Ahren. Je me refuse à subir tes petites velléités d'agressivité.

Et elle se remit à écrire, sans lui accorder un regard. Elle avait volontairement omis de lui répondre tout de suite. Il serait temps que ce petit apprenne la politesse s'il voulait obtenir des choses des gens qui l'entourait. Dans une parfaite indifférence, elle trempa sa plume dans de l'encre, écrit deux paragraphes, feuilleta son livre de potions qu'elle avait sorti de son sac, adressa un sourire à plusieurs camarades attablés plus loin, trempa de nouveau sa plume dans l'encre, rédigea une transition et la moitié d'une sous-partie. Et tout ce petit manège dura un bon quart d'heure. Durant lequel elle se refusa à croiser le regard de Keller, faisant comme s'il n'existait pas. Apprendre la patience lui ferait aussi du bien. Les gens n'avaient pas à se tenir à sa disposition, prêts à répondre au moindre de ses petits caprices. Cela avait dû être frustrant pour lui d'être ignoré comme cela, il ne devait pas vraiment avoir l'habitude, vaniteux comme il l'était. Après tout, qu'est-ce qui pouvait être plus important que le grand Ahren Keller ?
Ses parents, puis l'intendante de Sainte-Anne, avaient toujours veillé à ce qu'elle ne soit ni trop gâtée, ni trop capricieuse. On lui avait appris à patienter, à être poli, bien élevée et à ne pas être méchante avec les autres. En grandissant, elle avait adapté ces valeurs à sa sauce mais il lui restait une solide base. Qui faisait cruellement défaut au petit Keller. Après avoir terminé sa phrase, elle releva la tête vers son camarade et glissa une mèche de ses cheveux derrière son oreille. Maintenant elle pouvait répondre à sa question, elle l'avait suffisamment fait attendre.

- Non, je ne suis pas "heureuse" de la réforme des matières que mène le Ministère à l'école. J'estime qu'elle aurait pu être plus nuancée s'ils tenaient vraiment à l'appliquer. Étude des Moldus pour les Sang-Purs, Culture Sorcière pour les Nés-Moldus. Quant aux Sang-Mêlés, le choix leur serait laissé. Mais en toute honnêteté, je n'ai jamais été une grande fanatique de l'Etude des Moldus, ajouta-t-elle en haussant les épaules.

Elle connaissait déjà tout des moldus et s'ennuyait dans ces cours. Le professeur était certes sympathique mais la matière n'avait rien de transcendant. C'était d'excellentes notes données gratuitement. Et puis elle aurait préféré employé son temps à des choses bien plus utiles, comme travailler les autres matières. Mais elle n'avait pas le choix, ce n'était pas la peine d'enfoncer des portes closes.

- Et pour un Serdaigle, tu supposes très mal. J'apprécie le monde moldu, j'y ai vu le jour, mais j'estime que la société sorcière doit rester exclusivement sorcière. Elle a sa culture, ses traditions et elles risquent de disparaître si les moldus apportent les leurs. Chacun chez soi et les hippogriffes seront bien gardés, conclut-elle simplement.

Perséphone savait très bien ce qu'Ahren cherchait à faire : il voulait la provoquer pour pouvoir s'énerver après elle. Peut-être qu'il s'ennuyait ou qu'il cherchait à se défouler mais elle refusait de lui donner satisfaction. S'il voulait débattre, ou plutôt se battre, avec des pro-moldus, il était mal tombé. Bien sûr qu'elle aimait les moldus, pour certaines choses. Mais elle adorait les sorciers. Et elle viendrait vivre complétement dans le monde magique dès qu'elle serait sortie de Poudlard. Et elle n'avait pas honte d'affirmer ses positions politiques. Avec la dernière guerre, ne pas être pro-moldu était mal vu, il suffisait de constater les derniers résultats du SPAM. Mais le fait d'être née-moldus lui donnait un avantage incontestable dans les débats : impossible de la traiter de néo-mangemort ce qui était l'argument massue envers tous les pros-sorciers. Elle le détestait. Elle ne voulait pas éliminer les moldus et nés-moldus, elle aurait dû s'éliminer soi-même alors, mais refusait qu'on gâche les traditions magiques avec les traditions moldues. Les deux cultures étaient très riches mais devaient rester séparées pour contribuer à s'épanouir. Les moldus avaient plus de poids que les sorciers : s'ils envahissaient le monde magique, les traditions sorcières disparaitraient sous le poids des moldues. C'était une chose à éviter à tout prix. Mais rares étaient les gens à reconnaitre le danger. Le SPAM était un précurseur, les gens verront bientôt qu'il avait eut raison sur toute la ligne.

- Et pour ta gouverne, sache que si tu m'avais parlé plus correctement, je t'aurais répondu beaucoup plus vite. Le jour où je m’aplatirai devant quiconque n'est pas encore arrivé, Ahren, rappelle-toi de ça pour la prochaine fois.

Ne pouvant résister à la tentation, Perséphone lui adressa un sourire mi-narquois, mi-condescendant. Quelque fois, cela faisait du bien de se faire remettre à sa place. Surtout quand on s’appelait Ahren Keller.

- Je te prierai de ne pas me parler sur ce ton, Ahren. Je me refuse à subir tes petites velléités d'agressivité

Ahren resta un instant stupéfait,il ne s'attendait pas à être rabroué aussi calmement, il pensait bien évidemment que ses paroles avaient pu être blessantes, il s'attendait donc à une crise d'hystérie vexée. Mais pas à autant de self-control. D'ailleurs, la jeune fille ne répondit pas à sa question, elle ne prêta même pas attention à lui. Ahren haussa les épaules et reprit son devoir. Ce silence ne voulait dire qu'une seule chose, il s'était trompé et elle adorait son monde de taré. Il avait commencé à imaginer toute sorte de choses mais au final, il s'était bercé d'illusion, les Moldus ne pouvaient pas appartenir à leur monde. Il avait été stupide. Il fut cependant tiré de ses pensées par la voix de Perséphone.

- Non, je ne suis pas "heureuse" de la réforme des matières que mène le Ministère à l'école. J'estime qu'elle aurait pu être plus nuancée s'ils tenaient vraiment à l'appliquer. Étude des Moldus pour les Sang-Purs, Culture Sorcière pour les Nés-Moldus. Quant aux Sang-Mêlés, le choix leur serait laissé. Mais en toute honnêteté, je n'ai jamais été une grande fanatique de l'Etude des Moldus,

Arf ses propositions étaient encore pire que celles instaurées par le Ministère, il avait eu tord sur toute la ligne. Quoique la culture sorcière pour les Sang-de-bourbes n'était pas une mauvaise idée. Il nota l'idée dans un coin de sa tête alors que Perséphone reprenait la parole.

- Et pour un Serdaigle, tu supposes très mal. J'apprécie le monde moldu, j'y ai vu le jour, mais j'estime que la société sorcière doit rester eclusivement sorcière. Elle a sa culture, ses traditions et elles risquent de disparaître si les moldus apportent les leurs. Chacun chez soi et les hippogriffes seront bien gardés, conclut-elle simplement.

Finalement, il avait mal supposé, il y avait peut-être encore de l'espoir, Ahren posa son regard clair sur sa condisciple de maison.

- Et pour ta gouverne, sache que si tu m'avais parlé plus correctement, je t'aurais répondu beaucoup plus vite. Le jour où je m’aplatirai devant quiconque n'est pas encore arrivé, Ahren, rappelle-toi de ça pour la prochaine fois.

Le jeune garçon esquissa un sourire, il aimait sa façon de penser. Il aimait le fait qu'elle voulait préserver la culture sorcière, il aimait le fait qu'elle puisse avoir certaines de ses idées. Et puis, elle n'était pas désagréable à regarder.

"Je crois que je te dois des excuses alors, commença Ahren un léger sourire aux lèvres. Je pense tout comme toi que la culture sorcière doit être préservée. Mais j'ai peur que les idées du MIM ne vienne pourrir notre société. Ce sera bientôt l'anarchie, plus rien ne sera respecté. Tout ça me dégoute."

Le Serdaigle afficha une moue dégoutée et se pencha sur son devoir de Métamorphose afin d'y apposer le point final.

Agréablement surprise par le repenti d'Ahren, Perséphone sourit légèrement. Machinalement, elle coinça une mèche de ses cheveux derrière son oreille.

- Excuses parfaitement accordées.

Ce garçon n'était donc pas si désagréable et mal-élevé, contrairement à ce qu'on laissait entendre dans l'école. Savoir s'excuser et reconnaitre une faute était un signe de maturité et d'humilité. Il ne pouvait donc pas être aussi bouffi d'arrogance qu'on le disait. Les élèves de Poudlard avait vraiment le jugement facile. Enfin, les gens de leur âge avait vraiment le jugement facile. Elle avait remarqué, une fois que Justin lui ait expliqué la situation, que les enfants de Mangemorts étaient tout de suite catalogués comme leurs parents, sans qu'on cherche à savoir s'ils désapprouvaient ou étaient vraiment d'accord avec eux. Elle était certaines que certains enfants étaient loin d'être comme leurs parents, à l'origine, mais qu'à les pousser dans ce sens, ils finissaient par le devenir. Après tout, s'ils étaient exclus de la société d'office, pourquoi chercheraient-ils à l'intégrer ? Et puis elle avait aussi remarqué que les enfants de Sang-Purs, non liés aux idéologies Mangemorts, devaient faire très attention à leurs paroles, sous peine d'être très vite catalogués eux aussi. Ne pouvait-on pas être Sang-Pur et conservateur sans pour autant prôner l'extinction des moldus ? Ne pouvait-on pas appartenir à un juste milieu ? Ne pouvait-on pas aller contre les nouvelles idées à la mode du MIM sans être traité de Mangemort ? Tout comme elle, sous prétexte qu'elle était Née-Moldue, on pensait qu'elle soutenait forcément le gouvernement en place. Et on était toujours sceptique lorsqu'elle réfutait cela. Visiblement, le monde magique était encore trop marqué par la guerre pour que l'opinion publique fasse dans la demi-mesure.

Pensive, elle déposa délicatement sa plume sur son parchemin et reboucha son encrier. S'ils partaient sur une discussion idéologique, elle n'aurait pas vraiment le temps de finir son devoir. Mais elle trouvait beaucoup plus intéressant de débattre et de partager son avis que de rédiger son devoir. Elle pourrait toujours s'en occuper après le repas. Dans un tic mal contrôlé, elle se mit à tapoter la table du bout des ongles. Elle connaissait relativement bien les positions d'Ahren quant au MIM, tout comme elle connaissait celle du SPAM. Elle avait fondé son avis sur son programme, sur les déclarations de Fiennes et sur les plans qui commençaient à être réalisés. Elle estimait donc qu'elle avait des arguments réfléchis qu'elle pouvait défendre facilement. Rassurée sur ce point-là - elle ne s'engageait jamais dans un combat sans armes - elle se sentir de taille à débattre. Après tout, Ahren était peut-être plus jeune mais il était animé par la passion de ses idées, ce qui lui donnait une verve toujours positive quand il fallait défendre ses pensées. Elle, elle ne possédait que sa réflexion. Relevant les yeux vers son camarade, elle déclara posément :

- Je pense tout de même qu'il ne faut pas tomber dans les excès. L'anarchie est un bien grand mot ! Après tout, le MIM ne restera pas forcément une éternité au pouvoir. Il devra faire ses preuves pour être réélu. Et même s'il est soutenu par la majorité de la population, un regard vers les derniers résultats montre que l'autre moitié de la population ne partage pas cette idéologie. Pour pouvoir conserver une majorité, Fiennes devra se montrer prudent et respectueux.

Fouillant dans sa mémoire, elle chercha à retrouver les chiffres des derniers élections. Elle se souvenait du score du SPAM mais celui de l'APPEL lui échappait et elle n'était pas vraiment sûre de celui du MIM. Cinquante-trois pour cent ? Une petite majorité, certes, mais elle n'arrivait pas à la mettre le doigt sur le renseignement précis qu'elle voulait. Elle se rappelait uniquement du discours de Warlock, qui annonçait que la moitié de la population magique n'avait pas voté MIM.

- Quoi qu'il en soit, il ne pourra pas complètement éradiquer la culture sorcière et surtout pas en un mandat. Même si visiblement c'est dur à concevoir pour toi, les sorciers qui votent MIM ne sont pas machiavéliques et ne veulent pas tous se débarrasser de la magie. Il y a sûrement des extrémistes, comme partout, mais la grande majorité tient à son identité sorcière. Un pas de travers de Fiennes les fera revenir vers l'APPEL voir le SPAM.

Elle adressa un sourire à Ahren et reprit sa plume en main.

- Quoi qu'il en soit, je reste persuadée qu'il ne faut pas tomber dans les extrêmes. C'est ainsi qu'on perd la raison, déclara-t-elle. Après tout, nous sommes dans la maison de la sagesse. Si nous ne restons pas lucides et sages, qui le sera à notre place ?

C'était une critique implicite. Elle en avait suffisamment vu pour savoir qu'Ahren était prompt à s'emporter. Même si elle n'était pas d'accord avec lui sur certains points, notamment la partie concernant les moldus, elle comprenait son point de vue. Et ce n'était pas en s'emportant et en refusant le dialogue qu'il réussirait à faire valoir sa cause. Si on voulait vraiment relier des gens à ses idées, on ne pouvait rien imposer. Il fallait convaincre. Et pour convaincre il fallait des arguments. Il fallait pouvoir entendre des avis, des objections, opposer tout en faisant des concessions. C'était un art difficile, certes. Mais à la mesure d'un Serdaigle.

Perséphone accepta ses excuses avec un petit sourire. Ahren était complètement sous le charme, pourtant, c'était une Née-Moldue, une impure mais elle avait quelque chose que le Serdaigle n'arrivait pas à déterminer. Une sorte d'aura attractive qui faisait qu'Ahren ne pouvait pas la mépriser, à cela s'ajouter le fait qu'elle ne semblait pas être pour le MIM comme la plupart de ses semblables.

- Je pense tout de même qu'il ne faut pas tomber
dans les excès. L'anarchie est un bien grand mot ! Après tout, le MIM ne
restera pas forcément une éternité au pouvoir. Il devra faire ses
preuves pour être réélu. Et même s'il est soutenu par la majorité de la
population, un regard vers les derniers résultats montre que l'autre
moitié de la population ne partage pas cette idéologie. Pour pouvoir
conserver une majorité, Fiennes devra se montrer prudent et respectueux

Ses paroles laissèrent entrevoir une lueur d'espoir au jeune garçon, malgré ses bravades, il savait parfaitement que le SPAM avait peu de chance d'être réélu un jour. Alors si Fiennes faisait une erreur, la donne aurait changé. Et ce gouvernement semblait complètement se moquer de se que pouvait ressentir les sorciers du moment qu'ils évoluaient du côté de leur précieux Moldus.

"Il faut donc le pousser à l'erreur. J'imagine que le SPAM et l'APPEL vont s'arranger pour le pousser à la faute. Ce type n'a aucune considération pour les sorciers, il ne voit que le monde Moldu. Parfois, je me demande pourquoi, ils ne vont pas tous s'installer chez les Moldus, s'ils trouvent ça tellement merveilleux de devoir se déplacer tout le temps pour aller chercher un objet alors que c'est si simple de le faire venir à nous avec un Accio."

Ahren poussa un soupir et entreprit de ranger son devoir de Métamorphose terminé. Perséphone semblait se tenir très informée de la situation politique sorcière et c'était tout à son honneur. Il avait grâce à elle plus d'espoir, plus de chance de se faire entendre. Elle lui donnait toutes les chances pour pouvoir rabattre son caquet à cette petite peste de Benson qui revendiquait haut et fort ses opinions. Et pour pas aider, elle était amie avec cet imbécile de Dubois, un parfait petit crétin qui se croyait meilleur que tout le monde parce qu'il était un Gryffondor et que son "papa" était un super jouer de Quidditch. C'était vraiment n'importe quoi et il ne regrettait pas de s'être battu avec lui dans les couloir si c'était à refaire, il agirait exactement de la même façon.

- Quoi qu'il en soit, je reste persuadée qu'il ne faut pas tomber dans les extrêmes. C'est ainsi qu'on perd la raison. Après tout, nous sommes dans la maison de la sagesse. Si nous ne restons pas lucides et sages, qui le sera à notre place ?

Ahren décela aussitôt la petite pique, il se savait un peu virulent mais il ne démordrait pas que les Moldus étaient des inférieurs. Il ne voulait pas forcément les exterminer, juste qu'ils restent chez eux avec leur technologie et qu'on laisse les sorciers en paix, tel qu'ils étaient. Perséphone restait néanmoins une Née-Moldue, ses idées ne seraient donc jamais parfaitement en parfaite harmonie avec les siennes. Il le savait et l'acceptait parce qu'ensemble, ils seraient plus fort pour conserver la culture sorcière et qui sait, un jour, quand il aura appris l'art difficile de la politique, il pourra plus facilement imposer ses idées et se débarrasser de la jeune fille.

"Oui, nous sommes la maison de la sagesse. Cela n'empêche que parfois, nous pouvons aussi être rusé et je pense que cette fois, il faut que nous soyons les plus malin. Tu ne penses pas ?"

Un petit sourire étira les lèvres du Serdaigle, tous les moyens étaient bon pour arriver à ses fins. Et Ahren essayerait de l'expliquer à Perséphone.

Ahren Keller avait beau se donner des airs de grand, il n'était encore qu'un enfant. Cela se sentait dans ses raisonnements, dans la manière dont il concevait le monde. Il grandirait. La maison Serdaigle lui apprendrait, le formerait, il comprendrait comment fonctionne le monde. Mais avec une telle verve, une telle volonté d'imposer ses idées... Elle pouvait être sûre que dans quelques années, le résultat serait explosif, surtout s'il n'apprenait pas à se contenir entre temps. Baissant les yeux sur le jeune garçon, elle ramena ses mains sous son menton et s'y appuya.

- "Le pousser à la faute" ? Soit. Mais comment comptes-tu t'y prendre ? Ou même, que penses-tu que le SPAM ou l'APPEL pourraient faire ? Tu peux toujours affirmer des choses, Ahren. Si tu n'étayes pas tes propos, cela est vain et tu peux alors débiter n'importe quoi, tels que les nuages sont rouges et que le soleil est fait d'hypocras. Une thèse ne peut être prise en compte que si elle est solide et repose sur des arguments, pas sur du vent. Je pense que c'est quelque chose que tu ne devrais pas oublier.

Néanmoins, à l'entente des mots d'Ahren, elle ne put s'empêcher de lui lancer un regard méprisant. Elle était prête à accepter beaucoup de choses, mais les clichés et les affirmations lancées sans la moindre réflexion était quelque chose qui l'agaçait tout particulièrement.

- Ce genre de bêtises te desservent plus qu'autre chose, répondit-elle.

Elle se cala au fond de sa chaise et croisa les bras sur sa poitrine.

- Ce que tu viens de dire, là, sur les moldus. Cela n'a aucune pertinence. Premièrement, c'est erroné. Deuxièmement, tu y insères un jugement de valeur qui n'y a pas lieu d'être. Si tu veux continuer dans cette voie, il va falloir apprendre quelque petites choses. Sortir des billevesées ainsi te fera passer pour un petit hargneux, qui brasse de l'air sans savoir de quoi il parle.

Elle le défia du regard, un petit sourire au coin des lèvres.

- Et ce n'est pas ainsi que tu veux qu'on te voit, n'est-ce pas ?

Elle soutint le regard d'Ahren quelque instants avant de baisser les yeux, toujours avec un petit sourire coin. Elle savait très bien qu'il ne voulait pas qu'on le voit comme un petit idiot immature, il voulait être vu comme un grand, respecté et écouté. Elle connaissait cela sur le bout des doigts, elle avait aussi été comme ça. Elle estimait qu'après tout ce temps passé dans les livres, elle pouvait avoir une opinion structurée et logique et méritait qu'on l'écoute comme une personne douée de réflexion et pas comme une vulgaire enfant de onze ans. C'était frustrant de voir ses capacités diminuées, sous prétexte d'un jeune âge. Elle savait parfaitement ce que ressentait Ahren et savait aussi que pour s'exclure de cette case, il devrait être irréprochable sur ses raisonnements et opinions.

- Oh et en réponse à ta question, être "malin" ne sert à rien. Que vaut une victoire obtenue par la ruse et des moyens détournés ? Elle sera biaisée et il n'y aura pas de quoi s'en vanter. Je sais très bien ce que tu allais dire, Ahren : "la faim justifie les moyens". Je ne suis pas d'accord. On doit parvenir à ses fins de manière honnête, loyale et intelligente afin de ne pas être contesté. Manipuler les gens ne suffit pas à les faire adhérer à ton avis. Tu dois les convaincre. Et cela passe uniquement par la rigueur et l'intelligence, voire un peu d'éloquence. Le reste n'est que superflu et superficiel.

Ils défendaient déjà des idées considérées comme déplacées et vieillottes. Si en plus ils cherchaient à s'imposer par des moyens obscurs, ils n'auraient plus aucune crédibilité. Il fallait alors au contraire être droit et irréprochable afin de retrouver un certain crédit dans la société. Il fallait briser l'image de manipulateurs et montrer qu'on pouvait être conservateur et tout à fait honnête, sans la moindre intention nocive. Alors Perséphone conseillait Ahren pour aider le jeune garçon mais aussi à ce qu'elle tenait à la réputation de leurs idées. Il ne devait pas être une faille, on ne devait pas pouvoir l'attaquer dessus.

Encore une fois, Ahren eut vraiment l'impression de passer pour un imbécile. Perséphone démontait tous ses arguments les uns après les autres en lui expliquant les erreurs qu'il faisait à chaque fois. Et il fallait avouer que ses conseils étaient très utiles. Cela, lui permettrait sans aucun doute d'être enfin pris au sérieux. Il ne pouvait pas l'ignorer, il devait donc argumenter afin de contrer les dires de ses adversaires. Car il était vrai qu'il avait des idées bien arrêtés comme la suprématie du sang, ça ne faisait aucun doute pour lui que les sorciers étaient supérieurs, sinon pourquoi serait-ils capables d'accomplir des exploits grâce à la magie ? Pourquoi aurait-il droit de pratiquer la magie s'ils n'étaient pas des élus ? Il ne comprenait pas pourquoi des sorciers se rabaisseraient à abandonner ce don au profit d'un monde qui n'avait pas été touché par la grâce divine ?

Mais Perséphone ne semblait pas de son avis du moins pas sur les Moldus mais ça paraissait logique puisqu'elle était née-moldue. Ce qui était vraiment dommage d'ailleurs, Ahren commençait sérieusement à beaucoup l'apprécier. Elle était intelligente, jolie, tout pour lui plaire. Sauf le fait qu'elle ne partage pas vraiment ses idées mais elle voulait quand même l'aider. Alors peut-être que oui, pour l'instant il passait pour "un petit hargneux, qui brasse de l'air sans savoir de quoi il parle." mais avec l'aide de Perséphone, il deviendrait "un petit hargneux qui savait de quoi il parlait." Il pourrait enfin parler et être écouter, on ne lui rirait plus jamais.

"Non, bien sûr que non. Je veux qu'on m'écoute. Qu'on arrête de dire que je suis trop jeune pour savoir ou alors qu'on me rigole au nez en me tapotant gentiment la tête."

Ahren posa un regard farouche sur la jeune fille, elle pourrait sûrement l'aider à devenir meilleur.

- Oh et en réponse à ta question, être "malin" ne
sert à rien. Que vaut une victoire obtenue par la ruse et des moyens
détournés ? Elle sera biaisée et il n'y aura pas de quoi s'en vanter. Je
sais très bien ce que tu allais dire, Ahren : "la faim justifie les
moyens". Je ne suis pas d'accord. On doit parvenir à ses fins de manière
honnête, loyale et intelligente afin de ne pas être contesté. Manipuler
les gens ne suffit pas à les faire adhérer à ton avis. Tu dois les convaincre.
Et cela passe uniquement par la rigueur et l'intelligence, voire un peu
d'éloquence. Le reste n'est que superflu et superficiel.

Ahren fut très surpris par la réponse de Perséphone, Alexander lui avait toujours affirmé le contraire, il lui avait toujours dit d'être le plus malin, celui qui gagnerait grâce à la ruse et pour gagner tous les moyens étaient bons. Tous sans exception. Mais que valait réellement les dire de son frère ? Au final, il se retrouvait dans une cellule à Azkaban. Il y avait quand même de meilleures situations et il était hors de question que lui même pourrisse un jour en prison. C'était totalement inimaginable. Alors peut-être était-il temps d'arrêter de suivre les conseils de ce frère qui avait tenté de faire tuer sa sœur. A partir de maintenant, les paroles d'Alexander perdaient tout crédit à ses yeux. Même si pour lui, là ruse et la malice restait quand même une très bonne arme.

"Crois-tu réellement que les politiciens ne font que convaincre leurs adversaires, demanda alors Ahren avec un petit sourire. Je pense sincèrement qu'il n'y a pas que ça. Le mensonge et la manipulation œuvre énormément. Comment crois-tu sincèrement que le MIM a été élu ? Il n'y a la que promesse et fourberie de la part de Fiennes. Rien d'autre que des promesses qui ne seront jamais tenues."

Ahren voulait bien croire en la loyauté et l’honnêteté mais pour vaincre, ça ne suffisait pas malheureusement et malgré tout les conseils de Perséphone, il ne pourrait pas gagner s'il n'avait pas conscience que le mensonge et la manipulation avait une grande place en politique.

Perséphone fut ravie de constater qu'Ahren n'était pas si buté que ça et semblait tout à fait disposé à entendre ses conseils. Tout à fait satisfaite, elle lui adressa un petit sourire. Peut-être était-ce le fait d'être préfète, mais elle accordait une attention toute particulière aux jeunes premiers de la maison Serdaigle. Dans quelques années, ils représenteraient l'image de la maison et il était hors de question qu'ils troublent leur image de marque. Si Ahren avait pris un départ quelque peu difficile, il semblait prêt à néanmoins montrer qu'il était digne d'être un successeur de Rowena Serdaigle. Elle avait déjà regardé les autres. La petite Abigail Scavo semblait futée et perspicace, bien qu'avec des préoccupations quelque peu futile. Si ça lui passait avec l'âge, tout se passerait bien, elle avait l'esprit aiguisé. La petite Kiteny semblait toute timide mais pas bête. Elle fondait de grands espoirs en la personne de Zoé Zonko et la voyait très bien préfète et tête de classe dans quelques années, si elle ne l'était pas déjà. Quand à la petite Sneals... Elle était particulièrement dérangée, tout le monde le savait et le voyait. Elle avait mené sa petite enquête et avait entendu parler du sort qu'elle pouvait réserver aux animaux, c'était peu ragoûtant. Elle n'avait pas de preuves, sinon elle serait allée directement chez le Professeur Virtanen pour la faire renvoyer. On pouvait vraiment se demander ce qui était passé par l'esprit du Choixpeau. C'est Wendy qui lui avait fourni la réponse. Les esprits les plus dérangés étaient souvent les plus brillants. Ne disait-on pas que Albus Dumbledore en personne était fou ?

- Ce n'est parce qu'ils le font que tu dois prendre exemple sur eux, répondit-elle à la question d'Ahren. Si tu te permets de critiquer leur élection et la manière dont ils sont parvenus au pouvoir, comment peux-tu ne serait-ce qu'une seconde imaginer faire la même chose ? Si tu appliques les même méthodes que ceux que tu exècres, tu ne vaux pas mieux qu'eux, déclara-t-elle fermement.

Elle n'était pas naïve, au contraire. Elle savait de quelles méthodes pouvaient user certains politiciens, elle savait qu'ils se servaient de leur influence pour être au dessus des lois. Le monde de la politique était un monde de Serpentard, il n'y avait pas de doutes là-dessus. Mais elle refusait de tomber dans ce genre de vices sous prétexte que tout le monde le faisait. Elle plaçait l'honnêteté et la raison, l'argumentation et la droiture au dessus de tout. Elle refusait de s'abaisser aux basses manipulations pour arriver à ses fins. Si elle était incapable de convaincre quelqu'un avec la force de son raisonnement, alors cela ne valait même pas la peine d'essayer autrement. L'intellect devait l'emporter sur tout, c'était la seule victoire qui valait réellement. Le reste n'était qu’esbroufe. Et si Ahren envisageait de se lancer dans ce monde, il devait savoir cela et appliquer cette méthode.

- Serais-tu prêt à reconnaitre une victoire politique extorquée par la force brute ? lança-t-elle en croisant les mains sous son menton. T'inclinerais-tu devant ce nouveau gouvernement ? Tomberais(tu en pâmoison devant leurs idées ? Serais-tu soudainement d'accord avec eux, uniquement parce qu'ils t'ont forcé ? S'il me prend l'envie - idée complètement hypothétique évidemment - de te lancer un sortilège Doloris jusqu'à t'arracher des bonnes paroles sur les moldus, sera-tu pour autant convaincu quand les mots passeront la barrière de tes lèvres sous la torture ?

Laissant planer un silence quelque secondes, elle se pencha vers Ahren et planta ses yeux dans les siens.

- Non, tu ne seras pas convaincu. Nous le savons tous les deux. Et bien la manipulation, c'est la même chose. La force physique est juste remplacée par la force mentale. Cela ne vaut rien. C'est du vent, des mots en l'air. Une victoire qui reposa sur ça vaut autant qu'une victoire extorquée sous la torture. Si tu tentes de gagner en te servant de ces outils, tu le regretteras un jour.

Et sans détacher son regard de celui de Ahren, elle se redressa et se cala de nouveau dans sa chaise. Elle entendait des murmures à leur propos, on se demandait ce qu'ils pouvaient bien se dire. Comment la née-moldue pouvait-elle discuter sans heurts avec un tel extrémiste comme Ahren Keller ? L'histoire sera sur toutes les lèvres dès le dîner, leurs camarades se repaîtront de ragots et de suppositions. Qu'ils parlent, elle s'en fichait.

- La ruse et la manipulation sont des outils pour les gens faibles, Ahren. Pour ceux qui n'ont pas assez d'argument, pas assez de verve, pas assez de raisonnement pour convaincre. Si c'est ton cas, si tu n'es pas assez sage pour réussir avec ton seul intellect, alors tu ne mérites pas de réussir. Tu veux gagner ? Tu veux convaincre les gens ? Sois honnête, droit et raisonné. Ou tu ne vaudras pas mieux qu'un vulgaire politicien corrompu.

- Ce n'est parce qu'ils le font que tu dois prendre exemple sur eux, répondit-elle à la question d'Ahren. Si tu te permets de critiquer leur élection et la manière dont ils sont parvenus au pouvoir, comment peux-tu ne serait-ce qu'une seconde imaginer faire la même chose ? Si tu appliques les même méthodes que ceux que tu exècres, tu ne vaux pas mieux qu'eux, déclara-t-elle fermement.

Ahren crut un instant entendre un moralisateur, ce n'est pas parce que les autres le font que tu dois le faire aussi et gnagnagna. Mais comment faire alors ? Parce que pour l'instant, tout était jeu de manipulation. Ulrich le premier manipulait son monde pour obtenir ce qu'il désirait et pour l'instant, il n'avait encore jamais perdu. Alors peut-être que dans son monde idéaliste la manipulation n'existait pas, mais dans le sien, elle était omniprésente.

- Serais-tu prêt à reconnaitre une victoire politique extorquée par la force brute ? lança-t-elle en croisant les mains sous son menton. T'inclinerais-tu devant ce nouveau gouvernement ? Tomberais tu en pâmoison devant leurs idées ? Serais-tu soudainement d'accord avec eux, uniquement parce qu'ils t'ont forcé ? S'il me prend l'envie - idée complètement hypothétique évidemment - de te lancer un sortilège Doloris jusqu'à t'arracher des bonnes paroles sur les moldus, sera-tu pour autant convaincu quand les mots passeront la barrière de tes lèvres sous la torture ?

Le jeune garçon regarda fixement Perséphone et hocha la tête négativement, même sous la torture il n'irait pas jusqu'à dire qu'il aimait les moldus. Ou encore dire qu'ils n'étaient pas des inférieurs et qu'il allaient réformer le monde. Il n'irait jamais jusque là, ce genre de paroles ne sortiraient jamais de sa bouche alors non ils ne seraient aucunement convaincu par ce qu'on l'obligerait hypothétiquement à dire.

"Évidement que non, je ne croirais pas un seul mot qui pourrait sortir de ma bouche à ce moment. En supposant bien sûr que la douleur soit capable de me tirer le moindre mot mais j'en doute sincèrement."

Il se mordit alors légèrement la lèvre, il en avait trop dit, elle allait se poser des questions maintenant, elle allait peut-être penser qu'il avait déjà subit le Doloris et allait vouloir savoir qui lui avait infligé un tel sort. Puis il s'obligea à retrouver un air un peu plus neutre. Non il était stupide, elle allait sûrement le prendre pour un petit arrogant à penser ainsi rien de plus. Elle n'allait certainement pas se faire des films sur ce qu'il aurait pu déjà vivre. Cette histoire avec Ulrich l'avait sûrement plus perturbé qu'il ne voulait bien l'admettre d'ailleurs. Mais ce n'était pas le moment de penser à ça, il reporta son attention sur la préfète qui reprit la parole.

- Non, tu ne seras pas convaincu. Nous le savons tous les deux. Et bien la manipulation, c'est la même chose. La force physique est juste remplacée par la force mentale. Cela ne vaut rien. C'est du vent, des mots en l'air. Une victoire qui reposa sur ça vaut autant qu'une victoire extorquée sous la torture. Si tu tentes de gagner en te servant de ces outils, tu le regretteras un jour.

Ahren doutait qu'Ulrich regrette quoi que ce soit, mais bref, il y avait toujours l'espoir que peut-être un jour il payerait pour toutes les petites manigances qu'il orchestrait et puis il ne pouvait s'empêcher dans un petit coin de sa tête que la victoire était quand même là et qu'au final rien ne valait une victoire. Gagner, toujours, être le meilleur. Mais gagner sans gloire était-ce vraiment une victoire ?

- La ruse et la manipulation sont des outils pour les gens faibles, Ahren. Pour ceux qui n'ont pas assez d'argument, pas assez de verve, pas assez de raisonnement pour convaincre. Si c'est ton cas, si tu n'es pas assez sage pour réussir avec ton seul intellect, alors tu ne mérites pas de réussir. Tu veux gagner ? Tu veux convaincre les gens ? Sois honnête, droit et raisonné. Ou tu ne vaudras pas mieux qu'un vulgaire politicien corrompu.

Il n'était pas faible, il était intelligent, bien plus que certain ne le pensait et il voulait réussir alors s'il fallait être honnête pour cela, il était prêt à faire des efforts mais peut-être qu'il utiliserait malgré tout un peu la manipulation. C'était toujours utile malgré tout et on ne savait jamais sur quoi on pouvait tomber, avoir une autre carte dans sa manche était toujours bon. Il fit un petit sourire convaincu à Perséphone avant de regarder sa montre. Il allait être en retard pour son rendez-vous avec Marianne si ça continuait.

"Perséphone, j'ai été ravi de discuter avec toi. Tes conseils me sont très précieux, je te remercie. Mais je dois malheureusement te laisser. J'espère te revoir bientôt."

Le jeune garçon esquissa un léger sourire à la jeune fille, ramassa rapidement ses affaires et quitta la bibliothèque non sans penser que Perséphone était vraiment charmante pour une impure. L'exception qui confirme la règle.