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While your lips are still red (Théo et Margot)

Théo Nott
Théo NottBibliothécaire
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Profil Académie Waverly
While your lips are still red (Théo et Margot) Icon_minitimeSam 27 Oct 2012 - 18:06

Samedi 29 octobre 2006


Assis sur le sol de pierre de la tour d’astronomie, Théo Nott était absorbé par la lecture d’un manuel ancien qui traitait de sortilèges d’un niveau magique avancé. Celui qui l’intéressait plus particulièrement était devenu illégal après la première guerre contre le Seigneur des Ténèbres, tout comme une série d’autres maléfices, potions et différents procédés magiques qui avaient été détournés de leur usage d’origine à des fins répréhensibles.

Théo était tellement absorbé par sa lecture qu’il ne réalisa pas que le soleil se couchait et qu’il n’aurait bientôt plus assez de lumière pour lire. Il ne s’aperçut pas plus de l’arrivée d’une autre personne, jusqu’à ce que la sorcière en question se racle la gorge doucement. Relevant la tête, Théo détailla du regard l’arrivante, emmitouflée dans une cape chaude couleur émeraude. Sa longue chevelure, laissée libre, fouettait son visage au gré du vent froid d’octobre.

« Bonsoir, Théo », le salua l’enseignante avant d’aller s’appuyer contre le mur de pierre.

« Bonsoir, professeur. »

Sans mot dire, Théo se leva, s’étira pour soulager ses membres engourdis, et alla s’installer à côté d’elle. Il observa un moment son visage fermé, et songea qu’elle avait l’air encore plus morose que lui, pour une fois. Ce qui n’était pas peu dire, il fallait bien l’avouer… Bientôt, Margot parut se lasser de darder son regard noir sur le soleil couchant, et, tournant la tête vers son élève, elle lut le titre de son manuel. Plissant imperceptiblement le nez, Margot se contenta de demander d’un ton neutre :

« Qu’est-ce que tu étudies ? »

Cela faisait longtemps que les deux sorciers avaient pris l’habitude de se tutoyer, lorsqu’ils étaient seuls. Aux yeux de Théo, Margot Adamson était l’une des rares personnes à Poudlard qui soit dotée d’un cerveau. Même si elle ne s’en servait pas souvent pour la bonne cause, cela lui avait permis d’obtenir le respect du jeune homme. Or, il avait l’impression récemment qu’il n’était pas le seul à retirer quelque chose de positif de leurs conversations, et qu’elle aussi appréciait ces rares moments. Peut-être parce qu’ils étaient à la fois suffisamment semblables pour se comprendre, et trop différents pour que l’opinion de l’autre importe réellement.

Toujours est-il que Théo choisit, comme bien souvent, de répondre avec sincérité à la question de l’enseignante, quitte à s’attirer ses reproches. Et, comme toujours, c’était bon de de se débarrasser de cette hypocrisie du quotidien, cette hypocrisie selon laquelle il avait sa place dans ce château, ou selon laquelle il partageait toutes ces valeurs et ces opinions que l’on jugeait politiquement correctes.

« Je viens de lire le chapitre qui concerne le sortilège d’empathie inventé par le professeur Derek dans les années 40. Et… »

Aussitôt, Théo sentit le poids du regard glacé de Margot se poser sur lui.

« Et ? », s’enquit la sorcière d’une voix coupante.

« Et je ne comprends pas pourquoi on l’a interdit. Je veux dire…en fait, c’est toujours le même problème. Tout dépend de l’utilisation que l’on en fait. Si on s’en sert à bonne escient… »

« La réponse est dans ta question. Il n’était pas utilisé à bon escient. »

Théo balaya l’argument d’un haussement d’épaules dédaigneux.

« C’est évident, mais par une fraction de sorciers uniquement. Le peu de personnes qui l’ont utilisé pour faire du mal ne suffisent pas à compenser toutes les fois où ce sortilège a été utilisé pour faire le bien, pour accroitre la compréhension entre êtres humains… »

« Le peu de personnes ? Théo, ce sortilège est dangereux. Il est puissant, et à moins d’être bien maîtrisé il peut causer de sérieux dommages à celui qui le jette comme à celui qui le reçoit. C’est différent encore de l’occlumancie, c’est comme…un échange, une fusion entre deux sorciers. C’est quelque chose d’intime, une expérience dont on sort changé. Des sorciers sont devenus fous, d’autres ont vu leur personnalité être affectée… »

« Peut-être », s’entêta le Poufsouffle, « mais tous les bienfaits… »

« Théo, je me demande parfois sur quelle planète tu vis. Ensuite je me rappelle que tu es un Nott. »

« Qu’est-ce que c’est censé vouloir dire ? Vous êtes la première à défendre le fait que notre nom ou notre maison ne conditionne pas qui nous sommes, n’est-ce pas ? En quoi le fait que je sois un Nott me rend incapable de comprendre ? En quoi cela me rend incapable d’empathie ? Si je pouvais essayer ce sortilège, je suis sûr que…»

« Très bien, essaie-le », le coupa Margot brusquement. « Sur moi, essaie-le. »

« Je croyais que c’était dangereux. »

Un sourire empreint d’ironie s’esquissa sur le visage de Margot. Dans l’obscurité grandissante de ce début de soirée, elle lui apparaissait froide et amère, peu encline à se montrer patiente. Lorsqu’il sortit sa baguette de sa poche, il était plus mû par l’envie de la comprendre que par celle d’essayer son sortilège. Les deux sorciers se firent face une seconde. L’attitude de Théo trahissait son hésitation, tandis que le regard de Margot exprimait le défi mêlé à un brin de colère. Elle ne l’en croyait pas capable, et cette constatation le poussa justement à prononcer le sortilège. Il vit l’incrédulité passer sur le visage de l’enseignante, bientôt remplacée par une lueur d’appréhension. Puis le sortilège opéra, la connexion s’effectua, et tout disparu dans un nuage de couleurs, d’émotions et de souvenirs.

Il se voyait désormais à travers ses yeux. C’était une impression tellement étrange, comme s’il était elle et lui à la fois. C’était comme s’il entendait ses pensées, éprouvait ses sentiments, ressentait ses sensations. La maladie, le froid, la tristesse, le doute, la confusion… Il ne s’attendait pas à cela. Il ne voyait que ce qu’elle voulait lui montrer, mais étonnamment, elle érigea peu de barrières. Comme si elle espérait que cette expérience lui serait profitable.

Elle voulait le changer, non, pas le changer, mais lui faire comprendre qu’il faisait fausse route. Pour la première fois depuis longtemps, Théo abandonna son arrogance. Il voulait comprendre son point de vue, il voulait savoir. Il voulait qu’on le détrompe et qu’on le remette sur le droit chemin, comme l’aurait fait l’autorité parentale dont il avait toujours manqué.

Soudain, il attrapa la main de Margot de sa main libre, et le lien s’intensifia.

*Montre-moi*, songea-t-il, et il fut soudain projeté loin dans le passé et dans les souvenirs de son professeur de potions.

*

Elle avait cinq ans, il en avait huit. La fillette courait après le petit garçon en riant aux éclats.
« Eric ! Eric ! Attend-moi ! »
Ils faisaient le tour de la maison, inlassablement, jusqu’à ce que Jack Adamson leur intime le silence. Eric se laissa alors rattraper, et Margot lui colla un gros bisou sur les lèvres avant de décréter qu’ils étaient amoureux maintenant, et qu’ils allaient se marier.

*

Margot avait onze ans, et resplendissait de bonheur et de fierté en marchant vers la table des vert et argent qui l’applaudissait. Eric lui adressait de grands signes ravis, et elle lui adressait son plus beau sourire, tandis que son cœur palpitait un peu trop vite. Un peu plus tard, un garçon au teint cireux et au nez crochu vint s’asseoir à ses côtés, l’air méfiant et un peu déçu.

*

Quatorze ans, un soir pluvieux de novembre, tout en haut de la tour d’astronomie. Leur premier vrai baiser.

*

C’était l’été. Dissimulée dans l’ombre de la bibliothèque, Margot écoutait la conversation entre son père, son petit-ami et le père de celui-ci. Elle ne pouvait entendre que quelques bribes de conversation, quelques mots épars.
« Résistance », « infiltration », « polynectar », « marque des Ténèbres », tout cela ne faisait que provoquer une peur sourde mêlée de fierté chez la jeune fille.
Elle savait que son père s’intéressait de très près à Vous-Savez-Qui, et elle savait qu’il faisait suffisamment confiance à Eric pour l’inclure dans ses plans. Elle aurait simplement voulu ne pas être aussi jeune, en avoir elle aussi terminé avec Poudlard, pour s’impliquer avec eux. Pour se sentir utile, et non impuissante et inquiète.

*

Ce fut au cours de sa septième année que tout changea. Lors d’une sortie à Pré-au-Lard, il lui glissa un collier autour du cou et lui fit une promesse, la promesse de ne jamais la quitter, et de l’épouser dès que « tout ça » sera fini. Toute à sa joie, Margot n’osa pas lui demander ce que « tout ça » signifiait, exactement. Après tout, elle lui faisait confiance, une confiance absolue que l’on n’accorde qu’aux personnes que l’on connait depuis toujours et qui ne nous ont jamais déçus.

Oh, bien sûr, dix-sept ans c’est jeune pour se fiancer, mais en temps de guerre l’âge ne compte plus, et l’on ne remet rien à plus tard…

*

Deux jours plus tard, Albus Dumbledore la convoqua dans son bureau. De son regard empreint de lassitude, elle devina qu’une tragédie était arrivée. Pourquoi, sinon, sa mère se serait-elle déplacée jusqu’à Poudlard ?

« Votre père et votre petit-ami n’ont été vus nulle part depuis quarante-huit heures. Les aurors ont de bonnes raisons de croire qu’ils ont rejoint le camp des mangemorts… Je suis désolé, mademoiselle Adamson. »

Désolé, Albus Dumbledore l’était tout autant deux mois plus tard. A nouveau, ce fut à lui qu’incomba la triste tache d’apprendre à un de ses élèves qu’une personne proche avait trouvé la mort. Margot pleura beaucoup son père, mais le plus dur ne fut pas la perte en elle-même. Le plus dur, ce furent les titres des journaux et surtout les regards chargés de haine que portaient sur elle ses anciens condisciples. On murmurait « mangemorte » et sur son passage, parce que c’est bien connu, « tel père, telle fille »…

Quant à Eric, un an s’écoula avant qu’elle n’ait à nouveau de ses nouvelles. Un an passé à guetter le moindre signe de vie, et à rater magistralement ses A.S.P.I.C.

Jusqu’au jour où une silhouette sombre parvint à s’introduire en douce dans l’enceinte de Poudlard, pour se glisser dans les cachots, où une élève se dirigeait justement vers sa salle commune. Lorsque Margot sentit une main se poser sur son épaule, et quelqu’un murmurer son prénom, elle le reconnut immédiatement. Eric… C’était lui, c’était bien lui, avec la même voix chaude, la même démarche, le même visage reconnaissable entre tous… Alors, elle l’entraîna dans un cachot sombre, le serra contre lui, l’embrassa à en perdre haleine, le dépêtra de sa robe de sorcier et…

Et s’immobilisa, foudroyée à la vue du tatouage, noir et immonde, qui couvrait son avant-bras. Eric saisit son menton et souleva son visage, posant sur elle un regard exalté.

« Rejoins-nous, Margot… Rejoins notre cause… »

Horrifiée, Margot écouta sans vraiment les entendre les flots de paroles qui s’échappaient de la bouche de son fiancé. Des mots sans sens, sans queue ni tête, des mots fous prononcés par un dément.

« Eric, attends une seconde, arrête, je…je ne comprends pas. Qu’est-ce qu’il s’est passé ? Qu’est-ce qui a changé ? Ils…ils t’ont lancé ce sortilège, n’est-ce pas ? Le sortilège d’empathie ? »

« Oui, oui, Margot, c’est ça. Et ma vie a changé. Si tu savais…Je n’ai jamais vu aussi clairement. »

« Qui ? Qui te l’a lancé ? »

« Le Seigneur des Ténèbres en personne. »

La fierté et l’adulation transparaissaient dans l’attitude d’Eric, et Margot se sentit soudain nauséeuse.

« Et mon père ? », finit-elle par murmurer d’une voix blanche.

« Il le lui a lancé aussi. Mais ton père a…résisté. »

S’en suivirent des explications confuses, des cris, des pleurs, et pour finir, la fuite. Et c’est ainsi que Margot perdu Eric. Il avait beau être toujours là, il n’avait plus rien du jeune homme brillant dont elle était tombée amoureuse. Il était devenu un soldat de plus dans l’armée de Vous-Savez-Qui.

Ce fut la dernière fois qu’elle le vit. Plus rien ne la retenait en Angleterre. Une semaine plus tard, Colleen et Margot Adamson partaient pour la France.

*


Le lien se brisa, et Théo s’appuya contre le mur de pierre, chancelant. Lancer ce sortilège l’avait privé de toute son énergie, et cela faisait beaucoup d’informations à assimiler. Bientôt, il se tourna à nouveau vers Margot et vit que la sorcière semblait particulièrement ébranlée. Il y avait de quoi, songea-t-il en pensant à ce qu’il venait d’apprendre. L’enseignante avait eu une longue journée.

« Tu comprends maintenant pourquoi ce sortilège est dangereux », murmura Margot après quelques instants de silence.

« Je ne suis pas sûr d’avoir compris. Votre père et votre fiancé ont tenté d’infiltrer les rangs des mangemorts ? Et ils ont été découverts ? »

Margot approuva d’un hochement de tête, et Théo fronça les sourcils.

« Dans ce cas, pourquoi le Seigneur des Ténèbres leur a-t-il lancé le sortilège ? Pourquoi ne pas les tuer, simplement ? »

« C’étaient deux sorciers de sang-pur, de bon niveau magique. Ils auraient fait de bonnes recrues, si seulement ils partageaient l’idéologie des mangemorts… Je suppose que Voldemort voulait simplement agrandir son armée. Leur imposer sa façon de voir les choses. La suprématie des sorciers, l’infériorité des moldus… Cela a fonctionné avec Eric, il l’a transformé en parfait petit soldat. Quant à mon père, je suppose que cela n’a pas marché. N’étant plus d’aucune utilité, il a fini par être tué. »

Théo médita pendant de longs instants. Malgré cette expérience si étrange qu’il venait de vivre, malgré ces évènements si durs qu’il venait de découvrir, il ne pouvait s’empêcher de conserver son idée de départ sur ce sortilège. Il se redressa et questionna Margot avec un soupçon d’impertinence.

« Il faut faire preuve de faiblesse d’esprit pour se laisser ainsi corrompre, perdre ses convictions, ne croyez-vous pas ? »

« Je ne sais pas. Je n’ai jamais vu Eric comme quelqu’un à l’esprit faible… Mais si c’est bien Lord Voldemort en personne qui lui a lancé ce sortilège, alors je peux comprendre. Imagines-tu pouvoir être lié à un esprit pareil, un esprit pervers, inhumain, sans sombrer dans la folie ? Il était bien incapable d’empathie… »

Théo haussa les épaules et se détourna à nouveau pour s’appuyer contre le muret de pierre. En contrebas, le parc était plongé dans l’obscurité. Malgré son obstination, Théo devait reconnaître que ce sortilège était proprement déroutant. Il se sentait imprégné par ses émotions et avait du mal à démêler ce qui relevait de ses sentiments, de ses opinions ou de ceux du professeur. Les images de ce qu’il avait vu dans le cerveau de Margot dansaient devant ses yeux. La confusion qui habitait Margot était devenue sienne. Les souvenirs du passé, qui revenaient la hanter depuis plusieurs semaines, se mêlaient aux évènements de l’après-midi en un joyeux magma de doutes et de perplexité…

Margot Adamson était en pleine crise existentielle, voilà le diagnostic du docteur Nott, et il avait bien envie d’y mettre son grain de sel. Parce qu’il avait l’impression que la sorcière se créait des problèmes sans raison d’être, et dont la solution était à portée de main. Elle était trop imprégnée par sa tristesse et ses questions pour s’en rendre compte, mais lui avait le recul nécessaire pour y voir clair…

A nouveau, ce fut lui qui brisa le silence.

« Il y a autre chose que je ne comprends pas. »

« Je t’écoute », répondit Margot d’une voix lasse.

« Pourquoi avoir repoussé le professeur Nolan ? »

« Pardon ?! », s’exclama l’enseignante, offusquée. « Je peux savoir en quoi cela te regarde ? »

« Quoi ? », s’exclama Théo, sur la défensive. « C’est inapproprié, de ma part, de poser une telle question à mon enseignante ? Je crois qu’on a dépassé le stade de l’inapproprié il y a bien longtemps, non ? On a même dépassé le stade de l’illégal avec ce sortilège. Alors, permet-moi d’être inapproprié pendant quelques minutes, parce qu’il est vraiment temps que quelqu’un bouscule un peu la grande Margot Adamson. »

Théo saisit Margot par les épaules et entreprit de lui assener ses quatre vérités, sans se laisser attendrir un instant par son air bouleversé.

« Eric est parti. Mort, ou caché quelque part, en tout cas, tu ne le reverras plus jamais. »

« Je sais ! », se défendit Margot, en tentant sans succès de dissimuler les tremblements dans sa voix. « Tu crois que je ne le sais pas ! »

« Alors arrête ton attitude de veuve éplorée. Arrête de fuir les engagements et les responsabilités. Tu as fais ça toute ta vie, et est-ce que cela t'as rendu heureuse ? Non. Bon sang Margot, prend ce qui t’appartient ! »

Une lueur d’incertitude s’alluma dans le regard de la sorcière.

« Est-ce que l’on parle toujours du professeur Nolan ? »

« Tu ferais une excellente directrice », affirma-t-il en guise de réponse. « Tu es sous-directrice, tu as de l’expérience, tu es la mieux placée pour cela. Mais si tu ne prends pas ce poste, quelqu’un d’autre le fera. »

Puis, après un léger silence, il ajouta :

« Et c’est pareil pour le professeur Nolan. »

Relâchant sa prise sur Margot, il s’approcha encore un peu pour la surplomber de toute sa taille. Levant la main, il essuya les larmes qui coulaient sur ses joues tandis qu’elle retenait son souffle, surprise.

« Et ne me parle pas de vieillesse ou de différence d’âge, par pitié. Si j’avais quelques années de plus… »

Une grimace de dégoût mêlée d’incrédulité apparut sur le visage de Margot, tandis que Théo se reculait en riant.

« THEO ! C’est dégoûtant. »

Soudain, Margot sembla retrouver sa stature de professeur, et fit disparaître toute trace d’émotion de son visage.

« Bon, je crois que ça suffit pour ce soir. File de là, gamin, l’heure du couvre-feu est largement passée. »

L’instant de grâce était terminé, et la normalité reprenait son cours. Théo hocha la tête avec s’éloigna en direction des escaliers, la tête bourdonnant de pensées emmêlées. Une dernière fois, il se tourna vers Margot et lui dit d’un ton impertinent :

« Vous devriez aller vous coucher, professeur. Vous avez vraiment mauvaise mine. »

Le rire incrédule de Margot l’accompagna le long des marches.

*

L’enseignante resta longtemps appuyée contre le muret tout en haut de la tour d’astronomie, longtemps après que Théo ait retrouvé la chaleur de son lit. Lorsque les premières lueurs du jour illuminèrent le ciel, elle était encore là, mais mue d’une détermination nouvelle. Abandonnant toute fierté mal placée, elle alla quémander une potion de sommeil à Rachelle, et dormit toute la journée sans que le moindre rêve ne vienne troubler son repos. Elle se réveilla dans la soirée, pleine d’une énergie nouvelle, et l’esprit bien plus clair. Ce fut donc une Margot apaisée qui se dirigea vers la salle des professeurs, ce soir-là…



RP terminé