Tu veux bien être mon amie ? [Swann & Natasha - 3 mai]

3 mai 2006, Tu veux bien être mon amie ? (Si t'as une idée de titre, dis-moi, parce que celui-là est pourrave :mrgreen: )

Hier avait été une dure journée. Elle avait cru perdre des êtres chers une demi-douzaine de fois, mais tous s’en étaient sortis entiers, vivants. Avec quelques égratignures, certes, mais bel et bien vivants. De plus, grâce à cette journée qu’elle exécrait pourtant la veille, elle avait aujourd’hui retrouvé sa meilleure amie, enfin presque, mais avait également gagné définitivement le cœur de Darren O’Connor. C’était tellement étrange de se dire qu’ils étaient ensembles, enfin ! Il lui faudrait envoyer une lettre à Harmonie afin de la prévenir ; Natasha lui devait tant. Grâce à elle, sa colère à l’encontre de Darren s’était évanouie et sa confiance s’était décuplée. Oui, il lui fallait remercier la jeune fille. Néanmoins, avant tout cela, il lui fallait retrouver Swann (et profiter pleinement d’être enfin majeure (*Iiiiiiiiiiiiiiiiiiih, je suis majeuuuuuuuuuure*)). Elle lui devait des explications, elle l’avait bien compris à son regard plus que surpris lorsque Darren l’avait embrassée. Un sourire timide fleurit sur ses lèvres au souvenir de ce baiser. C’était si étrange ! Arriverait-elle un jour à réaliser pleinement qu’elle était réellement sa… sa petite amie ?

Rougissant de la tête au pied, Natasha se fraya rapidement un chemin dans le couloir bondé, en direction des cachots. Elle ne savait pas très bien où elle pourrait trouver Swann, ce qui n’était jamais arrivé avant leur dispute, aussi avait-elle décidé de commencer près de sa salle commune. Arrivée près du portrait de leur salle, Natasha chercha du regard son amie, légèrement hésitante sur la manière de se comporter avec elle. Hier, dans la précipitation du moment, elles avaient été des plus naturelles, retrouvant leur complicité, mais serait-ce de même aujourd’hui, maintenant que l’agitation s’était calmée ? Pouvait-elle lui parler comme si de rien n’était ? Swann allait-elle seulement accepter de lui reparler ?

En pensant à ceci, Natasha faillit détourner les talons mais elle n’en eut pas le temps ; Swann sortait de la salle commune. En la voyant, la jeune fille se figea. Comment l’interpeller ? Que lui dire ? Après un mois de froid total, comment agir, que dire ? Elle ne pouvait pas simplement se planter à ses côtés et lui raconter, frémissante d’excitation, les derniers potins, comme elle le faisait avant. Alors comment agir ? Natasha n’en avait aucune stricte idée et cela lui faisait bien plus de mal qu’elle voulait se l’avouer. Depuis quand ne savait-elle pas quoi dire à sa meilleure amie ? Prenant son courage à deux mains, elle s’approcha en souriant de Swann et s’exclama :

-Salut ! Comment vas-tu ? Ton épaule est guérie ?

Oh, ça sonnait tellement faux ! Si peu naturel ! Natasha se maudit aussitôt pour cela et, avec un petit rire gêné, se mit à triturer ses cheveux.

-Écoute, je… Est-ce que tu aurais un moment à m’accorder ? Je pense qu’on a besoin de parler.

Swann se laissa choir sur le canapé confortable de sa salle commune en poussant un soupir de satisfaction. Elle allait enfin pouvoir se reposer. En effet, la préfète rentrait tout juste de sa nuit à l’infirmerie qui n’avait pas vraiment été réparatrice. Elle avait bien essayé d’esquiver ce calvaire en tentant de convaincre Miss Bloomwood, lui disant qu’elle se sentait mieux et qu’elle n’avait pas besoin d’être surveillée, mais l’infirmière avait répliqué que la procédure imposait qu’on passe une nuit en observation après avoir reçu un sortilège de Stupéfixion.
La jeune femme s’était donc pliée au règlement mais n’avait pas pu fermer un œil. Déjà, elle détestait être malade et elle exécrait plus que tout, tout ce qui ressemblait de près ou de loin à un hôpital ! De plus, l’infirmerie était bondée ce soir là et elle avait été obligée de s’installer entre Horace Gulivern qui hurlait dans son sommeil et Bryan Thompson qui ronflait comme un dragon. D’ailleurs, elle frissonna de dégout en revoyant ce dernier baver sur son oreiller ! Burk ! Elle ne s’était pas tromper en lançant cette fameuse rumeur sur son compte…
Sentant la fatigue la gagner, la préfète se massa la nuque quelques minutes. Elle ne reprenait ses cours qu’à dix heures et elle avait peut-être le temps de faire un petit somme salvateur pour affronter cette journée. Lorsque la jeune femme voulut regarder sa montre, elle se rendit compte qu’elle l’avait oublié à l’infirmerie. Tout en soupirant, elle bascula sa tête en arrière en signe de lassitude et se leva finalement pour rejoindre l’antre de Miss Bloomwood. Elle ne voulait pas prendre le risque d’attendre la fin de journée pour la récupérer puisque sa montre était toute neuve. En effet, c’était Angélique Davidson qui lui avait offert pour ses dix-sept ans. Son anniversaire. Aujourd’hui, une autre personne fêtait sa majorité mais Swann relégua cette information dans un coin de sa tête. Elle n’avait pas envie d’y penser.

Signe du destin, Swann passa alors la porte de la salle commune et tomba nez à nez avec cette fameuse personne : Natasha L. Damian. La préfète s’arrêta net ne sachant pas comment réagir. Quelques jours plus tôt, elle l’aurait probablement ignorée, mais depuis les evenements de la veille, Swann était un peu perdu concernant les sentiments qu’elle éprouvait pour son ancienne confidente. Une partie d’elle-même voulait se réconcilier avec Nat’ et l’autre partie lui en voulait encore terriblement de ce qu’elle lui avait fait subir lors de son anniversaire. La Serdaigle semblait nettement plus à l’aise avec la situation puisqu’elle s’approcha en souriant.

« -Salut ! Comment vas-tu ? Ton épaule est guérie ? »

Tout bien considéré, Natasha était aussi troublée qu’elle. Sa tirade sonnait faux et son sourire était trop exagéré pour qu’il soit crédible. Swann hésita donc une seconde : C’était terriblement tentant de laisser son amie en plan sans même lui répondre. Oui, c’est ce qu’elle devait faire, lui affliger cet affront, c’est tout ce qu’elle méritait. Swann dépassa donc Natasha en tentant de se persuader qu’elle prenait la bonne décision. Cependant, l’image de son amie venant la secourir au milieu du chaos de la bataille lui revint immédiatement en mémoire et la jeune femme s’arrêta de nouveau. Elle lui devait au moins une réponse.

« Ca va mieux. J’ai passé la nuit à l’infirmerie. » répondit-elle sans pour autant se retourner.

Visiblement encouragée par sa réplique, Natasha poursuivit :

« -Écoute, je… Est-ce que tu aurais un moment à m’accorder ? Je pense qu’on a besoin de parler. »

Besoin de parler ? Vraiment ? Non Swann n’en avait pas besoin. Elle avait besoin d’entendre. D’entendre des excuses, des explications, n’importe quoi…mais elle n’avait pas à s’expliquer. La préfète fit donc volte face, croisa les bras et scruta son ancienne amie :

« J’ai pas vraiment le temps de parler mais je t’écoute si tu as quelque chose à me dire. »

Elle lui tournait le dos. Elle lui répondait sèchement. Natasha était tout bonnement dégoûtée. Quand il s'agissait de lui parler, on l'ignorait, mais quand on avait besoin d'elle pour sauver sa vie, on criait son nom comme si toute dispute était oubliée, n'est-ce pas ? Natasha se mordit la lèvre supérieure, furieuse, mais parvint tout de même à lui demander de lui accorder un moment. Swann se retourna brusquement, les bras croisés, et lui répondit du bout des lèvres qu'elle n'avait pas le temps de parler mais qu'elle l'écoutait si elle avait quelque chose à lui dire.

Retenant sa fureur et son dégoût contre son ancienne amie, elle plissa ses lèvres et répliqua :

" Je ne suis pas la seule à avoir quelque chose à dire, quoique tu en penses. "

Swann pensait sérieusement qu'elle était la seule à devoir s'excuser ? Elles avaient toutes deux autant de torts et si la Serpentard n'était pas prête à accepter cela, elles n'étaient pas rendues ! Respirant profondément afin d'arriver à se calmer, elle fit rapidement l'inventaire de toutes les choses qu'elle avait à dire. Pourquoi avait-elle flirté avec Aaron, pourquoi elle s'était amusée à aller presque plus loin sans en prendre garde, pourquoi elle avait réagi ainsi, qu'elle était amoureuse de Darren et... Et aussi, son échange avec Harmonie. Cela faisait bien trop de choses. Elle soupira à nouveau et reprit, plus fermement et calmée :

" J'ai de nombreuses choses à te dire, aussi préférerais-je que nous ne restions pas plantées là dans le couloir. Mettons-nous un peu à côté, d'accord ? "

Elle ne s'embarrassa pas d'un sourire poli, ou bien même d'attendre la réponse de son vis-à-vis, et s'adossa au mur de pierre, à quelques pas de là. Natasha observa un instant Swann, un sentiment étrange lui retournant l'estomac, et poursuivit :

" Avant toutes choses, et cela expliquera certainement beaucoup de mes actes, tu dois savoir qu'il s'agissait, entre Darren et moi, d'un peu plus qu'un simple pari que tu m'avais lancée. Je ne sais pas trop comment j'en suis arrivée là, tomber amoureuse de Darren n'est pas rien, avec un caractère comme le sien, mais je ne suis pas mieux, et le fait était là : je l'appréciai un peu trop. Néanmoins... Les choses ne marchaient pas comme je le souhaitais avec lui. Il regardait un peu trop Kelsey Lorgan, nous n'arrivions à rien sinon nous reprocher faits sur faits. Alors quand, à ton anniversaire, je l'ai vu te parler puis adresser la parole à Lorgan, j'ai vraiment été...

Elle se tut, à la recherche du mois adéquat, se triturant les mains avant de reprendre :

" J'avais été vexée. Oui, vexée, blessée, parce que je pensais vraiment valoir plus que Lorgan ; et je pensais qu'il l'avait compris suite à ma réaction avec notre rendez-vous. Du coup, j'avoue ne pas avoir trop réfléchi... J'étais avec Aaron, nous discutions gaiement et... Et nous en sommes arrivés à enchainer les verres, à parler de nous, à passer la soirée ensembles. Je n'ai pas fait attention, je n'ai pas senti le contrôle m'échapper... Et tu sais comment ça se passe, quand on boit trop, quand on est mal, quand on est avec un garçon... Darren m'agaçait, me blessait, je voulais lui rendre la pareille et je m'entendais bien avec Aaron, alors je n'ai pas fait attention et... Et nous en sommes arrivés à flirter. Je n'ai jamais pensé à te faire du mal, jamais Swann...

Sa voix se brisa et les souvenirs de l'anniversaire lui revinrent en tête. Elle discutait avec Aaron, riait trop fort et sentait son esprit lui échapper peu à peu, n'ayant plus vraiment conscience du contenu de ses verres. Elle releva la tête et aperçut Darren, tenant la main de Swann, un verre à la main et son petit sourire qu'elle aimait tant aux lèvres, montant à l'étage. Elle n'avait pas tout de suite compris, puis quand une idée s'était imprimée dans son esprit, elle en avait tout de suite été blessée, dégoûtée. Elle n'aurait jamais imaginé que Swann puisse lui faire cela, qu'elle puisse emmener Darren dans sa chambre. Oui, peut-être qu'elle n'avait pas été parfaite, à flirter avec Aaron, mais elle en était restée là. Elle ne l'avait pas emmener à l'étage, elle ne l'avait même pas embrassé ! Un baiser sur la joue, c'était tout !

La rage rattrapait brutalement Natasha qui s'énerva et, avec de grands gestes, s'exclama :

" J'en suis restée à un simple flirt, un simple flirt, juste pour m'amuser et faire regretter à Darren de me traiter comme un jouet ; tu m'as tout de suite dit de ficher le camp, tu as immédiatement vu ça comme une trahison, tu as refusé de me parler ! Mais toi, tu es montée en haut avec Darren, vous étiez seuls à l'étage, et Merlin sait ce que vous avez fait ! Pourtant, malgré ça, tu étais celle qui avait le droit de m'en vouloir, tu étais la victime, tu étais la trahie ! Est-ce que tu te rends compte de ce que tu m'as fait ? De ce que nous nous sommes fait ? Swann, mince, depuis quand notre amitié vaut-elle une histoire de mecs !? "

Elle se tut brusquement, son énervement retombant, et passa une main lasse sur son visage.

" Je me suis certainement trompée sur la nature de ta relation avec Darren, vu que ce qui a suivi. Mais sache que tu t'es également complètement fourvoyée sur celle que j'entretiens avec Aaron. Nous sommes amis. Et son amitié m'aura valu la tienne, "rajouta-t-elle avec un sourire ironique.

Son comportement pouvait paraitre dur mais Swann s’en fichait éperdument. Elle avait réussi à se passer de Natasha pendant un mois, elle pouvait bien continuer le reste de sa vie. Si son amie ne tenait pas à s’expliquer, c’était son problème.
Mettant de côté tout faux-semblant Natasha s’exclama alors :

" Je ne suis pas la seule à avoir quelque chose à dire, quoique tu en penses. "

Swann haussa un sourcil sous le coup de l’étonnement. Elle ne voyait vraiment pas ce qu’elle avait à dire à la Serdaigle qui l’avait humilié le jour de son anniversaire ! Croisant toujours fermement les bras et tentant de contenir sa colère, elle ne répondit pas et attendit que son ancienne amie poursuive.
Natasha s’octroya quelques secondes de répits et s’adossa au mur un peu plus loin. Swann la suivit simplement du regard, une expression résolument froide imprimée sur son visage avant que la Serdaigle n’entame son récit.
Contre toute attente, la jeune femme ne parla pas de l’anniversaire, mais débuta ses explications en évoquant Darren. Mais qu’est-ce qu’O’Connor venait faire au cœur de leur conversation ? Swann retint alors une brimade qui n’aurait fait qu’envenimer les choses et écouta combien Natasha s’était entiché du Capitaine.
Cet éclaircissement aurait dû apaiser Swann, mais ce ne fut pas le cas : En effet, alors qu’elle-même avait ouvert son cœur à son amie en évoquant ses sentiments pour Aaron, Natasha ne lui avait jamais parlé de son attrait pour O’Connor. Pourquoi ? Pensait-elle qu’elle ne pouvait pas comprendre ? Qu’elle se serait moqué ?
Même si Swann ne portait pas specialement l’attrapeur dans son cœur, elle aurait respecté le choix de son amie. Alors pourquoi Natasha ne lui avait-elle jamais parlé de ça ?
La Serdaigle poursuivit ses explications, relatant combien elle avait été blessée de voir O’Connor proche de Kelsey lors de son anniversaire.

" J'avais été vexée. Oui, vexée, blessée, parce que je pensais vraiment valoir plus que Lorgan ; et je pensais qu'il l'avait compris suite à ma réaction avec notre rendez-vous. Du coup, j'avoue ne pas avoir trop réfléchi... J'étais avec Aaron, nous discutions gaiement et... Et nous en sommes arrivés à enchainer les verres, à parler de nous, à passer la soirée ensembles. Je n'ai pas fait attention, je n'ai pas senti le contrôle m'échapper... Et tu sais comment ça se passe, quand on boit trop, quand on est mal, quand on est avec un garçon... Darren m'agaçait, me blessait, je voulais lui rendre la pareille et je m'entendais bien avec Aaron, alors je n'ai pas fait attention et... Et nous en sommes arrivés à flirter. Je n'ai jamais pensé à te faire du mal, jamais Swann..

« Et bien c’est raté ! répondit la préfète du tac au tac. Parce que tu as tout gâché ! Tout ! Dix ans d’amitié pour rendre jaloux un mec ! Beau travail ! ajouta-t-elle amère, la voix tremblante.

Depuis, son anniversaire, Swann n’avait fait que prendre sur elle : Maitriser ses nerfs, contrôler ses émotions et faire face avec un sourire aux lèvres de préférence. Elle avait bien failli craquer devant Aaron mais elle s’était reprise à temps.
Au lendemain de sa soirée, lorsque sa mère était rentrée, elle avait même fait semblant, relatant combien la soirée avait été exquise et occultant complètement le fiasco que cela avait été en réalité. Elle ne savait pas trop pourquoi elle avait caché la vérité à Sheba mais la préfète se sentait honteuse de ne pas avoir réussi à profiter pleinement de cette fête qu’elle avait si longuement attendue. Seulement aujourd’hui, dans ce couloir des cachots, le masque qu’entretenait Swann depuis un mois commençait à se fissurer. Il fallait qu’elle vide tout ce qu’elle avait sur le cœur sans quoi elle allait finir par devenir folle. La préfète s’approcha de son amie lentement en pointant un doigt accusateur dans sa direction :

« D’accord, tu voulais rendre jaloux Darren, à la rigueur je peux le concevoir ! Mais pourquoi as-tu choisi Aaron ? Pourquoi as-tu fait ça chez moi ? Le soir de mon anniversaire ? »

Swann était maintenant à quelques centimètres de Natasha et lui jetait un regard flamboyant :

« Tu savais combien cette fête me tenait à cœur. Tu savais ce que je ressentais pour Aaron. Tu savais tout ça et tu as quand même agit de la pire des manières, occultant complètement notre amitié, et faisant passer ta petite vengeance personnelle avant tout ! Je me suis sentie trahie, humiliée, rabaissée plus bas que terre…Comme si je ne comptais plus pour toi !
Lorgan qui se pointe à ma fête, Sneals et Baker qui grimpent sur le chapiteau, Darren qui se bat avec la moitié des invités, j’ai tout supporté, tout, sauf ton affront. Et tu sais pourquoi ? Parce que toi, tu étais ma seule amie au milieu de cette centaine d’invités. La seule. Tu comprends ?»

Natasha s’emporta alors en faisant de grands gestes :

" J'en suis restée à un simple flirt, un simple flirt, juste pour m'amuser et faire regretter à Darren de me traiter comme un jouet ; tu m'as tout de suite dit de ficher le camp, tu as immédiatement vu ça comme une trahison, tu as refusé de me parler ! Mais toi, tu es montée en haut avec Darren, vous étiez seuls à l'étage, et Merlin sait ce que vous avez fait ! Pourtant, malgré ça, tu étais celle qui avait le droit de m'en vouloir, tu étais la victime, tu étais la trahie ! Est-ce que tu te rends compte de ce que tu m'as fait ? De ce que nous nous sommes fait ? Swann, mince, depuis quand notre amitié vaut-elle une histoire de mecs !? "

« Heureusement que je t’ai dit de ficher le camp, car je te jure que sur le coup j’avais plutôt envie de t’arracher les yeux ! S’emporta Swann à son tour avant de secouer la tête en signe d’incrédulité, Et tu veux savoir pourquoi nous sommes monté à l’étage Darren, Ulrich et moi ? Parce que je voulais leur montrer les futures bannières des supporters de l’équipe ! Les bannières ! Rien de plus ! Tu ne vas pas me faire une crise de jalousie alors que je faisais juste mon boulot ! Ensuite, ce qui s’est passé là-haut n’est absolument pas comparable avec ce que tu as fait avec Aaron !»

Swann n’en avait pas reparlé depuis. Ni avec Darren et encore moins avec Ulrich qu’elle évitait depuis cette soirée. Mais là, elle sentait qu’elle devait tout avouer pour se libérer du poids qu’elle portait depuis un mois.


« Là-haut… Ulrich a agressé Darren. »

Elle se rendait compte combien ses paroles pouvait paraitre ridicules. Personne n’aurait été étonné du contraire, en effet, O’Connor était réputé pour être un garçon impulsif alors que Keller, lui, n’avait pas le profil d’un agresseur.

« Rick a voulu l'étouffer …et je pense qu’il l’aurait fait si je ne l’avais pas désarmé. »

C’était la première fois qu’elle envisageait cette agression comme une tentative de meurtre et cela rendait la situation encore plus effrayante. Pendant une fraction de seconde, elle revit le visage d’Ulrich déformé par la haine et secoua la tête pour chasser cette vision.

« Tu vois, je n’ai fait que sauver ton prétendant pendant que tu aguichais langoureusement le mien. » conclut-elle finalement d’une voix écoeurée.

" Je me suis certainement trompée sur la nature de ta relation avec Darren, vu que ce qui a suivi. Mais sache que tu t'es également complètement fourvoyée sur celle que j'entretiens avec Aaron. Nous sommes amis. Et son amitié m'aura valu la tienne, "

Swann se sentait vidé et triste. Elle s’adossa au mur à coté de Nat’ et se laissa glisser au sol avant de poursuivre. Elle devait aller jusqu’au bout de sa réflexion même si ça lui ferait beaucoup de mal d’avoir à le dire.

« Hier pendant la bataille, je me suis dis que c’était bête que l’on se soit fâchée pour si peu. Je sais au fond que s’est vrai. Une partie de moi a envie de faire table rase de tout ce qui s’est passé et de reprendre notre amitié là où on l’avait laissé…mais… j’ai l’impression que ma volonté ne suffit plus. Quelque chose s’est brisé, tu vois. Je n’arrive pas à m’empêcher de t’en vouloir et pourtant je te garantis que j’essaye. Ajouta-t-elle en regardant son amie dans les yeux pour témoigner de sa sincérité. Avant cette soirée, je te considérais comme ma sœur, je pensais que tu serais toujours là pour moi. Que notre amitié était au dessus de tout et que rien ne nous séparerait jamais… Maintenant, je n’en suis plus si sûre. »

Swann étendit les jambes devant elle et lissa sa robe machinalement avant de conclure :

« Voila ce que mon passage à l’âge adulte m’a appris : Ce que l’on pense immuable ne l’est pas toujours. »

[Désolée pour le pavé ^^']

Alors que Natasha prenait une pause dans ses explications, Swann enchaina aussitôt en répliquant qu’elle avait tout gâché pour une simple affaire de jalousie. Sans laisser le temps à la Serpentard de poursuivre, la Serdaigle se redressa et s’exclama, scandalisée :

« Parce qu’évidemment, c’est moi qui ait tout gâché ! Tu ne penses pas avoir des torts, toi aussi ? Oh non, j’oubliais, tu es Miss Parfaite, tu es la pauvre victime, c’est toi qui a tout subit ! Est-ce que tu ne réalises pas que tout le monde a souffert, ce jour-là ? Est-ce que tu es égoïste au point de ne pas te rendre compte que tu n’es pas la seule blessée ? »

Natasha eut un soupir de frustration et passa nerveusement sa main dans ses cheveux, les emmêlant brusquement. Elle avait eu autant mal que Swann, elles avaient été blessées toutes les deux, à cause de malentendus horribles, et Natasha détestait cela. Elle voulait juste revenir dans le passé, effacer cette foutue soirée et simplement la passer aux côtés de Swann, à la charrier toutes les cinq minutes sur les phrases bidons qu’elle sortait aux invités. Malheureusement, c’était impossible ; elles en étaient bel et bien rendues à se crêper le chignon, à se disputer et se lancer toutes leurs rancœurs au visage. Vrillant son regard dans les yeux de son interlocutrice, elle l’observa sans flancher s’approcher en la pointant du doigt, les yeux noirs et menaçants :

« D’accord, tu voulais rendre jaloux Darren, à la rigueur je peux le concevoir ! Mais pourquoi as-tu choisi Aaron ? Pourquoi as-tu fait ça chez moi ? Le soir de mon anniversaire ? »

A bout de nerfs, Natasha interrompit Swann et, s’en prendre la peine de répondre de manière plus explicite à ses questions, elle s’exclama :

« Est-ce que tu m’écoutes seulement quand je te parle ! Je passais la soirée avec lui, les choses se sont enchainées ! Tu vas me faire croire que ça ne t'es jamais arrivée ? Je n’avais pas prémédité cela, ça aurait pu être Quentin, ou même Jeremy ! C’est juste le hasard, une mauvaise coïncidence, de mauvaises circonstances, comme toute cette histoire en somme ! »

Swann semblait néanmoins ne pas l’entendre, poursuivant dans sa lancée, à quelques centimètres de la Serdaigle. En entendant ses propos, Natasha frémit et fit un pas en arrière, blessée. Comment Swann pouvait-elle penser qu’elle avait oublié sa meilleure amie ? Comment pouvait-elle imaginer qu’elle avait, en premier lieu, fait exprès pour la blesser ? Ne comprenait-elle pas qu’elle ne contrôlait plus rien ? Et peut-être bien qu’elle l’avait blessée, peut-être bien qu’elle avait été infâme, mais Swann n’avait pas été mieux, et bien évidemment, cette dernière occultait complètement cela ! Ce n’était que Natasha la fautive, évidemment, elle portait tous les maux de la Terre, depuis toujours, c’était une vérité générale, comment Merlin avait-elle fait pour l’oublier ? Tremblante, à bout de nerfs, Natasha répliqua aussitôt, se sentant doucement perdre le contrôle de ses propos et de ses gestes. Oh, qu’elle en voulait à Swann d’être aussi têtue, qu’elle s’en voulait d’avoir trop bu, qu’elle s’en voulait d’être tombée amoureuse de ce crétin d’O’Connor ! Si elle avait été un peu plus raisonnable, partout, elles n’en seraient jamais arrivées là. En entendant la réponse de Swann, Natasha retint un rire déraisonné et murmura :

« Parce que tu crois que je n’avais pas envie de t’arracher les yeux, moi, peut-être ? Que tu étais la seule énervée, dans cette histoire ? J’étais à bout de nerfs, à deux doigts d’exploser à cause de ce fichu O’Connor, de cette fichue soirée, et tu viens en rajouter en me fichant dehors ! D’accord, je n’ai pas été parfaite, mais toi non plus, par Merlin ! Alors si nous avions parlées, si tu m’avais laissée le temps, au lieu de t’énerver comme tu le fais toujours, on n’en serait pas là ! »

Cependant, Swann ne lui répondit pas immédiatement, préférant revenir sur les propos qu’avait tenus Natasha quelques instants plus tôt. Incrédule, elle secouait la tête en s’expliquant, disant qu’elle n’avait strictement rien fait avec Darren, et qu’elle avait été bien pire avec Aaron. Révoltée, Natasha se mordit brusquement les lèvres, se refusant de répondre. Comment aurait-elle pu s’en douter ? Comment aurait-elle pu imaginer qu’ils étaient montés pour de simples bannières alors que la jalousie broyait son cœur ? Swann la connaissait-elle donc si peu, pour ne pas comprendre cela ? En songeant cela, Natasha s’en voulut aussitôt. Elle aussi avait été odieuse envers Swann, en pensant qu’elle aurait pu faire quoique ce soit avec Darren. Et, encore, la jalousie qui gâchait tout, la jalousie qui allait les briser ! Natasha n’aurait jamais imaginé qu’un sentiment aussi affreux puisse gâcher quelque chose d’aussi fort que leur amitié d’antan. Elle allait reprendre la parole, expliquer cela en tentant de se calmer, peut-être même s’excuser, enfin, mais Swann reprit en inventant que Darren s’était fait agressé par Ulrich. Aussitôt, toute la colère de Natasha revint, décuplée.

A cette colère s’ajoutait un dégout profond, un dégout des plus concrets. Comment Swann osait-elle lui fournir un mensonge aussi… aussi incroyable ! La pensait-elle crédule au point d’accepter cette vérité sans rechigner ? Elle se fichait vraiment du monde ! Comment osait-elle ? Swann l’estimait-elle si peu, à présent, qu’elle pensait qu’un mensonge pareil pourrait tout effacer ? La rage retournait le ventre de Natasha, pour qui cet odieux mensonge ne voulait dire qu’une chose : Swann l’avait bel et bien trompée, fourvoyée, elle avait profité de Darren, et usait de ce mensonge affreux pour faire passer la vérité. Amère, Natasha songea que la Serpentard était au plus bas de ses forces, aujourd’hui, pour lui pondre un ragot pareil. Pourtant, elle garda sa colère en elle et répondit, de ce même ton amer, que si elle s’était fourvoyée sur la relation entre Swann et Darren, cette dernière se trompait également sur celle qu’elle avait avec Aaron.

Lorsqu’elle lui dit ceci, Swann se laissa glisser au sol près de la Serdaigle, ce qui la troubla profondément, ne s’étant pas attendu à cette proximité soudaine. Elle ne pourrait s’énerver, ainsi, assise par terre, avec Swann à ses côtés ; elle se doutait que cela calmerait les choses, mais elle n’était pas certaine de le vouloir. Swann finit par reprendre, d’une voix plus calme et fatiguée, surtout. Elle lui dit, le regard vrillé dans le sien, comme pour lui prouver qu’elle était honnête, qu’elle n’arrivait pas à ne pas lui en vouloir, malgré tous ses efforts pour retrouver leur amitié d’avant. Lorsqu’elle lui dit qu’elle n’arrivait plus à la considérer comme sa sœur, comme une véritable amie, Natasha sentit son cœur retomber dans sa poitrine. Sa conclusion laissa un gout des plus amers à la Serdaigle, qui détourna le regard en fermant les yeux.

Oui, elles ne s’étaient jamais disputées ainsi, elles s’étaient toujours réconciliées dans les jours qui suivaient, elles s’étaient déjà blessées, mais ça n’avait jamais atteint cette proportion. Pourtant… Pourtant Natasha ne s’était pas attendue à ça, elle ne s’était pas préparée à ce que lui disait Swann. Elle pensait qu’après une discussion, ça allait passer, qu’elles redeviendraient amies, même si rien ne serait jamais plus pareil. Mais pas cela, pas comme ça, pas si brusquement. Elle voulait avoir confiance en elles, elle voulait y croire. Leur amitié ne pouvait être détruite à cause de simples garçons, pas après plus de dix ans d’amitié profonde. Natasha ne le voulait pas, elle ne l’acceptait pas ! C’était hors de question, quoiqu’en pense Swann. Natasha s’en faisait la promesse, elles retrouveraient leur amitié, même si cela prenait des mois ou des années ; elle ne lâcherait jamais son amie.

Elle ne se l’était pas avouée, durant ce mois de dispute, mais Swann lui manquait atrocement ; elle voulait pouvoir courir lui raconter un fait super exceptionnel entre les cours, elle voulait pouvoir la serrer dans ses bras juste comme ça, pour l’énerver, elle voulait pouvoir la taquiner quand elle prenait son rôle de préfète trop à cœur, elle voulait être la première à qui elle raconterait son premier baiser avec Aaron. Elle voulait tout ça, mince, et elle l’aurait !

Aussi, les yeux toujours fermés, Natasha murmura :

« Tu veux savoir ce que m’a appris mon passage à l’âge adulte ? »

Elle pausa un instant, comme pour attendre une confirmation qui ne viendrait pas, et tourna la tête vers Swann, ouvrant ses grands yeux bruns :

« Qu’il ne faut jamais perdre espoir, qu’il y a toujours une seconde chance. Que l’amitié vaut plus que tout. »

Elle eut un sourire triste et poursuivit :

« Je m’excuse pour cette soirée, Swann. Je m’excuse d’avoir tout gâché, je m’excuse d’être allée trop loin avec Aaron. Et je sais que des excuses ne sont rien, que ce ne sont que des mots, mais je m’excuse sincèrement. Et… Et je comprends que tu ne puisses plus me faire confiance, que je te répugne. Mais tu me manques Swann, tu me… » Sa voix se brisa et elle détourna le regard, ne supportant pas les yeux de Swann posés sur elle. « Tu me manques atrocement, rien n’est pareil sans toi, je suis tellement habituée à ce que tu sois près de moi. Et je sais que tu me trouves inexcusable, que je suis horrible, mais… Mais je ne le voulais pas, j’étais vraiment blessée, je n’ai pas fait attention. Et puis, tu sais comment je suis, grosse égoïste, je veux que tout tourne autour de moi, je voulais Darren, j’avais oublié le reste. Je suis désolée… Mais…Mais tu sais, Darren c’est plus qu’un jeu, Swann. Je m’excuse de ne pas te l’avoir dit, ça aurait arrangé tellement de choses, j’aurais pu éviter tout cela, mais je ne m’en suis véritablement rendue compte que ce soir là, que je l’aimais. Je… J’attendais sa présence avec une impatience suspecte, et j’ai senti quelque chose d’étrange remuer en moi quand je l’ai vu, après. Je n’ai pas eu le temps de t’en parler, ce n’était pas le moment et tu étais occupée. Je… Je suis désolée d’avoir tout gâché pour lui, Swann. »

Elle se tut, incapable d’en dire plus, et laissa sa tête retomber sur le mur froid. A présent, elle ne pouvait plus rien faire d’autre. Si Swann lui disait de partir, elle n’aurait qu’à le faire, et à tenter de se faire pardonner, chaque jour un peu plus, dans l’espoir d’y arriver.

Lorsque Swann dévoila le fond de sa pensée à son amie, cette dernière détourna les yeux. La préfète avait parfaitement conscience de faire du mal à Natasha, mais c’était ainsi : Il fallait qu’elle lui dise que rien ne serait plus jamais comme avant. Elles s’étaient perdues. C’était difficile à admettre, à formuler, et surement à entendre mais elles devaient l’accepter. La colère de Swann laissait maintenant place à une grande tristesse et à un affreux sentiment de solitude.

La jeune femme renifla et observa quelques instants ses souliers vernis. Elle avait acheté cette paire de chaussure avec Natasha l’été dernier. La Serdaigle avait d’ailleurs la même dans un autre colori… A l’évocation de ce souvenir, Swann soupira profondément en se massant les tempes puis elle reporta son attention sur le couloir vide du cachot. Elles étaient assises côte à côte sur les pierres froides du corridor que Swann avait emprunté des centaines de fois sans imaginer une seconde que son amitié avec Natasha se terminerait ici.

« Tu veux savoir ce que m’a appris mon passage à l’âge adulte ? » murmura subitement sa voisine.

Swann tourna doucement la tête pour observer le visage de la Serdaigle qui semblait aussi éprouvée qu’elle.

« Qu’il ne faut jamais perdre espoir, qu’il y a toujours une seconde chance. Que l’amitié vaut plus que tout. »

Swann scruta sa camarade avec intensité. Pouvait-on véritablement tout pardonner ?
Natasha lui adressa un sourire triste avant de s’excuser pour son comportement. Elle finit même par avouer à Swann qu’elle lui manquait. La préfète comprenait parfaitement ce que ressentait sa camarade puisqu’il en était de même pour elle. Cependant, elle avait l’impression que si elles se remettaient à vivre leur amitié comme avant, cela sonnerait faux et qu’il n’y aurait plus rien de naturel dans les échanges entre les deux jeunes filles. Pourtant, Nat’ tentait tant bien que mal de recoller les morceaux. Elle lui adressait une main tendue en admettant qu’elle avait tout gâché.

Swann regarda fixement droit devant elle afin d’étudier la question. Si elle répondait à la tirade de son amie, elle acceptait de tourner la page. Dans un sens ou dans l’autre. Elle pouvait l’envoyer balader définitivement et leur belle histoire d’amitié s’arrêterait là. Elle pouvait aussi accepter les regrets de Natasha et lui dire que tout était oublié, mais, à ce moment précis, Swann en était incapable. Elle avait besoin de temps. Pour réfléchir. Pour digérer.

La préfète se leva donc doucement, époussetant sa robe avant de la lisser sur ses genoux.

« Désolée, je dois y aller…répondit-elle en regardant le bout du corridor, j’ai oublié ma montre à l’infirmerie. »

La préfète esquissa quelques pas en direction de l’issue et s’arrêta avant de lancer d’un ton neutre.

« Au fait, bon anniversaire. »