Pris en flagrant délit [Rachelle-William-Irving]

4 Décembre 2006

L'infirmerie avait une apparence bien plus chaleureuse depuis quelques jours. Depuis qu'elle avait vu les superbes décorations, inspirées par Miss Twilfit et sa charmante tenue de lutin, qui habillaient le château, Rachelle s'était mis en tête d'apporter un peu de l'esprit de noël dans l'infirmerie. Elle avait négocié quelques guirlandes de l'an passé avec un elfe de maison, qu'elle avait suspendu au dessus des lits et enroulé autours du lustre. Elle avait même demandé au garde chasse de lui réservé un sapin, qu'il lui avait livré ce matin. L'infirmière était d'ailleurs occupée à accrocher la dernière boule sur l'arbre de noël. Se reculant de quelques pas, elle jaugea son travail d'un regard critique. C'était bien plus joyeux comme ça ! Cette vue suffit à la mettre de meilleure humeur qu'elle ne l'était déjà.

La jeune femme s’apprêtait à s'adonner à une de ses activités favorite : le ménage -le sapin avait mit des aiguilles partout par terre- quand quelqu'un frappa à la porte. Rachelle se précipita pour ouvrir, un immense sourire éclaira son visage quand elle reconnut William. Quelque chose lui disait que le jeune homme n'était pas étranger au fait qu'elle soit constamment de bonne humeur depuis plus d'un mois.

"Qu'est ce que je peux faire pour vous ?" demanda-t-elle d'un ton faussement professionnel.

Vérifiant que le couloir était désert, elle déposa un baiser sur ses lèvres avant de l'attirer à l'intérieur de l'infirmerie et de refermer la porte derrière lui.

"C'est chouette non ? s'exclama-t-elle en désigna le sapin d'un large geste du bras. J'ai fait ça ce matin !" ajouta-t-elle avec fierté.

Quelques semaines plutôt elle ne se serait pas reconnu. Ce n'était pas vraiment son genre de se réjouir pour si peu, ou de se réjouir tout court d'ailleurs. Mais depuis quelques temps elle était différente. Elle commençait enfin à se détacher un peu du passé pour vivre, tout simplement. Évidement son histoire lui pesait toujours sur les épaules, mais elle lui semblait plus légère. La culpabilité était toujours présente, dans un coin de sa tête, que ce soit quand elle embrassait William où quand elle s'égayait comme une enfant à l'approche des fêtes, mais elle n'avait plus peur d'être heureuse.

La jeune femme passa ses bras dans le cou de William avant de l'embrasser à nouveau. Il était plutôt rare que l'infirmerie soit déserte et il aurait été bien dommage de ne pas profiter de ce moment en tête à tête, cela arrivait trop peu souvent. C'était bientôt l'heure du déjeuner, il se passerait donc un bon moment avant que quelqu'un ne débarque parce que son camarade lui avait planté sa fourchette dans la main ou parce qu'il avait essayer de battre le record de celui qui mangeait le plus de sorbet au citron avant de vomir. Rachelle et William avaient largement le temps d'en profiter...

Décembre, William n'aimait pas le mois de décembre. C'était la période où toute la famille se réunissait, la période où l'absence des personnes auxquelles on tenait le plus semblait plus évidente. Comme si une flèche lumineuse clignotait au dessus des chaises vides, comme pour rappeler que l'être cher ne reviendrait plus jamais, partit pour toujours. C'était tellement difficile de faire semblant d'être heureux alors que la douleur était encore présente, amplifiée par la joie des autres. Toute cette joie de vivre faisait mal à William, tous les ans depuis plus de cinq ans maintenant. Il sentait qu'il replongeait cette année encore, que sa mauvaise humeur, sa tristesse et sa colère prendraient la place de sa gaité habituelle. Mais cette année, il devait éviter de laisser les émotions l'envahir. Il devait trouver la force de rester joyeux et pour cela, il avait une petite idée.

Une petite visite à Rachelle s'imposait, il avait besoin de la revoir et l'heure du déjeuner approchait, il y aurait certainement peu d'élèves pour accaparer son infirmière préférée. Il toqua légèrement à la porte de l'infirmerie en priant pour cette dernière soit vide. Lorsque Rachelle ouvrit la porte de son entre un sourire vint éclairer son visage quand elle le reconnut. William lui rendit son sourire quand elle lui demanda faussement professionnel,

"Qu'est ce que je peux faire pour vous ?"

Will se rapprocha un peu plus de la porte et murmura sur un ton faussement paniqué.

"Il faut m'aider Mademoiselle, j'ai mal."

Rachelle jeta alors un coup d’œil dans le couloir et posa ses lèvres sur les siennes en l'entrainant à l'intérieur. Elle lâcha ses lèvres et ferma la porte de l'infirmerie, Will remarqua aussitôt le sapin et les décorations de Noël qui ornaient les lits.

"C'est chouette non ? J'ai fait ça ce matin !"

Le jeune homme détailla la pièce du regard, il fallait avouer que c'était très mignon. Il se força à sourire, il y avait eu une époque où il aimait Noël, les sapins et les décorations vertes et rouges. Rachelle semblait clairement aimer cette période de l'année, il ne pouvait pas gâcher sa joie.

"Oui, c'est vraiment mignon. Tu devrais te reconvertir en décoratrice d'intérieur."

Il lui lança un petit sourire taquin avant de s'approcher d'elle et de lui caresser tendrement la joue. Plus il passait de temps avec elle et plus il l'aimait, elle était drôle, intelligente, gentille. Elle avait toutes les qualités du monde et pour lui c'était la plus belle de toute. Elle passa alors ses bras autour de sa nuque et l'embrassa à nouveau. Le jeune homme lui rendit son baiser avant de la prendre dans ses bras et de la déposer délicatement sur un lit vide.

Ils avaient de la chance, aucun gosse ne s'était étouffé avec sa purée et ils pouvaient profiter de l'infirmerie comme ils le désiraient.

Rachelle observa William du coin de l’œil alors que celui-ci détaillait la pièce du regard. Elle pouvait remercier ses études de psycomagie de lui avoir appris à analyser les gens, même si ça agaçait prodigieusement certaines personne -son frère, pour ne pas le nommer- car elle n'eut aucune difficulté à réaliser que le jeune homme n'avait pas l'air au mieux de sa forme. Elle l'avait connu plus joyeux, et se demandait si cette morosité qu'il refusait de laisser apparaitre était liée à l'approche des fêtes. Peut-être était-ce lié à l'absence de son frère ou de ses parents, chose que Rachelle ne pouvait que comprendre, mais elle n'osa pas poser la question.

Elle avait appris à oublier les absents en cette période de joie, à mettre sa tristesse de coté et à donner le change pour ceux qui étaient toujours présents. Elle s'était toujours refusé à altérer le bonheur des autres avec ses pensées douloureuses, surtout au moment de noël. Elle préférait nettement essayer de communiquer autant de joie qu'elle le pouvait aux gens qui l'entourait. Le noël de sa troisième année en médicomagie, elle avait été de garde à Ste-Mangouste et avait eu le cœur brisé en voyant tous les enfants qui devraient passer le 25 Décembre à l’hôpital, elle avait tout fait pour essayer de leur rendre ce moment aussi agréable que possible. Elle détestait voir les gens malheureux, plus particulièrement au moment des fêtes. Et William ne faisait pas exception, elle était bien décidée à lui redonner le sourire.

Ce dernier finit par lui lancer avec un sourire taquin qu'elle devrait se reconvertir en décoratrice d'intérieure et Rachelle éclata de rire. Elle n'avait jamais vraiment eu la fibre artistique. Elle n'était pas assez fantaisiste, elle aimait quand les choses étaient carrées, rangées, à leur place. Elle aimait trop l'ordre et l'organisation et pas assez le risque et l'innovation. Alors que le jeune homme lui caressait la joue, Rachelle se hissa sur la pointe des pieds pour l'embrasser passionnément. William répondit à son baise et elle sentit ses pieds quitter le sol quand il la prit dans ses bras pour la déposer sur le lit le plus proche.

"Est-ce vraiment sérieux ?" chuchota-t-elle, ponctuant sa phrase d'un clin d’œil pour signifier qu'elle n'avait pas la moindre envie d'être sérieuse.

Un sourire mutin étira les lèvres de l'infirmière avant qu'elle ne vienne à nouveau capturer les lèvres de son amant. Pour une fois qu'ils étaient seuls, ils pouvaient bien en profiter. Il fallait dire qu'avec leurs emplois respectifs ils n'avaient pas beaucoup d'occasion pour se voir, entre les soirées que William passait avec des élèves en retenue et les nuits que Rachelle passait au chevet d'élèves malades. Commençant à sentir que ses vêtements étaient de trop, la jeune femme se redressa juste assez pour se débarrasser de sa blouse, révélant un chemisier dont elle défit les premiers boutons, laissant le loin à William de s'occuper des suivants.

L'infirmerie n'était pas forcément le lieu le plus approprié mais il n'y avait aucune chance pour qu'on les y surprenne à cette heure-ci, tout le monde devait être dans la grande salle, en train de déjeuner sous l’œil vigilant des professeurs. Rachelle avait toujours été une adolescente et une jeune femme très sage -trop diraient certains- elle pouvait bien se permettre quelques bêtises, histoire de se rattraper. Et puis c'était plutôt excitant, à vrai dire, de ne pas respecter le règlement. Elle se sentait comme une adolescente qui aurait eu peur de se faire prendre par le concierge, occupée dans un placard avec son petit ami. Sauf qu'elle, elle avait très peu de chance de se faire sermonner par le concierge.

Irving marchait d’un pas rapide dans les couloirs de l’école en se tenant l’œil gauche. Il ne savait pas ce que l’on pouvait ressentir en buvant un filtre de Confusion, mais il savait combien c’était douloureux de s’en prendre dans l’œil. En effet , durant le cours de potion, il s’était un peu trop penché sur le chaudron de sa voisine, Joy Highlands. La jeune fille était particulièrement douée dans cette matière et le Gryffondor avait voulu s’assurer que sa propre potion était en tout point semblable à celle de la nouvelle capitaine des Verts et Argent. Malheureusement, c’était loin d’être le cas : la texture et la couleur n’avaient rien à voir, et lorsqu’Irving s’était penché légèrement pour en humer le parfum, une bulle d’air avait éclatée à la surface du liquide, projetant un peu de filtre dans l’œil du jeune homme. En entendant son cri d’effroi, le professeur Adamson avait immédiatement accourue à ses côtés avant de lui donner l’autorisation de rejoindre Miss Bloomwood pour se faire soigner.


Irving arpentait donc les étages en grimaçant de douleur et d’inquiétude: Il ressentait de puissants élancements sous sa paupière et il avait clairement perçut une sensation de vive brulure lorsque la potion était entrée en contact avec son œil, qui depuis, n’arrêtait pas de pleurer. Il allait peut-être le perdre et finir comme cet Auror célèbre qui avait disparut en escortant Harry Potter. Irving ne se souvenait plus de son nom, mais il revoyait parfaitement son horrible visage qui était représenté dans leur livre d’histoire de la Magie.
Sans trop savoir pourquoi, le Gryffondor pressa le pas et se mit même à trottiner. Plus il attendrait, plus le filtre de confusion pourrait agir en lui rongeant littéralement l’œil de manière irréversible!

C’est donc particulièrement essoufflé qu’il déboucha enfin devant la porte de l’infirmerie. Tellement obnubilé par la perte future de son œil, il pénétra en trombe dans la pièce sans frapper, une main toujours plaquée sur sa paupière.

« Miss Bloomwood ! Je…. OH-BORDEL-DE-TROLL!s’exclama-t-il , son œil valide s’arrondissant de stupeur devant le spectacle qui s’offrait à lui, Euh…scusez-moi! » balbutia-t-il en tâtonnant pour rattraper le loquet de la porte qu’il tira sur lui en retournant précipitamment dans le couloir.

Ok.
Tout allait bien. Il n’avait rien vu.
Non, ce n’était pas le soutien-gorge (rose pale avec des petites broderies violettes) de Miss Bloomwood qu’il avait entraperçu quelques secondes plus tôt. Ce n’était pas non plus la main du concierge qu’il avait vu posé sur une partie de l’anatomie de l’infirmière qui était généralement caché par une blouse bien trop longue.
C’était forcément un effet secondaire du filtre de confusion songea-t-il sans parvenir toutefois à maitriser le petit sourire qui fleurissait sur ses lèvres… Ainsi donc, William Silverster portait des caleçons… Irving l’aurait plutôt vu dans la Team des Slips pourtant. Le sourire du jeune homme finit par s’élargir, tandis qu’il prenait pleine mesure de ce qu’il venait de voir. L’Infirmière et le concierge. Tous les deux. Sur un lit. Très légèrement vêtu.

Bien sûr, la situation était embarrassante -il aurait clairement dû frapper avant d'entrer- mais il fallait avouer que c'était surtout très drôle ( et un peu excitant aussi, mais ça c'est une autre histoire...). Irving se mit donc à glousser comme un benêt en tenant toujours son œil fermement.
Bloomwood et Silverster ! Il détenait le scoop du siècle ! Il se voyait déjà en train de raconter ça à ses copains dès le repas de midi, et à coup sûr, il allait faire des malheureux ! En effet, la jolie infirmière rencontrait beaucoup de succès auprès des élèves. Irving lui-même lui trouvait un certain charme … D’ailleurs, il l’aurait plutôt vu avec un gars nettement plus classe que Silverster ! Un médicomage de St-Mangouste par exemple, pas un agent d'entretien !

Néanmoins, avant de narrer la jolie fable de « la Belle et l’Concierge » à qui voulait l’entendre, il devait, dans un premier temps, se faire soigner. Il massa donc son visage pour faire disparaitre le petit rictus moqueur qu’il avait au coin des lèvres puis il frappa à la porte, tendant l’oreille contre la cloison afin d’être sûr qu’on l’invite à entrer cette fois.

Dès qu’on lui eut donné l’autorisation, il pénétra dans la pièce et resta devant la porte, son œil valide se posant sur l’arbre de Noel qui ornait l’infirmerie.

« Très joli Sapin… » commenta-t-il sans parvenir à effacer complètement son sourire. Il jeta alors un regard lourd de sous-entendus aux deux adultes avant de reporter son attention sur ses vieilles baskets afin de masquer son rire qu’il ne pouvait vraiment plus contenir.

"Est-ce vraiment sérieux ?"

Non ce n'était pas sérieux, ce n'était pas professionnel ou tout ce que vous voudrez, mais William n'avait pas envie d'être sérieux et d'après le clin d’œil qui ponctua sa question, Rachelle non plus n'en avait pas envie. Il esquissa un sourire avant d'embrasser tendrement sa belle. Il avait bien l'intention d'en profiter, entre les retenus qui lui prenait une bonne partie de son temps et les malades qui accaparaient Rachelle, ils n'avaient pas beaucoup de temps pour eux. Alors ce petit moment était tout simplement divin, plus rien n'existait à part les lèvres de la jeune femme contre les siennes. Plus aucun soucis en tête, il n'avait même pas l'appréhension de se faire prendre. Tout ce qui n'était pas Rachelle n'existait plus.

Il la vit se redresser légèrement afin de se débarrasser de sa blouse, il se recula un peu et se débarrassa de sa robe de sorcier, ainsi que de son pull et de son T-Shirt. Il se pencha à nouveau sur son amante et captura à nouveau ses lèvres entre les siennes tout en défaisant un à un les boutons de son encombrant chemisier.

Dans un froissement de tissus, le vêtement tomba au sol tandis que Will déposait ses lèvres sur le nombril de la jeune femme avant de remonter vers sa bouche, il allait s'attaquer au soutien-gorge de son amante quand la porte de l'infirmerie s'ouvrit violemment.

« Miss Bloomwood ! Je…. OH-BORDEL-DE-TROLL!

William s'éloigna brusquement de Rachelle et se tourna vers l'envahisseur qui n'était autre qu'Irving Whitaker. Ce dernier semblait d'ailleurs très embarrassé puisqu'il bafouilla "Euh…scusez-moi!" avant de sortir en refermant la porte de l'infirmerie.

Le concierge s'aperçut alors qu'il ne portait plus que son caleçon et rougit légèrement, il siffla entre ses dents.

"Et merde ! Il manquait plus que ça."

Le jeune homme entreprit de se rhabiller et se tournant vers Rachelle, il murmura afin que le gamin de l'autre côté de la porte n'entende pas, on savait jamais.

"Je suis désolé, j'aurais dû penser à verrouiller la porte."

Il ne regrettait absolument rien, de toute façon leur liaison allait bien finir par être découverte un jour. William n'avait pas honte d'être amoureux de Rachelle. Il espérait juste que cette dernière ne mette pas fin à leur relation par peur des commérages. Parce que maintenant, il pouvait être sûr que toute l'école allait être au courant. Il poussa un soupir et demanda,

"Tu es prête à affronter Whitaker ?"

Il esquissa un sourire avant d'embrasser son infirmière. Le gryffondor entra alors dans la pièce un léger sourire aux lèvres. Il ne semblait pas beaucoup malade, alors pourquoi les avait-il dérangé ?

Les vêtements de Rachelle et William tombaient les uns après les autres sur le sol tandis que l’infirmière frémissait sous les caresses de son amant. Elle l’embrassa tendrement avant de s’attaquer à la boucle de sa ceinture avec un sourire mutin. Elle venait de le débarrasser de son pantalon quand la porte de l’infirmerie s’ouvrit brusquement, les faisant se redresser tous les deux. Ils se retrouvèrent face à un Irving Whitaker médusé qui laissa échapper un juron avant de s’excuser précipitamment et de refermer la porte sur lui. Les joues brulantes et probablement écarlates, Rachelle échangea un regard horrifié avec William qui se rhabillait précipitamment. Ah oui, se rhabiller, excellente idée.

Elle attrapa le premier pull qui lui tomba sous la main, l’enfila, se rendit compte que c’était celui de William, l’enleva, le lui tendit, attrapa son chemiser, le mit à l’envers, et entreprit de le refermer en oubliant au moins un bouton sur deux. Son esprit affolé cherchait vainement à mettre un mot sur ce qui venait se passer. C’était…c’était…

« Bordel de Troll ! » finit-elle par souffler.

Elle ne savait pas qui était à l’origine de cette expression, mais il fallait avouer que c’était pas mal. Ca faisait du bien. William s’excusa de ne pas avoir pensé à verrouiller la porte et elle le pardonna d’un sourire.

« C’est pas grave » le rassura-t-elle.

Enfin ça l’était un peu, mais pas trop. Du moins elle l’espérait. Elle ne craignait pas vraiment pour son poste, elle avait derrière elle cinq années de bons et loyaux services sans la moindre bavure, et puis il y avait peu de chances que cela arrive aux oreilles de McGonagall, normalement. Mais il y avait fort à parier que d’ici…Environs une demi-heure, la moitié du château serait au courant. Non pas que cela la dérangeait plus que ça, mais elle aurait préféré en informer ses collègues avant plutôt qu’ils ne l’apprennent parce qu’un élève les avaient surpris dans l’infirmerie. Coté sérieux et professionnalisme on avait fait mieux. William la tira de ses pensées et la détendit un peu en déposant un baiser sur ses lèvres. Il lui demanda si elle était prête à affronter Whitaker et elle hocha la tête. Mieux valait ne pas trop le faire patienter derrière la porte. Elle détestait faire attendre les élèves. Bon, ça n’avait pas l’air d’être une urgence, mais il était tout de même préférable de s’occuper du jeune homme au plus vite.

« Entrez » lança-t-elle finalement tout en faisait des efforts pour s’empêcher de rougir comme une adolescente.

Le Gryffondor s’exécuta et ce n’est qu’à cet instant qu’elle remarqua qu’il gardait une main sur l’œil, et également qu’il ne pouvait s’empêcher de sourire. Ca y est, elle rougissait. Il complimenta le sapin qui se trouvait au centre de la pièce tout en jetant à Rachelle et William un regard lourd de sous-entendus.

« Merci Irving, répondit-elle avec un sourire. Et hum…Désolée. »

Elle appelait tous les élèves par leurs prénoms, estimant qu’imposer une distance entre patient et infirmière n’était pas forcément nécessaire. Néanmoins, après coup, elle se dit qu’un peu de distance n’aurait pas été de trop cette fois-ci. Rachelle vit alors le Gryffondor baisser les yeux pour étouffer un éclat de rire et, malgré elle, elle laissa échapper un éclat de rire nerveux à son tour. Eclat de rire qui fut suivit par un autre, et un autre. Rire n’était absolument pas la chose à faire et elle le savait très bien, mais de toute façon elle avait probablement perdu toute crédibilité auprès du Gryffondor. Et puis, ce n’était qu’en évacuant la tension qu’elle parviendrait à retrouver son sérieux. Elle se reprit néanmoins rapidement, adressa un regard d’excuse à William, et s’adressa à l’adolescent sur un ton plus professionnel.

« Qu’est-ce qui t’arrive ? J’imagine que ce n’est ni une chute dans les escaliers ni une rencontre avec une jeune Poufsouffle et un chat enragé cette fois… »

Elle ne pouvait que se rappeler de cette fois, il y a quelques mois, où le Gryffondor l’avait réveillée en pleine nuit, une cheville cassé, de la terre plein les cheveux et des écorchures partout avant de lui servir une histoire des plus abracadabrantes. Décidément, il fallait toujours qu’il arrive à des moments incongrus.

*Ne pas rire. Ne pas rire. *

Irving tentaient vainement de se raisonner devant le ridicule de la situation. Bordel de Troll ! Bloomwood et Silverster ! Remarque, il pouvait bien rigoler un peu puisque l’infirmière elle-même semblait être en proie à un véritable fou-rire. Cependant, Irving n’osait pas trop lever les yeux vers le concierge de peur que celui-ci soit de moins bonne humeur que sa petite-amie ! Finalement il s’en passait des choses derrières les murs de Poudlard. D’ailleurs, depuis la Laponie, il y avait un nouveau ragot qui portait justement sur une liaison entre Chloé Hellsoft et Peter Virtanen, le briseur de punk. Lorsqu’Irving avait entendu cette information de la bouche de Rebbeca Edelstein qui jacassait dans la salle commune, le jeune homme s’était immédiatement demandé si l’enseignant en Runes était le père du bébé de sa directrice. Néanmoins, il n’avait pas osé sous-entendre quoique ce soit durant les heures de soutien qu’il faisait chaque semaine avec Chloé. Pourtant, ils parlaient souvent de choses personnelles entre deux révisions et Irving avait vraiment découvert son enseignante sous un jour nouveau grâce à ces moments privilégiés mais il ne se serait jamais permis de l’interroger sur sa vie privée… Il faudrait peut-être qu’il ait de nouveau une petite conversation avec Maeva, par contre.

« Qu’est-ce qui t’arrive ?demanda alors l’infirmière après s’être ressaisie, J’imagine que ce n’est ni une chute dans les escaliers ni une rencontre avec une jeune Poufsouffle et un chat enragé cette fois… »

Irving releva la tête en direction de l’infirmière avant d’esquisser un léger sourire en souvenir de cette soirée dans la forêt avec Nora. Il savait très bien que Miss Bloomwood n’avait pas cru à leur récit pour le moins rocambolesque, mais la jeune infirmière n’avait pas posé davantage de questions. Elle s’était contentée de soigner sa cheville cassée et leurs nombreuses écorchures sans chercher à en savoir plus. Irving était sûr que, s’ils avaient croisés Silverster cette nuit là, il aurait été nettement moins clément avec lui et Nora ! D’ailleurs Donald lui avait raconté qu’il faisait des travaux d’intérêt généraux pour le concierge depuis plusieurs semaines. Ce type était vraiment sadique!

* A Poudlard on s’ennuie !
Vous voyez Silverster,
On peut pas rire avec lui,
il vous colle à toute heure ! *

Pourquoi toutes les femmes honorables de Poudlard se mettaient-elles en couple avec les pires mâles de l’école ! Il espérait d’ailleurs que la Rockeuse Margot Adamson se caserait avec un chic type dans le genre de Nolan, histoire de relever un peu le niveau ! Enfin pour le moment, il devait surtout répondre à la question de l’infirmière afin qu’elle puisse soigner son œil.

« J’ai reçu un peu de filtre de confusion dans l’œil, répondit-il en venant s’asseoir sur le lit qui faisait face à Rachelle, sur le coup ça m’a brulé et maintenant mon œil me pique et fait que pleurer… » ajouta-t-il en enlevant sa main qui protégeait son œil blessé pour que l’infirmière puisse l’examiner.

C’est à ce moment là que son œil valide se posa sur le chemisier mal reboutonné de la jolie Miss Bloomwood, qui laissait de nouveau entrapercevoir sa lingerie fine.

*Oh Putain d’Bordel de Troll* songea Irving en se reculant brusquement sur le lit, un peu effrayé par ses propres pulsions…


« Euh…commença-t-il un peu mal à l’aise suite à son mouvement de recul soudain, vous avez boutonné Mardi avec Mercredi, lança-t-il en pointant du doigt la chemise de la jeune femme. Il reporta alors son attention William Silverster qui était toujours dans un coin de la pièce et haussa les épaules avant de déclarer :

« Vaut mieux qu’ça soit moi qui lui dise plutôt qu’un autre élève non ? »

Rachelle hocha la tête lorsqu'il lui demanda si elle était prête à affronter leur envahisseur. Elle ordonna ensuite à ce dernier d'entrer, ce qu'il fit en souriant. Rachelle l'accueillit en souriant et en l'appelant par son prénom, ce qui surpris légèrement William, mais après tout c'était peut-être mieux ainsi, ça instaurait une certaine confiance entre l'élève malade et elle. C'était plutôt une bonne idée. Will se mit alors à rougir légèrement alors qu'Irving la tête baissée tentait surement d'étouffer un fou-rire.

Soudain Rachelle pouffa de rire à son tour, surpris, William tourna vivement la tête dans sa direction. Ce fou-rire était certainement nerveux, d'ailleurs lui même ne pouvait s'empêcher de sourire bêtement en repensant à la scène qui venait de se dérouler. Le jeune homme ferma les yeux un instant pour se donner la force de ne pas rire à son tour. Cependant, la question de Rachelle pour Irving le ramena sur Terre. Il fallait qu'il la laisse travailler. Il se posta donc dans un coin de la pièce et observa Irving raconter ses soucis à Rachelle.

Il grimaça légèrement lorsque ce dernier annonça qu'il avait de la potion de confusion dans l’œil. Ça devait quand même faire mal, il n'aurait pas non plus apprécié plus que ça d'avoir un truc dans l’œil. C'est alors que le Gryffondor fit remarquer à Rachelle que son chemisier était mal boutonné, la première réaction de William fut de regarder Irving les yeux écarquillés. Il ne s'attendait pas du tout à ce que le jeune homme soit aussi direct et la façon dont il l'avait dit était juste tellement, c'était mignon et en même temps tellement drôle qu'il dut se mordre la lèvre pour ne pas éclater de rire.

« Vaut mieux qu’ça soit moi qui lui dise plutôt qu’un autre élève non ? »

William ne put se retenir plus longtemps et explosa de rire. Ce gosse était trop fort. Vraiment trop fort, il ne savait pas s'il en faisait exprès mais il était doué.

Tout en souriant lorsqu'elle évoqua leur dernière rencontre, Irving expliqua qu'il avait reçu quelques gouttes de filtre de confusion dans l’œil. Rachelle grimaça, il n'était jamais bon de se revoir une potion qui ne soit pas médicinale dans les yeux. On devrait leur faire porter des lunettes en cours de potions. Le jeune homme ajouta que cela l'avait brûler sur le moment et que depuis son oeil n'arrêtait pas de pleurer. C'était plutôt bon signe, le corps évacuait la substance étrangère tout seul. Peut-être que quelques gouttes d'eau stérilisée aiderait à finir le processus. Souhaitant tout de même vérifier que la cornée n'était pas endommagée. Elle invita le Gryffondor à s'asseoir sur un des lits et s'approcha de lui après s'être méticuleusement lavé les mains.

"Penche un peu la tête en arrière, demanda-t-elle alors que l'adolescent enlevait la main qui couvrait son œil pour qu'elle puisse l'observer. C'est bien, regarde un peu en haut... Elle éclaira faiblement l'extrémité de sa baguette d'un Lumos pour pouvoir l'examiner sans trop l'éblouir. Il ne semblait pas y avoir de dégâts. En bas..."

Elle l'avait à peine effleurer du bout des doigts pour écarter légèrement les paupières qu'il avait un brusque mouvement de recul. Un peu déstabilisée Rachelle craint de l'avoir blessé et l'interrogea du regard mais le jeune homme paraissait étrangement gêné. Il commença par un "euh...." mal assuré et Rachelle l’encouragea d'un sourire.

"Je t'ai fait mal ?" s'inquiéta-t-elle en pensant qu'il ne voulait pas la blesser en lui reprochant d'avoir été trop brusque ou d'avoir manqué d'attention.

Cependant, la gêne de l’adolescent n'avait rien à voir avec une quelconque douleurs puisqu'il répondit finalement qu'elle avait boutonné Mardi avec Mercredi. Pourquoi est-ce qu'il parlait de jours de la semaine ? Rachelle fronça les sourcils, on était jeudi. Visiblement le filtre de confusion avait des effets même lorsqu'il était reçu dans l’œil...Ce n'est que lorsqu'Irving pointa son chemisier et qu'elle baissa les yeux qu'elle comprit. Ah oui, elle s'était trompé de boutons. Rougissante, elle se tourna dos à l'adolescent et réajusta son chemisier. Elle entendit le Gryffondor s'adresser à William en assurant qu'il valait mieux que ce soit lui qui le remarque plutôt qu'un autre élève. Certes, vu comme ça...Rachelle échangea un regard amusé avec Will, qui venait d'exploser de rire, avant de faire de nouveau face à Irving.

"Hum, merci, lança-t-elle, les joues encore roses, avant de prendre un ton plus professionnelle. La seule chose à faire est de rincer, la cornée n'est pas abimer, il faut juste que l’œil pleure. Je vais le nettoyer avec un peu d'eau stérilisée. Elle fit venir à elle une fiole du produit en question et l'ouvrit. Tu vas pleurer encore un moment, peut-être une petite heure, et ça devrait s'arrêter. D'un coup de baguette elle fit léviter trois gouttes du liquide. Penche encore la tête en arrière, parfait, et ne ferme pas les yeux. Elle déposa les quelques gouttes de produit juste sur l’œil du Gryffondor. Et voilà !"

La magie était bien pratique pour ce genre d'opération. Cela évitait des dizaines de tentatives ratés où les gouttes terminaient partout sauf dans l’œil. Elle se demandait comment faisait les médicomages moldus. Ces médecins devaient vraiment être très doués.

"C'est bon tu es sauvé, assura-t-elle à Irving. Si tu ressens encore une gêne, ou si ça te brûle, d'ici quelques heures, tu peux repasser mais normalement ça devrait aller. Oh et...frappes cette fois-ci" ajouta-t-elle en souriant, décidant que prendre la situation avec humour était la meilleure chose à faire.

Alors qu’il venait de dire à la jolie infirmière qu’elle avait boutonnée Mardi avec Mercredi, cette dernière ne sembla pas saisir la métaphore. Elle fronça les sourcils quelques secondes, ci bien qu’Irving désigna les boutons de son propre uniforme pour lui faire comprendre qu’il parlait de son chemisier. Lorsqu’elle se rendit compte de son erreur, elle lui tourna brusquement le dos en rougissant. Irving, légèrement gêné, haussa les épaules en reportant son attention sur Silverster. Il n’avait pas envie que le concierge s’énerve en pensant qu’il se rinçait l’œil en observant le décolleté de sa copine. C’est juste, qu’assis sur le lit, il était vraiment pile à la bonne hauteur…

Mais contre toute attente, Silverster ne s’impatienta pas puisqu’il éclata même d’un rire franc. Irving esquissa une grimace/sourire, sans savoir s’il pouvait rigoler tranquillement avec le concierge ou s’il valait mieux éviter. Dans le doute, il se contenta de hocher lentement la tête avant que Rachelle Bloomwood ne se tourne vers lui, son chemisier bien reboutonné cette fois.

"Hum, merci, lança-t-elle, le teint rougissant.
« Pas d’quoi, répondit-il en reportant son regard sur ses mains. Oui, il valait mieux qu’il baisse les yeux et qu’il ne laisse pas trop son regard vagabonder dans la pièce. On ne sait jamais, il aurait pu tomber sur ça, ou pire, sur ça. Là, ça aurait vraiment tué le mythe.

La jeune infirmière se chargea ensuite de lui nettoyer la cornée en lui disant que ce n’était pas alarmant et que son œil allait juste pleurer pendant un moment.

« J’me doutais qu’c’était pas très grave, finit-il par dire en penchant la tête en arrière, mais c’est l’professeur Adamson qu’a insisté pour qu’j’vienne… » Ajouta-t-il, bien que ce ne soit pas tout à fait l’exacte vérité. Miss Bloomwood déposa quelques gouttes de collyre dans son œil malade avant de s’exclamer :

« Et voilà ! C'est bon tu es sauvé ! »

-Merci . Souffla-t-il en résistant à la tentation de se gratter la paupière frénétiquement. Il se leva du lit, cligna des yeux quelques secondes pour s’assurer qu’il ne ressentait aucune gêne puis il s’éloigna finalement en direction de la sortie. L’infirmière l’informa qu’il pouvait repasser s’il percevait une nouvelle douleur et le gryffondor hocha la tête en attrapant la poignée de la porte d’entrée.

« Oh et...frappes cette fois-ci" ajouta Miss Bloomwood avec un air espiègle.

Irving pouffa avant de reporter son attention sur le concierge puis sur l’infirmière. Merlin, il n’arrivait toujours pas à s’en remettre que ces deux là soient ensemble ! Néanmoins, il arbora un large sourire avant de répondre

« Promis ! »

Le jeune homme quitta la pièce et dévala les escaliers qui descendait à la Grande Salle. Il devait absolument raconter ce qu’il venait de voir à Danny !

William tenta de reprendre son calme aussi vite qu'il put, rigoler des âneries des élèves n'étaient pas vraiment conseillé, surtout s'il voulait montrer que malgré son jeune âge, il était capable de remplir la mission qu'on lui avait confié. D'un autre côté, ça montrer une image plus humaine de lui, il n'était pas uniquement l'homme qui mettait des retenues, lui aussi était capable de rire comme un adolescent. D'ailleurs ça faisait du bien, surtout depuis le temps qu'il se retenait.

Le jeune homme observa Rachelle soigner Irving, il détailla chacun de ses gestes comme envouté. Elle était vraiment belle, un rayon de soleil filtré par l'une des fenêtre de l'infirmerie vint éclairer le visage de l'infirmière, la rendant encore plus désirable si c'était possible.

Lorsqu'elle annonça au Gryffondor qu'il était sauvé, William sourit légèrement en pensant qu'ils allaient enfin pouvoir reprendre là où ils s'étaient arrêtés. Irving sortit alors de la pièce sur les dernières recommandations de Rachelle qui ajouta d'ailleurs que la prochaine fois, il ferait mieux de frapper avant d'entrer, ce qui arracha un autre sourire au concierge.

Une fois le jeune homme partit, Will se leva et verrouilla la porte de la pièce, il ne se ferait pas avoir deux fois. Il se dirigea alors vers son amante et lui murmura doucement à l'oreille.

"Où en étions nous avant d'être interrompu ?"

Puis sans attendre de réponse, il embrassa la jeune femme dans le cou tout en défaisant un à un les boutons de son chemisier.