Le devant de la scène [ouvert à tous]

Lundi 2 octobre 2006

Ca y était, il s'était enfin décidé. Franklin, désormais en quatrième année (et en plein jeu de séduction avec la soeur d'Aaron, qui se targuait d'avoir vu venir la chose à des kilomètres), était toujours aussi enthousiaste à l'idée du club des Mordus, comme il l'avait appelé. Il fallait dire que l'année dernière, le club avait connu pas mal de succès, notamment les idées sportives. Plusieurs élèves s'étaient essayés au basket. Franklin, débordant de bonnes idées, avait même proposé à quelques élèves motivés de les initier au maniement des ordinateurs chez lui durant l'été. Aaron avait assisté à une séance et salué le dévouement de son voisin à la tâche. Il lui avait même suggéré de commencer avec quelque chose de plus simple, comme la playstation, car les sorciers ne comprenaient vraiment - vraiment - rien au monde moldu.

Mais il en fallait plus pour décourager Franklin Darrel. Et ce qui inquiétait Aaron, c'était que sa frénésie semblait gagner d'autres élèves. Depuis la rentrée, il s'était plusieurs fois fait aborder par des membres du club, enthousiaste, qui lui demandait quand serait la première réunion de l'année, ce qu'il comptait faire cette année... Aaron avait aussi appris avec horreur que Franklin l'avait porté volontaire pour organiser un tournoi de rugby en parallèle du tournoi de Quidditch. C'était le professeur Mason qui l'avait involontairement mis au courant, le félicitant pour son initiative... alors que ce n'était pas la sienne du tout!

Le Serdaigle avait d'abord tenter de se dédouaner, mais son entourage avait lourdement insisté. Franklin prétendait qu'il avait un bien meilleur sens de l'organisation que lui (ce qui au demeurant n'était pas faux), Amy supportait son futur chéri en invoquant l'intégration de son frère chez les sorciers, Swann était ravie que la notoriété de son petit ami monte en flèche...

Et lui, il était faible, il avait cédé! Il n'osait pas décevoir ces trois personnes. Et puis, il devait bien ça à Swann, après l'après-midi catastrophique qu'ils avaient passés avec ses amis. Aaron avait vraiment eu peur qu'elle ne veuille plus de lui après ça, mais un long débriefing le soir avait réussi à aplanir les choses. Il fallait d'ailleurs qu'il écrive à Maïa pour clarifier la situation. Quant à Mike, ils s'étaient expliqués de façon typiquement masculine et tout allait bien désormais.

L'horloge de l'école sonna dix neuf heures. L'heure fatidique. Aaron, assit d'une manière qui se voulait nonchalante sur le bureau professoral, attendit que les premiers membres arrivent. Franklin n'était pas là, ce qui était étrange. Pour calmer son stress, Aaron se demanda qui viendrait. Il espérait que Swann ferait partie du lot, histoire de pouvoir se rassurer. Il ne comptait pas sur Darren. Ce n'était pas parce qu'ils échangaient quelques mots polis en se croisant dans un couloir qu'O'Connor s'abaisserait à venir voir ce que trafiquaient les moldus, même s'ils étudiaient dorénavant la matière dans le même cours. Peut-être Jeremy, s'il n'était pas trop occupé auprès de ses demoiselles ou du professeur Nolan. Et puis il y avait aussi cette gamine de première année à Serpentard qui ne manquait pas de culot et dont Swann lui avait parlé...

Au bout de dix minutes, la salle était bien remplie, et Franklin n'était toujours pas là. Aaron se résigna donc à porter la réunion tout seul. Montant sur la table, il se lanca un sonorus:

"Bonsoir tout le monde! Je suis ravi de voir qu'il y a beaucoup de volontaires pour participer à nouveau au club cette année... On comprend pourquoi le MIM a été élu!" plaisanta-t-il, déclanchant quelques rires dans l'assistance. "Pour les nouveaux venus, je suis Aaron Finnigan, co-fondateur du club... avec Franklin Darrel, qui ne devrait pas tarder à arriver. En attendant, je vais vous réexpliquer brièvement l'objectif des Mordus..."

Il épilogua rapidement sur la connaissance des moldus, l'initiation à leur univers, tout de même limitée dans le cadre d'une école de magie.

"Et certains d'entre vous ont probablement entendu parler d'un certain tournoi de rugby...Qui serait intéressé pour participer?"

Un mois s'était écoulé depuis la rentrée, mais Abigail avait l'impression que c'était beaucoup plus. La première semaine avait été difficile mais à présent elle se sentait chez elle dans ce vieux château empli de magie. Afin de ne pas penser à tout ce qui lui manquait, depuis sa famille et ses deux meilleurs amis jusqu'aux prises électriques et aux sèches-cheveux, Abigail avait tout fait pour se tenir occupée. Cela n'avait pas été difficile. Il y avait les cours auxquels il fallait assister, les devoirs à faire, les camarades de classe à rencontrer, les couloirs mystérieux à explorer... Comme elle s'y attendait, Poudlard recelait de nombreuses histoires passées et présentes, qu'elle adorait apprendre. Une de ses découvertes les plus réjouissantes avait d'ailleurs été la bibliothèque, où elle avait pu emprunter la dernière édition de L'Histoire de Poudlard. Abigail passait ses soirées à dévorer ces récits. Le dernier chapitre, qui portait sur la guerre et la grande bataille du deux mai, était particulièrement passionnant. Elle avait du mal à croire qu'elle parcourait les lieux où tels évènements avaient eu lieu, où héros et démons s'étaient affrontés jusqu'à la mort... Quelle chance avait-elle ! Elle côtoyait même certains de ces grands noms, comme la directrice ou encore le professeur Londubat !

Abigail ne s'intéressait pas seulement au passé, cependant, et faisait tout pour se tenir au courant des évènements au coeur de la vie sociale des étudiants. Elle avait ainsi été assister aux sélections de son équipe de Quidditch, et attendait le premier match avec impatience. Aujourd'hui, elle avait entendu parler d'une réunion d'un fameux club des moldus, dont tout le monde semblait parler. Abigail se demandait de quoi il s'agissait exactement. Elle avait beau apprécier le professeur Mason, cela lui semblait étrange que l'on puisse étudier les moldus, et tout autant qu'on puisse être "mordu" des moldus... Après tout, les moldus étaient des personnes, et non pas un hobby ou une espèce animale étrange que l'on souhaite étudier. Mais il fallait dire que les sorciers étaient parfois assez archaïques et complètement ignorants de cette société avec laquelle ils coexistaient. Abigail n'avait jamais réalisé cela avant de venir à Poudlard, elle qui avait vécu à cheval entre deux mondes toute sa vie, et avait été particulièrement surprise par cette constatation.

C'est donc mue par la curiosité et par l'envie de faire de nouvelles rencontres qu'elle se rendit dans la salle de la réunion. Celle-ci était très remplie, et Abigail reconnut certain de ses camarades de première année vers qui elle se dirigea. Le président du club prit alors la parole et la fillette le détailla avec intérêt. Aaron Finnigan était un élève de sa maison, en septième année, au regard clair et mélancolique. Pourtant il ne devait pas être aussi discret que ce que son apparence suggérait, puisqu'il s'occupait d'un si gros club. En plus, il avait l'air plutôt détendu... Peut-être était-il habitué à parler en public ? Abigail arrêta là son examen et s'intéressa à ses paroles, se demandant ce qu'on pouvait bien faire dans un club des moldus. Bon, s'il s'agissait d'apprendre à connaître le monde moldu, elle n'était pas sure d'apprendre grand chose... Mais cela n'engageait à rien de rester à la première séance. Elle écouta d'une oreille, observant ses camarades, jusqu'à ce qu'Aaron termine sa présentation.

"Et certains d'entre vous ont probablement entendu parler d'un certain tournoi de rugby...Qui serait intéressé pour participer?"

Du rugby ! Voilà qui était intéressant ! Mais elle n'était pas sure d'être à la hauteur, vu son gabarit, parmi les grands garçons qui sauteraient probablement sur l'occasion de pratiquer un nouveau sport. Comme pour confirmer ses propos, une voix masculine et amusée s'éleva derrière elle, brisant le silence :

"Moi ! Mais seulement si j'arrive à te faire monter sur un balai !"

Quelques rires suivirent cette remarque. Abigail se retourna vers le propriétaire de la voix et, avec un sursaut d'excitation, reconnut Jeremy Baker. Appuyé contre le chambranle de la porte, il venait vraisemblablement d'arriver. Ses cheveux mouillés et le gros sac de sport qu'il portait suggéraient qu'il revenait de l'entraînement de Quidditch. Le regard avisé d'Abigail nota également qu'il portait un deuxième sac, et elle se demanda pourquoi le Gryffondor était si chargé. Profitant de l'agitation causée par les discussions sur le rugby, Abigail abandonna ses camarades et se glissa vers le fond de la salle en zigzaguant entre les élèves. Depuis la rentrée, elle voulait faire la rencontre du Gryffondor et elle n'avait toujours pas trouvé le temps ni l'occasion de le faire... C'était le moment ! Elle était intriguée, y avait-il autre chose derrière le sourire nonchalant du blondinet ? Ou Baker correspondait-il au cliché du sportif séducteur des séries américaines stupides qu'Abigail regardait parfois ? Et puis quelqu'un de populaire avait toujours plein d'histoires à raconter sur les autres élèves... En partant de ce principe, elle devrait d'ailleurs se présenter auprès d'Aaron Finnigan à la fin du cours ! Cela pouvait toujours servir de connaître un grand de sa maison.

Abigail arriva devant Jeremy et dut lever la tête pour lui parler. Par la barbe de Gandalf, ce qu'elle détestait se sentir aussi petite !

"Bonjour, Jeremy !", lança-t-elle avec enthousiasme pour attirer son attention. "Je m'appelle Abigail Scavo."

Comme souvent lorsqu'elle faisait preuve d'autant d'aplomb, le jeune homme sembla particulièrement surpris par cette intervention. D'ordinaire, les filles de onze ans étaient sensées être timides et rester dans leur coin... Mais c'était bien trop ennuyeux ! Où était l'aventure si l'on ne prenait pas le risque de se faire envoyer balader par les élèves plus âgés ?

"Euh...", dit-il en la dévisageant avec surprise. "Salut Abigail, heureux de te rencontrer. Scavo...comme dans William Scavo, le journaliste ?"

Ah ! Rien que pour ça, Abigail était heureuse d'être venue. Elle adorait quand les gens connaissaient son père. Elle hocha la tête, rayonnante, mais constata que le septième année commençait déjà à se désintéresser d'elle. Qu'à cela ne tienne ! Elle savait comment attirer son attention...

"Oui, c'est mon père ! Il a d'ailleurs reçu un prix cet été. A la cérémonie, j'ai rencontré des filles qui sont à Poudlard, elles m'ont beaucoup parlé de toi..."

Aussitôt, Jeremy Baker cessa d'écouter les discussions sur les moldus et posa sur Abigail un regard soupçonneux.

"Vraiment ? Qui ça ?"

"Oh, il y avait Olivia, Swann, Cassandre...", répondit-elle avec un sourire malicieux. "Tu les connais ?"

"Oh que oui", répondit-il, les sourcils froncés. "Qu'est-ce qu'elles t'ont dit, au juste ?"

Abigail haussa les épaules avec indifférence, et ajouta :

"Rien de méchant, tu sais... Elles m'ont parlé d'autres élèves aussi, comme une certaine Juliet, une Georgiana...et une Kelsey aussi. Oh, et il y avait un garçon qui s'appelle Ulrich..."

Voilà comment amener en douceur le sujet qui l'intéressait. Non pas que les histoires de coeur d'élèves plus âgés ne soient pas passionnantes, mais elle était bien plus intriguée par le nouveau préfet-en-chef au comportement étrange... D'autant plus que Swann avait été nommée préfète-en-chef, elle aussi. Des rebondissements étaient sûrement à prévoir ! A la mention d'Ulrich, le froncement de sourcil de Jeremy s'était accentué et son visage s'était fermé. Tiens ? Abigail nota intérieurement les réactions du Gryffondor et commenta à faire des conjectures sur ce qui pouvait bien les provoquer. Rivalité sportive ? Rivalité entre maisons ? Rivalité amoureuse ? Quelque chose d'autre ?

"Pas vraiment, enfin, un peu. Hé, tu m'as l'air de savoir beaucoup de choses pour quelqu'un qui vient d'arriver au château... Tu sais, je suis désolé mais je devrais vraiment écouter ce qui se raconte, mon ami Aaron ne va pas être content que je bavarde pendant sa réunion !"

"D'accord. Mais tu es sur que tu devrais jouer au rugby ? Tu m'as l'air déjà bien occupé pour quelqu'un qui doit préparer ses ASPIC..."

Elle désigna les deux gros sacs qui se trouvaient à ses pieds, sous le regard surpris du Gryffondor. Passé la surprise, Jeremy éclata de rire puis ébouriffa les cheveux d'Abigail.

"Tu es bien trop perspicace pour ton propre bien, petite Serdaigle ! Allez, file !"

Abigail tira la langue à Jeremy puis repartit jusqu'à sa place, un sourire malicieux aux lèvres. Quelque chose lui disait qu'elle avait suffisamment aiguillé la curiosité de Baker, et qu'elle pourrait bientôt le compter comme source d'informations. Elle reporta son attention sur le président du club des moldus, "son ami Aaron"... N'était-il pas le petit-ami de Swann, lui, d'ailleurs ?

Pas mal de monde semblait être intéressé par le tournoi de rugby. Constatant cela, Aaron fut envahi par des sentiments contradictoires. D'un côté, il était heureux de cet intérêt que ses camarades manifestaient pour le monde moldu. Ils s'ouvraient, ce qui était une bonne chose, et lui allait pouvoir retrouver un peu son univers durant la longue année scolaire - même s'il avait désormais bien moins de mal à s'éloigner de Londres. Et d'un autre côté, s'il était impatient de s'y mettre, il appréhendait l'organisation d'un tel évènement. Il n'en était pas capable, ce n'était pas lui, l'organisateur de l'école. Il fallait demander à Swann, ou à Keller, enfin, à n'importe qui mais pas à lui!

Oui mais voilà, Swann ne connaissait pas grand chose au rugby et monsieur l'affable ne s'occuperait probablement pas de choses aussi bassement matérielles. Et puis le monde entier avait déclaré que c'était lui qui devait gérer la chose. Que pouvait-il contre ça? Bien qu'il ne se l'avouait pas, Aaron était, tout au fond de lui, heureux de cette confiance. Il avait envie de prouver aux autres qu'il était un bon président de club. Et cette toute petite flamme au fin fond de son esprit suffisait à l'empêcher de reculer et à prendre la gestion du tournoi en charge.

Parmi les élèves volontaires, il y eut tout d'abord, ô surprise, Jeremy.

"Moi ! Mais seulement si j'arrive à te faire monter sur un balai !"

Aaron eu un sourire franc devant cette pique et répondit du tac au tac:

"J'ai bien peur que tu ne doives t'en tenir au Quidditch dans ce cas!"

Sa réplique provoqua quelques rires, même si quelques groupies de Jeremy râlèrent qu'il pouvait faire un effort pour son ami, qui, franchement, faisait un sacré sacrifice, le pauvre, et qu'Aaron était un peureux et patati et patata... Il écarta les commères d'un geste de la main, ce qu'elles pouvaient être ridicules!

De toute façon, Aaron ne savait pas s'il Jeremy participerait. Oh bien sûr, il adorerait jouer au rugby avec son ami, depuis le temps qu'il le tannait pour ça! Mais Jeremy faisait déjà pas mal de choses cette année. Non content d'être capitaine, il prenait des cours particuliers avec le professeur Nolan pour préparer un concours de Métamorphose. Il n'aurait probablement pas le temps de s'investir suffisamment dans le tournoi. Et puis il commençait à avoir une certaine notoriété auprès de ces demoiselles et le Serdaigle n'avait pas envie d'avoir des idiotes sans cervelle dans les équipes juste parce que monsieur Baker était là!
Bon. Il était peut-être un peu de mauvaise foi en songeant à tout cela. Il voulait juste protéger son domaine de l'influence sorcière de Jeremy. Il avait envie de briller un peu. Car on l'appelait souvant "le copain de Baker", "le chéri de Twilfit", mais "Aaron", beaucoup moins. C'était troublant de songer que ce statut l'embêtait alors qu'il aurait prié, six mois auparavant, pour que cela ne change jamais. L'influence de Swann, probablement...

En fait, le seul réel argument qu'il avait contre Jeremy n'était pas personnel: il n'était pas sûr d'accepter les joueurs de Quidditch dans le tournoi. En effet, Aaron jugeait qu'il fallait donner la priorité aux élèves qui n'avaient pas la chance de faire de sport. Mais il y aurait probablement assez de place pour tout le monde.

D'autres élèves se signalèrent, notamment une fille de Serdaigle de 4e année qu'Aaron ne connaissait pas. Lorsque Swann se proposa, il ne put empêcher un sourire attendrit d'éclairer son visage. Elle faisait là un sacré effort, vraiment! Se rendant compte que tout le monde pouvait voir sa tête, il modifia rapidement son expression et lui tendit la main avec un sourire un peu moqueur:

"Bien sûr, ma chérie, mais je doute que tes Louboutins apprécient!"

Et parmi toutes les mains levées - Aaron en dénombra une trentaine, il y eu celle du concierge. Lorsque Mr Silverster se proposa, le silence se fit dans la salle, les membres du club échangeant des regards étonnés. Aaron était complètement pris au dépourvu. Depuis quand un concierge parlait comme un ado et voulait participer aux clubs des élèves?

"Euh... Merci, Mr Silerster" dit-il lentement. "C'est très aimable de votre part, mais... Enfin, sans vouloir vous vexer, c'est un club d'élèves. Je ne peux accepter votre participation sans l'approbation de nos membres..."

C'était un peu gênant de rabrouer un membre du personnel comme ça, mais il n'avait pas le choix. Il n'était pas sûr que ses camarades veuillent du concierge dans leur tournoi. Ce n'aurait été que de lui, il aurait dit oui les yeux fermés. Il pourrait ainsi jouer et se décharger d'une partie de ses responsabilités sur Mr Silverster, qui s'y connaissait probablement mieux que lui en matière d'organisation.

"[color:0fa9=#1£E90FF]Qui accepte que Mr Silverster arbitre certains matchs?" demanda-t-il alors à l'assemblée. "Je pense que c'est une bonne idée, car ce sera plus facile d'obtenir l'accord des professeurs pour l'organisation s'ils savent que nous avons un adulte avec nous. Et puis il vaut toujours mieux que le match soit arbitré par Mr Silverster que par le professeur Dérébusor!"

Certainement que les élèves préféreraient avoir un arbitre qui avait leur âge et qui parlait "cool" et "génial" plutôt que le vieux ronchon de la tour d'astronomie. Sa réflexion lui prouva qu'il avait raison: comptant les mains qui s'étaient levées, il constata que c'était la majorité.

"La majorité vous accepte, Mr Silverster, bienvenue dans le club!"

Puis, pour éviter les remous, il enchaîna rapidement:

"J'aimerai que les volontaires joueurs s'avancent vers le bureau, s'il vous plait. Ceux qui ont déjà des bases en rugby à droite, les autres à gauche. Enfin, ma gauche, pas la vôtre."

Lorsque tous les élèves furent répartis, il repris:

"Nous aurons aussi besoin d'arbitres en plus, ainsi que de personnes pour compter les points, donc si certains sont intéressés... Les joueurs, vous êtes une trentaine de volontaires. Je vous propose que l'on fasse 4 équipes de 7, même si le rugby se joue théoriquement à 15. Je pense aussi que nous ne devrions pas faire d'équipes en fonction des maisons. Nous avons déjà le Quidditch pour ça et les moldus n'ont aucun système comparable. J'ai fixé le premier entraînement ce dimanche. Les volontaires viendront, et nous verrons qui peut être capitaine et comment répartir les joueurs dans les équipes, en fonction des affinités et des aptitudes de chacun. Des qu... Ah, bonsoir Franklin! Ce n'est pas trop tôt!"

En effet, durant sa tirade, le second président du club était entré en compagnie d'Amy. Pas gêné pour deux sous devant le regard et les moqueries des autres élèves, il s'avança vers le bureau et lança à son camarade:

"Ne te dérange pas pour moi, tu t'en sors très bien! N'est-ce pas Swann?"

Eh! Ca sentait le complot contre lui, ça! Ca n'allait pas du tout! Mais Aaron ne pouvait décemment pas s'insurger devant l'assemblée sans perdre en crédibilité, aussi se contenta-t-il de reprendre:

"Je m'en sors effectivement très bien, mais j'arrivais justement à la partie qui te concernait. Pour ceux qui ne sont pas tentés que par le rugby, dès que nous aurons terminé, Franklin vous présentera les autres activités que nous avons planifié cette année. Il y a de la lecture moldue, de la musique, initiation à la technologie, et d'autres sports ou sorties pendant les vacances... Enfin bref, je m'égare, vous verrez tout cela après. Des questions, suggestions, contestations?"


[HRP: Je ne sais pas si on jouera les matchs mais j'essaierai de les intégrer au planning scolaire. J'ai beaucoup avancé mais n'hésitez pas à faire intervenir vos persos avant le point ou j'en suis rendue, on réagira après!]

Swann lui renvoya sa pique avec piquant et Aaron rit avec les autres de sa répartie. C'était ce qui faisait son charme. Il n'aurait jamais pu sortir avec une fille qui balbutiait et rougissait à la moindre niaiserie qu'il lui aurait dite. Mais l'heure n'était pas à ces pensées personnelles, car les volontaires ne manquaient pas. Au fur et à mesure que les gens se décidaient, se "répartissant" d'un côté ou de l'autre du bureau, la réunion si bien organisée se transforma en un joyeux brouahaha, chacun discutant avec son voisin, voir avec son ami qui n'était pas dans la même catégorie que lui.

Aaron grimaça, désolé de voir sa belle organisation fichue en l'air. Visiblement, il n'avait pas choisi la bonne recette et devrait mieux s'adapter la prochaine fois. Bah, il avait le temps et il pourrait toujours demander de l'aide à Swann, c'était la reine de l'organisation. Et nul doute qu'elle serait ra-vie de fourrer son nez de commère dedans. Réprimant un sourire à cette pensée, il se laissa envahir par la bonne ambiance. Il était fier que les élèves semblent si détendus et motivés pour jouer au rugby, car rien n'était gagné d'avance. Mais il avait apparemment su les motivés, malgré la présence du concierge.

Aaron redoutait cependant la semaine à venir. En effet, la prochaine réunion marquerait le début du projet, en commençant par l'explication des règles. S'il pensait que la plupart des garçons seraient assez motivés pour se jeter dans la boue, il était presque certain que la plupart des filles fronceraient du nez et partiraient en courant. Bon, il fraudrait qu'il prévoit une solution de repli pour les garder dans le club. Amy pourrait toujours organiser des sessions maquillage moldus, et chaque équipe aurait ses pom-pom girls... Hum, il s'égarait.

"Bien, je vois que vous êtes tous motivés, et c'est un vrai plaisir!" reprit-il avant que le ton ne monte assez pour recouvrir sa voix amplifiée. "Comme il se fait tard, je vous propose de noter vos noms sur le tableau avant de partir pour que nous puissions déterminer combien d'équipe nous ferons. Je vous donne aussi rendez-vous la semaine prochaine, même heure, même endroit, et les choses sérieuses commenceront: on vous expliquera les règles du rugby. Bonne soirée à tous et merci de votre présence!"

Et, sans attendre son reste, il sauta du bureau et fendit la foule à la recherche de Swann ou Jeremy. Il avait fait son travail pour ce soir, il en verrai les effets la semaine prochaine. Pour le moment, il voulait juste savourer sa réussite comme un élève anonyme... ou presque.