Pourquoi tu veux savoir ça ? [PV Swann]

19 Septembre 2006

Samaël en grand anxieux de la vie, se posait encore et toujours des questions. Et après qu'allait-il faire de sa vie ? Bien sûr, il voulait toujours faire Médicomage et l'année dernière, on lui avait dit qu'il pourrait avoir le niveau. Oui mais voilà, c'était l'année dernière, cette année avec tout les changements du nouveau gouvernement peut-être que ses aptitudes n'étaient plus convenables. Peut-être devait-il changeait d'avenir professionnel. Oui mais pour faire quoi ? Sam ne se voyait pas joueur de Quidditch professionnel, il n'était pas assez bon en Sortilèges pour faire briseur de sorts, ni assez doué en Défense contre les Forces du Mal pour faire Auror. Que pouvait-il bien faire de sa vie ? De la divination ? Il n'était pas trop mauvais mais non pas pour lui. Alors quoi ? A part Médicomage, il ne voyait pas du tout quoi faire de sa vie. Donc plus pour se rassurer que par réelle nécessité, il devait aller voir le Professeur Mason. Sa directrice de maison allait lui dire s'il pouvait encore prétendre à un poste de Médicomage ou non. Il fallait qu'il y aille et tout de suite sinon ça allait lui pourrir le reste de sa journée. Il n'allait penser qu'à ça et il ne pourrait pas se concentrer convenablement. C'est donc d'un pas décidé qu'il se dirigea vers le bureau du professeur d’Études des Moldus.

Il repensa à tout ce qui lui était arrivé depuis le début de l'année, sa rupture d'avec Olivia, sa nomination en tant que batteur dans l'équipe des Poufsouffles. Sa volonté de s'affirmer et de ne plus être renfermé sur lui et d'arrêter de bégayer quand il s'adressait à quelqu'un. De ce côté là, il s'était plutôt amélioré et il n'en était pas peu fier. Un sourire éclaira son visage à cette pensée. Il souriait de plus en plus alors qu'avant jamais un sourire n'aurait illuminer son beau visage. Ce qui était dommage d'après Abygaëlle et Angèle car l'air bougon qu'il affichait sans arrêt ne mettait pas autant en valeur son doux regard qu'un beau sourire. Avant Sam trouvait ça pas plus mal car il ne voulait pas attirer les regards et bien malgré lui, sa beauté naturelle avait tendance à faire tourner les têtes vers lui. Combien de fois avait-il vu des jeunes femmes lui faire un grand sourire charmeur quand il se promenait sur le chemin de Traverse ? Le jeune homme ne les comptait plus. Avant, il détournait la tête gêné, aujourd'hui si le cas se présentait, il rendrait le sourire et s'empêcherait violemment de rougir. C'était tout un travail et il s'entrainait dur.

Il tourna à l'angle du couloir qui menait au bureau de Daisy Mason quand il vit que quelqu'un attendait déjà devant la porte du bureau. Au fur et à mesure qu'il avançait, il pouvait distinguer la personne appuyée contre le mur. Lorsqu'il reconnut Swann Twilfit, il se figea un instant. Il ne l'avait pas revu depuis la soirée mousse organisée par Jeremy Baker et d'après ce qu'on lui avait raconté, il n'avait pas été des plus aimables avec la Préfète-en-chef. Il n'avait donc aucune idée des sentiments que la Serpentard entretenait envers lui. Lui en voulait-elle ? Lui avait-elle pardonné son écart de conduite ? N'en avait-elle rien à faire ?

C'était très difficile d'essayer de déchiffrer les pensées de la jeune fille, elle semblait si sûr d'elle et si parfaite. Samaël poussa un soupir intérieur et continua son chemin, jusqu'à ce qu'il soit arrivé devant la porte.

"Bonjour Swann, tu vas bien ?"

Le jeune homme avait jugé bon d'être courtois, il ne voulait pas ouvrir les hostilités et être aimable avec Swann était pour Sam la meilleure solution.

"Tu attends le professeur Mason ?"

Question plutôt idiote quand on y réfléchissait bien, si elle n'avait pas attendu le professeur Mason, elle ne serait pas ici. Mais c'était aussi une façon comme une autre d'engager la conversation. Et Samaël voulait engager la conversation. Il ne voulait pas de grand blanc qui plombait l'atmosphère avec deux trois regards échangés. Si Swann avait quelque chose à lui reprocher et bien elle pourrait le faire sans qu'il y ait eu de grand silence avant.

Regardant d’un œil critique sa manucure vieillissante, Swann attendait patiemment devant le bureau de Daisy Mason. En effet, la jeune femme avait emprunté à son enseignante une multitude de livres sur la culture moldue qu’elle devait lui rendre. Elle espérait d’ailleurs avoir le temps de questionner sa professeur sur les notions qu’elle n’avait pas très bien comprises. Swann n’aimait pas rester sur un echec, et, pour elle, son après-midi à Hyde Park en était un. Elle avait été incapable de s’intégrer facilement dans la bande d’Aaron, en partie à cause de ses lacunes en Etudes des Moldus. Aussi, entre ses devoirs de préfète en chef, sa préparation aux ASPICS et ses projets de stylisme, elle essayait de se trouver au moins une heure par jour pour se renseigner sur le sujet. Les nuits étaient courtes mais les journées très enrichissantes ! Enfin, sauf lorsqu’elle perdait son temps à attendre ses profs dans les couloirs!

La préfète émit un claquement de langue sonore tout en observant sa montre. A ce rythme là, elle n’allait jamais avoir le temps de faire tout ce qu’elle avait prévu ! Heureusement, des pas retentirent enfin au bout du corridor. Swann se redressa légèrement, lissa sa robe avant d’arborer un sourire charmant qui se figea légèrement lorsqu’elle reconnut le nouveau venu. Ce n’était que Samaël Smith. Le psychopathe qui lui avait lancé un Incarcerem lors de la soirée mousse ! Swann ne le portait pas vraiment dans son cœur mais la sœur du Poufsouffle, Abygaëlle Norfolk, était une excellente cliente du magasin. Elle achetait assez régulièrement des vêtements pour son frère parmi les produits griffés T&T. La préfète devait donc faire bonne figure, comme toujours, et se cacher derrière son masque souriant. Ainsi, lorsque ce dernier la salua chaleureusement en lui demandant si elle allait bien, Swann répondit sur un ton enjôleur « Très bien, je te remercie ! » avant de poser un regard scrutateur sur le Poufsouffle.

A vrai dire, elle essayait de savoir s’il s’était bien remis de sa rupture d’avec Olivia Fowler. Cela avait été le gros ragot de la rentrée ! Après leur première séparation lors de la soirée Mousse, Ollie et Samaël étaient devenus les coqueluches des commères ! D’ailleurs, ils allaient bientôt concurrencer Jack et Katy avec leurs ruptures à répétition … Néanmoins, cette fois, leur séparation avait l’air sérieuse et Smith semblait parfaitement s’en accommoder. On racontait même que le jeune homme d’ordinaire si timide briguait un poste au sein de l’équipe de quidditch. Il fallait croire que ça lui réussissait de se faire jeter lamentablement comme une vieille chaussette par sa nana ! (Oui, car Swann ne croyait absolument pas à la thèse « On s’est engueulé et on s’est séparé d’un commun accord ! »). Elle lui adressa donc un sourire poli avant de reporter une nouvelle fois son attention sur sa montre.

"Tu attends le professeur Mason ?"

« Oui, répondit-elle en désignant les ouvrages qu’elle tenait sous le bras, je voulais lui rendre ses livres ce matin mais je crois qu’elle fait la grasse matinée !» ajouta-t-elle en haussant les épaules, et toi ? Tu viens pour quoi ? »

Cela ne la regardait pas mais elle allait peut-être apprendre de nouveaux ragots en questionnant le Poufsouffle. Après tout, c’était l’occasion d’en savoir un peu plus sur Smith. Avant la soirée mousse, ils ne s’étaient quasiment jamais parlé. N’étant pas de la même année et ne partageant aucun centres d’intérêts communs, Swann l’avait juste croisé de temps en temps chez T&T pendant les vacances lorsque ce dernier accompagnait sa sœur au magasin. D’ailleurs, c’était manifestement le moment rêvé pour faire un peu de publicité pour l’entreprise familiale ! La jeune femme leva l’index comme pour prendre la parole et s’exclama :

« Tiens, au fait, pendant que j’y pense... commença-t-elle en cherchant quelque chose dans son sac de cours, voila un coupon de réduction pour la nouvelle collection de T&T. Je sais que ta sœur est une habituée du magasin, je pense que ça lui fera plaisir, dit-elle en tendant deux cartons, tu peux garder le deuxième pour toi ou le donner à tes parents…comme tu veux. »

Mais, au moment où elle tendait les deux bons de réduction, une sensation de doute s’installa. Elle n’avait jamais vu Samaël en compagnie de ses parents. Ni au magasin, ni ailleurs. Pour la commémoration du 2 mai, c’était encore Abygaëlle qui lui avait tenu compagnie. Se pouvait-il que les Smith soient séparés comme les parents de la petite Sasha Benson et que Samaël soit tiraillé entre les deux ? Afin d’éclairer un peu cette histoire, la jeune femme ajouta d’un ton taquin:

« Enfin, j’imagine que la mode ce n’est pas trop leur truc puisque c’est toujours avec ta sœur que tu fais tes courses ! »


Il y a des jours comme ça, où il vaudrait mieux tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de parler...

Samaël vit avec soulagement Swann lui répondre en souriant. Il avait peut-être eu tord de penser qu'elle lui en voulait, après tout, il n'était pas lui même ce soir là, l'alcool et la Mandragore l'avait bien arrangé. Elle affirma alors qu'elle attendait le professeur Mason parce qu'elle avait des livres à lui rendre et lui demanda ensuite pourquoi, lui, il voulait la voir.

"Je sais que c'est stupide, mais je voudrais bien faire Médicomage. L'année dernière j'avais le niveau pour intégrer l'académie de Médicomagie mais cette année avec tous les changements du nouveau gouvernement, je ne sais pas si j'ai encore le niveau."

Samaël haussa les épaules plus pour se détendre que par réel manque d'intérêt dans ce qu'il venait de dire.

« Tiens, au fait, pendant que j’y pense... commença-t-elle en cherchant quelque chose dans son sac de cours, voila un coupon de réduction pour la nouvelle collection de T&T. Je sais que ta sœur est une habituée du magasin, je pense que ça lui fera plaisir," dit-elle en tendant deux cartons.

D'abord surpris par tant de générosité, Sam ne sut pas trop comment réagir, il esquissa alors un énorme sourire à la Préfète-en-Chef. Il avait été bien stupide de douter de sa capacité à pardonner.

"Merci, Swann, je ne sais pas quoi dire. Elle sera ravie soit en sûre. Il y a des chances pour qu'elle passe au magasin bientôt," remercia le jeune homme en tendant le bras pour prendre les deux cartons.

"Tu peux garder le deuxième pour toi ou le donner à tes parents…comme tu veux."

Samaël se figea d'instinct quand Swann fit référence à ses parents mais il s'obligea à reprendre une posture normale. Swann ne pouvait pas être au courant pour ses parents, c'était normal qu'elle lui en parle avec beaucoup de naturel. Le jeune homme avait depuis longtemps arrêté de poser des questions sur les parents des personnes qu'il côtoyait. Ne voulant pas qu'on pose des questions sur les siens, il paraissait logique qu'il n'en pose pas sur ceux des autres. Cependant la jeune fille ne sembla remarquer son malaise puisqu'elle continua sur sa lancée.

« Enfin, j’imagine que la mode ce n’est pas trop leur truc puisque c’est toujours avec ta sœur que tu fais tes courses ! »

La gorge de Samaël se noua, il baissa la tête et fixa le regard sur les cartons qu'il tenait dans la main, les regardant sans les voir.

"En fait, je ne peux plus faire les magasins avec eux, Sam déglutit difficilement, les mots qu'il allait prononcer, ça faisait des années qu'il ne les avait pas dit mais c'était toujours aussi dur. Ils sont..., bien malgré lui, le mot s'étrangla dans sa gorge. C'est donc dans un souffle qu'il le murmura. Morts"

Un mot rien qu'un mot, mais toujours aussi difficile à prononcer. Pourtant ça faisait maintenant dix ans que sa mère était partie et huit que son père s'était sacrifié pour leur liberté. Mais la douleur était toujours aussi présente. Et l'absence toujours aussi pesante.

Pendant un instant, il essaya de s'imaginer en train de faire les magasins avec sa mère comme quand il était petit, comme quand elle essayait encore de faire comme si tout était normal, comme quand elle était encore sa mère, aimante et attentionnée. Il revit alors le visage de son père, toujours souriant, toujours riant. Il se rappelait des moments qu'ils avaient passés ensemble, quand ils n'étaient que tous les deux à la maison, quand son père l'emmenait voir des match de Quidditch, quand tous les deux, ils allaient supporter les Harpies de Holyhead. Quand il était encore insouciant mais plus totalement non plus.

Avant que la vie ne lui prenne ceux qu'il aimait le plus au monde. Samaël ne put empêcher les larmes de rouler sur ses joues, les yeux toujours baissés sur les deux cartons qu'il tenait dans ses mains tremblantes. Il se moquait bien que Swann puisse le voir ainsi. Perdu dans ses pensées, le monde autour de lui s'était arrêté de tourner.

Manifestement Samaël venait voir sa directrice de maison pour parler de son avenir professionnel.

"Je sais que c'est stupide, mais je voudrais bien faire Médicomage. »

« Pourquoi est-ce que ce serait stupide ?, répliqua Swann en haussant les sourcils, si tu as décidé de faire ça, je ne vois pas où est le problème… »ajouta-t-elle catégorique.

Elle avait toujours du mal à comprendre les gens qui n’assumaient pas pleinement leur choix. Si Samaël voulait poursuivre une carrière de guérisseur, il devait tout mettre en œuvre pour réussir dans cette voie. Ce n’était pas plus compliqué que cela… Seulement, le jeune homme n’avait jamais eu l’air très sûr de lui. Même s’il faisait des efforts depuis sa rupture, il ne pouvait pas changer totalement de personnalité et ce devait être terriblement handicapant pour lui de ne pas avoir pleinement conscience de ses compétences !

*Heureusement que je ne suis pas comme ça* songea Swann en lui tendant les deux bons de réduction. En effet, la jeune fille estimait parfaitement connaitre ses points forts et ses points faibles et ce n’était vraiment pas le genre des Serpentard de se sous-estimer…bien au contraire !

Tout en attrapant les coupons avec un large sourire, Samaël affirma que sa sœur ferait surement un passage au magasin incessamment sous peu. Par-fait ! Au moins Swann n’avait pas perdu une heure à attendre dans un couloir pour rien ! D’ailleurs, elle allait peut-être même gagner deux nouveaux clients si Samaël arrivait à convaincre ses parents de l’accompagner faire ses courses.

Malheureusement, la jeune femme comprit bien vite qu’il y avait comme un malaise. En effet Samaël avait les yeux rivés sur les deux bons de réduction qu’il tenait dans sa main tremblante.


"En fait, je ne peux plus faire les magasins avec eux, »

« Ah… » répondit la préfète en regrettant déjà d’avoir été un peu trop curieuse. Bien sûr, elle adorait apprendre de nouvelles informations sur ses camarades mais elle avait la désagréable impression d’avoir fait une énorme gaffe.

« Ils sont... »

Le cœur de Swann rata un battement lorsque la voix de Samaël se brisa.

*Faites que ce ne soit pas ce que je crois ! Pitiééééé !*

« . ..Morts"

Les membres de la jeune femme se figèrent et elle arrêta même de respirer pendant quelques secondes. Comment avait-elle pu passer à côté d’une information aussi capitale ! Pourquoi son réseau de commères ne l’avait pas averti de cet état de fait ? Les parents de Samaël Smith étaient morts et personne ne l’avait mise au courant ! Si elle l’avait su, elle ne se serait jamais retrouvée dans un couloir vide avec Smith au bord des larmes par sa faute. Même si elle ne portait pas spécialement le Poufsouffle dans son cœur, elle n’avait jamais eu l’intention de le peiner. Maintenant, elle devait absolument trouver quelque chose à dire. N’importe quoi ! Malheureusement, elle n’était pas très douée pour réconforter les autres mais elle pouvait toujours essayer….Déposant sa pile de livre contre sa poitrine, elle esquissa quelques pas en direction du jeune homme avant de lui souffler d’une voix hésitante :

« Je…suis désolée… Vraiment. Je l’ignorais, si je peux fai…*PAR MERLIN IL EST EN TRAIN DE PLEURER !*

En effet, les larmes roulaient sur les joues du jeune homme qui avait toujours le visage baissé sur les bons de réduction. A ce moment précis, Swann n’avait qu’une envie : S’enfuir en courant loin du bureau de Daisy Mason ! Mais pourquoi avait-il fallut qu’elle fasse de la publicité pour le magasin ? Samaël n’aimait même pas la mode ! Posant une main fébrile sur son front, la jeune femme grimaça légèrement lorsqu’une larme s’écrasa sur les « T » dorés des coupons.

« Oh non, s’il te plait, ne pleure pas, lança-t-elle sur un ton suppliant, vraiment je m’excuse, poursuivit-elle d’une voix aiguë en cherchant frénétiquement dans son sac, Tiens voila un mouchoir. »

Elle lui cola précipitamment l’étoffe entre les doigts, recouvrant les cartons de réduction, puis elle s’éloigna de quelques pas en rongeant l’ongle de son index. Tant pis pour la manucure !
La jeune femme ne savait vraiment pas comment se comporter face à une personne en détresse, surtout lorsqu’elle ne faisait pas partie de ses intimes. Si Smith avait été son ami, elle l’aurait probablement pris dans ses bras mais elle ne connaissait pas assez le Poufsouffle pour se permettre une telle familiarité… Elle était juste condamnée à assister à ce triste spectacle. Regardant partout autour d’elle sauf Samaël, elle finit par dire :

« Tu…tu veux un verre d’eau ? »

Samaël n'entendait pas Swann lui parler, perdu dans ses souvenirs, il était coupé du monde. Il n'avait même pas conscience qu'il pleurait. Regardant sans les voir les bons de réductions que la jeune femme venait de lui offrir, il reprit conscience du monde qui l'entourait quand cette dernière lui glissa un mouchoir entre les mains. Il reprit ses esprits et sentit ses joues humides. Il se saisit du mouchoir et les essuya. Il renifla peu galamment et rangea les cartons dans sa poche pour ne pas les abimer.

« Tu…tu veux un verre d’eau ? »

"Non merci, ça ira," murmura le Poufsouffle.

Honteux, il n'osa pas regarder Swann, il avait du offrir un spectacle des plus pathétique. La plupart du temps, il s'arrangeait pour que personne ne le voit pleurer. Il n'aimait pas être dévisagé comme une bête de foire et en général les personnes étaient mal à l'aise dans ce genre de situation. Il avait du mettre la Serpentard dans l'embarras. Si ça ce trouvait, elle se sentait coupable. Peut-être pensait-elle que c'était de sa faute. Non, vraiment, il n'aimait pas ce genre de situation.

"Excuse moi, Swann. Je ne voulais pas t'embarrasser. Je ne sais pas ce qui m'a pris, d'habitude, je ne... Je n'agis pas comme ça."

Il releva ses yeux rougis vers Swann et lui fit un sourire d'excuse. C'était vrai, parfois, certaine personne lui posait des questions sur sa famille et il ne pleurait pas. Il arrivait à contenir ses larmes. Quand il en avait parlé avec Olivia, il n'avait pas pleurer comme une madeleine, alors pourquoi ses larmes avaient-elles coulées devant Swann ?

Elle allait certainement l'éviter comme la peste maintenant puisque à chaque fois qu'ils se croisaient, il agissait comme un crétin. La dernière fois, il l'avait agressé et aujourd'hui, il pleurait. Elle devait certainement le prendre pour un garçon complètement instable et elle n'aurait pas tord. Il se sentait tellement minable.

"Merci encore pour les bons de réduction, je pense que je vais revenir plus tard. Je ne veux pas te déranger plus longtemps."

Pour Sam c'était la meilleure des solutions, Swann se sentirait sûrement plus à l'aise quand il serait loin d'elle et le professeur Mason n'allait pas s'envoler, il pourrait toujours revenir un peu plus tard. Enfin c'était surtout pour éviter un immense silence entre la Serpentard et lui. Elle ne voudrait sûrement pas discuter comme si de rien était avec lui maintenant. Il prit donc son sac de cours et commença à tourner les talons.

Il espérait quand même que Swann lui demanderait de rester, il ne voulait pas vraiment laisser la jeune fille attendre toute seule mais il ne pouvait pas décider pour elle de ce qu'elle voulait ou non.

Le poufsouffle répondit en reniflant bruyamment qu’il n’avait pas besoin d’un verre d’eau. Du coin de l’œil, Swann le vit s’essuyer les joues et tenter de reprendre vainement contenance bien qu’il ait toujours les yeux rivés au sol. La préfète se racla doucement la gorge et se perdit dans la contemplation de la voute du couloir. Une bien belle voute d’ailleurs, avec des pierres remarquablement taillées ! Néanmoins, au bout de quelques minutes, Samaël l’arracha à ses observations en s’excusant de l’avoir embarrasser. Bon, il avait une voix presque normal et Merlin soit loué, il ne pleurait plus ! La jeune femme s’empressa donc de répondre avec un sourire un peu crispé:

« Ne t’excuse pas ! Ce n’est pas grave ! J’ai déjà tout oublié. »

Bien sûr c’était totalement faux mais contrairement à ce que l’on pouvait penser, elle n’irait pas raconter cela à tout Poudlard. Juste à Natasha, mais c’est tout ! La jeune femme n’était pas du genre à se vanter de faire pleurer les gens ! Elle était préfète en chef, elle se devait donc d’être un « interlocuteur privilégié » comme l’avait si bien souligné la directrice lors de son discours de rentrée, hors, ce genre d’incident ne lui faisait pas honneur ! Heureusement, il n’y avait pas de témoin et Samaël n’irait surement pas se vanter de cette situation… D’ailleurs, ce dernier semblait pressé de la quitter puisqu’il venait de poser son sac sur ses épaules massives.

"Merci encore pour les bons de réduction, je pense que je vais revenir plus tard. Je ne veux pas te déranger plus longtemps."

Le commun des mortels aurait répondu : « Mais non, tu ne me déranges pas ! » mais Swann devait avouer qu’elle était plutôt soulagée de voir partir le Poufsouffle. Cette situation la mettait particulièrement mal à l’aise et elle était impatiente que Samaël quitte enfin le couloir. Elle ne tenta donc pas de le retenir lorsqu’il esquissa quelques pas en direction de la Grande Salle. Alors qu’elle se demandait comment avait pu mourir les parents du jeune homme, elle s’aperçut soudainement qu’il venait d’oublier sa veste. Son regard passa du vêtement à la silhouette de Samaël qui s’éloignait. Elle pouvait très bien faire comme si elle n’avait rien vu mais elle finit par mettre de côté cette pensée fugace : Elle ne pouvait pas se conduire de la sorte après ce qu’elle venait de lui faire :

« Smith ! » cria-t-elle afin de retenir le Poufsouffle qui s’apprêtait à disparaitre à l’angle du corridor. Elle attrapa le blouson et le rejoignit en faisant claquer ses loutoubins dans le couloir.

« Ta veste", dit-elle en lui donnant le vêtement tout en cherchant quelque chose à dire pour détendre un peu l’atmosphère. C’est alors qu’elle remarqua le « G » sur l’étiquette du blouson.

« Guippure ?" s’étonna-t-elle en haussant les sourcils, "Samaël, tu me fais des infidélités ?" ajouta-t-elle avec un sourire malicieux. Ce n’était ni compatissant, ni réconfortant mais c’était sa manière à elle de crever l’abcès entre eux !

Alors que Samaël s'éloignait, il entendit alors Swann crier son nom. Il s'arrêta donc et attendit que la jeune femme le rejoigne en se demandant ce qu'elle lui voulait.

"Ta veste", dit-elle en lui donnant le vêtement.

"Merci, je n'avais pas fait attention", remercia le jeune homme en esquissant un sourire.

« Guippure ?" s’étonna-t-elle en haussant les sourcils, "Samaël, tu me fais des infidélités ?" ajouta-t-elle avec un sourire malicieux.

Sam fixa alors sa veste et remarqua, qu'effectivement le blouson provenait de chez Guipure. Il réfléchit alors un instant quasiment certain qu'Abygaëlle ne faisait ses achats que chez T&T, d'où pouvait bien provenir cette veste ? Lui même ne faisait jamais ses emplettes seul puisqu'il avait horreur de ça. A chaque fois, sa sœur devait le trainer hors de la maison quand elle voulait refaire sa garde robe. Au moins, le jeune homme était sûr d'une chose, il était toujours bien habillé, mais passer deux heures dans une cabine d'essayage c'était franchement pas son truc.

Il se rappela alors des vacances qu'il avait passé chez Angèle et sa famille. Angèle avait la même passion que sa sœur pour la mode, il fallait croire que c'était génétique. Et l'une comme l'autre, adorait prendre Sam comme mannequin pour le plus grand bonheur de ses beaux-frères qui, de ce fait, échappaient au supplice de la cabine d'essayage et au "Oh par Merlin, essaye ça, c'est trop beau. Je suis sur que ça t'ira comme un gant" ou encore "Oh mon p'tit Samy, tu es beau comme un cœur".

Le Poufsouffle détestait ça et malheureusement, il n'avait le droit qu'à ça pendant presque deux mois. La seule différence entre les deux sœurs, c'était que Aby ne s'habillait que chez T&T alors qu'Angèle trouvant ce dernier trop cher n'allait que chez Mme Guipure.

"Swann, je te promets que l'infidélité n'est pas voulue. Il faut croire que ma sœur, Angèle, ne connait pas encore le fabuleux magasin qu'est T&T. Je vais m'empresser de corriger cette ignorance en lui offrant le deuxième coupon de réduction."

Samaël espérait que le fait qu'il porte un vêtement de chez Mme Guipure n'ait pas fait de peine à Swann. Il avait donc jugé bon de faire croire à Swann qu'il allait venter les mérites de sa boutique à toute sa famille. Enfin toute, celle qu'il côtoyait. Il se voyait mal aller voir Gabrielle et faire de la pub pour T&T. Déjà, ce n'était pas sûr qu'elle lui ouvre sa porte et ensuite ce n'était pas son genre de faire ça. Mais Swann n'était pas sensé le savoir donc au pire, il s'en fichait. Enfin, il allait vraiment offrir le deuxième bon à Angèle, lui-même n'en aurait pas l'utilité, il ne faisait pas les magasins. Et puis, ça donnerait une occasion supplémentaire à ses sœurs de le trainer dans les boutiques de vêtements. Le jeune homme réprima une grimace, ses prochaines vacances s'annonçaient merveilleuses.

Lorsque la préfète fit remarquer à son interlocuteur que sa veste venait de chez Guyppur ce dernier répondit que l’infidélité n’était pas voulue. Le jeune homme avait retrouvé sa voix normale et seuls ses yeux encore un peu rougis trahissaient ce qui venait de se passer.

" Il faut croire que ma sœur, Angèle, ne connait pas encore le fabuleux magasin qu'est T&T. Je vais m'empresser de corriger cette ignorance en lui offrant le deuxième coupon de réduction."

Samaël avait donc une autre sœur à part Abigail Norfolk. Swann avait finalement bien fait de donner deux bons de réduction au Poufsouffle : Il allait peut-être lui permettre d’élargir sa clientèle ! Visiblement, cette Angèle était plus vieille que lui puisqu’elle était en âge de faire ses emplettes toute seule. Samaël devait donc être le dernier de la fratrie car il n’avait pas de petit frère ou de petite sœur à Poudlard, à moins, bien sûr, que ceux-ci ne soient pas encore en âge de rentrer à l’école des sorciers.
Même si sa curiosité était piquée et qu’elle avait envie d’en savoir plus sur la famille du jeune homme, elle ne posa pas de question directe et privilégia la confidence plutôt que le questionnement pour arriver à ses fins :

« J’aimerai bien partager des choses avec des frères et sœurs mais malheureusement je suis fille unique …» expliqua-t-elle-même si elle devait avouer qu’elle appréciait particulièrement cette situation. En effet, elle aimait beaucoup avoir sa mère pour elle toute seule mais elle ne le criait pas sur tous les toits…En effet, les enfants uniques qui aimaient ce statut étaient vite catalogués d’égoïste ou de narcissique par ceux qui avaient « la chance » d’appartenir à une fratrie.

« Pourtant, j’aurais donné n’importe quoi pour porter les vêtements démodés de mes ainées ! plaisanta-t-elle, enfin j’imagine que tu as réchappé à ça et qu’on ne t’as jamais obligé à porter les robes de tes sœurs ! » s’exclama-t-elle finalement.

Samaël allait devoir en dire un peu plus sur sa fratrie, et, de fil en aiguille, il allait peut être lui révéler d’autres informations sur le décès de ses parents.
Est-ce que tout s’était déroulé avant son entrée à Poudlard ou leurs morts étaient-t-elles récentes ? Avaient-ils perdu la vie simultanément ? Étaient-ils malades ? Ils étaient peut-être décédés pendant la guerre comme héros au funeste destin ou comme mangemorts sanguinaires…

Oui, tout d’un coup, Samaël Smith devenait nettement plus intéressant aux yeux de la préfète.

Alors que Samaël évoquait Angèle, Swann avoua qu'en tant que fille unique, elle n'avait pas eu la chance de partager quoique ce soit avec d'hypothétiques frères et sœurs. Un instant Sam se dit qu'elle n'était pas la seule, il n'avait pas vraiment fait beaucoup de choses avec ses sœurs, elles étaient la plupart du temps à Poudlard et Annabelle et Gabrielle avaient déjà quitté la maison quand il avait été en âge de comprendre les choses. Et quand, elles rendaient visite à leur père, Annabelle se contentait d'une légère bise sur la joue de son demi-frère et Gabrielle l'ignorait superbement, lui faisant bien comprendre que sa présence n'était pas souhaitée. Abygaëlle et Angèle avaient, elles aussi, fini par quitter la maison mais leurs visites ne laissait pas le petit Sam mal à l'aise, au contraire, il se sentait aimé et à sa place avec elles.

« Pourtant, j’aurais donné n’importe quoi pour porter les vêtements démodés de mes ainées ! plaisanta-t-elle, enfin j’imagine que tu as réchappé à ça et qu’on ne t’as jamais obligé à porter les robes de tes sœurs ! »

"J'ai quatre sœurs en réalité, mais elles sont toutes beaucoup plus âgées que moi donc je n'ai pas eu a porté leurs vieilles robes. Et puis se sont toutes des filles, rigola Sam. Et puis deux d'entre elles ne m'aiment pas. Pour Aby c'est particulier, j'aurais plutôt tendance à la considérer comme ma deuxième maman puisque c'est elle qui s'est occupée de moi à la mort de mon père, j'avais neuf ans. Et Angèle et bien, elle a toujours agis comme la grande sœur espiègle malgré notre différence d'âge et le fait que... je ne sois pas vraiment son frère."

Le jeune homme ne savait pas vraiment pourquoi, il racontait tout ça à Swann. Elle en avait sûrement rien à faire et lui, il racontait sa vie. Mais ça lui faisait du bien d'en parler.

"Je me demande pourquoi, elles sont aussi gentilles avec moi, en sachant qui je suis et ce qui c'est passé par ma faute. Mes deux sœurs ainées ont raisons de ne pas m'apprécier. Je ne suis pas quelqu'un de bien Swann. Mon prénom lui même crie la vérité. Enfin bref, j'arrête de t'ennuyer avec mes histoires, je suis sûr qu'elle ne t'intéresse pas."

Sam était sûr d'en avoir trop dit encore une fois, il n'aimait pas se dévoiler ainsi surtout que Swann n'était pas ce qu'on pouvait appeler quelqu'un de proche. Elle était juste là et Sam avait eu besoin de parler un peu de sa situation si particulière et Swann avait lancé le sujet avec son manque de fratrie.

Le petit stratagème de Swann avait plutôt bien fonctionné : Ses révélations sur son statut de fille unique avaient amené Samaël à se confier davantage sur sa famille. En effet, le jeune homme commença par expliquer qu’il était le benjamin d’une fratrie de cinq enfants puisqu’il avait quatre sœurs bien plus âgées. Le poufsouffle poursuivit ensuite sa tirade avec des paroles pour le moins énigmatiques : D’après ses dires, deux de ses frangines ne l’aimaient pas.

« Pour Aby c'est particulier, j'aurais plutôt tendance à la considérer comme ma deuxième maman puisque c'est elle qui s'est occupée de moi à la mort de mon père, j'avais neuf ans. Et Angèle et bien, elle a toujours agis comme la grande sœur espiègle malgré notre différence d'âge et le fait que... je ne sois pas vraiment son frère."


Ainsi donc, Samaël était orphelin depuis environ une dizaine d’années et il était issu d’une famille recomposée. Forte de ces informations, la préfète comprenait mieux le caractère du jeune homme à présent : Voila pourquoi il était aussi discret, aussi réservé. Pour Swann, l’épanouissement personnel passait par une enfance heureuse et équilibrée. Bien sûr, chez elle il y avait eut des coups durs, comme partout : La guerre, l’absence d’un père, mais la jeune fille pouvait se targuer d’avoir toujours pu compter sur le soutien d’une mère aimante. Visiblement l’histoire du jeune homme était nettement plus chaotique que la sienne …

"Je me demande pourquoi, elles sont aussi gentilles avec moi, en sachant qui je suis et ce qui c'est passé par ma faute. Mes deux sœurs ainées ont raisons de ne pas m'apprécier. Je ne suis pas quelqu'un de bien Swann. »

Quelques secondes plus tôt, la jeune femme éprouvait presque de la pitié pour son camarade, hors maintenant, elle était plutôt méfiante à son égard. Qu’entendait-il en révélant qu’il n’était pas quelqu’un de bien ? Et pourquoi ses sœurs devaient-elle le haïr ? Qu’avait bien pu faire le Poufsouffle dans sa jeunesse pour mériter un tel traitement ? L’esprit créatif de Swann se mit immédiatement en fonctionnement et un scénario s’imposa vite à ses yeux : Samaël avait tué ses parents… Ce n’était peut-être pas intentionnel, -ceci expliquerait pourquoi il se mettait à pleurer en évoquant leur décès-, mais il avait tout de même du commettre l’irréparable !

*Par Merlin ! Smith est un assassin !* pensa-t-elle en resserrant ses livres sur sa poitrine. Comme pour confirmer ses propos, il ajouta :

« Mon prénom lui même crie la vérité. »

La jeune femme réfléchit quelques secondes à l’étymologie du prénom Samaël qu’elle traduisit par « le venin de Dieu ». Se pouvait-il que le jeune homme les ait empoisonnés par mégarde?
Si c’était le cas, Swann détenait là le potin ultime : A la fois croustillant et effrayant ! Le gentil poufsouffle Samaël Smith était en réalité l’ange de la mort ! A coup sûr, Natasha, Katy Scott et Rebecca Edelstein seraient ravies d’apprendre ça ! Olivia Fowler devait surement déjà être au courant et c’était certainement pour cela qu’elle avait plaqué Samaël …

« Enfin bref, j'arrête de t'ennuyer avec mes histoires, je suis sûr qu'elle ne t'intéresse pas."

A la fois excitée et angoissée, Swann s’empressa de répondre :

« Si ça m’intéresse ! »

Maintenant, Samaël en avait trop dit ! Elle voulait connaitre toute son histoire, aussi elle poursuivit :

« Tu dis que ton nom crie la vérité mais, si on traduit étymologiquement ton prénom, arrêtes moi si je me trompe, mais on obtient : « Sama » poison ou venin et « ael » Dieu. Je ne vois pas trop le rapport entre toi et du venin divin … » conclut-elle en scrutant le jeune homme.
Elle allait bien finir par lui arracher des aveux !

A la plus grande surprise de Samaël, Swann s'empressa de répondre que son histoire l'intéressait. Sam se demandait bien pourquoi, il n'avait pourtant pas l'impression que l'enfance d'un petit garçon sans parents pouvait être intéressante.

« Tu dis que ton nom crie la vérité mais, si on
traduit étymologiquement ton prénom, arrêtes moi si je me trompe, mais
on obtient : « Sama » poison ou venin et « ael » Dieu. Je ne vois pas trop le rapport entre toi et du venin divin … » conclut-elle en scrutant le jeune homme.

Le Poufsouffle resta un instant interdit, la jeune fille était vraiment incroyable. Personne avant elle et ses sœurs n'avait su lui dire l'étymologie exacte de son prénom. Sa mère, à sa naissance, avait, pour Sam, fait en sorte qu'il se rappelle toujours ce qu'il était, un être non voulu. Un poison, un venin né d'un ange innocent. Son père lui avait toujours répété que ce n'était pas pour ça qu'elle l'avait appelé ainsi, il lui avait dit que c'était parce qu'ils avaient toujours aimé ce prénom et que si un jour, ils avaient un garçon, ils l'appelleraient ainsi. Mais Samaël n'y avait jamais cru et Gabrielle lui avait vite fait comprendre que la version de leur père n'était qu'un mensonge.

Le jeune homme prit une profonde inspiration et plongea son regard dans celui de Swann. Ce qu'il allait dire ne serait pas facile à entendre et la Préfète-en-Chef serait certainement choquée à un moment ou un autre mais tant pis, il prenait le risque, elle voulait savoir, elle saurait et tant pis pour elle si ce qu'elle entendrait ne lui plaisait pas. Sam n'avait pas choisi cette vie là non plus.

"Ce que je m'apprête à te raconter, seul Olivia le sait et encore pas tout, alors j'aimerais que ça reste entre nous, il regarda fixement la jeune femme comme pour chercher son accord. C'est une histoire assez difficile à raconter et à entendre donc si tu pouvais éviter de m'interrompre, je t'en serais reconnaissant."

Son visage prit un air grave et son regard se perdit dans le vague alors qu'il commençait à raconter les évènements qui avaient déclenchés sa venu au monde.

"Je n'aurais pas dû naître, ma mère ne voulait pas de moi mais elle n'a pas eu le choix. Pendant un temps, elle a pensé à l'avortement mais elle ne pouvait pas se résoudre à tuer un bébé. Et son mari avait toujours voulu un fils donc elle s'est résignée et m'a gardé. Mon véritable père s'appelle, Théodore Cromwell, et je déteste cet homme pour ce qu'il a fait à ma mère. Aujourd'hui, il pourrit en prison et c'est tant mieux. Je ne sais pas si je suis très clair dans mes propos. En fait, je suis le fruit d'une relation non consentante. Je n'ai jamais vraiment compris pourquoi Cromwell avait fait ça. Je pense qu'il n'y a pas besoin de raison. Enfin bref, le résultat a été le même. Je suis né et le mari de ma mère m'a reconnu comme son fils. C'est pour ça que je m'appelle Smith et pas Cromwell. Je crois que ma mère n'a jamais réussi à vraiment m'aimer, en tout cas, elle ne m'a pas aimé comme elle aimait mes sœurs. Ce qui est compréhensible, je crois, Sam fit une pause pour reprendre son souffle et chercher ses mots. Il me semble qu'elle n'a jamais réussi à reprendre une vie normale après ce qui c'était passé. Mon père m'a expliqué qu'en grandissant je ressemblais de plus en plus à mon géniteur et que ma mère n'arrivait plus à me regarder sans souffrir. Elle a donc décidé de mettre fin à ses jours, j'avais sept ans."

Samaël fit une pause pour laisser le temps à Swann d'assimiler ce qu'il venait de dire.

"Mes soeurs ainées, Annabelle et Gabrielle, me tiennent pour responsable de sa mort, c'est pour ça qu'elles ne m'aiment pas. Je crois qu'elles n'ont pas tout à fait tord, si je n'avais pas été là, aujourd'hui, elle ne serait pas morte. Mon père m'a élevé comme si j'étais son vrai fils et même plus encore je crois et puis, il s'est révolté contre Voldemort et ses Mangemorts lors de la bataille du 2 Mai. Ça lui a couté la vie. Je me suis donc retrouvé, du jour au lendemain sans personne pour s'occuper de moi. Annabelle et Gabrielle, ne voulait même pas entendre parler de moi et Angèle se sentait trop jeune pour s'occuper d'un enfant de neuf ans. Abygaëlle et son mari, Tom, ont donc accepté de me prendre avec eux. Aby a par la suite appris qu'elle ne pourrait jamais avoir d'enfants donc elle m'a légèrement surprotégé."

Un peu gêné, Sam se tut et attendit la réaction de Swann. Il espérait qu'elle n'était pas trop choquée par ce qu'il venait de raconter. Il n'avait raconté son histoire que deux fois et la première fois, elle n'était pas complète, il avait tu le fait qu'il n'était pas voulu. La jeune fille continuerait-elle à lui parler occasionnellement ou le fuirait-elle ?

Alors que Swann venait d’affirmer à Samaël que son histoire l’intéressait, le jeune homme la scruta aven insistance pour l’évaluer du regard, réaction parfaitement logique au demeurant : La réputation de la préfète n’était plus à faire en ce qui concernait son intérêt pour les commérages aussi le jeune homme se permit d’insister sur le caractère confidentiel de ses révélations. D’après ses dires, il allait lui révéler certains détails que même Olivia ne connaissait pas!
Samaël était-il assez fou pour confier ses plus sombres secrets à la Piplette-En-Chef de Poudlard ? Manifestement oui,…mais pas sans un engagement de la part de la préfète. En effet, le jeune homme la regarda fixement pour sceller leur accord : La confidence en échange du silence.

Swann se dandina quelques secondes en essayant d’évaluer la situation : A quoi cela servait-il d’obtenir une confession sans pouvoir la partager ensuite avec ses amies ? Ce n’était pas humain ! C’était même de la torture ! En même temps, le jeune homme avait aiguisé sa curiosité avec ses sous-entendus d’orphelin tueur et la préfète voulait en savoir plus….

Elle finit donc par hocher la tête sobrement afin d’entériner leur accord tacite, bien qu’elle envisagea tout de même d’en parler, au moins à Aaron, si l’histoire était vraiment trop croustillante : Ainsi , elle aurait quand même l’impression de partager tout cela avec quelqu’un, bien qu’elle savait que son chéri mettrait son cerveau sur off dès qu’elle se lancerait dans son commérage … Finalement, Samaël n’avait aucune raison de s’inquiéter !

Visiblement rassuré par l’attitude de la préfète, le jeune homme finit par révéler le terrible secret de son existence, qui n’avait rien à voir avec l’empoisonnement de ses parents. En effet, Samaël était le fruit d’une relation non consentie. Un viol. A sa naissance, le mari de sa mère l’avait reconnu puis élever comme son propre fils, mais cette dernière ne s’était apparemment jamais pleinement remise de cette agression et elle avait finit par se suicider.

*Ca n’a rien de croustillant*, songea Swann en s’appuyant sur le mur derrière elle, *C’est juste affreusement triste…*

Des sentiments contradictoires assaillaient la préfète. Elle essayait de se mettre à la place de cette femme violée, qui apprenait qu’elle était enceinte de son bourreau. Si ça avait été elle, elle n’aurait pas gardé le bébé. Elle en était intimement convaincue. Alors pourquoi la mère de Samaël avait-elle fait ça ? Elle avait peut-être choisi de se concentrer sur le positif dans son malheur, mais dans ce cas, pourquoi lui avoir donné ce prénom, si ce n’est pour se venger, et faire payer au fils, les actes du père …

« C’est horrible… » Murmura-t-elle davantage pour elle que pour Samaël.

"Mes soeurs ainées, Annabelle et Gabrielle, me tiennent pour responsable de sa mort, c'est pour ça qu'elles ne m'aiment pas. Je crois qu'elles n'ont pas tout à fait tord, si je n'avais pas été là, aujourd'hui, elle ne serait pas morte. Mon père m'a élevé comme si j'étais son vrai fils et même plus encore je crois et puis, il s'est révolté contre Voldemort et ses Mangemorts lors de la bataille du 2 Mai. Ça lui a couté la vie. Je me suis donc retrouvé, du jour au lendemain sans personne pour s'occuper de moi. Annabelle et Gabrielle, ne voulait même pas entendre parler de moi et Angèle se sentait trop jeune pour s'occuper d'un enfant de neuf ans. Abygaëlle et son mari, Tom, ont donc accepté de me prendre avec eux. Aby a par la suite appris qu'elle ne pourrait jamais avoir d'enfants donc elle m'a légèrement surprotégé."

Un silence pesant s’installa entre les deux jeunes gens tandis que Swann tentait cette fois de se mettre à la place de Samaël. L’enfant non désiré. Le pseudo-responsable de tous les malheurs d’une famille. Comment pouvait-on vivre sereinement avec ce poids sur les épaules ? C’était surement impossible. Voila pourquoi le jeune homme était si peu sûr de lui : Il avait grandit en se disant constamment que le monde aurait été meilleur s’il n’avait pas existé … Triste constat.

« Ton parcours a surement été très difficile, commença-t-elle doucement, je me demande comment tu as fait pour tenir d’ailleurs, ajouta-t-elle en levant les yeux vers son camarade, mais le passé, c’est le passé. Il faut savoir…mettre de côté certaines choses pour réussir son avenir.»

C’était ce qu’elle faisait elle-même. Elle avait tiré un trait sur l’image de la famille parfaite. Sur la présence rassurante et réconfortante d’un père dans un foyer. Elle avait juste décidé d’avancer en ignorant ce manque, même si au début cela avait été difficile. Samaël devait pouvoir faire la même chose …

« Tu sais, je pense que si l’on veut être heureux, il faut être un peu égoïste. Quant tes sœurs disent que si tu n’avais pas été là, ta mère ne serait pas morte, la question n’est pas de savoir si elles ont tord ou pas: Ce qui est fait est fait. Toi tu es vivant et pas ta mère. On ne pourra pas revenir là dessus. Ce qui importe c’est justement ce que toi, tu vas faire de ta vie... » Conclut la jeune femme en haussant les épaules.

C’était bizarre de parler de tout cela avec Samaël Smith. Le poufsouffle allait peut-être s’énerver en lui disant qu’elle ne comprenait rien à son histoire et qu’elle ne savait pas combien c’était difficile de perdre des êtres chers. Il n’aurait pas complètement tord. Néanmoins, Swann était persuadée d’avoir donné de bons conseils. Le jeune homme devait arrêter de se sentir coupable, s’il voulait avancer dans la vie.

Après ses révélations, un silence pesant s'installa entre les deux étudiants. Samaël n'osait plus parler, laisser à Swann le temps de digérer ce qu'il venait de dire et attendre une réaction de sa part.

« Ton parcours a surement été très difficile, commença-t-elle doucement, je me demande comment tu as fait pour tenir d’ailleurs, ajouta-t-elle en levant les yeux vers lui, mais le passé, c’est le passé. Il faut savoir…mettre de côté certaines choses pour réussir son avenir.»

Les paroles de Swann étaient justes mais s'imaginait-elle qu'il ne savait pas déjà tout ça ? Croyait-elle qu'il vivait dans le passé, entouré des fantômes de sa mère et de son père ? Elle semblait penser qu'il n'avait pas réalisé que l'avenir se construisait dans le futur et non dans le passé. Mais pour déterminer son avenir, il faut forcément se baser sur son passé. Pour savoir ce qu'il fallait éviter de répéter, ce qu'il fallait faire pour être heureux. Le jeune homme l'avouait, il avait passé une bonne partie de son enfance à essayer de racheter la faute qu'il pensait avoir commise mais aujourd'hui c'était différent. Il avait compris que ce n'était pas sa faute. Il avait mis du temps mais il avait finalement compris, quand il avait vu, Angèle s'occuper de ses jumeaux. Quand il avait vu Abygaëlle se mettre dans tous ses états quand il était tombé de balai l'été dernier. Quand, Tom le faisait rire et commençait à vouloir aborder "les questions d'homme". Toutes ces personnes avaient contribué à faire de lui ce qu'il était aujourd'hui et toutes ces personnes voulaient qu'il soit heureux. Alors, il ferait en sorte d'être heureux pour elles.

« Tu sais, je pense que si l’on veut être heureux, il
faut être un peu égoïste. Quant tes sœurs disent que si tu n’avais pas
été là, ta mère ne serait pas morte, la question n’est pas de savoir si
elles ont tord ou pas: Ce qui est fait est fait. Toi tu es vivant et pas
ta mère. On ne pourra pas revenir là dessus. Ce qui importe c’est
justement ce que toi, tu vas faire de ta vie... » Conclut la jeune femme en haussant les épaules.

Swann avait raison sur un point, pour être heureux, il fallait être un peu égoïste, il l'avait compris récemment. Quand il avait rompu avec Olivia en fait et quand, il avait décidé d'aller en Laponie. C'était lui qui avait décidé, tout seul, et personne ne le ferait changer d'avis, il avait été égoïste mais il était heureux. Il avait ressenti le même chose quand il s'était présenté aux sélections de l'équipes de Quidditch. Il s'était montré égoïste pour avoir le poste de batteur. Mais ce n'était pas facile de changer après toutes ces années à culpabiliser. Parfois, il se sentait honteux, il avait l'impression de souiller la mémoire de sa mère en pensant comme ça mais finalement, il se disait qu'il n'avait rien choisi. Il était sur Terre c'est qu'il y avait une raison. Chaque chose à sa place, il devait donc vivre normalement.

"Merci, Swann de m'avoir écouté. Tu as raison sur certains points, je me suis d'ailleurs récemment rendu compte de certaines choses. Je sais bien qu'il faut que j'avance, c'est que je m'efforce de faire. Ce n'est pas toujours simple mais je change petit à petit, j'essaye de construire un avenir meilleur que mon passé. J'espère y arriver, enfin je pense que ce ne sera pas bien compliqué."

Oui, un avenir meilleur pour lui et pour sa famille, c'est tout ce qu'il souhaitait. Il fixa sa camarade un instant et se demanda quel genre d'enfance elle avait eu. Avait-elle été heureuse ? Se posait-elle, elle aussi des questions quand à son avenir ?

"Et toi, Swann, tu as une enfance heureuse ?"

La question était posée, peut-être ne voudrait-elle pas y répondre mais ça ne serait pas bien grave. Chacun avait ses secrets, certains étaient juste plus douloureux que d'autres.

Contre toute attente, Samaël ne s’énerva pas. Il sembla même prendre en considération les conseils de la préfète puisqu’il la remercia de l’avoir écouté et qu’il affirma qu’elle avait même raison sur certains points. Bien sûr, Swann pensait avoir raison sur toute la ligne mais elle se garda de tout commentaire. Ce n’était pas le moment de rabrouer le Poufsouffle qui commençait à peine à sortir de sa réserve. D’ailleurs, il avouait lui-même qu’il essayait d’évoluer afin de se construire un avenir meilleur que son passé.
La préfète accueillit ces paroles avec un petit sourire poli. Samaël Smith ne ferait surement jamais partie de ses proches, mais au final, elle était assez fière d’avoir eut cette conversation avec lui. Après tout, le jeune homme avait choisi de se confier à elle et à personne d’autre. Il n’avait parlé de tout cela à aucun de ses plus proches amis : Ni Wilson, Ni Baker, ni Olivia… Elle devait bien avouer qu’elle se sentait flattée de donner l’image d’une personne digne de confiance. D’ailleurs , le jeune homme semblait vouloir poursuivre leur échange de confidences puisqu’il lui demanda si elle avait passé une enfance heureuse.

Bien sûr, comme tout le monde, elle avait eu quelques coups durs dans la vie : Petite, elle s’était posé de nombreuses questions concernant son père mais sa mère avait toujours réussi à compenser cette absence. La guerre avait été le moment le plus difficile de sa jeunesse : Les Mangemorts sur le Chemin de Traverse, les raffleurs qui s’étaient introduits dans la boutique en pleine nuit et la fuite qui avait suivi, la découverte du magasin pillé et en partie brulé après le conflit. Tous ces moments n’avaient pas été roses, mais comparé à ce qu’avait vécu Samaël, cela n’avait rien à voir.
Swann n’avait jamais douté de l’amour que sa mère lui portait, même si cette dernière s’était parfois montrer très exigeante envers son enfant.

« Je n’ai pas à me plaindre de ce côté-là. » finit-elle donc par répondre poliment.

Elle se voyait mal raconter ses petits malheurs à Samaël qui était passé par de terribles épreuves, ni lui relater combien elle était proche de Sheba, alors que la mère du poufsouffle ne l’avait semble-t-il jamais aimé.

Au moment où elle songeait à tout ceci, des bruits de pas retentirent dans le couloir, annonçant l’arrivée de Daisy Mason.
*C’est pas trop tôt !* songea Swann qui arbora néanmoins un large sourire pour accueillir son enseignante.

« Bonjour professeur ! Auriez-vous quelques-minutes à m’accorder s’il vous plait ? » lança-t-elle d’une voix chantante.

L’enseignante acquiesça d’un signe de tête et l’invita à la suivre dans son bureau. La préfète lui emboita le pas puis se retourna pour adresser un petit signe de la main à Smith. Ne sachant pas trop quoi dire, elle finit par lui lancer :

« A bientôt Samaël… , puis, hésitant un peu, elle ajouta : C’était chouette de discuter avec toi… »