De l'ingéniosité des moldus [Ahren Keller / Daisy Mason]

Vendredi 20 Octobre, 17 heures 45.


"L'électricité sert aux moldus à s'entretuer : ils s'envoient de l'électricité dans le corps (s'électrocutent) et meurt."
Spectique, Daisy fronça les sourcils. Dans un sens, cet élève de Serpentard n'avait pas tort même si ce n'était pas le but premier de l'électricité. Dans l'autre... Mais Merlin, qu'est ce qui lui était passé par la tête ? Les élèves pensaient vraiment bizarrement. Lui accordant quand même un demi-point, elle trempa de nouveau sa plume dans l'encre rouge pour passer à la correction d'un autre devoir.
Elle avait fait le choix de ramasser par surprise les devoirs qu'elle avait donné une semaine auparavant, pour voir qui travaillait sérieusement parmi ses premières années et qui se laissait vivre. Elle avait néanmoins été agréablement surprise en constant que presque la totalité de ses élèves avait pu rendre quelque chose de très potable. Presque tous, sauf Ahren Keller, un petit Serdaigle, le frère d'Ulrich Keller.

Elle avait déjà entendu parler de lui de nombreuses fois en salle des profs. Par Peter, notamment, son directeur de maison, ou par ses filles. Wendy lui avait raconté quelques anecdotes sur son jeune camarade, le nez plissé et le regard désapprobateur. Apparemment, les Serdaigle plus âgés n'étaient pas des plus satisfaits de la Répartition de cette année "entre cette barge de Sneals et ce cafard de Keller" avait affirmé sa fille d'un air désapprobateur. Elle avait pourtant comme principe de ne jamais juger les élèves par les racontars qu'elle en entendait, car ces derniers étaient forcément erronés par la perception des gens. Et surtout, un élève dénigré par un professeur pouvait être encensé par un autre.
Malheureusement, ce n'était pas du tout le cas du petit Ahren, qui semblait déplaire à tout le monde. Son frère ainé n'avait pourtant jamais fait de vagues et semblait faire un excellent Préfet-en-Chef, autoritaire comme il le fallait et à l'écoute des élèves. Mais son petit frère ne semblait pas vouloir marcher dans les pas de son grand frère, que ce soit au niveau comportemental ou au niveau de ses notes. Edmund - pourtant toujours le premier à bénir les Serdaigle - lui avait mis un Troll à son premier devoir pour tricheries et il aurait mérité un zéro pour ce devoir d’Étude des Moldus non rendu, mais elle ne mettait jamais de zéro à la première erreur. En réalité, quand elle y pensait bien, elle n'avait jamais mis de zéro de toute sa carrière. Les élèves ne devaient pas être enfoncés, mais tout au contraire, encouragés.

Alors, plutôt que de pénaliser Ahren dès le début de sa scolarité, elle l'avait invité à passer dans son bureau pour parler des mauvaises habitudes de travail qu'il avait prises. Il fallait rectifier cela dès le début afin qu'il puisse continuer sa scolarité sereinement. Peut-être que le devoir l'avait mis en difficulté et qu'il n'avait pas eu le courage d'en parler ? Ou peut-être qu'il n'avait pas eu le temps de le faire ? Les première année avaient toujours un peu de mal à prendre le pas au niveau de la charge de travail demandée. Peut-être que ce devoir non-rendu n'était pas volontaire. Il fallait lui laisser le bénéfice du doute, ce n'était déjà pas facile de s'adapter à Poudlard, pas la peine d'en rajouter avec une punition bête et méchante, comme des lignes.

Dehors, le soleil commençait à se coucher, plongeant le bureau dans une certaine obscurité. D'un coup de baguette magique, elle alluma les différentes lampes de la pièce ainsi que la cheminée, lui conférant tout de suite une atmosphère plus chaleureuse. Renonçant à finir ses copies ce soir, elle avait l'intention d'attraper le Sorcière Hebdo dans son tiroir - elle n'avait toujours pas lu cette entretien avec Ana qu'avait longuement critiqué Mary-Ann tout à l'heure au déjeuner - quand des coups retentirent à la porte. Retenant un soupir et remettant sa lecture à plus tard, elle lança d'une voix forte : « Entrez, Monsieur Keller !  » Au moment où le petit garçon pénétra dans la pièce, elle le détailla rapidement. Il y avait certes un air de ressemblance avec sa soeur Kathrina - une élève tout à fait adorable - mais il semblait bien moins sympathique, au premier abord. Sûrement un masque pour cacher une certaine timidité, décréta Daisy intérieurement. « Asseyez-vous donc, Monsieur Keller. Tenez, prenez donc une Chocogrenouille, je m'en veux quelque peu de vous faire rater le goûter. » Tout en lui adressant un sourire rayonnant, elle se redressa sur sa chaise. « Comment s'est passé votre premier mois et demi ici ? Racontez-moi donc un peu. » Elle n'avait pas envie qu'il soit mal à l'aise et la prenne pour une prof' tyrannique.

La convocation que Daisy Mason envoya à Ahren ne surpris pas le jeune garçon, il s'y attendait un jour ou l'autre, il ne prenait même pas la peine de prendre des notes en cours et ne faisait jamais ses devoirs. La professeur d’Étude des Moldus avait décidé de ramasser leurs travaux et comme Ahren n'avait rien fait, il n'avait rien à rendre. Il s'était donc attendu à des remontrances.

Il frappa fermement à la porte de l'enseignante et entra quand elle le lui ordonna. Comme toujours son visage était dénué d'expression, masque de froideur, il jaugea un instant, le professeur Mason. Tout en elle dégoutait Ahren, de sa matière à son sourire dégoulinant de mièvrerie.

« Asseyez-vous donc, Monsieur Keller. Tenez, prenez
donc une Chocogrenouille, je m'en veux quelque peu de vous faire rater
le goûter. »

"Non merci, je n'ai pas faim", déclara le gamin en reniflant dédaigneusement.

Il n'allait certainement pas commencer à accepter des cadeaux des amoureux des Moldus. Mais Ahren allait vite s'apercevoir que son interlocutrice était beaucoup trop compatissante pour son propre bien. Ahren allait bien s'amuser.

« Comment s'est passé votre premier mois et demi ici ? Racontez-moi donc un peu. »

Mais de quoi, elle se mêlait celle là ? En quoi ça la regardait s'il avait passé un bon début d'année ? Est-ce qu'il lui demandait si ses corrections se passaient bien ? Non. Alors qu'elle lui dise ce qu'elle lui voulait ou qu'elle le laisse partir.

Il leva un sourcil et planta son regard dans celui de son professeur d’Étude des Moldus.

"Ça se passe bien, merci. Mais je ne pense pas que vous m'ayez fait louper le goûter pour prendre de mes nouvelles, si ?"

Ahren avait volontairement employé un ton provoquant, il voulait savoir si Daisy Mason allait, comme Peter Virtanen, perdre son sang-froid ou si elle userait de plus de professionnalisme. Tout ceci n'était qu'un jeu pour le Serdaigle et il venait d'être lancé.

Daisy fut peu quelque peu surprise, mais loin d'être impressionnée, par le ton dédaigneux d'Ahren. Il essayait vraiment de la prendre de haut ? Qu'il était mignon ! Réprimant à grand peine son sourire qui s'élargissait, elle tenta de maintenir une certaine contenance. Les petits qui jouaient aux grands, elle avait toujours trouvé ça adorable. C'était souvent pour se rassurer, pour se convaincre que du haut de leurs onze ans à peine, ils n'étaient plus des bébés. Alors que c'en était encore, évidemment. Le petit Ahren donnait plus envie de sourire plutôt que de se fâcher. C'était le genre de gamin dont on ébouriffait les cheveux en se moquant gentiment, bien qu'elle sache qu'elle ne se permettrait jamais ce genre de familiarité avec un élève. « Dommage pour vous, mais au moins, vous dînerez plus ce soir ! J'ai entendu dire qu'il y avait du hachis parmentier ! » Tout en parlant, elle se pencha vers son tiroir pour ranger sa baguette magique soigneusement dans sa boite. Elle avait tendance à la perdre ces derniers temps, ce qui était plutôt embêtant. Heureusement qu'elle n'enseignait pas de matière pratique !

Elle ne prêta aucune attention au ton provocateur de Monsieur Keller. Elle avait connu des élèves bien pires qu'un garçon de onze ans qui camouflait sa timidité derrière une certaine arrogance. Elle n'allait pas s'arrêter et s'emporter sur ça. La seule fois où elle s'était énervée sur un élève avait été lors de sa première année d'enseignement et elle l'avait amèrement regretté. Il y avait bien d'autres solutions. Souriant toujours, elle coinça une mèche de ses cheveux derrière son oreille. « Non, en effet, vous n'êtes pas ici pour le plaisir de savourer mes Chocogrenouilles ! Mais j'aurais très bien pu vous convoquer pour prendre de vos nouvelles si j'en avais ressenti le besoin, Monsieur Keller. Bien que j'aurais sûrement délégué cette tâche au professeur Virtanen, votre directeur de maison. C'est notre devoir de nous assurer du bien-être de nos élèves. » Elle saisit une plume qu'elle se mit à faire tourner entre ses doigts tout en s'appuyant contre le dossier de son fauteuil. Ses yeux sondaient le visage du petit Keller. Pourquoi était-il si agressif ? Il devait forcément y avoir un problème sous-jacent, on ne provoquait pas pour le pur plaisir de provoquer, il y avait toujours un but derrière. Pourquoi cherchait-il à énerver ses professeurs, à se faire punir ? Pourquoi tendre le bâton pour se faire battre ? Intriguée, Daisy laissa planer un court silence dans le bureau, uniquement troublé par les mugissements du vent derrière la fenêtre.
S'il était venu ici pour l'énerver, il allait vite devoir se remettre en cause. Elle n'avait pas le tempérament que pouvaient avoir Chloé, Peter, Crispin ou Mary-Ann. Ahren Keller allait vite se heurter à un mur. Depuis qu'elle avait été répartie à Poufsouffle, il y a des années, elle s'était toujours juré d'appliquer les principes de sa maison, coûte que coûte, afin de faire honneur à sa Répartition. Principe de petite fille qui s'était vite avéré très utile. Les gens avaient du mal à réagir devant la patience et un sourire constant. Il en oubliait parfois comment s’énerver. C'était assez amusant à voir. Rares étaient ceux qui la faisait sortir de ses gonds et même lorsque cela arrivait, c'était court et passager. Le pauvre petit allait s'épuiser sans qu'elle ne fasse rien. Et elle était persuadée que c'était la bonne méthode.

« Donc non, vous n'êtes pas ici pour le plaisir de la discussion, bien que je pense que vous ayez une discussion toute à fait intéressante, Monsieur Keller. Vous suivez mes cours depuis le début de l'année et vous n'êtes pas sans savoir que j'avais demandé, il y a une semaine, de me rendre un questionnaire sur l'électricité. C'était relativement rapide à faire, trente minutes tout au plus. Or, vous n'avez pas rendu ce questionnaire, contrairement à vos camarades. C'est dommage, Monsieur Keller, ce cours peut vous être très utile si vous vous retrouvez un jour dans le monde moldu. » Daisy jeta un coup d’œil à la pluie qui commençait à tomber dehors et sourit. Elle adorait l'orage, surtout quand elle était au chaud à l'intérieur. Elle était de garde cette nuit et restait au château, elle aurait donc tout le temps d'écouter l'orage se déchainer dehors, au chaud devant le feu devant un fauteuil confortable. Comme lors de ces années à Poudlard, dans la Salle Commune des Poufsouffle, qui était divinement confortable, il fallait l'avouer. « J'aimerai savoir pourquoi vous n'avez pas rendu ce devoir, Monsieur Keller. Etait-il trop dur pour vous ? Dans ce cas, vous auriez pu venir me poser des questions ou travailler en groupe. Votre camarade, la petite Abigail est assez douée, vous savez. Ou votre sœur, qui s'est plutôt bien débrouillée aussi. Ou même votre frère, il aurait pu vous aider, non ? Ou alors est-ce un manque de temps ? Vous avez des problèmes d'organisation ? Vous pourriez venir à l'étude, c'est tout les soirs. Des professeurs et des élèves plus âgés sont présents pour vous aider. Vous auriez même pu me demander un délai, je vous l'aurais accordé sans problème, Monsieur Keller. »

Elle tendit le bras pour attraper un questionnaire vierge posé sur un coin du bureau et le déposa devant le jeune élève. « Pourquoi n'avez-vous pas fait ce travail, jeune homme ? » Elle releva le menton pour le fixer dans les yeux. Il était encore trop jeune pour jouer les rebelles, il ne devait même encore comprendre la signification d'une vraie rébellion. Ce n'était qu'un petit garçon qui se donnait des allures de grand, comme une petite fille qui essaye les chaussures de sa maman.

Ahren vit avec surprise le sourire du professeur Mason s'agrandir, il s'était attendu à un froncement de sourcil ou à un durcissement du regard mais pas à ça. Cette prof avait-elle compris qu'il venait de lui manquer de respect ? Le jeune garçon se le demandait, déjà que la matière était stupide mais la personne qui l'enseignait, semblait aussi stupide que ses cours.

Non, en effet, vous n'êtes pas ici pour le plaisir
de savourer mes Chocogrenouilles ! Mais j'aurais très bien pu vous
convoquer pour prendre de vos nouvelles si j'en avais ressenti le
besoin, Monsieur Keller. Bien que j'aurais sûrement délégué cette tâche
au professeur Virtanen, votre directeur de maison. C'est notre devoir de
nous assurer du bien-être de nos élèves. »

Le Serdaigle esquissa un sourire ironique, il doutait fortement que le professeur Virtanen vienne prendre de ses nouvelles, surtout après l'affaire Wilson. Cette femme semblait prendre son rôle de gentille directrice de Poufsouffle trop au sérieux. Et un instant, il remercia le Choixpeau de ne pas l'avoir envoyé chez les jaunes. Il n'aurait pas survécu à tant de mièvrerie.

« Donc non, vous n'êtes pas ici pour le plaisir
de la discussion, bien que je pense que vous ayez une discussion toute à
fait intéressante, Monsieur Keller. Vous suivez mes cours depuis le
début de l'année et vous n'êtes pas sans savoir que j'avais demandé, il y
a une semaine, de me rendre un questionnaire sur l'électricité. C'était
relativement rapide à faire, trente minutes tout au plus. Or, vous
n'avez pas rendu ce questionnaire, contrairement à vos camarades. C'est
dommage, Monsieur Keller, ce cours peut vous être très utile si vous
vous retrouvez un jour dans le monde moldu. »

Oui, il suivait ces cours depuis le début de l'année, malheureusement, et ils ne lui seraient jamais utiles, il n'avait pas l'intention de faire un tour chez ses impurs. Ils les voyaient déjà assez comme ça, quand ils venaient voler la magie aux sorciers.

« J'aimerai savoir pourquoi vous n'avez pas rendu
ce devoir, Monsieur Keller. Etait-il trop dur pour vous ? Dans ce cas,
vous auriez pu venir me poser des questions ou travailler en groupe.
Votre camarade, la petite Abigail est assez douée, vous savez. Ou votre
sœur, qui s'est plutôt bien débrouillée aussi. Ou même votre frère, il
aurait pu vous aider, non ? Ou alors est-ce un manque de temps ? Vous
avez des problèmes d'organisation ? Vous pourriez venir à l'étude, c'est
tout les soirs. Des professeurs et des élèves plus âgés sont présents
pour vous aider. Vous auriez même pu me demander un délai, je vous
l'aurais accordé sans problème, Monsieur Keller. »

Le torchon que Mason osait appeler un devoir n'avait rien de difficile enfin d'après ce qu'il en avait vu, surtout si on avait son cours sous les yeux. Mais comme, il ne notait le cours, il ne pouvait pas faire les devoirs demandés et puis, il n'allait pas perdre du temps à faire un truc qui ne lui servirait jamais et qui le dégoûtait. Il n'allait certainement pas s'abaisser à ça, déjà qu'il devait perdre son temps à écouter un cours inintéressant.

Une grimace de dégoût vint déformer son visage quand l'enseignante suggéra qu'il aurait pu demandé à Ulrich de l'aider à faire son devoir, elle avait de l'espoir la petite prof. Le jour où Ulrich l'aiderait à quelque chose, il allait pleuvoir des centaures.

Le professeur Mason tendit alors le bras et attrapa un questionnaire vierge qu'elle déposa devant Ahren, elle n'espérait quand même pas qu'il le ferait devant elle ?

« Pourquoi n'avez-vous pas fait ce travail, jeune homme ? »

Ahren haussa nonchalamment les épaules et défiant l'enseignante regard affirma :

"Parce que je n'en avais pas envie. Et parce que, je ne vois aucune utilité à votre stupide matière. Je suis un sorcier pas un...", une moue de dégoût déforma le visage d'Ahren."Un Moldu. Et je n'ai pas l'intention d'en devenir un."

Le Serdaigle espérait que Mason avait saisie le problème, il était hors de question qu'il fasse ce devoir, donc si elle voulait lui mettre zéro et bien qu'elle le fasse. Il s'en fichait, il en serait même fier puisqu'il n'aurait pas été contre son idéologie. Il était certain que si Alexander avait été là, il aurait été fier de lui.

Daisy éclata franchement de rire en entendant l'excuse du petit Keller puis se racla la gorge pour se reprendre. Un peu de sérieux, il allait finir par croire qu'elle se moquait de lui. Ce qui était un peu le cas, il fallait l'avouer. Mais ce n'était pas volontaire. Il était haut comme trois pommes et se gonflait déjà de vanité, comme le célèbre conte moldu français. Tiens, elle pourrait en parler en cours, cela plairait sûrement aux élèves. Elle trempa rapidement une plume dans l'encre pour noter l'idée sur un bout de liste d'ingrédients pour potions qui trainait. Faire une comparaison entre les morales moldues et les morales sorcière, ce serait sûrement très bien pour les cinquième ou sixième année.
Croisant les bras sur sa poitrine, elle soutint rapidement le regard du petit Ahren. Il ne pensait quand même pas lui faire peur ? Un enfant de onze ans ? A cet âge, même Harry Potter ne lui aurait pas fait baisser les yeux. Surtout qu'elle ne comprenait pas l'origine de l'arrogance du petit Keller, Kathrina et Ulrich semblant en être dénués. A creuser. « Heureusement que vous n'avez pas l'intention de devenir un moldu, Monsieur Keller. C'est tout simplement physiquement impossible, vous vous renseignerez. D'ailleurs... »

Elle tendit le bras pour attraper un épais livre posé au sol. Ce truc était absolument lourd. Elle le possédait depuis des années, depuis qu'elle était entrée au Ministère en fait. Un cadeau de ses parents. "Sorciers contre Moldus : de l'ingéniosité des moldus et de l'imagination des sorciers." Une mine d'information, LE bouquin pour tout connaitre sur les deux mondes. Plus qu'un guide de survie, cela vous permettait de vous faire passer pour un vrai moldu. Excepté le fait que les vrais moldus ne se baladent pas avec des livres sur comment vivre "molduement." « Vous allez réaliser un devoir sur l'ingéniosité des moldus, cela remplacera ce que vous n'avez pas fait. Cela sera plus long mais néanmoins plus intéressant. Vous comprenez que si vous aviez eu une bonne excuse, j'aurai pu vous accorder une certaine clémence. Mais si ce n'est qu'un simple caprice de votre part, j'imagine que vous comprenez très bien que vous devez être puni. » Elle lâcha le livre devant lui dans un gros nuage de poussière. L'épais volume émit un grognement de mécontentement. Il avait tendance à devenir grognon avec les années.
Dans sa carrière de professeur et dans sa vie, elle avait toujours accepté beaucoup de choses. Mais jamais qu'on insulte les moldus devant elle. C'était une brillante civilisation, bien plus brillante que les sorciers. Les sorciers se reposaient sans cesse sur leurs lauriers, se contentaient d'agiter leur baguette magique pour faire des miracles. Les moldus cherchaient constamment à se dépasser, à aller plus loin. Pour pallier le manque de magie, ils avaient fait des miracles, avaient réalisé des choses dont les sorciers étaient incapables, comme Internet ou la télévision. Les moldus étaient brillants et vivaient dans une société sans cesse en mouvement. Alors oui ils avaient des défauts. Tout comme le peuple sorcier. Les guerres de Sang étaient d'une imbécilité sans nom et ceux qui les avaient faites se permettaient d'aller critiquer les moldus, ce qui était du plus ironique. Les moldus étaient merveilleux, passionnants à étudier. Il fallait être sorcier de souche pour comprendre à quel point les moldus étaient une civilisation fantastique. Elle avait passé des années à travailler avec eux, sur eux. Et ce n'est pas un enfant de onze ans, qui ne connaissait encore rien à la vie qui allait se permettre de remettre en cause toute un monde dans une seule phrase aberrante. S'il y avait bien quelque chose qui l'agaçait c'était ça. Les gens qui se permettaient de parler sans rien savoir des moldus. Et c'est pourquoi elle voyait d'un très bon œil l'arrivée du MIM au pouvoir et le fait que sa matière soit devenue obligatoire. Les gens pourraient maintenant réfléchir en connaissance de cause.

Elle adressa tout de même un sourire au petit Keller. Ses propos l'avait agacée, mais il devait sûrement répeter une phrase entendue dans son entourage, les enfants de cet âge n'avaient pas encore des opinions et un caractère bien forgé. C'était maintenant qu'il devait se remettre en cause, réfléchir à ses certitudes et se forger ses propres avis, différents de ceux de sa famille et des notions inculquées par ses parents. « Je vais vous laisser, disons, deux semaines ? Cela me semble suffisant pour le faire. Environ 70 centimètres de parchemin s'il vous plaît. Vous pouvez partir sur l'angle que vous voulez, tant qu'il traite de l'ingéniosité des moldus. Je pense que le cinéma pourrait vous intéresser. C'est une invention formidable. J'adorerai vous montrer des films en classe mais malheureusement les appareils électriques ne fonctionnent pas ici. » Et organiser une sortie au cinéma semblait bien compliqué ! Dommage qu'ils ne puissent pas avoir l'électricité en Laponie, ils auraient pu passer le temps avec un classique du cinéma anglais. Une adaptation de Shakespeare, peut-être. « Oh, et, Monsieur Keller, sachez donc que je retirerai cinq points à votre maison par jour de retard, tout en vous collant une heure. Vous pouvez calculer, il serait disons, désavantageux, pour vous de faire un caprice sur ce travail. » Elle assortit sa petite pique d'un clin d’œil et d'un sourire.

Parce qu'elle voulait bien être gentille. Mais fallait pas pousser Helga Poufsouffle dans le lac.

Ahren était interloqué, voilà que la prof se mettait à rire. C'était clair et net, elle était cinglée, en général quand on insulte leur matière, les professeurs ne rigolent pas, au contraire, ils hurlent. Ils deviennent limite hystérique et c'était cette hystérie qui amusait Ahren, rien n'était plus jouissif pour le petit garçon que de voir un adulte monter sur ses grands hippogriffes.

Et Daisy Mason n'avait même pas la bonté de s'énerver, Ahren était déçu. Enfin tout espoir n'était pas encore perdu, puisque après lui avoir signifié qu'il lui était physiquement impossible de devenir Moldu, ce qui était fort heureux, il manquerait plus que ça, que lui, Ahren Keller, devienne un pathétique inférieur. Elle lui appris qu'il avait un devoir supplémentaire à faire comme punition.

Ahren esquissa un sourire narquois, elle n'espérait quand même pas qu'il allait le faire son devoir ?

« Je vais vous laisser, disons, deux semaines ?
Cela me semble suffisant pour le faire. Environ 70 centimètres de
parchemin s'il vous plaît. Vous pouvez partir sur l'angle que vous
voulez, tant qu'il traite de l'ingéniosité des moldus. Je pense que le
cinéma pourrait vous intéresser. C'est une invention formidable.
J'adorerai vous montrer des films en classe mais malheureusement les
appareils électriques ne fonctionnent pas ici. »

L'ingéniosité des Moldus ? Elle était sérieuse ? Ahren retint un éclat de rire, non mais sérieusement, ça se saurait si les Moldus étaient ingénieux. Ils n'étaient même pas capable de faire léviter une mini plume alors avoir de l'ingéniosité ! C'était l'infirmerie qui se moquait de Ste Mangouste.

« Oh, et, Monsieur Keller, sachez donc que je
retirerai cinq points à votre maison par jour de retard, tout en vous
collant une heure. Vous pouvez calculer, il serait disons, désavantageux, pour vous de faire un caprice sur ce travail. »

Ahren regarda le professeur Mason, ce que cette prof de pacotille n'avait pas encore compris c'est qu'il était hors de question qu'il s'use le poignet pour un devoir sur les impurs. Elle pourrait lui enlever tous les points qu'elle voudrait, de toute façon, il se fichait clairement de gagner ou de perdre la coupe des quatre maisons. Elle pourrait également lui infliger une heure de colle si ça l'amusait, pour lui ça ne changeait pas grand chose, ça l'occuperait une heure tous les jours. Et si l'envie lui prenait, elle pourrait même prévenir Virtanen, ça serait même très amusant qu'elle lui en parle. Ça faisait longtemps qu'il n'avait pas été convoqué dans le bureau de son directeur de maison.

"Professeur, je crois qu'il y a quelque chose que vous n'avez pas saisie dans mes paroles précédentes. Je n'ai pas fait le devoir précédent, je n'ai pas l'intention de réaliser celui-ci non plus. Votre matière me dégoûte, votre amour des êtres inférieurs me dégoûte. Je n'ai pas l'intention de me souiller en faisant quelque chose ayant un quelconque rapport avec ces êtres impurs. J'espère avoir été assez clair pour vous. Et vous pourrez me mettre toutes les heures de retenues que vous voudrez, vous pourrez enlever tous les points que vous voudrez à Serdaigle, je ne changerais pas d'avis."

Il planta un regard sûr de lui dans celui de son professeur d’Étude des Moldus tout en esquissant un sourire insolent. Peter Virtanen avait réussi, avec beaucoup de mal et des arguments percutant, à le faire plier, mais Daisy Mason ne possédait pas ce que Virtanen possédait donc Ahren avait gagné d'avance. Elle ne pourrait jamais le faire plier et il ne plierait pas devant elle, ce serait trop honteux et dégradant.

Daisy haussa un sourcil, amusée. Tant de suffisance à un âge si jeune ? Quel dommage. Cela laissait présager un avenir difficile pour le petit Keller, surtout dans un monde si hostile aux pro-Sang-Purs. Si la fin de la guerre avait été très difficile pour la plupart des familles de Sang-Pur, cela avait été encore plus dur pour celles qui soutenaient les idées de pureté, sans néanmoins être impliquées dans les agissements de Voldemort. Il y avait eu un répit il y a quelques années puis la tendance "anti-pureté" repartait à la hausse avec l'élection du MIM. Le pauvre petit Ahren allait souffrir s'il continuait dans cette voie. Il n'était encore qu'en première année et ne se faisait pas encore remarquer par les grands mais il suffisait d'une exclamation déplacée de sa part pour que tous les nés-moldus un peu vindicatifs de l'école ne lui tombent dessus. Même ses camarades de promotion finiraient par se retourner contre lui s'il continuait ainsi : les gens vaniteux n'étaient pas bien vus. Il y avait plusieurs exemples dans l'école, Miss Richardson, du même acabit que Keller en moins désagréable tout de même ou Miss Harper, qui ne prônait pourtant pas le Sang-Pur, même si elle restait complétement imbuvable. Ahren ne faisait pas exception à la règle. Il finirait seul, drapé dans ses principes et son orgueil, blotti derrière son mur de préjugés, ne pouvant éviter les piques de ses camarades, cruels jusqu'au bout dès qu'il s'agissait de lyncher quelqu'un. Son joli sang pur ne l'aiderait pas à préserver son intégrité et sa réputation.

Il n'était qu'un enfant de plus, parmi la masse des héritiers de ce grand culte de la pureté. Il n'était qu'un Darren O'Connor de plus, avec quelques années en moins. La guerre avait beau être finie depuis des années, cette idéologie avait beau avoir été déchue deux fois, elle continuait à subsister, les parents implantant dans l'esprit de leurs descendants des germes de haine et de mépris. C'était la plus grande bêtise du monde sorcier, ou peut-être du monde tout court, de persévérer dans ses erreurs. Avec le temps, ils auraient dû comprendre que c'était inutile que la Magie avait besoin des moldus pour exister, pour continuer. Les sorciers auraient disparus depuis longtemps s'ils ne s'étaient pas mêlés aux moldus.
Et puis même, que seraient-ils devenus sans eux ? Les élèves n'écouteraient pas la radio, ils iraient à Poudlard en balai ou en transplanage d'escorte et dans le froid Ecossais, c'était loin d'être désagréable, ils ne mangeraient que des aliments typiquement sorciers comme les délicieux œufs de Botrucs et ils seraient tous devenus complétement fous, abrutis par leur consanguinité. C'était peut-être ce qui était arrivé à Ahren Keller, d'ailleurs.

Se réprimandant elle-même pour ce genre de pensées mesquines, Daisy jeta un coup d’œil à pendule. S'ils continuaient sur cette voie, ce n'est pas que le goûter qu'ils allaient manquer mais le dîner au complet ! Tant pis, elle ferait monter quelque chose des cuisines et tant pis pour le petit Keller. Il n'avait qu'à pas être si buté. Parce qu'elle n'avait pas l'intention de se laisser faire non plus et de céder à son petit manège. Elle avait sept ans devant elle pour gérer le petit récalcitrant, maintenant que sa matière était obligatoire. Et si elle pouvait débarrasser l'école d'un O'Connor, d'un Richardson ou d'un Harper en puissance, ce n'était pas si mal. Elle avait l'impression que la population désagréable à Poudlard s'était accentuée depuis quelques années, en tout cas, il y en avait plus qu'à l'époque où elle était étudiante. Ou alors, c'est qu'elle devait mieux les remarquer en tant que professeur.
Du bout du doigt, elle remonta ses lunettes sur son nez et plongea son regard dans celui du jeune homme, qui se voulait menaçant. On aurait dit un chaton ébouriffé avec ses grands yeux bleus, mais tant pis. Il était encore jeune et innocent, il serait dommage se briser ses illusions, surtout qu'il se reposait littéralement dessus. « Vous savez monsieur Keller, on m'a toujours appris à respecter les opinions de autres, tant qu'elles étaient pertinentes et argumentée. Étant donné que la vôtre est parfaitement stupide, incohérente et immature, j'ai pour principe de ne pas m'y attarder et de vous ranger dans la catégorie "enfant qui ne sait pas ce qu'il dit." » Laissant planer un léger silence, seulement troublé par le bruit de la pluie sur les carreaux, elle reprit après quelques secondes. « Néanmoins, on m'a aussi appris à toujours laisser une chance aux gens, même à ceux qui ne la méritait pas. Je vais donc vous laisser une chance de démontrer votre science. C'est votre quart d'heure de gloire, profitez-en. » Croisant ses bras sur sa poitrine, elle dévisagea le jeune homme d'un air narquois. « Allez-y, Monsieur Keller, faites-vous plaisir. Expliquez-moi en quoi les moldus sont inférieurs. Expliquez-moi en quoi les sorciers sont supérieurs. J'ai hâte d'entendre ce que vous avez à dire, cela doit être tellement passionnant. »

Souriante, elle le jaugea du regard. Ses argument pourraient être démontés en quelques secondes et on pourrait enfin repasser sur du dialogue constructif.

Ahren fronça les sourcils d'irritation, pourquoi cette prof ne s'énervait-elle pas ? Elle ne faisait que de le fixer un sourire aux lèvres, à croire qu'elle se moquait de lui. Il n'aimait pas ça du tout.

"Vous savez monsieur Keller, on m'a toujours appris à
respecter les opinions des autres, tant qu'elles étaient pertinentes et
argumentée. Étant donné que la vôtre est parfaitement stupide,
incohérente et immature, j'ai pour principe de ne pas m'y attarder et de
vous ranger dans la catégorie "enfant qui ne sait pas ce qu'il dit."

Un grand silence s'installa dans la pièce seulement troublé par la pluie qui frappait contre les fenêtres. Le jeune garçon bouillait de rage, jamais personne n'avait osé lui dire qu'il ne savait pas ce qu'il disait, la plupart du temps, on ne disait pas que ses paroles étaient incohérentes, on se contentait de le frapper ou de le coller aux murs ou encore de l'insulter. Mais Daisy Mason n'était pas normal.

"Néanmoins, on m'a aussi appris à toujours laisser
une chance aux gens, même à ceux qui ne la méritait pas. Je vais donc
vous laisser une chance de démontrer votre science. C'est votre quart
d'heure de gloire, profitez-en."

Elle lui fit un sourire narquois avant de continuer, Ahren lui se contentait de la regarder d'un œil noir.

"Allez-y, Monsieur Keller, faites-vous plaisir.
Expliquez-moi en quoi les moldus sont inférieurs. Expliquez-moi en quoi
les sorciers sont supérieurs. J'ai hâte d'entendre ce que vous avez à dire, cela doit être tellement passionnant. »

Cette femme était décidément bien folle, elle lui demandait de lui expliquer l'évidence. Tout son cours allait être démonté, il allait s'en assurer et elle ne pourrait plus jamais dire que ses paroles étaient incohérentes.

"Pour commencer, le fait qu'ils ne pratiquent pas la magie est une tare et prouve leur infériorité. Logiquement, ce premier argument devrait suffire mais vous m'avez l'air assez difficile à convaincre. Leurs moyens de transport sont dangereux, prenons l'exemple de leur machine volante, ils entassent je ne sais combien de personnes à l'intérieur, il suffit que la machine s'écrase au sol pour faire des centaines de morts. Pas très judicieux, je trouve. Enfin moi ça ne me dérange pas vraiment mais ça prouve encore une fois leur manque de réflexion. Le portoloin ou la poudre de cheminette est quand même beaucoup plus sûr. Enfin bref, je ne vais pas user plus ma salive puisque de toute façon vous trouverez quelque chose pour contredire mes arguments. J'arrêterais donc ici ma justification de point de vue."

Daisy Mason semblait difficile à faire changer d'avis et tous ce qu'elle pourrait dire ne le ferait pas changer d'avis non plus. Il avait ses convictions qui étaient également celles d'Alexander et personne n'arriverait à le faire changer d'avis. Alexander avait forcément raison et personne ne lui arrivait à la cheville. Un air suffisant s'installa alors sur son visage.

Ahren Keller avait décidément de trop gros préjugés sur le monde pour pouvoir grandir normalement. Il était tellement buté, tellement fermé aux autres qu'il ne pouvait que devenir quelqu'un d'aigri et d'insupportable, un peu à la Argus Rusard. A moins que cela ne soit déjà fait. Mais il faudrait qu'elle en parle avec Peter, pour voir si l'équipe enseignante ne pouvait pas faire quelque chose. Avant que le gamin ne devienne trop irrécupérable et finisse par faire des bêtises qui lui attireront des ennuis avec la justice, par exemple. « Certes, les moldus ne pratiquent pas la magie, Monsieur Keller. Mais êtes vous capable de vous débrouiller avec les technologies moldues ? Si je vous lâche dans leur monde, que deviendrez-vous ? Rien. Car vous serez incapable de vous débrouiller sans magie. Et pourtant, je ne pense pas que les moldus iront jusqu'à vous traiter de "taré." » Évidemment, il attirerait l'intention et passerait pour quelqu'un de bizarre, mais rien de bien méchant. A moins qu'il se mette à hurler qu'il était supérieur à eux, que tous les moldus devraient se plier aux sorciers et qu'ils n'étaient tous que des bêtes. Là, évidemment, ce serait plus embêtant.

« Quant à leurs moyens de transports, ils sont très ingénieux. Un balai ne vous permettra pas de voler à autant de personnes que dans un avion. Car cela s’appelle un avion, monsieur Keller, vous le sauriez si vous aviez un minimum de culture générale. » Sa voix avait certes été un peu plus sèche sur la fin mais elle avait mis un point d'honneur à ne pas perdre son calme. Cela aurait été une erreur et n'aurait servi strictement à rien, à part à contenter le petit Keller qui serait très content de son effet.
Soupirant quelque peu, Daisy se pencha pour attraper sa baguette magique dans le tiroir de son bureau et jeta un sort pour faire venir sa théière. « Je ne vous en propose pas, je suppose ? » interrogea-t-elle. Keller refuserait sûrement, de peur que ce soit du thé moldu. Le liquide chaud se déversa dans sa tasse préférée "Hufflepuff rules the world", offerte par une ancienne élève. « Et oui, la chute d'un de ces appareils fait des centaines de morts, je peux vous l'accorder. Mais les guerres des sorciers n'ont-elles pas tué encore plus de monde ? De nombreux sorciers ne sont-ils pas morts torturés pendant les années sombres de Voldemort ? Lors de la Bataille de Poudlard, des enfants n'ont-ils pas péris, alors qu'ils n'avaient rien fait ? Des enfants tirés de leurs lits, qui se sont battus en pyjama et qui ont été froidement abattus par les Mangemorts ? Et bien, monsieur Keller, ça non plus, je ne trouve pas ça judicieux. Deux guerres en moins de trente ans, elle est belle la supériorité des sorciers. Et avant que vous ne me rétorquiez que les moldus aussi se font la guerre, je vous signalerai que ce fait nous rend égaux, et non supérieurs. Car je crois que si nous étions réellement une race supérieure, monsieur Keller, ce genre d'atrocités n'existeraient pas dans notre monde. »

Tout en sirotant une gorgée de son thé, Daisy lorgna vers le sac du petit Keller. Sa baguette devait y être rangée, bien soigneusement. Après tout, il n'irait pas jusqu'à se balader sans son signe distinctif de sorcier, non ? « Mais je pense que mes arguments vous passent complètement au dessus de la tête, donc je ne m'attarderai pas non plus. J'évite généralement de discuter avec des sourds, c'est peu constructif, vous savez. » Surtout qu'elle risquait de perdre patience, ce qui n'était pas son but premier. « Aussi, j'estime qu'une bonne expérience pratique sera plus utile que tous les discours du monde. »
D'un geste du poignet, elle lança un accio informulé sur la baguette d'Ahren qui vint se poser dans son tiroir ouvert. « Un petit moment sans votre baguette magique devrait vous amener à réfléchir à votre condition de sorcier. » C'était la première fois qu'elle prenait ce genre de punition mais elle avait la ferme impression que c'était la seule chose qui pouvait marcher avec cet enfant-là. Elle en toucherait un mot à ses collègues pour qu'il ne soit pas pénalisé dans les cours pratiques. Edmund allait sûrement crier au scandale, surtout qu'Ahren était un Serdaigle, mais elle était sûre qu'il céderait quand elle lui ferait part de son insolence. Il avait toujours été très sensible à ces choses-là. Mary-Ann s'en ficherait sûrement et elle en parlerait à Margot, même si c'était moins problématique, son binôme pouvant toujours l'aider pour les choses magiques comme allumer le feu. Mais elle assumait complètement sa décision. D'un geste ferme, elle repoussa le tiroir et le ferma magiquement.

« Vous pourrez récupérer votre baguette quand vous me rendrez les deux devoirs que je vous ai demandé. Sinon, vous pourrez toujours attendre. Vos professeurs se rangeront à moi, vous pouvez toujours essayer d'aller pleurer dans les jupons du professeur Virtanen mais je doute que cela soit efficace. » Surtout qu'à ce qu'elle savait, Keller causait aussi des difficultés à son directeur de maison. « Vous pouvez toujours vous faire refaire une baguette mais vous devrez attendre les vacances de Noël. Et soyez assuré que je m'occuperai de celle-là aussi. Vous semblez déterminé, monsieur Keller. Et bien sachez que moi aussi. » Lui adressant un sourire, elle tapota le livre toujours posé devant lui avec un sourire. « Prenez-le si vous voulez, vous en aurez sûrement besoin. »
Elle attrapa une copie et une plume afin de continuer ses corrections. « Si vous n'avez pas d'autres questions et bien vous pouvez disposer, monsieur Keller. N'oubliez-pas, deux semaines. Et, au passage, ma première punition concernant les retenues et les points tient toujours. » Souriant de toutes ses dents, elle ouvrit la porte d'un coup de baguette, créant un courant d'air qui fit vaciller les bougies. « Bonne soirée, monsieur Keller. »

HRP : Tu peux soit continuer le RP en essayant d'argumenter soit faire sortir Ahren, comme tu veux

Comme Ahren s'y attendait, le professeur Mason entreprit de contredire ses arguments un à un. Une fois encore, elle lui affirma qu'il serait incapable de se débrouiller seul dans le monde Moldu mais ce que cette femme bornée semblait ne pas vouloir comprendre c'est qu'il ne voulait pas vivre entouré de Moldus, chacun chez soi et les hippogriffes seront bien gardés. Pourquoi vouloir à tout prix vivre entouré d'être inférieur qui ne comprendrait jamais rien à la beauté de la magie ? Pourquoi s'intéresser à un peuple qui, autrefois, avait voulu exterminer les sorciers ? Ils avaient ainsi montré leur peur et démontré eux même qu'ils étaient inférieurs aux sorciers. Elle continua avec leurs transports qu'elle trouvait ingénieux et affirma que les avions, parce que les machines volantes s'appelaient des avions et qu'il le saurait s'il avait de la culture générale, Ahren leva les yeux au ciel exaspéré par le manque d'originalité dont faisait preuve l'enseignante. Qu'est-ce que ça pouvait faire qu'il sache comment ça s'appelait ? Franchement pour lui que ça s'appelle un avion ou une tarte à la citrouille, ça ne lui faisait ni chaud ni froid. Donc elle affirma que les avions étaient beaucoup plus pratiques que les balais.

Elle se servit du thé dans une tasse des plus ridicules, elle supposa qu'il n'en voulait et pour une fois supposa bien, il n'en voulait pas de son thé et puis de toute façon, il était hors de question qu'il accepte quoi que soit de l'amoureuse des Moldus, elle serait capable de l'empoisonner avec un truc Moldu.

« Et oui, la chute d'un de ces appareils fait des
centaines de morts, je peux vous l'accorder. Mais les guerres des
sorciers n'ont-elles pas tué encore plus de monde ? De nombreux sorciers
ne sont-ils pas morts torturés pendant les années sombres de Voldemort ?
Lors de la Bataille de Poudlard, des enfants n'ont-ils pas péris, alors
qu'ils n'avaient rien fait ? Des enfants tirés de leurs lits, qui se
sont battus en pyjama et qui ont été froidement abattus par les
Mangemorts ? Et bien, monsieur Keller, ça non plus, je ne trouve pas ça
judicieux. Deux guerres en moins de trente ans, elle est belle la
supériorité des sorciers. Et avant que vous ne me rétorquiez que les
moldus aussi se font la guerre, je vous signalerai que ce fait nous rend
égaux, et non supérieurs. Car je crois que si nous étions réellement
une race supérieure, monsieur Keller, ce genre d'atrocités
n'existeraient pas dans notre monde. »

Le Serdaigle fixa le professeur d’Études des Moldus sans rien dire, il ne voyait pas le rapport entre un engin volant et une guerre, il n'y en avait pas. Elle avait détourné la conversation.

« Mais je pense que mes arguments vous passent
complètement au dessus de la tête, donc je ne m'attarderai pas non plus.
J'évite généralement de discuter avec des sourds, c'est peu
constructif, vous savez. »

Ahren fronça les sourcils, elle venait clairement de dire qu'il était sourd mais il pouvait dire la même chose d'elle. Sauf que lui, il avait juste dit qu'elle était bornée et il devait avouer que lui aussi mais il n'était pas sourd, il entendait très bien.

"En effet, j'ai peur que les sourds ne comprennent pas ce que vous dites mais ce n'est pas vraiment leur faute. C'est à vous de vous adapter dans ces cas là."

Il n'aimait pas beaucoup se faire insulter mais il ne voulait pas montrer qu'il avait été blessé. Il devait rester digne et fier comme l'aurait voulu Alexander.

« Aussi, j'estime qu'une bonne expérience pratique sera plus utile que tous les discours du monde. »

Le jeune garçon fronça les sourcils sans comprendre que voulait-elle dire par expérience pratique ? Il vit alors sa baguette sortir de son sac pour venir sagement se ranger dans le tiroir ouvert de l'enseignante.

« Un petit moment sans votre baguette magique devrait vous amener à réfléchir à votre condition de sorcier. »

Interloqué, Ahren dans un premier temps ne sut quoi dire, puis l'information fit le tour de son cerveau. Cette sale... bonne femme venait de lui voler sa baguette. Il se leva alors d'un bond et hurla :

"MAIS VOUS N'AVEZ PAS LE DROIT ! RENDEZ MOI MA BAGUETTE !"

Puis, plus calmement, il ajouta :

"Vous serez obligé de me la rendre, ça m'étonnerait beaucoup que les autres professeurs voient ceci d'un très bon œil."

Elle ferma alors son tiroir magiquement comme pour montrer que sa punition était irrévocable.

"Vous pourrez récupérer votre baguette quand vous
me rendrez les deux devoirs que je vous ai demandé. Sinon, vous pourrez
toujours attendre. Vos professeurs se rangeront à moi, vous pouvez
toujours essayer d'aller pleurer dans les jupons du professeur Virtanen
mais je doute que cela soit efficace. Vous
pouvez toujours vous faire refaire une baguette mais vous devrez
attendre les vacances de Noël. Et soyez assuré que je m'occuperai de
celle-là aussi. Vous semblez déterminé, monsieur Keller. Et bien sachez
que moi aussi."

Ahren tremblait de rage, elle avait pensé à tout, il n'avait aucun échappatoire, il irait quand même se plaindre auprès de son directeur de maison pour la forme mais savait pertinemment que ça ne changerait rien, peut-être en allant se plaindre au vieux Dérébusor ? Et encore, il n'y croyait pas. Il était réduit à l'état de moins que rien. Un sorcier déchu, il n'était plus rien. Il sentit sa haine redescendre pour laisser place à une grande détresse alors que le professeur Mason lui fit un grand sourire en tapotant son affreux livre sur les impurs.

« Prenez-le si vous voulez, vous en aurez sûrement besoin. »
Elle attrapa une copie et une plume afin de continuer ses corrections. « Si
vous n'avez pas d'autres questions et bien vous pouvez disposer,
monsieur Keller. N'oubliez-pas, deux semaines. Et, au passage, ma
première punition concernant les retenues et les points tient toujours.

Ahren toujours debout avait à présent les yeux rivés au sol pour ne pas montrer ses larmes qui commençaient à perler aux coins des yeux, il était hors de question qu'il lui fasse ce plaisir. Il sentit un courant d'air dans son dos, signe que la porte était ouverte.

« Bonne soirée, monsieur Keller. »

Il attrapa son sac et releva la tête, les larmes aux yeux.

"Je vous déteste !"

Il avait mis toute la haine et toute la détresse qu'il ressentait dans ses trois mots, il avait conscience que Daisy Mason s'en moquait mais ça lui avait fait du bien de cracher son venin. Il tourna alors les talons sans prendre le stupide livre qu'elle lui avait conseillé et sans un au revoir, il prit la porte du bureau et la claqua en sortant. Il était hors de question qu'il fasse ces stupides devoirs mais il ne pouvait pas non plus vivre sans baguette, il allait falloir qu'il trouve un pigeon, peut-être que Marianne voudrait bien l'aider ou peut-être Kathrina puisqu'elle avait l'air si forte dans cette matière. Ou alors Abigail accepterait peut-être de lui faire en échange d'informations. Il trouverait bien quelqu'un pour l'aider, il se sentait si... faible. Il n'aimait pas ça, de rage, il frappa le mur le plus proche mais il ne réussit qu'à se faire mal aux phalanges. Rageur, désemparé et honteux, il rentra dans son dortoir en promettant qu'un jour il se vengerait.